LE MOUSTERIEN A DENTICULES F. BORDES F a cu lté des S cien ces de B o rd eau x , B o rd eau x Au cours de nos recherches sur le Paléolithique moyen, nous avons été amené à subdiviser le Moustérien plus qu’il ne l’avait été jusqu’à présent. D. Peyrony avait séparé le Moustérien de tradition acheuléenne, à bifaces, du reste, qualifié en bloc de Moustérien typique. De son côté, l’abbé Breuil avait distingué le Levalloisien des plaines loessiques du Nord de la France du Moustérien des grottes, systématisant ainsi la vieille distinction entre Moustérien des plateaux et Moustérien des grottes. Mais cet isolement du Levalloisien, comme une in d u strie séparée du Moustérien est très discutable, comme nous espérons l’avoir démontré.1 In est indéniable que le Moustérien de tradition acheuléenne est un phy­ lum spécial, continuation de l’Acheuléen par l’intermédiaire du Micoquen, ou en tous cas de certains Micoquiens. L’évolution des industries ne semble pas en effet strictement linéaire, mais buissonnante, et tel phylum peut se continuer en certains lieux, alors qu’ailleurs il a évolué en quelque chose de différent. Restait donc, sous le nom de Moustérien, tout ce qui appartenait chrono­ logiquement aux premiers stades de la dernière glaciation, et qui n’était pas le Moustérien de tradition acheuléenne. La réalité est plus complexe. L’étude statistique de ces industries nous a convaincu que ce «résidu» n’était pas un corps simple, pour parler le language de la chimie. On peut en effet y distinguer le Moustérien typique vrai, le Moustérien de la Quina, le Moustérien type Ferrassie.1 2 Une fois ces divers types enlevés, il reste encore un résidu, soupçonné par certains chercheurs qui l’ont rencontré dans leurs fouilles, mais générale­ ment mal interprété, tantôt considéré comme du «Tayacien», tantôt comme un Moustérien dégénéré, parfois aussi confondu avec le Moustérien de tra­ dition acheuléenne supérieur (type B) dont il partage quelques caractéri­ stiques. Souvent aussi, il fut défiguré par le fouilleur, qui ne récoltait que les rares racloirs et pointes, rejetant dans les déblais les trop nombreux outils denticulées et les encoches. Ce résidu, c’est ce que nous avons indi­ 1 Bordes (F). Levalloisien et Moustérien. Bulletin de la Société préhistorique française, 1953, pp. 226—235. 4 figs. 2 Ces deux derniers très voisins, ne différent que par la technique et par des détails de typologie. vidualisé sous le nom de Moustérien à outils denticulés, ou, par abréviation, Moustérien à denticulés. Il fait piètre figure, il est vrai, dans les vitrines d’une salle de collection à côté des autres Moustérien«, mais n’en est pas moins important pour cela. C’est en effet une industrie fort répandue, au moins en France, et nous sommes certain que quand on y portera plus d’at­ tention, on le retrouvera un peu partout en Europe. Nous avons eu la chance d’en trouver des couches bien en place au Pech de l’Azé II et surtout à Combe-Grenal, magnifique gisement où, sur plus de 9 mètres d’épaisseur, se succèdent 54 couches moustériennes, dont 7 au moins appartiennent au Moustérien à denticulés. Nous avons pu étudier en tout 28 couches de ce Moustérien, se répartissant sur 14 gisements dif­ férents, la plupart en France du Sud-Ouest, mais quelques uns hors de France. Il y en a bien d’autres, mais, ou bien nous n’avons pu en étudier le matériel, ou bien, il s’agissait de vieilles fouilles, de qualité douteuse. Diagnose générale: Industrie pauvre en racloirs (Indice de racloirs essentiel compris entre 3 et 20 au maximum),3 très pauvre en pointes (0 à 4,5 %1 , habituellement 0 à 1 %1 , même si on y compte les racloirs convergents). Peu ou pas de bifa- ces, toujours atypiques, le plus souvent nucléiformes ou partiels. Peu ou pas de couteaux à dos, le plus souvent atypiques. Présence d’un très fort pour­ centage d’encoches (9 à 46 %) et. de denticulés (20 à 48 %). Facture variable, parfois bonne, souvent médiocre. Débitage Levallois ou non. Pourcentage variable de talons facettés. Il y toujours plus d’outils denticulés que de racloirs. Chronologie Il semble aujourd’hui évident, en France, que la dernière glaciation est subdivisée en quatre stades principaux, dont les deux premiers sont occupés par le Moustérien, les deux derniers l’étant par le Paléolithique supérieur. Le Moustérien à denticulés se rencontre dans les deux premiers stades wur- miens. A Evreux (Eure), il se trouve tout à la base du premier loess récent, dans le sol noir de prairie qui marque un premier dessèchement et refroidis­ sement du climat, postérieurement aux premières solifluxions wurmiennes, mais avant que s’installent les conditions réellement glaciaires. Au Pech de l’Azé II (Dordogne), il se trouve au dessus de deux couches Moustérien ty­ pique, surmontant elles même un sol polygonal du début du Wurm. Ces couches, Moustérien à denticulés comme Moustérien typique, ne contiennent pas de renne, ce qui, dans le Sud-Ouest de la France, caractérise la première partie du Wurm I. A Combe-Grenal (Dordogne) au contraire, une des cou­ ches de Moustérien à denticulés (couche 38) appartient probablement à la fin du Wurm I, tandis que les autres (couches 11, 12, 13, 14, 15 et 20) appar­ tiennent à un moment avancé du Wurm II. 3 Dans les décomptes essentiels ne sont comptés ni les éclats Levallois non retouchés, ni les outils mal définis (éclats et lames utilisés ou présentant quelques retouches), qui sont comptés dans les décomptes dits réels. Dans d’autres gisements, la datation est moins sure, soit parcequ’il s’agit de gisements moins importants, ne s’étendant que sur une partie d’un stade wurmien, soit parceque l’étude sédimentologique et paléontologique n’a pas été faite. D iffé re n ts faciès du M oustérien à denticulés Une industrie moustérienne peut être à débitage Levallois ou non, c’est à dire comporter plus de 18 % i d’éclats Levallois, secondairement retouchés ou non. Elle peut être à talons facettés ou non. Dans le premier cas, l’indice de facettage large, comprenant les talons dièdres, sera supérieur à 45, et l’indice de facettage strict, ne comprenant que les talons à petites facettes sera supérieur à 30. Enfin, elle peut présenter un faciès levalloisien ou non, selon que le pourcentage des éclats Levallois non retouchés sera supérieur ou non, en décompte réel, à 35 %. Ces divers sous-types existent dans le Moustérien à denticulés. A) Moustérien à denticulés à débitage Levallois, faciès levalloisien. C’est le cas de celui trouvé à la base du loess récent I dans la carrière d’Evreux IL4 Indice Levallois: 39. Indice de facettage large: 58,8. Indice de facettage strict: 57,1. Indice Levallois typologique réel: 55,7. En dé­ comptes essentiels, l’indice de racloirs est de 6,4. Il y a 46 d’encoches, et 34,5 % de denticulés. Les racloirs sont de facture très médiocre. Un biface typique a été trouvé à ce niveau, mais en dehors du gisement, et n’ap­ partient sans doute pas à cette industrie. Dans ce même type se place la couche 38 de Combe-Grenal: IL = 1 9 . IF = 56,1. IFS = 42,5. ILA réel = 41,5. En décompte essentiel, l’indice de ra- cloirs est de 6,8, les encoches forment 19,7 % < et les denticulés 32,6 % de l’outillage. A ce type il convient sans doute de rattacher aussi la couche 11 de Combe-Grenal, assez paradoxale techniquement parlant: le débitage est Levallois (IL=19,6), mais le facettage est peu développé (IF = 43,1. IFS = = 25,6), les deux indices tombant sous la brnite choisie pour délimiter le débitage facetté. On a donc là une industrie à débitage Levallois peu fa­ cetté, ce qui est une nouvelle preuve, s’il en était besoin, que débitage Levallois et facettage des plans de frappe ne sont pas nécessairement bés. L’indice Levallois typologique réel est de 38,1, encore fort. En décompte essentiel, 1 indice de racloirs est de 7,9. Les encoches forment 19,6 % ! de l’outillage, les denticulés 37,6 %. B) Débitage Levallois, faciès non levalloisien (ILA inférieur à 35). C’est le cas par exemple de la couche 6 de la Chaise (Charente), fouil­ les P. David. Le débitage est Levallois (IL = 20,2), bien facetté (IF = 66,1, IFS = 54,1), mais l’ILA n’est que 8. En décompte essentiel, l’indice de racloirs est bas (11,8), les encoches comptent pour 26 %, les denticulés pour 30,8 % '. Dans ce type on peut peut être ranger le Moustérien du gisement de la Métairie de Belcayre (Dordogne) que nous avions pris autrefois comme type 4 Bordes (F): Les limons quaternaires du bassin de là Seine. Archives de l'In­ stitut de Paléontologie humaine, mémoire 26 (pp. 75—90). du Moustérien à denticulés,5 mais il est sans doute légèrement contaminé par du Moustérien de tradition acheuléenne, abondant à quelque distance de là à la Rochette. En effet, alors que les vrais couteaux à dos sont rares ou inexistants dans le Moustérien à denticulés ici ils comptent pour 1,8 % et les couteaux à dos atypiques pour 6 % l. Il existe en plus un vrai biface. Avec 2,9 comme valeur, l’indice de racloirs est un des plus bas que nous connaissions. Les encoches forment 20,2 % et les denticulés 37,3 %. C) Débitage non Levallois, facetté. C’est le type le plus répandu. L’indice Levallois y varie de 12,7 à 4,8. Nous prendrons comme type la couche 4 de la grotte du Pech de l’Azé II (fouilles F. Bordes et M. Bourgon). L’indice Levallois est de 9,9, les indices de facettage de 49,5 et 21,8, le facettage à petites facettes est donc rare, et les talons dièdres largement employés, ce qui est fréquent dans le Moustérien à denticulés. En décompte essentiel, l’indice de racloirs est de 15,7, relativement haut, mais comme cette couche recouvre directement du Moustérien typique, il est possible que, malgré le soin apporté aux fouilles, une légère contamination se soit pro­ duite. Les encoches comptent pour 14,1 %, les denticulés pour 42,8 %. A l’extérieur de la grotte, sous l’abri qui fait suite, cette couche donne des indices légèrement différents, qui peuvent correspondre à des locali­ sations d’outillage, et donnent une bonne idée de la variation normale au sein d’une même couche: IL = 6,7, IF = 53,7, IFS = 24,8, IR = 14,7; enco­ ches: 20 %, denticulés: 35,8 %. Les racloirs sont de facture généralement médiocre. Dans d’autres gisements, le facettage est plus développé, mais les cara­ ctéristiques générales restent les mêmes. D) Débitage non Levallois, non facetté. Ce type est particulièrement bien représenté dans les couches supé­ rieures de Combe-Grenal. Nous prendrons comme type la couche 14. Particulièrement riche, elle s’étend sur toute la surface de l’abri. L ’indice Levallois est très bas: 1,2; les indices de facettage sont également très bas: TF = 26,9, IFS=10,4. En décompte essentiel, l’indice de racloirs est très faible: 4,4. Les encoches comptent pour 25,2 % !, les denticulés pour 48,3 %, chiffre le plus élevé que nous connaissions. Sauf en ce qui concerne les encoches et denticulés, qui forment à eux seuls les trois quarts de l’outillage, la facture est généralement médiocre, surtout pour les racloirs. Il est hors de doute que cette étrange industrie pose des problèmes. Le Paléolithique moyen, dans son ensemble, présente en effet des racloirs en grand nombre, et on comprend que, trouvée hors d’un contexte stratigraphi- que, ou, comme il arrive assez fréquemment, au dessus d’un beau Moustérien type Quina, cette industrie ait été considérée comme le produit de la dégé­ nérescence de formes plus typiques. Mais la chronologie du Moustérien à denticulés, allant du début du Wurm à la fin du Wurm II, et surtout ses nombreuses interstratifications avec d’autres industries empêchent de soute­ nir cette théorie de la dégénérescence. Au Pech de l’Azé II, par exemple, il 5 Bordes (F) et Bourgon (M): Le complexe moustérien. L'Anthropologie, 1951. pp. 1 — 23, 7 figs. est compris entre deux couches de Moustérien typique. A Combe-Grenal, la couche 20, identique à la couche 14 étudiée plus haut, se place entre les couches 19 et 21, toutes deux appartenant au Moustérien type Quina. Il serait difficile, croyons nous, d’envisager plusieurs dégénérescences conver­ gentes, en divers temps et en divers lieux. Sa principale caractéristique est le grand développement des outils à encoche et des denticulés. Ceci, joint à la faible proportion de racloirs, et à l’absence totale ou presque de pointes, couteaux à dos typiques et bifaces typiques, donne à cette industrie un aspect très particulier. Quelle a été la cause de cet équilibre spécial de l’outillage? Peut être encoches et denticulés servaient ils à travailler le bois. Dans la couche 14 de Combe-Grenal, nous avons pu mouler un trou de piquet, qui montrait nettement la préparation de la pointe. On pourrait supposer que chez les Moustérien à denticulés, 1 outillage en bois était particulièrement développé. Mais il est difficile d’y voir une adaptation climatique, car il s’est développé aussi bien sous les conditions humides du début du Wurm que sous le froid sec du Wurm IL Origine du Moustérien à denticulés Il faut bien convenir que nous n’avons aucune idée précise sur son ori­ gine. Si on écarte la théorie de la dégénérescence, il ne reste rien dans les industries connues aujourd’hui qui puisse figurer avec certitude parmi ses ancêtres. Mais nous connaissons encore très mal les industries anté- wurmiennes, même l’Acheuléen, et nous n’avons que très peu de gisements du dernier interglaciaire. Une chose est certaine, les Moustérien à denticulés ne descend pas des industries pré-moustériennes du type Ehringsdorf, beaucoup trop riche en racloirs, et qui semblent se continuer logiquement dans le groupe Quina-Ferrassie. A la Micoque, les couches rissiennes (cou­ ches 3, 4, 5) ne semblent pas pouvoir non plus lui fournir un ancêtre, malgré la présence, en pourcentage important, d’encoches et de denticulés. Nous avons pensé que la brèche de la couche 3 de la Micoque, très pauvre en racloirs, pourrait préfigurer le Moustérien à denticulés, mais l’industrie y est tellement concassée qu’il est difficile d’être affirmatif. Le Clactonien (type Clacton, et non High Lodge) est une autre industrie où encoches et denticulés jouent un rôle important, et qui pourrait peut être figurer parmi les ancêtres du Moustérien à denticulés. Causes d’erreur Il convient de se souvenir qu’il existe des outils denticulés et des en­ coches dans tous les types de Moustériens, parfois en pourcentage important. Le Moustérien de tradition acheuléenne évolué (type B)6 comporte parfois 28 % de denticulés (couche 7 du Pech de l’Azé I),7 et comme dans cette couche les racloirs ne comptent que pour 6 %, il serait à première vue facile de la confondre avec du Moustérien à denticulés. Mais ici il y a en plus 3 % de vrais bifaces, 5 % de couteaux à dos typiques et 6.5 % de couteaux 6 Bordes (F): Essai de classification des industries moustériennes. Bulletin de la Société préhistorique française, 1953, pp. 457— 466, 1 fig. 7 Bordes (F): Les gisements du Pech de l’Azé (Dordogne). L’Anthropologie, 1954, pp. 401— 432 et 1955, pp. 1—38, 29 fig. à dos atypiques. Ce Moustérien de tradition acheuléenne supérieur est le seul, avec le Moustérien à denticulés, où le pourcentage des denticulés soit supérieur à celui des racloirs. La facture est généralement bien meilleure, cependant. Une autre cause d’erreur vient des industries cryoturbées, souvent dé­ crites comme «Tayacien» ou Moustérien à denticulés, alors qu’il peut s’agir de n’importe quel type de Moustérien, auquel la cryoturbation a fait subir un concassage. Une industrie cryoturbée doit toujours être considérée avec beaucoup de prudence. Le concassage donne facilement les pseudo-outils suivants: denticulés, souvent avec «retouche» alterne; encoches, perçoirs, parfois surprenants de qualité, grattoirs, éclats tronqués. Mais souvent dans le cas de concassage la retouche est écrasée, alterne, et se retrouve sur le talon. Les silex cryoturbés sont souvent lustrés, parfois striés, ou d’aspect savonneux. Une industrie qui comporte par exemple 40 % de racloirs et 10 % de vrais denticulés aura, une fois cryoturbée, un tout autre aspect. En admet­ tant que le'» racloirs restent reconnaissables, la cryoturbation denticulera les éclats bruts, et fera facilement monter leur pourcentage, jusqu’à ce qu’il dépasse de loin celui des racloirs, et donnera ainsi un faux air de Moustérien à denticulés à une industrie différente. Le M oustérien à den ticu lés hors de F ra n c e En Espagne, l’abri Romani, fouillé par E. Rippoll, a donné une industrie qui semble bien appartenir à ce type. D’après les décomptes faits par H. de Lumley, l’indice Levallois est de 9,7, les indices de facettage respecti­ vement de 45,2 et de 22,1, l’indice de racloirs (essentiel) de 13,6, et il y a un très fort pourcentage de denticulés (45 % () et d’encoches (13,6). Un unique couteau à dos vrai, sur 140 pièces. En Italie, le Riparo Mocchi a fourni une industrie qui peut aussi rentrer dans ce type (décomptes H. de Lumley). Debitage Levallois (IL = 24), fa­ cetté (IF = 60,5, IFS = 50,5). L’indice de racloirs est très fort pour du Mou­ stérien à denticulés (IR = 20,1), mais le pourcentage des denticulés (42,1) et des encoches (1 1 ,4 -) permet quand même de l’attribuer à ce type. Deux couteaux à dos, mais pas de bifaces (264 outils). En Syrie le beau gisement de Iabroud I (fouilles A. Rust) semble pos­ séder deux couches pouvant être rattachées à cette industrie. Couche 5: Micromoustérien de Rust. Cette industrie se caractérise par sa petite taille, bien que les gros blocs de silex abondent aux environs. Levallois (IL = 30,1), très facettée (IF = 78,2, IFS = 69,1) elle a un indice de racloirs de 14 seulement, alors que toutes les autres couches de Iabroud ont un indice de racloirs dépassant 40 ou 50; elle ne comporte qu’un seul couteau à dos sur 200 outils, 16,5 % d’encoches et 39 '% de denticulés. Pas de bifaces. Elle correspond tout à fait à la définition du Moustérien à denti­ culés, dont le domaine touche ainsi le Moyen-Orient. Couche 9: Moustéro-Pré-Aurignacien de Rust. Elle est plus discutable. IL = 32, IF = 64,3, IFS = 55,8. L’indice laminaire est de 49,8, extraordinaire pour du Moustérien. Indice de racloirs: 7,6, 16,7 % d’encoches et 30 % de denticulés. Peut être s’agit il d’un mélange, sur le même sol, de Moustérien à denticulés et de pré-aurignacien? Fig. 1 . Diagrammes cumulatifs essentiels de quatre chouches de Moustérien à denticulés 4. Pointes Levallois retouchées. — 5. Pointes pseudo-Levallois. — 6, 7. Pointes moustériennes et pointes moustériennes allongées. — 8. Limaces. — 9 à 29. Racloirs de types divers. — 50. Grattoirs. — 51. Grattoirs atypiques. — 32. Burins. — 33. Burins atypiques. — 34. Perçoirs. — 35. Perçoirs atypiques. — 36. Couteaux à dos. — 37. Couteaux à dos atypiques. — 58. Couteaux à dos naturel. — 39. Raclettes. — 40. Éclats tronqués. — 41. Tranchets. — 42. Encoches. — 43. Denticulés. — 44. Becs burinants alternes. — 51. Points de Tayac. — 52. Triangles à encoches. — 53. Pseudomicroburins. — 54. En­ coches en bout. — 55. Hachoirs. — 56. Rabots. — 57 et 58. Outils pédonculés. — 59. 60, 61. Choppers et choppingtools. — , 62. Divers Les n° 1 . éclats Levallois typiques, 2. éclats Levallois atypiques, 3. pointes Levallois. et 45 à 50, outils mal définis (éclats utilisés) ne figurent pas sur les diagrammes essentiels Sl. 1. Bistveni kumulativni diagrami štirih plasti nazobčanega moustériena 4. Retuširane Levallois-konice. — 5. Psevdo-Levallois-konice. — 6. 7. Moustérienske konice in podaljšane moustérienske konice. — 8. »Limaces«. — 9 do 29. Strgala raznih tipov. — 30. Praskala. — 31. Atipična praskala. — 32. Vbadala. — 33. Atipična vbadala. — 34. Svedri. — 35. Atipični svedri. — 36. Noži s hrbtom. — 37. Atipični noži s hrbtom. — 38. Noži z naravnim hrbtom. — 59. Strgulje. — 40. Tronkirani odbitki. — 41. Krivci. — 42. Zajede. — 43. Nazobčani odbitki. — 44. Izmenična kljunasta dleta. — 51. Tavac-konice. — 52. Trikotniki z zajedami. — 53. Psevdomikrovbadala. — 54. Zajede na koncu. — 55. Sekala. - — 56. Oblici. 57 in 58. Pecljasta orodja. — 59, 60, 61. »Choppers« in »chopping-tools«. — 62. Razno V bistvenih diagramih ni št. 1 . tipičnih Levallois-odbitkov, 2. atipičnih Levallois-odbitkov. 3. Levallois-konic in 45 do 50. težko opredeljivih orodij (rabljenih odbitkov) Bien que cette dernière rappelle par son diagramme le Moustérien à denticulés, elle s’en différencie nettement par l’im­ portant pourcentage de couteaux à dos et la présence de bifaces SI. 2. Kumulativni diagrami drugačnih tipov moustériena. Combê-Grenal. plast 23: moustérien tipa Quina. Combe-Grenal, plast 30: tipičen moustérien. Pech de l’Azé I, plast 4: moustérien s staroacheulsko tradicijo. Pech de l’Azé I, plast 7: moustérien z razvito acheulsko tradicijo. Čeprav diagram zadnjega spominja na nazobčani moustérien, se vendar jasno razlikuje zaradi znatnega odstotka nožev s hrbtom in navzočnostjo pestnjakov Conclusions Il semble aujourd’hui hors de doute que le Moustérien à denticulés a bien une existence indépendante, qu’il représente un phylum special pré­ sent pendant les Wurms I et II côte à côte avec les autres types de Mousté­ rien, dont ses caractéristiques le différencient nettement. Son origine et ses rapports avec les industries contemporaines restent encore à préciser. Peut être dérive-t-il de certaines formes de Clactonien. Bien que certaines de ses caractéristiques le rapprochent du Moustérien de tradition acheuléenne supérieur, il ne peut en dériver, car il est présent dès le début du Wurm, alors que ce Moustérien de tradition acheuléenne évolué est cantonné dans le Wurm II. POVZETEK Nazobčani moustérien Nazobčani moustérien je poseben tip moustériena, istočasen z drugimi tipi (moustérien z acheulsko tradicijo, moustérien tipa Quina, tipični moustérien). Pojavlja se od začetka stadija wiirma in sicer stratigrafsko med drugimi tipi, iz katerih torej ne more izhajati. Zanj je značilno: 1 . majhen odstotek strgal, 2. zelo majhen odstotek ročnih konic, 3. zelo majhen odstotek ali sploh odsotnost tipičnih nožev s hrbtom in tipičnih pestnjakov, 4. mogočen razvoj orodij z zajedami in nazobčanih orodij. Kakor drugi tipi moustériena, vsebuje tudi nazobčani različne facies, z Leval- lois-načinom odbijanja ali ne, s fasetirano bazo ali ne. Morda je bil velik razvoj zajed in nazobčavanja v zvezi z intenzivno uporabo lesa, toda ker ga poznamo enako dobro iz mrzlih kakor tudi vlažnih obdobij, ne moremo govoriti o klimatski faciji moustériena. Njegov izvor je še nejasen. Mogoče ga bo treba iskati v nekaterih industrijah clactoniena. Nazobčanega moustériena ne smemo zamenjavati z razvitim moustérienom acheulske tradicije, ki ima tudi malo strgal in mnogo nazobčanosti in zajed, ki pa ima pomemben odstotek nožev s hrbtom in pestnjakov. Enako se je treba varovati industrij, ki so pretrpele krioturbacijo. Zaradi drobljenja so se obogatile s psevdo-nazobčanji in psevdo-zajedami na škodo pravih orodij drugačnih tipov. Doslej so nazobčani moustérien prepoznali predvsem v Franciji, prisoten pa je tudi v Španiji, Italiji in na Srednjem Vzhodu.