Anne-Cécile Lamy-Joswiak (ur.) LES THÉÂTREUX 40 LET FRANKOFONEGA ŠTUDENTSKEGA GLEDALIŠČA NA FILOZOFSKI FAKULTETI UNIVERZE V LJUBLJANI LES THÉÂTREUX 40 ANS DE THÉÂTRE ÉTUDIANT FRANCOPHONE À LA FACULTÉ DE LETTRES DE L’UNIVERSITÉ DE LJUBLJANA Ljubljana 2024 Les théâtreux - FINAL.indd 1 13. 05. 2024 14:21:17 Les Théâtreux: 40 let frankofonega študentskega gledališča na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani Les Théâtreux : 40 ans de théâtre étudiant francophone à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana Zbirka: Historia facultatis (ISSN 2712-6242, e-ISSN 2712-6250) Uredniški odbor zbirke: Tine Germ, Janica Kalin, Ljubica Marjanovič Umek, Gregor Pompe, Jure Preglau, Matevž Rudolf, Tone Smolej Odgovorni urednik: Tine Germ Glavni urednik: Tone Smolej Urednica knjige: Anne-Cécile Lamy-Joswiak Lektorice za slovenski jezik: Špelca Mrvar, Klara Katarina Rupert, Agata Šega Lektorice za francoski jezik: Florence Gacoin-Marks, Anne-Cécile Lamy-Joswiak, Sonja Vaupot Tehnično urejanje: Jure Preglau Prelom: Eva Vrbnjak Slika na naslovnici: Plakat gledališke skupine Les Théâtreux za leto 2023 (avtor: Jakob Grčman) Založila: Založba Univerze v Ljubljani Za založbo: Gregor Majdič, rektor Univerze v Ljubljani Izdala: Znanstvena založba Filozofske fakultete Univerze v Ljubljani Za izdajatelja: Mojca Schlamberger Brezar, dekanja Filozofske fakultete Tisk: Birografika Bori d. o. o. Ljubljana, 2024 Prva izdaja Naklada: 200 izvodov Cena: 27,90 EUR To delo je ponujeno pod licenco Creative Commons Priznanje avtorstva-Deljenje pod enakimi pogoji 4.0 Mednarodna licenca. Izjema so vse fotografije. / This work is licensed under a Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0 International License. With the exception of all the pfotographs. Prva e-izdaja. Publikacija je v digitalni obliki prosto dostopna na https://ebooks.uni-lj.si/ DOI: 10.4312/9789612973346 Kataložna zapisa o publikaciji (CIP) pripravili v Narodni in univerzitetni knjižnici v Ljubljani. Tiskana knjiga COBISS.SI-ID=195096835 ISBN 978-961-297-335-3 E-knjiga COBISS.SI-ID=195059459 ISBN 978-961-297-334-6 (PDF) Les théâtreux - FINAL.indd 2 13. 05. 2024 14:21:17 Kazalo / Sommaire Introduction 7 Anne-Cécile Lamy-Joswiak Prva predstava / Première représentation 11 Les Théâtreux - une école d'amitié, de poésie et de vie 13 Nadja Dobnik Moja magdalenica? Kivi! 23 Aljoša Dobovišek Mes Théâtreux (1984–2004), dramaturška skica 27 Boštjan Zupančič S teatrom do jezika 35 Bronka Straus Ljubimci, levi, klovni, peki, krojači in kraljične ali moja izkušnja s francoskim gledališčem 45 Agata Šega À l’ombre d’un grand acteur Amaterjevi spomini na Les Théâtreux in Gregorja Perka (1992–1995) 55 Tone Smolej Ti qui star ti? 63 Manica J. Ambrožič Une fois Théâtreux, toujours Théâtreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Miha Pintarič Le groupe de 1997 77 Iztok Ilc, Saša Jerele, Darja Petrica née Bajraktarević, Tina Žolnir Najini spomini na udejstvovanje v gledališki skupini Les Théâtreux 85 Višnja Fičor in Janina Kos Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous 89 Kristina Šircelj Čepon Comment faire du théâtre quand on n’y connaît rien ? Les Théâtreux 95 Julie David Moja zgodba o frankofonski študentski gledališki skupini Filozofske fakultete v Ljubljani – Les Théâtreux 107 Patricija Čamernik 3 Les théâtreux - FINAL.indd 3 13. 05. 2024 14:21:17 Pendant douze ans, les Théâtreux furent belges 115 Nicolas Hanot Les Théâtreux: več kot le gledališka skupina 123 Sanja Sabolovič Arhiv gledaliških plakatov in listov Archives des affiches et programmes de théâtre 133 Prevodi / Traductions 182 Les Théâtreux – šola prijateljstva, poezije in življenja 183 Nadja Dobnik Ma madeleine ? Le kiwi ! 189 Aljoša Dobovišek Mes Théâtreux (1984-2004), croquis dramaturgique 193 Boštjan Zupančič Du théâtre à la langue 197 Bronka Straus Amants, lions, clowns, boulangers, tailleurs et princesses ou mon aventure théâtrale en français 205 Agata Šega À l’ombre d’un grand acteur Souvenirs d’un amateur sur les Théâtreux et Gregor Perko (1992-1995) 215 Tone Smolej TI QUI STAR TI ? 223 Manica J. Ambrožič Enkrat Théâtreux, vedno Théâtreux 227 Miha Pintarič Skupina 1997 229 Iztok Ilc, Saša Jerele, Darja Petrica (Bajraktarević), Tina Žolnir Souvenirs de notre engagement au sein de la troupe des Théâtreux 233 Višnja Fičor, Janina Kos Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous 237 Kristina Šircelj Čepon, Manca Stare Kako ustvarjati gledališče, če o njem ne veš ničesar? Les Théâtreux 243 Julie David 4 Les théâtreux - FINAL.indd 4 13. 05. 2024 14:21:17 Mon histoire sur la troupe de théâtre étudiant francophone de la Faculté de lettres de Ljubljana : Les Théâtreux 255 Patricija Čamernik Dvanajst belgijskih let skupine Les Théâtreux 261 Nicolas Hanot Les Théâtreux : plus qu’une troupe de théâtre 267 Sanja Sabolovič Kronološki repertoar predstav skupine Les Théâtreux 277 Répertoire chronologique des spectacles des Théâtreux Anne-Cécile Lamy-Joswiak Povzetek 295 Résumé 297 Avtorice in avtorji / Autrices et auteurs 299 5 Les théâtreux - FINAL.indd 5 13. 05. 2024 14:21:17 6 Les théâtreux - FINAL.indd 6 13. 05. 2024 14:21:17 Introduction Anne-Cécile Lamy-Joswiak Deux mille vingt-quatre. Les Théâtreux ont quarante ans. Belle et rare longévité pour une troupe de théâtre universitaire qui a su préserver son existence en nourrissant une passion ardente pour le jeu dramatique en langue française, dans le cadre institu-tionnel des études de français de la Faculté de lettres de Ljubljana. Au moment de sa création par Joséphine Ferrari, lectrice française nouvellement arrivée dans cette faculté en mille neuf cent quatre-vingt-trois, le « groupe théâtral de la chaire de français de l’Université de Ljubljana » ranime et poursuivra une tradition ancrée depuis trente ans dans les lycées de la ville (VI. gimnazija à Moste, Klasična gimnazija et II. gimnazija de la rue Šubič), que Marija Saje, professeure de français, aura marqués de son empreinte. C’est auprès d’elle que Vladimir Pogačnik, qui conduira Les Théâtreux pendant près de vingt ans, se piqua au jeu. La pratique théâtrale dans la langue de Molière, Maeterlinck, Anouilh, Ionesco, entre autres, suivait donc une trajectoire toute naturelle, des bancs du lycée aux couloirs de la faculté, dont les parquets allaient bientôt se faire l’écho d’une énergie déployée avec tant de ferveur que des vocations naîtront et marqueront à jamais des destinées. Les Théâtreux célèbrent leurs quarante printemps, compagnie éternellement jeune, et nous avons cru bon, pour les évoquer, de choisir les chemins 7 Les théâtreux - FINAL.indd 7 13. 05. 2024 14:21:17 détournés de la mémoire individuelle. Nous avons donc fait appel aux souvenirs pour raconter ce qui fut et ce qui perdure, pour faire revivre des moments de partage et de transmission, pour comprendre l’étonnante aventure qui se joue au « théâtre (en) français » depuis quatre décennies, pour préserver de l’oubli cette expérience intense de la vie étudiante. Pour saluer également l’audace des meneurs de troupe et honorer toutes celles et ceux qui ont composé cette joyeuse compagnie, sur les planches, à la technique ou en coulisses, membres d’hier et d’aujourd’hui, d’ici ou d’ailleurs, complices d’un jour ou de toujours, que leurs noms ou leurs visages apparaissent ou non dans ces pages. Pour rendre hommage, enfin, à nos anciens, Joséphine Ferrari et Vladimir Pogačnik, parents infatigables de cette troupe en mouvement, et saluer la mémoire de notre cher collègue, Gregor Perko, Théâtreux émérite et révéré. Reconstituer le parcours de cette troupe emblématique, c’est se replonger dans la mémoire collective du territoire qui l’a vu naître et que les soubresauts de l’histoire ont façonné. Cette reconstitution est à mettre en perspective avec l’évolution des études de français au sein du département de langues et littératures romanes, et l’engagement d’éminentes personnalités – enseignants et professeurs d’université, diplomates, intellectuels, artistes – qui ont œuvré à la coopération culturelle permettant l’essor de la troupe, que ce soit par le biais de soutiens moraux ou financiers, de la mobilité des enseignants slovènes et étrangers, ou encore de l’intégration de la pratique théâtrale ( francoski gledališki govor) dans le programme de formation universitaire, même si cette initiative fut de courte durée. Les Théâtreux ont beaucoup voyagé, parcourant la Slovénie, l’Europe, de la mer du Nord jusqu’au bassin méditerranéen, sans se départir de leur identité en perpétuelle réinvention, à une époque charnière pour les sciences humaines, que le numérique s’évertue à défier. Quarante ans se sont écoulés depuis le premier récital du groupe rebaptisé plus tard « Les étudiants théâtreux ». La fameuse troupe aura gagné ses lettres de noblesse avec « Les Théâtreux », nom familier qui démentira maintes fois la définition du Larousse, à savoir, amateur de théâtre (certes), acteur, actrice (oui !) mais non sans talent. La langue maternelle des Théâtreux, le slovène pour la majorité d’entre eux, inventera aussitôt ses propres déclinaisons : francoski teater, 8 Les théâtreux - FINAL.indd 8 13. 05. 2024 14:21:17 Théâtreuxji, teatroji, teatrovci. Autant de dénominations parmi d’autres, que les lecteurs et lectrices de cette monographie retrouveront, dans les deux langues, française et slovène, au fil des pages. L’ouvrage présente quatre parties. La première offre quinze témoignages rédigés en français ou en slovène, parfois à quatre mains voire plus, illustrés de photos et documents issus des archives des Théâtreux. L’agencement des articles suit la chronologie des activités de la troupe, depuis sa création en 1983 au temps présent. De cela, se dégagent quatre temps correspondant à quatre modes de gestion successifs : (1983-1988) les débuts de la troupe avec Joséphine Ferrari ; (1988-2006) la conduite de Vladimir Pogačnik en alternance avec Primož Vitez, puis le concours de Agata Šega et Ana Perne ; (2006-2018) l’ère belge de la troupe emmenée successivement par les lectrices Julie David, Virginie Mols, Catherine Leroy, Judith Pollet et le lecteur Nicolas Hanot ; enfin, depuis 2018, l’autogestion du groupe par les étudiantes et étudiants. En deuxième partie, un livret central donne à voir les affiches et programmes des spectacles de la troupe sur quatre décennies, les programmes se substituant aux affiches lorsque celles-ci n’ont pas été conçues pour l’occasion ou n’ont pas été retrouvées. La troisième partie présente la traduction complète des contributions publiées dans la première. La quatrième et dernière partie fournit un répertoire chronologique des spectacles. Celui-ci a été établi à partir de la liste des vingt et une premières représentations, conçue à l’occasion des vingt ans de la troupe et remise conjointement par deux Théâtreux de la première heure, Nadja Dobnik et Boštjan Zupančič, qui ont spontanément partagé leurs archives (photos, programmes, affiches) dès que l’idée de ce projet leur fut connue. Qu’ils soient tous deux chaleureusement remerciés pour leur aide et leur générosité. De la même façon, que soient sincèrement remerciées Metka Šorli, Manuela Volmajer et Primož Vitez qui ont sauvé de la poussière un carton et deux dossiers estampillés THÉÂTREUX, remplis de documents en tous genres : cassettes vidéo, photos, factures, notes de service, billets d’avions, programmes, affiches, correspondance, coupures de journaux… Grâce à ces archives, nous avons pu compléter les données recueillies en premier lieu et détailler le répertoire jusqu’à ce qu’Internet puis les réseaux 9 Les théâtreux - FINAL.indd 9 13. 05. 2024 14:21:17 sociaux prennent le relais de l’archivage, non sans l’initiative de celles et ceux qui les ont nourris. Toute ma gratitude, immanquablement, à chaque Théâtreux qui s’est associé, avec enthousiasme et diligence, à ce projet d’écriture mémorielle. En y laissant un message, un récit, des photos ou une simple information, vous avez contribué de façon substantielle à la création de ce précieux recueil. Recueil qui n’aurait pas vu le jour sans le soutien et la confiance de Tone Smolej, qui a accepté sans hésitation de l’inclure dans la collection Historia Facultatis, ni sans les encouragements de Jure Preglau. Que s’exprime ici toute ma reconnaissance envers eux. Mes vifs remerciements à Eva Vrbnjak pour son professionnalisme et à Mateja Petan pour sa générosité. Je tiens également à remercier chaleureusement mes collègues, qui ont participé à la réalisation de cet ouvrage, et en particulier, Klara Katarina Rupert pour ses traductions en slovène, Agata Šega pour ses révisions et remaniements rigoureux, Sonja Vaupot et Florence Gacoin-Marks pour leurs relectures attentives et conseils avisés, Katarina Marinčič pour son appui. Grâce à vous, nul doute que Les Théâtreux laisseront une trace indélébile et radieuse dans les archives de la Faculté de lettres de Ljubljana, dont la troupe de théâtre en français porte haut les couleurs. « L’important au théâtre n’est pas de réussir, c’est de continuer », pour reprendre les mots de Charles Dullin. Alors que l’aventure théâtrale continue ! 10 Les théâtreux - FINAL.indd 10 13. 05. 2024 14:21:17 À travers le temps et l’espace, je tiens à remercier les étudiants qui, avec engagement et ténacité, ont permis l’éclosion et la permanence du groupe théâtral qu’il nous plût de nommer « Les théâtreux ». Ce fut une belle et inoubliable aventure, aventure que je souhaite pérenne. Joséphine Ferrari 14.9.2023 Les théâtreux - FINAL.indd 11 13. 05. 2024 14:21:17 Les théâtreux - FINAL.indd 12 13. 05. 2024 14:21:17 1984 Prva predstava / Première représentation Récital de poésies. Hommage à Jacques Prévert. Slika 1: Matjaž Birk, Sabina Melavc, Joséphine Ferrari, Nadja Urbanija (Vir / Source : Joséphine Ferrari) 13 Les théâtreux - FINAL.indd 13 13. 05. 2024 14:21:17 Slika 2: Sabina Melavc, Matjaž Birk, Aljoša Arko, Nadja Urbanija, Joséphine Ferrari, Michel Renault (Vir / Source : Joséphine Ferrari) Slika 3: Aljoša Arko (Vir / Source : Joséphine Ferrari) 14 Les théâtreux - FINAL.indd 14 13. 05. 2024 14:21:18 Les Théâtreux – une école d’amitié, de poésie et de vie Nadja Dobnik S alut à celui qui marche en sûreté à mes côtés au terme du poème. Il passera demain, debout sous le vent. Avec ces mots se termine une soirée poétique que nous avons donnée en 1984 au Centre culturel français. Cette soirée, intitulée « René Char : entre lucidité et émerveillement », ne figure pas sur la longue liste des spectacles donnés par la troupe des Théâtreux, pourtant le petit groupe de Prévert, notre premier spectacle, était bien au rendez-vous ce soir-là pour un seul et unique récital au Centre culturel français. Si j’en parle aujourd’hui, c’est que les mots du poète se sont ancrés en moi plus profondément encore que les répliques et les textes que nous avons joués et présentés par la suite. Faire partie du groupe, c’était des spectacles devant le public, certes, mais avant tout un mode de vie, une école de poésie, une aventure d’amitié et de complicité. Mes six années dans la troupe coïncident avec les six années de la présence de Joséphine Ferrari et les débuts des Théâtreux. Parler de cette expérience aujourd’hui, avec quarante ans de distance, c’est revivre et ressentir toute une époque et une extraordinaire palette de souvenirs, d’émotions, de petits mots et gros clins d’œil, de pitreries et de crises de fou rire, de coups de fatigue et de colère parfois, d’enthousiasme, de fierté et de grande joie. Et 15 Les théâtreux - FINAL.indd 15 13. 05. 2024 14:21:18 je suis persuadée que les quarante années des Théâtreux sont imprégnées des mêmes sentiments chez les étudiants ayant participé à la légende. Pour revenir à quelques-uns de mes souvenirs, je vais le faire à la manière de Perec et de son Je me souviens... Je me souviens que, pour moi, tout a commencé en octobre 1983 quand Joséphine Ferrari a franchi la porte de la salle 410, pour notre premier cours de français en deuxième année d’études. Nous étions une bonne vingtaine de rescapés de la première année, heureux de retrouver un visage nouveau. Et Jos, en plus d’être française, venait de Naples, ce que je trouvais fascinant, car j’étudiais aussi l’italien. Je me souviens que le coup d’envoi pour le théâtre est parti après la soirée de baptême étudiant « brucovanje », en novembre, quand Jos nous a proposé d’organiser une soirée en hommage à Jacques Prévert : Sabina, Aljoša, Matjaž et moi-même. Je me souviens de nos séances de lecture, des répétitions et de notre première au Centre culturel français, avec, en conclusion, Michel et les Compagnons des mauvais jours. Je me souviens aussi de nos spectacles à Cankarjev dom et à Maribor, de la présence protectrice de Noël. J’ai un vif souvenir de notre manière de réciter et de nous tenir devant le public. Je me souviens de ma grande difficulté à réprimer un fou rire quand Matjaž et Aljoša, en allumant chacun leur allumette dans le noir de la salle à Cankarjev dom, se sont retrouvés l’un à côté de l’autre au lieu de se faire face ; chaque fois que je rentre dans cette salle, je souris en souvenir de cette scène. Je me souviens des trois affiches que j’ai réalisées pour la première soirée de Prévert dont l’une a mystérieusement survécu à tous les périples et démé- nagements de ma vie et me tient compagnie encore aujourd’hui. Je me souviens qu’après le spectacle à Cankarjev dom, Noël et Jos nous ont emmenés chez Miki, le restaurant mythique du PEN, et qu’avec Sabina nous avons mangé pour la première fois de la sole (ou c’était du saumon ?) et un kiwi comme dessert. Et que Noël m’a appris à manger le kiwi à la petite cuillère et que, depuis, je le remercie chaque fois que j’en mange un. Je me souviens de Leonida, Gordana et Tanja dans les Exercices de conversation et de diction française de Ionesco (1985), souriantes, joyeuses, ravissantes, avec des 16 Les théâtreux - FINAL.indd 16 13. 05. 2024 14:21:18 cœurs dessinés sur les joues. Et de Jos, majestueuse et drôle dans le rôle de la « grande femme », et je regrette que ce fût un de ses rares rôles. Je me souviens du Dieu-Cancre, Dieu-Clown de la Classe terminale, notre première vraie pièce qui a marqué la naissance de la troupe. Le nom des Théâtreux est venu plus tard, même en 1986 on n’était que le « groupe théâtral de la chaire de français ». Je me souviens de nos répétitions du samedi matin au CCF1, de notre enthousiasme et complicité, notre envie d’être ensemble, sans prétention. Aljoša, Ivo, Matjaž, Mirko, Boštjan, Sabina, Irena. Et Noël, notre indispensable patron et protecteur, caché sous le costume du redoutable Cancre. Je me souviens des mots d’Annick, mon rôle dans la Classe terminale : « Il ne faut pas nous en vouloir si nous sommes jeunes ; nous ne sommes pas vos ennemis. Nous venons de naître devant vous, il y a quelques instants ; nous venons de naître du ventre de toutes les télévisions jetés vifs dans la fosse aux millions, dans la fosse aux robots, dans la fosse aux protons, aux électrons, escortés d’un vol noir de corbeaux au milieu des bontés maléfiques, des cités apoplectiques, au milieu des machines en fusion, des fusées, des tombes, des bombes, des reines de beauté, des animaux hagards, des jeux pour les vieillards, au milieu de l’océan visqueux de la publicité, du sexe considéré comme rentabilité, au milieu des orgues de la bêtise grave... ». Ces mots du maître Obaldia datent de 1973 et ont sans doute laissé des résonnances en moi. Cette liste, même sans Internet, n’a absolument rien perdu de son actualité. Ces mots m’ont mieux fait comprendre Michel Serres et sa Petite Poucette, et m’ont sans doute inspiré des projets avec les étudiants. « Seule, notre colère n’est pas polluée ! », dit encore Annick et j’ai dû prendre ces mots très au sérieux, car ma colère envers la bêtise et la vanité reste jusqu’à ce jour intacte. Je me souviens de Noël qui rugit derrière les barreaux de sa cage dans Le Pauvre lion de Prévert (1986). De Rastko, magnifique dans le rôle du directeur, de Vesna et Mirko, couple snob et distingué, du gardien Boštjan, de Tajda, Bronka, 1 Centre culturel français, ndlr. 17 Les théâtreux - FINAL.indd 17 13. 05. 2024 14:21:18 Agata, Tomaž, Natalija, Tanja, Ivo et Michel. J’ai adoré mon rôle de petite vieil e qui m’a fait comprendre que, dans la vie, on ne choisit que rarement ses rôles mais en les acceptant, on peut y trouver un réel plaisir. Je me souviens bien de Leonida et Aljoša dans les rôles d’Elle et Lui dans les Amants du métro. Et moins bien de nous autres, passagers anonymes dans le métro, les visages cachés derrière les masques. Cette année-là, nous étions une très belle confrérie. Je me souviens avec beaucoup d’émotion de l’année des clowns avec le spectacle Le Contre­pitre (1987), précédé de Mais c’est fou, une petite pièce écrite par Noël. D’Agata, « le pape des clowns », « l’incomparable à tout », de Bronka prénommée « Je-ne-sais-pas », de Vesna et Tomaž, une joyeuse bande de clowns et contre-pitres. Je me souviens de nos répétitions, des crises de fou rire, de nos magnifiques costumes et perruques. C’était une grande fête, sans la moindre chance de se prendre au sérieux. Je me souviens moins bien de la pièce La Jalousie du Barbouillé de Molière, jouée la même année, parce que nous, les clowns, étions confinés dans les coulisses pendant la première partie du spectacle. Pourtant, je me souviens de Sabina et Rastko, ils étaient superbes, d’une beauté aristocratique et raffinée, avec une grâce presque impossible à trouver dans un théâtre professionnel. Regardez les photos, vous verrez. Je me souviens de la grande année 1988 avec Anouilh et le spectacle Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron. Boštjan et Vesna étaient phénoménaux dans les rôles du couple d’Adolphe et Élodie, avec leurs éternelles disputes, illusions brisées et frustrations sans issue. J’entends toujours « J’aime pas les épinards » de Bronka-Toto, cet enfant triste et seul, entre des parents déchirés et plongés dans leurs délires. Je me souviens de ce moment savoureux de tango dansé par Agata et Boštjan, un vrai délice ! Et de Rastko-Adonard, passionnant dans le rôle de l’amant imaginaire d’Élodie. Et de la douce mélancolie de Sabina dans le rôle de la jeune fille, Josyane. Je me souviens aussi de mon rôle de Mademoiselle Tromph et je me demande, sans fausse modestie, s’il n’y a jamais eu meilleure incarnation de ce terrifiant personnage. Je me souviens aussi de la douche que j’ai fabriquée pour le bonheur matinal de Boštjan-Adonard dans la première 18 Les théâtreux - FINAL.indd 18 13. 05. 2024 14:21:18 partie du spectacle ; une douche démontable que nous avons transportée dans nos bagages avec les costumes, le service de table et le reste des décors. Je me souviens de la magie de la représentation que nous avons donnée au festival de Mayence en Allemagne, avec des applaudissements incessants, un public incroyable et notre immense plaisir de jouer et d’être ensemble, peut-être le plus beau moment de notre troupe. Je me souviens de notre expédition à Avignon, en juillet 1988, grâce à Noël qui nous a obtenu six bourses pour le festival (merci encore, Noël !). Un séjour inoubliable de deux semaines pour notre petite confrérie très soudée : Sabina, Vesna, Tomaž, Agata et Primož. Je me souviens de « Je m’en vais vaguement convaincu d’avoir bien fait », un magnifique spectacle dont nous avons longtemps répété les répliques, comme une vraie bande de clowns. Et je me souviens de Michel Piccoli dans Le Conte d’hiver, dans la Cour d’honneur du Palais des papes, fascinant, inoubliable. Je me souviens de Pièces détachées de Jean-Michel Ribes, jouées en 1989, six pièces drôles et pétillantes. Je me souviens moins bien des répétitions, nous nous sommes rarement retrouvés tous ensemble pour répéter, mais je me souviens tellement bien de Daša et Meta dans notre pièce Tourisme. Je me souviens de Žiga, le Facteur qui traverse la scène : « Je suis le facteur et je vous apporte un peu de bonheur. » Et je garde un excellent souvenir de Jos, majestueuse dans le monologue adressé à Guy : « Non Guy, je ne te laisse pas tomber… mais je te demande qui s’est pendu au balcon hier soir en me menaçant de sauter… ». Et de Rastko sur son radeau au milieu de l’océan, après le naufrage du paquebot, élégant et hautain, qui scrute l’horizon... qui scrute l’infini et conclut : « Mais finalement, c’est peut-être ça la vie... » Je me souviens que pour certains d’entre nous, cette année 1989 a été empreinte d’une douce mélancolie, car nos études se terminaient et Jos allait quitter Ljubljana. Je me souviens que, fin mai, nous avons fait une très belle fête chez Jos, avec un délicieux gâteau pour mon anniversaire (merci encore Jos !) et je m’en souviens comme d’une fête d’adieu. Même si nous avons encore fait en juin, après le spectacle à Celovec, une très belle fête chez Vladimir, à Gozd Martuljek. 19 Les théâtreux - FINAL.indd 19 13. 05. 2024 14:21:18 Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre. Où mène­t­il pour nous solliciter si fort ? Ces mots ont résonné pendant des années dans ma tête avant que je ne redécouvre qu’ils appartiennent à René Char. Je sais aujourd’hui que notre ex-périence de compagnonnage théâtral a profondément marqué et inspiré ma vie. Et que la rencontre avec Joséphine Ferrari a changé ma vie. Parce qu’elle avait une forte personnalité, indépendante et impartiale, une passion pour la poésie, la littérature et la culture. Elle était exigeante et dévouée, intransigeante sur les objectifs que nous nous sommes fixés : faire de notre mieux pour présenter un bon spectacle. Elle nous traitait comme des adultes responsables, sans compliments gratuits ou félicitations non méritées et sans « pourrait mieux faire ». Je ne savais jamais comment remercier Jos, mais j’ai compris que la vraie façon de remercier quelqu’un qui t’a inspiré, qui a changé ta vie, c’est de trouver ta propre manière d’être à l’écoute des autres, de les accompagner dans leurs projets, de les inspirer. C’est ce que j’essaie de faire à travers mes traductions et mes projets auprès des jeunes. (Écrit en français par Nadja Dobnik) Slika 1: Exercices de conversation et de diction française pour étudiants américains, Eugène Ionesco. Gordana Kolesarič, Tanja Osterman. (Vir / Source : Joséphine Ferrari) 20 Les théâtreux - FINAL.indd 20 13. 05. 2024 14:21:18 Slika 2: Le Pauvre lion, Jacques Prévert. Noël Favrelière, Boštjan Zupančič. (Vir / Source : Boštjan Zupančič) Slika 3: Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron. Jean Anouilh. Nadja Urbanija, Joséphine Ferrari. (Vir / Source : Les Théâtreux) 21 Les théâtreux - FINAL.indd 21 13. 05. 2024 14:21:18 Slika 4: La Jalousie du Barbouillé, Molière. Leonida Kotnjek, Sabina Melavc, Boštjan Zupančič, Rastko Đorđević. (Vir / Source : Boštjan Zupančič) Slika 5: Pièces détachées, Jean­Michel Ribes. Stojijo / Debout : Daša Škapin, Primož Vitez, Vesna Maher, Meta Lavrenčič, Žiga Arh, Sabina Melavc, Nadja Urbanija. Sedijo / Assis·es : Boštjan Zupančič, Lija Pogačnik, Joséphine Ferrari, Rastko Đorđević. (Vir / Source : Les Théâtreux) 22 Les théâtreux - FINAL.indd 22 13. 05. 2024 14:21:19 Moja magdalenica? Kivi! Aljoša Dobovišek Moja magdalenica? Kivi! Dolgo sem se ob vsakem srečanju s tem sadežem spomnil, kdaj in kje sem ga spoznal – mogoče celo prvič slišal zanj, vsekakor pa ga videl in okusil: spomladi 1984 v Penu. Drugi spomini so po skoraj štirih desetletjih manj zanesljivi … Jos je z Nadjo, Sabino pa Matjažem iz drugega letnika francistike pripravila recital Prévertovih pesmi, bruca so me zvabili zraven, privabili smo še Michela pa Noëla in ta zadnji nas je po recitalu povabil na večerjo (takrat sem bil tudi sploh prvič pri Mikiju). Legenda oziroma pojasnilo, kdo je katera od legend: kaj kmalu legendarna lektorica Joséphine Ferrari nam je kaj kmalu dovolila, da jo kličemo Jos, in po odkritju, da se izgovorjena Žo zapiše s s-jem, smo ji med sabo ljubeče rekli Žosa; Nadja je bila Urbanija, zdaj je Dobnik, Sabina pa Matjaž sta menda še zmeraj Melavc pa Birk – on je bil sicer tudi Wunderkind –, Aljoša sem bil Arko, zdaj sem Dobovišek, Michel je bil lektor Renault, Noël Favrelière pa znameniti direktor Francoskega kulturnega centra. Za Noëla ne vem, a je kaj recitiral ali nam je samo ljubeznivo posodil prostor za nastop in se pridružil gledališki skupini šele v eni od naslednjih »sezon«. Imenu Francoski kulturni center je ravno v tistem času dodal Charlesa Nodiera in namestil ob 23 Les théâtreux - FINAL.indd 23 13. 05. 2024 14:21:19 vhod njegovo poprsje, delo Jakova Brdarja, in tudi za skupino si je on pozneje izmislil ime Les Théâtreux. Radi smo hodili v knjižnico in čitalnico v stavbi uršulinskega samostana na voglu takratne Titove ceste pa Ulice Josipine Tur-nograjske – govorili smo, da gremo v Fkca – in z veseljem smo sprejeli predlog, da tam izvedemo recital. Tega so si zamislili Jos, Nadja, Sabina pa Matjaž (in Michel?) na začetku študijskega leta 1983/84, kolegici pa kolega so nanovačili še mene na predavanjih iz književnosti, ki sta jih skupaj poslušala prva dva letnika, in vsak od nas si je izbral dve ali tri pesmi Jacquesa Préverta. Od svojih se z gotovostjo spomnim La grasse matinée, za katero mi je Jos pomagala natrenirati ustrezno (melo) dramatično izvedbo, in spomnim se njene nonšalantne Il faut passer le temps – duhovito interpretacijo sem potem enkrat poskusil prodati v neki francoski druščini. Za druge pesmi že nisem več prepričan, kdo je povedal katero, niti se ne spomnim vseh naslovov. Je Michel igral na kitaro, vmes ali ob svoji recitaciji? V spominu mi je ostalo samo še, kako je občinstvo v prvih vrstah občudujoče komentiralo moj francoski r, za katerega sem pa pozneje v Franciji zvedel, da ni prav zelo francoski: znanka je pohvalila (!), da se moje »rouliranje« lepo poda ravno k Prévertu … Hja, sem pač zrasel ob poslušanju Édith Piaf. Temelji za gledališko skupino na francistiki so bili postavljeni. Jos jo je vodila vse do vrnitve v Francijo, Les Théâtreux so rasli in se množili, repertoar je postajal ambicioznejši – že naslednje leto resnično gledališki in potem čedalje zahtevnejši. Nekaj nas je s temi ljubiteljskimi izkušnjami šlo na igralsko akademijo in vem za enega, ki je odlično opravil sprejemni izpit, ampak si očitno samo odrl piko, saj se na veliko žalost komisije potem ni vpisal. Izdam, da se njegova ime pa priimek rimata na »oddan člančič«, in tegale svojega spominskega nostalgično končam z Nodierom: Les rêves sont ce quʼil y a de plus doux et peut­être de plus vrai dans la vie. 24 Les théâtreux - FINAL.indd 24 13. 05. 2024 14:21:19 Slika 1: Classe terminale, René de Obaldia. Boštjan Zupančič, Noël Favrelière, Aljoša Arko (Vir / Source : Boštjan Zupančič) Slika 2: Michel Renault (Vir / Source : Les Théâtreux) 25 Les théâtreux - FINAL.indd 25 13. 05. 2024 14:21:19 Slika 3: Joséphine Ferrari et Vladimir Pogačnik. Centre culturel français Charles Nodier, 1989. (Vir / Source : Les Théâtreux) 26 Les théâtreux - FINAL.indd 26 13. 05. 2024 14:21:19 Mes Théâtreux (1984–2004), dramaturška skica Boštjan Zupančič Moji Teatroji: 1. 1985, Obaldia, Zaključni razred: Yves 2. 1986, Prévert, Ubogi lev: čuvaj; Tardieu, Ljubimca iz metroja: potnik 3. 1987, Molière, Ljubosumni Barbouillé: Barbouillé 4. 1988, Anouilh, Pek, pekarica in mali pomočnik: Adolphe/Ludvik XVI. 5. 1989, Ribes, Rezervni deli: brodolomec; vojak 6. 1990, Molière, Don Juan: Sganarelle 7. 1991, Vian, Meduzina glava: režija, Charles 8. 1993, Jarry, Kralj Ubu: oče Ubu 9. 1995, Genet, Balkon: general 10. 1996, Molière, Žlahtni meščan: Covielle 11. 1997, Marivaux, Disput: princ 12. 2004, Maeterlinck, Princesa Maleine: kralj Hjalmar Elementi drame: • Od čuvaja v živalskem vrtu do holandskega kralja • Pred 40 leti!?! – 20 let?!? – 12 predstav • Daleč je vse to • Zakaj? – Le français, mon amour; le théâtre, mon amour … 27 Les théâtreux - FINAL.indd 27 13. 05. 2024 14:21:19 • Joséphine • Pomlad v Ljubljani diši po teatru • Jasna • Od oktobra do aprila: vaje, vaje, vaje … Konec aprila: premiera! • Elza • Vaje v Francoskem kulturnem centru (danes azijska restavracija) • Noël • Iskanje sponzorjev (včasih se je dalo) • Ruli • Mala dvorana Cankarjevega doma, Lutkovno gledališče, Šentjakobsko gledališče, Mala Drama • Kakšno leto samo ena ali dve predstavi, druga leta tudi gostovanja po Jugoslaviji, Sloveniji, Evropi (v Maroko pa nisem šel) • Koper, Ptuj, Zagreb, Beograd, Sarajevo, Skopje, Celovec, Gradec, Trst, Pariz, Grenoble, Strasbourg, Edinburg, Mainz, Krakov ... (Kje smo še bili, se spomnite?) • Miha • Z Rulijevo katrco v Piran in skok v morje, potem predstava v Kopru • 1986: nekaj dni po jedrski nesreči v Černobilu – (radioaktivne?) češnje na odru med predstavo • Edinburg: eksplozija plina v ulici poleg gledališča dan pred predstavo; na treh predstavah po 15 gledalcev na večer; nazaj v London na vlaku, polnem škotskih navijačev, ki gredo navijat za svojo reprezentanco v Pariz – cel žur • S spalnikom v Beograd, s kombijem v Pariz, z avtom v Krakov • Skopje: maskiranje s pomočjo koščka počenega ogledala na stopnicah v zaodrju • Mainz: festival frankofonskih študentskih gledališč; Jo je napeta, (otročji) študentje ( cf. infra) pa večer pred predstavo skočijo skozi okno na obisk h kolegom iz Freiburga v sosednji stavbi; več aplavzov na odprti sceni in 15 minut daljša predstava • Sprejemni izpit AGRFT • Boštjan, kje imaš švicarski nož? • Borštnikovo srečanje (1995) 28 Les théâtreux - FINAL.indd 28 13. 05. 2024 14:21:19 • Pariz: valonski kulturni center na rue Quincampoix zraven Beaubourga • Tango z Agato • Sarajevo: na odru, na katerega bo čez dobro leto Susan Sontag med vojno postavila Čakajoč Godota • Podvojitev: stojim na odru in govorim besedilo … in sam sebe vidim od zgoraj … »Samo da se zdajle ne zmotim!« • Côté cour ou côté jardin ?!? • »Je te connais comme si je t’avais fait« • »Cela dépend du point de vue où on se place« • »Ma sale est brosse« /sic!/ • »FRAPPER des mains … HAUSSER le bras … LEVER les yeux au ciel … BAISSER la tête … REMUER les pieds … aller à DROITE … à GAUCHE … en AVANT … en ARRIÈRE … TOURNER …« • »Merdre!« • Kdo pozna koga iz medijev? • Gojenje kulture govora; Študentski Anouilh; Građanin plemić u Gavelli; Študentje francoščine na odru; Kralj Ubu ali mali prevrat na velikem odru Lutkovnega gledališča; Ambasadorji s Kraljem Ubujem; V francoščini, z odliko; Bogovi se ne zabavajo slabše; Lepa predstava; Klovnasti klovni klovnajo; Ko postane katedra za francoski jezik znana po gledaliških predstavah; Šest lahkih komadov; Dve francoski predstavi; Trikrat v izvirniku; Slovenski Molière v francoščini; Voilà la grâce de Dieu bien appliquée; Žlahtni meščan v žlahtni francoščini; Il Borghese gentiluomo in originale; Enaki v pregrehah in krepostih. • »Kdaj se boš končno naučil besedilo na pamet?« • »Kam gremo po premieri?« • »… obžalovanja vredno vedenje nekaj neodgovornih študentov, ki mislijo, da so odrasli, […] v resnici pa so le zaostali najstniki …« • »Prihranite nam svoje zgodbice iz Indonezije!« • »Kaj vam je treba tega teatra …« • »Preveč razgalja ta nevidna sla« • »Če ne zapišeš, ostane samo škatla na podstrešju« • »Pojdimo h kosilu: bo kaj solate? Tako si želim solate.« 29 Les théâtreux - FINAL.indd 29 13. 05. 2024 14:21:19 Slika 1: Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron. Boštjan Zupančič­Adolphe (Vir / Source : Boštjan Zupančič) 30 Les théâtreux - FINAL.indd 30 13. 05. 2024 14:21:19 Slika 2: Don Juan, Molière. Boštjan Zupančič­Sganarelle (Vir / Source : Boštjan Zupančič) 31 Les théâtreux - FINAL.indd 31 13. 05. 2024 14:21:20 Slika 3: Tête de méduse, Boris Vian. Boštjan Zupančič, režija / mise en scène (Vir / Source : Boštjan Zupančič) Slika 4: Delo, 30. 5. 1995 32 Les théâtreux - FINAL.indd 32 13. 05. 2024 14:21:20 Slika 5: Delo, 10. 6. 1996 33 Les théâtreux - FINAL.indd 33 13. 05. 2024 14:21:20 Les théâtreux - FINAL.indd 34 13. 05. 2024 14:21:20 S teatrom do jezika Bronka Straus V soju žarometov na gledališkem odru sem prvič stala junija 1981. Po prvem razredu baletne šole v Mariboru smo imeli končno produkcijo. Vzgib za mojo odločitev vpisa v baletno šolo je bil ogled baletne predstave Giselle v SNG Maribor, v kateri so gostovali trije ruski baletniki, dve plesalki in en plesalec. Glavno moško vlogo Alberta je plesal Tiit Härm. In bil je tako lep! Stara sem bila 14 let in bilo je leta 1980. V tistih časih si še lahko začel hoditi k baletu šele pri štirinajstih letih. Vsa štiri gimnazijska leta sem hodila k baletu in zaključni nastop je bil vedno na odru SNG Maribor. Rada sem nastopala. Sodelovala sem tudi v baletu Pika Nogavička v režiji Ika Otrina, s katerim smo leta 1983 nastopali v ljubljanski Operi. Leta 1984 sem prišla na študij francoščine v Ljubljano. In že dve leti kasneje sem ponovno stala na odru ljubljanske Drame kot članica skupine »Le groupe théâtral de la chaire de français de l’Université de Ljubljana«. Spomnim se, da smo na začetku šolskega leta 1985/86 dobili povabilo, da kdor ima željo, se lahko priključi skupini, ki je bila ustanovljena leto prej. Njihovo prvo predstavo sem si ogledala in bila navdušena. Odločitev je bila preprosta. In nisem bila edina iz našega letnika. Ko gledam fotografijo s predstave Le Pauvre lion Jacquesa Préverta vidim sošolke Agato Šega, Vesno Maher, Tajdo Lekše, Natalijo Gorščak in sošolca 35 Les théâtreux - FINAL.indd 35 13. 05. 2024 14:21:20 Rastka Đorđevića. Predstavo je režirala Joséphine Ferrari, francoska lektorica. Skupaj s profesorjem Vladimirjem Pogačnikom sta bila leta 1984 ustanovitelja gledališke skupine katedre za francoski jezik na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani. V naslovni vlogi leva je nastopil Noël Favrelière, takratni direktor Francoskega kulturnega centra Charles Nodier. Zares nepozaben prizor iz te igre je bil, ko je Noël stal v kletki za rešetko (prizor se odvija v živalskem vrtu) in povsem nepričakovano zapel J’aime j’aime la vie, zmagovalno evrovizijsko pesem tistega leta. Veliko samodiscipline je bilo potrebno, da na odru nismo vsi skupaj prasnili v smeh! In njegov »Ah, la belle jeunesse!« je povsem nepozaben. Predstava je bila sestavljena iz dveh delov. V prvem delu smo nastopili bolj ali manj »ta novi«, v drugem delu pa so večinoma študenti višjih letnikov odigrali igro Les Amants du métro Jeana Tardieuja. Slika 1: Prizor iz igre Le Pauvre lion. Na fotografiji Agata Šega, Vesna Maher, Bronka Drozg (danes Straus1). V ozadji v kletki Noël Favrelière. 1 Gotovo je še kdo od tedanjih članov, članic kasneje zamenjal ime ali priimek, vendar zaradi same narave in usmeritve prispevka tega nisem podrobneje raziskala. 36 Les théâtreux - FINAL.indd 36 13. 05. 2024 14:21:20 Naslednja stran v fotoalbumu me ponese v leto 1987 na predstavo v znamenju klovnov Le Contre­pitre avtorice Hélène Parmelin. V sklopu kratkih dialogov omenjene avtorice sva z Agato Šega odigrali tudi kratko igro Mais c’est fou! avtorja Noëla Favrelièra. Ona vpraša: »Qui es-tu?« In jaz odgovorim: »Qui es-tu.« »Jaz sem vprašala prva Qui es-tu?« In jaz odgovorim: »Qui es-tu. Je m’appelle Qui es-tu.« In tako dalje. Zelo smešno. Na ta račun sva se z Agato še vrsto let hecali. Imeli smo prekrasne kostume. Ne vem več, kdo jih je šival. Dokolenke, ki so se skladale s kostumi, nam je Jos (tako smo vedno klicali Joséphine Ferrari) prinesla iz Francije. Tudi ta predstava je še bila sestavljena iz dveh delov, tako kot predhodnja. Če smo prejšnje leto nastopali v ljubljanski Drami, smo to leto prvič gostovali v Šentjakobskem gledališču oz. v Lutkovnem gledališču Ljubljana. Ne spomnim se, kateri oder točno je bil, smo pa na tem odru imeli potem še kar nekaj predstav. Tudi tretje leto smo se še imenovali »Le groupe théâtral de la chaire de français de l’Université de Ljubljana«. Slika 2: Prizor iz igre Mais c’ est fou! Na fotografiji Bronka Drozg (danes Straus) in Agata Šega. 37 Les théâtreux - FINAL.indd 37 13. 05. 2024 14:21:20 Obrnem še en list fotoalbuma: vaje za predstavo Jeana Anouilha Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron se odvijajo v prostorih Francoskega kulturnega centra. Ta je kar nekaj vikendov postal naš drugi dom in zamenjal klasično učilnico na Filozofski fakulteti, pritličje levo, učilnica 13. Koliko ur smo v tej učilnici presedeli po klopeh, razmišljali, kaj in kako, gledali sošolce in sošolke, ki so vadili prizore, se smejali in se spodbujali. Tudi skregali. Ampak to je del procesa. Vedno bil in vedno bo. S to predstavo, ki smo jo ustvarili pod imenom Les étudiants théâtreux in smo jo uprizorili leta 1988, smo istega leta gostovali tudi na gledališkem festivalu frankofonskih študentskih skupin v Mainzu v Nemčiji. Ne spomnim se veliko, vem samo, da je bila dvorana nabito polna in da smo poželi velik aplavz. Iz ene od predstav v Ljubljani se spomnim, kako sem v vlogi petit mitrona sedela za mizo, kjer smo jedli, brkljala po krožniku in bi morala reči: »J’aime pas les épinards!« Tako sem se vživela v brskanje po krožniku, da sem pozabila, da sem na vrsti, ko sem izza zavese slišala svoje besedilo. Šele takrat sem se zavedla, kako dolga tišina je vladala na odru, ko so čakali na moj stavek. Slika 3: Prizor iz igre. Na fotografiji Agata Šega, Boštjan Zupančič (par, ki pleše), sedijo Nadja Urbanija (danes Dobnik), Bronka Drozg (danes Straus), Tomaž Flajs in Lija Pogačnik. 38 Les théâtreux - FINAL.indd 38 13. 05. 2024 14:21:21 Slika 4: Vaje v prostorih Francoskega kulturnega centra Leto 1989 je bilo v znamenju predstave Pièces détachées Jean-Michela Ribesa. V tem letu smo se kot skupina precej pomladili, saj so se nam pridružile mlajše članice in člani. S to predstavo smo gostovali v Edinburgu. Da bi privabili gledalce, smo se oblekli v kostume in hodili po ulicah ter mimoideče v študentskem kampusu vabili k ogledu predstave. Bili smo precej neuspešni, saj smo trikrat nastopali pred praktično prazno dvorano. Ampak se nismo zelo obremenjevali. Že to, da smo lahko gostovali, je bilo doživetje. Na vlaku do Londona, kjer smo šli nato na avion, smo srečali škotske nogometne navijače v kiltih. Bili so zelo prešerno razposajeni, mi pa tudi dobre volje in razvnela se je debata o tem, ali so pod kilti res brez spodnjic. In so bili! Iz predstave se še zdaj spomnim skeča, ki sva ga odigrali skupaj z Danušo Škapin: upokojeni avanturistki se pri turistični agentki zanimata za potovanje, polno nevarnosti. Ker se nič ne zdi dovolj razburljivo in je agentka že utrujena, jima na koncu zabrusi: »Si vous revenez, vous êtes remboursées!« V letih študija in sodelovanja pri gledališki skupini sem se dodatno izobra- ževala pri Andrésu Valdésu v njegovem studiu za pantomimo. Srečevali smo se 39 Les théâtreux - FINAL.indd 39 13. 05. 2024 14:21:21 večkrat na teden. Studio je obiskovalo tudi nekaj danes priznanih gledaliških igralcev in igralk. Leta 1989 sem skupaj z Andrésom in Jano Kovač nastopala v njuni predstavi Tišina, smejemo se! Tehnike giba in mimike ter postavitev telesa v prostoru, na odru, ki smo se jih intenzivno učili pri Andrésu, so mi zelo pomagale tudi pri oblikovanju vlog v francoskem teatru. In tako je prišlo leto 1990 in naša super predstava Molièrovega Dom Juana. Tokrat prvič kot Les Théâtreux in brez Jos, ki je zaključila mandat francoske lektorice v Ljubljani. Nov lektor je bil takoj pripravljen sodelovati, imel je nekaj odličnih idej, vendar je prekinil delo na katedri za francoski jezik, tako da je režijo v celoti prevzel prof. Pogačnik. Glavni vlogi sta odlično odigrala Primož Vitez (Dom Juan) in Boštjan Zupančič (Sganarelle). V gledališču smo si izposodili »ta prave« kostume, kar je gotovo prispevalo k uspehu igre, s katero smo gostovali pred polno dvorano, tudi v Parizu! Iz svojega dnevniškega zapisa razberem, da smo v Pariz odpotovali z dvema kombijema sredi zimskih snežnih razmer. V Parizu smo bili nastanjeni pri prijateljih prof. Pogačnika ter pri Jos. Gostovanje je podprl tudi Jugoslovanski kulturni center, ki je bil blizu Centra Georges Pompidou in gledališke dvorane, kjer smo nastopali. Žal za vaje ni bilo priložnosti, tako da smo morali nastopiti brez predhodnih vaj. Prvič po nastopu v Sarajevu dva meseca pred tem! Na predstavi je bilo kar nekaj zapletov, veliko stresa, panike, pozabljenih tekstov, pa vendar nas je bučen aplavz poplačal za ves trud! Leta 1992 sem diplomirala. Mislim, da sem še zadnje leto sodelovala v predstavi, vendar se tega ne spomnim dobro. Z mislimi sem bila že drugje, se zaposlila, si počasi ustvarila družino. Pa vendar, če se ozrem na svoja študentska leta, je prva misel gotovo francoski teater – Les Théâtreux. Bili so drugačni časi, živeli smo še v Jugoslaviji, zelo malo materialnih stvari nam je bilo dostopnih, smo se pa zato toliko več družili. Ni bilo lahko potovati, pa vendar smo potovali veliko. Omenila sem že Mainz, Edinburg, Pariz, naj dodam še Prago, pa Beograd, Zagreb, Skopje, Sarajevo. S francoskim teatrom sem prvič potovala z avionom. Koliko energije in napora so morali vložiti profesorji, da so za celotno gledališko ekipo pridobivali sredstva za vse te poti, koliko poznanstev so morali izkoristiti, da so se nam odprla vsa ta vrata. Draga Jos, dragi Ruli oziroma profesor Pogačnik, ena velika hvala in velik poklon za to, kar ste nam omogočili! Pa ne samo potovanj, odprli 40 Les théâtreux - FINAL.indd 40 13. 05. 2024 14:21:21 ste nam tudi svoje domove. Kolikokrat po predstavi smo druženje zaključili pri prof. Pogačniku doma. Prišli smo sredi noči in bili vedno postreženi! Ves čas smo imeli podporo Noëla Favrelièra in Francoskega kulturnega centra, pa tudi Revoza. Podpirali so nas tudi nekateri drugi učitelji na romanistiki. In zato sem se med študijem francoščine dobro počutila, nekako smo bili povezani. In vezi so ostale. Še danes se iskreno razveselim, ko srečam koga iz naše skupine. Z nekaterim sem tudi službeno povezana, z nekaterimi se vidim občasno. Slika 5: Prizor iz Dom Juana. Na fotografiji Bronka Drozg (danes Straus). 41 Les théâtreux - FINAL.indd 41 13. 05. 2024 14:21:21 Slika 6: Prizor iz Dom Juana. Na fotografiji Boštjan Zupančič, Bronka Drozg (danes Straus), Primož Vitez in Lija Pogačnik. Po končanem študiju sem še dve leti vodila francosko gledališko skupino dijakinj Gimnazije Poljane. Tudi s to skupino smo gostovali na enem od gledaliških festivalov v Franciji. Leta 2001 sem bila na študijskem obisku v Saint-Maloju v Franciji, kjer sem spoznala Daniela Marieta, profesorja francoske literature in navdušenca nad gledališčem na Lycée Jacques Cartier. Beseda je dala besedo in rodila se je ideja o ustanovitvi frankofonskega dijaškega gledališkega festivala FETLYF, ki se je v Saint-Maloju prvič odvil leta 2003. Vrsto let sem bila vabljena kot članica žirije, spodbudila sem pobratenje mariborske II. gimnazije z gimnazijo Jacquesa Cartiera. Tako so mariborski dijaki dobili vsakoletno vstopnico za festival. Nekajkrat so se jim pridružili tudi dijaki Gimnazije Jožeta Plečnika iz Ljubljane. Uspešno učenje jezika vključuje nenehno rabo tega jezika. V različnih situacijah, za različna opravila. Sodelovanje v gledališki predstavi v tujem jeziku je gotovo ena od zelo uspešnih oblik učenja jezika. V okviru francoskega teatra smo imeli dodatni privilegij, da je z nami ves čas sodelovala Joséphine Ferrari, 42 Les théâtreux - FINAL.indd 42 13. 05. 2024 14:21:21 s katero je pogovor vedno tekel v francoskem jeziku. Kako zelo pomemben je stik z živim jezikom! Ne samo, da krepi jezikovno in sporazumevalno zmožnost učečega se, daje tudi motivacijo in učenje postane smiselno. Pri svojem delu na ministrstvu, pristojnem za izobraževanje, že več kot dvajset let spodbujam aktivnosti v podporo učenju tujih jezikov: vrsto let sem vodila program asistentov pri pouku tujih jezikov, kasneje gostujočih učiteljev. Podpirala sem uvedbo evropskih oddelkov v gimnazijskih programih, v okviru katerega so možnost zaposlitve dobili tuji učitelji. Kot strokovno usposobljeni pedagogi so obogatili učni proces, vpeljali avtentičnost, spontanost komunikacije in bili v podporo tudi slovenskim strokovnim delavcem. Žal je bil program ukinjen. S sredstvi ministrstva podpiramo oba frankofonska festivala: za učence osnovnih šol poteka v Kranju, za dijake srednjih šol pa v Celju. Vrsto let smo spodbujali didaktične pristope, ki vključujejo gledališko igro. S kolegico Simono Cajhen, takratno svetovalko za francoščino na Zavodu Republike Slovenije za šolstvo, sva tovrstne pristope vključevali v izobraževanje učiteljev francoščine, v letih 2013–2015 pa tudi organizirali gostovanje francoskih gledaliških profesionalcev, ki sta na različnih srednjih šolah v Sloveniji sodelovala z dijaškimi francoskimi gledališkimi skupinami. Vsako leto so skupaj pripravili eno predstavo, ki smo si jo nato ogledali v sklopu frankofonskega festivala v Celju. Nepozabne izkušnje tako za udeležence kot za gledalce! Gledališče je integralni del mojega življenja. Vedno znova uživam v predstavah in vsakič znova sem uživala pri sodelovanju v predstavi. Nikoli nisem bila v ospredju, v glavni vlogi, tega tudi nisem potrebovala in mi ni bilo pomembno. Biti del ustvarjalnega procesa, se družiti, se skupaj smejati, uživati ob uspehu, pa tudi previhariti viharje. Ljudje smo družbena bitja in potrebujemo drug drugega, da nam je lepo, da sežemo dlje, da življenje dobi svoj smisel. Naj zaključim z besedami, ki mi jih je napisala Jos aprila 2014: »Je n’ai pas oublié ton aisance et ton inventivité quand tu te glissais dans un personnage; tu as beaucoup œuvré à la réussite de nos spectacles et je t’en remercie.« Kadar dajemo, tudi veliko dobimo. Ljubljana, 14. 9. 2023 43 Les théâtreux - FINAL.indd 43 13. 05. 2024 14:21:21 Slika 7: Les Théâtreux, 1989. Vikrče. (Vir / Source : Boštjan Zupančič) 44 Les théâtreux - FINAL.indd 44 13. 05. 2024 14:21:23 Ljubimci, levi, klovni, peki, krojači in kraljične ali moja izkušnja s francoskim gledališčem Agata Šega Z gledališko umetnostjo sem v stiku že od malega. Rodila sem v družino, kjer sta bila književnost in predvsem gledališče vsakdanja tema pogovorov med staršema, saj je bila mama po izobrazbi, poklicu in tudi po duši igralka, režiserka, gledališka pedagoginja in teoretičarka, a tudi moj oče, sicer slavist, je posvetil precejšen del svojega življenja ne le odru kot gledališki kritik, ampak tudi gibljivim slikam kot umetniški direktor Triglav filma in dramaturg pri več slovenskih filmih, med katerimi je gotovo najbolj znan Na svoji zemlji. V našem stanovanju so se po knjižnih omarah in tudi sicer po vseh vodoravnih površinah poleg množic drugih knjig kopičila gledališka besedila v različnih jezikih, med katerimi je prednjačila francoščina, dramatiki, kot so Marivaux, Anouilh, Giraudoux, Tardieu, Ionesco in Sartre, pa so me vsak dan opazovali s polic in spremljali moje odraščanje. Na obisk so poleg ostalih kulturnikov zahajali mamine prijateljice igralke in drugi gledališki ljudje. Kljub vsemu temu sem bila vsaj do kakega desetega leta zaprisežena sovražnica amaterskega gledališča. Moja mama je namreč delala ali bolje rečeno garala kot vodja oddelka za gledališko vzgojo v Pionirskem domu in 45 Les théâtreux - FINAL.indd 45 13. 05. 2024 14:21:23 je tam pravzaprav preživela več časa kot doma, zato sem velikokrat zavidala prijateljicam, katerih mamice so bile popoldne z njimi in so se jim posvečale, medtem ko je moja prihajala iz službe šele proti večeru, večkrat celo tako pozno, da sva se videli šele zjutraj. Da bi bili malo več skupaj, me je popoldan večkrat odpeljala s sabo v Pionirski dom, da sem med vajami njenih skupin v kotu kje kaj brala ali risala, vmes pa seveda opazovala njeno delo s tečajniki in se kar mimogrede zelo veliko naučila o gledališki igri, ne da bi se tega sama sploh zavedala. Včasih sem se prav čudila, kako je mogoče, da so nekateri izmed njenih učencev tako nerodni in okorni, da tudi po neštetih ponovitvah ne morejo govoriti ali se gibati tako naravno in značaju svojega lika ustrezno, kot jih je skušala naučiti mama, jaz pa s tem nisem imela nikakršnih težav. Ker sem bila ves čas pri roki, je seveda kmalu naneslo, da sem dobila svojo prvo vlogo oziroma sem bila vanjo tako rekoč potisnjena: neko starejšo deklico so starši zaradi slabih ocen izpisali iz gledališke skupine tik pred premiero Sneguljčice, zato me je mama doma na hitro malo pripravila za njeno vlogo in že sem se znašla na odru. Vloga Pripovedovalca ni bila le nehvaležna, ampak zame pravi obup: ves čas predstave sem morala stati na robu odra in nisem smela nikamor, le vsake toliko časa sem morala prebrati kak stavek iz velike „knjige“, kjer pa ni pisalo nič, zato sem morala vse besedilo znati na pamet, kar se mi je zdelo prav bedasto. In vse to sem morala početi oblečena v moški kostum z nekakšnim ogrinjalom, ki nikakor ni ustrezalo estetskim merilom desetletne deklice, poleg tega mi je bilo vsaj za dve številki preveliko, saj je bilo sešito za precej starejše dekle! Takrat me je nastopanje v gledališču popolnoma razočaralo in prepričana sem bila, da sem z njim za vselej opravila. Vendar se je že naslednje leto vse skoraj do pike enako ponovilo z neko drugo tečajnico in spet sem morala vskočiti v zadnjem trenutku. Tokrat sem jo precej bolje odnesla, saj me je doletela vloga kraljične, ki je bila ena od glavnih v igrici Kraljevi smetanovi kolački. V njej sem resnično uživala in svojo nalogo očitno tudi dobro opravila, saj so me vsi hvalili. Takrat bi z veseljem še igrala, vendar so bile vloge namenjene tečajnikom, katerih starši so za njihovo udeležbo plačevali, jaz pa sem bila le rešitev v sili, da ne bi odpadla vnaprej napovedana novoletna gostovanja po šolah. Da bi se sama vpisala v 46 Les théâtreux - FINAL.indd 46 13. 05. 2024 14:21:23 tečaj, sploh nisem pomislila, pa tudi oče verjetno ne bi bil navdušen, saj je predobro poznal vse tegobe gledaliških poklicev in je večkrat malo za šalo, a tudi malo zares zagrozil mami: „Le glej, da ne boš še Agate zvlekla v teater!“ Tako se je moje igralsko udejstvovanje kar za nekaj časa prekinilo, dokler se nisem srečala s francoskim študentskim gledališčem. Prvič se je to zgodilo spomladi leta 1984, ko sem bila v zadnjem letniku gimnazije. Študentje in študentke francoščine pod vodstvom legendarne Joséphine Ferrari so nas takrat obiskali kar na Gimnaziji Poljane z recitalom Prévertove poezije, ki nas je navdušil in seveda verjetno tudi malo prispeval k temu, da se nas je iz razreda kar pet odločilo za študij francoščine, štiri sošolke pa smo ga kasneje tudi uspešno zaključile. Naslednje leto, ko sem bila že študentka prvega letnika francoščine in španščine, so Les Théâtreux nastopili v Cankarjevem domu že kar s pravo gledališko predstavo. Duhoviti besedili Eugèna Ionesca in Renéja de Obaldie, nadarjeni in simpatični igralci, od katerih sem jih nekaj že poznala, saj sem se prej z njimi vse leto srečevala v predavalnicah in na hodnikih fakultete, in spretna režija Joséphine Ferrari, ki je znala iz vsakogar izvabiti najboljše, vse to me je čisto prevzelo. Zato nisem prav nič oklevala, ko smo bili na začetku naslednjega študijskega leta 1985/86 študentke in študentje drugega letnika (pravzaprav samo en študent, saj smo bila sicer v letniku sama dekleta) povabljeni, da se pridružimo gledališki skupini. Za sodelovanje se nas je odločilo pet: Rastko Đorđević (zdaj Rafael Kozlevčar), Bronka Drozg (zdaj Straus), Natalija Gorščak, Vesna Maher in jaz. Prvo leto smo pripravili igri Les Amants du métro Jeana Tardieuja in Le Pauvre lion Jeana Anouilha, kjer sem odigrala več manjših vlogic, naslednje leto sem nastopila kot eden od klovnov v Contre­pitre Hélène Parmelin in Mais c’est fou Noëla Favrelièra, zadnjič pa v študijskem letu 1987/88 kot služkinja v Anouilhevi igri Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron. Odločitev, da se odrečem francoskemu gledališču je bila precej težka, a sem jo naslednje leto enostavno morala sprejeti, da sem se lahko posvetila vzporednemu študiju latinščine, ki sem ga vpisala leto pred tem. Hkrati pa sem se morala kot študentka zadnjega letnika seveda takrat že resno lotiti diplomskih obveznosti. 47 Les théâtreux - FINAL.indd 47 13. 05. 2024 14:21:23 Moje obzorje se je s sodelovanjem v francoski gledališki skupini kar naenkrat razširilo: spoznala sem starejše kolegice in kolege in se spoprijateljila z njimi, zbližali smo se tudi s pedagogi, saj sta na vaje večkrat prišli lektorica Jasna Baebler in višja predavateljica mag. Elza Jereb, ki sta nam dobrohotno popravljali izgovorjavo in nas opozarjali na jezikovne napake. Sodelovala in veliko pomagala sta profesor Vladimir Pogačnik, ki je bil takrat še docent, in do svojega odhoda na drugo delovno mesto tudi francoski lektor Michel Renault, ki je s sabo odpeljal tudi eno od članic skupine, saj je postala njegova žena. Ves čas nam je stal ob strani izjemni direktor Francoskega kulturnega centra Noël Favrelière, ki pa se ni obnašal prav nič direktorsko, ampak se je loteval prav vsega po vrsti: pomagal je pri organizaciji, slikal in izdeloval kulise, za nas napisal krajšo igro, odigral celo eno (sicer nemo) vlogo in verjetno počel še marsikaj, česar se niti ne spominjam več, predvsem pa nas je gostil v Francoskem kulturnem centru v času, ko smo se po cele dneve pripravljali na premiere (prostorska stiska na fakulteti je bila že takrat zelo huda), in nam seveda tudi finančno pomagal. V treh letih, kar sem bila članica skupine, smo večkrat gostovali na Ptuju in v Kopru, kjer so nas sprejemali z velikim navdušenjem in nas vsakokrat naravnost kraljevsko pogostili. V spominu mi je ostalo zlasti gostovanje na Ptuju leta 1987. Dijaki, ki so jih profesorice francoščine na ogled vedno skrbno pripravile, so bili nad igro Contre­pitre tako navdušeni, da so po vsakem prizoru, na koncu pa že kar skoraj po vsaki repliki huronsko ploskali. Ob zaključku igre je navdušenje celo tako naraslo, da so gledalci v trenutku, ko smo klovni na odru začeli prositi občinstvo za prostovoljne prispevke, kot zahteva igra, zadevo vzeli popolnoma resno in so nam med gromoglasnim vsestranskim odobravanjem in topotanjem z nogami (k čemur je poleg naših igralskih spretnosti in kakovosti predstave najbrž pripomogel tudi njihov štajerski temperament) začeli v resnici metati kovance na oder. Leta 1988 smo se s predstavo Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron udeležili tudi festivala francoskega študentskega gledališča v Mainzu. Predstava je bila precej zahtevna, predvsem smo imeli na odru ves čas precej različnih, tudi občutljivih rekvizitov, kot so bili jedilna posoda in kozarci, otroške igrače in kdo ve kaj še, vse to pa je bilo seveda treba vedno v pravem trenutku brez 48 Les théâtreux - FINAL.indd 48 13. 05. 2024 14:21:23 Slika 1: Le Contre­pitre, Hélène Parmelin. Agata Šega. (Vir / Source : Agata Šega) nezgode in preglasnega žvenkljanja prinesti na oder in potem z njega tudi odnesti. Na premiero so seveda prišli tudi moji starši in po predstavi je mama zgroženo vzkliknila: „Joj, saj sploh nisem mogla sproščeno slediti, neprestano sem trepetala, da boste pozabili na kakšen rekvizit!“ Nastopala je celo kulisa tuš kabine, ki smo jo prej morali za odrom tudi sestaviti in nato razstaviti, to pa zaradi pomanjkanja prostora ni bila vedno ravno lahka naloga. Kljub temu smo se tako tehnično kot igralsko odlično odrezali, v Mainzu smo bili nagrajeni celo s stoječimi ovacijami. Žal pa smo se morali zadovoljiti le s tem, saj bi po glasovanju občinstva pravzaprav morali dobiti prvo nagrado, a so nam potem mencaje pojasnili, da je ta vnaprej rezervirana za eno od nemških skupin in da je ne morejo podeliti tujcem. Ko so nas vabili, si očitno niti v sanjah niso mislili, da bi s kake jugoslovanske fakultete lahko prišla tako kvalitetna skupina, da bi lahko posegla po „njihovi“ nagradi. Vendar se je kmalu zgodila „pravica izkazica“ in nagrado smo vendarle dobili, saj je skupino za njeno večletno uspešno delovanje nagradila francoska 49 Les théâtreux - FINAL.indd 49 13. 05. 2024 14:21:24 vlada. Podelila nam je štipendije za udeležbo na gledališkem festivalu v Avignonu, kamor smo se odpravili julija 1988. Ogledali smo si kar nekaj zanimivih uprizoritev, kot enega od vrhuncev naj omenim Shakespearovo Zimsko pravljico, eno od osrednjih predstav v monumentalni papeški palači, kjer je v glavni vlogi zaigral slavni Michel Piccoli. In čeprav je bil velik igralec, je bil za nas takrat v skladu s pomenom svojega italijanskega priimka prav res majhen, saj smo sedeli tako daleč od odra, da smo ga komaj videli. Sama sem poleg tega bivanje v Avignonu kljub uničujoči vročini, ki nas je ob obilni in nadvse okusni hrani v menzi skorajda onesposobila, izkoristila še za več izletov z vlakom in sem tako videla Orange, Nîmes, Tarascon in Arles ter med vožnjo uživala v prelepi provansalski pokrajini, kar je morda name naredilo še večji vtis kot sam gledališki festival. Seveda se je bilo od francoskega gledališča kar težko tako kruto in na hitro posloviti, zato sem naslednje leto, ko je skupina v režiji Vladimirja Pogačnika pripravljala Molièrovega Dom Juana občasno prihajala na vaje. Taki obiski so bili v skupini že od nekdaj dobrodošli, saj so „zunanji“, ki niso tako podrobno poznali besedila, prej opazili ohlapnosti v izgovarjavi in kake druge pomanjkljivosti. Naslovno vlogo je igral Primož Vitez in ko sem ga opazovala med eno od vaj, me je nekaj zmotilo pri njegovi igri. Najprej nisem vedela kaj, čez čas pa se mi je posvetilo: Primož je igral neustavljivega zapeljivca, držal pa se je rahlo sključeno in delal majhne korake, tako da ni deloval prav nič donjuansko. Ko sem ga na to opozorila in ga prepričala, da je vzravnal hrbtenico in začel tudi stopati bolj košato, kot pritiče privlačnemu in samozavestnemu plemiču, je njegov lik nemudoma čisto drugače zaživel in pri priči postal neprimerno bolj verodostojen – še en jasen dokaz, kako izjemen pomen ima telesna drža pri oblikovanju vloge. Igra je potem s Primožem v naslovni vlogi in z odličnim Boštjanom Zupančičem v vlogi Sganarela igralsko in režijsko izjemno uspela in je bila po mojem mnenju ena najboljših predstav sploh, tako da mi je bilo vedno nekoliko žal, da sama pri njej nisem mogla več sodelovati. Vendar je bila privlačnost gledališča prevelika, da bi se mu lahko odrekla za dlje časa. V študijskem letu 1993/94, ko sem bila že tretje leto zaposlena na FF, smo začeli pripravljati besedilo Alfreda Jarryja Ubu roi v režiji Primoža Viteza. 50 Les théâtreux - FINAL.indd 50 13. 05. 2024 14:21:24 Vlogo Ubuja je dobil Boštjan Zupančič, njegovo ženo pa bi morala igrati jaz. Začeli smo že s bralnimi vajami, vloga me je pritegnila in zelo sem se je veselila, vendar je vmes posegla usoda: po prometni nesreči, ki jo je zakrivil pijan voznik v nasproti vozečem avtomobilu, sem obležala v bolnišnici z zlomljenim vretencem, namesto mene pa je potem nastopila Nada Prodan. Vendar sem že naslednje leto spet postala del ekipe, tokrat kot režiserka Feydeaujeve komedije Tailleur pour dames. To je bila moja prva in (zaenkrat) zadnja režija in mislim, da mi je kar dobro uspela. V veliko pomoč so mi bili tudi nasveti in predlogi Joséphine Ferrari, ki je prišla iz Francije ravno v času, ko smo imeli zadnje vaje, in prinesla tudi nekaj kaset, s katerih sem potem izbrala glasbo. Gregor Perko je bil izjemen v glavni vlogi in tudi vsi drugi so svoje zelo dobro odigrali, čeprav sem imela med pripravami kar precej dela z manj izkušenimi igralci, ki niso bili vajeni sproščenega gibanja po odru ali pa so slabo izgovarjali. Največ preglavic pa mi je popolnoma nehote povzročil ljubeznivi Marko Pravst. V pomanjkanju moških igralcev v skupini sem mu bila prisiljena dodeliti vlogo možakarja, ki se ga vsi izogibajo in pred njim dobesedno bežijo, ker naj bi v skladu z Feydeaujevimi režijskimi napotki z obrazom rinil v sogovornike, pljuval vanje in jih v najneprimernejših trenutkih moril s svojimi neskončnimi in skrajno dolgočasnimi zgodbicami. Takega vsiljivega vedenja pa od nadvse obzirnega in občutljivega Marka res nisem mogla zahtevati, saj bi bilo v popolnem nasprotju z njegovim značajem, zato sem si morala izmisliti nekaj drugega. Mozgala sem in mozgala, na koncu pa sem našla rešitev, kako bi drugače utemeljila odpor ostalih oseb v igri do njega: naročila sem mu, naj močno jeclja. Na vajah je vse teklo gladko, izpadlo je nadvse smešno in zdelo se mi je, da sem zadevo res posrečeno rešila. Na premieri pa je šlo na mojo grozo vse narobe, saj se je izkazalo, da ima Marko tako strašno tremo, da se mu je vsakokrat zgodilo ravno nasprotno od pričakovanega: večina ljudi jeclja prav zaradi treme, Marko pa je vsakokrat, ko je stopil na oder, ravno zaradi nje pozabil jecljati, kar je njegovemu liku seveda odvzelo skoraj vso komičnost in pokvarilo vlogo. Zato sem ga od takrat naprej vsakokrat, ko se je odpravljal na oder, poiskala za kulisami, ga bodrila in rotila, naj za božjo voljo nikar spet ne pozabi jecljati, ampak še to ni kdo ve koliko pomagalo. 51 Les théâtreux - FINAL.indd 51 13. 05. 2024 14:21:24 S to predstavo smo se podali tudi v tujino. Tradicionalno gostovanje na Ptuju smo združili z gostovanjem v Celovcu, da smo imeli že pravo mini turnejo. Dvoranica na fakulteti v Celovcu je bila obupno majhna, še bolj pa oder, ki smo se mu le z veliko muko in več spremembami v zadnjem trenutku prilagodili, glasbo pa sem morala predvajati sama na stolpu, ki je stal kar ob robu odra, tako da sem bila na očeh vsemu občinstvu. Vse to me je spravilo popolnoma ob živce, še preden se je predstava začela. Zato sem ravno takrat, ko bi morala vklopiti kasetofon, da bi ob glasbi elegantno privršala na oder Urša Rigler v epizodni vlogi svetovljanske dame, v stresu naredila nekaj narobe. Kasetofon je ostal nekaj časa nem, po nekaj neskončnih trenutkih pa je namesto lepe melodije po vsej dvorani zadonel moj spontani, do konca obupani in za nameček še nefrancoski: „O, šit!“. To je izzvalo vsesplošen smeh, Urša pa je bila potem še nekaj časa kar malo užaljena, češ da sem ji pokvarila edini prihod na oder. Odpravili smo se tudi v Grenoble, kjer nas je kot organizator pričakal Primož Vitez, ki je bil takrat tam na podiplomskem študiju. Kako so tja prispeli ostali, se niti ne spominjam več, zase vem, da sem se dobesedno čez hribe in doline, saj smo morali prečkati Alpe, peljala v modri katrci Nadje Urbanija. Nadja se je izkazala kot odlična šoferka, zlasti pri parkiranju, saj je bila spo-sobna v strašni prometni gneči, ki je tam ob našem prihodu vladala zaradi neke pomembne nogometne tekme, v prvem poskusu bočno parkirati v neko luknjo, ki je bila na pogled vsaj dvajset centimetrov krajša kot njen avto. Tako je tudi ona doživela spontan aplavz, čeprav ni igrala, in si ga je tudi zaslužila, ker se je izkazala ne le kot voznica, ampak tudi kot nadvse dragocena tehnična in organizacijska pomoč. Naj mimogrede povem še, da so se vse premiere, ponovitve in druge večje gledališke dogodivščine v mojem času in še dolgo kasneje obvezno nadaljevale in tudi zaključevale nikjer drugje kot v za našo veselo družbo običajno pretesni kuhinji profesorja Pogačnika na Valvasorjevi ulici. Tam smo še pozno v noč in včasih skoraj do jutra razpravljali in snovali načrte za nove gledališke podvige. Nismo pa smeli biti preglasni, saj so v sosednjih sobah običajno že spale pro-fesorjeva zdaj žal že pokojna žena Alenka, hčerkica Lija, ki sta jo kasneje prav tako zasvojila gledališče in film in je danes znana producentka, ter obe dvojčici, 52 Les théâtreux - FINAL.indd 52 13. 05. 2024 14:21:24 ki sta bili takrat še dojenčici. Slednji pa sta vendarle tudi v kuhinji vedno nekako „briljirali s svojo odsotnostjo“, če dobesedno prevedem znani francoski izraz, saj so z vrvi pod visokim stopom kot kake bele gledališke zavese zmeraj visele njune preštevilne plenice, ki mi še danes bingljajo pred očmi spomina, če pomislim na tiste večere. Seveda naše prizadevanje, da bi bili kar se da nemoteči, ni vedno obrodilo sadov: nekajkrat se je vseeno zgodilo, da smo nehote zbudili Alenko, ki se nam je brez besede očitka možu in polna skoraj zenovskega razumevanja in tolerance sredi noči pridružila in z nami pokadila cigareto ali dve. Zadnjič sem v francoski predstavi zaigrala spomladi leta 2004, ko smo praznovali dvajsetletnico skupine in so bili k sodelovanju pri predstavi povabljeni tudi vsi tako imenovani ex­membres. Uprizorili smo Maeterlinckovo delo La Princesse Maleine, ki ga je izbral in tudi režiral profesor Pogačnik. Predstava je odlično uspela in po mojem mnenju dosegla za amatersko gledališče zelo visoko raven. Prvo dejanje sem vsakokrat z največjim užitkom spremljala iz občinstva kot običajna gledalka, saj sem nastopala šele ne prav na začetku drugega in sem morala v garderobo šele po premoru. Besedilo, igra in celotna izvedba so mi bili tako všeč, da sem se vsakokrat le s težavo ločila od svojega sedeža, da sem se šla pripravit za nastop. Neja Petek je v naslovni vlogi pokazala izjemen igralski talent, tako da se mi zdi kar škoda, da se zdaj ukvarja s turizmom. Poleg tega je bila igra za tako priložnost kot nalašč, saj je vsebovala precej kratkih vlog, ki so omogočale nastop brez večjega števila vaj nekdanjim članom, ki smo imeli vsi že službe ali družine. Za tiste z večjimi vlogami pa je bilo gotovo zelo naporno: Boštjan Zupančič je imel še na generalki toliko lukenj v znanju besedila, da sem se prav bala, kako bo zvozil naslednji dan na premieri. Seveda je bil pri njegovi igralski kilometrini strah popolnoma odveč: na premieri je kot ponavadi briljiral, če je imel kakšne težave z besedilom, pa je to nadvse uspešno prikril. Pozabila sem že, kdo vse od starejše generacije poleg Bronke in Boštjana je takrat še nastopil, zelo dobro pa se spomnim Mihe Pintariča, ki me je izredno presenetil s kratkim, a res odličnim nastopom, saj ga pred tem še nikoli nisem videla igrati. Tudi sama razen tik pred premiero nisem imela časa hoditi na vaje, vlogo stare dojilje, ki je obsegala le nekaj replik in krajši monolog, pa sem doma izdelala sama. Očitno precej uspešno, saj so mi nekateri kolegice in kolegi po predstavi 53 Les théâtreux - FINAL.indd 53 13. 05. 2024 14:21:24 čestitali z (upam, da ne namerno) nekoliko dvoumnim komplimentom, da sem zgrešila poklic. Nič čudnega: včasih se še sama sprašujem, če morda niso imeli celo prav … Slika 2: Tailleur pour dames, Georges Feydeau. Marko Pravst, Tone Smolej. (Vir / Source : Les Théâtreux) Slika 3: Tailleur pour dames, Georges Feydeau. Gregor Perko. (Vir / Source : Les Théâtreux) 54 Les théâtreux - FINAL.indd 54 13. 05. 2024 14:21:25 À l’ombre d’un grand acteur Amaterjevi spomini na Les Théâtreux in Gregorja Perka (1992–1995) Tone Smolej S francoskim študentskim teatrom sem se prvič srečal, ko sem si v četrtem letniku poljanske gimnazije ogledal Molièrovega Don Juana s Primožem Vitezom v naslovni in Boštjanom Zupančičem v vlogi Sganarella. Poleg njiju je nastopila še plejada zelo nadarjenih študentov in študentk. Na koncu predstave je imel spodbuden in navdihujoč nagovor še prof. Andrej Capuder, ki je bil tedaj Demosov minister za kulturo. Ne morem trditi, da sem se tistega davnega večera odločil za študij francoščine, gotovo pa je ta lepa predstava, ki najbrž predstavlja vrh študentskega francoskega teatra, vsaj malo vplivala na pravzaprav ne tako težko odločitev. Konec osemdesetih let 20. stoletja smo na Poljanah imeli zametke frankofonega gledališča. Prof. Jasna Neubauer je ob dvestoletnici francoske revolucije priredila slovesno akademijo, na kateri smo v frigijskih čepicah recitirali številne revolucionarje in peli pesmi v počastitev padca zloglasne Bastilje. Z lektorjem Renéjem Arel anom pa smo uprizorili neko igro, v kateri sem igral župnika, Gregor Repovž, sedanji urednik Mladine, pa je bil moj ministrant. Premiere se je udeležil tudi prof. Vladimir Pogačnik z Oddelka za romanistiko, ki je sicer pokritiziral mojo izgovorjavo, ne pa tudi igre. 55 Les théâtreux - FINAL.indd 55 13. 05. 2024 14:21:25 Po osamosvojitveni vojni in sprejemnem izpitu iz francoščine sem se kar naenkrat znašel v francističnem seminarju, kjer sem spoznal Gregorja Perka, ki je končal bežigrajsko gimnazijo in skoraj zatajil udejstvovanje na ljubiteljskem odru, zlasti pa Zlato Linhartovo značko, priznanje za vlogo Camil a Chandebisa v Feydeaujevi Bolhi v ušesu (La Puce à l’oreille). Prof. Pogačnik naju je kmalu mobiliziral v vrste francoskega teatra, kjer so potrebovali fante, ki jih je na francistiki že začelo primanjkovati. Konec osemdesetih let 20. stoletja je bil pri nas popularen dramatik Roger Vitrac. Dušan Jovanović je leta 1989 priredil njegovo igro Viktor ali otroci na oblasti, v kateri je blestel Gojmir Lešnjak. In konec leta 1991, še preden je sa-mostojna Slovenija učakala francosko priznanje, je padla odločitev, da bodo Les Théâtreux uprizorili izvirni tekst Victor ou les enfants au pouvoir, ki ga je dobrih šest desetletij poprej ob praizvedbi režiral slavni Antonin Artaud. Ker sem bil bruc, mi je pripadla čast naslovne vloge, kar pa se je kmalu izkazalo za prevelik zalogaj, saj moja francoska izgovorjava ni bila ravno briljantna. Spretno sva se zamenjala z Nado Prodan, odlično študentko višjih letnikov. Ona je postala Viktor, jaz pa služabnica Lili, ki je imela samo par replik. Vloga ni bila težka, dobesedno pa sem stopil v velike čevlje. V Drami smo si sposodili ženske lakaste čevlje za moško nogo, ki jih je v Fojevi komediji Pleskarji nimajo spomina (Gli imbianchini non hanno ricordi) nosil slavni Cavazza. Kot je znano, v Vitracovi igri nadvse bistri Viktor na praznovanju svojega devetega rojstnega dne ugotovi, da njegov oče Charles vara svojo ženo z družinsko prijateljico, katere mož je čedalje bolj blazen. In Gregor, ki je bil vešč daljših vlog in zelo učljiv, se je studiozno lotil Antoina Magneauja, ubogega rogonosca. Viktor ga nenehno spravlja ob živce z vprašanji o Bazainu, on pa mehanično navaja geslo iz Laroussa. Čeprav naša predstava ni bila prestavljena v sodobnejši čas, je prof. Pogačnik Gregorju naročil, naj Bazaina zamenja z bolj znanim generalom de Gaullom. Mehanično navajanje vojaškega življenjepisa iz Laroussa je ostalo, le nesposobnega maršala, ki je Nemcem med prusko-francosko vojno prehitro predal Metz in bil zato po njej celo obsojen na smrt, je zamenjal nesporni junak druge svetovne vojne. Če se prav spominjam, je prof. Capuder, ki je Gregorjevo igro pohvalil, prof. Pogačnika upravičeno opozoril, da ta zamenjava ni bila posrečena, saj se igra 56 Les théâtreux - FINAL.indd 56 13. 05. 2024 14:21:25 dogaja leta 1909, ko je visoka buržoazija še vedno objokovala vojaški poraz in iskala grešnega kozla. Pedagoški zbor francistike je bil tako navdušen nad francoskim avant-gardnim gledališčem, da je za naslednjo sezono izbral Jarryjevega Kralja Ubuja (Ubu roi) v katerem je spet zablestel naš nesporni prvak Boštjan Zupančič, ki je menda nekaj let poprej opravil tudi sprejemni izpit na AGRFT. Kostumograf je bil Andraž Matej Vogrinčič (tedaj še ni oblačil hiš), režiser pa asistent Primož Vitez, ki je Jarryja pozneje prevedel za zbirko Kondor. V tej zabavni parodiji na Macbetha sva z Gregorjem igrala stranski vlogi, kot študenta primerjalne književnosti, ki nama zgodovina evropske dramatike ni bila tuja, pa sva morala spisati besedilo za gledališki list, in to v francoščini. Najin prvi in menda edini skupni tekst je nastajal v salonu moje stare mame, na njenem predvojnem pisalnem stroju. Ubuja sva predstavila kot hedonista rabelaisovskega tipa, ki sicer ljubi oblast, a je v njem premalo ničejanskega nadčloveka. Očitno sva bila prepričljiva, saj naju je v svoji oceni predstave v Delu poimensko citirala Vesna Marinčič, ugledna novinarka, ki je med drugim vsako leto poročala tudi s cannskega filmskega festivala. Spomnila se je prve slovenske uprizoritve Ubuja z Marijanom Hlastecem in Majdo Potokar v ljubljanski Drami, hkrati pa je svojo oceno zaključila takole: »Kadar koli naredijo romanisti predstavo, zmeraj imamo zabavo. Tako je videti, kot da imajo ti študentje teater v krvi ali pa vsaj veselje do njega. Od nekdaj. Tudi Dušan Jovanović je bil najprej romanist – in je igral Žlahtnega meščana – in šele potem režiser in vse drugo.« Pohvalno poročilo o predstavi je v Dnevniku objavil tudi Bogdan Pogačnik, nestor slovenskega kulturnega novinarstva, ki je v svoji bogati karieri intervjuval Ionesca in Robbe-Grilleta. V nasprotju z današnjimi časi, ko časopisi redko poročajo celo o prelomnih predstavah, so o Kralju Ubuju poročali najboljši kritiki. Po premieri, 23. aprila 1993, pa je prvi veleposlanik republike Francije v Sloveniji Bernard Poncet za nas priredil razkošen sprejem. Biti član francoske gledališke skupne je bila velika stvar. Čeprav prof. Evald Koren ni toleriral manjkanja na svojih predavanjih, je bil zelo uvideven do fantovske družbe, ki je namesto na verzologijo ali retoriko ob četrtkih zvečer zahajala na vaje gledališke skupine. 57 Les théâtreux - FINAL.indd 57 13. 05. 2024 14:21:25 Ko je v akademskem letu 1993/1994 Primož Vitez dobil štipendijo za študij na Stendhalovi univerzi v Grenoblu, ga je na režiserskem mestu zamenjala Agata Šega, tudi dolgoletna članica gledališča. Zahrepeneli smo po nepretenciozni komediji in Gregor je v knjižnici Francoskega centra našel zbrano delo Georgesa Feydeauja. Upoštevajoč tedanjo personalno strukturo študentskega gledališča je izbral zgodnjo komediografovo uspešnico Tailleur pour dames. Gregor je upo-dobil doktorja Moulineauxa, ki želi svojo ženo prevarati s Suzanne Aubain, ki je poročena z Anatolom, ki pa jo vara z Rozo, ki zdravnika pozna še iz Latinske četrti in je pobegla žena Bassineta; prav ta frivolnemu zdravniku da v najem mezanin s šiviljino opremo, zato ga imajo vsi, ki se tam znajdejo, za damskega krojača. Zgodba se zaplete, ko mezanin najame tudi njegova tašča, ki jo je igrala nadvse nadarjena Mateja Petan. Sam sem dobil vlogo Anatola Aubaina, Mojca Medvedšek je bila moja žena Suzanne, Manica Janežič, ki je tedaj že začela televizijsko kariero, pa moja ljubica Roza. V Drami smo si sposodili kostume, zelo dobro sem se počutil v temno modrem fraku, naši igri pa je kljub prizadevnosti umanjkal je ne sais quoi. Tik pred premiero pa je Ljubljano obiskala legendarna lektorica Joséphine Ferrari, pri kateri so se kalile starejše generacije študentov francoščine, in v par urah je z minimalnimi popravki naredila predstavo bolj živahno, kar je opazila kritičarka Vesna Marinčič: »V ljubljanski Drami, kjer sicer uspešno uprizarjajo Damo iz Maxima, imajo premnogi težave predvsem s telesno kondicijo oziroma gibčnostjo. V nasprotju z interpreti Damskega krojača, ki poleg tega, da so mladi in vitki (kar ni njihova zasluga), obvladajo tudi gledališki oder (kar jim pravzaprav ne bi bilo treba).« Z Damskim krojačem smo gostovali na Univerzi Alpe Adria v Celovcu ter na Ptuju. Poleti 1994 smo se odpravili tudi na festival v Grenoble, kjer nas je gostila tamkajšnja študentska gledališka skupina. Gregor pa je za vlogo Moulineauxa dobil svojo drugo Zlato Linhartovo značko. Po letu študijske odsotnosti se je jeseni 1994 vrnil Primož Vitez z novim projektom – Balkonom Jeana Geneta. Igra se dogaja v bordelu, ki ga redno obiskujejo stebri države, škof, general in sodnik. Pred vrati bordela pa poteka revolucija. Vitez je igral sodnika, Zupančič generala, jaz pa sem dobil razvpito vlogo škofa. Igrali smo v kostumih znamenite predstave v Mladinskem gledališču 58 Les théâtreux - FINAL.indd 58 13. 05. 2024 14:21:25 leta 1988. Na glavi sem imel mitro, oblečen pa sem bil v škrlatni talar. Gregor je igral šefa policije, vendar njegove igre nimam pred očmi. Spominjam pa se, da se je moral zaradi nekega prizora priučiti celo tanga. Ko sem zbolel za mono-nukleozo, premiera ni odpadla zaradi bolezni v ansamblu, saj je škofovo vlogo čez noč naštudiral poklicni igralec Tomaž Gubenšek. Še vedno sem ponosen, da sem bil alternacija poznejšega profesorja in dolgoletnega dekana AGRFT. Julija 1995 smo z Gregorjem in Manico dobili štipendijo za poletni tečaj francoščine v Grenoblu, kjer se je odvijalo tudi srečanje Théâtre et Jeunesse pour l’Europe . Balkon smo z uspehom odigrali v neki opuščeni grenoblski cerkvi. Ko smo oktobra 1995 gostovali v spremljevalnem programu Borštnikovega srečanja, je mojo škofovsko podobo objavil celo mariborski Večer, novembra pa smo šli še na mednarodni festival TEATAR &TD v Zagreb. Desetega novembra 1995 ob osmi uri zvečer sem zadnjič stal na odru kot član frankofonega študentskega gledališča. Še istega večera je Gregorja in mene slovenski konzul s črnim merce-desom odpeljal čez megleni vojni Zagreb do kolodvora, z vlakom sva se peljala domov in s tem se je najina štiriletna teatrska zgodba zaključila. Ker sem prejel Herderjevo štipendijo, sem se moral pred odhodom na Dunaj intenzivno lotiti preostalih izpitov, zato pri novem projektu Žlahtnega meščana nisem sodeloval. Nikoli več v življenju nisem igral, sem pa še pred diplomo leta 1997 prevedel Feydeaujevega Dramskega krojača za jeseniško gledališče Toneta Čufarja. Skušal sem poustvariti meščanski jezik, ki mi ni bil tuj, veliko časa pa sem posvetil besednim igram. Ker nekoliko omejena Moulineauxova tašča povezuje Suzanne Aubain z biblijsko zgodbo, sem njen priimek spremenil v Copelli, da je čutiti povezavo s Suzano v kopeli iz Danijelove knjige. Prijatelj Gregor igranju ni dal slovesa in je v rodnih Notranjih Goricah ustvaril še nekaj vlog, po šestih letih je spet igral dr. Moulineuaxa (njegova Barbara pa je bila Suzanne Copelli), in to v mojem prevodu, na kar sem bil takrat zelo ponosen. Moje slovenitve ni nikoli komentiral, najbrž pa je kot perfekcionist tudi kaj popravil. Gotovo pa je bil tedaj edini amaterski igralec, ki je bil sposoben Feydeauja igrati tako v izvirniku kot v slovenskem prevodu. Leta 2005 pa je režiral Jarryjevega Kralja Ubuja. Za vlogo očeta Ubuja je prejel posebno priznanje Javnega sklada RS za kulturne dejavnosti. 59 Les théâtreux - FINAL.indd 59 13. 05. 2024 14:21:25 Bolj ko se časi odmikajo, bolj se jih spominjam nostalgično. Čeprav nisem imel nikakršne igralske izobrazbe, sem vendar igral v delih Vitraca, Jarryja, Geneta in Feydeauja. Z Gregorjem sva imela največ skupnih prizorov v Kralju Ubuju in Damskem krojaču. Bil je zahteven, celo kritičen partner, zlasti ko sem na Ptuju po prečuti noči Anatola igral prepočasi. A ko sem v Kopru pozabil svojo repliko, je on znal tekst za oba. To je pa tisto, kar v teatru največ velja! Slika 1: Ubu roi, Alfred Jarry. Gledališki list / Programme. 60 Les théâtreux - FINAL.indd 60 13. 05. 2024 14:21:25 Slika 2: Tailleur pour dames, Georges Feydeau. Gregor Perko, Mojca Medvedšek, Tone Smolej. (Vir / Source : Les Théâtreux) Slika 3: Tailleur pour dames, Georges Feydeau. Gregor Perko, Mateja Petan. (Vir / Source : Les Théâtreux) 61 Les théâtreux - FINAL.indd 61 13. 05. 2024 14:21:25 Slika 4: Le Balcon, Jean Genet. Tone Smolej. (Vir / Source : Mateja Petan) Slika 5: Victor ou les enfants au pouvoir, Roger Vitrac. Spredaj / Devant : Špela Mihelač, Nada Prodan. Zadaj / Derrière : Mojca Medvedšek, Primož Vitez. (Vir / Source : Les Théâtreux) 62 Les théâtreux - FINAL.indd 62 13. 05. 2024 14:21:25 Ti qui star ti? Manica J. Ambrožič A lfred Jarry je konec 19. stoletja pri nadobudnih in drznih 23 letih napisal dramo Kralj Ubu ( Ubu roi) in lucidno napovedal, kaj nas čaka v prihodnjih desetletjih. Leta 1896, ko je bil od krvi pijani kralj Ubu prvič na pariškem odru, je od francoske revolucije minilo dobrih 100 let in Eifflov stolp je do takrat šele sedem let krasil pariško veduto. Kralj Ubu je nastal izpod peresa mladeniča, ki je le enajst let po nastanku besedila umrl, menda zaradi drog in alkohola; besedilo je napisano na kožo drznih in sanjavih dvajset- in nekaj letnikov. In točno takšni smo bili mi, člani študentske gledališke skupine Les Théâtreux v začetku 90. let prejšnjega stoletja, ko smo stali na odru francoskega teatra v Sloveniji. Saj veste, oziroma, če nagovarjam mlajše bralce te zbirke spominov, saj si lahko predstavljate: poseben občutek je bilo leta 1992 reči »v Sloveniji«. Samostojna država je bila šele na začetku, res na začetku – mednarodna skupnost je slovensko samostojnost priznala v prvih mesecih leta 1992. In mi smo bili del tega začetka. Vsaj zame se je zgodba francoskega študentskega gledališča začela z Ubujem, Jarryjevo groteskno in absurdno parodijo Macbetha in Hamleta, parodijo vseh nas in nadčasno gledališko fresko pohlepnih in brezobzirnih povzpetnikov. 63 Les théâtreux - FINAL.indd 63 13. 05. 2024 14:21:25 Kako sem prišla v skupino Les Théâtreux? Ne vem. Tako je, ne vem. Verjetno sem prišla s Tonetom Smolejem in Gregorjem Perkom. Morda pa se spomni kdo od mojih dragih sopotnikov s hodnikov Filozofske fakultete in mi bo nekoč povedal zgodbo, kako je bilo, ko sem prvič prišla na vaje gledališke skupine. A vem, da so bili to lepi, lepi časi. Vem, da so bili Les Théâtreux moja skrita želja že v srednji šoli; vem, da sem sanjala, da bom nekoč del tega gledališkega kolektiva, ki – v to sem bila prepričana – gotovo vidi dlje in ve več. Danes vem, da se nisem motila. In spomnim se, da sem na začetku 90. let nekje v predavalnici 13 Filozofske fakultete na vajah v drugi sceni tretjega dejanja Kralja Ubuja klečala in zrla v od kraljevega srda spačen obraz Boštjana Zupančiča, ki je igral Ubuja, in na njegovo repliko: »Quels sont tes revenus?«, izrekla svoj prvi stavek za Les Théâtreux: »Je suis ruiné!« Moj prvi in edini stavek v Kralju Ubuju. Bila sem poljski plemič, ki mu bije zadnja ura. In to je bilo to, tako se je začelo. Bila sem med »svojimi«, med jarryji, ki so me razumeli, ki smo se razumeli, govorili isti jezik (Merdre!), ki smo sanjali o svetu, v neskončnih razpravah in druženjih premikali konceptualne ladje tega sveta po koordinatah znanega in neznanega. Potem je prišel Georges Feydeau in njegova lahkotna komedija Krojač za dame, v kateri me je, nežno, krhko in pretreseno gospico v dolgem šumečem krilu Tone teatralno ujel v naročje. In seveda Balkon Jeana Geneta. Balkon, ta bordel s predstavniki visoke družbe, ki jim na vrata tolče revolucija, smo na oder postavili, kot se šika, z vso revolucionarnostjo mladega duha, ki plane prek vseh meja; Jean Genet bi bil – si domišljam – ponosen na nas. Kaj pa vem, ali je to res, glede na njegovo burno življenje. A drzni smo bili. In to drznost so prepoznali tudi na festivalu v Grenoblu, kjer je k nam po predstavi ves zaripel pristopil britanski režiser in jecljal, da bi ga odnesli z vaj, če bi kaj takega zahteval od svojih igralcev. Individualna moč in glas sta pomembna, a ko se povežeta v homogeno celoto, je ta energija izjemna, za vsakega člana tega organizma pa je izkušnja neprecenljiva. Verjamem, da smo mi to neprecenljivo ekipno energijo dve leti imeli v skupini, ki je ustvarjala Balkon in leto kasneje 64 Les théâtreux - FINAL.indd 64 13. 05. 2024 14:21:25 Molièrovega Žlahtnega meščana. In spet, ah, smo se, ah, norčevali iz vulgarnega povzpetništva. Žlahtni meščan je comédie musicale v pravem pomenu besede, je beseda, sta plesni korak in obrat, prepletena je s pesmijo in glasbo. Žlahtni meščan je vrisk življenja in smeha, divertissement digne du roi, divertissement digne de la jeunesse, de notre jeunesse. Žlahtni meščan je bil prvič predstavljen oktobra 1670 pred dvorom Ludvika XIV. v gradu Chambord celih sedem let po Tartuffu. Molièrova zvezda je leta 1670 že zahajala, utrnila se je dobri dve leti kasneje na odru, a v Žlahtnem meščanu zrel duh genialnega ustvarjalca klasičnega francoskega odra zasije neprisiljeno svetlo. Ko danes po vseh teh letih razmišljam o naši predstavi Žlahtnega meščana, razmišljam z ljubeznijo, ponosom in z neizmerno toplino spomina na naše poti. Žlahtnega meščana smo predstavili v Strasbourgu, z njim smo potovali v Maroku in ga postavili na oder Casablance. Težko bi teatru dali več, gledališki amaterji z navdihom francoskega razsvetljenstva, kot smo dali takrat. Mogoče pa so bila kriva devetdeseta. Brez mobilnih omrežij, brez interneta, s prebranimi klasiki (seveda, kakopak), s srečanji v živo in z upanjem, da bomo kot družba živeli bolje. Ja, mogoče se je to skrivalo v naših glasnih vzklikih, ko smo na začetku glasbene scene turške ceremonije v Žlahtnem meščanu, v kateri našega gospoda Jourdaina Mladena Riegerja povišajo v plemiča, igralke pritekle na oder, ovite v zlate tkanine in v mladost. In se zaslišita glasba Draga Ivanuše in pesem: »Se ti sabir, Ti respondir, Se non sabir, tazir, tazir. Mi star Mufti. Ti qui star ti? Non intendir. Tazir, tazir.« In plesali smo, kot da ni jutrišnjega dne, če pa že pride, bo samo še lepši. Takšna so bila devetdeseta, tako sem jih doživela na odru francoskega študentskega gledališča. Tako je bilo, ko smo bili študenti, ko se je rojevala in nastajala država. Za trenutek nas je življenje vrglo skupaj, nas pomešalo, in nastala je res opojna mešanica. Tako bogatih človeških in kreativnih vezi življenje ne ponudi veliko; to vem zdaj, z izkušnjo let. Ta gledališka izkušnja nas je izoblikovala tudi profesionalno. Dobesedno z Molièrovega odra sem šla v televizijski studio in vanj vstopila z vso samozavestjo, ki ti jo da izkušnja francoskega gledališča. Po Molièru sem zapustila skupino 65 Les théâtreux - FINAL.indd 65 13. 05. 2024 14:21:25 Les Théâtreux, kot bi šla iz ljubezenske zveze, ko je strast najmočnejša. Morda sem se bala pepela, ki ostane, ko ogenj dogori. In vsak ogenj, še posebej, če gori tako burno, kot je takrat gorel v meni, dogori hitro. A vsi moji gledališki sopotniki so moji sopotniki do konca moje poti. Zaradi časa, ki smo ga preživeli, in zaradi vezi, ki jih je francoska študentska gledališka izkušnja pred desetletji nevidno, a neuničljivo prepletla med nami. Oktober 2023 66 Les théâtreux - FINAL.indd 66 13. 05. 2024 14:21:25 Slika 1: Tailleur pour dames, Georges Feydeau. Gregor Perko, Manica J. Ambrožič. (Vir / Source : Les Théâtreux) 67 Les théâtreux - FINAL.indd 67 13. 05. 2024 14:21:26 Slika 2: Le Balcon, Jean Genet. Manica J. Ambrožič. (Vir / Source : Mateja Petan) Slika 3: Le Balcon, Jean Genet. Stojijo od leve proti desni / Debout de gauche à droite : Mladen Rieger, Tone Smolej, Julijana Jovanić. Klečeče od leve proti desni / Agenouillées de gauche à droite : Nataša Helena Sterle, Mojca Medvedšek, Manica Janežič (Vir / Source : Mateja Petan) 68 Les théâtreux - FINAL.indd 68 13. 05. 2024 14:21:26 Slika 4: Le Bourgeois gentilhomme, Molière. Spredaj / Devant : Mladen Rieger. Zadaj od leve proti desni / Derrière de gauche à droite : Manica J. Ambrožič, Nataša­Helena Tomac, Urša Rigler, Julijana Jovanić. (Vir / Source : Mateja Petan) Slika 5: Le Bourgeois gentilhomme, Molière. Od leve proti desni / De gauche à droite : Nataša­Helena Tomac, Urban Soban, Manica J. Ambrožič, Janez Hočevar, Urša Rigler, Mateja Petan, Mladen Rieger, Boštjan Zupančič, Mojca Medvedšek. Spredaj / Devant : Primož Vitez (Vir / Source : Mateja Petan) 69 Les théâtreux - FINAL.indd 69 13. 05. 2024 14:21:26 Les théâtreux - FINAL.indd 70 13. 05. 2024 14:21:26 Une fois Théâtreux, toujours Théâtreux Miha Pintarič Oui. Je l’avoue. J’étais Théâtreux. Je l’étais pendant deux ou trois ans, les années m’échappent, toutefois, j’ai un bon souvenir visuel de deux spectacles auxquels j’ai participé (il est fort probable que je n’ai jamais fait que ces deux pièces avec les ET1) : Le Bourgeois gentilhomme et La Dispute. Dans cette dernière, je figurais je ne sais plus qui, et je me demande si je le savais alors. Il reste Molière, signé Primož. Cela ne pouvait donc être que génial. Mladen en détenteur du rôle-titre était, lui, le choix idéal. Le regard sombre et sévère de Mamamouchi, vous le retrouverez aujourd’hui encore à la NovaTV, il appartient au présentateur Janez. Avec ses 2 mètres, il ne peut que faire peur. Les danseuses orientales dont l’une dirige aujourd’hui les programmes d’information à la Télé- vision nationale, une autre est traductrice du portugais, telle autre de l’italien… Primož a eu l’idée folle que je serais laquais, et pour que ma tâche ne soit pas trop facile et que je ne m’ennuie pas, je parlerais en hongrois, dont il me reste quelques bribes jusqu’à ce jour. Minden keszitve, Uram, une langue que l’on ne comprend pas est plus difficile à apprendre que celle que l’on connaît, quelle connerie ! on n’apprend point une langue que l’on comprend. 1 ET : étudiants théâtreux, ndlr. 71 Les théâtreux - FINAL.indd 71 13. 05. 2024 14:21:26 Le spectacle a beaucoup voyagé. À commencer par Cracovie, Strasbourg, Paris (pas sûr, la mémoire se brouille), Casablanca, Trieste (Teatro Miela), où l’on a été reçus par le Consul général de France ; un spectacle a été réservé pour les Français et les âmes francophones des usines Renault à Novo Mesto, on s’est arrêtés ensuite à Zagreb, où l’on a eu l’honneur de jouer devant le public du théâtre Gavella, last but not least, on a visité Graz en Autriche. À Strasbourg, les représentations se suivaient l’une l’autre dans un rythme accéléré (en vérité, c’était bien une compétition où nous avons remporté le Premier prix), après nous, c’était le tour à une troupe hongroise qui m’a inondé de questions - en hongrois. Naturellement, je ne pigeais que dalle, ils étaient comme un peu déçus, cependant, s’étant vite remis, nous avons réussi brièvement à parler. Ils m’ont dit que mon accent hongrois leur rappelait curieusement celui d’une présentatrice hongroise, et ils voulaient savoir s’il y avait, entre elle et moi, quelque lien de parenté. Poliment, j’ai répondu que je n’étais pas au courant de cela, j’allais cependant me renseigner. Je cherche toujours le sang hongrois dans mes veines, je n’en trouve goutte. Mon épisode avec les ET, toutefois, demeure dans mes souvenirs, parmi les plus beaux, riches, variés et amusants de mon parcours universitaire. 72 Les théâtreux - FINAL.indd 72 13. 05. 2024 14:21:26 Slika 1: La Dispute, Marivaux. Miha Pintarič, Vladimir Pogačnik. (Vir / Source : Mateja Petan) 73 Les théâtreux - FINAL.indd 73 13. 05. 2024 14:21:26 Slika 2: La Dispute, Marivaux. Urban Soban, Mateja Petan, Boštjan Zupančič, Mojca Medvedšek, Urša Rigler, Lija Pogačnik. (Vir / Source : Mateja Petan) Le Bourgeois gentilhomme dans la presse italienne et croate. Slika 3: Il Piccolo, 31. 10. 1996 74 Les théâtreux - FINAL.indd 74 13. 05. 2024 14:21:27 Slika 4: Vjesnik, 19. 11. 1996 75 Les théâtreux - FINAL.indd 75 13. 05. 2024 14:21:27 Slika 5: značka za sodelovanje / badge de participation 76 Les théâtreux - FINAL.indd 76 13. 05. 2024 14:21:27 Le groupe de 1997 Iztok Ilc, Saša Jerele, Darja Petrica née Bajraktarević, Tina Žolnir C’était en 1997, quand notre professeur, Vladimir Pogačnik, cherchait de nouvelles forces pour donner vie aux histoires qu’il voulait raconter sur scène depuis plusieurs années. À cette époque, un groupe presque entièrement nouveau s’est formé, qui allait rester plus ou moins inchangé au cours des années suivantes (en plus des soussignés, par ordre alphabétique Severina Dravinec, Janez Hočevar, Andreja Juvan, Vesna Klemenčič, Miha Plementaš, Tatjana Struna, Mladen Uhlik, Jerneja Žuran). Nous étions des enthousiastes, pour la plupart sans expérience sérieuse, mais avec un fort désir de travailler ensemble au théâtre, ce qui nous a valu beaucoup d’expériences amusantes et éducatives. Nous avons été un peu surpris lorsque Vladimir Pogačnik a suggéré Les Aveugles de Maurice Maeterlinck, une œuvre sombre et difficile, comme première pièce que nous devrions jouer ensemble. Il était évident que c’était son souhait depuis longtemps, car il savait exactement ce qu’il voulait faire. Il a également joué un rôle dans la pièce. Il était un moine qui emmenait les aveugles en promenade, puis se reposait et somnolait sous un arbre, mais ne se réveillait jamais. Des volées de rires étouffés ont résonné dans le hall de la Faculté de 77 Les théâtreux - FINAL.indd 77 13. 05. 2024 14:21:27 lettres lorsque notre professeur s’est allongé pour la première fois pendant les répétitions et s’est transformé en moine immobile, et nous, en tant qu’aveugles, avons dû le tâter pour nous assurer s’il était mort ou vivant. Tout d’abord, bien sûr, nous avons dû apprendre la prononciation correcte et les détails phonétiques nécessaires à l’interprétation en français sur scène. Notre professeur a été très minutieux et patient avec nous, nous corrigeant sans cesse, même lorsque nous étions sûrs d’avoir prononcé le texte sans erreur. Ses oreilles fines et sensibles percevaient les moindres nuances d’une prononciation incorrecte. Une fois le texte appris et la mise en scène enfin maîtrisée, venait la partie la plus intéressante : les costumes, les masques, le maquillage, la mise de la perruque chauve en latex... Pour notre première collaboration, Vladimir Pogačnik a également réussi à inviter des professionnels de haut niveau tels que l’éclairagiste Pascal Mérat et le compositeur Drago Ivanuša. Nous avons ensuite joué ce spectacle au Festival des troupes de théâtre des étudiants francophones à Casablanca, au Maroc. Là, nous avons profité de ce séjour et nous avons aussi voyagé dans le désert avec des chameaux et passé une nuit à la belle étoile au milieu des dunes, puis nous nous sommes perdus dans les labyrinthes de la médina de Marrakech... Nous avons vécu une toute nouvelle expérience qui nous a encore plus rapprochés en tant que groupe. Dans les années suivantes, les œuvres que nous avons jouées dans la troupe de 1997 (avec les nouveaux membres Nataša Živković, Jasmina Žgank, Daphné Favrelière, BorisVlajić, Matevž Biber, Bernard Banko, Nataša Srhoj, entre autres) étaient la comédie La Poudre aux yeux de Eugène Labiche, les deux pièces en un acte L’Avenir est dans les œufs et Jacques ou la soumission de Eugène Ionesco, et le drame Le Professeur Taranne d’Arthur Adamov, mis en scène par notre professeur, Primož Vitez. Pour notre dernière pièce commune, Princesse Maleine de Maeterlinck, nous avons été rejoints par d’anciens membres tels que Boštjan Zupančič et notre professeure, Agata Šega. À travers ces œuvres diverses en termes de contenu et d’ambiance, nous avons eu l’occasion d’éprouver différentes esthétiques théâtrales ‒ du symbolisme et de la comédie dite « de boulevard » au théâtre de l’absurde. 78 Les théâtreux - FINAL.indd 78 13. 05. 2024 14:21:27 Le Maroc déjà mentionné n’a pas été la seule « percée » à l’étranger. En 2001 nous nous sommes également produits à Paris, avec les pièces de Ionesco, dans une belle salle fin-de-siècle située dans l’un des quartiers aisés, ce qui était tout le contraire du trajet dans un petit bus jaune. Tout de même, l’expérience a été très agréable. Nous avons vécu beaucoup d’histoires amusantes en montant le décor et en choisissant, essayant et collectionnant les costumes, alors que nous nous transformions en vraie Morticia Addams, en chasseresse, en chef de famille patriarcal strict ou en serveuse à l’Oktoberfest. Mais la meilleure chose, du point de vue des étudiants, était sans aucun doute les rencontres détendues après les répétitions avec notre professeur, Vladimir Pogačnik, qui nous a tout simplement adoptés en nous appelant « mes enfants ». Les répétitions ne se terminaient jamais par un au revoir, nous restions toujours ensemble jusqu’à tard dans la nuit. Faire partie des Théâtreux nous a permis d’acquérir des expériences inestimables en matière de prise de parole en public, ce qui nous a également été utile plus tard dans la vie, notamment les préparations pour la scène, parler avec le diaphragme, peaufiner notre français et, bien sûr, vaincre la peur du public. Mais plus profonds encore sont les liens qui se sont tissés entre les participants et que, dans bien des cas, nous sommes heureux d’entretenir et d’enrichir encore aujourd’hui. Les souvenirs précieux que nous partageons remontent à la surface très souvent autour d’un verre de vin et provoquent des éclats de rire incontrôlables jusqu’aux larmes. Notre professeur, Vladimir Pogačnik, a ajouté une pincée de sa propre spécialité et, sous sa tutelle, notre créativité dans tous les domaines n’avait aucune limite. Il a su faire ressortir le meilleur de chaque membre du groupe et lui trouver un rôle adéquat, il a su nous encourager et rire avec nous. C’était merveilleux ! 79 Les théâtreux - FINAL.indd 79 13. 05. 2024 14:21:27 Darja Petrica (née Bajraktarević), Tina Žolnir, Saša Jerele, Iztok Ilc. Januar / Janvier 2024. (Vir / Source : Iztok Ilc) 80 Les théâtreux - FINAL.indd 80 13. 05. 2024 14:21:28 Les Théâtreux à Casablanca (Maroc), septembre 1998. Slika 1: Les Aveugles, Maurice Maeterlinck (Vir / Source : Iztok Ilc) Slika 2: Les Théâtreux. Od leve proti desni / De gauche à droite : Severina Dravinec, Mladen Rieger, Tatjana Struna (épouse Berden), Vesna Klemenčič (épouse Kuder), Nataša Helena Tomac, Darja Bajraktarević (épouse Petrica), Iztok Ilc, Tina Žolnir, Andreja Juvan (Vir / Source : Iztok Ilc) 81 Les théâtreux - FINAL.indd 81 13. 05. 2024 14:21:28 Slika 2bis: Dnevnik, 23. 3. 1998 82 Les théâtreux - FINAL.indd 82 13. 05. 2024 14:21:28 La Poudre aux yeux, Eugène Labiche Slika 3: Vesna Klemenčič (épouse Kuder), Miha Plementaš, Iztok Ilc, Saša Jerele (Vir / Source : Les Théâtreux) Slika 4: Les Théâtreux, 1999 (Vir / Source : Les Théâtreux) 83 Les théâtreux - FINAL.indd 83 13. 05. 2024 14:21:28 Slika 5: Vladimir Pogačnik, Tatjana Struna (épouse Berden), Janez Hočevar (Vir / Source : Les Théâtreux) 84 Les théâtreux - FINAL.indd 84 13. 05. 2024 14:21:29 Najini spomini na udejstvovanje v gledališki skupini Les Théâtreux Višnja Fičor in Janina Kos K ako in kdaj sva postali del gledališke skupine in ali je bila za to potrebna avdicija, se ne spomniva. Ne glede na to pa so spomini na naše nastope in gostovanja eni najlepših v študentskih letih. Pravzaprav se ne spomniva niti vaj, čeprav so te nedvomno bile, glede na to, da smo ogromne količine teksta znali na pamet! Imeli smo tudi kostume in rekvizite, kakor v pravem gledališču, tako da vse skupaj niti malo ni bilo videti diletantsko, pravo pravcato amatersko gledališče. Naš mentor je bil profesor Vladimir Pogačnik in bržkone šele zdaj razumeva, koliko entuziazma je moral vložiti, da nas je »zbobnal« skupaj in tako uspešno motiviral, da smo bili pravi mali zagnani igralci! Pogačnik nas je tudi zelo neusmiljeno popravljal v izreki besedila, tako da si domišljava, da je bila naša francoščina zelo blizu avtohtonim govorcem. Njegova šola se nama še danes pozna, čeprav je potem naneslo tako, da nobeni od naju ni treba vsak dan govoriti francosko. A vendar francoščina ni izginila iz najinih življenj. Iz mojega (Višnja) sicer bolj, ker sem zaposlena v Operi, a mi tudi tam pride prav, saj sem med drugim lektorica za francoski jezik in tako – podobno kot je Pogačnik mučil mene – zdaj sama mučim zboriste in soliste. Janina pa najbrž tudi sanja v francoščini, saj je filmska 85 Les théâtreux - FINAL.indd 85 13. 05. 2024 14:21:29 in književna prevajalka iz francoščine, tako da je njen študij definitivno padel na plodna tla! Še zlasti se radi nasmejiva ob obujanju spominov na naša gostovanja; predvsem v Domžalah in Toulonu. Igrali smo Molièrovega Gospoda Prasetnika. Nekega majskega dne smo se z dvema avtomobiloma in z vsemi kostumi napotili v Dom- žale. Tam naj bi namreč nastopili na nekem festivalu v organizaciji študentskega servisa Domžale, ki je naši produkciji prijazno primaknil prgišče sponzorskih sredstev. Ker prizorišča po večkratnem sprehodu po domžalskih ulicah nismo našli, smo se že hoteli vrniti v Ljubljano, a je profesor Pogačnik vztrajal, da tako pač ne gre in da moramo poiskati drugo primerno prizorišče. Ravno smo se nameravali okrepčati v prijetni kavarni ob železniških tirih, ko je Pogačnik vzkliknil: to bi bilo vendar imenitno prizorišče za naš nastop! Kljub našemu neodobravanju je dosegel svoje. Poslal nas je v toaletne prostore, da si nadenemo kostume, kar je storil tudi sam, saj je v predstavi igral vlogo Avstrijca. Seveda ga je prešinilo, da peščica nič hudega slutečih obiskovalcev lokalne kavarne, ki so v miru srebali svoj popoldanski napitek, nemara ne govori francosko, a je hitro našel rešitev: stopil je mednje, oblečen v pumparice in s klobučkom s fazanovim peresom na glavi, ter jim na kratko razodel vsebino. Mi smo se medtem, oblečeni v kostume, že pripravljali na nastop in čakali skriti za obzidjem kavarniškega vrta tik ob železniških tirih. Mimo je pripeljal vlak in nam potrobil; strojevodja takšne pisane druščine glumačev najbrž res ni pričakoval. Vtem se je predstava začela. Prva je na »oder« prišla Janina, a replike ni uspela povedati do konca, saj jo je spričo nadrealističnih okoliščin popadel neustavljiv smeh. Nič bolje se nismo odrezali preostali igralci. Tistega dne ni nihče povedal svojega teksta do konca, a smo s skupnimi močni vendarle zvozili. Pogačnikov rezimé je bil torej še bolj na mestu, kot bi si bili mislili. Poželi smo tudi odobravajoč aplavz, saj smo peščici Domžalčanov očitno dodobra popestrili zaspano popoldne. Gotovo bi se lahko domislili še mnogi drugih anekdot, vendar je ta nedvomno zasenčila vse druge. Naj živi skupina Théâtreux še na mnoga leta! 86 Les théâtreux - FINAL.indd 86 13. 05. 2024 14:21:29 Monsieur de Pourceaugnac, Molière. Slika 1: Vladimir Pogačnik, Miha Pohar, Danijel Haromet (Vir / Source : Les Théâtreux) Slika 2: Višnja Fičor, Mitja Roner (Vir / Source : Les Théâtreux) 87 Les théâtreux - FINAL.indd 87 13. 05. 2024 14:21:29 Slika 3: Nataša Srhoj, Janina Kos, Danijel Haromet (Vir / Source : Les Théâtreux) 88 Les théâtreux - FINAL.indd 88 13. 05. 2024 14:21:29 Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous Kristina Šircelj Čepon »Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous,« je zapisal Paul Éluard. Srečanje, naključno, je pogojilo mojo odločitev, da se pridružim Théâtreuxjem. Na videz nepomembni dogodki imajo to čudovito lastnost, da lahko spremenijo potek življenja. Na boljše. Ga popestrijo, obarvajo, razširijo, razvedrijo. So vir kolektivnih skrivnosti, skupnih prigod, spoznanj in lepih spominov. Ki jih ceniš. Nosiš s sabo, včasih bolj, včasih manj prisotne v zavesti, a vedno tam nekje. Če ne bi naletela na Danijela, če me ne bi povabil, da ga pospremim do gledališča, če si ne bi že prejšnji dan ogledala predstave ob 20-letnici, če ne bi bila Jasmina zadržana in me ne bi bili porabili, da sem vskočila za prvi prizor, morda sledečo jesen ne bi zbrala poguma, da bi se pridružila skupini. A k sreči se je vse to zgodilo in znašla sem se tam, med ljudmi, s katerimi smo postopoma postali prijatelji. Z nekaterimi tesni prijatelji, za vselej. Skupino je takrat vodil profesor Vladimir Pogačnik, čigar vnema in zavzetost sta bili nalezljivi. Gledališče je njegovo veselje in to je bilo venomer čutiti. Tisto leto nas je bilo deset, večina romanistov. Po veliki produkciji ob dvajseti obletnici, v kateri je nastopilo mnogo nekdanjih članov in velik del takratnih profesorjev 89 Les théâtreux - FINAL.indd 89 13. 05. 2024 14:21:29 na oddelku, smo se vrnili na običajen format in začeli pripravljati Plešasto pevko. Profesor Pogačnik je uresničil svojo vizijo podvojenih oseb, nas med branjem odlično natreniral, da je bila izgovorjava na nivoju, potem pa smo, vsak od nas, prispevali tudi kanček svoje ustvarjalnosti. Rolerji so se tako vpisali v zgodovino. Vsako leto je prineslo novo besedilo (ali dve), novo predstavo in včasih tudi gostovanja. Imeli smo priložnost spoznati različne odre in zaodrja. V Ljubljani so Théâtreuxji nastopali marsikje – v Gleju, Drami, Siti teatru, Lutkovnem gledališču, Kudu France Prešeren itn. Odšli so v Toulon, Tours, Pariz, Zagreb, Grenoble ... Na nekatere izmed teh odrov sem lahko tudi sama stopila. Gledališče imam strašansko rada. Ne le predstav, ki si jih ogledaš ali v katerih nastopaš. Tudi stavbe, vonj, črnino odra, zaodrje in na videz skrivnostno mehanizacijo. Prazno dvorano pred nastopom, po kateri se lahko nemoteno sprehajaš. In seveda napetost pred nastopom. Za to, da sem to lahko izkusila, sem hvaležna tudi Théâtreuxjem. 13-tka je bila naš dom in lepo jo je bilo spoznati v elementu »zaodrja«, ko, za nas, ni bila predavalnica. V njej in na hodniku pred njo smo se znašli ob vseh mogočih in nemogočih urah in dnevih, preuredili smo si jo po lastni meri tako, da smo imeli prostor za vaje. Za kostumografijo je poskrbel profesor Pogačnik, ki je imel pri sebi zaboj s tovrstnimi zakladi, ali pa mi sami, ki smo prebrskali domače zakladnice. Ko se je bližal konec študijskega leta in s tem predstava, sta intenzivnost vaj in napetost rasli. Hkrati pa sta na pomoč priskočila tudi profesor Gregor Perko, ki nas je pogosto spremljal tudi na gostovanjih, in profesor Primož Vitez, oba, vsak na svoj način, močno povezana z gledališčem. Profesorju Pogačniku se je nato pridružila lektorica Julie David, ki je zatem prevzela skupino. Z njo se je pristop do igre spremenil, saj je dajala večji pou-darek neverbalnemu izražanju na odru. S svojo energijo je mobilizirala številne študente. Za njo so se na mestu vodje skupine zvrstili še drugi belgijski lektorji na fakulteti. Študentsko gledališče je, kot vsaka tovrstna dejavnost, močno okrepila vezi med nami: med študenti (od prijateljstev, do simpatij, romanc, zvez ali celo porok) ter med profesorji in študenti. Zato bi na tem mestu rada predstavila 90 Les théâtreux - FINAL.indd 90 13. 05. 2024 14:21:29 še spomine svoje dobre prijateljice, ki je brez Théâtreuxjev najverjetneje ne bi spoznala. Razumljivo so nekateri spomini skupni, ker pa je bila del skupine kar sedem let, jih ima več kot marsikdo. V francoski teater Filozofske fakultete me je zaneslo tako rekoč po naključju. Leta 2002 sem bila v prvem letniku študija sociologije in francoščine, ko sem po koncu enega izmed večernih predavanj naletela na sošolko, ki je pred »trinajstko« (predavalnico št. 13) čakala na začetek prvega letnega srečanja Les Théâtreux. Pred tem nikoli nisem sodelovala pri gledaliških skupinah (v primerjavi z nekaterimi kolegi, ki so to počeli že v srednji šoli), a sem se odločila, da ostanem na predstavitvi. Od takrat je minilo 21 let, tako da moji spomini žal niso najjasnejši, vem pa, da se skoraj nisem vrnila na naslednje srečanje. Vse je bilo tako tuje, večina drugih študentov je bilo starejših od mene in dobila sem občutek, da ne spadam tja. Vseeno sem šla še na eno srečanje in potem ostala v »teatru« 7 let. Z gotovostjo lahko rečem, da v tistem obdobju življenja nisem nikamor drugam spadala bolj kot med Les Théâtreux. Prva leta so minila pod mentorstvom Vladimirja Pogačnika, profesorja francoskega jezika, legende »francoskega teatra«, ki je bil, če se ne motim, v tistih letih tudi predstojnik oddelka za romanske jezike in književnosti. Kljub vsem nazivom in obveznostim je bil profesor Pogačnik vedno z vsem srcem pri teatru in teatrovcih. Iskreno je imel rad svoje delo in svoje študente in že med mojim prvim letom nam je omogočil pot v Francijo, v Toulon, kjer smo zaigrali Molièrovo Monsieur de Pourceaugnac . Profesor Pogačnik je bil med študenti priljubljen tudi zaradi svoje iskrenosti in humorja, s katerima je sicer morda kdaj užalil koga, ki se ni znal nasmejati na svoj račun. A pri teatru je bila ta sposobnost osnovnega pomena, tako da smo »požrli« tudi takšna retorična vprašanja, kot »je bilo to v francoščini ali v korejščini« in se nasmejali izjavam, kot »tale tvoj monolog je pa dolgočasen kot luksemburška konferenca«. Ta zadnja je bila namenjena meni in da ne bi mučila občinstva, me je profesor vprašal, ali imam morda doma kakšne kotalke ali rolerje, da bom bolj zanimiva na odru. Imel je prav in Ionescova služkinja iz Plešaste pevke se je veselo rolala med gospodom in gospo Smith ter njunimi gosti. Sledila so gostovanja po Sloveniji in nato spet v Franciji: tokrat v Parizu, čisto blizu Elizejskih poljan, in v Toursu. Poleg profesorja Pogačnika je šel z nami tudi 91 Les théâtreux - FINAL.indd 91 13. 05. 2024 14:21:29 profesor Gregor Perko, takrat asistent in ne prav dosti starejši od nas, ki je redno pomagal pri teatru. Za njega nisem nikoli slišala drugega kot hvale: profesor, ki je obvladal snov, jo znal približati in jasno razložiti študentom, hkrati pa izjemno prijeten sogovornik in človek, s katerim smo z veseljem delili priprave na predstave, si ogledovali Pariz ali pa preprosto odšli na pijačo po vajah. Njegova prezgodnja smrt nas je vse zelo pretresla in močno upam, da je vedel, kako smo ga imeli radi. Med mojim petim sodelovanjem z Les Théâtreux je v Slovenijo prišla francoska lektorica Julie David, ki je bila mlada, polna energije in novih idej. Prvo leto sta nas vodila skupaj s profesorjem Pogačnikom, potem pa je krožek prevzela sama in naredila revolucijo. Iz igralcev smo se prelevili v ustvarjalce, ki so morali poskrbeti ne le za svojo prezenco na odru, ampak še za ostale vidike gledališke produkcije, kamor je na primer spadalo tudi lastnoročno izdelovanje kostumov iz polstene volne. Julie nam je dala delo, a ona sama je bila tista, ki je v teater vložila največ časa in truda. Ona je bila tudi tista, ki nas je peljala na gledališki festival v Zagreb, pa v Skopje, predvsem pa na Rencontres du Jeune Théâtre Européen v Grenoble (Srečanja mladega evropskega gledališča), kjer se vsako leto zberejo gledališke skupine iz Evrope in onkraj ter skupaj ustvarjajo čudeže (oziroma vsaj tako se ti zdi, ko si tam). Festival traja 10 dni, nekatera mednarodna »srečanja« (beri: razmerja) pa tudi že več kot 10 let, iz njih pa nastanejo novi čudeži, ki bodo z nekaj sreče nekoč tudi sami deležni podobnih izkušenj. Francoski gledališki krožek mi je dal nepopisno veliko. Biti na odru pred prijatelji, sorodniki, profesorji in kolegi, pa tudi pred neznanci, je bil vedno edinstven občutek. Učiti se francoščino preko del velikih dramatikov je bil privilegij. Oboje mi je pomagalo graditi samozavest, v življenju in pri študiju. Potovanja so mi pustila izkušnje in spomine za vse življenje. A vse to se ne more primerjati s prijateljstvi, ki so se stkala v tisti trinajstki in ostala tudi daleč zunaj nje, v času in prostoru. Ko skupaj z nekom preživiš takšne intenzivne trenutke, to ostane tudi po tem, ko te ločijo služba, otroci in na tisoče kilometrov. Mi se skupaj rolamo naprej. (Manca Stare) Mislim, da je vsakega, ki je vsaj nekaj časa preživel s teatrovci, ta izkušnja pozitivno zaznamovala. Upam in želim si, da bo skupina obstajala še dolgo, 92 Les théâtreux - FINAL.indd 92 13. 05. 2024 14:21:29 da bodo imele tudi prihodnje generacije priložnost izkusiti nekaj podobnega, kot smo izkusili mi. Zato se mi zdi pomembno, da ima študentsko gledališče zaslombo in podporo v profesorjih, lektorjih in drugih zaposlenih na fakulteti. Tako moralno kot praktično. Da se podpreta entuziazem in zavzetost študentov, ki francoski jezik postavljajo v (gledališko) prakso in ki so preko svojega delovanja le še bolj zvesti oddelku. Ker sem začela s srečanji oz. naključji in Plešasto pevko, bom s tem tudi končala. Novo srečanje je naredilo to, da si bom po vseh teh letih ogledala Plešasto pevko, ki jo je ravno letos na oder postavilo Mestno gledališče Ljubljansko. Se že veselim. Slika 1: Delo, 31. 3. 2005 93 Les théâtreux - FINAL.indd 93 13. 05. 2024 14:21:29 Slika 2: Métropole Toulon – Hyères – La Seyne n°62. 15. 5. 2003 94 Les théâtreux - FINAL.indd 94 13. 05. 2024 14:21:30 2006–2011 Comment faire du théâtre quand on n’y connaît rien ? Les Théâtreux Julie David Au début, on ne sait pas que c’est le début. Au début, on ne sait pas que les choses commencent. Et puis au début, surtout, on ne sait pas combien de temps tout cela va durer. Je vis depuis trois mois avec la conscience de devoir écrire ce texte, pour les quarante ans des Théâtreux. Je suis en retard. Je suis occupée. Je dois encore quitter un pays pour un autre, ma maison sur le dos. Je suis occupée. Ou bien ai-je peur ? De quoi ? Je bloque deux jours. Je prends rendez-vous. Avec moi-même, avec les Théâtreux. On ne se souvient pas de la raison initiale. On est projetée là un peu par hasard. On a beaucoup dansé, chorégraphié, du théâtre aussi, entre mille autres choses, mais c’est loin. On sait prendre l’espace, on sait les étapes nécessaires de la création. Mais le théâtre est plein de mots. Et ça, on ne sait pas. 95 Les théâtreux - FINAL.indd 95 13. 05. 2024 14:21:30 Méthode Actors Studio. Je rouvre les vieux dossiers « Ljubljana » classés par année, je cherche les DVD, les photos, je sors l’album offert par les étudiants avant mon départ de Slovénie. J’ouvre des documents, des mails, au hasard. Je retrace le développement de cet atelier. Je regarde photos, vidéos, affiches. Une immense émotion m’envahit. On pleure. On a oublié les noms, mais aucun des visages. Commencer J’arrive à la Filozofska Fakulteta courant 2006, comme lectrice de langue et de littérature françaises, envoyée par la Belgique francophone. Je ne suis pas Belge, mais qu’importe. J’ai la chance d’avoir été recrutée juste à la fin de mon master FLE, par ce qui s’appelait à l’époque le C.G.R.I1. L’aventure durera dix-huit ans, dans trois pays différents. À Ljubljana, j’enseigne au département des langues romanes et au département de traduction-interprétation. Hormis un stage de deux mois dans une université flamande, je n’ai aucune expérience de l’enseignement. Autant dire que les nuits seront courtes les premières années. Je suis accueillie, entre autres, par le pimpant professeur Pogačnik, qui me branche très vite sur les Théâtreux. Mais je ne me souviens plus des détails. C’est étrange. Cette chose, qui vampirisera tout mon temps et toute mon énergie, cette chose qui me donnera tant de bonheur, de doutes et de joie, je ne sais plus comment elle commence. Mais elle commence, avec onze acteurs. Commence aussi une longue et belle amitié avec le professeur Pogačnik, qui accompagnera toutes les mises en scène à venir. Je n’ai plus beaucoup d’images de cette première année, où nous mettons en scène L’Œuf de Félicien Marceau, un auteur belge naturalisé Français. Je m’improvise metteure en scène, je tâtonne, je cherche. Les étudiants aussi, nous nous apprivoisons. Je ne remercierai jamais assez ce groupe initial de m’avoir fait confiance. Le premier noyau est formé. Il porte en lui l’esprit de cette troupe, qui existe depuis les années 1980. Très accueil ants, ces étudiants 1 Le Commissariat Général aux Relations Internationales de la Communauté française de Belgique, rebaptisé depuis Wallonie-Bruxelles International. 96 Les théâtreux - FINAL.indd 96 13. 05. 2024 14:21:30 sont bons en français, ils parlent bien, ils sont proches des professeurs. Cet atelier semble être en quelque sorte la vitrine de leur département. Ils sont à l’aise avec les mots, peut-être un tout petit peu moins avec leur corps. Dans les ateliers de cette première année, ils demandent souvent « Mais c’est pas un peu trop, là ? ». Non, ce n’est pas trop. Et ce n’est que le début. Ouvrir En 2007-2008, les représentations de L’Œuf semblent avoir eu leur petit effet, nous accueillons de nouvelles recrues2. Des étudiants de traduction se mêlent désormais aux étudiants du département des langues romanes, il y a aussi des électrons libres, les profils se diversifient. Je ne cherche pas des étudiants parfaits, je cherche des acteurs. Qu’importe si leur français laisse franchement à désirer, le théâtre sert à cela. En faisant du français un moyen et non une fin, en mettant l’apprentissage de la langue en corps, les progrès sont rapides (parfois renversants). Dans les années qui suivent, l’atelier de théâtre continuera à s’ouvrir, accueillant même des étudiants d’autres facultés (scientifique, technique, etc.) voulant continuer à pratiquer le français qu’ils ont appris au lycée. La diversité des participants ne cessera d’enrichir le groupe. S’entourer et se former Faire du théâtre, soit, mais je n’ai aucune formation, aucun bagage. Je pratique la danse contemporaine, je connais la scène et le monde du spectacle. Mais, pour le théâtre, je manque d’outils et de confiance. En 2006 à Bruxelles, je fais la connaissance de Michel Van Loo, directeur du Théâtre de la Guimbarde à Charleroi. C’est une rencontre capitale. Michel vient donner un premier stage aux étudiants qui travaillent sur L’Œuf. Il reviendra chaque année, deux fois par an, en début d’année, pour « décoincer » les premiers temps de l’atelier, et en milieu d’année, pour l’amorce de la mise en scène. C’est en regardant Michel travailler que j’apprends. Et je lis énormément, des pièces, des manuels, des textes théoriques, tout ce qui peut m’aider à nourrir ce cours de théâtre ; je vois 2 Et les Théâtreux se dotent d’un logo, toujours utilisé aujourd’hui. 97 Les théâtreux - FINAL.indd 97 13. 05. 2024 14:21:30 tout ce qui passe à Ljubljana, je m’immerge. Michel devient un ami, un ami qui a une longue expérience d’un théâtre engagé qu’il est heureux de partager. Il me nourrit de références, de souvenirs, de coups de gueule, de bouquins, de films, de mises en scène. Très vite, je me mets en jeu : je vais en Belgique l’été pour faire des stages à l’AKDT3 (commedia dell’arte, improvisation non verbale, clown, construction du personnage, etc.) avec des professeurs dont certains deviendront aussi des proches. Je les inviterai à donner des stages aux étudiants (comme Jacques Esnault, du Collectif 1984, qui pratique le théâtre-action). D’autres amitiés se noueront grâce aux Rencontres du Jeune Théâtre Européen à Grenoble, festival auquel nous participerons de 2007 à 2011 : j’irai ainsi faire des stages chez les metteurs en scène du Frankfurt Theater en Allemagne ou du Forn de Teatre Pa’tothom de Barcelone. Je n’aime pas toutes les approches, ni toutes les famil es de théâtre mais j’absorbe, j’observe. J’apprends la difficulté et le plaisir de jouer et de mettre en scène. Déranger, ranger Quand je repense à ces années slovènes, la mémoire fait parfois défaut. Mais s’il y a une chose que je n’ai pas oubliée, c’est le numéro de cette salle. LA SALLE 13. Certes, on en a utilisé d’autres, mais celle-ci restera toujours la matrice. Au début, on est un peu timide, on n’ose pas trop déranger les tables, on se cale dans un petit coin dégagé. Les années passant, on repousse les tables le plus possible, on dégage l’espace au maximum. Ce n’est plus une salle de cours, c’est une salle de théâtre. Et donc chaque soir, chaque week-end de répétition, le rituel est le même : empiler toutes les tables et les chaises pour créer notre espace, puis tout remettre en place. Encore, encore et encore. Des centaines, des milliers de fois. Le théâtre, c’est d’abord de l’huile de coude. Évoluer Je suis au deuxième jour de mon isolement, de mon rendez-vous avec les Théâtreux. Dehors, l’hiver austral n’en finit pas. J’ai revu beaucoup de vidéos de 3 La Royale Académie Internationale d’Été de Wallonie : une fondation d’utilité publique en Belgique qui propose des stages estivaux en musique, arts plastiques, danses et arts du spectacle. 98 Les théâtreux - FINAL.indd 98 13. 05. 2024 14:21:30 répétitions, ainsi que les documentaires qu’on a tournés chaque année. De 2006 à 2011, l’évolution est frappante. L’espace d’abord, comme déjà mentionné, qu’on s’approprie et qu’on occupe complètement. Les vêtements ensuite : les premières années, les étudiants répètent encore en tenue de ville mais progressivement, les vêtements deviennent plus confortables, plus neutres, plus adaptés au travail théâtral. L’atelier trouve peu à peu sa structure. Au premier semestre, répétitions une fois par semaine, uniquement dévolues au travail de l’acteur dans toutes ses facettes : le corps, la gestuelle, l’espace, la relation aux autres, la création du personnage (via l’improvisation, la construction imaginaire), et puis la voix, la respiration, la phonétique et la prononciation, l’accentuation de la phrase française, ainsi que la mémorisation. Cette première phase comprend aussi un, parfois deux stages avec des intervenants extérieurs, permettant aux étudiants d’expérimenter d’autres manières de travail er. Au deuxième semestre, de février à avril, a lieu le travail intensif de mise en scène du texte choisi chaque année : on continue à approfondir le travail de l’acteur et du collectif, mais en le dirigeant vers la mise en scène. Les scènes sont travaillées une par une, en petits groupes et en grand groupe, suivant un planning strict. Je hante la faculté tous les soirs. Les étudiants, malgré toutes leurs autres obligations, ne sont pas avares de leur temps. Ils viennent aussi répéter le week-end, les jours fériés. Des centaines d’heures dans cette salle 13. Quand je vois tout cela avec le recul, je me dis qu’il est complètement surréaliste dans le monde actuel que chacun d’entre nous ait pu sacrifier autant pour le théâtre. C’est qu’il doit bien y avoir quelque chose de magique à passer tant d’heures ensemble. Pour finir, c’est l’évolution même des étudiants qui me saute aux yeux quand je me repenche sur cette époque de ma vie : quelle métamorphose ! Entre 2006 et 2011, je vois des étudiants devenir acteurs sous mes yeux. D’abord, ceux/celles qui lancent cette dynamique avant de prendre leur envol vers d’autres horizons : Matevž, Danijel, Ajda, Kristina, Maruša, Aja, Petra, Daša. Puis, le noyau dur, les fidèles, ceux/celles qui portent l’énergie de la transformation de la troupe : Luka, Ljubica, Tine. Ensuite, ceux/celles qui partent pour mieux revenir : Matjaž, Jernej, Manca, Maša, faisant profiter le groupe de leur longue expérience. Il y 99 Les théâtreux - FINAL.indd 99 13. 05. 2024 14:21:30 a aussi ceux/celles qui rejoignent la troupe en cours de route et contribuent à son éclosion : Gregor, Simon, Tina, Bruna, Eva, Urška. Enfin, ceux/celles qui viendront apporter leur énergie et leur grain de folie le temps d’un projet : Tamara, Ana, Vesna, Ananda, Špela, Črt, David, Petra, Nataša, Katarina, Kristina, Sabina, Ana, Andrej4. Chaque année, la qualité du travail augmente, grâce à ces interactions entre acteurs plus ou moins expérimentés, à la confiance et aux liens qui se créent, à l’émulation qui se met en place dans le collectif. De 2006 à 2011 également, le nombre d’acteurs ne cesse d’augmenter, passant de onze à dix-sept pour la dernière création. Dix-sept acteurs sur scène, ce n’est quasiment plus possible dans le théâtre professionnel, cela coûte trop cher. Mais pas chez nous. Développer Avec l’évolution du travail de création apparaissent de nouveaux besoins. Pour avoir les moyens de nos ambitions, plusieurs activités connexes se développent, mettant à profit les compétences de chacun. Mes amis sont largement mis à contribution (design des affiches, création des paysages sonores, assistance régie, son, lumière), mais les étudiants s’avèrent aussi pleins de ressources. La création des accessoires et des costumes est intégrée au processus créatif : après Les B@l ges (2007-2008)5, on apprend à fabriquer des organes en latex - foie, poumons, reins, membrane, etc. - pour Requiem with a happy end (2008-2009)6 et de vrais sabres7 pour Gengis Khan (2009-2010)8, pièce pour laquelle on s’initie au travail du feutre afin de confectionner nous-mêmes les costumes des cavaliers mongols. Les talents de chacun sont mis à contribution. On s’aperçoit également que sous-titrer la pièce permet de toucher un public beaucoup plus large : une petite armée de traducteurs effectue un travail remarquable pour Gengis Khan et La Kermesse héroïque (2010-2011)9, notamment 4 J’espère n’avoir oublié personne, sinon, mea maxima culpa. 5 De Jean-Marie Piemme et Paul Pourveur. 6 De Dominique Wittorski. 7 Merci Simon ! 8 De Henry Bauchau. 9 Adaptation du film éponyme de 1935, de Jacques Feyder et Arthur Maria Rabenalt, d’après une 100 Les théâtreux - FINAL.indd 100 13. 05. 2024 14:21:30 grâce aux anciens membres qui reviennent nous prêter main-forte. Plus ça va, plus la jauge des spectacles augmente : nous passons du petit théâtre Glej, au DIC, puis au SitiTeater ; il faut donc gérer la logistique, la billetterie, les réservations, et encore une fois, les amis et les anciens viennent nous épauler. Notons qu’à la rentrée universitaire 2009 et grâce aux nouveaux cursus liés au processus de Bologne, le premier semestre de notre atelier théâtre devient un cours officiel intitulé « francoski gledališki govor ». Il s’agit d’un cours optionnel, ouvert aux étudiants de première, deuxième et troisième année. L’atelier devient donc un vrai cours (avec une évaluation finale) et attire pas mal d’étudiants. D’octobre à novembre, à raison de trois heures par semaine, nous reprenons toutes les facettes du travail de l’acteur (j’ai aussi davantage de matière permettant d’enrichir ces ateliers). On exploite l’expérience des membres de la troupe pour soutenir et pousser les étudiants fraîchement inscrits au cours, en les mélangeant au gré des exercices et des improvisations. En décembre, les étudiants passent au travail de mise en scène : quelques scènes sont extraites du texte que nous allons monter au semestre suivant et les groupes (qui mélangent anciens et nouveaux étudiants) doivent proposer une mise en scène, qui est évaluée. De beaux compagnonnages se forment, et certains étudiants inscrits au cours intégreront la troupe définitivement. Rencontrer et faire rencontrer Dès 2007, je fais la connaissance de Primož Grešak, qui deviendra un complice et un ami précieux. Je découvre que notre faculté héberge un autre groupe de théâtre en espagnol, Hipercloridria, dont s’occupe Primož. Nous sommes tous les deux un peu fous : nous lançons cette idée de festival de théâtre interuniversitaire en langues étrangères. Nous pensons que les étudiants ont tout à gagner à se confronter à d’autres langues, d’autres pratiques, d’autres approches du théâtre. Nous pensons qu’il faut sortir des sentiers battus et des zones de confort. Nous pensons que la rencontre, l’ouverture sur l’autre sont ce qui nous fait avancer et nous transformer. Et on pense surtout qu’on va bien se marrer. La première nouvelle de Charles Spaak. 101 Les théâtreux - FINAL.indd 101 13. 05. 2024 14:21:30 édition du FESTUNIT (Festival of University Theatre of Ljubljana) a lieu en avril 2008 à Rog (une ancienne fabrique de vélos reconvertie en squat artistique). Elle rassemble deux troupes de Ljubljana (Les Théâtreux, Hipercloridria) et deux troupes de l’Université de Zagreb (Lusco-Fusco, en portugais et le Théâtre sans fil, en français). Il faut trouver des sponsors, organiser, accueillir, loger et nourrir une cinquantaine de participants. L’année suivante, on voit plus grand. Deux jours de festival à Menza Pri Koritu (Metelkova) avec sept troupes invitées de quatre universités (Skopje, Zadar et la troupe italienne de Ljubljana rejoignent l’aventure) pour quatre-vingts participants. On ajoute des ateliers de recherche théâtrale le matin, proposés par les metteur(e)s en scène et permettant à tous les groupes de se mélanger. L’ambiance est bon enfant, les étudiants se rencontrent par le théâtre, alors que nous créons avec les metteur(e)s en scène un réseau de complices qui tisse sa toile sur les Balkans. On est en 2009. Même si nos étudiants sont trop jeunes pour l’avoir vécue, la guerre qui a divisé cette partie de l’Europe a laissé des traces partout. Belgrade est encore en ruines, ailleurs, les impacts de balle sont visibles sur les bâtiments, à Sarajevo, je rencontre des gens mutilés par la guerre, dans les montagnes de Bosnie je me retrouve par hasard dans une fête commémorant l’assassinat de centaines de Serbes, à grand coup de kalachnikovs. Les tensions sont encore palpables. Le développement des nationalismes a aussi divisé les langues : si ceux de ma génération peuvent encore communiquer en serbo-croate, nos jeunes parlent des langues différentes et communiquent bien souvent en anglais. Nous surfons sur cet incroyable dynamisme du théâtre universitaire dans les Balkans, nous voyageons, en bus, en train, nous allons jouer à Zagreb qui a aussi lancé son festival, le FRASK. En 2009, la Serbie rejoint l’aventure, de nouvelles troupes (en portugais, italien, espagnol) de Belgrade et Zagreb viennent grossir les rangs des participants, dont le nombre monte maintenant à cent trente. C’est un défi logistique et financier considérable, qui exige l’implication d’une petite équipe fidèle et pleine de ressources. Le niveau des ateliers et des pièces augmente, grâce à l’émulation générale. Mais le mot-clé reste la rencontre. Et nous continuons à sillonner les Balkans, pour Zagreb (festival FRASK) et Skopje (pour le festival 102 Les théâtreux - FINAL.indd 102 13. 05. 2024 14:21:30 UNIFEST). À tous ces fous qui ont porté cette utopie, merci… merci Primož, Sylvain, Isabelle, Simon, Céline, Sofia, Marzio, du temps donné et partagé. De 2008 à 2011, parallèlement au FESTUNIT, nous nous rendons tous les étés aux Rencontres du Jeune Théâtre Européen, organisées par le Créarc à Grenoble. Contact hérité du passé des Théâtreux, nous débarquons à Grenoble un jour de juillet 2008… et ce n’est pas forcément évident pour les étudiants au début. Dix jours de festival, c’est intense. Trois spectacles par jour, des débats parfois houleux sur chaque pièce présentée, des ateliers de travail le matin avec les différents metteurs en scène, dont le but est la production d’un spectacle commun avec les quelque deux cents participants, et le soir, évidemment, la fête. Mélangeant les troupes professionnelles et non professionnelles, ces rencontres nous poussent à devenir encore plus exigeants avec nous-mêmes. Chaque année, on grandit, encore une fois, dans et par la rencontre. Financer Le nerf de la guerre. Tous ces projets, ces productions, ces festivals, ces déplacements coûtent de l’argent. Quand je navigue chronologiquement dans mes dossiers, ce qui me saute aux yeux, c’est l’inflation des dossiers liés aux recherches de financements et de sponsors. J’ai oublié à quoi correspondent la plupart des acronymes, mais pas le temps passé seule ou avec les étudiants à rédiger ces demandes de soutien. C’est aussi une compétence transversale que nous développons avec les étudiants. De Wallonie-Bruxelles International à l’Institut français, l’Institut Cervantès, l’Istituto Italiano di Cultura en passant par l’appui indéfectible de nos départements et de notre université, nous rallierons progressivement à la cause l’organisation étudiante slovène, la municipalité de Ljubljana et d’autres sponsors privés parfois improbables (Leclerc, Imperial Tobacco, Eurosea, etc.). Documenter Garder des traces. J’ai tellement déménagé, quitté, désappris des langues pour en apprendre d’autres, appris à prononcer tant de prénoms imprononçables (les prénoms slovènes sont en tête de palmarès, avec des mots sans aucune voyelle 103 Les théâtreux - FINAL.indd 103 13. 05. 2024 14:21:30 visible), sentais-je que mon disque dur interne serait vite saturé ? Je ne sais pas. Mais dès la première année, un ami réalisateur viendra documenter le travail des Théâtreux, arrivant à quelques semaines de la première, filmant tant les représentations que le travail lui-même, captant les fous rires, les fatigues, la vie et les aléas du groupe. Lui aussi grandira dans tous ces essais et tâtonnements. Certains étudiants l’épauleront, pour le travail technique ou pour les interviews, développant ainsi d’autres compétences transversales. Et c’est grâce à ces traces que ces jours me reviennent avec tant de clarté. J’ai tout gardé. Je rassemble et je trie, peut-être mettrais-je en ligne prochainement ces archives qui, me touchant moi, pourraient en toucher d’autres. Douter À chaque pas. Au cœur du travail théâtral, à chaque étape de celui-ci. Dans le relationnel, l’autorité, dans les responsabilités impliquées par le fait de balader un groupe de jeunes adultes d’un bout à l’autre de l’Europe. Écouter les critiques, accepter son ignorance, absorber, trier. Douter toujours, mais dans la limite de ce que l’on peut être et de ce que l’on peut faire. Car il faut avancer, construire. Car il faut bien vivre. Aimer Le théâtre, ce sont des heures à observer. Certes, en tant qu’animateur, il faut montrer, et se mettre soi-même en jeu pour amener les autres à jouer. Mais c’est essentiellement observer. Observer des corps, la manière dont ils se tiennent, se meuvent, ce qui leur est facile ou ce qui les bloque, les fêlures et les forces, les déséquilibres et les liens qui libèrent. Je crois qu’on ne peut pas passer tant d’heures à observer les gens sans les aimer. Et oui, du vrai amour. De l’écoute et de la disponibilité. Parfois, comme dans la vie, on est maladroit, on aime mal, on ne trouve pas les mots. Si c’était à refaire, je ferais plus attention au relationnel, je ne fonctionnerais probablement pas de la même manière avec les étudiants. Mais les choses ne se vivent qu’une fois. 104 Les théâtreux - FINAL.indd 104 13. 05. 2024 14:21:30 Je pense à toutes les étudiantes et tous les étudiants que j’ai observés et aimés pendant ces années. Je ne suis pas très bonne pour garder contact et je suis allergique aux réseaux dits sociaux. Mais je ne les ai pas oubliés. J’espère qu’ils sont vivants, qu’ils vont bien, qu’ils sont épanouis dans leur vie professionnelle et personnelle. Je les imagine heureux, heureuses. Je sais qu’entre eux ils ont forgé des liens qui perdurent parfois aujourd’hui. Certaines et certains ont même formé des couples ! Ont-ils des enfants ? Disent-ils que tout a commencé au théâtre ? Alors, c’est la plus belle des choses que nous aurons créées. Continuer Un jour, la vie prend un virage qui n’était pas prévu. Il y a aussi ce désir d’explorer, cette promesse que l’on s’est faite. C’est le temps du départ. Puis celui de l’arrivée dans un autre pays - l’Inde -, dans une autre culture, une autre université. Il arrive aux oreilles d’un petit groupe d’étudiants (encore des fous) que j’ai fait du théâtre. À l’amorce du travail avec eux, je leur montre les documentaires réalisés en Slovénie : « Quoi, on peut faire ça, nous aussi ? ». Oui, et on fera. Mais différemment. Dans des conditions autrement plus dures (je me souviendrai avec force regrets de cette salle 13 si propre, de son parquet si doux), dans une société où les défis semblent parfois insurmontables. On abandonnera définitivement les textes d’auteur, développant une approche plus proche du théâtre-action. Avec les étudiants qui nous rejoignent, nous créons (dans des ateliers d’écriture ou d’improvisation) des scènes/textes porteurs de leurs vécus et de leurs espoirs : ces scènes/textes dont ils sont les auteurs sont à la base d’une pièce de théâtre dont ils seront les comédiens. Et on repartira, dans les bus et les trains bondés, sillonner l’Inde pour porter leur parole. Mais c’est une autre histoire… d’amour et de théâtre. Afrique du Sud, 23-25 septembre 2023 105 Les théâtreux - FINAL.indd 105 13. 05. 2024 14:21:30 Slika 1: Genghis Khan, Henry Bauchau. Julie Davidet les Théâtreux. (Vir / Source : Julie David) Slika 2: Logotip skupine / Logo de la groupe 106 Les théâtreux - FINAL.indd 106 13. 05. 2024 14:21:30 Moja zgodba o frankofonski študentski gledali- ški skupini Filozofske fakultete v Ljubljani – Les Théâtreux Patricija Čamernik Zgodbo frankofonske študentske gledališke skupine filozofske fakultete sem aktivno spremljala in soustvarjala od študijskega leta 2014/2015 in do študijskega leta 2020/2021. In to je moja subjektivna pripoved. O tem, da si skupina Les Théâtreux zasluži svojo zgodbo, pričajo predvsem učinki, ki jih njeno delovanje sproža – od težkih in prijetnih bežnih dogodkov do neverjetnih življenjskih preobratov, kot so ljubezenske vezi, karierne priložnosti, izobraževanja, delavnice in potovanja. Kot mnogi študentje na našem oddelku sem se pred študijem odločala, ali naj izberem študij jezikov ali študij gledaliških tem, kot da imata oba študija veliko skupnega. Da sem na prvo mesto postavila študij jezikov, je bilo ključno to, da mi je ta študij omogočal tudi sodelovanje v gledališki skupini. Seveda pa se skupini prvo leto nisem pridružila, ker nisem zaupala svojemu znanju jezika francoščine. Prišla sem v predavalnico, kjer je potekal prvi zbor Les Théâtreux tistega študijskega leta. A ko sem ugotovila, da je voditeljica skupine naravna govorka francoščine, sem se nemudoma obrnila in odšla iz predavalnice. 107 Les théâtreux - FINAL.indd 107 13. 05. 2024 14:21:30 Po študijski izmenjavi v Franciji sem zbrala nekaj več poguma in tako sprejela svojo prvo vlogo z bolj malo teksta, in sicer v predstavi Le Cocu magnifique (2014/2015 z Judith Pollet). Takoj sem doumela, da sodelovanje v tej skupini predstavlja nekaj več kot le osredotočanje na jezik, tekst in nastopanje. Skupni so nam bili tako strah kot zmeda in pa tudi veselje ob ustvarjanju ter želje po napredku, intelektualnem diskutiranju, sofisticirani zabavi in tako dalje. Nujen sestavni del je bil tudi ’kozarček’ po dejavnosti in interne šale, ki so se razvijale sproti in se nato prenašale iz generacije v generacijo. Ko je skupino prevzel Belgijec Nicolas Hanot, smo ustvarili nekakšno tradicijo delovanja, ki jo želim opisati in za katero upam, da se bo zaradi svojih (večinoma) pozitivnih učinkov nadaljevala. Ko smo pripravljali prvo skupno predstavo Folles funérailles (družina in prijatelji se zberejo na pogrebu nekoga, ki (še) ni zares umrl), se je izoblikovala skupina, ki je že delovala kot velika družina. Kakor v predstavi tako tudi v naši resničnosti so nas spremljala sestrska prijateljstva, romance in ljubezni, tkanje dramatičnih situacij, ki so nas pretresale, nas povezale in nam omogočale rast. Krepili smo znanje francoskega jezika in pa tudi druga znanja, ki so bila še posebej pomembna v utesnjenih situacijah ob omejeni rabi jezika. Učili smo se improvizirati in vedno bolje odreagirati, kadar se je od nas zahtevala spontanost. Hkrati pa smo se ponovno naučili, kako se igrati. Vse to je ustvarilo varen prostor našega razvoja. Med drugim smo se naučili poiskati humor v temnih in temačnih situacijah. Za pripravo te predstave smo se na primer podali v skrivnostne prostore Drame, ki nas je sprejela, da si poiščemo leseno krsto. Neverjetno težko leseno krsto smo nato lastnoročno prinesli na filozofsko fakulteto, kjer svojo ’čudnost’ skupaj sprejmemo in se v njej, ker smo skupaj, tudi dobro počutimo. Takšna in podobne lekcije tistega leta so z menoj ostale za vedno. Leto za tem smo pripravljali predstavo Arloc ou Le grand voyage (tujec iz eksotične dežele se v kovčku pripelje v veliko mesto, kjer spoznava posebnosti mestne zahodne družbe). Vse prepogosto se nam je dogajalo, da smo šele v zadnji fazi priprav ugotovili, o čem predstava, ki jo soustvarjamo, sploh govori. Kot v prejšnji predstavi sem tudi v tej morala zaigrati svojo smrt. Kot modra babica glavnega lika sem med umiranjem predstavila svoj monolog in se iz 108 Les théâtreux - FINAL.indd 108 13. 05. 2024 14:21:30 starke spreminjala v otroka ter obratno in se s samo predstavo sinhronizirala tudi v tem svojem življenjskem obdobju. Tisto leto je bila skupina zelo velika in usklajevanje ambicioznih študentov je bilo skoraj nemogoče, vendar je prineslo močno povezanost in vrhunsko izpeljavo predstave, ki smo jo še popestrili z glasbo vrhunskih glasbenikov. Napolnili smo dvorano Cankarjevega doma in si zadali, da prihodnje leto še prekašamo ta svoj dosežek. In res je bilo natanko tako. S predstavo Forfanteries (predstava sestavljena iz skečev, ki se nanašajo na gledališki svet in odkrivajo nekatere zaodrske situacije ter preizprašujejo nekatere odrske prakse) smo razbili standardno formo zgodbe in dramskega trikotnika ter provokativno izzvali publiko, da premisli o tistem, kar očem na odru po navadi ni vidno. S to predstavo smo sodelovali na gledali- škem festivalu v Franciji, kjer so nas kot edino tujo skupino zelo toplo sprejeli. Potovanje v Albi je bilo nepozabno in polno situacij, ki so nas povezale za vse življenje. Navsezadnje pa smo tu osvojili tudi nagrado za najboljšo predstavo po mnenju žirije. Po tej izkušnji se odločim opisati pomene gledaliških praks v svoji magis-trski nalogi. Tu preučujem vzgojne in izobraževalne vidike gledališča. Skozi intervjuje s tedanjimi in nekdanjimi člani skupine Les Théâtreux ter s priznanimi slovenskimi gledališčnimi umetniki zedinim nekaj ključnih ugotovitev. Med slednjimi ugotavljam, da stik z gledališčem in soustvarjanje gledaliških praks spodbuja ustvarjalnost in pozitivno vpliva na posameznikovo razumevanje sveta ter samega sebe ter na njegovo izražanje, vrednotenje, sodelovanje in razvoj odnosa do lepega, motivacijo, osebnostno rast in tudi telesni razvoj. Prispeva pa tudi k usvajanju jezika – s pomočjo gledališča lahko razvijamo govorne spretnosti, izražanje, vživljanje v jezik in vlogo govorca tujega jezika, estetiko, pomnjenje in motivacijo za učenje jezika. Ker sem vse to tudi sama izkusila, sem bila prepričana, da je pomembno, da to povzamemo in s tem morda še spodbudimo rabe gledaliških praks, na primer v šolah pri učenju tujih jezikov. Vsi ti razmisleki so me pripeljali do tega, da se odločim napisati tudi doktorsko dizertacijo na sorodno temo. A s tem se moja pot v Les Théâtreux ne zaključi. Po odhodu Nicolasa in prenehanju deleža financiranja, ki ga je omogočala belgijska ambasada, smo 109 Les théâtreux - FINAL.indd 109 13. 05. 2024 14:21:30 ostali na našem Oddelku za romanske jezike in književnost brez priljubljene gledališke aktivnosti. Na oddelku, za katerega je znano ravno to, da ima izvr-stne gledališke skupine (italijanskega, španskega, francoskega in nekdaj celo romunskega jezika). Tako se je kolegica domislila, naj prevzamem skupino in da bomo že kako nadaljevali. Sprva je nastopilo prepričanje, da ni mogoče. Že čez nekaj tednov pa smo pripravljali zahtevno francosko predstavo, znano pod imenom Toc toc (zbor pacientov, ki čakajo svojega psihoterapevta, se znajde v čakalnici, kjer se med njimi spontano zgodi učinkovita skupinska terapija). Predstava je zahtevala neumorno ponavljanje zahtevnega besedila, polnega besednih iger. Prav tako je bilo potrebno natančno režisersko načrtovanje. In kljub manku izkušenj ter znanj smo predstavo izvedli odlično. Predstavo je obiskalo tudi nekaj znanih slovenskih imen in nekatere igralke so dobile ponudbo, da se pridružijo bolj priznanim ljubljanskim gledališkim skupinam. Dosežek je bil tako nepozaben. Dopolnili smo ga še z organizacijo festivala BalFra, ki je stekla v sodelovanju z Anne-Cécile Lamy-Joswiak, lektorico z našega oddelka, in Nicolasom Hanojem, nekdanjim voditeljem skupine ter tedanjim1 voditeljem skupine s fakultete v Zagrebu. Skupaj smo tako pripravili festival frankofonskega študentskega gledališča za skupine na območju nekdanjih držav Jugoslavije. Poleg neverjetno lepih spominov iz tistega obdobja me je takrat spleteno prijateljstvo popeljalo vse do Himalaje. V letu za tem smo pripravljali predstavo z velikim številom igralcev, za katere smo morali ustvariti vloge s približno enakovrednimi porazdelitvami. Igrali smo predstavo Hot Jazz (o pestrem dogajanju v Chicagu v 20. letih prejšnjega stoletja, ki se poigrava z nekaterimi stereotipnimi liki, ki se znajdejo na prizorišču – od uglajenih starejših parov do razuzdanih plesalk in kriminalcev), da smo jo zares igrali, pa je bil skoraj čudež. Znašli smo se pred vrsto izzivov in šokov, ki so nam jemali moč. Izgubili smo ljubega profesorja, ki je bil tudi sam nekdaj član frankofonske študentske gledališke skupine na Filozofski fakulteti v Ljubljani in je bil močan podpornik naše samoiniciative. Prišla je pandemija, povezana s koronavirusno boleznijo, ki je nastavila nemogoče ovire za delovanje skupine. 1 September 2023 110 Les théâtreux - FINAL.indd 110 13. 05. 2024 14:21:30 Odšlo je tudi nekaj igralcev in glavna igralka malo pred prvo izvedbo predstave. Nato sem še zanosila in ko je že vse izgledalo, da predstave ne bo, smo še malo pritisnili. Izvedli smo predstavo, ki je zaradi nekaterih pomanjkljivosti izpadla še bolj komično, kot smo načrtovali, in obiskovalci so bili navdušeni, saj smo bili ena prvih predstav po covidnem obdobju brez dogodkov v živo. Sodelovali smo tudi z glasbeno skupino Počeni škafi, ki so še dodatno obogatili našo končno izvedbo. Dogodkov žejne goste je tako zadel burleskni nastop, ki jih ni pustil nezadovoljne. Zmešnjava in iskanje rešitev v zadnjem trenutku pa so do takrat že postali del definicije skupine Les Théâtreux. Govorilo naj bi se, da skupina vedno pripravlja neresne predstave, zato smo si v tretjem letu mojega vodstva za izziv vzeli pripraviti nekaj bolj filozof-skega. Po številnih nestrinjanjih, nasprotovanjih, debatah in diskusijah smo se znašli v vročem Argosu. Sledile so nam muhe, ki so ves čas imele kaj za dodati. Sartrove Muhe (predstava, ki povzame grški mit in se kot muhe na med lepi na teme človeških notranjih občutij) so nas naučile, da težka predstava pomeni zares težko delo. In ko smo že mislili, da smo tam, kjer ni muh, smo naredili kak preskok in se uspeli prebiti naprej. Predstava je po nekaj mesecih stala in v Staro elektrarno smo povabili omejeno število gostov. Še vedno so namreč veljala nekatera pravila o omejitvah zaradi pandemije. Morda lahko rečemo, da je kdo delal iz muhe slona, ko so nas primerjali z Dramo, morda pa ne. Takšni so torej moji spomini na to skupino z že tako dolgo tradicijo, za katero upam, da bo še dolgo delovala ter privabljala nove generacije in jim nudila izkušnje, ki so nas ustvarjale. Ob spremljanju zadnje predstave pa ugotavljam, da se legija nadaljuje in da tudi nove generacije niso od muh. 111 Les théâtreux - FINAL.indd 111 13. 05. 2024 14:21:30 Slika 1: Le Cocu magnifique, Fernand Crommelynck Nina Brezar, Tina Žerdoner Marinšek, Patricija Čamernik, Sara Košir, Katja Mavrič Bordon, Andreja Savić, Maximiliano Grieco, Katarina Jarc, Martin Esih (Vir / Source : Patricija Čamernik) Slika 2: Folles funérailles, Thierry Janssen Andreja Savić, Milica Veljić, Vita Merela, Jakob Grčman, Lara Kolar, Jan Rant, Boža Sotenšek, Rebeka Grdič, Patricija Čamernik, Tamara Zupan, Maja Koražija, Sara Košir. Leži / Allongé : Luka Brenko (Vir / Source : Patricija Čamernik) 112 Les théâtreux - FINAL.indd 112 13. 05. 2024 14:21:31 Slika 3: Arloc ou Le grand voyage, Serge Kribus. Od leve proti desni / De gauche à droite : Dragana Mandić, Vita Merela, Maja Koražija, Boža Sotenšek, Anna Maria Grego, Tina Žerdoner Marinšek, Patricija Čamernik, Nicolas Hanot (Vir / Source : Nicolas Hanot) Slika 4: Toc Toc, Laurent Baffie. Od leve proti desni / De gauche à droite : Vita Merela, Sara Košir, Mihaela Štiglic, Katja Štefanič, Tamara Zupan, Sanja Sabolovič, Milica Rimanovska (Vir / Source : Patricija Čamernik) 113 Les théâtreux - FINAL.indd 113 13. 05. 2024 14:21:32 Les théâtreux - FINAL.indd 114 13. 05. 2024 14:21:32 Pendant douze ans, les Théâtreux furent belges Nicolas Hanot En 2005, dans l’enthousiasme suscité par l’élargissement de l’Union européenne, la Belgique francophone nouait un accord de partenariat avec l’Université de Ljubljana et y envoyait pour la première fois une de ses lectrices. En arrivant au numéro 2 de l’Aškerčeva cesta, ma prédécesseure obtenait la charge non seulement de divers cours de français, mais également d’une institution : la troupe de théâtre de la faculté. Julie David a alors marqué de son empreinte l’histoire des Théâtreux. Elle les a fait entrer dans l’ère du Plat pays. Envoyés que nous étions par les instances francophones de la Belgique, nous nous devions de choisir un répertoire repré- sentatif de notre littérature. Comme pour une transition en douceur, le premier auteur fut Félicien Marceau, dramaturge français, né belge. Après cinq ans passés à diriger la troupe, Julie s’envola pour l’Inde, puis se succédèrent Virginie Mols, Catherine Leroy et Judith Pollet, qui relevèrent la gageure de monter, respectivement, Marguerite Yourcenar, Michel de Ghelderode et Fernand Crommelynck. J’eus le bonheur de poursuivre cette formidable aventure. Peu de temps avant mon départ pour Ljubljana, je me gorgeai de théâtre belge, à la recherche de pièces à monter. Première constatation : les auteurs sont 115 Les théâtreux - FINAL.indd 115 13. 05. 2024 14:21:32 très masculins, leurs personnages aussi. Il faudra presque tous les féminiser pour harmoniser la distribution des rôles. Judith m’avait déconseillé les textes trop classiques, ou du moins, à la langue trop ampoulée. Je compilai donc des pièces récentes, pour faire entrer la troupe dans une période de comédies contemporaines. Je repris la direction des Théâtreux en octobre 2015. La rencontre avec les participants fut très forte. La majorité d’entre eux n’avait encore jamais fait partie de la troupe. Comme moi, ils débarquaient. Nous nous découvrions. Le groupe était monumental cette année-là, avec dix-sept étudiants. Leurs noms me reviennent avec émotion – Nina, Jakob, Sara, Maja, Tina, Vita… Certains sont devenus des amis. Nous choisîmes de monter une étonnante farce chorale : Folles funérailles de Thierry Janssen (2008). L’histoire d’un enterrement qui tourne mal. Tout un programme ! Je me mis vaille que vaille à diriger cette troupe enjouée et radieuse. J’appris en l’exerçant mon nouveau rôle de metteur en scène. La Belgique étant géné- reuse à cette époque, elle nous envoya ses comédiens pour mener des stages éclair et donner une touche professionnelle au spectacle. Le vieux Michel Van Loo d’abord, qui venait déjà du temps de Julie. Plus tard, Thomas Midrez dit « Bavar », fringant conteur. Nous ne saurions trop les remercier pour les conseils bienveillants qu’ils nous prodiguèrent durant ces années. L’aventure des Théâtreux s’écrivit également par de nombreux voyages. Je me souviens d’un séjour à Belgrade pour un festival de théâtre francophone qu’organisaient les professeurs de Serbie. Nous avions eu la fine idée de nous y rendre pour assister aux spectacles, sans présenter le nôtre. En somme, nous venions en touristes. Mais la troupe se lia d’amitié avec son homologue de l’Université de Belgrade, les Je-m’en-foutistes. Nous les invitâmes en retour à Ljubljana pour qu’ils y présentent leur pièce. Ce fut notre première expérience d’échange. Un frémissement nous prit à quelques jours de notre première. Nous avions envoyé des invitations, ou plutôt des faire-part de décès. Le public vint fêter les morts en notre compagnie : il entrait dans une salle de spectacle devenue scène mortuaire, où il était invité à présenter ses condoléances à la famille Follet. Un immense cercueil trônait sur scène (d’où, plus tard, sortirait un comédien). Balader 116 Les théâtreux - FINAL.indd 116 13. 05. 2024 14:21:32 ce cercueil du Théâtre national à la faculté, puis de la faculté au Cankarjev dom fut une de nos grandes aventures. Mais la plus belle restait à venir, en ce début juillet 2016. Nous partions en France ! Comme d’autres lecteurs avant moi – Julie et Virginie l’ont fait – j’emmenais ma troupe présenter son spectacle aux Rencontres du Jeune Théâtre Européen à Grenoble. Lorsqu’on est metteur en scène des Théâtreux, on prend toutes les casquettes, et parmi celles-ci, celle de chauffeur. Je conduisis le combi avec mes lascars à l’arrière (qui héritèrent d’une amende pour oubli de la ceinture de sécurité) à travers toute l’Italie du Nord pour atteindre l’autre côté des Alpes. Nous découvrions, sur place, un festival effervescent, empli de troupes de tout le continent. Nous allions vivre un vrai moment d’européanité. Première surprise à notre arrivée : ce festival n’était absolument pas francophone. Qu’importe ! Jour après jour, nous enchaînions les spectacles en hongrois, en allemand, en lituanien, sans n’y rien comprendre mais avec force enthousiasme. Toute la troupe n’ayant pu se joindre à nous, nous avons proposé une version écourtée des Folles funérailles, dans laquelle je repris au pied levé le rôle du mort, dans un cercueil de fortune. L’expérience fut formatrice, car le Créarc, qui organise l’événement, ne se contente pas d’aligner les spectacles : il crée un vivre-ensemble entre les participants. Tous les jours, nous nous retrouvions pour discuter des représentations de la veille. De vifs débats naissaient et Fernand Garnier, l’organisateur, n’avait pas son pareil pour livrer ses analyses. Nous y apprenions par exemple que notre spectacle « racontait l’histoire de la grande famille européenne ». Ce n’était pas tout, puisque chaque matin, nos Théâtreux prenaient part à divers ateliers avec les autres invités : danse, chant, jeu, commedia dell’arte. Le tout, au dernier jour, donna en bouquet final un immense spectacle-parade portant sur le Père Ubu. J’y jouais l’ours. De cette expérience nous revînmes transformés. La saison suivante me vit gérer mon premier problème d’importance : à quelques semaines de la première, notre acteur principal faillit quitter la troupe, pour des raisons d’agenda qui lui appartenaient. Il n’en fut rien, mais de grosses gouttes perlèrent dans mon dos. Nous jouâmes Arloc ou Le grand voyage à Ljubljana, mais le spectacle ne voyagea pas. 117 Les théâtreux - FINAL.indd 117 13. 05. 2024 14:21:32 Avec quelques volontaires, nous montâmes également une lecture publique d’Éric-Emmanuel Schmitt. L’auteur franco-belge venait à Ljubljana en compagnie de Didier Decoin, président de l’académie Goncourt. Le texte était issu d’une très belle nouvelle, Les deux messieurs de Bruxelles, suivant les destins croisés de deux couples, l’un homo et l’autre hétérosexuel – le plus heureux n’étant peut-être pas celui qu’on croit. La rencontre avec l’écrivain, qui écouta très attentivement notre mise en voix, fut une étape marquante de la saison. Échaudé par l’expérience de l’année précédente, je décidai de monter en 2018 une pièce à sketches, Forfanteries, d’Olivier Coyette. Ainsi, pas de texte reposant sur un seul acteur, mais des saynètes indépendantes, où chacun peut venir se glisser ou partir à loisir. La pièce est une formidable mise en abyme : elle montre l’envers du décor, les coulisses, les acteurs en répétition. Pour la première fois aussi, nous travaillons en duo à la mise en scène, et la venue de Florence Ménard fait un bien fou à la troupe. Pas de Cankarjev dom cette année-là, nous atterrissons dans une salle minuscule (et donc, chaleureuse) de la Beethovnova ulica. Moins de place, et plus de représentations (nous devons en ajouter une à la dernière minute). Je me souviens d’une mécanique bien huilée et d’un spectacle qui fonctionne comme une montre suisse. L’histoire de la troupe s’écrit aussi dans la fête qui clôture chaque spectacle. Celle de 2018 fut mémorable. Si vous croisez un Théâtreux de cette génération, il vous racontera sûrement la nuit des crêpes à l’huile… La folle saison devait se conclure par un nouveau festival. Tout du moins, on l’espérait : nous voulions jouer au Festival d’Albi, mais attendions d’être choisis sur candidature. Qui là-bas s’inquiéterait vraiment de sélectionner les petits Slovènes ? Pourtant, la nouvelle tomba en janvier : on repartait en voyage ! Le champagne pouvait couler, l’aventure nous appelait. De Ljubljana à Venise, de Venise à Toulouse, de Toulouse à Albi, nous voilà dans la ville rouge. Tout là-bas nous émerveille. Une boucle du Tarn accueille une répétition improvisée. Nous jouons dans un magnifique théâtre à l’italienne. Les balcons à encorbellement se penchent sur nos Théâtreux. L’instant est magique. 118 Les théâtreux - FINAL.indd 118 13. 05. 2024 14:21:32 Ici, le festival est organisé par des étudiants, et nous passons nos soirées dans les résidences universitaires. C’est la fête tous les soirs et les Théâtreux se découvrent des talents cachés au baby-foot. Puis vient le dernier soir, et la cerise sur le gâteau. Les organisateurs remettent aux Théâtreux le Prix du jury. Il nous semblait avoir déjà obtenu notre récompense, le jour où nous avons été sélectionnés pour le festival. Mais nous allions rentrer à Ljubljana avec notre trophée. Un beau finale pour l’aventure belge des Théâtreux. Je devais quitter Ljubljana avec émotion après qu’un ministre bâté décide de fermer le poste de lecteur. Fi de la belle aventure européenne, la Slovénie se débrouillerait bien toute seule. Si l’on n’y avait pris garde, les Théâtreux auraient pu s’éteindre. C’était sans compter sur l’immense énergie des étudiants. Ce sont eux-mêmes qui allaient la gérer. C’est ainsi que je passai le flambeau à Patricija Čamernik, qui a joué plusieurs années de suite, avant même mon arrivée à Ljubljana. Les Théâtreux étaient entre de bonnes mains. Mais mon histoire n’est pas tout à fait terminée. Catapulté de l’autre côté de la frontière, je montai dans ma terre d’accueil zagréboise une nouvelle troupe de théâtre. Germa alors une idée : puisque nous étions voisins, pourquoi ne pas nous rencontrer ? Et puis, nous connaissions nos homologues de Belgrade : n’était-ce pas le moment de créer un festival francophone ? Il en avait déjà existé par le passé. Avec Patricija, puis ma collègue Anne-Cécile Lamy-Joswiak, nous formâmes bientôt un trio lancé dans une organisation qui nous dépassait : Ljubljana serait la nouvelle capitale du théâtre étudiant ! C’est le 31 mai 2019 que vit le jour le BalFra (Balkans Francophones). Cinq troupes sur place : Ljubljana, Zagreb, Belgrade, Sarajevo et Niš. Une belle communion entre étudiants partageant la même passion. Un événement qui, hélas, ne pourrait se répéter l’année suivante, mais peu importe : son souvenir fait partie de l’histoire des Théâtreux. Enseigner, c’est infléchir des destinées. Mais diriger les Théâtreux possède quelque chose de supérieur. L’expérience nous travaille, au sens où le boulanger travaille sa pâte, et l’on n’en ressort pas indemne. Comme acteur ou comme metteur en scène, nous en sommes transformés. Au fond de moi, je sais que les Théâtreux ont écrit les plus belles heures de mon séjour à Ljubljana. 119 Les théâtreux - FINAL.indd 119 13. 05. 2024 14:21:32 Slika 1: Delavnica / Atelier. Les Théâtreux in / et Michel Van Loo. (Vir / Source : Nicolas Hanot) Slika 2: Les deux messieurs de Bruxelles. Eric­Emmanuel Schmitt. Javno branje / Lecture publique avec Les Théâtreux. Med študentkami stojijo z leve proti desni / Debout de gauche à droite entre les étudiantes : Florence Gacoin­Marks, Eric­Emmanuel Schmitt, Didier Decoin, Nicolas Hanot. (Vir / Source : Nicolas Hanot) 120 Les théâtreux - FINAL.indd 120 13. 05. 2024 14:21:33 Slika 3: Les Théâtreux. Nagrada žirije, Festival Acthéa. Albi, april 2018. / Prix du Jury, Festival Acthéa. Albi, avril 2018. (Vir / Source : Patricija Čamernik) Slika 4: Les Théâtreux na Filozofski fakulteti, 2018. / Les Théâtreux à la Faculté de lettres, 2018. Od zgoraj navzdol, od leve proti desni / De haut en bas, de gauche à droite : Nicolas Hanot, Eva Poklukar, Lori Slivnik, Sara Košir, Ana Hafner, Maja Koražija, Jakob Grčman, Luka Krüner, Patricija Čamernik, Sanja Sabolovič, Angela Petrevska, Lea Juha. (Vir / Source : Patricija Čamernik) 121 Les théâtreux - FINAL.indd 121 13. 05. 2024 14:21:34 Les théâtreux - FINAL.indd 122 13. 05. 2024 14:21:34 Les Théâtreux: več kot le gledališka skupina Sanja Sabolovič Naj se sliši kot kliše, a vendar – gledališka skupina Les Théâtreux oddelka za romanske jezike ljubljanske filozofske fakultete je več kot le gledališka skupina. Seveda, njen primarni cilj je ukvarjanje z gledališko igro, nikakor pa ne smemo pozabiti na njene dodatne “vrednosti”. Sama sem se skupini pridružila oktobra 2016, po tem, ko sem gledala odlično predstavo Folles funérailles ( Nori pogreb), ki so jo Les Théâtreux odigrali maja 2016 pod taktirko belgijskega lektorja Nicolasa Hanota. Prva predstava, v kateri sem nastopala, je nosila naslov Arloc ou le grand voyage ( Arloc ali veliko potovanje), govorila pa je o zelo aktualni tematiki begunstva in odziva družbe nanj, tako v pozitivnem kot tudi negativnem smislu. Preden sem se pridružila skupini, sem bila prepričana, da gledališče ni zame, saj sem že od nekdaj zelo introvertirana in tudi precej sramežljiva, nikakor si nisem znala predstavljati, kako bi lahko nastopala na odru pred množico ljudi, in to v tujem jeziku. A v tem je tudi čar gledališča: posebna vrsta treme, ki jo lahko občutiš le trenutek, preden stopiš na oder, trema, ki je hkrati grozna in hkrati tako zelo zasvojljiva, da si jo želiš občutiti vedno znova in znova. Med samo predstavo navadno hitro izgine, scenski reflektorji te potegnejo vase, tema v dvorani pa poskrbi, da se lahko maksimalno skoncentriraš in posvetiš predstavi. 123 Les théâtreux - FINAL.indd 123 13. 05. 2024 14:21:34 Vse drugo izgine, ostane le scena in tisti zanimivi občutek “gledališčnosti”, ki je neopisljiv, tako zelo edinstven. Gledalci dihajo z igralci, igralci pa z gledalci, sprotno odzivanje publike je namreč le še ena izmed lastnosti gledališča, ki nas hrani, brez gledalcev namreč ni igralcev, v dvorani vsi skupaj postanemo eno, pozabimo na vse drugo, z nami je le zgodba, k v tistem trenutku predstavlja edino, kar je zares pomembno. Leta 2018 smo pripravili nekoliko krajšo predstavo z naslovom Forfanteries ( Hvalisanja), ki je poleg zabavnih skečev ponudila tudi vpogled v sam potek ustvarjanja predstave, od bralnih vaj do vaj na odru in dogajanja v zaodrju. Prijavili smo se tudi na festival študentskega gledališča v Franciji in se tako aprila v Benetkah vsi skupaj usedli na letalo ter poleteli na gostovanje v Albi, prisrčno mestece v bližini Toulousa, kjer so nas gostitelji toplo sprejeli, nastopali pa smo v pravem pravcatem gledališču, z rdečimi stoli in ogromnim odrom. Domov se nismo vrnili praznih rok, s seboj smo prinesli nagrado za najboljšo predstavo po mnenju strokovne žirije, kot dodatek pa tudi navdušenje nad namiznim nogometom. Sama izkušnja nastopanja v tuji državi, kjer smo predstavljali tudi barve naše fakultete, je bila zelo dobrodošla, tudi prebivalci Albija, ki so nas prišli pogledat, saj je festival študentskega gledališča pri njih že dolgoletna tradicija in je zelo obiskan, so bili izjemno pozitivno presenečeni, da je skupinica iz neke majhne države obiskala tudi njihovo mesto in izvedla predstavo v njihovem maternem jeziku. Prav vsak izmed njih, s katerim sem imela priložnost govoriti po predstavi, je bil navdušen nad nami in nam zaželel srečo pri prihodnjih podvigih. Leta 2019, v času malce številčno okrnjene skupine, smo se lotili zanimive predstave z naslovom Toc Toc, katere zgodba se je dogajala v enem samem prostoru: znotraj čakalnice pri psihiatru. Igrali smo ljudi z raznoraznimi obsesivno- -kompulzivnimi motnjami, od stereotipnih, kot na primer obsedenost s čistočo in z umivanjem, konstantno preverjanje in želja po popolni simetriji, pa tudi Tourettov sindrom, aritmomanija (oz. obsedenost s številkami) in ponavljanje besed oz. zlogov. Preko predstave smo se tako podrobneje spoznali z naštetimi motnjami, pri tem pa se naučili veliko novega in tako povezali prijetno s ko-ristnim. Tudi v tem je čar teatra, v prvi vrsti je to seveda hobi in nekaj povsem 124 Les théâtreux - FINAL.indd 124 13. 05. 2024 14:21:34 zabavnega, a iz prav vsake predstave smo se vedno naučili nekaj novega ali si včasih le malce razširili obzorja. Tudi zloglasno koronsko leto 2020 ni prekinilo našega ustvarjanja. Marca, ko se je celoten svet ustavil in smo bili zaprti med štiri stene, smo poprijeli za računalnike in kamere ter vadili preko skypa. Naredili smo kratke videoposnetke, si delili fotografije in zanimiva dejstva, za katera smo nato ugibali, h kateremu od nas spadajo, vsi skupaj pa smo željno čakali, da se zaprtje končno sprosti, da se lahko vidimo in vadimo. Tisto leto smo predstavo zamaknili in jo izvedli septembra, a bila je še toliko boljša. Preselili smo se za 90 let nazaj, si nadeli naramnice in resaste oblekice, medse povabili glasbenike in izvedli pravi kabaret z naslovom Hot Jazz. Jazz glasba, prohibicija, mafija, Bonnie in Clyde, vse to se je septembra 2020 z ulic Chicaga preselilo v Trnovo in poskrbelo za kratek nostalgični pobeg od pandemične realnosti. Leto pozneje smo si zadali še ambicioznejši projekt: tokrat smo si želeli narediti malce bolj resno predstavo v primerjavi s prejšnjimi, ki so bile komedije. Izbrali smo si Sartrove Les Mouches ( Muhe) in se tako preselili še dlje v preteklost, tokrat nekaj tisočletij nazaj v staro Grčijo. Obleke smo si tudi tokrat izposodili v Drami, malce zafilozofirali, seveda pa smo tudi v to predstavo vkomponirali glasbene vložke, ki so poskrbeli še za dodatno popestritev. Tokratna predstava je bila naš najdaljši (in najzahtevnejši) projekt doslej, z vmesnim premorom je namreč trajala kar tri ure, po koncu, ko je adrenalin popustil, pa smo vsi bili izjemno utrujeni, a ponosni, da nam je nekaj takega uspelo. Smo se pa odločili, da se v prihodnje spet raje lotevamo krajših in lahkotnejših predstav. V letih 2022 in 2023 smo si zadali nov izziv: kako napisati in izvesti avtorsko predstavo z naslovom Au­delà de toute expression ( Onkraj besed). Odločili smo se, da bomo predstavo izvajali po krajših medsebojno povezanih skečih, liki pa so se prepletali skozi celotno predstavo. Rdečo nit so predstavljale fraze s prenesenim pomenim, ki so bile eden večjih izzivov prvega letnika študija. Frizerka, ki je sodelovala v kvizu, kjer je bilo govora o etimološkem izvoru besed in fraz, je v eni izmed naslednjih scen frizirala in izvajala spriritualno čiščenje. Absurdno? Morda. A zato še toliko bolj smešno. Prenos tečaja preko Zooma? Še pred štirimi leti bi se mi to zdelo bizarno, nemogoče, dandanes pa se nam zdi samoumevno. 125 Les théâtreux - FINAL.indd 125 13. 05. 2024 14:21:34 A kako v predstavo dodati tudi ta del in gledalcem pokazati, kako smo študentje preživljali študij na daljavo? Nič lažjega, prelevimo se v vloge, najdemo filtre, ki našo študentsko sobo v hipu spremenijo v modernistično (in minimalistično opremljeno, kajpada) sobo, sortiramo perilo, vse skupaj posnamemo in predvajamo v dvorani. Mešanica gledališča in filma? Zakaj pa ne. Seveda pa biti del gledališke skupine ni le vsakoletna predstava, večinski del predstavljajo celoletne vaje, vse od spoznavnega srečanja, začetnih vaj, improvizacij, vaj z dejanskim scenarijem pa vse do zadnje generalke, ki velikokrat poteka le nekaj ur pred premiero. Vsako vajo pričnemo z ogrevanjem, saj je gledališče lahko telesno naporno, pri čemer si vsekakor ne želimo poškodb, čeprav žal nanje nismo imuni, a vse to je potrebno vzeti v zakup. Sama sem si med eno izmed vaj izpahnila koleno, tisti trenutek se mi je seveda zdelo grozno, a ko zdaj pogledam nazaj, to jemljem le kot še eno izkušnjo, ki je prispevala k pisanemu mozaiku mojega gledališkega udejstvovanja. Levji delež vaj je seveda improvizacija, preko katere se počasi vpeljemo v igro, spoznavamo med seboj, postanemo bolj domačni, hkrati pa, saj smo francoska gledališka skupina, na zanimiv način vadimo in utrjujemo znanje francoskega jezika. Med improvizacijo ni časa za razmišljanje, živeti je treba tukaj in zdaj, včasih se zgodi, da se zgodba odvije v zelo nepričakovano smer, a na koncu je rezultat vedno odličen. Vsak režiser (odkar sem sama del gledališča, smo imeli tri režiserje) poskrbi za svoj način dela, ki je drugačen, a hkrati tako podoben prejšnjemu, da se še vedno počutimo domače. Nekateri režiserji večjo vlogo namenjajo improvizaciji, nekateri scenariju, prav vsak pa v sam proces dela vključi tudi nas, igralce. Zavedamo se, da še zdaleč nismo profesionalci, a na neki način nas ravno to dela edinstvene. Po vajah občasno sledi še neformalno druženje, ki nas le še dodatno poveže med seboj, kar je vsekakor zelo pomemben del gledališča, pa tudi same predstave, saj se je za dober rezultat, tj. dobro izvedeno predstavo, treba sprostiti, stopiti iz cone ugodja in navaditi drug na drugega, vsako tako druženje pa nas le še dodatno zbliža. 126 Les théâtreux - FINAL.indd 126 13. 05. 2024 14:21:34 Slika 1: Forfanteries, Olivier Coyette. Les Théâtreux na odru v Albiju, 2018. / Les Théâtreux sur scène à Albi, 2018. (Vir / Source : Patricija Čamernik) Slika 2: Hot Jazz, Marcel Kervan. CSK France Prešeren, 2020. (Vir / Source : Patricija Čamernik) 127 Les théâtreux - FINAL.indd 127 13. 05. 2024 14:21:34 V letih, ki sem jih preživela v družbi “teatrovcev”, smo doživeli marsikatero prigodo. Skupaj smo hodili na pijačo, debatirali o vsem mogočem, občasno so bile teme naših pogovorov povsem običajne, vsakdanje, včasih smo le debatirali o študiju, včasih pa nas je odneslo v svoj svet, kjer smo se ukvarjali z že skoraj filozofskimi vprašanji. Skupaj smo kdaj tudi “zažurali”, se ponoči potikali po Ljubljani in v želji, da bi si našli kaj za pod zob, iskali odprte trgovine. Vsako leto so nas proti koncu našega ustvarjanja čakale intenzivne priprave, navadno preko celotnega vikenda, ko smo dva dni posvetili le gledališču in naši predstavi. To je bil gotovo eden izmed mojih najljubših delov teatra, od dopoldneva pa tja do poznega popoldneva smo vadili, improvizirali, petnajstkrat ponovili sceno, ki še vedno ni bila popolna, a na koncu je vedno uspelo. Nedelja se je zaključila fenomenalno, mi pa smo vedno znova dobili nov žarek upanja in novo dozo samozavesti, da nam bo definitivno uspelo izvesti odlično predstavo, pa čeprav smo tekom leta morda malce manj intenzivno sodelovali. Študentsko gledališče namreč ne bi bilo študentsko, če se tudi ustvarjanja predstave ne bi lotili kampanjsko. Lokacije intenzivnih vikendov so bile različne, včasih je vikend potekal v prostorih našega drugega doma, navadno v predavalnici 13, ki je postala naša delovna dvorana, občasno pa smo se “teatrovci” usedli v avto in odpravili na pot. Leta 2019, ko je bila naša skupina manjša, smo se usedli v kombi in se odpravili proti morju. Namestili smo se v Poreču, v mansardici s skoraj idiličnim pogledom na morje, vaje pa smo izvajali kar na plaži. Naslednji dve leti smo naš intenzivni vikend preselili v Laško, kjer smo v podzemni dvorani vedno znova našli nove in nove ideje, kako narediti našo predstavo še boljšo. Vikendi so bili delavni, seveda pa nikakor nismo pozabili tudi na zabavo in druženje. Po vsakem intenzivnem vikendu smo se le še bolj povezali med seboj, se še bolje spoznali in izgubili morebitne zadržke. Gledališče v tujem jeziku poleg zabavnega načina preživljanja prostega časa prinaša tudi druge pozitivne lastnosti. Gotovo je prav vsak izmed nas opazil ogromen napredek v govorjeni francoščini. Teater nas je namreč v izjemno sproščenem in prijetnem okolju ves čas spodbujal k čim večji uporabi francoščine, predvsem pri improvizaciji, ko si je bilo treba takoj v glavo priklicati scenarij in 128 Les théâtreux - FINAL.indd 128 13. 05. 2024 14:21:34 ga odigrati v francoščini. Seveda pa je bilo treba paziti na jezik tudi, ko smo v roke dobili scenarij: izgovorjava, naglaševanje, ritem, hitrost govora. Velikokrat je scenarij bil napisan v moderni, vsakdanji francoščini, z rabo pogovornih besed, slenga, tudi kletvic. Vsaj zase lahko rečem, da mi je teater neizmerno pomagal pri izgovorjavi in uporabi malo manj formalne francoščine, ki mi je kasneje prišla prav, ko sem govorila z naravnimi govorci francoščine, saj je izpadla bolj realistično in manj naučeno kot bi sicer. Poleg napredka v jeziku je teater ogromno pripomogel tudi k večji samozavesti, predvsem pri nastopanju v javnosti. Kot sem omenila že na začetku prispevka, sem sama od nekdaj imela kar nekaj težav z nastopanjem v javnosti, vsaka javna predstavitev med šolanjem in študijem mi je predstavljala stres. Še zdaj se spomnim prve predstave maja 2017, ko sem v zaodrju Kosovelove dvorane Cankarjevega doma nervozno čakala na pričetek. Tistih nekaj minut, tik preden sem stopila na oder, se je vleklo, a hkrati minilo v hipu, neopisljivo. Globoko sem zajela sapo, počasi izdihnila in se odpravila na oder. Trema je že po nekaj minutah pričela minevati in začelo se je nekaj, kar me pri predstavah spremlja še danes. Težko opišem ta enkratni občutek, nekakšna mešanice evforije, veselja, zanosa, zabave, skratka, občutek, ki ga človek želi podoživeti znova in znova. Morda je tudi ta občutek tisto, kar me že sedem let spodbuja k sodelovanju v skupini, čeprav že dolga leta nisem več študentka in se na čase počutim, kot da ne spadam več v študentsko gledališče. Kakorkoli, s pomočjo teatra sem se naučila nastopanja v javnosti – ko enkrat stojiš v dvorani, kjer je okoli sto ljudi, ki gledajo in spremljajo vsak tvoj korak, se ti nastopanje pred predavalnico ali v razredu zdi povsem trivialno. Kasneje, ko sem nekaj časa delovala kot učiteljica francoščine in zgodovine v osnovni šoli, mi je to vedenje prišlo še kako prav. Prav tako sem vaje, ki sem se jih naučila pri teatru, dodala v ogrevanje pri svojih urah in nadomeščanjih ter v času podaljšanega bivanja, ko so učenci potrebovali dodatno popestritev in spremembo ustaljenega ritma. Tekom let je naša skupina ostajala bolj ali manj enaka, vedno je kdo odšel in tudi na novo se nam je kdo pridružil, a glavnina skupine je ostala enaka. To nas je le še bolj povezalo in povzročilo, da smo se počutili vedno bolj domače, kar se je seveda poznalo tudi pri igri, saj smo se vsi dobro poznali in znali predvidevati, 129 Les théâtreux - FINAL.indd 129 13. 05. 2024 14:21:34 kako se bo kdo odzval. Smo se pa vedno razveselili novih članov, ki so v skupino prinašali nekaj svojega, drugačnega. Teater je nekaj živega, spremenljivega in menjavanje članov je sestavni del procesa. Cankarjev dom, Stara elektrarna, Mini teater, Pionirski dom, nekdanji KUD France Prešeren, JSKD Skladovnica, vse to so bili kraji, kjer smo pustili svoj gledališki odtis. Niti dva kraja si nista bila podobna, veliko je bilo prilaga-janja, občasno tudi težav z organizacijo, tehniki so bili včasih bolj, včasih manj pripravljeni pomagati, postavljali smo oder, iskali paravane in nanj obešali zavese, da smo dobili improvizirana okna, lepili črte po tleh, nosili stole, mize, sceno okraševali z baloni, si privoščili torto iz slaščičarne in enostavno uživali v trenutku, ki nam je bil dan. Pozneje je občasno sledila pogostitev, seveda pa smo se po vsaki končani predstavi odpravili na zasluženo proslavljanje. Pica, pijača, tudi hitra prehrana, nismo bili kaj dosti izbirčni. Poleg same igre se je bilo treba ukvarjati še s tehničnimi zadevami, da bi lahko izvedli kar se da najboljšo verzijo predstave. Vsako leto smo pripravili slovenske podnapise (no, nadnapise, saj smo jih navadno predvajali nad sceno), večino publike so namreč predstavljali naši prijatelji in sorodniki, ki pa niso bili vedno vešči v francoščini. Ustvarjanje podnapisov pa seveda ni obsegalo le golega prevajanja iz francoščine v slovenščino (ki je včasih bilo prav trd oreh), pač pa tudi razmislek o tem, kako hitro so gledalci sposobni brati, pri čemer je treba paziti, koliko znakov gre v določeno vrstico. Premiera je poleg še zadnjih popravkov in navajanja na vsakič drugačno sceno pomenila tudi preverjanje in usklajevanje nadnapisov, navadno so nam pri predvajanju pomagali nekdanji člani skupine. Naše predstave smo vedno tudi snemali in pozneje naložili na youtube, da so si jih lahko ogledali tudi tisti, ki se predstave iz različnih razlogov niso mogli udeležiti. Pri pripravi na predstavo so nam pogosto pomagali profesionalci, ki so organizirali celodnevne delavnice. Te so naš končni izdelek dvignile na še višjo raven, sami pa smo se naučili marsikaj novega in zanimivega, pri čemer smo se, kar je bilo tudi najpomembnejše, predvsem zabavali. Mislim, da je to najpomembnejša stran gledališča, ne smemo ga dojemati kot nekakšno obvezo, saj nam vsem, glede na to, da nismo poklicni igralci, predstavlja le enega izmed 130 Les théâtreux - FINAL.indd 130 13. 05. 2024 14:21:34 hobijev, s katerim se ukvarjamo. Seveda, amatersko gledališče s seboj prinese tudi raznorazne prednosti in koristi, a v prvi vrsti je to le hobi, eden izmed načinov preživljanja prostega časa, nekaj, kar naj bi bilo zabavno in sproščujoče. Biti del gledališke skupine je bil definitivno eden izmed najlepših delov mojega študentskega pa tudi poštudentskega življenja. Vedno sem si govorila, da je bila odločitev, da se pridružim skupini, ena izmed najboljših odločitev, ki sem jih sprejela v življenju, in če bi se lahko odločila znova, bi se zagotovo odločila enako. Teater mi je odprl povsem nov svet, zaradi njega sem spoznala veliko novih ljudi, spletla še globlja prijateljstva, potovala, doživela stvari, za katere si nikoli nisem mislila, da jih bom, se zabavala in preprosto uživala življenje. Les Théâtreux bodo za večno ostali v mojem srcu, tudi ko bom enkrat v prihodnosti zapustila skupino, za to izkušnjo pa ostajam neizmerno hvaležna. Na še nadaljnjih 40 let! Slika 3: Les Mouches, Jean­Paul Sartre. Stara elektrarna, 2021. Od leve proti desni stojijo / De gauche à droite : Luka Kürner, Katja Štefanič, Alex Centa, Tamara Zupan, Jakob Grčman, Sanja Sabolovič, Patricija Čamernik, Vita Merela, Sara Košir, Maja Koražija, Klara Jamšek, Milica Rimanovska, Mihaela Štiglic, Eva Poklukar, Katarina Pobežin, Maja Tomšič, Mia Grčman. (Vir / Source : Sanja Sabolovič) 131 Les théâtreux - FINAL.indd 131 13. 05. 2024 14:21:34 Slika 4: Au­delà de toute expression, Maja Koražija. Od leve proti desni stojijo / De gauche à droite : Maja Koražija, Jošt Martinčič, Basia Wasiuk, Klara Jamšek, Katja Štefanič, Polina Bychkova, Sanja Sabolovič, Blažka Dolenc, Sara Košir. (Vir / Source : Sanja Sabolovič) 132 Les théâtreux - FINAL.indd 132 13. 05. 2024 14:21:35 Arhiv gledaliških plakatov in listov Archives des affiches et programmes de théâtre Les théâtreux - FINAL.indd 133 13. 05. 2024 14:21:35 Les théâtreux - FINAL.indd 134 13. 05. 2024 14:21:35 135 Les théâtreux - FINAL.indd 135 13. 05. 2024 14:21:36 136 Les théâtreux - FINAL.indd 136 13. 05. 2024 14:21:36 137 Les théâtreux - FINAL.indd 137 13. 05. 2024 14:21:39 138 Les théâtreux - FINAL.indd 138 13. 05. 2024 14:21:44 139 Les théâtreux - FINAL.indd 139 13. 05. 2024 14:21:49 140 Les théâtreux - FINAL.indd 140 13. 05. 2024 14:22:02 141 Les théâtreux - FINAL.indd 141 13. 05. 2024 14:22:06 142 Les théâtreux - FINAL.indd 142 13. 05. 2024 14:22:06 143 Les théâtreux - FINAL.indd 143 13. 05. 2024 14:22:06 144 Les théâtreux - FINAL.indd 144 13. 05. 2024 14:22:06 145 Les théâtreux - FINAL.indd 145 13. 05. 2024 14:22:06 146 Les théâtreux - FINAL.indd 146 13. 05. 2024 14:22:07 147 Les théâtreux - FINAL.indd 147 13. 05. 2024 14:22:08 148 Les théâtreux - FINAL.indd 148 13. 05. 2024 14:22:08 149 Les théâtreux - FINAL.indd 149 13. 05. 2024 14:22:08 150 Les théâtreux - FINAL.indd 150 13. 05. 2024 14:22:08 151 Les théâtreux - FINAL.indd 151 13. 05. 2024 14:22:08 152 Les théâtreux - FINAL.indd 152 13. 05. 2024 14:22:08 153 Les théâtreux - FINAL.indd 153 13. 05. 2024 14:22:09 154 Les théâtreux - FINAL.indd 154 13. 05. 2024 14:22:10 155 Les théâtreux - FINAL.indd 155 13. 05. 2024 14:22:10 156 Les théâtreux - FINAL.indd 156 13. 05. 2024 14:22:10 157 Les théâtreux - FINAL.indd 157 13. 05. 2024 14:22:11 158 Les théâtreux - FINAL.indd 158 13. 05. 2024 14:22:11 159 Les théâtreux - FINAL.indd 159 13. 05. 2024 14:22:13 160 Les théâtreux - FINAL.indd 160 13. 05. 2024 14:22:13 161 Les théâtreux - FINAL.indd 161 13. 05. 2024 14:22:14 162 Les théâtreux - FINAL.indd 162 13. 05. 2024 14:22:14 163 Les théâtreux - FINAL.indd 163 13. 05. 2024 14:22:15 164 Les théâtreux - FINAL.indd 164 13. 05. 2024 14:22:15 165 Les théâtreux - FINAL.indd 165 13. 05. 2024 14:22:16 166 Les théâtreux - FINAL.indd 166 13. 05. 2024 14:22:17 167 Les théâtreux - FINAL.indd 167 13. 05. 2024 14:22:19 168 Les théâtreux - FINAL.indd 168 13. 05. 2024 14:22:21 169 Les théâtreux - FINAL.indd 169 13. 05. 2024 14:22:24 170 Les théâtreux - FINAL.indd 170 13. 05. 2024 14:22:26 171 Les théâtreux - FINAL.indd 171 13. 05. 2024 14:22:29 172 Les théâtreux - FINAL.indd 172 13. 05. 2024 14:22:31 173 Les théâtreux - FINAL.indd 173 13. 05. 2024 14:22:32 174 Les théâtreux - FINAL.indd 174 13. 05. 2024 14:22:35 175 Les théâtreux - FINAL.indd 175 13. 05. 2024 14:22:37 176 Les théâtreux - FINAL.indd 176 13. 05. 2024 14:22:39 177 Les théâtreux - FINAL.indd 177 13. 05. 2024 14:22:41 178 Les théâtreux - FINAL.indd 178 13. 05. 2024 14:22:42 179 Les théâtreux - FINAL.indd 179 13. 05. 2024 14:22:42 180 Les théâtreux - FINAL.indd 180 13. 05. 2024 14:22:42 Iskreno se zahvaljujem študentom, ki so v vseh teh letih in okoliščinah s svojo zavzetostjo in vztrajnostjo omogočili razvoj in obstoj gledališke skupine, ki smo jo z veseljem poimenovali »Les théâtreux«. Bilo je lepo in nepozabno doživetje, za katerega upam, da bo trajalo. Joséphine Ferrari 14. 9. 2023 Prevod: Nadja Dobnik 181 Les théâtreux - FINAL.indd 181 13. 05. 2024 14:22:42 182 Les théâtreux - FINAL.indd 182 13. 05. 2024 14:22:42 Les Théâtreux – šola prijateljstva, poezije in življenja Nadja Dobnik S alut à celui qui marche en sûreté à mes côtés au terme du poème. Il passera demain, debout sous le vent. S temi besedami se je zaključil pesniški večer, z naslovom »René Char: entre lucidité et émerveillement«, ki smo ga leta 1984 pripravili v Francoskem kulturnem centru. Tega večera ni na dolgem seznamu predstav gledališke skupine Les Théâtreux, pa vendar smo bili na tem enem in edinem večeru zbrani vsi člani male Prévertove skupine. Brez dvoma ga na tem mestu omenjam zato, ker so se mi pesnikove besede vtisnile v spomin globlje od neštetih replik in besedil, ki smo jih uprizarjali v naslednjih letih. Sodelovanje v gledališki skupini je vsekakor pomenilo nastope pred občinstvom, še veliko bolj pa je bil to naš način življenja, šola poezije, avantura prijateljstva in zavezništva. Mojih šest let sodelovanja v skupini se ujema z obdobjem, ko je bila Joséphine Ferrari lektorica na Filozofski fakulteti v Ljubljani, in torej z začetki skupine Les Théâtreux. Govoriti o tej izkušnji danes, po štiridesetih letih, pomeni podoživeti tisti čas skozi prizmo bogate palete spominov, občutij, drobnih besed in prijateljskih namigov, izbruhov smeha, včasih trenutkov utrujenosti in jeze, vedno in predvsem pa navdušenja, ponosa in velikega veselja. Prepričana sem, da je štirideset let Les Théâtreux 183 Les théâtreux - FINAL.indd 183 13. 05. 2024 14:22:42 prežetih z enakimi občutji in spomini študentov, ki so v vseh teh letih sodelovali v skupini. V tisti čas in svoje spomine nanj se bom na kratko vrnila na način mojstra Pereca in njegovega Je me souviens… Spominjam se, da se je zame vse skupaj začelo oktobra 1983, ko je skozi vrata predavalnice 410 stopila Joséphine Ferrari za naše prve francoske vaje v 2. letniku. V učilnici nas je sedelo približno dvajset, kolikor se nas je prebilo v višji letnik, in veseli smo bili novega obraza. In Joséphine ni bila samo Franco-zinja, ampak je poleg tega prihajala iz Neaplja, kar se je meni, ki sem študirala italijanščino, zdelo fascinantno. Spominjam se, da je prva pobuda za skupno predstavo prišla po večeru brucovanja novembra 1983, ko je Jos predlagala, da pripravimo večer poezije Jacquesa Préverta: sodelovali smo Sabina, Aljoša, Matjaž in jaz. Spomnim se naših bralnih vaj, priprav na nastop in nato 24. aprila 1984 premiere v Francoskem kulturnem centru. Z Michelom, ki recital zaključil s Prévertovimi Compagnons des mauvais jours. Spomnim se tudi naših predstav v Cankarjevem domu in v Mariboru, in zaščitniške naklonjenosti Noëla Favrelièra. Še vedno se dobro spominjam našega načina recitiranja, gibov, drže, melodije glasu. Spominjam se, kako sem komaj zadržala izbruh smeha, ko sta v popolni temi okrogle dvorane Cankarjevega doma Matjaž in Aljoša prižgala vsak svojo vžigalico drug ob drugem na vrhu stopnic, namesto da bi si stala nasproti, vsak na svojih stopnicah: vsakič, ko stopim v to dvorano, se nasmehnem ob spominu na ta prizor. Prav posebej se spomnim treh plakatov, ki sem jih naredila za premiero Prévertovega recitala in od katerih je eden skrivnostno preživel vse peripetije in selitve v mojem življenju in mi še danes dela družbo nad pisalno mizo. Spominjam se, da sta nas Noël in Jos po predstavi v Cankarjevem domu peljala k Mikiju, v legendarno restavracijo PEN-a, kjer sva s Sabino prvič jedli lista (ali je bil losos?) in za sladico kivi. In da me je Noël naučil jesti kivi z žličko in se mu od tedaj vedno zahvalim, ko jem kivi, ker ima to prav poseben pridih francoske prefinjenosti. Spominjam se Leonide, Gordane in Tanje v Ionescovih Exercices de conversations et de diction françaises (1985), nasmejanih, očarljivih in prekipevajočih 184 Les théâtreux - FINAL.indd 184 13. 05. 2024 14:22:42 z rdečimi srčki na licih, na kostumih in v očeh. Predvsem pa se spomnim Jos, nepozabne in veličastne v vlogi »grande femme«, in res mi je žal, da je bila to ena njenih redkih vlog. Spominjam se grozljivega Dieu-Cancre, Boga-Cvekarja, Boga-Klovna iz Classe terminale, naše prve gledališke igre, ki pravzaprav predstavlja začetek gledališke skupine. Ime Les Théâtreux je prišlo šele nekaj let kasneje, še leta 1986 smo nastopali kot »gledališka skupina katedre za francoščino«. Spominjam se naših sobotnih dopoldanskih vaj v Francoskem centru, našega navdušenja in zavezništva, naše želje, da bi bili skupaj, brez vsake pretencioznosti. Aljoša, Ivo, Matjaž, Mirko, Boštjan, Sabina, Irena. In Noël, naš nepogrešljivi pokrovitelj in zaščitnik, skrit v kostumu strašljivega Cvekarja. Spominjam se besed Annick, moje vloge v Classe terminale: Il ne faut pas nous en vouloir si nous sommes jeunes ; nous ne sommes pas vos ennemis. Nous venons de naître devant vous, il y a quelques instants ; nous venons de naître du ventre de toutes les télévisions jetés vifs dans la fosse aux millions, dans la fosse aux robots, dans la fosse aux protons, aux électrons, escortés d’un vol noir de corbeaux au milieu des bonté maléfiques, des cités apoplectiques, au milieu des machines en fusion, des fusées, des tombes, des bombes, des reines de beauté, des animaux hagards, des jeux pour les vieillards, au milieu de l’océan visqueux de la publicité, du sexe considéré comme rentabilité, au milieu des orgues de la bêtise grave... Sredi do-nenja pošastne neumnosti. Besede, ki jih je mojster René de Obaldia napisal leta 1973, so me brez dvoma zaznamovale, in ta seznam, čeprav na njem še ni interneta, ostaja popolnoma aktualen. Tudi po zaslugi teh besed sem kasneje bolje razumela Michela Serresa in njegovo Palčico, verjetno so navdihovale tudi moje delo s študenti. »Seule notre colère n’est pas polluée!« Samo naša jeza še ni zastrupljena, še pravi Annick, in verjetno sem te besede vzela zelo resno, saj je tudi moja jeza nad neumnostjo, brezobzirnostjo in napuhom še danes brezhibna. Spominjam se Noëla, ki rjove za rešetkami svoje kletke v Prévertovem Le pauvre lion (1986). Rastka, veličastnega v vlogi direktorja, Vesne in Mirka, snobovskega in vzvišenega para, oskrbnika Boštjana, Tajde, Bronke, Agate, Tomaža, Natalije, Tanje, Iva in Michela. In tega, kako sem uživala v svoji vlogi 185 Les théâtreux - FINAL.indd 185 13. 05. 2024 14:22:42 »petite vieille«, ob kateri mi je postalo jasno, da si v življenju zelo redko lahko izbereš svojo vlogo, ko pa jo vzameš za svojo, lahko v njej neznansko uživaš. Dobro se spomnim Leonide in Aljoše v vlogah Nje in Njega v Les amants du métro (1987). Malo manj pa se spomnim drugih – anonimnih potnikov v metroju, z obrazi, skritimi za maskami. Tistega leta smo bili čudovita druščina. S prav posebno ganjenostjo se spominjam našega klovnovskega leta s predstavo Le Contre­Pitre (1987) in skečem Mais c’est fou, ki ga je napisal Noël. Spomnim se veličastne Agate v vlogi »pape de clowns«, »incomparable à tout« in navihane Bronke v vlogi klovnovskega vajenca z imenom »Qui-es-tu«. Pa čarobne Vesne in prijaznega Tomaža, našega razposajenega tropa klovnov in pavlih. Spominjam se naših vaj, nebrzdanega smeha, domislic in improvizacij, naših čudovitih kostumov in lasulj. Neskončno smo se zabavali, in to brez najmanjše možnosti, da bi se jemali resno. Manj dobro se spomnim Molièrove igre La jalousie du Barbouillé, ki smo jo igrali istega leta kot prvi del predstave. Naša klovnovska druščina je bila namreč med prvim delom predstave zaprta za odrom, zato smo igro videli samo na vajah, nikoli na odru. Pa vendar se zelo dobro spominjam Sabine in Rastka, ki sta bila v svojih vlogah prečudovita, aristokratsko lepa in prefinjena, s pridihom mladostne plemenitosti, ki je v poklicnih gledališčih ne vidiš. Poglejte fotografije in vam bo jasno. Spominjam se našega velikega leta 1988, ko smo uprizorili Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron Jeana Anouilha. Boštjan in Vesna sta bila nepreko-sljiva v vlogah Adolpha in Elodie, zakonskega para v začaranem krogu večnih prepirov, razblinjenih iluzij in brezupnih frustracij. Še vedno slišim »J’aime pas les épinards«, besede, ki jih ponavlja Bronka-Toto, žalostni in osamljeni otrok, nemočen ob starših v delirijih utvar in fantazij. In še kako dobro se spominjam fascinantnega tanga, ki sta ga odplesala Agata in Boštjan, kakšen žlahten užitek! In Rastka-Adonarda, prečudovitega v vlogi Elodijinega namišljenega ljubimca. In nežne melanholije Sabine v vlogi mladega dekleta Josyane. Prav posebej se spominjam svoje vloge Mademoiselle Tromph in brez lažne skromnosti se sprašujem, ali je kdajkoli kdo bolje utelesil to grozno žensko. In spomnim se prhe, ki sem si jo izmislila za razkošno jutranje uživanje Boštjana-Adonarda v 186 Les théâtreux - FINAL.indd 186 13. 05. 2024 14:22:42 prvem delu predstave; to sestavljivo prho iz lesenega ogrodja smo prevažali v svoji prtljagi z vsemi kostumi, jedilnim servisom in rekviziti. Spominjam se čarobnega vzdušja predstave, ki smo jo odigrali na festivalu v Meinzu v Nemčiji, z izjemnim občinstvom, nenehnimi aplavzi in izbruhi smeha. Predvsem pa naše neizmerne radosti, da igramo in da smo skupaj. Nedvomno je bil to eden vrhuncev naše skupine. Prav poseben pa je spomin na našo odpravo v Avignon julija 1988, po zaslugi Noëla, ki nam je priskrbel šest štipendij za festival (še enkrat hvala, Noël!) – dveh nepozabnih tednov v francoskem svetišču gledališča za našo malo, močno povezano bratovščino: Sabino, Vesno, Tomaža, Agato in Primoža. Spominjam se replike »Je m’en vais vaguement convaincu d’avoir bien fait«, ki je bila rdeča nit prečudovite predstave, ki smo si jo ogledali skupaj, besed, ki smo jih še dolgo ponavljali kot prava klovnovska druščina. In še vedno imam pred očmi veličastnega Michela Piccolija v predstavi Le Conte d’hiver, ki smo jo videli na Cour d’honneur Papeške palače. Spominjam se šestih iskrivih, duhovitih Pièces détachées Jeana-Michela Ribesa, ki smo jih igrali leta 1989. Vseh prizorov nimam prav dobro v spominu, ker smo večinoma vadili ločeno, se pa zelo dobro spominjam Daše in Mete iz našega skeča Tourisme. Spominjam se poštarja Žige, ki kar naprej hiti čez oder z besedami: »Je suis le facteur et je vous apporte un peu de bonheur. « In kako dobro se spominjam Jos, veličastne v svojem monologu, naslovljenem na Guya: »Non Guy je ne te laisse pas tomber… mais je te demande qui s’est pendu au balcon hier soir en me menaçant de sauter…« In Rastka, elegan-tnega, aristokratskega brodolomca, ki na svojem malem splavu sredi oceana motri obzorje … motri neskončnost … in zaključi: »Mais finalement, c’est peut-être ça la vie...« Spominjam se, da je bilo leto 1989 za nekatere od nas leto nežne melanholije, povezane z dejstvom, da se študij bliža koncu in Jos odhaja iz Ljubljane. Spominjam se, da smo imeli konec maja pri Jos čudovito zabavo, s slastno torto za moj rojstni dan (še enkrat hvala, Jos!), in spominjam se je pravzaprav kot poslovilne zabave. Čeprav smo imeli junija, po nastopu v Celovcu, še en prečudovit piknik pri Vladimirju v Gozdu Martuljku. 187 Les théâtreux - FINAL.indd 187 13. 05. 2024 14:22:42 Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène­t­il pour nous solliciter si fort ? Te besede so leta odzvanjale v meni. »Zakaj prav ta pot in ne tista druga? Kam neki vodi, da nas tako zelo privlači?« Veliko kasneje sem ugotovila, da jih je napisal prav René Char. Danes vem, da je naše druženje v gledališki skupini globoko zaznamovalo in navdihnilo moje življenje. In da mi je srečanje z Joséphine Ferrari spremenilo življenje. Zaradi njene močne, neodvisne in ne-pristranske osebnosti in brezmejne ljubezni do poezije, književnosti in kulture. Bila je zahtevna in predana, predvsem pa brezkompromisna do ciljev, ki smo si jih zadali: po najboljših močeh narediti dobro predstavo. Z nami je delala kot z odgovornimi odraslimi, brez neutemeljenih pohval in nezasluženih priznanj in brez »lahko bi bilo bolje«. Nikoli nisem vedela, kako naj se ji zahvalim. Dokler mi ni postalo jasno, da je pravi način, da se zahvališ nekomu, ki te je navdihnil in ti spremenil življenje, ta, da najdeš svoj način, kako prisluhneš drugim, jih navdušiš in podpreš pri njihovih projektih. Za to si prizadevam s svojimi prevodi in pri svojih projektih z mladimi. Besedilo v slovenščini: Nadja Dobnik 188 Les théâtreux - FINAL.indd 188 13. 05. 2024 14:22:42 Ma madeleine ? Le kiwi ! Aljoša Dobovišek Ma madeleine ? Le kiwi ! Longtemps, je me suis remémoré, à chaque rencontre avec ce fruit, le moment et le lieu où j’en avais fait la connaissance, où j’en avais peut-être même entendu parler pour la première fois, où du moins je l’avais vu et j’y avais même goûté : au printemps 1984 au Pen. Les autres souvenirs sont moins précis, près de quatre décennies plus tard… Jos avait préparé un récital des poèmes de Prévert, avec Nadja, Sabina et Matjaž de la deuxième année des études de français. Les bizuts m’avaient convaincu d’y participer, nous avions également convié Michel et Noël, lequel nous avait invités à dîner après le récital (c’était d’ailleurs la première fois que j’allais chez Miki). Légende ou simple anecdote concernant celles et ceux qui comptaient parmi les légendes : Joséphine Ferrari, lectrice bientôt légendaire, nous a rapidement permis de l’appeler Jos, et après avoir découvert que ladite Jo s’écrivait avec un s, nous l’avons affectueusement surnommée Josa entre nous ; Nadja se nommait Urbanija, elle est désormais Dobnik ; Sabina et Matjaž sont, paraît-il, toujours Melavc et Birk (qui est - et fut - également un enfant prodige) ; moi, Aljoša, j’étais Arko, je suis désormais Dobovišek ; Michel était lecteur Renault, et Noël Favrelière, quant à lui, était le fameux directeur du 189 Les théâtreux - FINAL.indd 189 13. 05. 2024 14:22:42 Centre culturel français. Je ne sais pas si Noël avait participé à la récitation ou s’il nous avait simplement prêté l’espace, par gentillesse, pour que nous y jouions, ne rejoignant la troupe que lors d’une saison. C’est précisément à cette époque-là qu’il avait ajouté Charles Nodier au nom du Centre culturel français à l’entrée duquel il avait fait installer à l’entrée un buste de l’écrivain réalisé par Jakov Brdar. C’est également lui qui, plus tard, aura imaginé le nom de la troupe, Les Théâtreux. Nous aimions fréquenter la bibliothèque ou la salle de lecture situées dans le bâtiment du couvent des Ursulines, au coin de ce qui était alors Titova cesta et Ulica Josipina Turnograjska – on disait qu’on al ait au FKC1 – et nous avons accueilli avec enthousiasme la proposition d’y organiser un récital. Partant d’une initiative de Jos, Nadja, Sabina et Matjaž (et Michel ?), au début de l’année universitaire 1983/84, les collègues m’avaient enrôlé dans un cours de littérature que suivaient les étudiants et étudiantes des deux premières années. Chacun d’entre nous avait choisi deux ou trois poèmes de Jacques Prévert. Pour ma part, je me souviens clairement de La grasse matinée, poème pour lequel Jos m’avait aidé à perfectionner mon interprétation. Je me souviens aussi de son interprétation nonchalante et pleine d’esprit d’ Il faut passer le temps que j’ai tenté plus tard de reproduire devant un public français. Pour ce qui est des autres poèmes, je ne suis plus sûr de qui avait récité quoi, je ne me souviens même plus de tous les titres. Michel jouait-il de la guitare entre les poèmes ou pendant sa récitation ? Je garde surtout en mémoire les éloges du public au premier rang sur mon r français, dont j’appris plus tard, en France, qu’il n’était pas très français : une connaissance m’avait pourtant complimenté (!) sur le fait que mes « roulements » se mariaient bien avec Prévert… Eh oui ! j’ai grandi en écoutant Édith Piaf. Les bases de la troupe de théâtre en français avaient été posées. Jos l’a dirigée jusqu’à son retour en France. Au fil du temps, Les Théâtreux ont grandi et se sont multipliés, leur répertoire est devenu plus ambitieux : véritablement théâtral dès l’année suivante, puis de plus en plus exigeant. Grâce à cette expé- rience d’amateur, certains sont allés au conservatoire supérieur d’art dramatique, l’un d’entre nous a même réussi le concours d’entrée avec brio, ce qui n’était 1 Francoski kulturni center : Centre culturel français. 190 Les théâtreux - FINAL.indd 190 13. 05. 2024 14:22:42 apparemment qu’une mise en bouche puisqu’il n’a finalement pas poursuivi, au grand dam de la commission. Je révélerai seulement le fait que son nom et son prénom riment avec « oddan člančič2 », et c’est avec nostalgie que je terminerai cet article de souvenirs en empruntant les mots de Nodier : Les rêves sont ce qu’il y a de plus doux et peut­être de plus vrai dans la vie. Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 2 Traduction : petit article rendu. 191 Les théâtreux - FINAL.indd 191 13. 05. 2024 14:22:42 192 Les théâtreux - FINAL.indd 192 13. 05. 2024 14:22:42 Mes Théâtreux (1984-2004), croquis dramaturgique Boštjan Zupančič Mes Théâtreux : 1. 1985, Obaldia, Classe terminale : Yves 2. 1986, Prévert, Le Pauvre lion : le gardien ; Tardieu, Les Amants du métro : voyageur 3. 1987, Molière, La Jalousie du Barbouillé : le Barbouillé 4. 1988, Anouilh, Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron : Adolphe/Louis XVI 5. 1989, Ribes, Pièces détachées : naufragé ; soldat 6. 1990, Molière, Dom Juan : Sganarelle 7. 1991, Vian, Tête de méduse : mise en scène, Charles 8. 1993, Jarry, Ubu roi : Père Ubu 9. 1995, Genet, Le Balcon : Général 10. 1996, Molière, Le Bourgeois gentilhomme : Covielle 11. 1997, Marivaux, La Dispute : le Prince 12. 2004, Maeterlinck, La Princesse Maleine : le Roi Hjalmar 193 Les théâtreux - FINAL.indd 193 13. 05. 2024 14:22:42 Éléments dramatiques : • De gardien de zoo à roi de Hollande. • Il y a 40 ans ?! 20 ans (?!) et 12 spectacles. • C’est loin, tout ça… • Pourquoi ? – Le français, mon amour ; le théâtre, mon amour… • Joséphine • Le printemps à Ljubljana sent le théâtre. • Jasna • D’octobre à avril : répétitions, répétitions, répétitions… Fin avril : la première ! • Elza • Répétitions au Centre culturel français (à présent un resto asiatique) • Noël • Trouver des sponsors (autrefois, c’était possible) • Ruli • Cankarjev dom, Théâtre de marionnettes, Théâtre Šentjakobsko, Théâtre Mala Drama • Parfois une seule ou deux représentations, d’autres années voyages en Yougoslavie, en Slovénie, en Europe (j’ai raté le Maroc). • Koper, Ptuj, Zagreb, Belgrade, Sarajevo, Skopje, Klagenfurt, Graz, Trieste, Paris, Grenoble, Strasbourg, Édimbourg, Mayence, Cracovie… (On a joué où encore ?) • Miha • Avec la Renault 4 de Ruli à Piran, baignade en mer puis spectacle à Koper • 1986 : quelques jours après la catastrophe de Tchernobyl, des cerises (ra-dioactives ?) sur scène pendant la représentation. • Édimbourg : explosion de gaz dans la rue à côté du théâtre juste avant notre arrivée ; trois soirées avec 15 spectateurs par spectacle ; de retour à Londres en train, plein de supporters écossais qui voyagent à Paris pour un match de foot, drôle d’expérience. • En train de nuit pour Belgrade, en camionnette à Paris, en voiture à Cracovie • Skopje : on se maquille dans un escalier avec un bout de miroir cassé. 194 Les théâtreux - FINAL.indd 194 13. 05. 2024 14:22:42 • Mayence : festival de théâtre étudiant francophone ; Jo est tendue, la veille de la représentation, les étudiants - puérils ( cf. ci­dessous) - font le mur pour visiter leurs collègues de Fribourg dans un dortoir voisin ; plusieurs salves d’applaudissements prolongent la représentation d’un quart d’heure. • Concours d’entrée à l’Académie d’art dramatique • Boštjan, où est ton couteau suisse ? • Borštnikovo srečanje [ Festival de théâtre de Maribor] (1995) • Paris : Centre Wallonie-Bruxelles, rue Quincampoix tout près de Beaubourg • Tango avec Agata • Sarajevo : sur scène où moins de deux ans plus tard, pendant la guerre, Susan Sontag montera En attendant Godot. • Dédoublement : je suis sur scène et je déclame mon texte… et je me regarde du dessus… « Mince ! Ne te plante pas maintenant ! » • Côté cour ou côté jardin ?!? • « Je te connais comme si je t’avais fait » • « Cela dépend du point de vue où on se place » • « Ma sale est brosse » (sic !) • « FRAPPER des mains… HAUSSER le bras… LEVER les yeux au ciel… BAISSER la tête… REMUER les pieds… aller à DROITE… à GAUCHE… en AVANT… en ARRIÈRE… TOURNER… » • « Merdre ! » • Qui on connaît dans les médias ? • La Pratique de la culture du récit ; L’Anouilh estudiantin; Građanin plemić u Gavelli; Les étudiants de langue française sur scène ; Ubu roi ou la petite révolution sur la grande scène du Théâtre de marionnettes ; Les Ambassadeurs avec Ubu roi ; En français par excellence ; Les Dieux ne se divertissement pas plus mal ; Un beau spectacle ; Les clowns clownesques clownent ; Quand le département de langue française se fait connaître par des spectacles de théâtre ; Six pièces légères ; Deux représentations en français ; Trois fois en langue originale ; Un Molière slovène en français ; Voilà la grâce de Dieu bien appliquée ; Le Bourgeois gentilhomme dans un français noble ; Il Borghese gentiluomo in originale ; Vices et vertus, tout est égal entre les deux sexes. 195 Les théâtreux - FINAL.indd 195 13. 05. 2024 14:22:42 • « Quand est-ce que tu finiras par apprendre ton texte ? » • « Où on va après la première ? » • « … le comportement lamentable de certains étudiants irresponsables qui se croient adultes (…) alors que ce ne sont en fait que des adolescents attardés… » • « Épargnez-nous vos histoires d’Indonésie ! » • « Vous avez vraiment besoin de ce théâtre ? » • « C’est cruel comment ce désir invisible nous met à nu. » • « Si tu n’écris rien, il ne restera qu’une boîte dans le grenier. » • « Nous allons déjeuner : y aura-t-il de la salade ? Je voudrais un peu de salade. » Texte en français : Boštjan Zupančič 196 Les théâtreux - FINAL.indd 196 13. 05. 2024 14:22:42 Du théâtre à la langue Bronka Straus C’est en juin 1981 que j’ai fait ma première apparition sur une scène de théâtre, sous les projecteurs. Au terme de la première année à l’école de danse classique de Maribor, nous avons présenté notre spectacle de fin d’année. C’est après avoir assisté au ballet Giselle à l’opéra SNG de Maribor où se produisaient trois étoiles russes, deux danseuses et un danseur, que j’ai décidé de m’inscrire au conservatoire de danse classique. Le danseur Tiit Härm tenait le rôle principal masculin, Albert. Et il était si beau ! J’avais 14 ans et nous étions en 1980. À cette époque, l’âge d’entrée au conservatoire était possible à 14 ans. J’ai fréquenté le conservatoire de danse classique pendant toutes mes années de lycée, et notre spectacle de fin d’année se tenait toujours sur la scène du Théâtre nationale slovène de Maribor. J’aimais être sur scène. J’ai également participé au spectacle Fifi Brindacier, mis en scène par Iko Otrin, avec lequel nous nous sommes produits à l’Opéra de Ljubljana en 1983. En 1984, j’ai commencé mes études de français à Ljubljana. Et deux ans plus tard, je battais à nouveau les planches du théâtre Drama de Ljubljana en tant que membre du « groupe théâtral de la chaire de français de l’Université de Ljubljana ». Je me souviens qu’au début de l’année universitaire 1985/86, nous avons reçu une 197 Les théâtreux - FINAL.indd 197 13. 05. 2024 14:22:42 invitation à rejoindre la troupe créée un an plus tôt. Ma décision était prise. Et je n’étais pas la seule de ma promotion. Lorsque je regarde la photo du spectacle Le Pauvre lion de Jacques Prévert, je vois mes camarades Agata Šega, Vesna Maher, Tajda Lekše, Natalija Gorščak et Rastko Đorđević. Dans une mise en scène de Joséphine Ferrari, la lectrice française, en collaboration avec notre professeur, Vladimir Pogačnik, ils ont ensemble créé la troupe de théâtre de la chaire de français de l’Université de Ljubljana. Dans le rôle-titre du lion, Noël Favrelière, alors directeur du Centre culturel français Charles Nodier. Dans une scène vraiment mémorable de cette pièce, Noël se tenait derrière les barreaux d’une cage (la scène ayant lieu dans un zoo) et, de façon tout à fait inattendue, il s’est mis à chanter « J’aime la vie », titre qui avait remporté le concours de l’Eurovision cette année-là. Il nous a fallu à tous beaucoup de discipline pour ne pas exploser de rire ! Et son « Ah ! la belle jeunesse » reste inoubliable. La représentation se tenait en deux tableaux. Dans le premier, nous étions peu ou prou « les nouveaux », dans le second, les étudiants des années supérieures ont joué Les Amants du métro de Jean Tardieu. La page suivante de cet album photo me ramène à l’année 1987, au spectacle de clowns Le Contre­pitre de Hélène Parmelin. Outre les courts dialogues de cette même autrice, Agata Šega et moi-même avons joué dans une brève pièce de Noël Favrelière, intitulée Mais c’est fou ! Agata demande : « Qui es-tu ? » Et je réponds : « Qui es-tu. » « C’est moi qui l’ai demandé en premier, Qui es-tu ? » Et moi je réponds : « Qui es-tu. Je m’appelle Qui es-tu. » Et ainsi de suite. Très drôle. On en a ri pendant des années avec Agata. Nos costumes étaient très beaux. Je ne sais plus qui les avait cousus. Jos (c’est ainsi que nous surnommions Joséphine Ferrari) nous avait rapporté de France des bas assortis à nos costumes. Ce spectacle, tout comme le précédent, était composé de deux tableaux. Alors qu’une année auparavant nous avions joué à Drama, cette année-là, nous nous sommes produits pour la première fois au Théâtre de Šentjakob, autrement dit, le Théâtre de marionnettes de Ljubljana. Je ne me souviens plus de quel plateau il s’agissait, mais nous y avons ensuite donné plusieurs représentations. La troisième année, nous nous appelions encore le « groupe théâtral de la chaire de français de l’Université de Ljubljana ». 198 Les théâtreux - FINAL.indd 198 13. 05. 2024 14:22:42 En tournant les pages de l’album photo, je tombe sur les répétitions de Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron de Jean Anouilh qui se tenaient au Centre culturel français, lequel est devenu notre deuxième maison, bon nombre de week-ends remplaçant ainsi la fameuse salle 13, au rez-de-chaussée gauche de la Faculté de lettres. Combien d’heures sommes-nous restées assises sur ces bancs-là, à réfléchir à quoi et comment, à regarder les camarades répéter leurs scènes, à rire et à s’encourager ? À se disputer même. Mais cela faisait et fera toujours partie du jeu. Avec ce spectacle que nous avons créé sous le nom des Étudiants théâtreux en 1988, nous avons participé la même année au festival de théâtre universitaire francophone de Mayence en Allemagne. Je ne m’en souviens guère, mais je sais que la salle était pleine à craquer et que nous avions reçu une salve d’applaudissements. Lors d’une des représentations à Ljubljana, dans le rôle du petit mitron, je me rappelle une scène où, assise à table, je trifouillais dans mon assiette et j’aurais dû dire : « J’aime pas les épinards ! » Mais j’étais tellement absorbée par le tri dans mon assiette que j’ai oublié que c’était mon tour, jusqu’à ce que j’entende mon texte depuis les coulisses. C’est seulement là que j’ai réalisé le long silence sur scène alors que tous attendaient ma réplique. L’année 1989 a été marquée par la représentation de Pièces détachées de Jean-Michel Ribes. Cette année-là, notre troupe s’est particulièrement rajeunie en accueillant de nouveaux membres. Nous sommes allés jouer cette pièce à Édimbourg. Pour attirer le public, nous avions enfilé nos costumes et parcouru les rues en invitant les passants sur le campus à venir nous voir. En vain. Nous avons joué trois fois devant une salle pratiquement vide. Mais cette expérience ne nous a pas découragés. Le simple fait d’être invités ailleurs était en soi une aventure. Dans le train pour Londres, où nous avons pris ensuite l’avion, nous avons rencontré des supporters de l’équipe écossaise de football, vêtus de kilts. Ils étaient d’une joie débordante, nous étions aussi de bonne humeur, et nous avons commencé à débattre sur la rumeur selon laquelle ils ne portaient rien sous leurs kilts. Effectivement, ils n’avaient rien dessous ! Un souvenir marquant de cette pièce reste le sketch que nous avions joué avec Danuša Škapin : deux retraitées en quête de sensations fortes sont dans une agence pour réserver un 199 Les théâtreux - FINAL.indd 199 13. 05. 2024 14:22:42 voyage plein de dangers. Comme rien ne leur semble assez excitant, l’agente, fatiguée, finit par leur lancer : « Si vous revenez, vous êtes remboursées ! » Pendant mes années d’études et de fréquentation de la troupe, j’ai reçu une formation complémentaire auprès d’Andrés Valdès, dans son atelier de pantomime. Les rencontres avaient lieu plusieurs fois par semaine et certains comédiens et comédiennes, désormais reconnues, fréquentaient également ses ateliers. En 1989, j’ai joué aux côtés d’Andrés et de Jana Kovač dans leur spectacle Silence, on rit ! Les techniques relatives au mouvement, au mime, à la posture du corps dans l’espace, sur scène, que l’on avait intensément travaillées auprès d’Andrés, m’ont beaucoup aidé à composer mes rôles au sein des Théâtreux. Puis vint 1990 et notre superbe représentation de Molière, Dom Juan. Cette fois-ci sous le nom Les Théâtreux, et sans Jos dont le mandat de lectrice française à Ljubljana avait pris fin. Le nouveau lecteur, plein d’excellentes idées, était tout à fait prêt à coopérer, mais il a démissionné de son poste à la chaire de français si bien que c’est notre professeur, monsieur Pogačnik, qui a pris le relais en assurant entièrement la mise en scène. Primož Vitez (Dom Juan) et Boštjan Zupančič (Sganarelle) ont été remarquables dans les rôles principaux. Nous avions emprunté de « vrais » costumes à un théâtre, ce qui a certainement contribué au succès de la pièce que nous avons jouée dans des salles combles, même à Paris ! D’après mon journal, je comprends que nous nous étions rendus à Paris dans deux camionnettes en plein hiver, sous la neige. Nous étions logés chez des amis de notre professeur, Vladimir Pogačnik, et chez Jos. Le Centre culturel yougoslave, situé près du Centre Georges Pompidou et de notre lieu de représentation, a également soutenu notre tournée. Nous n’avons malheureusement pas pu répéter et nous avons joué sans répétition préalable. Une première depuis Sarajevo deux mois auparavant ! La représentation a été marquée par quelques complications, beaucoup de stress, de panique, des oublis de texte, mais les applaudissements ont récompensé tous nos efforts ! En 1992, j’ai obtenu mon diplôme. Je crois avoir participé pour la dernière fois au spectacle cette année-là, bien que mes souvenirs soient assez flous. J’avais déjà la tête ailleurs, j’avais un travail et j’étais en train de fonder une famille. Pourtant, 200 Les théâtreux - FINAL.indd 200 13. 05. 2024 14:22:42 quand je repense à mes années d’études, la première chose qui me vient à l’esprit est certainement le théâtre en français : Les Théâtreux. C’était une autre époque, nous vivions en Yougoslavie, nous n’avions accès qu’à très peu de moyens matériels, mais nous passions beaucoup plus de temps ensemble. Voyager n’était pas chose aisée à cette époque et pourtant nous l’avons fait, beaucoup. J’ai déjà mentionné Mayence, Édimbourg, Paris, et j’ajouterais Prague, puis Belgrade, Zagreb, Skopje, Sarajevo. C’est avec la troupe que j’ai pris l’avion pour la première fois. Combien d’énergie et d’effort nos professeurs ont-ils dû déployer pour obtenir les moyens nécessaires et faire voyager toute la troupe, combien de contacts ont-ils dû établir pour nous ouvrir toutes ces portes ! Chère Jos, cher Ruli, autrement dit « prof. Pogačnik », un grand merci et toute ma reconnaissance pour les expériences que vous nous avez permis de vivre ! Et pas seulement les voyages, vous nous avez aussi accueillis chez vous. Combien de fois, après le spectacle, avons-nous fini la soirée chez notre professeur ! Nous arrivions au beau milieu de la nuit et nous étions toujours reçus comme des rois ! Nous avons aussi reçu le soutien constant de Noël Favrelière et du Centre culturel français, et de Revoz aussi. Tout comme celui de certains professeurs du département des langues romanes. Cela m’a permis de me sentir bien pendant mes études de français, nous étions en quelque sorte liés et cela a créé des relations durables. Aujourd’hui encore, j’éprouve une joie sincère lorsque je rencontre un ancien membre de la troupe. J’ai des contacts professionnels avec certains d’entre eux, avec d’autres nous nous retrouvons occasionnellement. Après mes études, j’ai dirigé l’atelier théâtre des lycéennes de Poljane pendant deux ans. Nous sommes parties en tournée avec leur spectacle dans un festival de théâtre en France. En 2001, j’ai suivi une formation à Saint-Malo, en France, où j’ai fait la connaissance de Daniel Mariet, professeur de littérature française au lycée Jacques-Cartier et passionné de théâtre. De nos discussions est née l’idée de créer un festival interlycéen de théâtre francophone (FETLYF) qui s’est tenu pour la première fois en 2003, à Saint-Malo. J’y ai été invitée comme membre du jury pendant de nombreuses années, et j’ai encouragé le jumelage du Second lycée de Maribor et du lycée Jacques-Cartier. C’est ainsi que les élèves de Maribor ont obtenu leur billet annuel pour le 201 Les théâtreux - FINAL.indd 201 13. 05. 2024 14:22:42 festival. Ils ont été rejoints, à quelques reprises, par des élèves du lycée Jože Plečnik de Ljubljana. L’apprentissage réussi d’une langue implique son utilisation constante. Dans diverses situations, pour des tâches différentes. Participer à une pièce de théâtre en langue étrangère est certainement l’un des moyens d’apprentissage les plus efficaces. Avec la troupe, nous avons eu, en plus, le privilège d’être assistés en permanence par Joséphine Ferrari, lectrice française avec laquelle nous conversions toujours en français. Être en contact avec une langue vivante est tellement essentiel ! Non seulement cela renforce les compétences linguistiques et communicatives de l’apprenant, mais cela motive et donne du sens à l’apprentissage. Dans le cadre de mes fonctions au ministère chargé de l’éducation, je promeus depuis plus de 20 ans des activités de soutien à l’apprentissage des langues étrangères : pendant de nombreuses années, j’ai été responsable du programme des assistants d’enseignement des langues étrangères, dénommés plus tard « enseignants invités ». J’ai soutenu l’introduction des sections européennes dans les programmes de l’enseignement secondaire, ce qui a permis aux enseignants étrangers de travailler dans ces établissements. En tant qu’enseignants qualifiés, ils ont enrichi le processus d’apprentissage, introduit l’authenticité, la spontanéité de la communication et ont également apporté leur soutien aux enseignants slovènes. Malheureusement, le programme n’a pas été reconduit. Le ministère finance actuellement deux festivals francophones : l’un à Kranj, pour les élèves des écoles primaires, et l’autre à Celje, pour les élèves des établissements secondaires. Pendant de nombreuses années, nous avons encouragé des approches didactiques qui incluent le jeu théâtral. Avec ma collègue Simona Cajhen, alors conseil ère pour le français à l’Institut de la République slovène pour l’éducation (ZRSŠ), nous avons non seulement intégré ces approches dans la formation des professeurs de français, mais nous avons également organisé en 2013-2015, l’accueil de deux professionnels du théâtre français qui ont travaillé avec des troupes de théâtre en français dans plusieurs écoles secondaires en Slovénie. Chaque année, ces troupes ont préparé une représentation que nous avons découverte ensuite au festival francophone à Celje. Une expérience inoubliable aussi bien pour les lycéens que pour les spectateurs ! 202 Les théâtreux - FINAL.indd 202 13. 05. 2024 14:22:42 Le théâtre fait partie intégrante de ma vie. Je prends toujours du plaisir à regarder une pièce tout comme j’appréciais participer à chaque nouveau spectacle. Je n’étais jamais sur le devant de la scène, dans le rôle principal, je n’en avais pas besoin et cela m’importait peu. Créer, se réunir, rire ensemble, se réjouir du succès et aussi traverser les tempêtes ensemble. Nous sommes des êtres sociaux et nous avons besoin des autres pour nous épanouir, pour progresser, pour donner un sens à notre vie. Je terminerai par les mots que Jos m’a écrits en avril 2014 : « Je n’ai pas oublié ton aisance et ton inventivité quand tu te glissais dans un personnage ; tu as beaucoup œuvré à la réussite de nos spectacles et je t’en remercie. » Donner, c’est aussi recevoir beaucoup en retour. Ljubljana, le 14.9.2023 Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 203 Les théâtreux - FINAL.indd 203 13. 05. 2024 14:22:42 204 Les théâtreux - FINAL.indd 204 13. 05. 2024 14:22:42 Amants, lions, clowns, boulangers, tailleurs et princesses ou mon aventure théâtrale en français Agata Šega Dès ma plus tendre enfance, j’ai été en contact avec l’art dramatique. Je suis née au sein d’une famille où la littérature et, en particulier le théâtre, étaient un sujet de conversation quotidien entre mes parents. En effet, grâce à sa formation, sa profession et une vocation profonde, ma mère s’est épanouie en tant que comédienne, metteure en scène, pédagogue et théoricienne du théâtre ; mon père, slaviste de formation, consacrait une part significative de sa vie non seulement à la scène, en qualité de critique de théâtre, mais aussi au cinéma, en tant que directeur artistique de Triglav film et dramaturge de plusieurs films slovènes, dont le plus célèbre est certainement Na svoji zemlji (Sur notre propre terre). Dans notre appartement, des textes de théâtre en différentes langues, le français en tête, s’entassaient dans les bibliothèques ou sur toute surface plane. Des auteurs dramatiques comme Marivaux, Anouilh, Giraudoux, Tardieu, Ionesco et Sartre me contemplaient chaque jour depuis leur étagère et me regardaient grandir. Outre des personnalités du monde de la culture, des amies de ma mère, actrices elles aussi, et d’autres professionnels de théâtre, nous rendaient visite. 205 Les théâtreux - FINAL.indd 205 13. 05. 2024 14:22:42 J’avais malgré tout et ce, du moins, jusque l’âge de dix ans, une aversion pour le théâtre amateur. En fait, ma mère travaillait, ou plutôt trimait comme responsable du service de l’éducation théâtrale de Pionirski dom où elle passait plus de temps qu’à la maison, si bien que j’enviais mes amies dont les mères étaient présentes l’après-midi, alors que la mienne ne rentrait du travail qu’en début de soirée, souvent si tard que nous ne nous voyions pas avant le lendemain matin. Afin d’être un peu plus ensemble, elle m’a plusieurs fois emmenée à Pionirski dom l’après-midi, pour lire ou dessiner dans un coin pendant ses répétitions de groupe où je la regardais travailler avec ses apprenants ; j’ai accessoirement beaucoup appris du jeu dramatique sans même m’en rendre compte. Parfois je m’étonnais que certains d’entre eux soient si maladroits et gauches que, même après d’innombrables répétitions, ils ne pouvaient ni parler ni bouger aussi naturellement et aussi fidèlement que ma mère avait essayé de leur enseigner, alors que cela ne me posait aucun problème. Comme j’étais constamment dans les parages, je n’ai pas tardé, évidemment, à décrocher mon premier rôle ou à y être, pour ainsi dire, poussée : peu avant la première de Blanche­Neige, les parents d’une fillette plus âgée que moi l’avaient retirée de la troupe à cause de ses mauvaises notes. Ma mère m’avait alors rapidement préparée à son rôle à la maison et je m’étais retrouvée sur scène. Le rôle du narrateur était non seulement ingrat mais, pour moi, il était aussi désolant : je devais rester debout, au bord de la scène, immobile pendant tout le spectacle, ne lisant de temps en temps qu’une phrase dans un grand « livre » où rien n’était écrit. Je devais donc connaître le texte par cœur, ce que je trouvais complètement stupide. Et je devais endurer tout cela, vêtue d’un costume masculin avec une sorte de cape, qui n’était pas du tout approprié d’un point de vue esthétique pour une fillette de dix ans, et qui était au moins deux tailles trop grand pour moi puisqu’il avait été conçu pour une fille beaucoup plus âgée ! À cette époque-là, jouer sur scène a été une déception totale et j’étais convaincue d’en avoir terminé pour de bon avec le théâtre. Mais l’année suivante, j’ai failli me retrouver dans une situation en tout point similaire avec une autre élève et j’ai dû à nouveau intervenir à la dernière minute. Cette fois-ci, je l’ai bien mieux pris puisque me revenait le rôle de la 206 Les théâtreux - FINAL.indd 206 13. 05. 2024 14:22:42 princesse, l’un des personnages principaux dans la pièce Kraljevi smetanovi kolački (Les choux à la crème du Roi). J’ai vraiment apprécié ce rôle pour lequel j’avais manifestement fait du bon travail, car tout le monde m’a félicitée. À l’époque, j’aurais aimé poursuivre, mais les rôles étaient destinés à des élèves dont les parents payaient la participation, et je n’étais qu’une solution de fortune pour éviter l’annulation des tournées de fêtes fin d’année déjà planifiées dans les écoles. Il ne me serait jamais venu à l’idée de m’inscrire à un cours de théâtre et mon père n’aurait probablement pas apprécié. Il connaissait trop bien toutes les difficultés du métier et avait plus d’une fois menacé ma mère, un peu en plaisantant, mais aussi un peu sérieusement : « Gare à toi, si tu embarques Agata au théâtre ! » Ma carrière d’actrice s’est donc arrêtée là, jusqu’à ma rencontre avec la troupe de théâtre étudiant français. La première rencontre a eu lieu au printemps 1984 alors que j’étais en dernière année du lycée. Les étudiants et étudiantes de français, emmenées à l’époque par la légendaire Joséphine Ferrari, nous ont rendu visite au lycée Poljane avec un récital de poésie de Prévert. Leur prestation nous a enchantés et a probablement poussé cinq d’entre nous à entreprendre des études de français, que nous avons par la suite toutes, sauf une, terminées avec succès. L’année suivante, alors que j’étais déjà étudiante en première année de français et d’espagnol, Les Théâtreux ont joué une vraie pièce de théâtre à Cankarjev dom. J’ai été totalement époustouflée par les textes pleins d’esprit d’Eugène Ionesco et René de Obaldia, les acteurs talentueux et sympathiques, dont certains m’étaient déjà familiers pour les avoir croisés durant l’année dans les amphithéâtres et les couloirs de la faculté, ainsi que la mise en scène habile de Joséphine Ferrari qui savait faire ressortir le meilleur de chacun. Je n’ai donc pas hésité un instant à rejoindre la troupe quand nous en avons reçu l’invitation au début de l’année universitaire suivante, en 1985/86, alors que nous étions en deuxième année – en fait, la classe était majoritairement féminine cette année-là, à l’exception d’un seul étudiant. Nous étions donc cinq à rejoindre la troupe : Rastko Đorđević (désormais Rafael Kozlevčar), Bronka Drozg (désormais Straus), Natalija Gorščak, Vesna Maher et moi. La première année, nous avons préparé Les Amants du métro de Jean Tardieu et Le Pauvre lion de Jean Anouilh, pièces dans lesquelles je tenais de petits rôles. L’année suivante, je 207 Les théâtreux - FINAL.indd 207 13. 05. 2024 14:22:42 jouai l’un des clowns dans Contre­pitre de Hélène Parmelin et Mais c’est fou de Noël Favrelière, mon dernier rôle ayant été celui de la servante dans la pièce de Anouilh, Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron en 1987/88. La décision de quitter la troupe l’année suivante a été particulièrement difficile, mais nécessaire pour pouvoir me consacrer à mes études paral èles de latin, auxquel es je m’étais inscrite l’année précédente, et comme j’étais étudiante en dernière année [de français et d’espagnol], il fallait sérieusement que je m’attelle aux obligations relatives au diplôme de fin d’études du premier cycle. Mon engagement dans la troupe de théâtre français a soudainement élargi mes horizons : je me suis liée d’amitié avec les membres plus âgés ; nous avons également tissé des liens avec l’équipe enseignante, notamment Jasna Baebler, lectrice, et Elza Jereb, chargée de cours, qui avaient la gentillesse de corriger notre prononciation et de nous signaler les fautes de langue, de même Vladimir Pogačnik, alors maître de conférences et, jusqu’à son départ pour un autre poste, Michel Renault, lecteur français, qui a emmené avec lui un des membres de la troupe qui est devenue plus tard son épouse ; tous deux se sont montrés très serviables et coopératifs. À nos côtés pendant tout ce temps, le directeur exceptionnel du Centre culturel français, Noël Favrelière, qui ne se comportait aucunement en directeur, mais qui s’attaquait de front à tout : il aidait à l’organisation, il dessinait et fabriquait les décors, il nous a écrit une pièce, il a même joué un rôle – muet, certes – et a probablement accompli bien d’autres tâches dont je ne me souviens même plus, et surtout, il nous a accueillis au Centre culturel français pour les répétitions de nos premières (le manque d’espace à la Faculté de lettres était déjà considérable à l’époque) et bien sûr, il nous a apporté son soutien financier. Pendant mes trois ans d’affiliation à la troupe, nous sommes partis en tournée à Ptuj et à Koper, où nous avons été accueillis avec beaucoup d’enthousiasme et où nous avons été reçus comme des rois à chaque fois. Je garde particulièrement en mémoire notre déplacement à Ptuj en 1987. Les élèves, que les professeures de français préparaient toujours sérieusement à regarder le spectacle, étaient tellement ravis de Contre­pitre qu’ils nous ovationnaient après chaque scène et presque après chaque réplique. À la fin de la pièce, lorsque de la scène nous avons commencé à réclamer de l’argent, comme le texte l’indique, l’enthousiasme 208 Les théâtreux - FINAL.indd 208 13. 05. 2024 14:22:42 du public était tel que celui-ci a soudainement pris l’affaire très au sérieux et, au milieu d’un tonnerre d’applaudissements général et de tapements de pieds – lesquels, outre nos talents d’acteurs et la qualité du spectacle, étaient aussi probablement dus à leur tempérament styrien – toute l’assemblée a commencé à jeter des pièces sur la scène. En 1988, nous avons également participé au festival de théâtre étudiant en français à Mayence, avec la pièce Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron. La représentation était particulièrement exigeante, la pièce requérant beaucoup d’accessoires différents et assez fragiles sur scène, tels que de la vaisselle, des verres, des jouets et je ne sais quoi encore, et bien sûr, tout cela devait être apporté au bon moment, sans accident ni fracas, puis retiré de la scène. Évidemment, mes parents étaient présents à la première et, après le spectacle, ma mère s’est exclamée, horrifiée : « Oh ! Je n’arrivais pas à suivre tellement je tremblais de vous voir oublier un accessoire ! » Nous devions même monter et démonter une douche en coulisses, ce qui n’était pas une tâche aisée vu le manque d’espace. Néanmoins, nous avons fait du bon travail, tant sur le plan technique que dramatique, et à Mayence, nous avons même été récompensés par une ovation debout. Malheureusement, nous avons dû nous en contenter car, d’après le vote du public, nous aurions dû remporter le premier prix. Mais les Mayençais nous ont expliqué, visiblement embarrassés, que celui-ci était réservé à l’un des groupes allemands et qu’ils ne pouvaient l’attribuer à des étrangers. Lorsqu’ils nous avaient invités, ils n’imaginaient manifestement pas qu’une troupe d’un tel niveau pourrait venir d’une faculté yougoslave et concourir pour « leur » prix. Toutefois, « justice a été rendue » et nous avons finalement remporté un prix : la troupe a été récompensée pour son travail fructueux au fil des ans par le gouvernement français qui nous a offert une bourse afin d’assister au festival d’Avignon, où nous nous sommes rendus en 1988. Nous y avons vu plusieurs spectacles intéressants, dont l’un des plus marquants était, selon moi, Le Conte d’hiver de Shakespeare, spectacle phare joué au cœur de l’imposant Palais des papes, interprété par le célèbre Michel Piccoli dans le rôle principal. Et, bien qu’il ait été un grand acteur, il nous est apparu tout petit, conformément à la signification en italien de son nom de famille, car nous étions assis tellement loin 209 Les théâtreux - FINAL.indd 209 13. 05. 2024 14:22:42 de la scène que nous pouvions à peine le distinguer. Après ce séjour à Avignon, j’ai profité de l’occasion pour explorer la région en train malgré la chaleur écra-sante qui, en plus des nombreux mets délicieux de la cantine, avaient bien failli nous clouer au sol. C’est ainsi que j’ai visité Orange, Nîmes, Tarascon et Arles, émerveillée par les paysages provençaux traversés pendant le voyage, ce qui m’a peut-être fait plus grande impression que le festival de théâtre en lui-même. Il m’était naturellement difficile de quitter le théâtre français aussi brutale-ment. Alors, l’année suivante, lorsque la troupe dirigée par Vladimir Pogačnik préparait Dom Juan de Molière, j’allais assister aux répétitions de temps à autre. Ces visites étaient toujours appréciées des Théâtreux car un observateur extérieur moins familier avec le texte pouvait plus facilement déceler les fautes de prononciation et autres lacunes. Le rôle-titre était tenu par Primož Vitez et, alors que je l’observais lors d’une des répétitions, un détail m’avait troublée dans son jeu. Au début, je ne parvenais pas à identifier la nature du problème mais au bout d’un moment, j’ai compris : Primož jouait un séducteur irrésistible, mais il se tenait légèrement voûté et faisait de petits pas, si bien qu’il ne reflétait pas l’allure d’un don juan. Lorsque je le lui ai fait remarquer et l’ai convaincu de se redresser en marchant d’un pas ferme, comme il sied à un noble séduisant et plein d’aisance, son personnage a aussitôt repris vie de façon tout à fait différente et infiniment plus crédible, démontrant l’importance considérable de la posture dans la composition d’un rôle. Ensuite, la pièce a rencontré un franc succès, tant pour la mise en scène que pour l’interprétation, avec Primož dans le rôle principal et Boštjan Zupančič, excellent, dans celui de Sganarelle. C’était, selon moi, l’une des meilleures représentations de la troupe et j’ai toujours un peu regretté de ne pas avoir pu y participer. Mais mon attrait pour le théâtre était trop fort pour y renoncer plus longtemps. Au cours de l’année universitaire 1993/94, alors que j’étais en poste à la faculté depuis trois ans, nous nous sommes attelés au texte d’Alfred Jarry, Ubu roi, mis en scène par Primož Vitez. Le rôle de Ubu fut attribué à Boštjan Zupančič, le rôle de sa femme me revint. Nous avions commencé les lectures de la pièce, le rôle me plaisait et j’en étais ravie, mais le sort en avait décidé autrement : victime d’un accident de voiture causé par un ivrogne qui roulait en 210 Les théâtreux - FINAL.indd 210 13. 05. 2024 14:22:42 sens inverse, je suis restée alitée à l’hôpital avec une vertèbre fracturée, et c’est Nada Prodan qui m’a alors remplacée. L’année suivante, pourtant, j’ai pu rejoindre la troupe, cette fois-ci en tant que metteure en scène d’une comédie de Feydeau, Tailleur pour dames. Ce fut ma première et (pour l’instant) dernière mise en scène que j’estime avoir plutôt bien réussie. Les conseils et suggestions de Joséphine Ferrari, qui est venue de France au moment même où se tenaient les dernières répétitions, m’ont été d’une grande aide. Elle avait apporté quelques cassettes parmi lesquelles j’ai pu sélectionner la musique du spectacle. Gregor Perko était remarquable dans le rôle principal et les autres aussi ont très bien joué, même si pendant les répétitions j’avais eu beaucoup de travail avec les comédiens moins expérimentés qui n’étaient pas habitués à se mouvoir sur scène ou dont l’élocution était mauvaise. Celui qui m’a involontairement donné le plus de fil à retordre était l’adorable Marko Pravst. Comme nous manquions de garçons dans la troupe, j’avais été contrainte de lui attribuer le rôle d’un monsieur que tous évitaient en fuyant littéralement devant lui en raison de ses histoires interminables et extrêmement ennuyeuses car, d’après les didascalies de Feydeau, il devait se jeter à la figure de ses interlocuteurs, leur cracher dessus et les mettre au supplice aux moments les plus inopportuns. Mais je ne pouvais vraiment pas demander à Marko, si sensible et attentionné, de se comporter de manière aussi intrusive, car cela aurait été tout à fait contraire à son caractère, alors j’ai dû imaginer autre chose. Après m’être creusé la tête, j’ai finalement trouvé une solution pour justifier l’aversion des autres comédiens à son égard : je l’ai sommé de bégayer très fort. Lors des répétitions, tout s’est bien passé, c’était très drôle et je pensais avoir résolu l’affaire. Mais le soir de la première, à ma grande horreur, tout a mal tourné, car il s’est avéré que Marko avait un trac si terrible qu’il se produisait le contraire de l’effet attendu : la plupart des gens bégaient à cause du trac, mais à chaque fois que Marko entrait en scène, c’est précisément son trac qui l’empêchait de bégayer, ce qui, bien sûr, a sapé presque tout l’effet comique et gâché le rôle. Dès lors, à chacune de ses entrées en scène, je le retrouvais en coulisses pour le supplier et l’encourager, pour l’amour de Dieu, de ne plus oublier de bégayer, mais cela non plus ne l’a pas beaucoup aidé. 211 Les théâtreux - FINAL.indd 211 13. 05. 2024 14:22:42 Nous avons également présenté ce spectacle à l’étranger. En combinant notre visite traditionnelle à Ptuj avec une représentation donnée à Klagenfurt, nous avons effectué une belle petite tournée. L’auditorium de la faculté de Klagenfurt était étonnamment petit, sans parler de la scène à laquelle nous avons dû nous adapter nécessitant beaucoup d’efforts et de changements de dernière minute, ni de la musique que j’ai dû diffuser seule depuis une tour de régie située au bord de la scène, si bien que j’étais au vu et au su de tout le public. Tout cela m’a rendue terriblement nerveuse avant même le début du spectacle. C’est ainsi qu’au moment où j’aurais dû enclencher le magnétophone pour que Urša Rigler, dans son rôle épisodique de femme du monde, fasse une entrée gracieuse au son de la musique, ma nervosité m’a induite en erreur. Le magnétophone est resté silencieux pendant un moment, puis après un temps interminable, au lieu d’une belle mélodie, a retenti dans toute la salle un « Oh, shit ! » de ma part, pas très français de surcroît, spontané et désespéré. Cela a provoqué l’hilarité générale, et Urša s’est sentie quelque peu offensée par la suite, prétendant que je lui avais gâché sa seule et unique entrée en scène. Nous nous sommes aussi rendus à Grenoble où nous attendait notre organisateur, Primož Vitez, alors étudiant de deuxième cycle là-bas. Je ne me souviens même plus comment les autres nous y ont rejoints, mais je sais que, pour ma part, j’ai littéralement traversé montagnes et vallées, en passant par les Alpes, avec Nadja Urbanija, dans sa 4L bleue. Nadja s’est révélée être une conductrice hors pair, notamment pour le stationnement : elle a su se garer du premier coup dans un trou qui faisait à première vue au moins vingt centimètres de moins que sa voiture, au milieu d’un terrible embouteillage surprenant notre arrivée, en raison d’un match de football important. Elle a donc reçu une salve d’applaudissements, même si el e ne jouait pas la comédie, et el e les a bien mérités car, en plus de ses qualités de conductrice, elle nous était d’une aide technique et organisationnelle très précieuse. J’en profite pour dire en passant qu’à mon époque et bien après, toutes les premières, reprises et autres grandes aventures théâtrales se poursuivaient invariablement - et s’achevaient aussi - nulle part ailleurs que rue Valvasor, dans la cuisine de monsieur Pogačnik, souvent trop étroite pour notre joyeuse 212 Les théâtreux - FINAL.indd 212 13. 05. 2024 14:22:42 compagnie. C’est là que nous discutions, jusque tard dans la nuit, voire au petit matin, en échafaudant des plans pour nos futures aventures théâtrales. Mais nous devions faire attention au bruit car l’épouse de notre professeur, Alenka, qui nous a malheureusement déjà quittés, sa fille Lija, qui el e aussi a été contaminée par le théâtre et le cinéma et qui est aujourd’hui une productrice reconnue, ainsi que les jumelles, encore bébés à l’époque, dormaient généralement dans les chambres voisines. Toutefois, les petites brillaient par leur absence dans la cuisine, si je traduis littéralement la fameuse expression française, en raison de leurs trop nombreuses couches toujours suspendues à une corde sous un renflement du plafond, tels des rideaux de théâtre blancs ; elles se balancent encore sous mes yeux quand je repense à ces soirées. Il est évident que nos efforts pour être aussi discrets que possible n’ont pas toujours porté leurs fruits : il est arrivé quelques fois que, sans le vouloir, nous réveillions Alenka qui, sans un mot de reproche à son mari et d’une largeur d’esprit presque zen, se joignait à nous au milieu de la nuit pour fumer une cigarette ou deux. Ma dernière apparition dans une pièce française remonte au printemps 2004, lorsque nous avons célébré les vingt ans de la troupe et que tous ses « ex-membres » - c’est ainsi qu’on les appelait - ont été invités à participer au spectacle. Nous avons monté La Princesse Maleine de Maeterlinck, œuvre que Vladimir Pogačnik avait choisie et également mise en scène. La représentation a rencontré un grand succès et avait atteint, selon moi, un très haut niveau pour du théâtre amateur. J’ai toujours aimé assister au premier acte depuis le public, comme une simple spectatrice, de plus je ne jouais pas au tout début du deuxième acte et je devais me rendre dans les loges après l’entracte. Le texte, le jeu et le spectacle tout entier me plaisaient tant que je peinais à quitter mon siège pour aller me préparer à mon entrée en scène. Neja Petek, dans le rôle-titre, a fait preuve d’un talent d’actrice exceptionnel et je trouve dommage qu’elle travaille aujourd’hui dans le tourisme. Par ailleurs, la pièce était parfaite pour une telle occasion, car elle contenait assez de petits rôles qui permettaient aux anciens membres, ayant déjà tous un emploi ou une famil e, de jouer sans devoir assister à de nombreuses répétitions. Pour ceux qui avaient des rôles plus importants, cela devait être épuisant : Boštjan Zupančič avait tellement de trous de mémoire lors 213 Les théâtreux - FINAL.indd 213 13. 05. 2024 14:22:42 de la générale que cela m’a fait craindre pour sa prestation lors de la première, le lendemain. Cette crainte demeurait évidemment infondée tant il était un acteur chevronné : le soir de la première, il a été bril ant comme d’habitude, sans laisser transparaître le moindre problème de texte. J’ai oublié qui des anciens, hormis Bronka et Boštjan, avait joué à cette époque, mais je me souviens très bien de Miha Pintarič qui m’avait beaucoup surprise dans sa brève, mais très belle prestation, ne l’ayant jamais vu jouer auparavant. Quant à moi, faute de temps pour assister aux répétitions, j’ai préparé seule, chez moi, juste avant la première, mon rôle de la vieille nourrice, qui consistait en quelques lignes et un court monologue. Ma performance a été apparemment convaincante puisque certains et certaines collègues sont venues me féliciter après la représentation en me disant (involontairement, je l’espère) de manière quelque peu ambigüe que j’avais manqué ma vocation. Cela ne me surprend pas : je me demande parfois s’ils n’avaient pas raison… Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 214 Les théâtreux - FINAL.indd 214 13. 05. 2024 14:22:42 À l’ombre d’un grand acteur Souvenirs d’un amateur sur les Théâtreux et Gregor Perko (1992-1995) Tone Smolej Ma première rencontre avec le théâtre français étudiant date de la quatrième année du lycée Poljane, alors que j’assistais à la représentation de Dom Juan de Molière, avec Primož Vitez dans le rôle-titre et Boštjan Zupančič en Sagnarelle. À leurs côtés, jouait une pléiade d’étudiants et d’étudiantes très talentueuse. À la fin du spectacle, Andrej Capuder [professeur de littérature française] alors ministre de la Culture issu du parti Demos, tint un discours encoura-geant et enthousiaste. Je ne suis pas sûr d’avoir pris la décision d’étudier le français ce soir-là mais ce qui est certain, c’est que cette pièce magnifique, qui représente sans aucun doute l’apothéose du théâtre français étudiant, influença légèrement ma décision, somme toute, pas si difficile à prendre. À la fin des années quatre-vingt du siècle dernier, nous connaissions, au lycée Poljane, les prémices du théâtre en langue française. À l’occasion du bicente-naire de la Révolution française, notre professeure, Jasna Neubauer, prépara une cérémonie de commémoration durant laquelle nous récitâmes, coiffés de bonnets phrygiens, de nombreux chants révolutionnaires et entonnâmes des 215 Les théâtreux - FINAL.indd 215 13. 05. 2024 14:22:42 ritournelles commémorant la chute de la fameuse Bastille. Puis, avec le lecteur René Arellano, nous montâmes une saynète dans laquelle je jouai un prêtre, et Gregor Repovž, l’actuel rédacteur en chef de Mladina, fut mon enfant de chœur. Lors de la première à laquelle il assistait, Vladimir Pogačnik [professeur de linguistique française au département d’études romanes] avait critiqué ma prononciation, mais pas mon interprétation. Après la guerre d’Indépendance et les examens d’admission de français, je me retrouvai à un séminaire d’études françaises où je fis la connaissance de Gregor Perko, qui venait de terminer ses études secondaires au lycée de Bežigrad et avait presque passé sous silence son engagement dans le théâtre amateur et l’insigne d’or de Linhart qui lui avait été décerné pour son rôle de Camille Chandebis dans La Puce à l’oreille de Feydeau. Vladimir Pogačnik nous enrôla alors tous les deux dans les rangs du théâtre français où l’on avait besoin de garçons, qui commençaient déjà à manquer aux études de français. À la fin des années quatre-vingt, Roger Vitrac était un auteur dramatique très populaire chez nous. En 1989, Dušan Jovanović adapta sa pièce, Victor ou les enfants au pouvoir, dans laquelle se distingua Gojmir Lešnjak. Puis, fin 1991, avant même que la Slovénie indépendante ne soit reconnue par la France, il fut décidé que les Théâtreux joueraient le texte original de Vitrac, mis en scène pour la première fois par l’illustre Antonin Artaud plus de soixante ans auparavant. Comme j’étais un bleu, me revint l’honneur du rôle-titre, mais cette tâche s’avéra bientôt trop lourde à porter, car ma prononciation du français n’était pas très brillante. Avec Nada Prodan, excellente étudiante de dernière année, nous nous échangeâmes habilement les rôles. Elle devint Victor, et moi Lili, la bonne, qui n’avait que quelques répliques. Le rôle n’était pas difficile et j’étais dans mes grands souliers, littéralement. Nous avions emprunté à Drama, pour des pieds d’homme, les souliers vernis féminins que porta le grand Cavazza dans la comédie de Dario Fo, Gli imbianchini non hanno ricordi (Les peintres en bâtiment n’ont pas de souvenirs). Dans la pièce de Vitrac, comme on le sait, Victor, enfant précoce, découvre, le jour où il célèbre son neuvième anniversaire, que son père, Charles, trompe sa femme avec une amie de la famille dont le mari enrage. Et Gregor, aussi doué pour 216 Les théâtreux - FINAL.indd 216 13. 05. 2024 14:22:42 apprendre de longs rôles que diligent, s’attela au rôle d’Antoine Magneau, le pauvre cocu. Victor ne cesse d’horripiler ce dernier avec ses questions sur Bazaine, lequel lui récite mécaniquement la définition du Larousse. Bien que notre mise en scène ne fût pas contemporaine, Vladimir Pogačnik demanda à Gregor de remplacer Bazaine par le général de Gaulle, plus célèbre. La récitation mécanique de la biographie militaire issue du Larousse demeura, mais le maréchal de France incompétent qui livra trop vite la ville de Metz aux Allemands pendant la guerre franco-prussienne et fut conséquemment condamné à mort, se vit remplacer par le héros incontesté de la Seconde Guerre mondiale. Si mes souvenirs sont bons, Andrej Capuder, qui félicita Gregor pour son jeu, fit remarquer à son collègue l’incongruité de cette substitution ; en effet, la pièce se déroule en 1909, époque à laquelle la grande bourgeoisie, encore affligée par la défaite militaire de 1870, cherchait un bouc émissaire. Le conseil pédagogique de la chaire de français appréciait tellement le théâtre français d’avant-garde qu’il choisit, pour la saison suivante, Ubu roi de Jarry, pièce dans laquelle se distingua à nouveau notre as incontesté, Boštjan Zupančič, qui, si je me souviens bien, avait réussi l’examen d’entrée à l’Académie d’art dramatique de Ljubljana (AGRFT) quelques années plus tôt. Aux costumes, Andraž Matej Vogrinčič (qui n’habillait pas encore les maisons, à l’époque), à la mise en scène, Primož Vitez, alors maître-assistant et futur traducteur de Jarry pour la collection Kondor. Dans cette parodie amusante de Macbeth nous tenions, Gregor et moi, des rôles secondaires et, en tant qu’étudiants de littérature comparée à qui l’histoire du théâtre européen n’était pas étrangère, nous devions rédiger le programme, et cela en français. Notre premier texte, et sans doute l’unique écrit à quatre mains, vit le jour dans le salon de ma grand-mère, sur sa machine à écrire d’avant-guerre. Nous présentâmes Ubu comme un hédoniste rabelaisien qui, certes, aime le pouvoir mais a si peu du surhomme de Nietzsche. Nous avions dû être convaincants puisque nos deux noms furent cités dans la critique du quotidien Delo que présenta Vesna Marinčič, éminente journaliste qui couvrait, entre autres, le festival du film de Cannes chaque année. Elle se rappela la première représentation slovène de Ubu avec Marijan Hlastec et Majda Potokar sur la scène du Théâtre national 217 Les théâtreux - FINAL.indd 217 13. 05. 2024 14:22:42 de Ljubljana, Drama, avant de conclure sa critique comme suit : « À chaque fois que les étudiants de langues romanes font un spectacle, c’est une fête. Ils donnent l’impression d’avoir le théâtre dans le sang, ou du moins la joie d’en faire. Depuis toujours. Dušan Jovanović aussi était étudiant en langues romanes – et il a joué Le Bourgeois gentilhomme – avant d’être metteur en scène et tout le reste. » Autre critique élogieuse, parue dans le quotidien Dnevnik et signée Bogdan Pogačnik, doyen du journalisme culturel slovène, qui, dans sa grande carrière, avait interviewé Ionesco et Robbe-Grillet. À la différence d’aujourd’hui où les journaux abordent rarement les spectacles marquants, Ubu roi reçut de la presse les plus beaux éloges. Après la première, le 23 avril 1993, le premier ambassadeur de la République française en Slovénie, Bernard Poncet, nous offrit une somptueuse réception. Faire partie de la troupe de théâtre français avait son importance. Bien qu’Evald Koren, notre professeur de littérature comparée, n’acceptât pas que nous manquions ses cours, il était très indulgent avec la bande de garçons qui, au lieu des cours de versification et de rhétorique, assistaient aux répétitions de la troupe de théâtre le jeudi soir. Lorsque Primož Vitez obtint une bourse d’études à l’Université Stendhal de Grenoble en 1993/1994, c’est Agata Šega, membre de longue date de la troupe, qui le remplaça à la mise en scène. Nous brûlions de monter une comédie sans prétention et Gregor trouva alors à la bibliothèque du Centre culturel français une sélection des œuvres de Georges Feydeau. Tenant compte de la constitution de la troupe, il choisit un des premiers succès du vaudevilliste, Tailleur pour dames. Gregor incarnait le docteur Moulineaux, qui souhaite tromper sa femme avec Suzanne Aubain, épouse d’Anatole, qui trompe celle-ci avec Rosa, laquelle a rencontré le médecin au Quartier Latin et est l’épouse en fuite de Bassinet. C’est à ce médecin frivole qu’elle loue un petit entresol doté de matériel de couture, si bien que toutes celles et ceux qui s’y retrouvent pensent qu’il est tailleur pour dames. L’histoire se corse lorsque sa belle-mère, qu’interprétait la très talentueuse Mateja Petan, loue également l’endroit. J’avais obtenu le rôle de Anatole Aubain, Mojca Medvedšek, celui de ma femme, Suzanne, quant à Manica Janežič, qui venait de commencer sa carrière à la télévision, elle jouait Rosa, ma maîtresse. Nous avions emprunté les costumes 218 Les théâtreux - FINAL.indd 218 13. 05. 2024 14:22:42 au Théâtre Drama, et je me sentais très bien dans ce smoking bleu marine, mais notre jeu manquait d’un je ne sais quoi malgré notre dévouement. Juste avant la première, Ljubljana reçut la visite de Joséphine Ferrari, lectrice légendaire auprès de qui s’étaient formées des générations d’étudiants de français, et, en quelques heures, avec des changements minimes, elle rendit le spectacle plus vif, ce que remarqua la critique, Vesna Marinčič : « Sur la scène de Drama où se joue actuellement La Dame de chez Maxim, trop de comédiens ne sont pas en grande forme physique et manquent de souplesse. Contrairement aux interprètes de Tailleur pour dames qui, en plus d’être jeunes et minces (ce pour quoi ils n’ont aucun mérite), maîtrisent la scène (ce à quoi rien ne les oblige). » Avec Tailleur pour dames, nous fûmes invités à l'Université Alpes-Adriatique de Klagenfurt, puis à Ptuj. À l’été 1994, nous allâmes également à Grenoble où nous accueillit la troupe de théâtre étudiant de l’époque. Gregor se vit récompenser d’un second insigne d’or de Linhart pour son rôle de Moulineaux. Après s’être absenté un an pour ses études, Primož Vitez revint à l’automne 1994 avec un nouveau projet : Le Balcon de Jean Genet. La pièce se déroule dans un bordel que des piliers de l’État, un évêque, un général et un juge, fréquentent régulièrement. À l’extérieur, la révolution est en cours. Vitez incarnait le juge, Zupančič, le général, quant à moi, j’avais obtenu le rôle, scandaleux, de l’évêque. Nous jouâmes dans les costumes de la fameuse représentation donnée au théâtre Mladinsko gledališče en 1998. Je portais une mitre sur la tête et une soutane écarlate. Gregor interprétait le chef de la police mais son jeu ne me revient pas à l’esprit. Ce dont je me souviens toutefois, c’est qu’il avait dû apprendre le tango pour une scène. Quand je tombai malade d’une mononucléose, la première ne fut pas annulée pour autant ; c’est Tomaž Gubenšek, comédien professionnel, qui apprit le rôle de l’évêque en une nuit. Je suis encore très fier d’avoir joué en alternance avec celui qui deviendrait professeur et doyen de longue date de AGRFT. En juil et 1995, Gregor, Manica et moi-même obtînmes une bourse pour un cours d’été de français à Grenoble où se tenaient les Rencontres Théâtre et Jeunesse pour l’Europe. Nous jouâmes brillamment Le Balcon dans une église abandonnée de Grenoble. Lorsqu’en octobre 1995 nous fûmes invités à participer au programme de Borštnikovo 219 Les théâtreux - FINAL.indd 219 13. 05. 2024 14:22:42 srečanje [ Festival de théâtre de Maribor], mon interprétation de l’évêque fit les pages du journal Večer de Maribor puis, en novembre, nous nous rendîmes au festival international TEATAR&TD à Zagreb. Le dix novembre 1995 à vingt heures, je me produisis sur scène une dernière fois en tant que membre de la troupe de théâtre étudiant francophone. Le soir même, le consul slovène nous emmena à la gare, Gregor et moi, dans une Mercedes noire fendant le brouillard de Zagreb en guerre, nous prîmes le train pour rentrer à la maison et clore ainsi notre histoire de quatre ans passés au théâtre. Comme j’avais obtenu la bourse Herder, je devais me préparer intensément aux autres examens avant mon départ pour Vienne et je ne participai donc pas au nouveau projet de mettre en scène Le Bourgeois gentilhomme. Je n’ai jamais plus joué de ma vie, mais avant mon diplôme de fin d’études, en 1997, j’ai traduit Tailleur pour dames de Feydeau pour le théâtre Tone Čufar de Jesenice. J’ai tenté d’y façonner une langue bourgeoise qui ne m’était pas étrangère, en consacrant beaucoup de temps aux jeux de mots – comme la belle-mère un peu sotte de Moulineaux associe Suzanne Aubain à un récit biblique, j’ai changé son nom de famille en Copelli pour évoquer le lien avec Suzanne au bain du Livre de Daniel. Mon ami Gregor n’abandonna pas le théâtre et créa encore d’autres rôles dans sa ville natale de Notranje Gorice. Six ans plus tard, il rejoua le docteur Moulineaux – avec sa compagne Barbara dans le rôle de Suzanne Copelli – dans ma traduction, ce dont je fus très fier à l’époque. Il ne com-menta jamais ma version slovène et, tout perfectionniste qu’il était, il y avait probablement apporté quelques corrections. Nul doute qu’il aura été le seul comédien amateur capable de jouer Feydeau aussi bien en français qu’en slovène. En 2005, il monta Ubu roi de Jarry ; l’interprétation du père Ubu lui valut le prix spécial du Fonds public de la République slovène pour les activités culturelles. Plus le temps passe, plus je me remémore cette expérience avec nostalgie. Bien que n’ayant aucune formation théâtrale, j’ai joué Vitrac, Jarry, Genet et Feydeau. Gregor et moi avons interprété le plus de scènes ensemble dans Ubu roi et Tailleur pour dames. Il était un compagnon de scène exigeant et pouvait se montrer critique, notamment à Ptuj quand j’avais joué Anatole trop 220 Les théâtreux - FINAL.indd 220 13. 05. 2024 14:22:42 lentement après une nuit blanche. Mais lorsqu’à Koper j’ai oublié ma réplique, il connaissait le texte pour deux. Voilà ce qui compte le plus au théâtre ! Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 221 Les théâtreux - FINAL.indd 221 13. 05. 2024 14:22:42 222 Les théâtreux - FINAL.indd 222 13. 05. 2024 14:22:42 TI QUI STAR TI ? Manica J. Ambrožič A lfred Jarry écrivit Ubu roi à la fin du 19e siècle, du haut de ses 23 ans prometteurs et effrontés, anticipant avec lucidité les événements des décennies à venir. Quand le roi Ubu fit sa première apparition en 1896, ivre de sang, sur la scène parisienne, cent ans se furent écoulés depuis la Révolution française, et sept ans depuis que le paysage parisien arbora la tour Eiffel. Ubu roi naquit sous la plume d’un jeune homme qui mourut onze ans seulement après la création de sa pièce, supposément à cause de la drogue et de l’alcool ; le texte seyait comme un gant à des effrontés, des rêveurs de vingt et quelques années. Et c’est précisément ce que nous étions, les membres de la troupe de théâtre, Les Théâtreux, au début des années 90 du siècle dernier, lorsque nous foulions les planches du théâtre français en Slovénie. Vous le savez bien, en particulier si je m’adresse aux jeunes lecteurs de ce recueil de souvenirs, vous pouvez aisément vous imaginer la portée de ce sentiment particulier de dire « en Slovénie » en 1992. Cette nation indépendante n’en était qu’à ses balbutiements, la communauté internationale ayant reconnu l’indépendance slovène au tout début de l’année 1992. Et nous participions à ces débuts-là. Pour ma part, l’histoire du théâtre étudiant français a commencé avec Ubu, une parodie grotesque et absurde de Macbeth et Hamlet signée Jarry, une 223 Les théâtreux - FINAL.indd 223 13. 05. 2024 14:22:42 parodie de nous tous et une fresque théâtrale hors du temps, peuplée d’arrivistes avides et sans scrupules. Comment suis-je arrivée chez Les Théâtreux ? Je l’ignore. C’est ainsi, je ne sais pas. J’y suis probablement arrivée avec Tone Smolej et Gregor Perko. Peut- être que l’un de mes chers compagnons des couloirs de Filozofska fakulteta s’en souviendra et me contera un jour l’histoire de ma première répétition. Mais je sais que ce furent de très belles années. Je sais que Les Théâtreux était un désir caché datant de mes années de lycée ; je me souviens avoir rêvé que je ferais partie de cette troupe de théâtre qui, et de cela j’étais convaincue, voit assurément loin et en sait plus. Et je sais désormais que je ne m’étais pas trompée. Et je me souviens qu’au début des années 90, en répétition quelque part dans la salle 13 de Filozofska fakulteta, dans la scène 2 de l’acte III d’ Ubu roi, j’étais à genoux et je scrutais le visage de Boštjan Zupančič interprétant Ubu, déformé par le courroux du roi, et à sa réplique : « Quels sont tes revenus ? », je prononçai ma première phrase pour Les Théâtreux : « Je suis ruiné ! » Ma première et unique réplique dans Ubu roi. Je jouais un noble polonais dont la dernière heure avait sonné. Et voilà, c’est ainsi que cela a commencé. J’étais parmi « les miens », parmi les adeptes de Jarry qui me comprenaient, nous qui nous comprenions, qui parlions la même langue (Merdre !), qui avons rêvé le monde dans des débats et réunions interminables, déplaçant les vaisseaux conceptuels de ce monde le long des coordonnées du connu et de l’inconnu. Puis vinrent Georges Feydeau et sa comédie légère, Tailleur pour dames, dans laquelle Tone me prit théâtralement dans ses bras, moi, la jeune femme douce, délicate et troublée, vêtue d’une longue jupe froufroutante. Et Le Balcon de Genet, bien sûr. Le Balcon, ce bordel des gens de la haute société à la porte desquels bat la révolution, nous l’avons porté sur scène, comme il faut, avec l’esprit tout révolutionnaire de la jeunesse qui s’élève au-delà de toutes les frontières. Je me plais à penser que Genet aurait été fier de nous. Vraiment ? J’en doute, vu sa vie mouvementée. Mais on a osé l’faire. Et cette audace a également été remarquée au festival de Grenoble où, après le spectacle, un metteur en scène britannique, 224 Les théâtreux - FINAL.indd 224 13. 05. 2024 14:22:42 au visage tout cramoisi, s’est avancé vers nous en bégayant qu’on l’aurait renvoyé des répétitions s’il avait exigé de ses acteurs de telles performances. La force individuelle et la voix sont importantes, mais quand elles se fondent en un tout homogène, cette énergie est exceptionnelle et l’expérience considérable pour chaque élément de cet organisme. Cet esprit d’équipe inestimable, j’estime que nous l’avons eu pendant deux ans au sein de la troupe qui a monté Le Balcon puis, l’année suivante, Le Bourgeois gentilhomme de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Et derechef, ah, nous nous sommes, ah, amusés de cet arrivisme vulgaire. Le Bourgeois gentilhomme est une comédie musicale 1 au sens littéral, c’est un mot, ce sont un pas de danse et une ronde, c’est le chant et la musique qui se confondent. Le Bourgeois gentilhomme, c’est le cri de la vie et des rires, divertissement digne du roi, divertissement digne de la jeunesse, de notre jeunesse 2 . Le Bourgeois gentilhomme fut représenté pour la première fois en octobre 1670 à la cour de Louis XIV au château de Chambord, plus de sept ans après Tartuffe. Cette année-là, l’astre de Molière était déjà sur le déclin, il a refait surface deux bonnes années plus tard sur scène, mais dans Le Bourgeois gentilhomme, l’esprit mature de ce créateur de génie de la scène classique française brille d’un éclat naturel. Lorsque, aujourd’hui, après toutes ces années, je me remémore notre représentation du Bourgeois gentilhomme, je repense avec affection, fierté et une chaleur incommensurable au souvenir de nos voyages. Nous avons joué Le Bourgeois gentilhomme à Strasbourg, nous l’avons emmené au Maroc et mis en scène à Casablanca. Nous, les amateurs inspirés des Lumières, nous aurions difficilement pu donner plus au théâtre que nous ne l’avons fait à cette époque. La faute aux années quatre-vingt-dix probablement. Sans réseaux sociaux, sans internet, ayant lu les classiques (évidemment, et comment donc), nous rencontrant en chair et en os, avec l’espoir d’une vie meilleure pour notre société. Oui, c’est peut-être ce que dissimulaient nos clameurs quand, au début de la scène musicale de la cérémonie turque du Bourgeois gentilhomme, dans laquelle notre Monsieur Jourdain interprété par Mladen Rieger est anoblie, les comédiennes sont apparues, enveloppées dans leurs tissus dorés et leur jeunesse. Et la musique 1 En français dans le texte. 2 Idem. 225 Les théâtreux - FINAL.indd 225 13. 05. 2024 14:22:42 de Drago Ivanuša et le chant de résonner : « Se ti sabir, Ti respondir. Se non sabir, tazir, tazir. Mi star Mufti. Ti qui star ti ? Non intendir. Tazir, tazir. » Et nous avons dansé comme si demain n’existait pas, et s’il était advenu, il n’en aurait été que plus beau. C’étaient les années quatre-vingt-dix et je les ai pleinement vécues sur la scène du théâtre étudiant français. C’était l’époque de nos années étudiantes au cours desquelles notre nation est née. La vie nous avait réunis pendant un moment, mêlant nos destins, créant un cocktail absolument enivrant. La vie n’offre pas de liens humains et créatifs aussi riches ; je le sais maintenant, des années d’expérience me l’ont appris. Et cette expérience théâtrale a également forgé notre vie professionnelle. Je suis littéralement passée de la scène de Molière à un studio de télévision, armée de la confiance que seule l’expérience du théâtre peut offrir. Après Molière, j’ai quitté Les Théâtreux comme j’aurais mis fin à une histoire d’amour au plus fort de la passion. Peut-être craignais-je les cendres que laisse le feu lorsqu’il se consume. Et tout feu, surtout s’il brûle aussi ardemment qu’il l’a fait en moi, s’éteint rapidement. Mais tous mes compagnons de scène sont mes compagnons jusqu’au bout. En raison des moments partagés et des liens que l’expérience du théâtre étudiant français a tissés entre nous de manière invisible, mais indestructible. Octobre 2023 Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 226 Les théâtreux - FINAL.indd 226 13. 05. 2024 14:22:42 Enkrat Théâtreux, vedno Théâtreux Miha Pintarič Res je. Priznam. Bil sem Théâtreux. Trajalo je dve leti ali tri leta, ne vem več natančno, koliko, a se še vedno živo spominjam dveh predstav, pri katerih sem sodeloval (najverjetneje z ET1 niti nisem pripravil več kot dveh predstav): Plemenitega meščana in Disput. Ne spominjam se več, koga sem upodabljal v slednji, in sprašujem se, ali sem to sploh kdaj zares vedel. Ostaja Molière, pod katerega se je podpisal Primož in kar torej ni moglo biti nič manj kot genialno. Mladen je bil v naslovni vlogi popolna izbira. Ma-mamouchijev temni in strogi pogled še danes straši na Novi TV, kjer ga lahko srečate, pripada pa napovedovalcu Janezu, ki s svojima dvema metroma še vedno naganja strah v kosti, kot Mamamouchi pa je bil s svojo gracilno konstitucijo na las podoben Brdavsu Hinka Smrekarja. Ena od orientalskih plesalk danes vodi informativne oddaje na nacionalni televiziji (no, še včeraj je bilo tako, danes pa so jo s tega mesta že upokojili), druga prevaja iz portugalščine in predava portugalsko književnost na naši almi mamici, tretja prevaja pa iz italijanščine. Primož je imel noro idejo, dal mi je namreč igrati lakaja, da pa vloga vseeno ne bi bila prelahka in da se ne bi dolgočasil, sem moral govoriti madžarsko, od česar mi je še do danes ostalo nekaj drobcev. Minden keszitve, Uram, tujega jezika 227 Les théâtreux - FINAL.indd 227 13. 05. 2024 14:22:42 se je še težje naučiti kot tistega, ki ga razumemo; kakšna neumnost, jezikov, ki jih razumemo, se vendar ne učimo. Predstava je veliko potovala, na primer v Krakov, Strasbourg, Pariz (o Parizu nisem prepričan), Casablanco, Trst (Teatro Miela), kjer nas je sprejel generalni konzul oziroma konzulka Francije; novomeška predstava je bila rezervirana za Francoze in frankofone iz Renaulta, ki je bil tedaj v svojem vzponu, nato smo se ustavili v Zagrebu, kjer smo imeli čast nastopiti pred občinstvom gledališča Gavella, nato pa smo, last but not least, obiskali še avstrijski Gradec. V Strasbourgu so se predstave nizale v pospešenem ritmu (v resnici je šlo za tekmovanje, na katerem smo osvojili prvo nagrado), za nami pa je bila na vrsti madžarska gledališka skupina, ki me je navdušeno zasula z vprašanji – v madžarščini. Seveda nisem razumel niti besedice in zdeli so se malce razočarani, a so si hitro opomogli in uspeli smo se na kratko pogovoriti. Povedali so mi, da jih moj ’madžarski’ naglas prav nenavadno spominja na naglas neke madžarske televizijske voditeljice, in želeli so vedeti, ali morda nisva v kakšnih sorodstvenih povezavah. Vljudno sem jim odgovoril, da tega sicer ne vem, a se bom pozanimal. V svojih žilah še vedno iščem madžarsko kri, a je ne najdem niti kapljice. Toda sodelovanje z ET vseeno ostaja ena najlepših, najbogatejših, najpestrejših in najzabavnejših avantur moje univerzitetne kariere. Prevod: Klara Katarina Rupert 228 Les théâtreux - FINAL.indd 228 13. 05. 2024 14:22:42 Skupina 1997 Iztok Ilc, Saša Jerele, Darja Petrica (Bajraktarević), Tina Žolnir Pisalo se je leto 1997, ko je profesor Pogačnik nabiral nove moči, s katerimi bi na odru oživljal zgodbe, ki si jih je želel oživljati že nekaj let. Takrat se je oblikovala skoraj popolnoma nova skupina, v kateri se je kalil nov rod gledaliških zanesenjakov in ki je ostala bolj ali manj nespremenjena naslednjih nekaj let (poleg podpisanih po abecednem redu Severina Dravinec, Janez Hočevar, Andreja Juvan, Vesna Klemenčič, Miha Plementaš, Tatjana Struna, Mladen Uhlik, Jerneja Žuran). Javili smo se entuziasti, večinoma brez kakšnih resnejših izkušenj, ki pa smo si močno želeli ustvarjati v gledališču, s čimer smo si pridobili ogromno zabavnih in poučnih izkušenj. Nekoliko nas je presenetilo, ko nam je profesor Pogačnik za prvo skupno igro predlagal Maeterlinckove Slepce, vsebinsko mrakobno in zahtevno delo. Videlo se je, da je to njegova dolgoletna želja, saj je natanko vedel, kaj želi storiti. V igri je eno od vlog prevzel tudi sam. Bil je menih, ki je slepce odpeljal na sprehod, potem pa se odpočil in zadremal pod drevesom, vendar se ni nikoli več zbudil. Salve pridušenega smeha so se razlegale po avli Filozofske fakultete, ko se je profesor Pogačnik na vajah prvič ulegel in se prelevil v negibnega meniha, mi kot slepci pa smo ga morali dobro pretipati, da smo se prepričali, ali je mrtev ali živ. 229 Les théâtreux - FINAL.indd 229 13. 05. 2024 14:22:42 Najprej smo morali seveda izpili izgovarjavo in se priučiti fonetičnih podrobnosti, kakršne so potrebne za odrsko izvajanje francoščine. Profesor Pogačnik je bil pri tem delu zelo temeljit in potrpežljiv, saj nas je neskončnokrat popravljal, tudi ko se nam je že zdelo, da smo besedilo izgovorili brez napak. Njegova tankočutna ušesa so zaznala najmanjše nianse nepravilne izgovorjave. Ko smo se besedila naučili in mizansceno dokončno usvojili, je prišlo na vrsto najzanimivejše: kostumi, maske, ličenje, nameščanje umetne pleše iz lateksa … Profesor Pogačnik je k našemu prvemu sodelovanju pritegnil tudi vrhunske profesionalce, kot sta svetlobni oblikovalec Pascal Mérat in skladatelj Drago Ivanuša. S to predstavo smo potem še gostovali na festivalu frankofonih študentskih gledaliških skupin v maroški Casanblanci. Gostovanje smo izkoristili in si privoščili tudi potovanje po puščavi s kamelami in med sipinami preživeli noč pod zvezdami, se izgubljali v labirintih medine v Marakešu … Izkusili smo povsem nova doživetja, ki so nas še bolj povezala. V naslednjih leti so bila dela, ki smo jih v zasedbi iz leta 1997 še izvedli (z novimi članicami in člani Natašo Živković, Jasmino Žgank, Daphné Favrelière, Borisom Vlajićem, Matevžem Bibrom, Bernardom Bankom, Natašo Srhoj in drugimi), komedija Eugèna Labicha La Poudre aux yeux, Ionescovi enodejanki L’Avenir est dans les oeufs in Jacques ou la soumission in drama Arthura Adamova Le Professeur Taranne, ki jo je režiral profesor Primož Vitez. Pri zadnji skupni igri, tj. Maeterlinckovi Princesse Maleine, so se nam pridružili še nekateri starejši nekdanji člani, kot sta Boštjan Zupančič in Agata Šega. S temi vsebinsko in razpoloženjsko raznolikimi deli smo imeli priložnost okusiti različne odrske estetike – od simbolizma in bulvarske komedije do teatra absurda. Že prej omenjeni Maroko pa ni bil edini »preboj« v tujino, saj smo z Ionescom leta 2001 nastopali tudi v Parizu v čudoviti findesieclovski dvorani v enem od premožnih pariških okrožij, kar je bilo pravo nasprotje od majhnega, rumenega avtobusa, s katerim smo se pripeljali tja. Celotna izkušnja je bila nadvse prijetna. Mnogo zabavnih zgod in nezgod smo imeli s sestavljanjem scenografije ter z izbiranjem in pomerjanjem kostumov, saj smo se mimogrede prelevili v prave Morticie Addams, prvakinje lovske družine, stroge patriarhalne glave družine ali natakarice na oktoberfestu. Vsekakor pa je bilo z vidika nas študentov najboljše 230 Les théâtreux - FINAL.indd 230 13. 05. 2024 14:22:42 sproščeno druženje po vajah s profesorjem Pogačnikom, ki nas je preprosto posvojil in nas poimenoval »moji otroci«. Vaje se nikoli niso končale s preprostim »se vidimo«, vedno smo se družili še do poznih nočnih ur. Sodelovanje pri Les Théâtreux nam je dalo neprecenljive izkušnje v javnem nastopanju, ki so nam koristile tudi kasneje v življenju, predvsem priprave na oder, govorjenje iz prepone, brušenje francoščine in seveda premagovanje strahu pred občinstvom. Še globlje pa so vezi, ki so se stkale med sodelujočimi in ki jih v veliko primerih z veseljem ohranjamo in plemenitimo še danes. Skupni neprecenljivi spomini neštetokrat priplavajo na plan ob kakšnem kozarčku vina ter vedno znova povzročijo izbruhe nekontroliranega smeha do solz. Profesor Pogačnik je vsemu dodal ščepec svojih posebnosti in pod njegovo taktirko naša ustvarjalnost na vseh področjih ni imela meja. Iz vsakega člana skupine je znal izvabiti najboljše in mu najti primerno vlogo, znal nas je spodbujati in se skupaj z nami smejati. Bilo je čudovito! Besedilo v slovenščini: Iztok Ilc, Saša Jerele, Darja Petrica (Bajraktarević), Tina Žolnir 231 Les théâtreux - FINAL.indd 231 13. 05. 2024 14:22:42 232 Les théâtreux - FINAL.indd 232 13. 05. 2024 14:22:42 Souvenirs de notre engagement au sein de la troupe des Théâtreux Višnja Fičor, Janina Kos Nous ne nous souvenons pas comment et quand nous avons intégré la troupe de théâtre, ni même s’il fallait passer une audition préalable. Cependant, les souvenirs de nos spectacles et des tournées comptent parmi les plus précieux de nos années étudiantes. En fait, nous n’avons aucun souvenir des répétitions, bien qu’elles aient eu lieu, étant donné la quantité astronomique de texte que nous connaissions par cœur ! Nous disposions également de costumes et d’accessoires comme dans un vrai théâtre, tout cela ne ressemblait en rien à du dilettantisme, c’était du véritable théâtre amateur, du théâtre amateur authentique. Notre mentor était notre professeur, Vladimir Pogačnik, et ce n’est probablement qu’aujourd’hui que nous saisissons le degré d’enthousiasme qu’il a dû déployer pour nous « rallier à sa cause », et nous motiver tant et si bien que nous étions de véritables comédiens en herbe ! Monsieur Pogačnik était également impitoyable lorsqu’il corrigeait notre diction, ce qui nous laisse penser que notre niveau de français était proche de celui des locuteurs natifs. Son enseignement subsiste encore aujourd’hui, même s’il s’est avéré par la suite qu’aucune de nous deux ne devait parler français au quotidien. La langue française n’a pourtant pas disparu de nos vies respectives. Davantage 233 Les théâtreux - FINAL.indd 233 13. 05. 2024 14:22:42 de la mienne (Višnja), cela dit, car je travail e à l’Opéra [de Ljubljana] où je suis, entre autres, lectrice de français, et donc, tout comme monsieur Pogačnik me torturait autrefois, je torture désormais le chœur et les solistes. Quant à Janina, elle doit aussi rêver en français car elle est traductrice audiovisuelle et littéraire, ce qui prouve que ses études ont clairement porté leurs fruits ! En ravivant ces souvenirs, nous aimons encore et surtout rire de nos tournées, notamment celles effectuées à Domžale et à Toulon. Nous y avons joué Monsieur de Pourceaugnac de Molière. Un jour de mai, nous avons pris deux voitures chargées de nos costumes en direction de Domžale. Nous devions y jouer dans le cadre d’un festival organisé par le bureau des étudiants de Domžale, qui avait aimablement levé quelques fonds pour notre production. Comme nous ne trouvions pas le lieu du spectacle après avoir arpenté maintes fois les rues de Domžale, nous voulions rentrer à Ljubljana, mais monsieur Pogačnik a insisté sur le fait que ce n’était pas la solution et que nous devions chercher un autre lieu de représentation. Nous étions sur le point de nous restaurer dans un charmant café près de la voie ferrée lorsque monsieur Pogačnik s’est exclamé : « Voilà l’endroit idéal pour notre spectacle ! » Malgré notre désapprobation, il avait atteint son but. Il nous a envoyés aux toilettes pour enfiler nos costumes, il en a fait de même puisqu’il jouait le rôle de l’Autrichien dans la pièce. Évidemment, il fut pris au dépourvu, car il lui est venu à l’esprit que la poignée de clients du bistrot du coin, qui ne se doutaient de rien en sirotant tranquillement leur verre de l’après-midi, ne parlait pas forcément français, mais il a rapidement trouvé une solution : vêtu d’un pantalon bouffant et coiffé d’un chapeau orné d’une plume de faisan, il s’est promené parmi eux et leur a brièvement expliqué le contenu de la pièce. Pendant ce temps-là, nous nous préparions à jouer, vêtus de nos costumes, en attendant cachés derrière le muret du jardin du café, à proximité de la voie ferrée. Le train nous a sifflés en passant ; le chef de la locomotive ne s’attendait certainement pas à voir cette bande de saltimbanques bariolée. C’est alors que le spectacle a commencé. Janina était la première à entrer « en scène », mais elle n’a pas réussi à terminer sa réplique : au vu des circonstances surréalistes, elle a été prise d’un fou rire irrésistible. Les autres acteurs n’ont pas fait mieux. Personne, ce jour-là, n’est parvenu à dire son texte jusqu’au bout mais, grâce 234 Les théâtreux - FINAL.indd 234 13. 05. 2024 14:22:42 à nos forces communes, nous nous en sommes sortis. Le résumé de Pogačnik était donc bien plus approprié qu’on n’aurait pu le penser. Nous avons aussi reçu une salve d’applaudissements du fait que nous avions manifestement tiré une poignée d’habitants de Domžale de sa torpeur de l’après-midi. Il est évident que nous aurions pu évoquer de nombreuses autres anecdotes, mais celle-ci a sans aucun doute éclipsé toutes les autres. Longue vie à la troupe des Théâtreux ! Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 235 Les théâtreux - FINAL.indd 235 13. 05. 2024 14:22:42 236 Les théâtreux - FINAL.indd 236 13. 05. 2024 14:22:42 Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous Kristina Šircelj Čepon, Manca Stare « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous1 », selon Paul Éluard. Une rencontre, hasardeuse, a influencé ma décision à rejoindre les Théâtreux. Ces situations en apparence insignifiantes ont la merveilleuse capacité de transformer une grande partie de notre existence. Pour le meilleur. Elles viennent l’égayer, lui insuffler des couleurs, l’élargir, l’illuminer. Elles sont la source de secrets collectifs, d’aventures partagées, de découvertes et de précieux souvenirs. Que l’on chérit. Que l’on emporte avec soi, parfois plus ou moins présents dans la conscience, mais toujours là, quelque part. Si je n’étais pas tombée sur Danijel, s’il ne m’avait pas invitée à l’accompagner au théâtre, si je ne m’étais pas rendue la veille au spectacle des vingt ans de la troupe, si Jasmina n’avait pas été retenue au point de devoir la remplacer au pied levé dans la première scène, peut-être n’aurais-je jamais rassemblé mon courage, à l’automne suivant, pour rejoindre la troupe. Mais heureusement tout cela a bien eu lieu et je me suis retrouvée là, parmi ces personnes avec lesquelles nous sommes peu à peu devenus amis. Des amis proches pour certains, pour toujours. 1 En français dans le texte original. 237 Les théâtreux - FINAL.indd 237 13. 05. 2024 14:22:43 À l’époque, la troupe était dirigée par notre professeur, Vladimir Pogačnik, dont l’enthousiasme et le dévouement étaient contagieux. Le théâtre est pour lui une source de joie, ce qui se ressentait en permanence. Cette année-là nous étions dix, majoritairement romanistes. Après la grosse production du vingtième anniversaire de la troupe, à laquelle avaient participé nombre d’anciens membres et la majorité des professeurs du département à l’époque, nous sommes revenus au format habituel et avons commencé à travailler sur La Cantatrice chauve. Monsieur Pogačnik a concrétisé sa vision de dédoublement des personnages, il nous a parfaitement bien préparés à acquérir une prononciation de qualité pendant la lecture. Puis chacun d’entre nous a apporté sa touche de créativité. Les rollers sont ainsi entrés dans l’histoire. Chaque année a vu un nouveau texte (ou deux), un nouveau spectacle et parfois aussi une nouvelle tournée. Nous avons eu l’occasion de connaître différentes scènes et leurs coulisses. À Ljubljana, les Théâtreux ont joué un peu partout : Glej, Drama, Siti teater, Lutkovno gledališče [ Théâtre de marionnettes], KUD France Prešeren, etc. La troupe est allée à Toulon, Tours, Paris, Zagreb, Grenoble… J’ai moi-même eu la chance de fouler certaines de ces scènes. J’adore le théâtre. Pas seulement les spectacles auxquels on assiste ou participe. J’aime aussi les bâtisses, l’odeur, le noir de la scène, les coulisses et la machinerie en apparence mystérieuse. La salle de théâtre vide avant le spectacle, où l’on peut déambuler sans gêne. Et bien sûr le trac avant de jouer. Je remercie également les Théâtreux de m’avoir permis de vivre tout cela. La salle 13 était notre chez-nous qu’il était plaisant de transformer en « coulisses » lorsque, pour nous, el e ne représentait pas une sal e de cours. On s’y retrouvait non seulement à l’intérieur, mais aussi dans le couloir attenant, à n’importe quelle heure du jour, et nous la réaménagions à notre convenance afin de disposer d’un espace de répétitions. La conception des costumes incombait soit à monsieur Pogačnik, qui possédait une boîte renfermant de tels trésors, soit à nous-mêmes qui fouillions dans nos trésors personnels. 238 Les théâtreux - FINAL.indd 238 13. 05. 2024 14:22:43 À l’approche de la fin de l’année universitaire et de notre spectacle, les répétitions et le trac s’intensifiaient. Parallèlement, nos professeurs sont venus pour nous prêter main-forte, Gregor Perko, qui nous accompagnait souvent en tournée, et Primož Vitez, chacun ayant entretenu, à sa manière, un lien étroit avec le théâtre. Puis monsieur Pogačnik a été rejoint par la lectrice Julie David qui a repris la troupe. Avec elle, le rapport au jeu dramatique a changé, car elle privilégiait davantage l’expression non verbale sur scène. Elle a su mobiliser un grand nombre d’étudiants par son énergie. Après son départ, d’autres lecteurs belges se sont succédé à la faculté, prenant les rênes de la troupe. Comme toute activité de ce type, le théâtre étudiant a considérablement renforcé les liens entre nous : entre étudiants (de l’amitié à l’amourette, en passant par l’idylle, le couple et même le mariage), puis entre professeurs et étudiants. C’est pourquoi j’aimerais partager ici les souvenirs de ma chère amie, que je n’aurais probablement pas rencontrée sans les Théâtreux. Nous avons naturellement certains souvenirs en commun, mais comme elle a fait partie de la troupe pendant sept ans, elle en a plus que bien des gens. C’est presque par hasard que je me suis retrouvée au théâtre français de la Faculté de lettres. En 2002, j’étais étudiante en première année de sociologie et de français, lorsqu’après un de mes cours du soir, je suis tombée sur une collègue qui attendait devant « la treize » (la salle numéro 13) où devait se tenir le premier rendez­vous de la rentrée des Théâtreux. Auparavant, je n’avais jamais fait partie d’une troupe de théâtre (contrairement à certains collègues qui avaient déjà fait du théâtre au lycée), mais j’ai décidé de rester pour la présentation. 21 ans se sont écoulés depuis, si bien que mes souvenirs ne sont malheureusement pas des plus clairs, mais je sais que j’ai bien failli ne pas me rendre au rendezvous suivant. Tout m’était si étranger, la plupart des étudiants étaient plus âgés que moi et j’avais l’impression de ne pas être à ma place. J’y suis quand même retournée une fois de plus et je suis restée au « théâtre » pendant 7 ans. Je peux affirmer avec certitude qu’à cette époque de ma vie, je ne me suis sentie jamais plus à ma place qu’avec les Théâtreux. 239 Les théâtreux - FINAL.indd 239 13. 05. 2024 14:22:43 Les premières années ont passé sous la direction de Vladimir Pogačnik, professeur de langue française, légende du « théâtre français », qui était également, sauf erreur de ma part, chef du département des études romanes, à l’époque. Malgré tous ses titres universitaires et ses obligations, monsieur Pogačnik était toujours de tout cœur avec le théâtre et les teatrovci2. Il aimait sincèrement son travail et ses étudiants et, pendant ma première année, c’est grâce à lui que nous a été donnée la chance d’aller en France, à Toulon, où nous avons joué Monsieur de Pourceaugnac de Molière. Monsieur Pogačnik était aussi très apprécié des étudiants pour son honnêteté et son humour, ce qui a pu parfois en offusquer certains qui ne savaient pas rire à leurs dépens. Mais au théâtre, cette qualité était primordiale pour pouvoir « encaisser » certaines questions rhétoriques du genre : « C’était du coréen ou du français, ça ? » et rire de certaines phrases comme « Mais ton monologue est aussi ennuyeux qu’une conférence au Luxembourg. » Cette dernière remarque m’était destinée et, pour ne pas torturer le public, le professeur m’avait demandé si je ne possédais pas par hasard, des patins à roulettes ou des rollers, qui me rendraient plus intéressante sur scène. Il eut bien raison et la servante de Ionesco dans La Cantatrice chauve roula joyeusement entre monsieur et madame Smith et leurs invités. S’en est suivie une tournée en Slovénie, puis en France : à Paris cette fois­ci, tout près des Champs­Élysées, et à Tours. Outre Vladimir Pogačnik, Gregor Perko, alors jeune assistant à peine plus âgé que nous, qui nous apportait régulièrement son aide, nous a rejoints. Je n’ai jamais entendu que des compliments à son égard : c’était un enseignant qui maîtrisait son sujet, et savait le transmettre et l’expliquer clairement aux étudiants. Il était également un interlocuteur et un homme extrêmement gentil avec lequel nous discutions avec plaisir des préparatifs de notre spectacle, avec qui nous avons visité Paris ou tout simplement pris un verre après les répétitions. Sa disparition prématurée 2 Autre nom donné en slovène à la troupe. En français : théâtreux. 240 Les théâtreux - FINAL.indd 240 13. 05. 2024 14:22:43 nous a tous bouleversés, et j’espère seulement qu’il savait combien nous l’aimions. Au cours de ma cinquième année chez les Théâtreux, est arrivée Julie David, lectrice française, novice en Slovénie. Jeune, pleine d’énergie et d’idées nouvelles. La première année, elle dirigeait la troupe avec monsieur Pogačnik, puis elle l’a reprise et fait sa révolution. De comédiens, nous nous sommes mués en créateurs dont la tâche était de travailler non seulement notre présence sur scène, mais aussi les autres aspects de la production théâtrale, comme la confection des costumes en laine feutrée. Julie nous a mis à l’ouvrage, mais c’est elle également qui investissait le plus de temps et d’effort dans la troupe. C’est elle aussi qui nous a emmenés au festival de théâtre à Zagreb, puis à Skopje, et surtout aux Rencontres du Jeune Théâtre Européen à Grenoble où se réunissent chaque année des troupes de théâtre de toute l’Europe et d’ailleurs, créant ensemble des miracles (ou du moins ce qui y ressemble, quand on y est). Le festival dure 10 jours, certaines « rencontres » (comprendre, liaisons) internationales durent depuis plus de dix ans déjà, et ont donné naissance à de nouveaux miracles qui, avec un peu de chance, vivront un jour de telles aventures. La troupe de théâtre français m’a tant apporté que c’en est indescriptible ! Être sur scène devant tes amis, tes proches, tes professeurs et tes collègues, et devant des inconnus aussi, procure toujours un sentiment unique. Apprendre le français à travers les œuvres des grands auteurs dramatiques fut un privilège. En même temps, cela m’a également aidé à prendre confiance en moi, dans la vie et les études. Les voyages m’ont laissé des expériences et des souvenirs pour toujours. Tout cela ne peut toutefois se comparer à l’amitié qui s’est forgée dans cette salle treize et en dehors, loin, dans le temps et l’espace. Lorsqu’on partage des moments aussi forts avec quelqu’un, cela résiste au­delà du travail, des enfants et des kilomètres. On continue de rouler ensemble. (Manca Stare) 241 Les théâtreux - FINAL.indd 241 13. 05. 2024 14:22:43 Je crois que tous ceux qui ont passé ne serait-ce que quelque temps avec les teatrovci [théâtreux] ont été véritablement marqués par cette aventure. J’espère et je souhaite que la troupe continue d’exister encore longtemps, afin que les générations futures aient l’occasion de vivre quelque chose de semblable à ce que nous avons vécu. C’est pourquoi il me semble important que le théâtre étudiant bénéficie de l’appui et de l’encouragement des professeurs, des lecteurs et des autres membres de la faculté. Tant sur le plan moral que pratique. Que soit encouragé l’enthousiasme et l’engagement des étudiants qui mettent la langue française en pratique (sur scène) et qui, par leurs actions, n’en sont que plus fidèles au département. Puisque j’ai commencé par les rencontres ou plutôt par les coïncidences, et La Cantatrice chauve, je terminerai de la même façon. Une nouvelle rencontre a fait qu’après toutes ces années, j’irai voir La Cantatrice chauve que le Mestno gledališče Ljubljansko [ Théâtre de la ville de Ljubljana] vient de mettre en scène cette année. J’ai hâte ! Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 242 Les théâtreux - FINAL.indd 242 13. 05. 2024 14:22:43 2006–2011 Kako ustvarjati gledališče, če o njem ne veš ničesar? Les Théâtreux Julie David Na začetku ne veš, da je to začetek. Na začetku ne veš, da se nekaj začenja. In na začetku predvsem ne veš, kako dolgo bo vse skupaj trajalo. Zadnje tri mesece sem živela z mislijo, da moram napisati to besedilo ob štirideseti obletnici Les Théâtreux. Zamujam. Veliko dela imam. Spet moram zapustiti eno državo in se odpraviti v drugo, s hišico na hrbtu. Zaposlena sem. Ali pa me je strah? Česa? Vzamem si dva dni časa. Rezerviram termin za srečanje. Sama s sabo, z Les Théâtreux. Ne spominjaš se več, kako je prišlo do tega. Nekako po naključju si se znašla tukaj. Med tisoč drugimi stvarmi si se veliko ukvarjala s plesom, koreografijo in gledališčem, ampak to je bilo že davno. Obvladaš prostor, poznaš vse faze ustvarjanja. Toda gledališče je polno besed. In tega ne poznaš. 243 Les théâtreux - FINAL.indd 243 13. 05. 2024 14:22:43 Metoda Actors Studio. Ponovno odprem stare mape, z napisom »Ljubljana«, razvrščene po letih, poiščem DVD-je in fotografije, v roke vzamem album, ki so mi ga podarili študentje, preden sem zapustila Slovenijo. Naključno odpiram dokumente, elektronska sporočila. Ponovno sledim razvoju te gledališke skupine. Gledam fotografije, videoposnetke, plakate. Preplavijo me čustva. Jokaš. Pozabila si imena, ne pa tudi obrazov. Začetek Na Filozofsko fakulteto pridem leta 2006 kot lektorica za francoski jezik in književnost, ki jo je poslala frankofonska Belgija. Nisem Belgijka, vendar to ni pomembno. Imela sem srečo, da me je takoj po končanem magisteriju iz poučevanja francoščine kot tujega jezika zaposlila organizacija, ki se je takrat imenovala C.G.R.I.1 Ta pustolovščina bo v treh različnih državah trajala osemnajst let. V Ljubljani poučujem na Oddelku za romanske jezike in na Oddelku za prevajalstvo in tolmačenje. Razen dvomesečne prakse na flamski univerzi nimam nikakršnih pedagoških izkušenj. To pomeni, da bodo noči prvih nekaj let kratke. Med drugim me pozdravi tudi živahni profesor Pogačnik, ki me prav kmalu spozna z Les Théâtreux. Toda podrobnosti se ne spomnim več. To je čudno. Ne spomnim se, kako se je pričelo nekaj, kar mi bo pobralo ves čas in energijo, nekaj, kar mi bo dalo toliko sreče, dvomov in veselja. Toda začne se, in sicer z enajstimi igralci. Začne pa se tudi dolgo in lepo prijateljstvo s profesorjem Pogačnikom, ki nam bo stal ob strani pri pripravi vseh predstav. Od tistega prvega leta, ko smo uprizorili L’Œuf ( Jajce) belgijskega dramatika in naturaliziranega Francoza Féliciena Marceauja, mi ni ostalo veliko spominov. Kot režiserka improviziram, tipam v temi, iščem. To počnejo tudi študenti, s katerimi se še spoznavamo. Ne morem se dovolj zahvaliti tej začetni skupini, ker mi je zaupala. Oblikovalo se je prvo jedro. V sebi nosi srž skupine, ki obstaja že od osemdesetih let prejšnjega stoletja. Študentje so zelo 1 Le Commissariat Général aux Relations Internationales de la Communauté française de Belgique, od takrat preimenovan v Wallonie-Bruxelles International. 244 Les théâtreux - FINAL.indd 244 13. 05. 2024 14:22:43 gostoljubni, dobro govorijo francosko in so si blizu s profesorji. Zdi se, da je ta skupina nekakšna izložba njihovega oddelka. Spretni so z besedami, s telesi pa morda malo manj. Na srečanjih tega prvega leta me pogosto sprašujejo: »Ampak ali ni to malo preveč?« Ne, ni preveč. In to je šele začetek. Odpiranje Med letoma 2007 in 2008 se zdi, da je predstava L’Œuf že naredila svoje, saj sprejmemo nove člane.2 Študentom romanistike so se zdaj pridružili tudi študenti prevajalstva, med njimi je tudi nekaj prostih elektronov, zato postajajo profili bolj raznoliki. Ne iščem briljantnih študentov, iščem igralce. Ni pomembno, če je njihova francoščina še vedno precej pomanjkljiva, zato se tudi gremo gledališče. Če francoščina postane sredstvo za dosego cilja in ne cilj sam po sebi, če se jezika učimo s telesom, je napredek hiter (včasih celo osupljiv). V naslednjih letih se gledališka skupina še naprej odpira in sprejema celo študente z drugih fakultet (naravoslovne, tehnične itd.), ki želijo še naprej gojiti francoščino, ki so se je naučili v gimnaziji. Raznolikost udeležencev nenehno bogati skupino. Obdajanje z ljudmi in učenje Vodila naj bi gledališko skupino – že prav, a kaj, ko nimam znanja in izkušenj. Ukvarjam se s sodobnim plesom, oder in nastopi mi niso tuji. Toda na gledali- škem področju nimam ne veščin ne samozavesti. Leta 2006 v Bruslju spoznam Michela Van Looja, direktorja gledališča Théâtre de la Guimbarde v Charleroiju. To srečanje je prelomno. Michel nas obišče, da bi študentom, ki pripravljajo predstavo L’Œuf, omogočil prvo profesionalno izkušnjo. Vračal se bo vsako leto, in to dvakrat, najprej, da bi »razrahljal« začetne faze skupinskega dela, drugič pa ob začetku postopka režije. Ob opazovanju Michela se učim. Poleg tega tudi ogromno berem, igre, priročnike, teoretična besedila, vse, kar bi mi pomagalo obogatiti te gledališke ure; ogledam si vse, kar se dogaja v Ljubljani, obdam se z gledališčem. Michel postane prijatelj, prijatelj z dolgoletnimi izkušnjami na 2 Les Théâtreux si nadenejo logotip, ki je v uporabi še danes. 245 Les théâtreux - FINAL.indd 245 13. 05. 2024 14:22:43 področju angažiranega gledališča, ki jih z veseljem deli. Hrani me z napotki za branje, s spomini, z glasno kritiko, s knjigami, s filmi, z odrskimi uprizoritvami. Poleti odpotujem v Belgijo na tečaje AKDT3 (commedia dell’arte, nema improvizacija, klovnada, oblikovanje likov itd.) s profesorji, od katerih so nekateri postali tesni prijatelji. Povabila jih bom, da organizirajo delavnice za študente (na primer Jacquesa Esnaulta iz Collectif 1984, ki izvaja akcijsko gledališče). Druga prijateljstva se bodo stkala po zaslugi festivala Rencontres du Jeune Théâtre Européen v Grenoblu, na katerem bomo sodelovali med letoma 2007 in 2011: udeležila se bom izobraževanj pri režiserjih Frankfurt Theater v Nemčiji ali Forn de Teatre Pa’tothom v Barceloni. Niso mi všeč čisto vsi pristopi ali vse gledališke družine, vendar vsrkavam, opazujem. Učim se, kako težko in lepo je igrati in režirati. Prestavljanje, pospravljanje Ko razmišljam o tistih letih v Sloveniji, mi spomin kdaj pa kdaj odpove. A če česa nisem pozabila, je to številka predavalnice, kjer smo vadili. PREDAVALNICA 13. Seveda smo se srečevali tudi v drugih, a ta bo za vedno ostala matična. Na začetku smo nekoliko sramežljivi, ne upamo si preveč prestavljati miz, stisnemo se v majhen, oddaljen kot. Z leti mize potiskamo vedno bolj nazaj, da bi čimbolj osvobodili prostor. To ni več učilnica, ampak gledališka dvorana. In tako je vsak večer, vsak konec tedna, ko potekajo vaje, obred enak : zložimo vse mize in stole, da si naredimo prostor, nato pa vse spet postavimo nazaj na svoje mesto. Vedno znova in znova in znova. Stokrat, tisočkrat. Gledališče je predvsem garanje. Napredovanje Danes je drugi dan moje izolacije, mojega srečanja z Les Théâtreux. Zunaj je še vedno mila južnoafriška zima. Ponovno sem si ogledala veliko posnetkov z vaj pa tudi dokumentarnih filmov, ki smo jih snemali vsako leto. Od leta 2006 do 2011 so spremembe presenetljive. 3 La Royale Académie Internationale d’Été de Wallonie: dobrodelna fundacija v Belgiji, ki ponuja poletne tečaje glasbe, vizualnih umetnosti, plesa in uprizoritvenih umetnosti. 246 Les théâtreux - FINAL.indd 246 13. 05. 2024 14:22:43 Najprej že omenjeni prostor, ki si ga prisvojimo in popolnoma zasedemo. Potem so tu še oblačila: v prvih letih študentje še vedno vadijo v svojih vsa-kodnevnih oblačilih, postopoma pa njihove oprave postanejo udobnejše, bolj nevtralne, primernejše za gledališko delo. Ure vaj postopoma dobijo ustaljeno strukturo. V prvem semestru potekajo enkrat tedensko in so namenjene izključno vsem vidikom igralčevega dela: telo, kretnje, prostor, odnosi z drugimi, ustvarjanje lika (s pomočjo improvizacije in domišljijske konstrukcije), nato pa še glas, dihanje, fonetika in izgovorjava, naglaševanje in pomnjenje francoskih stavkov. Ta prva faza vključuje tudi enega ali dva obiska zunanjih predavateljev, kar študentom omogoča, da pre-izkusijo še druge načine dela. V drugem semestru, od februarja do aprila, pa se intenzivno ukvarjamo z režijo besedila, ki smo ga izbrali za tisto leto: še naprej razvijamo svoje igralske sposobnosti kot posamezniki ali kot skupina, vendar se nanje osredotočamo skozi režijo. Prizore pripravljamo drugega za drugim po skupinicah in nato vsi skupaj po točno določenem urniku. Vsak večer svetim na fakulteti. In študentje kljub vsem drugim obveznostim gledališču namenijo veliko časa. Na vaje prihajajo tudi ob koncih tedna in praznikih. Na stotine ur v predavalnici 13. Ko se ozrem nazaj na vse to, se mi zdi v današnjem svetu popolnoma nepredstavljivo, da je vsakdo od nas toliko žrtvoval za gledališče. Če toliko časa preživimo skupaj, mora biti v vsem skupaj nekakšna čarovnija. Ko se ozrem nazaj na to obdobje svojega življenja, me preseneti prav razvoj študentov: kakšna preobrazba! Med letoma 2006 in 2011 sem opazovala, kako so študentje pred mojimi očmi postajali igralci. Najprej tiste in tisti, ki so sprožili to gibanje, preden so se podali novim izzivom naproti: Matevž, Danijel, Ajda, Kristina, Maruša, Aja, Petra, Daša. Potem je tu trdno jedro, najzvestejši, tisti, ki so skupini dali preobrazbeni zagon: Luka, Ljubica, Tine. Potem še tisti, ki odidejo, se kasneje vrnejo in skupino obogatijo s svojimi dolgoletnimi izkušnjami: Matjaž, Jernej, Manca, Maša. Nato so tu še tisti, ki se skupini pridružijo na poti in ji pomagajo pri razcvetu: Gregor, Simon, Tina, Bruna, Eva, Urška. Nazadnje pa tudi oni, ki v projekt prinesejo sebi lastno energijo in kanček norosti: Tamara, Ana, Vesna, Ananda, Špela, Črt, David, Petra, Nataša, Katarina, Kristina, Sabina, 247 Les théâtreux - FINAL.indd 247 13. 05. 2024 14:22:43 Ana, Andrej.4 Kakovost dela vsako leto narašča po zaslugi medsebojnega sodelovanja bolj ali manj izkušenih igralcev, zaupanja in vezi, ki se ustvarjajo, ter stremljenja po nenehnem izboljševanju, ki se vzpostavi v skupini. Med letoma 2006 do 2011 se število igralcev vztrajno povečuje, z enajstih preide na sedemnajst v zadnji uprizoritvi. V profesionalnem gledališču je sedemnajst igralcev na odru skoraj nemogoč podvig, saj je to predrago. Pri nas je drugače. Razvoj Z razvojem ustvarjalnega dela se pojavljajo nove potrebe. Da bi zagotovili sredstva za uresničitev svojih ambicij, razvijamo številne povezane dejavnosti, pri katerih kar najbolje izkoristimo znanje in spretnosti vsakega izmed nas. Moji prijatelji prispevajo veliko (oblikovanje plakatov, ustvarjanje zvočnih pokrajin, pomoč pri upravljanju režije, zvoka in luči), vendar so študentje prav tako iznajdljivi. Ustvarjanje rekvizitov in kostumov je sestavni del ustvarjalnega procesa: po predstavi Les B@lges (2007–2008)5 se za Requiem with a happy end (2008–2009)6 naučimo izdelovati organe iz lateksa – jetra, pljuča, ledvice, membrane itd. – in prave sablje7 za predstavo Gengis Khan (2009–2010)8, igro, za katero se naučimo tudi dela s filcem in izdelovanja lastnih kostumov za mongolske jezdece. Vsakdo prispeva tisto, kar zna in zmore. Ugotovimo tudi, da lahko s podnaslavljanjem iger nagovorimo veliko širše občinstvo: za igri Gengis Khan in La Kermesse Héroïque (2010–2011)9 nam priskoči na pomoč majhna vojska prevajalcev – nekdanjih članov. Bolje kot nam gre, bolj se povečuje tudi kapaciteta predstav: iz majhnega gledališča Glej se selimo v DIC in nato v SitiTeater. Da bi to omogočili, pa je treba skrbeti tudi za logistiko, prodajo vstopnic in rezervacije, zato nam pomagajo prijatelji in nekdanji člani. 4 Mislim, da nisem izpustila nikogar, sicer mea maxima culpa. 5 Avtorja Jean-Marie Piemme in Paul Pourveur. 6 Avtor Dominique Wittorski. 7 Hvala, Simon! 8 Avtor Henry Bauchau. 9 Priredba istoimenskega filma Jacquesa Feyderja in Arthurja Marie Rabenalta iz leta 1935 po kratki zgodbi Charlesa Spaaka. 248 Les théâtreux - FINAL.indd 248 13. 05. 2024 14:22:43 Omeniti je treba, da z začetkom študijskega leta 2009 in po zaslugi novih študijskih načrtov, povezanih z bolonjsko reformo, prvi semester naše gledališke delavnice postane uradni predmet, ki se imenuje »francoski gledališki govor«. Gre za izbirni predmet, ki ga lahko vpišejo študentje prvega, drugega in tretjega letnika. Naša srečanja tako postanejo pravi predmet (z zaključno oceno) in pritegnejo kar nekaj študentov. Od oktobra do novembra po tri ure tedensko obravnavamo vse vidike igralčevega dela (zdaj imam tudi več gradiva za obogatitev srečanj). Na novo vpisanim študentom pomagamo in jih spodbujamo, pri tem pa se opiramo na izkušnje članov skupine in kombiniramo vaje z improvizacijami. Decembra se študentje lotijo gledališke uprizoritve: iz besedila, ki ga bomo uprizorili v naslednjem semestru, izberemo nekaj prizorov, skupine (sestavljene iz starih in novih študentov) pa morajo predlagati način uprizoritve, na čemer nato temelji ocena. Izoblikujejo se odlična partnerstva in nekateri od vpisanih študentov bodo kmalu postali del stalne zasedbe. Spoznavanje (in biti spoznan) Leta 2007 spoznam Primoža Grešaka, ki postane moj dragoceni sodelavec in prijatelj. Odkrijem, da na naši fakulteti deluje še ena gledališka skupina v španskem jeziku, Hipercloridria, ki jo vodi Primož. Oba sva malce nora: porodi se nama zamisel o meduniverzitetnem gledališkem festivalu tujejezičnih skupin. Verjameva, da lahko študentje od srečanj z drugimi jeziki, drugimi praksami in drugimi gledališkimi pristopi odnesejo ogromno. Meniva, da je pomembno, da se oddaljimo od utečenih poti in izstopimo iz cone udobja. Prepričana sva, da nas medsebojna srečanja in odprtost do drugih ženejo naprej in nas spreminjajo. Predvsem pa se nama zdi, da se bomo pošteno nasmejali. Prva edicija FESTUNIT (Festival of University Theatre of Ljubljana) poteka aprila 2008 v Rogu (nekdanji tovarni koles, spremenjeni v umetniški skvot). Na njem sodelujeta dve ljubljanski skupini (Les Théâtreux, Hipercloridria) in dve skupini z Univerze v Zagrebu (Lusco-Fusco, ki igrajo v portugalščini, in Théâtre sans fil, v francoščini). Poiskati moramo sponzorje, organizirati, sprejeti, nastaniti in nahraniti približno petdeset udeležencev. 249 Les théâtreux - FINAL.indd 249 13. 05. 2024 14:22:43 Naslednje leto razmišljamo širše. Priredimo dvodnevni festival v Menzi pri koritu (Metelkova) s sedmimi gostujočimi skupinami s štirih univerz (pustolovščini se pridružijo Skopje, Zadar in italijanska skupina iz Ljubljane) za osemdeset udeležencev. V dopoldanskem času dodamo tudi delavnice gledališkega raziskovanja, ki jih organizirajo režiserke in režiserji in omogočajo skupinam, da se pomešajo med seboj. Vzdušje je prijetno, študentje se spoznavajo prek gledališča, z režiserji pa smo ustvarili mrežo partnerstev, ki sega preko vsega Balkana. Piše se leto 2009. Čeprav so naši študentje premladi, da bi jo doživeli, je vojna, ki je razdelila ta del Evrope, povsod pustila svoje sledi. Beograd je še vedno v ruševinah, drugod so na stavbah vidne luknje izstreljenih krogel, v Sarajevu srečujem ljudi, ki jih je vojna pohabila, v bosanskih gorah se po naključju znajdem na proslavi v spomin na pomor stotine Srbov, ki jo spremljajo streli iz kalašnikovk. Še vedno je čutiti napetost. Razvoj nacionalizmov je razdelil tudi jezike: medtem ko se pripadniki moje generacije še vedno sporazumevajo v srbohrvaščini, naši mladi govorijo različne jezike in se pogosto zatečejo kar k angleščini. Surfamo po tej neverjetni dinamiki balkanskega univerzitetnega gledališča, potujemo z avtobusom ali z vlakom, odpravimo se igrat v Zagreb, kjer so prav tako začeli svoj festival FRASK. Leta 2009 se pustolovščini pridruži Srbija, nove skupine (v portugalskem, italijanskem in španskem jeziku) iz Beograda in Zagreba pa povečajo število udeležencev, ki jih je zdaj sto trideset. Precejšen logistični in finančni izziv, ki zahteva sodelovanje majhne, zveste in iznajdljive ekipe. Kvalitetna raven delavnic in uprizorjenih iger se zaradi splošnega sodelovanja povečuje. Toda ključna beseda ostaja srečevanje. In še naprej križarimo po Balkanu, odpravimo se v Zagreb (festival FRASK) in Skopje (festival UNIFEST). Hvala vsem norim ljudem, ki so uresničili to utopijo ... Hvala Primožu, Sylvainu, Isabelle, Simonu, Céline, Sofiji, Marziu za čas, ki ste ga namenili za to in delili z nami. Med letoma 2008 in 2011 se poleg FESTUNIT vsako poletje udeležimo tudi festivala Rencontres du Jeune Théâtre Européen, ki ga organizira Créarc v Grenoblu. Ta kontakt smo podedovali od prejšnjih članov skupine in nekega julijskega dne leta 2008 prispemo v Grenoble ... Študentom sprva ni lahko. Deset dni festivala je intenziven zalogaj. Tri predstave na dan, razgrete debate 250 Les théâtreux - FINAL.indd 250 13. 05. 2024 14:22:43 o vsaki uprizorjeni igri, dopoldanske delavnice z različnimi režiserji, vse s ciljem, da bi z okoli dvesto udeleženci pripravili skupno predstavo, zvečer pa – seveda – zabava. Ta srečanja, na katerih se mešajo profesionalne in amaterske skupine, nas silijo, da smo še bolj zahtevni do sebe. Vsako leto znova rastemo, med srečanji in skozi njih. Financiranje To je najbolj ključno in občutljivo področje. Vsi ti projekti, produkcije, festivali in potovanja zahtevajo denar. Ko v kronološkem zaporedju listam po svojih mapah, opazim očitno povečevanje števila dokumentov, povezanih z iskanjem finančnih sredstev in sponzorjev. Pozabila sem že, kaj pomeni večina kratic, ne pa tudi koliko časa sem sama ali skupaj s študenti porabila za pripravo teh prošenj za podporo. Tudi to je interdisciplinarna spretnost, ki jo razvijamo s študenti. Od Wallonie-Bruxelles International do Francoskega inštituta, Inštituta Cervantès in Istituto Italiano di Cultura, pozabiti pa ne smemo niti na neomajno podporo naših oddelkov in univerze. Za stvar postopoma ogrejemo tudi Študentsko organizacijo Slovenije, Mestno občino Ljubljana in druge, včasih nenadejane zasebne sponzorje (Leclerc, Imperial Tobacco, Eurosea itd.). Dokumentiranje Ohranjanje sledi. Tolikokrat sem se preselila, zapustila toliko krajev, pozabila toliko jezikov, da bi se naučila drugih, se naučila izgovoriti toliko neizgovorljivih imen (slovenska imena so na vrhu seznama z besedami brez enega samega vidnega samoglasnika); ali sem že takrat slutila, da bo moj interni trdi disk hitro zapolnjen? Nisem prepričana. Toda že od prvega leta bo prijatelj snemalec nekaj tednov pred premiero prihajal dokumentirat delo Les Théâtreux, snemal bo tako predstave kot delo samo, ujel smeh, utrujenost, življenje, vzpone in padce skupine. Tudi on bo skozi poskuse in napake zrasel. Nekateri študentje mu bodo pomagali pri tehničnem delu in intervjujih in bodo tako razvijali tudi druge interdisciplinarne spretnosti. Prav po zaslugi vseh ohranjenih sledi se tistih dni spominjam s tako jasnostjo. Vse sem shranila. Zbiram in razvrščam, 251 Les théâtreux - FINAL.indd 251 13. 05. 2024 14:22:43 morda bom te arhive, ki se me tako dotaknejo, kmalu objavila na spletu, da se bodo dotaknili tudi drugih. Dvomi Na vsakem koraku. V bistvo gledališkega dela in v vsako njegovo etapo. V odnose, v avtoriteto in v odgovornosti, ki jih prinaša prevažanje skupine mladih z enega konca Evrope na drugega. Sprejemanje kritik, soočanje z lastno nevednostjo, ponotranjanje, razvrščanje. Vedno dvomi, vendar v mejah tega, kar smo in kar lahko naredimo. Treba je iti naprej, graditi. Navsezadnje je treba živeti. Ljubezen V gledališču so ure in ure namenjene opazovanju. Seveda mora vodja dejavnosti tudi kazati, kako je treba igrati, in sam kaj odigrati, da bi ostale pripravil k igri. Vendar je bistvo vsega ravno opazovanje. Opazovanje teles, njihove drže, gibov, kaj zmorejo in česa ne, njihovih krepkih in šibkih točk, medsebojnih neskladij in osvobajajočih povezav. Mislim, da ne moreš toliko ur opazovati ljudi, ne da bi jih vzljubil. Res je, govorim o resnični ljubezni. O tem, da prisluhneš in da si tam zanje. Včasih smo nerodni, tako kot tudi sicer v življenju, ne znamo ljubiti, ne najdemo besed. Če bi morala vse ponoviti, bi več pozornosti namenila odnosom in verjetno s študenti ne bi delala na enak način. Toda stvari se zgodijo samo enkrat. Mislim na vse študentke in študente, ki sem jih opazovala in vzljubila v vseh teh letih. Nisem preveč nadarjena za ohranjanje stikov, poleg tega sem alergična na tako imenovana »socialna« omrežja. Vendar jih nisem pozabila. Upam, da so živi in zdravi, da so zadovoljni v svojem poklicnem in zasebnem življenju. Predstavljam si jih srečne. Vem, da so med seboj spletli vezi, ki v nekaterih primerih trajajo še danes. Nekateri med njimi so se celo zaljubili! Ali imajo otroke? Ali jim govorijo, da se je vse začelo v gledališču? Potem je to najlepše, kar smo kdaj ustvarili. 252 Les théâtreux - FINAL.indd 252 13. 05. 2024 14:22:43 Nadaljevanje Nekega dne se življenje nepričakovano zasuka. Tu sta tudi želja po raziskovanju in obljuba, ki sem si jo dala. Tako pride čas odhoda. Sledi čas selitve v drugo državo – Indijo – v drugo kulturo, na drugo univerzo. Skupinici študentov (spet malo prismuknjenih) je prišlo na ušesa, da sem se ukvarjala z gledališčem. Ko začnem delati z njimi, jim pokažem v Sloveniji posnete dokumentarne filme: »Kaj, lahko to naredimo tudi mi?« Seveda, in tudi bomo. Vendar drugače. V precej težjih razmerah (vedno se bom z velikim obžalovanjem spominjala, kako čista je bila predavalnica 13 in kako mehak je bil njen parket), v družbi, kjer se težave včasih zdijo nepremostljive. Popolnoma bomo opustili dramska besedila in razvili pristop, ki bo bolj podoben akcijskemu gledališču. Pridružili se nam bodo še drugi študentje in skupaj bomo na delavnicah pisanja in improvizacije ustvarili iz krajših prizorov sestavljena besedila, v katerih bodo izrazili svoja doživetja in pričakovanja; nato pa bodo iz lastnih besedil ustvarili igro, ki jo bodo tudi sami odigrali. In v nabito polnih avtobusih in vlakih se bomo spet odpravili na drug konec Indije, da bi prenesli njihovo sporočilo. Ampak to je že druga zgodba … o ljubezni in gledališču. Južna Afrika, 23.–25. september 2023 Prevod: Klara Katarina Rupert 253 Les théâtreux - FINAL.indd 253 13. 05. 2024 14:22:43 254 Les théâtreux - FINAL.indd 254 13. 05. 2024 14:22:43 Mon histoire sur la troupe de théâtre étudiant francophone de la Faculté de lettres de Ljubljana : Les Théâtreux Patricija Čamernik J ’ai suivi et construit avec ardeur l’histoire de la troupe de théâtre étudiant de la faculté de lettres à partir de l’année universitaire 2014/2015 et jusqu’en 2020/2021. Ce récit reflète mon vécu personnel. Quant au fait que la troupe les Théâtreux mérite que son histoire soit écrite, en témoignent principalement les conséquences de son activité : d’instants difficiles et beaux aux rebondissements incroyables de la vie que sont les relations amoureuses, les opportunités professionnelles, les formations, les ateliers et les voyages. Comme nombre d’étudiants de notre département avant de commencer leurs études, je me suis demandé si j’allais étudier les langues ou le théâtre, comme si ces deux cursus avaient quelque chose en commun. Si j’ai privilégié les études de langue, c’est parce qu’elles me permettaient de faire partie d’une troupe de théâtre. Mais la première année, bien évidemment, je n’ai pas osé rejoindre la troupe, doutant de mon niveau de français. Je me suis rendue dans la salle où se tenait la première réunion des Théâtreux cette année-là. Mais lorsque j’ai vu que la responsable de la troupe était une francophone native, j’ai immédiatement fait demi-tour et quitté la salle. 255 Les théâtreux - FINAL.indd 255 13. 05. 2024 14:22:43 Après un échange universitaire en France, j’ai rassemblé plus de courage en acceptant mon premier rôle comprenant un peu plus de texte dans la pièce Le Cocu magnifique (en 2014/2015 avec Judith Pollet). J’ai tout de suite réalisé que prendre part à cette troupe ne se résumait pas à se concentrer sur la langue, le texte et le jeu. Nous partagions à la fois la peur et la confusion, mais aussi la joie de créer et le désir d’apprendre, de tenir des discussions intellectuelles et des fêtes raffinées, etc. Autre aspect essentiel de cette expérience : le « pot » d’après les répétitions et les blagues internes qui se sont développées puis transmises de génération en génération. Lorsque le lecteur belge, Nicolas Hanot, a repris la troupe, nous avons instauré une tradition que je souhaite décrire ici et qui, je l’espère, perdurera en raison de ses effets (principalement) positifs. Lorsque nous avons monté notre premier spectacle, Folles funérailles – une famille et des amis se retrouvent aux funérailles de quelqu’un qui n’est pas (encore) vraiment mort – nous avions formé un groupe qui fonctionnait déjà comme une grande famille. Aussi bien sur scène que dans la réalité, nous avons connu l’amitié entre sœurs, des idylles et des amours, tissant des situations dramatiques qui nous ont bouleversés, liés et permis de grandir. Nos compétences en français se sont consolidées, tout comme d’autres aptitudes essentielles dans des situations tendues, où l’usage de la langue est limité. Nous avons appris à improviser et à interagir toujours mieux, là où notre spontanéité était sollicitée. En même temps, nous avons réappris à jouer. Tout cela a créé un espace propice à notre épanouissement. Nous avons notamment appris à déceler l’humour dans les situations sombres et sinistres. Pour préparer ce spectacle, par exemple, nous nous sommes rendus dans les recoins mystérieux du Théâtre qui nous a accueillis pour que nous y trouvions un cercueil en bois. Nous avons ensuite porté nous-mêmes ce cercueil incroyablement lourd à la faculté de lettres, acceptant ensemble notre « étrangeté » qui nous convenait bien, car nous étions ensemble. Ce sont ces leçons, parmi d’autres, que j’ai tirées de cette année-là et que je retiendrai pour toujours. L’année suivante nous avons monté la pièce Arloc ou Le grand voyage – un étranger issu d’un pays exotique arrive dans une grande ville, à l’intérieur d’une 256 Les théâtreux - FINAL.indd 256 13. 05. 2024 14:22:43 valise, où il découvre les particularités de la société urbaine occidentale. Trop souvent, ce n’est qu’à la dernière étape de création collective que nous avons saisi le message de la pièce. Tout comme dans la pièce précédente, j’ai dû, encore une fois, jouer ma propre mort. Incarnant la sage grand-mère du protagoniste, j’ai dû déclamer mon monologue alors que j’étais en train de mourir, passant d’une vieille femme à un enfant et vice versa, et synchronisant ma performance avec cette période de ma vie. La troupe était nombreuse cette année-là et il était presque impossible de coordonner les étudiants ambitieux. Toutefois, il en est ressorti une forte cohésion de groupe et une superbe performance que les mélodies de grands musiciens sont venues agrémenter. Nous avons fait salle comble à Cankarjev dom et nous nous sommes fixés pour but de nous surpasser l’année suivante. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Avec Forfanteries – une pièce composée de sketchs qui ont trait au monde du théâtre et dévoilent certaines situations en coulisses tout en questionnant certaines pratiques scéniques – nous avons brisé la forme standard de l’histoire et du triangle dramatique en incitant le public, non sans provocation, à réfléchir aux aspects souvent invisibles sur scène. Ce spectacle nous a permis de participer à un festival de théâtre en France où, étant la seule troupe étrangère, nous avons reçu un accueil chaleureux. Le voyage à Albi était inoubliable et plein de rebondissements qui nous ont unis pour la vie. Et enfin, nous y avons également remporté le Prix du jury pour le meilleur spectacle. Forte de cette expérience, j’ai décidé de décrire, dans mon mémoire de master, les sens que prennent les pratiques théâtrales. J’y étudie les aspects éducatifs et pédagogiques du théâtre. Grâce à des entretiens avec des membres actuels et anciens des Théâtreux, et avec des artistes de théâtre slovènes renommés, je suis parvenue à certaines conclusions essentielles. Parmi celles-ci, j’ai constaté que l’engagement dans le théâtre et les pratiques de création théâtrale stimulent la créativité et constituent un impact positif sur la compréhension du monde et de soi ainsi que sur l’expression, l’appréciation, la participation et la construction d’un lien avec la beauté, la motivation, l’épanouissement physique et moral d’un individu. Cela contribue également à l’acquisition des langues : grâce au théâtre, se développent les compétences langagières, l’expression, l’immersion dans la 257 Les théâtreux - FINAL.indd 257 13. 05. 2024 14:22:43 langue et le rôle du locuteur étranger, l’esthétique, la mémoire et la motivation pour apprendre une langue. Ayant moi-même vécu ces expériences, j’étais persuadée de l’importance d’en proposer une synthèse et, peut-être, d’encourager le recours aux pratiques théâtrales par exemple dans les écoles, notamment dans l’apprentissage des langues étrangères. Toutes ces réflexions m’ont incité à rédiger une thèse de doctorat sur un thème connexe. Mais mon aventure avec les Théâtreux ne s’achève pas là pour autant. Après le départ de Nicolas et l’arrêt des financements de la part de l’ambassade de Belgique, notre département des études romanes, dont la réputation tient notamment à l’existence d’excellentes troupes de théâtre (en italien, en espagnol, en français et même en roumain, fut-ce un temps) s’est retrouvé privé de cette activité tant appréciée. Une collègue m’a donc suggéré de reprendre la troupe, convaincue que nous finirions bien par nous débrouiller pour la maintenir en vie. Au début, nous étions persuadées que ce serait impossible. Puis, quelques semaines plus tard, nous avons commencé à travailler sur une pièce française exigeante, connue sous le nom de Toc toc ; des patients se retrouvent dans la salle d’attente de leur psychothérapeute où, spontanément, se met en place une thérapie de groupe efficace. La performance nécessitait la répétition assidue de répliques exigeantes et truffées de jeux de mots. Il fallait donc planifier la mise en scène dans les moindres détails. Malgré notre manque d’expériences et de connaissances, nous avons accompli un excellent travail. Des personnalités slovènes ont assisté au spectacle et certaines de nos actrices se sont vu proposer de rejoindre des troupes de théâtre célèbres de Ljubljana. Cette performance était tellement inoubliable que nous avons joué les prolongations en organisant le festival BalFra, en collaboration avec Anne-Cécile Lamy-Joswiak, lectrice au sein de notre département, et Nicolas Hanot, ancien meneur de notre troupe et actuellement1 à la tête de la troupe de théâtre de la faculté de Zagreb. C’est ensemble que nous avons préparé ce festival de théâtre universitaire francophone destiné à des troupes provenant des pays membres de l’ex-Yougoslavie. Outre les souvenirs incroyablement beaux de cette époque, les amitiés que j’ai nouées alors m’ont conduite jusqu’à l’Himalaya. 1 Septembre 2023, ndlr. 258 Les théâtreux - FINAL.indd 258 13. 05. 2024 14:22:43 L’année suivante, nous avons préparé une pièce avec un grand nombre d’acteurs pour lesquels il fallait trouver des rôles répartis à peu près équitablement. Nous avons mis en scène Hot Jazz – une pièce pleine de rebondissements sur le Chicago des années 20 qui joue avec certains stéréotypes représentés sur scène, à savoir des couples distingués plus âgés aux danseuses légères et autres gangsters. Réussir ce spectacle tenait presque du miracle ! Nous avons été confrontés à une série de défis et de chocs qui ont véritablement mis nos forces à mal. Nous avons perdu notre très cher professeur qui fut lui-même membre de la troupe de théâtre universitaire francophone de la Faculté de lettres de Ljubljana et qui soutenait fermement notre initiative. Puis la pandémie de Covid a érigé des obstacles insurmontables au travail de la troupe. Certains acteurs, y compris l’actrice principale, ont également quitté la troupe peu avant la première. Puis je suis tombée enceinte et lorsque tout portait à croire que le spectacle n’aurait pas lieu, nous avons redoublé d’efforts. Nous avons réalisé un spectacle qui s’est avéré encore plus comique que prévu à cause de certains imprévus, et le public était ravi que nous donnions l’une des premières représentations après la période du Covid sans événements sur site. Nous avons également fait équipe avec le groupe de musique Počeni škafi qui est venu agrémenter l’ultime version de notre spectacle. Les spectateurs avides de divertissement ont donc été frappés par notre performance burlesque et ne sont restés ni sur leur soif ni sur leur faim. La confusion et la recherche de solutions au dernier moment sont donc devenues jusque-là la marque de fabrique des Théâtreux. La rumeur prétendait que la troupe ne montait que des pièces légères, alors au bout de trois ans sous ma direction, nous avons relevé le défi de présenter quelque chose de plus philosophique. Après moult désaccords, oppositions, débats et discussions, nous nous sommes retrouvés sous la chaleur d’Argos. Les mouches, qui avaient toujours quelque chose à ajouter, nous avaient suivis. Les Mouches de Sartre – pièce s’inspirant des mythes grecs et qui s’attaque, telles des mouches sur du miel, au thème des sentiments profonds des individus – nous ont enseigné qu’une pièce difficile signifie travailler dur. Alors que nous ne pensions plus pouvoir faire mouche, d’un bond en avant nous nous sommes démenés. Au bout de quelques mois, le spectacle était prêt et nous avons invité un 259 Les théâtreux - FINAL.indd 259 13. 05. 2024 14:22:43 nombre limité de spectateurs à Stara elektrarna, [l’ancienne centrale électrique], en raison des restrictions dues à la pandémie. On pourrait dire que quelqu’un a fait d’une mouche un éléphant en nous comparant à Drama, ou peut-être pas. Voici donc mes souvenirs sur cette troupe dont la tradition est si riche et qui, je l’espère, continuera à fonctionner encore longtemps en attirant les nouvelles générations et en leur faisant vivre ce qui nous a construits. Après avoir assisté au dernier spectacle, mon constat est que la légion perdure et les nouvelles générations font mouche. Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 260 Les théâtreux - FINAL.indd 260 13. 05. 2024 14:22:43 Dvanajst belgijskih let skupine Les Théâtreux Nicolas Hanot Leta 2005 je frankofonska Belgija v zanosu, ki ga je povzročilo širjenje Evropske Unije, sklenila dogovor z Univerzo v Ljubljani in tja prvič poslala eno svojih lektoric. Ob prihodu na Aškerčevo cesto 2 pa moja predhodnica na svoje rame ni sprejela samo izvedbe različnih ur vaj iz francoskega jezika, temveč tudi skrbništvo nad institucijo: fakultetno gledališko skupino. Tako je Julie David zaznamovala zgodovino skupine Les Théâtreux in začela njeno belgijsko obdobje. Kot odposlanci belgijskih frankofonskih državnih organov smo seveda morali izbirati repertoar, ki bi predstavljal našo književnost. In kot da bi želeli ta prehod nekoliko omiliti, je bil za prvega avtorja izbran Félicien Marceau, francoski dramatik belgijskega rodu. Po petih letih vodenja skupine je Julie odletela proti Indiji, za njo pa so se zvrstile Virginie Mols, Catherine Leroy in Judith Pollet, ki so druga za drugo sprejele izziv in uprizorile gledališka dela Marguerite Yourcenar, Michela de Ghelderoda in Fernanda Crommelyncka. Mene pa je doletela sreča, da sem to čudovito pustolovščino nadaljeval. Malo pred odhodom v Ljubljano sem začel požirati belgijska gledališka besedila in iskati za uprizoritev primerne igre. Prva ugotovitev: avtorji so 261 Les théâtreux - FINAL.indd 261 13. 05. 2024 14:22:43 pretežno moški in njihovi liki prav tako. Za enakomerno porazdelitev vlog bo treba skoraj vsem osebam zamenjati spol. Judith mi je odsvetovala preveč klasične avtorje ali pa vsaj takšne, ki uporabljajo preveč privzdignjen jezik. Pripravil sem torej izbor novejših del, z namenom, da začnem s skupino izvajati sodobne komedije. Vodenje Les Théâtreux sem prevzel oktobra 2015. Srečanje z udeleženci je bilo zelo močno. Večina izmed njih ni še nikoli sodelovala v gledališki skupini. Tudi oni so bili začetniki, tako kot jaz. Spoznavali smo drug drugega. Skupina je bila tisto leto izredno številna, v njej je bilo kar sedemnajst študentk in študentov. Z ganjenostjo se spominjam njihovih imen: Nina, Jakob, Sara, Maja, Tina, Vita … Nekateri izmed njih so postali tudi prijatelji. Odločili smo se, da bomo uprizorili osupljivo zborovsko farso: Folles funérailles ( Nori pogreb) Thierryja Janssena (2008). Zgodba o pogrebu, pri katerem gre vse narobe. To je bil kar velik zalogaj! Nekako sem se lotil vodenja te živahne in navdušenja polne skupine, začel igrati svojo novo vlogo režiserja in se ob tem učil. Ker je bila Belgija v tistem času velikodušna, nam je pošiljala svoje igralce na kratka gostovanja, ki so dala predstavi profesionalni pridih. Najprej dobri stari Michel Van Loo, ki je prihajal že v Juliejinih časih, kasneje pa Thomas Midrez, imenovani »Bavar«, bleščeči pripovedovalec zgodb. Nikoli se jim ne bomo mogli dovolj zahvaliti za vse prijazne nasvete, ki so jih v teh letih delili z nami. Pustolovščino z imenom Les Théâtreux so sooblikovala tudi številna potovanja. Spominjam se potovanja v Beograd na festival frankofonskega gledališča, ki so ga organizirali srbski profesorji. Porodila se nam je namreč bistra ideja, da bi si ogledali predstave, ne da bi sami odigrali svojo – skratka, prišli smo kot turisti. Toda skupina se je spoprijateljila s francosko gledališko skupino Univerze v Beogradu po imenu Les Je-m’en-foutistes. Povabili smo jih v Ljubljano, da predstavijo svojo igro. To je bila naša prva izkušnja z izmenjavami. Nekaj dni pred premiero smo se kar tresli od navdušenja. Poslali smo vabila ali bolje rečeno osmrtnice. Občinstvo se nam je pridružilo pri pogrebni slovesnosti: povabljeni so bili, da izrečejo sožalje družini Follet, in tako so vstopali so gledališko dvorano, ki je bila preurejena v mrliški oder. Na odru je 262 Les théâtreux - FINAL.indd 262 13. 05. 2024 14:22:43 kraljevala ogromna krsta (kasneje je iz nje izstopil igralec). Tudi prenašanje krste od Drame do fakultete in nato od fakultete do Cankarjevega doma je bilo ena izmed naših velikih dogodivščin. Toda najlepše nas je še čakalo v začetku julija 2016. Odpotovali smo v Francijo! Tako kot že moji predhodnici Julie in Virginie, sem tudi jaz skupino odpeljal gostovat v Grenoble na srečanje mladih evropskih gledaliških skupin. Če si režiser skupine, kakršna je bila naša, moraš igrati različne vloge – med njimi tudi vlogo šoferja. Tako sem vozil kombi čez severno Italijo, tja na drugo stran Alp, zadaj pa so sedeli moji nepridipravi (dobili so kazen, ker so se pozabili pripeti z varnostnimi pasovi). Na kraju samem smo odkrili razburljiv festival, kjer je mrgolelo gledaliških skupin z vse celine. Pred nami je bila prava pravcata evropska izkušnja. A že ko smo prispeli, nas je pričakalo prvo presenečenje: jezik festivala nikakor ni bila le francoščina. Pa kaj zato! Dan za dnem smo se udeleževali predstav v madžarščini, nemščini, litovščini, ne da bi karkoli razumeli, a z obilo navdušenja in vneme. Ker na festival niso odpotovali vsi člani skupine, smo odigrali skrajšano verzijo Folles funérailles, v kateri sem na vrat na nos vskočil v vlogo mrtveca in ležal v improvizirani krsti. Ta izkušnja nam je dala zelo veliko, saj se organizator dogodka, Créarc, ne zadovolji samo z organizacijo predstav: udeležence tudi poveže v skupnost. Vsak dan smo se srečevali, se pogovarjali o nastopih prejšnjega dne in potekale so živahne razprave. Fernand Garnier, eden od organizatorjev, je bil pravi mojster v razčlenjevanju predstav in tako smo na primer izvedeli, da naša »pripoveduje zgodbo o veliki evropski družini«. To pa še ni bilo vse, saj so se naši gledališčniki skupaj z drugimi gosti vsako jutro udeleževali različnih delavnic: tu so bili ples, petje, igra, commedia dell’arte. Zadnji dan pa so za piko na i priredili še veliko paradno predstavo z Očetom Ubujem kot osrednjo temo. Sam sem v njej odigral medveda. Po tej izkušnji smo se vrnili domov popolnoma preobraženi. V naslednji sezoni sem se spopadel s svojo prvo veliko težavo: nekaj tednov pred premiero je začela groziti nevarnost, da bo naš glavni igralec (iz ne najbolj jasnih razlogov, povezanih z usklajevanjem svojih dejavnosti) zapustil skupino. To se nato sicer ni zgodilo, sem se pa zaradi tega kar precej prepotil. Predstavo 263 Les théâtreux - FINAL.indd 263 13. 05. 2024 14:22:43 Arloc ou Le grand voyage ( Arloc ali Veliko potovanje) smo odigrali v Ljubljani, na gostovanje pa z njo nismo šli. Z nekaj prostovoljci smo pripravili tudi javno branje književnega dela Érica-Emmanuela Schmitta. Francosko-belgijski avtor je prišel v Ljubljano v spremstvu Didierja Decoina, predsednika Akademije Goncourt. Besedilo je nastalo po čudoviti kratki zgodbi Les deux messieurs de Bruxelles o prepletajoči se usodi dveh parov, enega homoseksualnega in drugega heteroseksualnega, ki se konča srečneje za tistega, za katerega bi to na začetku manj pričakovali. Srečanje s pisateljem, ki je tako pozorno prisluhnil naši bralni uprizoritvi, je bil pomemben mejnik sezone. Zaradi bridkih izkušenj iz prejšnjega leta sem se odločil, da bomo v letu 2018 uprizorili igro, sestavljeno iz skečev, to je bila Forfanteries Oliviera Coyetta. To je pomenilo, da besedilo ne bo počivalo na enem samem igralcu, temveč ga bo sestavljalo več samostojnih skečev, ki omogočajo menjave vlog po mili volji. Igra je izredno posrečena mise en abyme: prikazuje zaodrje, kulise in igralce pri vaji. To je bila tudi prva režija v duetu, pridružila se mi je namreč Florence Ménard, kar je skupini nadvse koristilo. Tisto leto nismo nastopali v Cankarjevem domu, pristali smo v majceni (in zato topli) sobici v Beethovnovi ulici. Imeli smo manj prostora, a več predstav (v zadnjem trenutku smo morali dodati še eno). Spominjam se, da smo delovali nadvse usklajeno in da je predstava tekla kot švicarska ura. Zgodovino skupine pišejo tudi zabave po predstavah. Tista iz leta 2018 je bila nepozabna. Če srečate kakšnega teatrovca iz te generacije, vam bo zagotovo povedal o noči, ko smo pekli oljne palačinke … Nora sezona se je morala zaključiti z novim festivalom. Vsaj tako smo upali: želeli smo si igrati na festivalu v Albiju, oddali prijavo in čakali na odločitev. Toda komu bi sploh padlo na pamet, da bi izbral ravno skupino iz neznane Slovenije? Januarja pa nas je presenetila novica: spet gremo na pot! To je bila priložnost, da proslavimo s šampanjcem, pripravljala se je nova dogodivščina. Iz Ljubljane v Benetke, iz Benetk v Toulouse, iz Toulousa v Albi, in že smo v tako imenovanem „rdečem mestu“, kjer nas navdušuje prav vse. V okljuku reke Tarn izvedemo improvizirano generalko na prostem. Igramo v veličastnem gledališču v italijanskem slogu. Nad našimi gledališčniki se pnejo balustrade. Trenutki so čarobni. 264 Les théâtreux - FINAL.indd 264 13. 05. 2024 14:22:43 Tukaj festival organizirajo študentje, večere pa preživljamo v študentskih domovih. Vsak večer imamo zabave in člani skupine odkrivajo svoje skrite talente za igranje namiznega nogometa. Nato pa pride zadnji večer in z njim vrhunec. Organizatorji nam podelijo nagrado žirije. Zdelo se nam je, da smo nagrado dobili že, ko so nas izbrali za udeležbo na festivalu – toda v Ljubljano smo se vrnili kot zmagovalci. To je bil čudovit zaključek belgijskega obdobja skupine Les Théâtreux . Ljubljano sem moral zapustiti s težkim srcem, ko se je neki ministrski butec odločil, da bo ukinil delovno mesto lektorja, češ: evropske pravljice je konec, Slovenija se bo čisto dobro znašla tudi sama. Skupini Les Théâtreux bi lahko grozilo izumrtje. A pri tem nismo računali na neizmerno energijo študentov, ki so se odločili, da bodo skupino vodili sami. Tako sem štafeto predal Patriciji Čamernik, ki je igrala že več let, še pred mojim prihodom v Ljubljano. Skupina je bila v dobrih rokah. Toda s tem se moja zgodba še ne konča. Po izstrelitvi čez mejo sem se odločil, da bom ustanovil novo gledališko skupino v Zagrebu, svojem novem pribežališču. Nato pa se je porodila zamisel: če smo sosedje, zakaj se ne bi srečali? In navsezadnje smo bili v stikih tudi s francosko gledališko skupino iz Beograda: ali torej ni že čas, da ustanovimo frankofonski festival? V preteklosti je namreč že obstajal. S Patricijo in nato s kolegico Anne-Cécile Lamy-Joswiak smo kmalu ustanovili trio, ki se je razcvetel v organizacijo, večjo od nas: Ljubljana bo nova prestolnica študentskega gledališča! 31. maja 2019 se je rodil BalFra ( Balkans Francophones). Zbralo se je pet skupin: iz Ljubljane, Zagreba, Beograda, Sarajeva in Niša. Lep dogodek, ki se leto kasneje žal ne bi mogel ponoviti, a nič zato: spomin nanj je del zgodovine Les Théâtreux. Učiti pomeni spreminjati usode. Voditi skupino Les Théâtreux pa je še nekaj več kot to. Izkušnja nas oblikuje, kot pek mesi svoje testo, iz nje pa ne pridemo nedotaknjeni. Preobrazi nas, tako igralce kot tudi režiserja. Globoko v sebi vem, da so Les Théâtreux pisali najlepše trenutke mojega bivanja v Ljubljani. Prevod: Klara Katarina Rupert 265 Les théâtreux - FINAL.indd 265 13. 05. 2024 14:22:43 266 Les théâtreux - FINAL.indd 266 13. 05. 2024 14:22:43 Les Théâtreux : plus qu’une troupe de théâtre Sanja Sabolovič Aussi cliché que cela puisse paraître, la troupe des Théâtreux du département des études romanes de la Faculté de lettres de Ljubljana est bien plus qu’une troupe de théâtre. Son but premier est évidemment le jeu dramatique mais il ne faudrait en aucun cas omettre sa « valeur » ajoutée. Pour ma part, j’ai rejoint la troupe en octobre 2016, après avoir vu l’excellente pièce, Folles funérailles, que les Théâtreux avaient jouée en mai 2016, sous la baguette du lecteur belge Nicolas Hanot. Le premier spectacle dans lequel j’ai joué, Arloc ou le grand voyage, traitait une thématique très actuelle, à savoir, la crise des réfugiés et ses répercussions sur la société, de façon aussi bien positive que négative. Avant de rejoindre la troupe, j’étais convaincue que le théâtre n’était pas pour moi. En effet, j’ai toujours été très introvertie et particulièrement réservée, et jamais je ne m’étais imaginée capable de me produire sur scène devant une foule de gens, en langue étrangère de surcroît. Mais c’est en cela que réside le charme du théâtre : un type particulier de trac que l’on ressent juste avant d’entrer en scène, un trac qui est à la fois horrible et très addictif, au point de vouloir le ressentir sans cesse. Habituellement, pendant le spectacle, il disparaît, les lumières attirent et le noir du public invite à se concentrer pleinement et à se 267 Les théâtreux - FINAL.indd 267 13. 05. 2024 14:22:43 consacrer au spectacle, tout le reste disparaît, il ne reste que la mise en scène et cette sensation intéressante de « théâtralité » indescriptible et tout à fait unique. Les spectateurs respirent avec les acteurs, les acteurs avec les spectateurs, la réaction constante du public étant pour ainsi dire l’une des caractéristiques du théâtre qui nous nourrit ; sans public il n’y a pas d’acteurs, toute la salle ne fait qu’un, on oublie tout le reste, avec nous ne demeure que l’intrigue qui est, à ce moment-là, la seule chose qui compte vraiment. En 2018, nous avons préparé une pièce un peu plus courte intitulée Forfanteries, qui proposait, en plus de sketchs amusants, d’examiner le processus de création théâtrale, des lectures à la table aux répétitions sur scène et ce qui se passe en coulisses. Nous avions également présenté notre candidature pour participer à un festival de théâtre étudiant en France. En avril, toute la troupe a donc pris l’avion à Venise pour honorer l’invitation à Albi, charmante petite ville près de Toulouse, où nos hôtes nous ont chaleureusement accueillis. Nous avons joué dans un vrai théâtre, avec des sièges rouges et une scène immense. Nous ne sommes pas rentrés à la maison les mains vides puisque nous avons remporté le prix du meilleur spectacle, d’après un jury de professionnels, avec en prime un enthousiasme tout particulier pour le baby-foot. L’expérience même de pouvoir se produire dans un pays étranger, où nous représentions également les couleurs de notre faculté, a été très appréciée, et les Albigeois qui sont venus nous voir – le festival de théâtre étudiant, fort d’une longue tradition, est très fréquenté – ont été très agréablement surpris qu’une troupe d’un petit pays visite leur ville pour jouer un spectacle dans leur langue maternelle. Toutes celles et ceux à qui j’ai pu parler après le spectacle étaient impressionnés par notre performance et nous ont souhaité bonne chance pour la suite. En 2019, alors que la troupe comptait moins de membres, nous avons monté une pièce intéressante intitulée Toc toc, dont l’histoire se passe dans un seul et même espace : la salle d’attente d’un cabinet psychiatrique. Nous avons interprété des personnages atteints de divers troubles obsessifs compulsifs, les plus banals tels que la manie de la propreté et de la toilette, la vérification constante et le désir de symétrie parfaite, mais aussi le syndrome de Tourette, l’arithmomanie (autrement dit l’obsession des chiffres) et la répétition des 268 Les théâtreux - FINAL.indd 268 13. 05. 2024 14:22:43 mots ou des syllabes. La pièce nous a permis d’en apprendre davantage sur ces troubles, tout en découvrant bien des choses, et donc de joindre l’utile à l’agréable. C’est aussi ce qui fait le charme du théâtre : il s’agit avant tout d’un loisir, bien sûr, et c’est très amusant, mais à chaque représentation, nous apprenions toujours quelque chose de nouveau, même si parfois nous avons tout simplement élargi nos horizons. Même 2020, fameuse année du coronavirus, n’a pas réussi à interrompre notre processus de création. Au mois de mars, lorsque le monde entier s’est arrêté et que nous étions enfermés entre quatre murs, nous nous sommes saisis de nos ordinateurs et caméras et nous avons répété sur Skype. Nous avons réalisé de courtes vidéos, partagé des photographies puis deviné à qui elles appartenaient, impatients que le confinement soit enfin levé pour pouvoir nous retrouver et répéter. Cette année-là, nous avons reporté le spectacle au mois de septembre, lequel n’en a été que meilleur. Nous avons remonté le temps 90 ans plus tôt, mis des bretelles et des robes à franges, invité des musiciens à nous rejoindre et monté un véritable cabaret intitulé Hot Jazz. Le jazz, la prohibition, la mafia, Bonnie and Clyde, tout cela est passé des rues de Chicago à Trnovo en septembre 2020, offrant ainsi une brève parenthèse nostalgique pour échapper à la réalité de la pandémie. Un an plus tard, nous nous sommes fixé un projet encore plus ambitieux : cette fois-ci, nous souhaitions monter une pièce un peu plus sérieuse, car tous les spectacles précédents étaient des comédies. Nous avons choisi Les Mouches de Sartre pour remonter plus loin dans le temps, à quelques milliers d’années, dans la Grèce antique. Nous avons à nouveau emprunté nos costumes au Théâtre Drama, joué un peu les philosophes, et bien sûr, intégré quelques intermèdes musicaux pour agrémenter le tout. Ce projet est à ce jour le plus long (et le plus exigeant) que nous ayons réalisé : trois heures de spectacle avec un entracte. À la fin, lorsque l’adrénaline est retombée, nous étions tous épuisés mais fiers d’avoir réussi une telle performance. Après quoi, nous avons décidé qu’à l’avenir nous préférerions monter des pièces plus courtes et plus légères. En 2022 et 2023, nous nous sommes lancé un nouveau défi : écrire et réaliser une pièce originale intitulée Au­delà de toute expression. Nous avons imaginé 269 Les théâtreux - FINAL.indd 269 13. 05. 2024 14:22:43 des saynètes reliées entre elles, avec des rôles s’entremêlant tout au long du spectacle. La pièce avait pour fil conducteur certaines expressions dont le sens figuré représentait l’un des plus grands défis de notre première année d’études. Dans une scène, une coiffeuse qui participait au quiz portant sur l’étymologie de certains mots et expressions, faisait une coupe de cheveux en même temps qu’une purification spirituelle. Absurde ? Probablement. Mais d’autant plus comique. Le transfert des cours sur Zoom ? Il y a quatre ans, cela m’aurait paru très étrange, impossible, alors qu’aujourd’hui, c’est une évidence. Alors comment ajouter cette dimension au spectacle pour montrer au public comment nous, les étudiants, avons vécu l’enseignement à distance ? Rien de plus facile ! On se glisse dans les rôles, on trouve des filtres qui transforment instantanément notre logement étudiant en un espace moderne (et minimaliste, d’ailleurs), on trie le linge, on filme le tout et on le projette sur scène. Un mélange de théâtre et de cinéma ? Pourquoi pas ! Bien évidemment, faire partie d’une troupe de théâtre ne se résume pas à un spectacle par an, ce sont des répétitions tout au long de l’année, de la première réunion pour faire connaissance, les premières répétitions, les improvisations, les répétitions avec le texte, jusqu’à la générale qui a souvent lieu quelques heures avant la première. Chaque répétition commence avec un échauffement car le jeu dramatique peut être éprouvant pour le corps et l’on ne souhaite en aucun cas se blesser, même si l’on n’est jamais à l’abri d’une blessure, il faut prendre tout cela en compte. Personnellement, je me suis luxé le genou pendant une répétition et sur le moment, j’étais terrifiée mais avec le recul, je me dis que ce n’était qu’un élément de plus qui est venu émailler la mosaïque chamarrée de mon expérience théâtrale. La plus grande partie des répétitions est bien évidemment consacrée à l’improvisation qui nous permet d’entrer progressivement dans le jeu, de nous connaître, de nous familiariser avec lui, et surtout, comme nous sommes une troupe de théâtre français, cela nous permet de pratiquer et de consolider notre connaissance de la langue française d’une façon originale. Pendant l’impro, on n’a pas le temps de réfléchir, il faut vivre ici et maintenant, parfois il arrive que l’histoire prenne une tournure complètement inattendue, mais finalement, le résultat est toujours excellent. 270 Les théâtreux - FINAL.indd 270 13. 05. 2024 14:22:43 Chaque metteur en scène – et depuis que je suis dans la troupe, j’en ai connu trois – a sa façon particulière de travailler, différente mais à la fois toujours si semblable à la précédente, que l’on se sent toujours à l’aise. Certains metteurs en scène accordent une plus grande place à l’improvisation, d’autres au texte, mais tous nous impliquent, nous les acteurs, dans le processus de création. Nous sommes loin d’être professionnels et nous en avons conscience, mais d’une certaine manière, c’est ce qui nous rend uniques. Après les répétitions, suit parfois une réunion informelle qui nous rapproche, ce qui constitue certainement un élément très important du théâtre, mais aussi du spectacle lui-même car pour obtenir un bon résultat, autrement dit pour réussir un spectacle, il faut aussi se détendre, quitter sa zone de confort et s’habituer les uns aux autres, et se retrouver de la sorte permet de nous rapprocher. Au fil des années en compagnie des teatrovci1, nous avons vécu de nombreuses aventures ensemble. Nous sommes sortis boire des verres avons débattu de toute sorte de choses, les sujets de nos conversations étaient parfois tout à fait ordinaires, quotidiens, tantôt nous discutions simplement de nos études, tantôt nous étions transportés dans notre propre monde, où nous traitions de questions presque philosophiques. Nous avons fait la fête ensemble aussi et il nous est arrivé d’errer la nuit dans Ljubljana à la recherche de magasins ouverts pour trouver quelque chose à nous mettre sous la dent, car un sac vide ne tient pas debout. Chaque année, alors que notre processus de création touchait à sa fin, les préparatifs s’intensifiaient et nous prenaient généralement un weekend entier, deux jours que nous consacrions pleinement au théâtre et à notre spectacle. Et c’est assurément ce que j’ai préféré dans cette aventure théâtrale : du matin jusqu’en fin d’après-midi, nous répétions, improvisions, répétions quinze fois la scène, et ce n’était pas encore parfait, mais à la fin, nous y arrivions toujours, et le dimanche se terminait de manière phénoménale, et nous recevions toujours une nouvelle lueur d’espoir et une nouvelle dose de confiance, celle que nous serions certainement capables de faire un grand spectacle, même si notre travail avait été un peu moins intense pendant l’année. Le théâtre étudiant ne porterait pas ce qualificatif sans un certain militantisme dans la création d’une pièce. 1 Autre nom donné en slovène à la troupe. En français : théâtreux. 271 Les théâtreux - FINAL.indd 271 13. 05. 2024 14:22:43 Les lieux de nos weekends intensifs variaient : parfois, nous passions ces deux jours dans notre résidence secondaire, à savoir la salle 13, devenue notre espace de travail, parfois nous prenions la voiture. En route, teatrovci ! En 2019, lorsque la troupe était plus petite, nous avons pris une camionnette en direction de la mer. Nous avons séjourné chez l’un d’entre nous à Poreč, dans une petite mansarde avec une vue presque idyllique sur la mer et nous avons répété sur la plage. Les deux années suivantes, nous avons transféré notre weekend intensif à Laško, où les idées nouvelles ne cessaient de surgir, dans ce sous-sol, pour améliorer notre spectacle. Les weekends étaient studieux certes, mais nous ne manquions jamais de nous amuser et de nous retrouver. Après chaque weekend intensif, nos liens s’étaient resserrés, nous avions appris à nous connaître et nos éventuelles réticences avaient disparu. Faire du théâtre en langue étrangère, en plus d’être un moyen amusant de passer son temps libre, a d’autres avantages. Je suis sûre que chacun d’entre nous a remarqué les énormes progrès accomplis en français. Dans une atmosphère particulièrement détendue et agréable, le théâtre nous poussait constamment à employer le français autant que possible, lors des improvisations notamment, lorsque nous devions aussitôt convoquer le texte de tête puis l’interpréter en français. Il fallait bien sûr faire attention à la langue et, en particulier, à la prononciation, à l’accentuation, au rythme et à la prosodie, également quand nous jouions le texte écrit dans le scénario, texte souvent écrit en français moderne et courant, comprenant des mots familiers, de l’argot et même des jurons. Personnellement, je peux dire que le théâtre m’a énormément aidée à améliorer ma prononciation et employer une langue française un peu moins formelle, laquelle m’a servi plus tard à parler avec des francophones de façon plus réaliste et moins académique que je ne l’aurais fait autrement. En plus des progrès en langue, la pratique théâtrale permet également d’acquérir une plus grande confiance en soi, notamment quand il s’agit de se produire devant un public. Comme je l’évoquais au début de cette contribution, j’ai toujours éprouvé des difficultés à prendre la parole en public et, au cours de ma scolarité et de mes études, les présentations orales étaient très stressantes pour moi. Je me souviens encore de mon premier spectacle en mai 2017, alors 272 Les théâtreux - FINAL.indd 272 13. 05. 2024 14:22:43 que j’en attendais nerveusement le début dans les coulisses de la salle Kosovel à Cankarjev dom. Ces quelques minutes précédant mon entrée sur scène s’éternisaient et s’envolaient à la fois, c’était indescriptible. J’ai pris une grande inspiration, expiré lentement puis suis entrée en scène. Au bout de quelques minutes, le trac s’est dissipé et quelque chose s’est produit qui m’accompagne encore aujourd’hui sur scène. Difficile de décrire cette sensation unique, mé- lange d’euphorie, de joie, d’enthousiasme, de fête, bref, une sensation que l’on aimerait éprouver sans cesse. C’est probablement cette sensation-là qui m’incite à fréquenter la troupe depuis sept ans déjà alors que je ne suis plus étudiante depuis longtemps et que j’ai parfois l’impression de ne plus être à ma place au sein du théâtre étudiant. En tous cas, grâce au théâtre, j’ai appris à me produire en public : une fois qu’on peut se tenir debout dans une salle de théâtre où une centaine de personnes nous regarde en suivant chacun de nos gestes, la prise de parole dans un amphithéâtre ou une salle de cours devient complètement banale. Plus tard, lorsque j’ai enseigné le français et l’histoire dans une école primaire, ces compétences m’ont été utiles. Et c’est ainsi que j’ai intégré ces exercices appris au théâtre, en guise d’échauffement au début de mes cours et des heures de remplacement ou encore pendant l’accueil périscolaire, l’après-midi, quand les écoliers ont besoin de se défouler ou de changer leur rythme habituel. Au fil des années, notre troupe est restée plus ou moins la même, connaissant toujours des départs et de nouvelles arrivées, le cœur de la troupe demeurant le même, ce qui a nous a d’autant plus rapprochés et permis de nous sentir à l’aise. Cela s’est manifesté dans notre jeu dramatique, car nous nous connaissions tous bien et nous pouvions prévoir les réactions des uns et des autres. Nous étions toujours très contents d’accueillir de nouveaux membres, qui apportaient à la troupe leur touche personnelle et différente. Le théâtre est quelque chose de vivant, de changeant et l’arrivée de nouveaux membres en est un élément constitutif. Cankarjev dom, Stara elektrarna, Mini teater, Pionirski dom, l’ancien KUD France Prešeren, JSKD Skladovnica : tels sont les lieux où nous avons laissé notre empreinte. Il n’y avait même pas deux salles semblables, il fallait beaucoup s’adapter, nous avons parfois rencontré des problèmes d’organisation, les techniciens étant plus ou moins prêts à nous aider, nous avons dû monter la 273 Les théâtreux - FINAL.indd 273 13. 05. 2024 14:22:43 scène, chercher des paravents sur lesquels suspendre les rideaux afin d’improviser une fenêtre, coller des marques au sol, porter des chaises, des tables, décorer la scène avec des ballons. Nous nous offrions une part de gâteau de la pâtisserie Zvezda et profitions tout simplement du moment qui nous était donné. Par la suite, une réception était donnée pour l’occasion, mais une fois le spectacle terminé, nous sortions faire une fête bien méritée. Une pizza, des boissons, voire un Mac Do, nous n’étions pas très difficiles. En plus du jeu dramatique, il fallait s’occuper des aspects techniques afin de présenter la meilleure version du spectacle possible. Chaque année, nous préparions les sous-titres en slovène (bon, en fait il s’agissait de surtitres que nous projetions au-dessus de la scène), la majorité du public étant composée de nos amis et parents qui ne parlaient pas forcément français. Bien entendu, la création de sous-titres ne se limitait pas à une traduction pure et simple du français vers le slovène (ce qui nous a parfois donné du fil à retordre), mais il fallait aussi réfléchir à la vitesse de lecture des spectateurs et veiller au nombre de signes par lignes. La première était donc l’occasion de vérifier et d’ajuster les surtitres, en plus des dernières modifications et de l’acclimatement à une nouvelle scène, pour lesquels les anciens de la troupe venaient nous aider. Toutes nos représentations ont été filmées puis mises en ligne sur YouTube, pour permettre à ceux qui n’avaient pas pu y assister pour diverses raisons, de les regarder. Souvent, nous avons bénéficié de l’aide de professionnels qui organisaient des ateliers d’une journée pour nous aider à préparer nos spectacles et leur faire atteindre un niveau encore plus élevé. Nous avons beaucoup appris de nouveau et d’intéressant, et surtout, nous nous sommes bien amusés, ce qui était le plus important. Je crois que c’est l’aspect fondamental du théâtre, qu’il ne faut pas le considérer comme une obligation, d’autant plus que nous ne sommes pas des comédiens professionnels et que, pour certains d’entre nous, il s’agit d’un passe-temps parmi d’autres. Il est évident que le théâtre offre toutes sortes d’avantages et de bénéfices, mais il s’agit en premier lieu d’un loisir, d’une façon parmi d’autres d’occuper son temps libre, une activité destinée à s’amuser et se défouler. Faire partie d’une troupe de théâtre fut sans aucun doute l’un des plus beaux chapitres de ma vie étudiante et post-étudiante, aussi. Je me suis toujours dit 274 Les théâtreux - FINAL.indd 274 13. 05. 2024 14:22:43 que cette décision de rejoindre la troupe fut l’une des meilleures jamais prises dans ma vie, et si je pouvais faire à nouveau ce choix, je le referai. Le théâtre m’a ouvert un tout nouveau monde grâce auquel j’ai rencontré tant de nouvelles personnes, forgé des amitiés encore plus profondes, voyagé, vécu des instants auxquels je n’aurais jamais songé, je me suis amusée et j’en ai beaucoup profité, tout simplement. Les Théâtreux resteront à jamais dans mon cœur, même si je quitte la troupe un jour, et je leur suis infiniment reconnaissante de m’avoir fait vivre cette expérience. Longue vie aux Théâtreux et rendez-vous dans 40 ans ! Traduction : Anne-Cécile Lamy-Joswiak 275 Les théâtreux - FINAL.indd 275 13. 05. 2024 14:22:43 276 Les théâtreux - FINAL.indd 276 13. 05. 2024 14:22:43 Kronološki repertoar predstav skupine Les Théâtreux Répertoire chronologique des spectacles des Théâtreux Anne-Cécile Lamy-Joswiak Les noms des comédiens et comédiennes apparaissent dans l’ordre alphabétique. Nous avons respecté l’orthographe indiquée dans les programmes publiés à l’occasion de la première de chaque représentation. 1984 Récital de poésie. Hommage à Jacques Prévert Režija / Mise en scène : Joséphine Ferrari Recitirajo / Avec : Aljoša Arko, Matjaž Birk, Sabina Melavc, Michel Renault, Nadja Urbanija Premiera / Première : Centre culturel français, Ljubljana Reprize / Reprises : Cankarjev dom, Ljubljana. Gimnazija Poljane, Ljubljana. / Lycée Poljane, Ljubljana. Maribor 277 Les théâtreux - FINAL.indd 277 13. 05. 2024 14:22:43 1985 Eugène Ionesco. Exercices de conversation et de diction françaises pour étudiants américains René de Obaldia. Classe terminale Režija / Mise en scène : Joséphine Ferrari Glasba / Musique : Boštjan Zupančič Maska in rekviziti / Masques et accessoires : Noël Favrelière Igrajo / Avec : Aljoša Arko, Matjaž Birk, Joséphine Ferrari, Irena Habjanič, Gordana Kolesarič, Leonida Kotnjek, Sabina Melavc, Mirko Mrčela, Ivo Mulec, Tanja Osterman, Michel Renault, Nadja Urbanija, Boštjan Zupančič Premiera / Première : SNG Drama, Ljubljana Reprize / Reprises : Cankarjev dom, Ljubljana 1986 Jacques Prévert. Le Pauvre lion Jean Tardieu. Les Amants du métro Režija / Mise en scène : Joséphine Ferrari Kostumografija / Costumes : celoten ansambel / tout le groupe théâtral Scenografija / Décors : Noël Favrelière Igrajo / Avec : Aljoša Arko, Bronka Drozg, Rastko Đorđević, Noël Favrelière, Tomaž Flajs, Natalija Gorščak, Gordana Kolesarič, Leonida Kotnjek, Tajda Lekše, Vesna Maher, Mirko Mrčela, Ivo Mulec, Tanja Osterman, Agata Šega, Michel Renault, Nadja Urbanija, Boštjan Zupančič Premiera / Première : SNG Mala Drama, Ljubljana 1987 Molière. La Jalousie du Barbouillé Noël Favrelière. Mais c’est fou Hélène Parmelin. Le Contre-pitre Režija / Mise en scène : Joséphine Ferrari 278 Les théâtreux - FINAL.indd 278 13. 05. 2024 14:22:43 Kostumografija / Costumes : Joséphine Ferrari Scenografija / Décors : Noël Favrelière Igrajo / Avec : Aljoša Arko, Bronka Drozg, Rastko Đorđević, Tomaž Flajs, Leonida Kotnjek, Vesna Maher, Sabina Melavc, Mirko Mrčela, Agata Šega, Nadja Urbanija, Boštjan Zupančič Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana Reprize / Reprises : Cankarjev dom, Ljubljana. Dom kulture Vracar, Belgrade. Gledališče Ptuj. Gledališče Koper. Skopje. Belgrade. 1988 Jean Anouilh. Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron Režija / Mise en scène : Joséphine Ferrari Igrajo / Avec : Bronka Drozg, Rastko Đorđević, Tomaž Flajs, Vesna Maher, Sabina Melavc, Lija Pogačnik, Agata Šega, Nadja Urbanija, Primož Vitez, Boštjan Zupančič. Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana Reprize / Reprises : Cankarjev dom, Ljubljana. Centre culturel de Wallonie, Paris. Mainz, Nemčija / Mayence, Allemagne. Nagrada / Prix : Štipendija francoske vlade za udeležbo na 42. Festivalu d’Avignon / Bourse du gouvernement français pour assister à la 42ème édition du Festival d’Avignon 1989 Jean-Michel Ribes . Pièces détachées Režija / Mise en scène : Joséphine Ferrari Kostumografija, rekviziti / Décors, accessoires : Noël Favrelière Igrajo / Avec : Žiga Arh, Nataša Capuder, Rastko Đorđević, Joséphine Ferrari, Meta Lavrenčič, Vesna Maher, Sabina Melavc, Lija Pogačnik, Daša Škapin, Nadja Urbanija, Primož Vitez, Boštjan Zupančič Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana. 279 Les théâtreux - FINAL.indd 279 13. 05. 2024 14:22:43 Reprize / Reprises : Celovec, Avstrija / Klagenfurt, Autriche. Edinburg, Škotska / Édimbourg, Écosse. 1990 Molière. Dom Juan Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Asistentka režiserja / Assistante à la mise en scène : Amalia Kocjan Igrajo / Avec : Mateja Ajdnik, Žiga Arh, Nataša Capuder, Bronka Drozg, Rastko Đorđević, Katarina Fürst, Krištof Jacek Kozak, Jan Jona Javoršek, Lija Pogačnik, Danuša Škapin, Jernej Videtič, Primož Vitez, Alexis Zrimec, Boštjan Zupančič Predpremiera / Avant-première : Lutkovno gledališče Ljubljana Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Reprize / Reprises : Lutkovno gledališče Ljubljana. Kulturni dom Španski borci. Sarajevo. Paris, Centre Wallonie-Bruxelles. Zagreb. 1991 Roland Dubillard. Diablogues Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Igrajo / Avec : Helena Biffio, Bronka Drozg, Mojca Medvedšek, Špela Mihelač, Nada Prodan, Maja Razpotnik, Urša Rigler Boris Vian. Tête de méduse Režija / Mise en scène : Boštjan Zupančič Asistentka / Assistante : Amalia Kocjan Igrajo / Avec : Jan Jona Javoršek, Danuša Škapin, Jernej Videtič, Primož Vitez, Boštjan Zupančič. Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana Reprize / Reprises : Praga, Češka / Prague, Tchéquie 280 Les théâtreux - FINAL.indd 280 13. 05. 2024 14:22:43 1992 Roger Vitrac. Victor ou Les enfants au pouvoir Režija / Mise en scène : Les Théâtreux Luči, ozvočenje / Éclairage, son : Boštjan Zupančič Igrajo / Avec : Helena Biffio, Mojca Medvedšek, Špela Mihelač, Gregor Perko, Nada Prodan, Maja Razpotnik, Urša Rigler, Tone Smolej, Nataša Helena Sterle, Nika Stražišar, Daša Škapin, Primož Vitez Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana. 1993 Les Théâtreux. 10 ans de théâtre francophone à l’Université de Ljubljana. Igrajo / Avec : Arko, Bronka Drozg, Vesna Maher, Mojca Medvedšek, Špela Mihelač, Nada Prodan, Urša Rigler, Agata Šega, Primož Vitez, Boštjan Zupančič Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana Alfred Jarry. Ubu roi Režija / Mise en scène : Primož Vitez Asistentka režiserja / Assistance à la mise en scène : Manica Janežič Kostumografija / Costumes : Matej Andraž Vogrinčič Ozvočenje / Son : Bronka Drozg Luči / Éclairage : Miran Udovič Tehnik / Technicien : Andrej Slinkar Igrajo / Avec : Helena Biffio, Manica Janežič, Vesna Maher k.g., Mojca Medvedšek, Špela Mihelač, Gregor Perko, Vladimir Pogačnik, Marko Pravst, Nada Prodan, Urša Rigler, Tone Smolej, Nataša Sterle, Primož Vitez, Boštjan Zupančič Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Repriza / Reprise : Koper 281 Les théâtreux - FINAL.indd 281 13. 05. 2024 14:22:43 1994 Georges Feydeau. Tailleur pour dames Režija / Mise en scène : Agata Šega Scenografija / Décors : Polona Kajzelj Igrajo / Avec : Manica Janežič, Mojca Medvedšek, Špela Mihelač, Barbara Müller, Gregor Perko, Mateja Petan, Marko Pravst, Urša Rigler, Tone Smolej, Nataša Sterle Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Reprize / Reprises : Alpen-Adria-Universität Celovec / Klagenfurt, Avstrija / Autriche, Ptuj, Grenoble 1995 Jean Genet. Le Balcon Režija / Mise en scène : Primož Vitez Asistent/-ka režiserja / Assistance à la mise en scène : Manica Janežič, Mladen Rieger Igrajo / Avec : Tomaž Gubenšek, Manica Janežič, Julijana Jovanić, Mojca Medvedšek, Barbara Müller, Gregor Perko, Mateja Petan, Marko Pravst, Mladen Rieger, Tone Smolej, Nataša Helena Sterle, Nataša Helena Tomac, Primož Vitez, Boštjan Zupančič Premiera / Première : Šentjakobsko gledališče, Ljubljana Reprize / Reprises : Maribor. Zagreb, Hrvaška / Croatie. 7e Rencontres Théâtre et Jeunesse pour l’Europe, Grenoble, Francija. 1996 Molière. Le Bourgeois gentilhomme Režija / Mise en scène : Primož Vitez Glasba / Musique : Drago Ivanuša Pojejo / Chant : Lija Pogačnik, Les Théâtreux Koreografinja / Chorégraphie : Mojca Medvedšek Sabljanje / Escrime : Nina Tomič 282 Les théâtreux - FINAL.indd 282 13. 05. 2024 14:22:43 Asistentka / Assistante : Mojca Božič Igrajo / Avec : Manica Janežič, Janez Hočevar, Krištof Jacek Kozak, Julijana Jovanić, Mojca Medvedšek, Mateja Petan, Miha Pintarič, Mladen Rieger, Urša Rigler, Urban Soban, Nataša Helena Tomac, Boštjan Zupančič Predpremiera / Avant-première : Lutkovno gledališče Ljubljana, Teden fran-kofonije / Semaine de la francophonie Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Reprize / Reprises : 8e Rencontres Théâtre et Jeunesse pour l’Europe, Grenoble, Francija Ve Festival international de théâtre universitaire en langue française. Krakov, Poljska / Cracovie, Pologne Rencontres européennes du théâtre étudiant, Strasburg / Strasbourg 9e Festival international de Théâtre universitaire de Casablanca, Maroko / Maroc Teatro Miela, Trst, Italija / Trieste, Italie Institut français de Zagreb, Hrvaška / Croatie Gradsko dramsko kazalište Gavella, Zagreb, Hrvaška / Croatie Nagrade / Prix : Nagrada žirije in nagrada občinstva. Strasburg, Francija / Prix du jury et prix du public. Strasbourg. Nagrada za najboljšo tujo predstavo. Krakov, Poljska / Prix du meilleur spectacle étranger. Cracovie, Pologne. 1997 Pierre de Marivaux. La Dispute Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Glasba / Musique : Drago Ivanuša Asistent režiserja / Assistance à la mise en scène : Mladen Uhlik Organizator / Organisation : Primož Vitez Igrajo / Avec : Mojca Božič, Aljoša Bradač, Janez Hočevar, Mojca Medvedšek, Mateja Petan, Miha Pintarič, Lija Pogačnik, Mladen Rieger, Urša Rigler, Urban Soban, Nataša Helena Tomac, Boštjan Zupančič Premiera / Première : Šentjakobsko gledališče, Ljubljana 283 Les théâtreux - FINAL.indd 283 13. 05. 2024 14:22:43 Reprize / Reprises : Teatro Miela, Trst, Italija / Trieste, Italie. Francoski inštitut v Gradcu, Avstrija / Institut français de Graz, Autriche. 1998 Maurice Maeterlinck. Les Aveugles Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Glasba / Musique : Drago Ivanuša Oblikovalec luči / Conception de l’éclairage : Pascal Mérat Asistentka režiserja, ozvočenje / Assistance à la mise en scène, son : Darja Bajraktarević Maska / Masques : Mladen Rieger, Nataša Helena Tomac. Asistentka oblikovalca luči / Assistance à l’éclairage : Mojca Božič Šivilji / Couture : Nada Istenič, Majda Goli Organizator / Organisation : Primož Vitez Oblikovalec plakata / Conception de l’affiche : Lenart Pretnar Igrajo / Avec : Severina Dravinec, Janez Hočevar, Iztok Ilc, Saša Jerele, Andreja Juvan, Vesna Klemenčič, Miha Plementaš, Tatjana Struna, Mladen Uhlik, Tina Žolnir, Jerneja Žuran Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Reprize / Reprises : Lutkovno gledališče Ljubljana. Cankarjev dom, Ljubljana. Festival international de Théâtre universitaire de Casablanca, Maroko / Maroc. Paris. Trst, Italija / Trieste, Italie. Graz, Avstrija / Autriche. 1999 Eugène Labiche. La Poudre aux yeux Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Asistentka režiserja, organizatorka / Assistance à la mise en scène, organisation : Darja Bajraktarević Maska / Maquillage : Mladen Rieger, Nataša Helena Tomac Kostumografija / Choix des costumes : Mladen Rieger Glasba / Musique : Drago Ivanuša Oblikovalec plakata / Conception de l’affiche : Lenart Pretnar 284 Les théâtreux - FINAL.indd 284 13. 05. 2024 14:22:43 Igrajo / Avec : Darja Bajraktarević, Severina Dravinec, Janez Hočevar, Iztok Ilc, Saša Jerele, Andreja Juvan, Vesna Klemenčič, Berta Mrak, Miha Plementaš, Lenart Pretnar, Tatjana Struna, Mladen Uhlik, Tina Žolnir, Jerneja Žuran Predpremiera / Avant-première : Lutkovno gledališče Ljubljana Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Reprize / Reprises : Lutkovno gledališče Ljubljana. Koper. 11èmes Rencontres Théâtre et Jeunesse pour l’Europe, Grenoble. 2000 Arthur Adamov. Le Professeur Režija / Mise en scène : Primož Vitez Dramaturg / Dramaturgie : Dalibor Tomić Tehnična podpora / Assistant technique : Matevž Biber Organizatorka / Organisation : Darja Bajraktarević Igrajo / Avec : Bernard Banko, Darja Bajraktarević, Severina Dravinec, Andreja Juvan, Vesna Klemenčič, Berta Mrak, Miha Plementaš, Tatjana Struna, Boris Vlajić, Tina Žolnir, Jerneja Žuran. Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Repriza / Reprise : Lutkovno gledališče Ljubljana 2001 Eugène Ionesco. Jacques ou la soumission suivi de L’Avenir est dans les œufs. Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Glasba / Musique : Uroš Fürst Maska / Masques : Žiga Rehar, Lejla Zadel, Zoran Srdič Oblikovalec luči / Conception de l’éclairage : Primož Vitez Igrajo / Avec : Matevž Biber, Daphné Favrelière, Iztok Ilc, Saša Jerele, Katarina Klajn, Miha Plementaš, Miha Pohar, Boris Vlajić, Jean-Pierre Vonarb, Gruša Zlobec, Jasmina Žgank, Nataša Živković, Tina Žolnir Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Reprize / Reprises : Lutkovno gledališče Ljubljana. Dneve Frankofonije, Celje / Journées de la francophonie, Celje. 285 Les théâtreux - FINAL.indd 285 13. 05. 2024 14:22:43 Šentjakobsko gledališče, Ljubljana. Festival international de Théâtre universitaire de Casablanca, Maroko / Maroc. Académie diplomatique, Paris. 2002 Jean Tardieu. Les Amants du métro Režija / Mise en scène : Ana Perne Scenografija, kostumografija, glasba / Décors, costumes et choix de musiques : Les Théâtreux Sodelovanje / En collaboration avec : Vladimir Pogačnik, Primož Vitez Igrajo / Avec : Daphné Favrelière, Primož Grešak, Marjeta Herman, Tina Hribar, Janina Kos, Miha Pohar, Nataša Srhoj, Boris Vlajić, Jasmina Žgank, Nataša Živković Premiera / Première : Gledališče GLEJ Repriza / Reprise : Gledališče GLEJ, Ljubljana 2003 Molière. Monsieur de Pourceaugnac Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Glasba / Musique : Domen Marinčič Oblikovanje luči / Conception de l’éclairage : Primož Vitez Organizator / Organisation : Gregor Perko Igrajo / Avec : Daša Deželak, Višnja Fičor, Danijel Haromet, Janina Kos, Katja Kos, Miha Pohar, Ana Prislan, Mitja Roner, Nataša Srhoj, Blanka Šuštar, Manca Stare, Neža Umek, Matjaž Zorn Premiera / Première : Šentjakobsko gledališče Ljubljana Reprize / Reprises : Lutkovno gledališče Ljubljana. 1er Festival de Théâtre interuniversitaire de Toulon. 2004 Maurice Maeterlinck . La Princesse Maleine Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Oblikovanje luči / Conception de l’éclairage : Primož Vitez 286 Les théâtreux - FINAL.indd 286 13. 05. 2024 14:22:43 Glasba / Musique : Urban Soban Glasbena izvedba / Exécution musicale, studio Thor : Lija Pogačnik, Urban Soban, Thor Koreografija za sabljanje / Chorégraphie de l’escrime : Kaja Dolar Tehnična podpora / Assistance technique : Darja Bajraktarević, Gregor Perko Igrajo / Avec : Darja Bajraktarević, Isabelle Cernac, Višnja Fičor, Danijel Haromet, Tina Hribar, Iztok Ilc, Saša Jerele, Martin Kastelic, Ana Müllner, Gregor Perko, Neja Petek, Vladimir Pogačnik, Miha Pohar, Ana Prislan, Mitja Roner, Nataša Srhoj, Manca Stare, Agata Šega, Blanka Šuštar Petrič, Neža Umek, Primož Vitez, Matjaž Zorn, Boštjan Zupančič, Jasmina Žgank, Nataša Živkovič, Tina Žolnir Premiera / Première : Lutkovno gledališče Ljubljana Repriza / Reprise : Lutkovno gledališče Ljubljana 2005 Eugène Ionesco . La Cantatrice chauve Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Igrajo / Avec : Kaja Androjna, Danijel Haromet, Martin Kastelic, Ana Podvršič, Miha Pohar, Matevž Selan Čare, Manca Stare, Kristina Šircelj, Neža Umek, Matjaž Zorn Predpremiere / Avant-premières : 7. frankofonski dan / 7ème journée de la francophonie, Celje (18.3). Osnovna šola Livada, Ljubljana Premiera / Première : SNG Drama, Ljubljana Reprize / Reprises : SNG Drama, Ljubljana. Kulturni Center Janez Trdina, Novo Mesto. KUD France Prešeren. Obisk 59. festivala d’Avignon / Visite de la 59ème édition Festival d’Avignon 2006 Jean Tardieu. La Sonate. L’Archipel sans nom. Režija / Mise en scène : Vladimir Pogačnik Oblikovanje luči / Conception de l’éclairage : Primož Vitez 287 Les théâtreux - FINAL.indd 287 13. 05. 2024 14:22:43 Glasba / Musique : Drago Ivanuša Tehnična podpora / Assistance technique : Gregor Perko Igrajo / Avec : Ajda Kastelic, Martin Kastelic, Maruša Mavsar, Matevž Selan Čare, Manca Stare, Kristina Šircelj, Matjaž Zorn Premiera / Première : Gledališče GLEJ, Ljubljana Reprize / Reprises : Gledališče GLEJ, Ljubljana. Gimnazija Poljane, Škofijska klasična gimnazija in Osnovna šola Livada v Ljubljani / Lycée Poljane, Lycée classique diocésain, École primaire Livada à Ljubljana. Festival FFRIK! Zagreb, Hrvaška / Croatie. Académie diplomatique internationale, Paris. Festival des cultures de Tours. 2007 Félicien Marceau. L’Œuf Režija / Mise en scène : Julie David Asistent režiserke in producent / Assistance et coordination : Vladimir Pogačnik Oblikovanje luči / Conception de l’éclairage : Primož Vitez Tehnična podpora / Assistance technique : Gregor Perko Igrajo / Avec : Petra Beg, Aia Helena Brnič, Danijel Haromet, Ajda Kastelic, Luka Kikelj, Maruša Mavsar, Jernej Pribošič, Matevž Selan Čare, Manca Stare, Kristina Šircelj, Matjaž Zorn Delavnica z / Atelier avec : Michel Van Loo, režiser in direktor Théâtre de la Guimbarde (Charleroi, Belgija) / metteur en scène et directeur du Théâtre de la Guimbarde (Charleroi, Belgique) Predpremiera / Avant-première : Frankofonski dan / Journée francophone, Celje Premiera / Première : Gledališče Glej, Ljubljana Reprize / Reprises : Gledališče Glej, Ljubljana. Gledališče Koper. 2008 Jean-Marie Piemme et Paul Pourveur. Les B@lges Režija / Mise en scène : Julie David 288 Les théâtreux - FINAL.indd 288 13. 05. 2024 14:22:43 Producent / Coordination : Vladimir Pogačnik Igrajo / Avec : Aulne Boniface, Petra Beg, Aia Helena Brnič, Ljubica Damevska, Danijel Haromet, Ajda Kastelic, Luka Kikelj, Daša Helena Kobe, Jernej Pribošič, Ana Pogelšek, Matevž Selan Čare, Maša Simčič, Tine Šušteršič, Tamara Voštinić Premiera / Première : Gledališče Glej, Ljubljana Reprize / Reprises : Gledališče Glej, Ljubljana. Festunit 2008, Rog, Ljubljana. KUD France Prešeren. 20e Rencontres du Jeune Théâtre Européen, Grenoble. 2009 Dominique Wittorski. Requiem (with a happy end) Režija / Mise en scène : Julie David Dramaturg / Dramaturgie : Michel Van Loo Producent / Coordination : Vladimir Pogačnik Igrajo / Avec : Vesna Ahlin, Ananda Boutoute, Ljubica Damevska, Tina Goropečnik, Luka Kikelj, Daša Helena Kobe, Simon Mesec, Bruna Pikš, Jernej Pribošič, Maša Simčič, Manca Stare, Gregor Šuštar, Tine Šušteršič Premiera / Première : Dijaški dom Ivana Cankarja, Ljubljana Reprize / Reprises : Dijaški dom Ivana Cankarja, Ljubljana. Festunit 2009, Rog, Ljubljana. FRASK Festival, TEATAR &TD, Zagreb. 21e Rencontres du Jeune Théâtre Européen, Grenoble. Videoposnetek je na voljo na / Vidéo disponible en ligne : http://www. nuanceproduction.fr/NuanceProductionRequiem.html 2010 Henri Bauchau. Gengis Khan Režija / Mise en scène : Julie David Igrajo / Avec : Ljubica Damevska, Tina Goropečnik, Špela Janežič, Luka Kikelj, Simon Mesec, Bruna Pikš, Manca Stare, Urška Steklasa, Maša Sušelj, Gregor Šuštar, Tine Šušteršič, Eva Vučkovič, Petra Zabukošek, Črt Zorič, Matjaž Zorn 289 Les théâtreux - FINAL.indd 289 13. 05. 2024 14:22:43 Premiera / Première : SITI Teater, Ljubljana Reprize / Reprises : SITI Teater, Ljubljana. Festunit 2010. SITI Teater, Ljubljana. Menza pri Koritu, Metelkova Mesto, Ljubljana. FRASK Festival, TEATAR &TD, Zagreb. 22e Rencontres du Jeune Théâtre Européen, Grenoble. 2011 Jacques Feyder . La Kermesse héroïque (adapt.) Režija / Mise en scène : Julie David Dramaturg / Dramaturgie : Michel Van Loo Igrajo / Avec : Kristina Camaj, David Čeh, Ana Golja, Tina Goropečnik, Nataša Jakovljević, Sabina Kadirić, Luka Kikelj, Katarina Krapež, Simon Mesec, Jernej Pribošič, Maša Simšič, Urška Steklasa, Gregor Šuštar, Tine Šušteršič, Andrej Tomše, Eva Vučkovič, Matjaž Zorn Premiera / Première : SITI Teater, Ljubljana Reprize / Reprise : SITI Teater, Ljubljana. FRASK Festival, TEATAR &TD, Zagreb. 23e Rencontres du Jeune Théâtre Européen, Grenoble. 2012 Marguerite Yourcenar . Qui n’a pas son minotaure ? Režija / Mise en scène : Virginie Mols S pomočjo / Avec l’aide de : Michel Van Loo Igrajo / Avec : David Čeh, Špela Janežič, Katarina Krapež, Tina Matić, Eva Pradelle, Urška Steklasa, Eva Vučkovič Premiera / Première : SITI Teater, Ljubljana Reprize/ Reprise : SITI Teater, Ljubljana. Unifest, Skopje. 24e Rencontres du Jeune Théâtre Européen, Grenoble. 2013 Michel de Ghelderode . Sortie de l’acteur Režija / Mise en scène : Catherine Leroy in / et Michel Van Loo Premiera / Première : SITI Teater, Ljubljana 290 Les théâtreux - FINAL.indd 290 13. 05. 2024 14:22:43 2015 Fernand Crommelynck. Le Cocu magnifique Režija / Mise en scène : Judith Pollet Dramaturg / Dramaturgie : Michel Van Loo Igrajo / Avec : Nina Brezar, Patricija Čamernik, Kaja Dragoljević, Martin Esih, Maximiliano Grieco, Katarina Jarc, Sara Košir, Katja Mavrič Bordon, Andreja Savić, Tina Žerdoner Marinšek Predpremiera / Avant-première : 17. Frankofonski dan / 17ème Journée francophone, Celje Premiera / Première : Gledališče Glej, Ljubljana Repriza / Reprise : Gledališče Glej, Ljubljana Videoposnetek je na voljo na / Vidéo disponible en ligne : Patricija Čamernik, @ThePatricijaz. (2015, 10 juin). Le Cocu Magnifique (Fernand Crommelynck) [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=8LzCyzfOZsY 2016 Thierry Janssen. Folles funérailles Režija / Mise en scène : Nicolas Hanot Igrajo / Avec : Nataša Patricia Brand, Luka Brenko, Nina Brezar, Patricija Čamernik, Tina Fekonja, Jakob Grčman, Rebeka Grdič, Lara Kolar, Maja Koražija, Sara Košir, Vita Merela, Andreja Savić, Boža Sotenšek, Jan Rant, Milica Veljić, Tamara Zupan, Tina Žerdoner Marinšek Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana Reprize / Reprises : Cankarjev dom, Ljubljana. 28e Rencontres du Jeune Théâtre européen, Grenoble. 2017 Éric-Emmanuel Schmitt. Les deux messieurs de Bruxelles Ideja in zasnova / Idée et conception : Nicolas Hanot Berejo / Avec : Les Théâtreux in študentke Oddelka za romanske jezike in književnosti ter Oddelka za prevajalstvo / Les Théâtreux et des étudiantes 291 Les théâtreux - FINAL.indd 291 13. 05. 2024 14:22:43 du Département des langues et littératures romanes et du Département de traduction Predstavitev / Présentation : Filozofska fakulteta, Ljubljana Serge Kribus. Arloc ou Le grand voyage Režija / Mise en scène : Nicolas Hanot Igrajo / Avec : Nataša Patricia Brand, Maja Ciglar, Patricija Čamernik, Anna Maria Grego, Lara Kolar, Maja Koražija, Dragana Mandić, Vita Merela, Jan Rant, Sanja Sabolovič, Andreja Savić, Boža Sotenšek, Milica Veljić, Tamara Zupan, Tina Žerdoner Marinšek, Maja Žumer Premiera / Première : Cankarjev dom, Ljubljana Repriza / Reprise : Cankarjev dom, Ljubljana 2018 Olivier Coyette. Forfanteries Režija / Mise en scène : Nicolas Hanot Igrajo / Avec : Patricija Čamernik, Jakob Grčman, Ana Hafner, Lea Juha, Maja Koražija, Sara Košir, Luka Kürner, Justine Midot, Angela Petrevska, Eva Poklukar, Sanja Sabolovič, Lori Slivnik, Urška Zupan Premiera / Première : JSKD, Ljubljana Reprize / Reprises : JSKD, Ljubljana. Festival Acthéa, Albi. Nagrada / Prix : Nagrada žirije / Prix du Jury, Albi Videoposnetek je na voljo na / Vidéo disponible en ligne : FILOZOFSKA fakulteta UL. (2018, 6 février). 20180118 Predstava [Vidéo]. YouTube. https:// www.youtube.com/watch?v=q2LjrVYp_ow 2019 Laurent Baffie. Toc toc Režija / Mise en scène : Patricija Čamernik Igrajo / Avec : Sara Košir, Vita Merela, Milica Rimanovska, Sanja Sabolovič, Katja Štefanič, Mihaela Štiglic, Tamara Zupan 292 Les théâtreux - FINAL.indd 292 13. 05. 2024 14:22:43 Premiera / Première : Mini teater, Ljubljana Reprize / Reprises : Mini teater, Ljubljana. BalFra, Stara Elektrarna, Ljubljana. Videoposnetek je na voljo na / Vidéo disponible en ligne : Sanja Sabolovič, @ sanjasabolovic7079. (2019, 3 août). Toc Toc (Laurent Baffie ; Les Théâtreux, FF LJ) [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=WGS5h8GfSd4 2020 Marcel Kervan. Hot Jazz Režija / Mise en scène : Patricija Čamernik S pomočjo / Avec l’aide de : Sanja Sabolovič Uglasbitev in glasbeni vodja / Musique et direction musicale : Jakob Grčman Koreografija / Chorégraphie : Katja Štefanič Tehnična podpora / Assistance technique : Luka Kürner Igrajo / Avec : Amalia Felicijan, Jakob Grčman, Klara Jamšek, Maja Koražija, Sara Košir, Vita Merela, Peter Podgoršek, Eva Poklukar, Marjeta Prudič, Milica Rimanovska, Sanja Sabolovič, Katja Štefanič, Mihaela Štiglic, Tamara Zupan in / et Počeni Škafi Premiera / Première : CSK France Prešeren, Ljubljana Repriza / Reprise : CSK France Prešeren, Ljubljana Videoposnetek je na voljo na / Vidéo disponible en ligne : Patricija Čamernik, @ThePatricijaz. (2020, 5 octobre). Hot Jazz Ljubljana [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=m6O6Pq4_fic 2021 Jean-Paul Sartre. Les Mouches Priredba / Adaptation : Les Théâtreux Režija / Mise en scène : Patricija Čamernik in / et Les Théâtreux Glasba / Musique et direction musicale : Jakob Grčman Igrajo / Avec : Alex Centa, Jakob Grčman, Mia Grčman, Klara Jamšek, Maja Koražija, Sara Košir, Luka Kürner, Vita Merela, Katarina Pobežin, Milica 293 Les théâtreux - FINAL.indd 293 13. 05. 2024 14:22:43 Rimanovska, Sanja Sabolovič, Katja Štefanič, Mihaela Štiglic, Maja Tomšič, Tamara Zupan Premiera / Première : Stara elektrarna, Ljubljana Repriza / Reprise : Stara elektrarna, Ljubljana Videoposnetek je na voljo na / Vidéo disponible en ligne : Patricija Čamernik, @ThePatricijaz. (2021, 27 juillet). Les Mouches de Sartre (Les Théâ- treux / Ljubljana 2021) [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/ watch?v=1RA3Z7RqZ1I 2023 Les Théâtreux. Au-delà de toute expression. Scenarij / Scénario : Maja Koražija Režija / Mise en scène : Jakob Grčman Igrajo / Avec : Polina Bychkova, Blažka Dolenc, Klara Jamšek, Maja Koražija, Sara Košir, Jost Martinčič, Sanja Sabolovič, Katja Štefanič, Basia Wasiuk Premiera / Première : Leto Jezikov, Jenkova dvorana Pionirskega doma, Ljubljana 294 Les théâtreux - FINAL.indd 294 13. 05. 2024 14:22:43 Povzetek Monografija obeležuje ugledno obletnico ljubiteljskega univerzitetnega gledališča v francoskem jeziku na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani – štiri desetletja skupnega ustvarjanja ob besedi, v utelešenem jeziku, v katerem odmevajo poetična in dramska dela, ki so kalila misli in zaznamovala (ne)akademske poti. Številne predstave in nešteta gostovanja v Sloveniji in tujini so stkale močne vezi. Študentska gledališka skupina Les Théâtreux je v svojem ustvarjalnem zagonu odločno izrazila strastno zavezanost francoskemu jeziku, dramski umetnosti in kulturnemu sodelovanju. Zbirka slikovnih arhivov, pričevanj in spominov nekdanjih članov in članic te gledališke skupine od nastanka ansambla leta 1983 do današnjih produkcij odkriva zgodovino te umetniške avanture, v kateri se je izmenjevalo mnogo generacij študentov in študentk, tako kot profesorjev in tujih lektorjev na katedri za francistiko oddelka romanskih jezikov in književnosti na ljubljanski Filozofski fakulteti. 295 Les théâtreux - FINAL.indd 295 13. 05. 2024 14:22:43 296 Les théâtreux - FINAL.indd 296 13. 05. 2024 14:22:43 Résumé Cette monographie commémore un anniversaire important pour le théâtre universitaire amateur en langue française à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana : quarante ans de création collective avec les mots, dans une langue incarnée, où résonnent des œuvres poétiques et dramatiques qui ont forgé les esprits et marqué les parcours académiques, les destinées, où des liens forts se sont tissés au fil des nombreuses représentations et innombrables tournées en Slovénie et à l’étranger. Dans son élan créatif, la troupe de théâtre étudiant, Les Théâtreux, a exprimé avec force un engagement passionné pour la langue française, l’art dramatique et la coopération culturelle. Ce recueil d’archives, de témoignages et de mémoires d’anciens membres de la troupe, depuis la création de celle-ci en 1983 jusqu’aux productions actuelles, retrace l’histoire de cette aventure artistique qu’ont vécue des générations d’étudiants, de professeurs d’université et de lecteurs étrangers au sein des études de français du département des langues et littératures romanes de la Faculté de lettres de Ljubljana. 297 Les théâtreux - FINAL.indd 297 13. 05. 2024 14:22:43 298 Les théâtreux - FINAL.indd 298 13. 05. 2024 14:22:43 Avtorice in avtorji / Autrices et auteurs Patricija ČAMERNIK, doktorandka na Filozofski fakulteti in asistentka na Pedagoški fakulteti Univerze v Ljubljani / doctorante à la Faculté de lettres et attachée temporaire d’enseignement et de recherche à la Faculté de pédagogie de l’Université de Ljubljana. Julie DAVID, nekdanja lektorica za francoski jezik na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani, od leta 2006 poučuje francoski jezik in frankofonsko književnost v tujini (Belgija, Slovenija, Indija, Južna Afrika) / ancienne lectrice de langue française à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana, enseigne le français et la littérature francophone à l’étranger depuis 2006 (Belgique, Slovénie, Inde, Afrique du Sud). Aljoša DOBOVIŠEK, dramaturg in lektor v Slovenskem narodnem gledališču Drama Ljubljana / dramaturge et conseiller linguistique au Théâtre national slovène Drama de Ljubljana. dr. Nadja DOBNIK, lektorica za francoski jezik na Ekonomski fakulteti in na Oddelku za prevajalstvo Filozofske fakultete Univerze v Ljubljani, književna prevajalka / lectrice de langue française à la Faculté d’économie et au Département de traduction de la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana, traductrice littéraire. 299 Les théâtreux - FINAL.indd 299 13. 05. 2024 14:22:43 Joséphine FERRARI, nekdanja lektorica za francoski jezik na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani in ustanoviteljica francoske gledališke skupine / ancienne lectrice de langue française à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana et fondatrice de la troupe de théâtre français. Višnja FIČOR, inspicientka in lektorica za francoski in ruski jezik na SNG Opera in Balet Ljubljana, pevka in radijska napovedovalka / régisseuse et conseillère linguistique pour le français et le russe à l’Opéra national de Ljubljana, cantatrice et animatrice radio. Nicolas HANOT, nekdanji lektor za francoski jezik na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani / ancien lecteur de langue française à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana. Iztok ILC, književni prevajalec / traducteur littéraire. Manica J. AMBROŽIČ, voditeljica, urednica in novinarka na TV Slovenija / présentatrice, rédactrice et journaliste à TV Slovenija. Saša JERELE, književna prevajalka / traductrice littéraire. Janina KOS, filmska in književna prevajalka / traductrice audiovisuelle et littéraire. Anne-Cécile LAMY-JOSWIAK, lektorica za francoski jezik na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani / lectrice de langue française à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana. Darja PETRICA (née BAJRAKTAREVIĆ), Account Manager / attachée commerciale. dr. Miha PINTARIČ, redni profesor za starejšo francosko književnost na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani v pokoju / professeur de littérature française à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana, en retraite. 300 Les théâtreux - FINAL.indd 300 13. 05. 2024 14:22:43 Sanja SABOLOVIČ, magistrica profesorica francoščine in zgodovine, članica Les Théâtreux / professeure de français et d’histoire, membre des Théâtreux. dr. Tone SMOLEJ, redni profesor za primerjalno književnost in literarno teorijo na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani / professeur de littérature comparée et de théorie littéraire à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana. Manca STARE, profesorica francoščine in učiteljica angleščine / professeure de français dans l’enseignement secondaire et professeure d’anglais dans l’enseignement primaire. Bronka STRAUS, sekretarka na Uradu za razvoj in kakovost izobraževanja na Ministrstvu za vzgojo in izobraževanje Republike Slovenije, predstavnica Slovenije v Upravnem odboru Evropskega centra za moderne jezike Sveta Evrope / secrétaire à la Direction du développement et de la qualité de l’éducation au ministère de l’Éducation de la République slovène, membre du Comité de direction du Centre européen pour les langues vivantes du Conseil de l’Europe. dr. Agata ŠEGA, docentka za romansko jezikoslovje na Filozofski fakulteti Univerze v Ljubljani / maître de conférences en linguistique romane à la Faculté de lettres de l’Université de Ljubljana. Kristina ŠIRCELJ ČEPON, vodja mediateke na Francoskem inštitutu v Sloveniji / responsable de la médiathèque à l’Institut français de Slovénie. mag. Boštjan ZUPANČIČ, prevajalec in tolmač. Vodja prevajalske službe na Ministrstvu za zunanje in evropske zadeve / traducteur et interprète. Responsable du service de traduction du ministère des Affaires étrangères et européennes. Tina ŽOLNIR, prevajalka / traductrice. 301 Les théâtreux - FINAL.indd 301 13. 05. 2024 14:22:43 Les théâtreux - FINAL.indd 302 13. 05. 2024 14:22:43