MAURICE WANECQ DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA MAISON FRANÇAISE GRASSET Défense et illustration de la Maison Française MAURICE WANECQ o j ç y.:. DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA MAISON FRANÇAISE Préface Je A t 'SERSTEFENS ÉDITIONS BERNARD GRASSET 61, rue des saints-pères-vi8 P ARI S ïoioyg 403036 "t WAM T Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. Copyright bij Editions Bernard Grasset 1942 PRÉSENTATION Il fallait un homme de bon sens, un esprit par- faitement équilibré, pour mettre au point la question délicate de la ville et de la maison françaises. Il fallait de la verve, de l'ironie et de ta « sainte colère » pour traquer les fauteurs de l'enlaidissement- de nos cités et de nos paysages. Il fallait de la méthode et de la dialectique pour nous offrir des conclusions durables. C'est ce qu'a su faire, ici, Maurice Wanecq, qui n'est pas un homme de lettres mais un homme, tout sim- plement, selon la leçon de notre Pascal. Je n'aurais pti, quant à moi, garder la réserve qu'il nous montre. La sottise humaine me fait exploser, surtout lorsqu'elle se manifeste dans le 'domaine esthétique, Celui qui n'ignore rien de la « construction de Paris » {comme l'a nommée Héron de Ville fosse) sait ce que chaque siècle 7 DÉFENSE ET ILLUSTRATION a apporté de merveilles dans l'édification de cette ville, et que le dix-neuvième n'a fait que la banali- ser. Les hommes d'au)ourd'hui s'occupent à la rendre internationale c'est-à-dire à en faire une cité de n'importe où. Wanecq est, ici, trop tendre envers les urba- nistes. Pour le grand corps vivant qu'est une 'ville, il n'est pas de virus plus dangereux que ces gens-là. Leurs idées, qui se présentent sous les 'vocables séduisants de lumière, espace, santé, commodité, ne peuvent aboutir qu'à l'unifor- mité dans l'hygiène. Une ville créée d'après un plan préconçu (c'est en partie la définition de l'urbanisme) ne peut engendrer que l'ennui. Les villes d'architecture vivante poussent comme une forêt, c'est-à-dire un peu au hasard et les beautés qu'elles renfer- ment ne se présentent que par clairières, au mi- lieu de la confusion féconde du reste. Haussmann a assaini Paris, l'a rendu plus confortable mais 11e l'a pas embelli. Rien de plus fastidieux que l'avenue de l'Opéra et toutes les rues second Empire, avec leurs façades uniformes. Rien de plus embêtant que le quadrilatère sans fin des villes américaines (Sud comme Nord) selon la '48 DE LA MAISON FRANÇAISE doctrine du cordeau. New-York ne vaut que par le champignonnement monstrueux et le plan relativement imprévu de Manhattan; le reste in'est que monotonie et laideur. Rien de plus si- nistre, enfin, que les cités conçues par un archi- tecte urbaniste, rues en série et façades à la chaîne, villes établies sur un pupitre par un monsieur qui manie l'équerre et le té, et non pas engen- drées par la fécondation amoureuse de la race. L'urbanisme est l'expression même d'une épo- que (je pèse mes adjectifs) administrative, paperassière, hygiénique, matérielle, primaire, êgalitaire et purée. Plus de « lambris dorés » à côté des « masures du pauvre »! Tous à la caserne et tous dans des casernes ! Cent mille fenêtres semblables, avec cent mille crétins derrière, tous plongés dans la lecture du même journal aux , mêmes idées ! Notre logis, cette chose si personnelle et par là si émouvante, imposé par un spécialiste qui ne nous laissera plus que le choix du numéro dans une sempiter- nelle série de bâtisses toutes semblables... L'urbaniste n'est ni français, ni allemand, ni russe; il est par essence international. Il peut tra- vailler en tous lieux du monde, à Rio comme à 9 DÉFENSE ET ILLUSTRATION Amsterdam, à Paris comme à Istamboul. Ses con- ceptions valent pour tous les climats. Il aurait bâti Venise sur le même modèle que Berlin ou Buenos-Aires. Un siècle d'urbanistes, et ce ne sera plus la peine de voyager, car toutes les cités de la terre seront identiques, comme le sont déjà les banques, les palaces, les cinémas et les grands magasins de toutes les nations. J'ai retrouvé le fnême « uniprix » de ciment feuilleté à Paris, à Londres, à Madrid, à Belgrade, à Casablanca, à Sydney et à Québec. Ceci à une époque de ra- cisme, qui devrait, au contraire, être jalouse des ' voici l'incroyable maison « tac on meulière » de ia vallée de l'Oise décrite p. 16 et 17. (Clichés M. Wanecq.) 2. Dans de coquets étuis... L'Espagne et l'Orienl n'avaient pas de secrets pour la Kegie française. Plaisanterie à part, croit-on que, sans la protection de son monopole, l'Etat eût pu écouler une mar- chandise présentée de façon aussi grotesque ? (Clichés René Jacques.) 3. Crime et bâtiment. N'est-ce pas un crime que d'avoir bâti ce monstrueux « objet » sur un quai du Vieux Port de Marseille ? Et pour- tant ses auteurs n'étaient pas insensibles à la beauté du décor. On imagine leur déconvenue si les gens d'en face leur rendaient la pareille. « Les maisons n'existent pas seulement pour ceux qui les occupent mais aussi pour ceux qui les voient. » (R. Wild, p. 138.) iCliché M. Wanecq.) 195 TABLE DES ILLUSTRATIONS 4. Quand on est moderne ce n'est pas pour longtemps. Cette maison parisienne est maintenant aussi démodée que la robe, la coiffure et les minauderies de sa contemporaine, la jolie brune de la carte postale. (Cliché René Jacques.) 5. Beauté d'un badigeon de chaux. C'est souvent, aussi, la toilette annuelle de bien des mai- sons paysannes de chez nous (pays basque, Vendée, Picar- die). En Espagne on sait' tirer un très heureux parti de ces blancheurs. En haut : maison à Séville (chaux, fleurs et feuillages). En bas : le faubourg de Santiago à Guadix. (Clichés A. t'Serstevens et Roland-Manuel.) 6. Horresco... Référence! Cueilli dans un album de papiers peints. En haut : un exemple de faux cubisme. Picasso n'en de- mandait pas tant. En bas : papier peint « façon brique », pour décor rusti- que, hostelleries, relais de gueule et autres fichaises. (Voir p. 45 et 59.) (Clichés M. Wanecq.) 7. Maisons de poètes. La première est l'authentique maison de Poil de Carotte à Chitry (Nièvre). Ce n'est que bien plus tard que Jules Renard s'installa, dans le même coin, à la Gloriette. La seconde est celle que Maurice Rollinat, sur le conseil du peintre Léon Detroy, vint habiter près de Fresselines quand il quitta définitivement Paris. II y reçut Gustave Gef- froy et' Claude Monet. Ce dernier, pendant près de six mois, planta son chevalet sur les bords de la Creuse voisine. Rodin y fit aussi un séjour. (Clichés M. Wanecq.) 196 TABLE DES ILLUSTRATIONS 8. Partout... sauf à Paris. Pour illustrer la remarque de M. P. d'Espezel (v. note p. 28). Partout en effet... sauf à Paris (et ajoutons : en France) on sait rajeunir une ville sans la massacrer. Voici (en bas) une vieille maison de Paris bien négligée, certes, mais cjui mériterait d'être restaurée et curetée avec soin. On lira à ce propos deux livres extrêmement importants : Des- truction de Paris de Georges Pillement (Grasset) et Histoire de Paris de Marcel Raval (Presses universitaires). En haut, un exemple entre mille de ce que l'on sait faire, à l'étranger, pour conserver intelligemment les façades (Photo prise en Allemagne, à Tûbingen.) 0Clichés René Jacques et Wanecq.) 9. L'intruse. Avouez que cette maison difforme et ridicule du premier plan vient là comme un cheveu sur la soupe. Que de che- veux, hélas ! sur notre soupe. Toute construction nouvelle doit s'intégrer au milieu (p. 63). Ce montage est fait' avec une vue de Barbenlane prise du moulin de Bretouille. (Cliché Maget (Musée national des arts et traditions populaires). 10. Voyez terrasse! Voici de l'horreur en vrac, un plat d' « arlequins » où l'on trouve de tout, y compris — dirait Gavroche — de la tarte «maison» ou plutôt de la maison «tarte». 0Clichés M. Wanecq.) 11. Grandeur et décadence. Regardons d'abord «Les Semailles», exquise miniature du Calendrier romain (xr siecle). , France, Puis l'une des récentes créations de la Banque de France, 197 TABLE DES ILLUSTRATIONS témoignage de l'érudition artistique, archéologique et philo- logique de l'auteur. N'oublions pas que l'envers vaut l'en- droit. La jeune fileuse n'est pas moins photogénique que le bel et ténébreux Jacques Coeur (ou Jacques Ceur ? On ne sait plus.) Il n'y au fait pas lieu d'être fiers si nous ne savions que- ce ne sont pas, chez nous, les artistes qui manquent. (Clichés Musée des Arts et trad. popul. et René Jacques.) 12. Chemin des ânes. En haut : une rue de Tùbingen (Allemagne). En bas : une rue marchande de Salzbourg. On pourrait donner cent exemples de ces rues où il fait bon flâner. (Clichés M. Wanecq.) 13. Faire la cage pour l'oiseau. Respect des normes régionales et régionalisme authenti- que, selon le vœu de M. Aug. Perret, il semble que M. Jean- Ch. Moreux n'a pas eu d'autres règles en construisant cette maison à Chambourcy (Seine-et'-Oise). Mais s'il en est sorti «à son honneur», c'est qu'il a aussi du goût et du talent. (Cliché Debretagne.) 14. Pauvreté n'eît pas vice... Disais-je à la page 51 et plus loin, page 65, j'ajoutais : « Il faudra bien qu'on se débrouille. » C'est ce qu'a dû faire M. H. Vidal, architecte du Monastère de la Nativité à Sens. Pierre du Colombier nous le dit dans Beaux-Arts du 14 fé- vrier 1941 : « Constamment gêné par le souci de la dépense, il a tiré le plus heureux parti de ces limitations mêmes, » (Cliché Paul Cade.) 198 15. Maisons françaises. Voici : 1° le Mas du Moulin à Barbentane; 2° une maison landaise à Soustons; 3° le Mas de Chausse à Tarascon avec ses hauts cyprès; 4" une maison bretonne... C'est' vers ces maisons traditionnelles que dans notre Projet d'enquête (p. 122 et seq.) nous demandons aux jeunes de tourner leurs regards frais. (Clichés Pison, Toulgouat et Mage t.) (Musée des Arts et traditions popul.) 16. Déjà lu ça quelque part... Photo d'une page de la Charte de l'Architecte recons- tructeur (Paris. Imprimerie nationale, 1941.) Voir p. 193 et 122. (Cliché René Jacques.) NARODNft IN UNIVERZITETNfi KNJIUNICfl 00000473636 achevé d'imprimer sdr lès presses de l'imprimerie moderne, 177, route de chàt1llon, a montrouge (seine) le vingt-trois février mil neuf cent quarante-deux. 00000473636 QUELQUES NC Narodna in univerzitetna knjiznica v Ljubljani 403036 33 » FRIEDRICH SIEBURG La Fleur d'acier.... LOUIS SALLEliON Naissance de l'Etat corporatii. . JEAN GIONO Triomphe de la vie..... ANTOINE DUFOURNET La jeunesse de Saint-François de Sales, in-8* écu 65 GEORGES REYER Marguerite Audoux .........42 BERNAKD GRASSET Les Chemins de l'Écriture. JOSEPH l'EYRÉ Mont Everest, roman......... G, LENOTHE, de l'Académie hançaiée Nos Français. Portiaits de famille. "La Petite Histoire" GEOIIG ES PILLEMENT Destruction de Paris, in-8" écu, illustré JEAN GIRAUDOUX Littérature........... HÉRON DE VILLEFOSSE Bourgeois de Paris, in-8° écu, illustré .... C.-J. G1GNOUX Monsieur Colbert, illustré....... H. DE MONTHERLANT Le Solstice de Juin......... 27 30 MONTESQUIEU Cahiers (1116-1755). Textes recueillis et présentés par Bernard Grasset. Kdition courante. 30 » JEAN DE BARONCELLI Vingt-six hommes, léeil de guerre.....31 20 PAUL MOUSSET Quand le temps travaillait pour nous, récitdeguerre 27 30 30 » 30 » 31 20 70 30 » 80 » 27 30 LIBRAIRIE BERNARD GRASSET Durand, 18, rue Séguier, Paris. Printed in France. 8e Edition