9Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... Ljubica Vlahović Faculté de philosophie et lettres, Université de Novi Sad, Serbie ljubica.vlahovic@ff.uns.ac.rs Snežana Gudurić Faculté de philosophie et lettres, Université de Novi Sad, Serbie snezana.guduric@ff.uns.ac.rs MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES EN FRANÇAIS ET LEURS ÉQUIVALENTS EN SERBE1 1 INTRODUCTION Par leurs propres sens, des adverbes de négation, particules négatives ou préfixes négatifs sont susceptibles à traduire le caractère sémantique de la négation présenté dans l’acte de langage. En description linguistique, la négation est traitée sous divers aspects, étant généra- lement définie comme phénomène sémantique qui se réalise par des formes lexicales et grammaticales. Cela implique que, outre des mots dits négatifs, habituels dans des construc- tions négatives, d’autres mots, tels que p.ex. rarement, peu, loin de, moins, contiennent, eux aussi, un petit grain de négation sémantique (Gudurić - Vlahović 2012: 40). Selon Jules Marouzeau, la négation est « l’expression propre soit à constater (néga- tion proprement dite) soit à prétendre (dénégation) que telle chose n’est pas ou n’est pas ce qu’on dit » (Marouzeau 1951:154). Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et René Rioul explicitent la négation prise comme acte de langage par deux sortes de négation: « Une négation descriptive, qui porte seulement sur le contenu de l’énoncé. L’évé- nement ou l’état dénotés sont simplement rejetés comme contraires à la réalité. Pierre n’est pas venu marque la fausseté d’une information, la venue de Pierre. Une négation polémique, qui affecte la relation entre les interlocuteurs. Le lo- cuteur s’oppose à une affirmation d’autrui, qu’il vise à réfuter. Il reprend dans 1 Cet article est rédigé dans le cadre du projet No 178002 Langues et cultures dans le temps et dans l‘espace, financé par le Ministère de l‘éducation, de la science et du développement technique de la République de Serbie. UDK 811.133.1'367:811.163.41'367 DOI: 10.4312/vestnik.9.9-24 10 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES son discours une affirmation qu’il attribue à autrui, que celui-ci l’ait formulée ou non, pour le nier. Dans Je ne suis pas passé au feu rouge /…/, le locuteur su- perpose à l’affirmation d’autrui sa propre négation » (Riegel et al. 1994: 424). Rikard Simeon note que la négation, le rejet, l’opposition, exprimés par des moyens lexicaux, phraséologiques, syntaxiques et par d’autres moyens linguistiques, montrent que la relation établie entre les éléments d’un énoncé n’existe réellement (elle est envisa- gée dans l’acte de langage comme réellement inexistante) (Simeon 1969: 892). Predrag Piper détermine la négation comme une catégorie sémantique qui appartient pour la plupart au complexe catégoriel de la modalité, et s’exprime par des phrases néga- tives (Piper et al. 2005: 963). 2 MOTS NÉGATIFS EN FRANÇAIS En français, l’adverbe ne2 est défini comme particule à sens complexe: particule négative du verbe et particule explétive. Les adverbes simples ne, non, pas, point, jamais, plus par lesquels s’effectue la négation diffèrent suivant sa nature et suivant les termes auxquels elle porte. La négation totale qui n’implique ni limitation ni restriction exclusive s’effectue au moyen des adverbes négatifs simples ne, non, pas, point ou composés ne…pas, ne…point : Jean n’est pas rentré. (vs Jean est rentré.). La négation partielle qui implique une limitation ou une restriction exclusive s’effec- tue au moyen des adverbes négatifs simples jamais, plus ou composés ne…jamais, ne… plus : On ne le voit plus (vs on le voit encore). – On ne voit plus que lui (vs on voit tout le monde). La négation porte: a) sur un verbe ou sur l’ensemble d’un prédicat verbal: Je ne sor- tirai pas (vs je sortirai). – Il n’a pas de patience (vs il a de la patience); b) sur un terme autre que le verbe: C’est une chose pas importante de tout. (Wagner et Pinchon 1962: 394). 2.1 Ne négatif L’adverbe simple ne est d’un emploi obligatoire : 1. dans une phrase où les mots aucun, personne, rien et, par extension, nul assument la fonction de sujet ou de complément : Personne n’est venu (vs quelqu’un est venu). – Il n’a rien compris (vs il a compris quelque chose) ; 2 Forme raccourcie du lat. non ; en anc.fr. nen devant voyelle. 11Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... 2. dans une phrase comportant deux termes coordonnés au moyen de ni : Ni l’un ni l’autre ne sont soigneux ; 3. après les verbes cesser, oser, pouvoir, savoir suivis d’un infinitif : Il ne cesse d’y penser. – Je ne puis vous le dire. Dans ce cas, l’adverbe simple ne peut alterner avec l’adverbe composé ne…pas : Il ne cesse pas de parler. (Wagner et Pinchon 1962 : 399-400). 2.2 Ne explétif L’adverbe simple ne dit explétif n’a pas de valeur proprement négative. Étant d’un em- ploi facultatif, il indique un niveau de langue recherché. Il figure dans certaines proposi- tions subordonnées3, s’opposant à la négation marquée par ne…pas.4 Quelques subordonnées traduisent cette valeur explétive, à savoir, complétives compléments d’objet d’un verbe exprimant la crainte (craindre), l’empêchement ou la défense (empêcher, éviter, etc.) : Elle craint / empêche / évite qu’il ne vienne, ou bien, après les verbes de doute ou de négation (douter, nier, etc.) employés dans une phrase négative ou interrogative : Je ne doute pas qu’il ne vienne bientôt (Acad.). Le procès de la complétive est exprimé positivement, mais sa réalisation est envisagée négativement par le locuteur. Il en est de même pour les circonstancielles introduites par avant que, à moins que : Il part avant que la neige ne tombe. – Il n’en fera rien, à moins que vous ne lui parliez (Acad.). Ces propositions introduisent un événement qui est envisagé négativement parce qu’il n’est pas encore réalisé. 3 MOTS NÉGATIFS EN SERBE En serbe, le terme ne5 est défini comme particule négative signifiant « non » et servant à la négation du prédicat dans une phrase et, en préfixe nominal, à la négation du contenu sémantique des noms et des adjectifs (nečovek « homme sans cœur », nedeljiv « indivi- sible »). Comme conjonction comparative et adversative signifiant « quam, fr. que », ne se lie aux deixis -go, -li > nego, negoli.6 Du sens négatif de nego dans la comparaison de deux grandeurs : la première étant au degré plus grand et la deuxième au degré plus petit, s’est développé le sens positif (Skok 1971-1973 : 508). 3 Il n’apparaît pas devant un infinitif : *Je crains de ne venir. 4 P.ex. dans la phrase Je crains qu’il ne vienne, la subordonnée a un sens positif, par opposition à Je crains qu’il ne vienne pas, où la subordonnée a un sens négatif. 5 De l’i.-e., du balto-slave et du slave commun. 6 La consonne g entre les voyelles disparaît et les voyelles s’assimilent : nego > neo > no. 12 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES 3.1 Ne négatif La négation portant sur un verbe ou sur l’ensemble d’un prédicat verbal s’effectue au moyen de la particule simple ne qui est placé devant le verbe : On ne radi. → Il ne tra- vaille pas. – On ne gleda televiziju. → Il ne regarde pas la télévision. Sous cette forme, ne figure devant tous les verbes, sauf devant les formes des auxiliaires jesam, hteti (ré- gulièrement employées) et devant les formes du verbe imati, auxquelles ne se soude 7 : Ona još nije otišla. → Elle n’est pas encore partie. Si la négation porte sur un adjectif, ne comme préfixe est soudé à celui-ci : To je potpuno nevažna stvar. → C’est une chose pas importante du tout. Ne figure aussi bien dans des phrases sémantiquement équivalentes des phrases françaises dans lesquelles l’adverbe simple ne est d’un emploi obligatoire : Niko nije došao. → Personne n’est venu. – Oni ništa ne predlažu. → Ils ne proposent rien. – Ni jedan ni drugi nisu marljivi. → Ni l’un ni l’autre ne sont soigneux. – Ona ne može to reći. → Elle ne peut le dire. 3.2 Ne explétif Ne explétif serbe s’emploie comme ne explétif français dans quelques subordonnées, mais avec certaines différences entre les moyens français et serbes servant à traduire la valeur explétive. Dans les subordonnées complétives compléments d’objet serbes le ne explétif s’em- ploie : a) après un verbe ou une locution verbale exprimant la crainte (plašiti se / craindre, bojati se / avoir peur, etc.) : Marko se plaši da Luka ne dođe. → Marc craint que Luc ne vienne. En français, après les verbes exprimant la crainte le verbe de la subordonnée est au subjonctif. En serbe, le ne explétif, étant lié aux temps, à l’aspect et au sens du verbe principal, dans la subordonnée précède uniquement un verbe au présent perfectif : Marija se boji da Luka uskoro ne ode. → Marie a peur que Luc ne parte bientôt. La phrase serbe aura presque le même sens sans ne explétif, mais alors on doit y employer le futur : Marija se boji da će Luka uskoro otići. → Marie a peur que Luc ne parte bientôt. Uplaši se mis Lidija da se gospodin poručnik ne upusti u duge i oduševljene hvale. (ME/K 16) Miss Lydia craignit que monsieur lieutenant ne s’engageât dans une tirade d’enthou- siasme. (ME/C I 18) 7 L’association du ne négatif et des verbes jesam (« être »), hteti (« vouloir ») et imati (« avoir ») modifie leurs formes : jesam > nisam, nisi, nije, nismo, niste, nisu ; hteti > ne hteti > ne hoću > neću, nećeš, neće, nećemo, nećete, neće ; imati > ne imati > nemati > nemam, nemaš, nema, nemamo, nemate, nemaju, constituant les formes négatives du présent de ces verbes (Stevanović I 1981 : 423; PiPer et al. 2005 : 963-964). 13Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... b) après un verbe exprimant l’empêchement (sprečiti / empêcher) : Ona sprečava da on dođe. → Elle empêche qu’il ne vienne. Nisam imao nikog osim vas koji bi me sprečio da ne poludim… (ME/K 45) Je n’avais que vous pour m’empêcher de devenir fou... (ME/C I 45) Ne explétif employé après les verbes de crainte ou d’empêchement traduit un désac- cord entre un événement probable et le désir du sujet du verbe principal. Après les verbes exprimant le doute ou la négation (sumnjati / douter, poricati / nier) employés dans une phrase négative ou interrogative en serbe : Ja ne sumnjam / poričem da je on marljiv. → Je ne doute / nie pas qu’il soit soigneux. ne explétif ne s’emploie pas. En français, l’omission de ne explétif est possible aussi quand il s’agit de ces verbes. 4 MOTS NÉGATIFS FRANÇAIS ET SERBES DANS LES PHRASES COMPARATIVES Le fonctionnement des particules et d’autres mots négatifs français et serbes, présen- tés dans le chapitre précédent est examiné dans les phrases comparatives d’égalité et d’inégalité. 4.1 Comparaison d’égalité Les phrases comparatives à principale positive marquent les relations de l’égalité quanti- tative niée par aussi que et autant que en français, et par isto tako kao (što) et isto toliko koliko en serbe. Les phrases comparatives à principale négative marquent les relations de l’égalité quantitative par aussi / si que et autant / tant que en français, et par tako kao (što) et toliko koliko en serbe. Les mots négatifs français ne...pas, ne...jamais et serbes ne, ne...nikad figurent dans la principale des phrases comparatives. La principale est donc négative, alors que la su- bordonnée est positive. La comparaison établie par aussi que / si que et par isto tako kao (što) / tako kao (što) porte sur un adjectif ou un adverbe. Les phrases comparatives d’égalité niée sont à échantil elliptique ou à échantil com- plet. Dans les premières, les éléments effacés peuvent le plus souvent être restitués. Après les mots négatifs, dans la phrase française altèrnent les corrélatifs aussi que et si que, alors que dans la phrase serbe, le corrélatif tako kao est de règle; l’adverbe isto – figurant dans la principale positive pour accentuer l’égalité – n’est pas compatible avec la négation. 14 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES (1) Jean n’est pas aussi / si leste que son frère. >… que son frère [est leste] / que [le (= leste) est] son frère. (1’) Žan nije tako okretan kao njegov brat. >… kao [što je okretan] njegov brat / kao [što je to (= okretan)] njegov brat. (2) Jean n’est pas aussi / si lent que son frère. >… que son frère [est lent] / que [le (= lent) est] son frère. (2’) Žan nije tako spor kao njegov brat. >… kao [što je spor] njegov brat / kao [što je to (= spor)] njegov brat. Dans les phrases (1), (1’) et (2), (2’) à échantil elliptique, le verbe copule et l’adjectif attribut effacés sont restitués par paraphrase. Les phrases (1) et (1’) indiquent une infériorité de Jean (infériorité sur l’échelle des « grandes quantités » orientée vers l’infini, et infériorité référentielle). Les phrases (2) et (2’) expriment aussi une « infériorité », mais sur l’échelle des « petites quantités » orien- tée vers zéro, donc une supériorité référentielle.8 Un cas particulier d’échantil elliptique présente une séquence comparative qui, tout en contenant un verbe, « peut ne constituer qu’une partie de l’échantil complet » et que Pierre Le Goffic considère comme « ellipses cachées » (le goffic 1993 : 405). Telles ellipses peuvent apparaître dans une subordonnée avec un des verbes comme croire (« verovati »), penser (« misliti »), vouloir (« hteti »), désirer (« želeti »), dire (« reći, kazati »), avouer (« priznati »), annoncer (« javiti »). Ces verbes employés seuls (sans complément, qui n’est que sous-entendu), ne suffisant pas à exprimer l’idée com- plète, on peut recourir à la restitution d’un complément approprié, selon le cas. (3) Michel n’est pas si riche que vous croyez. >… que vous croyez [qu’il est riche]. (3’) Mišel nije tako bogat kao što vi verujete. >… kao što vi verujete [da je bogat]. (4) Il n’est pas si pauvre que tu penses. >… que tu penses [qu’il est pauvre]. (4’) On nije tako siromašan kao što ti misliš. >… kao što ti misliš [da je siromašan]. Dans les phrases (3), (3’) et (4), (4’), après le connecteur on trouve les verbes croire / verovati et penser / misliti sans complément. Le connecteur que a pour équivalent en serbe le connecteur kao (« comme ») en tête d’un échantil elliptique et kao što en tête d’un échantil complet, što signalant une proposition qui suit. 8 Le sens des phrases citées est expliqué selon l’interprétation respective de René Rivara (rivara 1990 : 162). 15Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... Ce qui est nié par le verbe de la principale est affirmé par le verbe de la subordonnée. Autrement dit, il y a un désaccord entre ce qu’on nie dans la principale et ce qu’on en croit / pense dans la subordonnée. Les phrases (3) et (3’) indiquent une infériorité de Michel sur l’échelle des « grandes quantités », et infériorité référentielle. Les phrases (4) et (4’) signalent aussi une « infé- riorité » du sujet de la principale, mais sur l’échelle des « petites quantités », donc une supériorité référentielle. (5) Ni Paul ni Claude ne sont si diligents que René. >… que René [est diligent]. (5’) Ni Pol ni Klod nisu tako marljivi kao Rene. >… kao [što je marljiv] Rene. (5a) Ni Paul ni Claude ne sont diligents au niveau auquel René est diligent. La comparaison établie par autant que / tant que et par isto toliko koliko / toliko ko- liko porte sur un nom ou un verbe. Après les mots négatifs, dans la phrase française suivent les corrélatifs autant que ou tant que, mais dans la phrase serbe, les corrélatifs toliko koliko sont de règle. (6) Il n’y aura jamais autant de bonheur que dans ce film. (MO 1-7/11/90, p. 10) >… qu’ [il y en a] dans ce film. (6’) Neće biti nikad toliko sreće koliko u ovom filmu. >… koliko [je ima] u ovom filmu. Les deux phrases signalent que la quantité de bonheur en réalité n’atteint jamais le niveau de la quantité de bonheur présentée dans ce film. (7) Ce n’est pas tant l’âme qui fait le chef que la conquête… (MAL/C 63) >… que [le fait] la conquête. (7’) Vođu ne stvara toliko duša koliko osvajanje... (MAL/O 39) >… koliko [ga stvara] osvajanje. Ces phrases signifient que l’âme ne fait pas le chef au niveau auquel le fait la conquête. Autrement dit, l’âme est en cela inférieure à la conquête. (8) …quand elle se réveilla, elle ne s’effraya pas autant qu’elle l’aurait dû. (ST/ RN I 51) >… qu’elle aurait dû [s’effrayer]. (8’) …kad se probudila, nije se zastrašila onoliko koliko bi trebalo. (ST/CC 72) >… koliko bi trebalo [da se zastraši]. 16 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Le complément qui suit le verbe devoir est l’ifinitif du verbe s’effrayer, et après le verbe trebati, on trouve le présent du verbe zastrašiti se avec la conjonction da. Les phrases (8) et (8’) indiquent une infériorité : …quand elle se réveilla, elle ne s’effraya pas au niveau auquel elle l’aurait dû s’effrayer.9 4.2 Comparaison d’inégalité Les phrases comparatives françaises et serbes indiquant l’inégalité quantitative se construisent sur la même structure fondamentale que les phrases comparatives d’éga- lité, c’est-à-dire sur la structure corrélative mais avec des éléments appropriés à l’idée d’inégalité. Les phrases comparatives à principale positive (ou négative) expriment les relations d’inégalité par plus que, moins que, en français, et par više nego / nego li / no što // od, manje nego / nego li / no što // od, en serbe. La comparaison établie par les marqueurs du français et du serbe cités ci-dessus porte sur un adjectif, un adverbe, un nom ou un verbe. Dans ces phrases, la négation complexe s’effectue de deux façons: par les particules et mots négatifs (simples ou composés) propres aux deux langues dans la principale néga- tive, et par le ne explétif situé dans la subordonnée après une principale généralement positive. Le ne explétif français est défini comme ancienne négation. Ferdinand Brunot, qualifiant le ne, ancienne négation, dans les phrases qui marquent une inégalité, explicite que « … le ne n’a pas été inventé et imposé par une volonté extérieure. Le tour est vieux comme la langue (Brunot 1953 : 732). »10 On emploie ne dans une proposition compara- tive d’inégalité si la principale est positive (riegel et al. 1994 : 420). La structure d’inégalité est expliquée par la présence sous-jacente d’une négation dans toutes les subordonnées d’inégalité. « Le ne ‘ explétif ’ des subordonnés d’inégalité est la trace d’une négation qui n’est pas nécessaire à l’expression d’inégalité (d’où son caractère tronqué, et facultatif pour certains locuteurs) (rivara 1990 : 162). » 4.2.1 Les phrases comparatives d’inégalité à principale positive Après la principale généralement positive, le ne explétif apparaît dans l’échantil complet (et non dans l’échantil elliptique), donc dans la subordonnée avec le verbe. 9 Sur les subordonnées comparatives, Rivara signale: « Les comparatives d’inégalité comportent une subordonnée à caractère négatif, les comparatives d’égalité ont une subordonnée de nature essentiellement positive » (rivara 1990 : 163). Sur la structure des comparatives d’égalité en serbe, Vladislava Petrović (Petrović 1976 : 12) dit qu’après une principale négative, apparaît une structure avec la conjonction kao što et le « VP2 » positif, et qu’il y est impliqué une proposition complément par laquelle on affirme ce qui est nié dans la principale. 10 Cf. Wagner et Pinchon, qui proposent de reconnaître à ne une valeur négative dans les propositions compara- tives d’inégalité (Wagner et Pinchon 1962 : 404). 17Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... 4.2.1.1 Les phrases à echantil élliptique Ce qui a été dit plus haut sur l’absence de ne explétif dans les phrases à échantil elliptique est illustré par les exemples suivants : (9) Jean est plus sérieux que Paul. >… que Paul [n’est sérieux] // que [ne l’est] Paul. (9’) Žan je ozbiljniji nego Pol. >… nego [što je ozbiljan] Pol // nego [što je to] Pol. Le ne explétif serbe étant contenu dans le connecteur nego, celui-ci introduit l’échantil elliptique, et nego što introduit l’échantil complet de la phrase (9’). Les phrases (9) et (9’) signifient que Jean atteint un niveau que Paul n’atteint pas, c’est-à- dire, expriment la supériorité de Jean sur l’échelle orientée vers l’infini, et supériorité référentielle. (10) Jean est moins sérieux que Paul. >… que Paul [n’est sérieux] // que [ne l’est] Paul. (10’) Žan je manje ozbiljan nego Pol. >… nego [što je ozbiljan] Pol // nego [što je to] Pol. Les phrases (10) et (10’) signalent que Jean n’atteint pas un niveau que Paul atteint, c’est-à-dire, expriment l’infériorité de Jean sur l’échelle orientée vers l’infini, et infério- rité référentielle. Une phrase française d’inégalité à échantil elliptique – nom ou syntagme nominal – peut être traduite en serbe par deux constructions : l’une avec le connecteur nego et le nom au nominatif et l’autre avec la préposition od suivie du nom au génitif : Jean est plus grand que Paul. Žan je veći nego Pol. / Žan je veći od Pola. Quand il s’agit du syntagme nominal : Jean est plus grand que son frère. Žan je veći nego njegov brat. / Žan je veći od svog brata. M. Stevanović note que la comparaison d’inégalité est marquée par la conjonction nego, placée entre les noms des notions comparées, ou par la préposition od avec le géni- tif du nom de la notion au degré inférieur, de laquelle dérive cette relation. Et s’est par le rapport prépositionnel-casuel ablatif qu’on désigne la notion de laquelle dérive ce degré supérieur. Le génitif avec la préposition od, complément du comparatif de l’adjectif ou de l’adverbe, détermine un nom (Stevanović 1979 ii : 222-223). Après la principale négative, dans la subordonnée des phrases serbes on n’emploie que la construction avec la préposition od : 18 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Žan nije veći od Pola. Žan nije veći od svog brata.11 4.2.1.2 Les phrases à échantil complet La comparaison porte sur l’adjectif, l’adverbe, le nom et le verbe. (11) - Non, vous êtes seulement plus amoureux que je ne le croyais. (ST/RN II 139) (11’) - Ne, vi ste samo zaljubljeni više nego što sam mislio. (ST/CC II 447)12 (11a) - Non, vous êtes seulement amoureux supérieurement au niveau auquel je le croyais. (12) Le désordre dura plus longtemps que Clélia ne l’avait pensé... (ST/CH 513) (12’) Nered je trajao duže no što je Klelija mislila. (ST/KM 555)13 (12a) Le désordre dura longtemps supérieurement au niveau auquel Clélia l’avait pensé. (13) Hong a plus de talents que je ne le supposais. (MAL/C 29) (13’) Hong ima više talenata nego što sam pretpostavljao. (MAL/O 16) (13a) Hong a des talents supérieurement au niveau auquel je le supposais. (14) Il excitait son imagination plus qu’il n’était entraîné par son amour. (ST/RN II 80) (14’) Više je razigrao svoju maštu nego što je bio zanesen svojom ljubavlju. (ST/ CC 366) (14a) Il excitait son imagination supérieurement au niveau auquel il était entraîné par son amour. (15) …vous pouvez mander à votre frère que son affaire tourne mieux que je ne l’espérais. (ME/C II 57) (15’) …možete poručiti svome bratu da njegova stvar ide bolje no što sam se na- dao. (ME/K 132) (15a) …vous pouvez mander à votre frère que son affaire tourne bien supérieure- ment au niveau auquel je l’espérais. Les phrases de (11), (11’) à (15), (15’) signifient, donc, la supériorité du comparé par rapport au comparant. (16) Ce sacrifice était dans le fait moins héroïque et moins pénible qu’il ne nous semble... (ST/CH 46) 11 En déterminant ce type de phrases, P. Mrazović (Mrazović 2009 : 323) note qu’on y « emploie seulement la construction avec la particule od », faisant un différence terminologique nette entre od en fonction de préposition et od en fonction de particule. 12 Dans les phrases serbes, le pronom clitique to, équivalent du pronom français le, est généralement supprimé. 13 Le connecteur no est une variante de nego (nego > neo > no). Voir le chapitre 2. 19Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... (16’) Ova žrtva bila je, u stvari, manje herojska i manje teška no što se to nama čini... (ST/KM 78) (16a) Ce sacrifice était dans le fait héroïque et pénible inférieurement au niveau auquel il nous semble. (17) Ces provinciaux sont moins méchants que je ne le croyais. (ST/RN II 207) (17’) Ti provincijalci su manje zlobni nego što sam mislio. (ST/CC II 536) (17a) Ces provinciaux sont méchants inférieurement au niveau auquel je le croyais. Les phrases (16), (16’) et (17), (17’) signifient l’infériorité du comparé par rapport au comparant. 4.2.2 Les phrases comparatives d’inégalité à principale négative Les phrases comparatives d’inégalité françaises à principale négative peuvent avoir une subordonnée sans ou avec le ne explétif, alors que les phrases analogues serbes ont tou- jours une subordonnée avec en tête le connecteur nego ou no qui contient le ne explétif : (18) En cette affaire, mon mérite n’est pas plus grand que l’est le mérite des autres. (18’) U tom poslu, moja zasluga nije veća nego što je to zasluga drugih. (18a) En cette affaire, mon mérite n’est pas grand supérieurement au niveau auquel l’est le mérite des autres. (19) Les dix-neuf ans qui ont précedé cette nuit, je ne veux pas les connaître plus que je ne le dis... (DU/L 14) (19’) O onih devetnaest godina koje su prethodile toj noći ne želim da znam više nego što sam dosad rekao… (DI/L 7) (19a) Les dix-neuf ans qui ont précedé cette nuit, je ne veux pas les connaître supé- rieurement au niveau auquel je le dis... Claude Muller (Muller 1983 : 295) signale qu’une comparative d’inégalité niée reste une comparative d’inégalité (du point de vue de l’orientation référentielle), où ne peut apparaître : Pierre n’est pas (plus ou moins) riche que ne l’est Paul, en ajoutant que son emploi peut être moindre dans ce cas. 5 NÉGATION TOTALE. NÉGATION PARTIELLE Les mots négatifs français se distinguent les uns des autres selon le type de la négation qu’ils désignent. Les mots ne…pas, ne…point expriment la négation totale. Les mots ne…personne, ne…jamais expriment, par contre, la négation partielle. Riegel et al., dé- terminant la négation totale, disent : « La négation totale, qui porte globalement sur la 20 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES proposition entière s’exprime au moyen de pas ou point associés à ne (riegel et al. 1994 : 411). » (20) Jean n’aime pas tant le théâtre que le cinéma. (vs Jean aime autant le théâtre que le cinéma.) (20’) Žan ne voli toliko pozorište koliko bioskop. (vs Žan voli isto toliko pozorište koliko bioskop.) Les mêmes auteurs définissent de la manière aussi précise la négation partielle : « La négation partielle porte sur une partie seulement de la proposition. Elle s’exprime au moyen des mots négatifs associés à ne, qui identifient explicite- ment le constituant visé par la négation et qui l’opposent au constituant positif correspondant (riegel et al. 1994 : 411). » (21) - Personne plus que moi /…/ n’est convaincu de l’honneur du colonel della Rebbia... (ME/C II 12) (vs Quelqu’un plus que moi est convaincu de l’honneur du colonel della Rebbia...) (21’) - Niko ne veruje više nego ja u čast pukovnika dela Rebija... (ME/K 80) (vs Neko veruje više nego ja u čast pukovnika dela Rebija...) 6 CONCLUSION Dans les constructions comparatives d’égalité et d’inégalité du français et du serbe, les mots négatifs sont distribués selon leurs formes, sens et fonctions. Les mots négatifs français : le ne négatif le plus souvent complété par la particule pas ou par un autre mot négatif, la particule double ni...ni, ainsi que le ne négatif et la particule double ni...ni serbes figurent dans la principale (mais non dans la subordonnée) des constructions com- paratives d’égalité et d’inégalité. Dans les constructions comparatives d’inégalité à principale généralement positive, le ne explétif français apparaît dans la subordonnée avec verbe (échantil complet), alors que son équivalent serbe nego ou no14est connecteur en tête de la subordonnée. Les mots négatifs dans la principale des constructions comparatives d’égalité af- fectent les antécédents – ceux du français d’une façon flexible : le terme réduit si pouvant alterner avec aussi, de même que le terme réduit tant avec autant, et ceux du serbe, d’une façon ferme : le terme réduit tako (de isto tako) et le terme réduit toliko (de isto toliko) 14 Issu de ne. 21Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... étant de règle. Isto, terme autonome (facilement détachable), sert à intensifier le sens de l’égalité. Les constructions comparatives d’inégalité françaises à principale négative peuvent avoir une subordonnée sans ou avec le ne explétif, tandis que les constructions analogues serbes ont toujours une subordonnée avec en tête le connecteur nego ou no contenant le ne explétif serbe. Entre les constructions françaises et serbes il y a équivalence sémantique et fonction- nelle, certaines différences syntaxiques étant dues aux systèmes des deux langues. CORPUS DU/L - DURAS, Marguerite (1986) Le ravissement de Lol V. Stein. Paris: Gallimard. DI/L - DIRAS, Margarit (1963) Zanesenost Lole V. Stajn. Trad. par Ana Moralić. Beo- grad: Rad. MAL/C - MALRAUX, André (1928) Les Conquérants. Paris: Grasset. MAL/O - MALRO, Andre (1975) Osvajači. Trad. par Ljubica Baner-Protić. Beograd : BIGZ. ME/C - MÉRIMÉE, Prosper (1937) Colomba I-II. Paris : Hatier. ME/K - MERIME, Prosper (1976) Kolomba. Trad. par Dr Dušan Milačić. Beograd: Rad. ST/CH – STENDHAL (1983) La chartreuse de Parme. Paris: Librairie Générale Française. ST/KM – STENDAL (1962) Parmski kartuzijanski manastir. Trad. par Dušan Đokić. Beograd: Prosveta. ST/RN – STENDHAL (1831) Le Rouge et le Noir. I-II. Paris: Larousse. ST/CC – STENDAL (1967) Crveno i crno. Trad. par Dr Miloš Jovanović. Sarajevo: Svjetlost. MO - Le Monde. 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POVZETEK Nikalne besede v primerjalnih strukturah v francoskem jeziku in njihovi ekvivalenti v srb- skem jeziku V francoskih in srbskih primerjalnih konstrukcijah enakovrednosti in neenakovrednosti so nikalne besede razporejene glede na njihovo obliko, pomen in funkcijo. Francoske nikalne besede – ne, ki ga v večini primerov dopolnjuje členek pas ali katera druga zanikana beseda, ter dvojni členek ni…ni – kot tudi srbske nikalne besede - nikalnica ne in dvojni členek ni…ni – se pojavljajo v glavnem stavku (ne pa tudi v odvisnem stavku) primerjalnih kon- strukcij enakovrednosti in neenakovrednosti. V primerjalnih konstrukcijah neenakovrednosti s trdilnim glavnim stavkom se francosko ma- šilo ne pojavlja v odvisnem stavku z glagolom, medtem ko se srbski ekvivalent nego ali no pojavlja kot konektor/veznik na začetku odvisnega stavka. Nikalne besede v glavnem stavku primerjalnih konstrukcij enakovrednosti v francoščini do- voljujejo bolj svobodno izbiro: skrajšana oblika si lahko zamenja aussi, prav tako skrajšana oblika tant lahko zamenja autant; medtem ko je v srbščini možnost izbire zelo omejena: skrajšani tako (iz isto tako) ter skrajšani toliko (iz isto toliko) sta obvezna. 23Ljubica Vlahović, Snežana Gudurić: MOTS NÉGATIFS DANS LES CONSTRUCTIONS COMPARATIVES ... Samostojna beseda isto (ki se zlahka loči) krepi pomen enakovrednosti. Francoske primerjalne konstrukcije neenakovrednosti z nikalnim glavnim stavkom imajo lahko odvisni stavek z ali brez mašila ne, medtem ko imajo njim enakovredne srbske konstrukcije vedno odvisni stavek z nego ali no, ki vsebuje mašilo ne. Med francoskimi in srbskimi konstrukcijami obstaja pomenska in funkcijska enakovrednost, z nekaterimi skladenjskimi razlikami zaradi sistema teh dveh jezikov. Ključne besede: kontrastivna analiza, primerjalne konstrukcije, korelativne strukture, francoščina, srbščina. ABSTRACT Negative Words in Comparative Structures in French and Their Equivalents in Serbian In French and Serbian comparative constructions of equality and inequality, negative words are distributed according to their forms, meanings and functions. French negative words - ne most frequently complemented by a particle pas or some other negative word, a double particle ni…ni, as well as negative ne and a double particle ni…ni in Ser- bian appear in the main clause (but not in the dependent clause) of comparative constructions of equality and inequality. In comparative constructions of inequality with a positive main clause, French expletive ne appears in the dependent clause with the verb, while its equivalent in Serbian nego or no occurs as a connector at the beginning of the dependent clause. Negative words in the main clause of comparative constructions of equality make the French antecedents flexible: the reduced form si alternates with aussi, as well as reduced tant with autant, and Serbian ones stable: reduced tako (from isto tako) and reduced toliko (from isto toliko) are mandatory. The autonomous word isto (easily detachable) serves to enhance the meaning of equality. The French comparative constructions of inequality with a negative main clause may have a dependent clause without or with an expletive ne, while the equivalent Serbian constructions always have a dependent clause with nego or no containing an expletive ne. There is a semantic and a functional equivalence between the French and Serbian construc- tions, with some syntactic differences due to the systems of two languages. Key words: contrastive analysis, comparative construction, correlative structure, French, Serbian. 24 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES RÉSUMÉ Cet article concerne le fonctionnement des mots négatifs dans la quantification comparative pré- sentée par les constructions comparatives d’égalité et d’inégalité. On y examine les instruments syntactico-sémantiques qui constituent les structures corrélatives des phrases: un adverbe de degré, le corrélateur, antéposé à un élément gradable (quantificateur, adjectif ou adverbe) et le connecteur avec la subordonnée correlée. Appuyé sur une analyse contrastive, cet examen permet d’abord la détermination des formes, sens et fonctions des mots négatifs (notamment les particules françaises: le ne négatif, le plus souvent complété par pas ou par un autre mot négatif et le ne dit explétif, et leurs équivalents en serbe: le ne, seul ou complété par un autre mot négatif) dans les constructions comparatives des deux langues, puis la vérification des ressemblances et des différences supposées entre les mots en question et finalement il met en évidence les effets de la négation sur les structures corrélatives des constructions comparatives afin de déterminer leurs caractéristiques syntaxiques et sémantiques. Mots clés: analyse contrastive, mot négatif, construction comparative, structure corrélative, fran- çais, serbe.