Gregor Perko CDU 81' 374.822 Universite de Ljubljana COMMENT DIFFERENCIER LES EQUNALENTS DANS UN DICTIONNAIRE BILINGUE D'ENCODAGE (QUELQUES PROPOSIDONS POUR UN DICTIONNAIRE SLOvENE-FRAN(:AIS)* Le present article aborde une des questions cruciales de la metalexicographie bilingue, asavoir comment aider l'utilisateur en situation d'encodage achoisir, dans la liste d'equivalents proposes, la traduction appropriee. Le theme est aborde tant d'un point de vue theorique que dans une perspective pratique. Une attention particuliere a ete accordee al'analyse linguistique du dispositif dictionnairique servant ala dif jerenciation des equivalents. Les propositions de solutions concretes se limitent aun dictionnaire slovene­frant;ais de taille moyenne destine aux locuteurs slovenes ayant un niveau defranr;ais avance. 1 Le dictionnaire bilingue : aspects 'typologiques Les typologies des dictionnaires bilingues sont nombreuses et heterogenes. Parmi les plus importantes et, pour ainsi dire, les plus reussies, il convient de citer au moins celles de A. Al-Kasimi (Al-Kasimi 1983), de B. P. F. Al (Al 1983), de H. P. Kromann, T. Riiber et P. Rosbach (Kromann/Riiber/Rosbach 1984), de F. J. Haus­mann (Hausmann 1988), de G. Baunebjerg Hansen (Baunebjerg Hansen 1990) et de C. Marello (Marello 1996). Une analyse, meme sommaire, des typologies existantes permet de faire apparaitre les grands axes autour desquels elles sont construites. 1.1 La taille. Les metalexicographes, de meme que les editeurs, declinent les dimen­sions physiques des dictionnaires bilingues en plusieurs categories allant des diction­naires de poche aux gros ouvrages plurivolumaires. Ce parametre, apremiere vue tout afait objectif, se heurte pourtant aun certain nombre de problemes dont le plus important est le choix de l'element de l'ouvrage dictionnairique susceptible de servir de mesure. En effet, certaines typologies prennent en compte le nombre de pages, d'autres le nombre d'entrees, d'autres encore se fondent sur le nombre de ce qu'on s'est habitue anommer, trop vaguement, «mots et expressions». Ajoutons encore que la taille, liee etroitement au prix de l'ouvrage, reste souvent l'unique critere sur lequel s'appuie un utilisateur «non averti» lorsqu'il achete un dictionnaire. 1.2 Le contenu. 11 va sans dire que la nomenclature d'un dictionnaire ne peut etre identique au lexique d'une langue dans sa totalite. La nomenclature est toujours le * Cet article resume dans ses grandes lignes la these de doctorat que l'auteur a soutenue ala Faculte des Lettres de l'Universite de Ljubljana en mars 2004 devant le jury suivant: M. Marko Stabej (president), M. Vladimir Pogačnik (directeur de recherche), M. Dušan Gabrovšek (codirecteur de recherche) et Mme Mojca Schlamberger Brezar (membre). resultat d'une selection deliberee. La distinction communement admise oppose les dictionnaires bilingues generaux, qui prennent en charge dans leurs macrostruc­tures une partie importante et representative du lexique d'une langue, et les diction­naires specialises, qui ne recensent que les unites lexicales relevant de differents domaines de specialite (sciences, techniques) ou de differentes varietes sociales ou regionales d'une langue. Parmi les dictionnaires specialises, une place apart revient aux dictionnaires ou la selection de la nomenclature se fait selon des criteres «lin­guistiques», comme c'est le cas pour les dictionnaires phraseologiques bilingues et les dictionnaires de faux-amis. 1.3 Le support. Les typologies opposent les dictionnaires sur papier et les dictionnai­res sur support electronique (CD-ROM, DVD-ROM, Internet). Force est de constater que, pour le moment, les dictionnaires electroniques n'ont pas su profiter de toutes les possibilites que leur offre leur support sur le plan technologique. En effet, les dic­tionnaires bilingues electroniques actuels ne sont dans la grande majorite des cas que les versions informatisees des ouvrages imprimes. En regard des bilingues tradi­tionnels, les avantages des versions electroniques se limitent a : -un acces plus rapide et plus facile al'information cherchee, -une consultabilite plus aisee du texte dictionnairique, -l'integration du multimedia (le son, l'image). Le developpement futur de l'informatique devrait faire surgir des dictionnaires adaptables aux besoins et a la competence des utilisateurs, une integration plus poussee des dictionnaires dans les traitements de texte, des dispositifs qui rendraient les dictionnaires electroniques «Sensibles au contexte», une information plus riche sur la combinatoire et les dimensions encyclopediques des unites lexicales, etc. 1.4 Lafonction. La fonction du dictionnaire bilingue a fait, depuis quatre decennies, couler beaucoup d'encre. Les discussions, parfois houleuses, des specialistes, la pro­duction dictionnairique et les enquetes aupres des utilisateurs ont demontre le role preponderant que joue la distinction entre les dictionnaires de decodage (appeles aussi dictionnaires de version ou dictionnaires passifs) et les dictionnaires d'encodage (diction­naires de theme ou dictionnaires actifs). Dans le domaine de la metalexicographie bi:­lingue, le decodage designe differentes activites linguistiques receptives, telles que lire, ecouter ou traduire de la langue etrangere vers la langue maternelle. L'encodage, par contre, englobe des activites productives, comme ecrire, parler ou traduire de la langue maternelle vers la langue etrangere. Dans un dictionnaire de decodage, la langue de depart correspond done ala langue etrangere de l'utilisateur, et dans un dictionnaire d'encodage, la langue de depart est la langue maternelle de celui-ci. Etant donne que la competence de l'utilisateur en langue maternelle est de loin superieure a sa competence en langue etrangere1 , on corn;:oit aisement que les be­soins d'un utilisateur en situation de decodage ne sont pas les memes que ceux d'un utilisateur en situation d'encodage. B. Al (1983) a decrit les besoins d'utilisateurs dans les deux situations en termes suivants. Un utilisateur decodeur ne peut s'ap­puyer que sur la forme (phonique ou graphique) du mot etranger et sur le contexte ou le mot figure. Pour un utilisateur encodeur, i1 en est differemment : i1 s'agit de trouver une «forme etrangere» correspondant a un mot de la langue maternelle dont le sens lui est bien connu. De plus, l'encodeur a besoin des informations portant sur les proprietes combinatoires du mot etranger, c'est-a-dire des informations sur les contextes dans lesquels est susceptible d'entrer le mot etranger. Pour simplifier, on pourrait dire qu'un decodeur part d'une forme etrangere pour aboutir a un sens, tan­dis qu'un encodeur cherche une forme (une expression) etrangere pour un sens connu. La plupart des specialistes vont aujourd'hui, au moins en principe, dans le sens de B. Al qui exige des dictionnaires bilingues de refleter ces deux demarches inverses : aller de la forme au sens pour les dictionnaires de decodage, aller du sens a la forme pour les dictionnaires d'encodage. Les consequences pratiques de ce principe sont nombreuses. Contentons-nous ici de signaler que cette distinction entre les dictionnaires de decodage et les dictionnaires d'encodage devrait avoir de l'impact sur tous les niveaux du texte dictionnairique : -le paratexte (a savoir les prefaces, les notes, les annexes accompagnant la macro­structure centrale) : par exemple, le role des informations encyclopediques, grammaticales, lexicales etc. -la macrostructure : l'inclusion de mots marques ou peu frequents dans la nomen­clature, le traitement des formes flexionnelles ainsi que des variantes orthogra­phiques... -la microstructure : le choix du type de microstructure approprie, le traitement de differents types d'expressions idiomatiques, la presentation et la disposition des equivalents, le role des exemples d'usage, le choix de la langue pour l'appareil metalinguistique, etc. 1.5 La direction. Ce parametre introduit la distinction entre les dictionnaires monodi­rectionnels et les dictionnaires bidirectionnels. Les premiers ne sont destines qu'aux utilisateurs d'une communaute linguistique soit pour le decodage soit pour l'en­codage, les seconds, par contre, peuvent etre utilises par les utilisateurs des deux com­munautes, les uns l'utilisent pour le decodage tandis que les autres pour l'encodage. Les premiers auteurs qui ont insiste sur l'importance de la distinction des deux types de dictionnaires (F. J. Hausmann, B. Al) sont partis du postulat que la competence de l'utilisateur dans sa langue maternelle etait «sans faille» et que le role du bilingue n'etait que de pallier les carences de la competence en langue etrangere. Les enquetes plus recentes (cf. Baunebjerg Hansen 1990), demontrant que la competence en langue maternelle d'une ecrasante majorite des utilisateurs est loin d'etre ideale, ont serieusement ebran­le ce postulat. Un dictionnaire slovene-fran9ais monodirectionnel serait ainsi destine exclusivement aux Slovenes en situation d'encodage, alors qu'un dictionnaire slovene-fran9ais pour­rait etre utilise par les Slovenes pour l'encodage et par les Fran9ais pour le decodage. Les metalexicographes sont loin d'etre d'accord sur les avantages et les inconvenients respectifs des deux types, particulierement du dictionnaire bidirectionnel : les uns, minoritaires, insistent sur les avantages ( cf. Berkov 1996), les autres, largement majori­taires, manifestent leurs reticences a l'egard de la convivialite et de la consultabilite d'un tel dictionnaire, sans pourtant aller jusqu'a nier la possibilite d'un dictionnaire bidirectionnel (Al-Kasimi 1983, Kromann/Riiber/Rosbach 1984, Hausmann 1988). La production dictionnairique des pays ayant une riche tradition lexicographique a depuis longtemps tranche cette question en optant pour le type bidirectionnel : il est presque impossible de trouver, de nos jours, les dictionnaires monodirectionnels pour les cou­ples de langues fran9ais-anglais, fran9ais-allemand, fran9ais-espagnol, fran9ais-italien ou anglais-allemand, pour ne citer que quelques «grandes» langues. 1.6 La destination. Dans la plupart des typologies existantes, le parametre de la des­tination vient se greffer sur celui de la fonction. Le nombre de types proposes varie selon les auteurs. L. V. Ščerba a, par exemple, propose deux types, ce qui fait quatre dictionnaires pour chaque couple de langues : deux dictionnaires pour la compre­hension de la langue etrangere, deux dictionnaires pour la traduction vers la langue etrangere. Les metalexicographes de l'ancienne RDA ont enrichi le schema en y incluant un troisieme type, a savoir un dictionnaire pour la traduction vers la langue maternelle (Duda/Frenzel/W6ller/Zimmermann 1986). Pour chaque couple de lan­gues, on aurait ainsi besoin de six dictionnaires. F. J. Hausmann est alle meme plus loin en ajoutant un quatrieme type, logiquement possible, mais du point de vue Hn­guistique difficilement envisageable : Hausmann propose un dictionnaire destine a la production en langue etrangere (Hausmann 1992). On en est done venu aux huit dictionnaires pour chaque couple de langues. Les typologies presentees, tres captivantes au niveau theorique, restent cepen­dant sans fondement empirique dans la production actuelle. De plus, elles sont trop rigides et schematiques ne prenant pas en compte les besoins reels des utilisateurs et leur competence linguistique. Il serait sans doute preforable de baser ce parametre sur differents types d'utilisateurs. Sans pretendre a l'exhaustivite, nous pourrions re­pertorier au moins les types suivants : -les dictionnaires pour les traducteurs et les interpretes ; -les dictionnaires pour les appre~ants (pour differents niveaux et differents ages), notamment les dictionnaires d'apprentissage ; -les dictionnaires pour les utilisateurs qui ne sont pas des professionnels de la lan­ gue (par exemple, les personnes travaillant dans des institutions ou des entre­ prises internationales) ; -les dictionnaires pour les voyageurs et les touristes. l.7 L'extension. Un dictionnaire bilingue peut etre soit monopartite soit bipartite. Dans le premier cas, le dictionnaire ne connait qu'une seule macrostructure cen­trale, composee d'entrees appartenant aun seul systeme linguistique, dans le deu­xieme cas, il englobe dans un seul ouvrage, le plus souvent en un seul volume, deux macrostructures equivalentes, composees d'entrees appartenant aux deux systemes linguistiques decrits par le dictionnaire. 2 La differenciation des equivalents : aspects generawc 2.1 L'equivalence Le dictionnaire bilingue, et tout particulierement le dictionnaire d'encodage 2 , a pour l'objectif essentiel de fournir les traductions, done les equivalents dans la lan­gue d'arrivee, des sens et des emplois des unites lexicales de la langue de depart. La tache serait d'une deconcertante facilite si les vocabulaires des deux langues se recouvraient exactement, unite lexicale pour unite lexicale, sens pour sens. L'equi­valence parfaite est rare et limitee ades unites lexicales relevant des domaines tech­niques et scientifiques : fr. hydrophobie sl. hidrofobija Beaucoup plus souvent nous avons affaire al'anisomorphisme qui amene dif­ferents types d'equivalence partielle et qui peut aboutir meme al'equivalence nulle. Deux unites peuvent, par exemple, avoir la meme denotation sans pourtant partager les memes connotations, appartenir aux memes niveaux de langue ou connaitre la meme combinatoire : fr. bagnole sl. avto Bagnole appartient au registre familier, tandis que le mot slovene est neutre. fr. demonter sl. razdreti Au niveau apprendre le s/ovene aun enfant učiti otroka brati ==> apprendre alire aun enfant sl. učiti učiti na srednji šoli ==> enseigner au lycee zgodovina nas uči ==> l'histoire nous enseigne fr. apprendre avvrendre une nouvelle ==> izvedeti za novico apprendre une nouvelle aqqn ==> sporočiti komu novico 11 n'est pas rare de rencontrer, dans une langue etrangere, des unites lexicales desi­gnant des concepts que ne connait pas notre langue maternelle, et inversement. Pre­nons en exemple quelques mots qui correspondent aux realites culturelles specifique­ment slovenes et que ne possecte pas le vocabulaire franc;ais : potica (sorte de gateau), štruklji (pate roulee et farcie), žganci (sorte de pate), kozolec (sorte de sechoir), kurent (sorte de careme-prenant), absolvent (un etudiant preparant son memoire de maitrise). 2.2 La differenciation des equivalents : historique de la question L'anisomorphisme a done pour consequence inevitable que les rapports entre deux systemes lexicaux ne sont pas prectictibles : aun sens donne peut correspon­dre, dans une langue etrangere, un, deux, trois, quatre ... mots ou bien aucun. Com­ment traiter ces dissymetries ? Le dictionnaire bilingue peut-il se contenter de don­ner tout simplement des listes d'equivalents possibles sans fournir al'utilisateur les moyens lui permettant de choisir la traduction semantiquement et contextuelle­ment acceptable ? nastajati naltre, prendre naissance, se former, se faire, se produire, surgir, commencer d'etre, devenir, etre en formation (Jesenik/ Dembskij 1990, s.v. nastajati) L'article dictionnairique ci-dessus donne neuf equivalents possibles qu'il pre­sente abusivement comme des synonymes. L'utilisateur slovene saura-t-il choisir l'equivalent qui convient tant du point de vue du sens que de celui de la combina­toire? Et l'utilisateur fram;ais? Si ce n'est pas le cas, comment le dictionnaire pour­rait-il presenter les differences entre les expressions proposees ? Ces questions epineuses ont ete soulevees pour la premiere fois par L. V. Ščerba dans les annees quarante (Ščerba 1995). Pour des raisons politiques et autres, sa con­tribution est restee sans echo al'Occident. Une discussion particulierement hou­leuse s'est ensuite engagee dans les annees soixante. Parmi les principaux partici­pants, on peut citer: J. E. Iannucci, O. Hietsch, E. B. Williams et A. M. Al-Kasimi. Trois axes ont ete privilegies : -Etant donne la competence linguistique de l'utilisateur en langue etrangere, les experts s'accordent aconsiderer que, dans un dictionnaire d'encodage, la diffe­renciation des equivalents3 est necessaire dans tous les cas ou le dictionnaire offre plusieurs equivalents non synonymes. Quant au dictionnaire de decodage, les opinions sont plus divergentes. Les uns (cf. lannucci 1967, A1 1983, Haus­mann 1977), partant de l'hypothese de la maitrise «ideale» de la langue mater­nelle, estiment la differenciation inutile. Les autres (cf. Al-Kasimi 1983 ; Baune­bjerg Hansen 1990, Svensen 1993), s'appuyant souvent sur des enquetes effec­tuees aupres des apprenants de langues etrangeres, jugent que la maitrise de la langue maternelle est loin d' etre ideale et que, me me en situation de decodage, l'utilisateur a besoin d'informations pertinentes sur les equivalents. -Les experts s'accordent sur le fait que les rubriques servant adifferencier les equi­valents doivent figurer, comme d'ailleurs toutes les informations metalinguis­tiques, dans la langue maternelle de l'usager. Dans un dictionnaire bidirection­nel, il est preferable de recourir ala langue de depart. -Du fait que les rubriques differenciatrices sont censees acheminer l'utilisateur vers le «bom> equivalent, les metalexicographes se sont mis d'accord qu'il con­vient de les placer dans le voisinage immectiat de l'equivalent. Dans un diction­naire d'encodage ou la rubrique differenciatrice est adressee a l'entree, i1 est preferable de les mettre entre l'entree et l'equivalent 4 . 3 Les metalexicographes anglophones emploient le terme differenciation des sens (ang. meaning/sense dicrimi­nation) qui, anotre avis, ne convient pas : il s'agit d'un terme qui a ete emprunte ala metalexicographie monolingue et qui, par consequent, ne met pas en evidence les specificites du dictionnaire bilingue dont le role n' est pas de decrire les sens des entrees mais de fournir les equivalents en langue etrangere. 4 Outre les trois dictionnaires plus ou moins contemporains pour le couple de langues slovene-fran\:ais, nous avons eu recours aune douzaine de dictionnaires interessants du point de vue methodologique. -Dictionnairefran9ais-slovime, Ljubljana, Državna založba Slovenije (1984). -Dictionnaire fran9ais-slovene et slovenefran9ais moderne, Ljubljana, Cankarjeva založba (102001 [1971]). -Dictionnaire slovenefran9ais, Ljubljana, Državna založba Slovenije (1990). Dictionnairefran9ais-russe (a /'usage desfrancophones), Moscou/Paris, Rouski Yazik/Edition Librairie du Globe (1991). 2.3 Les principes conducteurs Nous pouvons d'ores et deja degager les principes qui guideront nos propos ulterieurs. Les principes sont corrobores a la fois par les resultats d'etudes metalexi­cographiques et par les analyses effectuees sur un corpus de dictionnaires choisis 5 . Dans un dictionnaire d'encodage, la differenciation des equivalents est indispen­sable dans tous les cas sauf dans celui d'une entree monosemique qui n'a qu'un seul equivalent lui aussi monosemique. Les principales rubriques differenciatrices sont : les indicateurs, les marques d'usage, les exemples et dans le cas des homonymes egalement les marques grammaticales et l'entree elle-meme. La rubrique qui se revele etre la plus apte a la differenciation est la rubrique que nous nommons indicateur. L'indicateur fait partie de l'appareil metalinguistique du bilingue : comme nous le verrons plus en detail par la suite (§ 3), l'indicateur comporte des informations semantiques ou combinatoires sur le mot-entree. Dans un dictionnaire slovene-frarn;:ais, les indicateurs devraient etre donnes en slovene. Pour les mettre en valeur, il est sans doute preferable de les placer avant l'equivalent ou la liste d'equivalents vises: a l'ordinaire, la consultation d'un arti­cle commence par l'entree pour aboutir a l'equivalentjuge «correct» -place apres l'equi­valent, l:indicateur risque de ne pas etre pris en consideration par l'utilisateur qui, le plus souvent, interrompt sa recherche, une fois la «solution» trouvee. I1 va sans dire que les moyens typographiques deyraient distinguer clairement les indicateurs des autres rubriques de l'article. Prenons un exemple simple 6 : [1] koza 1 žival chevre 2 neumna ženska becasse, dinde 3 priprava v mizarstvu, tesarstvu chevalet, chevre 4 športno orodje cheval de saut Le Grand Dictionnaire Hachette-Oxford. Fran9ais-anglais, anglaisfran9ais, Paris/Oxford, Hachette Livre / Oxford University Press (32001 [1994]) Harrap's Shorter. Dictionnaire anglaisfran9ais, fran9ais-anglais, Edimbourg, Chambers Harrap Publishers Ltd. (62000 [1940/1944]). Junior bilingue. Dictionnairefran9ais-anglais, anglaisfran9ais, Paris/Glasgow, Le Robert/Collins (2002). Splošni angleško-slovenski in slovensko-angleški moderni slovar, Ljubljana, Cankarjeva založba (2001). Veliki nemško-slovenski slovar, Ljubljana, Državna založba Slovenije (1992). PONS Groj3worterbuch far Experten und Universitiit Franzosisch-Deutsch, Deutsch-Franzosisch, Stuttgart, Ernst Klett Sprachen (1999). · Langenscheidt Power Worterbuch Franzosisch (Franzosisch-Deutsch, Deutsch-Franzosisch), Berlin/Munich, Langenscheidt (2003). -Senior. Dictionnairefran9ais-anglais, anglaisfran9ais, Paris/Glasgow, Le Robert/Collins (51998 [1978]) -Dictionnairefran9ais-neerlandais et neerlandaisfran9ais, Paris/Utrecht/ Anvers, Le Robert/Van Dale (31997 [1988]). -Veliki slovensko-nemški slovar, Ljubljana, Državna založba Slovenije (22003 [2002]). -Handwoordenboek Nederland.s-Frans. Handwordenboek Frans-Nederlands, Utrecht/ Anvers, Van Dale (1997) 5 Dans la plupart des cas, les dictionnaires bilingues suivent le principe enonce ci-dessus. Parmi les diction­naires qui, pour differentes raisons, ne l'observent pas, on peut citer Le Grand Dictionnaire Hachette-Oxford. Fran9ais-anglais, anglaisfran9ais, Paris/Oxford, Hachette Livre/Oxford University Press (plusieurs editions il. partir de 1994) et Dictionnairefran9ais-russe (a l'usage desfrancophones), Moscou/Paris, Rouski Yazik/Edi­tion Librairie du Globe (1991). 6 Les articles ne sont pas donnes dans leur integralite : nous nous limitons aux rubriques qui sont perti­nentes pour nos propos. Dans l'exemple ci-dessus, les indicateurs fournissent soit des hyperonymes («žival»: animal ; «športno orodje» : appareil de gymnastique ; «priprava v mizarstvu, tesarstvu» : appareil de menuiserie, de charpenterie) soit des synonymes du mot-entree («neumna ženska»: unefemme sotte), ce qui permet al'utilisateur de choisir l'equivalent corre­spondant au sens qu'il souhaite exprimer. L'exemple [2] nous semble moins satis­faisant: [2] koza 1 zooL. chevre 2 POG. SLAB. becasse, dinde 3 TEH. chevalet, chevre 4 ŠPORT cheval de saut Les marques d'usage («zool.» : zoologie ; «pog. slab.» : familier, pejoratif; «teh.» : technique ; «Šport.» : sport) sont moins explicites que les indicateurs : apartir de l'in­formation que le mot «koza» releve du domaine du sport ou appartient au registre familier, l'utilisateur est suppose dectuire les sens correspondant aux equivalents proposes. N'est-il pas plus convivial de donner une glose fournissant un synonyme ou un hyperonyme ? Ajoutons que les gloses sont rectigees dans un langage «nature!» qui est sans doute plus accessible que les abreviations ou les symboles des marques d'usage. De plus, les marques d'usage, surtout les marques diatechniques, peuvent preter aambigui:te. Prenons la marque zool. : le mot «koza» appartient-il ala termi­nologie zoologique ou bien s'agit-il d'un mot qui releve du champ semantique des animaux? Les marques d'usage faisant office de moyens de differenciation ne sont certaine­ment pas aproscrire. Aux yeux des lexicographes, leurs avantages ne sont pas negli­geables: -les marques permettent d'economiser de la place dictionnairique ; -dans un dictionnaire donne, elles forment des listes fermees ; -elles peuvent assumer plusieurs fonctions (par exemple, apporter l'information sur le niveau de langue et sur le semantisme du mot). [3] val 1 masa vode vague 2 FIZ. onde 3 (protestov, beguncev) vague La deuxieme section dans [3] illustre bien les avantages que peuvent presenter les marques d'usage. La marque «FIZ.» (physique) resume adequatement les differents emplois ou le mot «val» est traduit en fran\:ais par onde. Le recours aux indicateurs precisant differents types d' ondes (sonores, lumineuses, electromagnetiques, radioelec­triques et autres) prendrait trop de place. La differenciation pourrait en outre s'operer al'aide d'exemples. L'article [4] ci­dessous ou les equivalents sont precectes d'indicateurs («snov» : substance ; «rastlina, goba» : plante,' champignon ; «kača, insekt, jezik» : serpent, insecte, langue ; «mraZ» : froid) peut etre transforme en [5] : [4] strupen 1 (snov) toxique 2 (rastlina, goba) vene­neux 3 (kača, insekt, jezik) venimeux 4 (mraz) de canard [5) strupen 1 toxique ~ strupena snov la sub­stance toxique ~strupeni plin le gaz toxique ~ strupeni odpadki dechets toxiques 2 veneneux ~strupene rastline les plantes veneneuses ~ strupene gobe les champignons veneneux 3 venimeux ~ strupena kača un serpent veni­meux ~ strupeni pajek une araignee veni­meuse ~strupen jezik une langue venimeuse 4 strupen mraz un froid de canard Pour ce qui est du traitement de la phraseologie, c'est au modele adopte en [5] qu'il convient d'accorder la preference : les collocations, donnees dans leur integrali­te, sont assorties de traductions. Le modele est cependant moins approprie ala dif­forenciation. Le caractere diffus et implicite de l'information fournie par l'exemple exige un effort d'interpretation considerable de la part de l'utilisateur. En outre, l'ex­emple est, par sa nature, une rubrique autonyme, tandis que la differenciation s'opere au niveau metalinguistique. La place de l'exemple par rapport al'equivalent non plus n'est guere adequate : les exemples suivent les equivalents (parfois ils en sont meme separes et regroupes sous forme d'annexes en fin d'article), ce qui augmente les risques de choix errone. En effet, il est fort probable que l'utilisateur n'ira pas verifier dans la suite de l'article si la traduction choisie est bonne ou non. Dans le cas des homonymes, notamment des homographes, les marques gram­maticales ou meme la forme de l'entree suffisent: [6] obresti' M N interets obresti2 GL parcourir, faire [7) vedenje' SR comportement, conduite vedenje2 SR connaissances, savoir Dans les deux exemples ci-dessus, ce sont les signes diacritiques figurant dans l'entree qui servent adistinguer les homonymes; acela s'ajoutent, dans [6], les mar­ques grammaticales («žMN» : feminin pluriel ; «GL.» : verbe). Les signes diacritiques seuls ne sont sans doute pas suffisamment distinctifs : un utilisateur moyen eprou­vera sans nul doute des difficultes ales decrypter. C'est pourquoi i1 est fort recom­mandable de rajouter des indicateurs. Dans [8], le dispositif differenciateur est ren­force par des synonymes : [8] vedenje' SR obnašanje comportement, conduite vedenje2 sr znanje connaissances, savoir 11 s'agit la done d'un apen;:u des rubriques servant ala differenciation des equi­valents dans un dictionnaire d'encodage. I1 convient a present de,proposer une analyse linguistique detaillee des informations susceptibles de figurer dans les indi­cateurs. 3 Les indicateu1'S et la differenciation des equivalents : pe1'Spective linguistique 3.1 Le cadre theorique Le cadre theorique de notre analyse nous est fourni essentiellement par trois modeles theoriques : -la theorie de la semiotaxis de F. J. Hausmann (Hausmann 1999) ; -la theorie Sens-Texte de I. A. Mel'čuk, et notamment le concept defonctions lexi­ cales (voir les references citees dans Perko 2001) ; -la semantique des cadres (ang. frame semantics) de C. Fillmore (Fillmore 1985, Fillmore/ Atkins 1992), La semiotaxis examine dans quelle mesure la signification d'un mot depend du contexte. La theorie s'inscrit dans le prolongement : con­flit ; «uganko» : enigme). Les deux types d'indicateurs sont distingues graee a des moyens typographiques (les poliees, la taille de earaeteres, la eursive, la ponetua­tion). Ce dispositif introduit deux niveaux hierarehiques, ee qui aide l'utilisateur a interpreter eorreetement la portee de ehaque indieateur. Dans la suite de notre eontribution, nous presenterons quelques exemples d'ar­ticles ou les indieateurs fournissent des unites qui eooeeurrent frequemment avee le mot-entree. 11 va sans dire que notre etude ne peut pas pretendre a l'exhaustivite, la matiere etant trop vaste. Pour rendre notre analyse plus systematique, nous nous fonderons sur les FL de Mel'čuk (voir supra 3.1)12. 3.5.1 Oper. C'est une des FL qui formalisent les verbes supports, e'est-a-dire les verbes semantiquement vides qui «verbalisent» les noms predieats. [33] zagrešiti 1 (zločin, umor) commettre; PRAV per­petrer 2 (neumnost, napako, greh) faire, commet­tre Les FL sont un outil que pourraient mettre aprofit egalement les redacteurs des dictionnaires bilingues (voir Cop/Wilcox Reul 2002). Les relations entre le mot-entree et les unites figurant dans les indicateurs peuvent etre decrites de la fa9on suivante : Oper1 (zločin) =zagrešiti Oper1 (crime) = commettre, JUR. perpetrer Oper1 (umor) =zagrešiti Oper1 (meurtre) = commettre, JUR. perpetrer Oper1 (neumnost) =zagrešiti Oper1 (betise) = faire, commettre Oper1 (napako) =zagrešiti Oper1 (erreur) = faire, commettre Oper1 (greh) = zagrešiti Oper1 (peche) = faire, commettre 3.5.2 Incep. Cette FL 13 decrit les verbes phasiques qui designent les phases initiales de proces ou d'etats. (34] skleniti 1 dati skupaj joindre 2 sprejeti odloči­tev decider, prendre la decision 3 doseči (po­godbo, dogovor) conclure, passer; (mir) conclure, faire; (poroko) ccintracter; (kupčijo, posel) con­clure 4 končati (pogovor, razpravo) terminer, clo­turer A l'interieur de la section 3, la differenciation s'opere al'aide des noms desi­gnant, en gros, des evenements ou des etats (<. (35] povzročiti 1 (smrt, nesrečo) causer, provoquer 2 (škodo) causer, occasionner 3 (spor, škandal) causer, declencher, provoquer, soulever 4 (težave) causer, soulever, provoquer, engendrer (36] izraziti 1 (mnenje, misel, pomislek, dvom) expri­mer, formuler, emettre 2 (čustvo, občutje, željo, obžalovanje) emettre, formuler, manifester 3 (sožalje) presenter, exprimer Les indicateurs donnent des complements nominaux typiques pour les deux verbes causatifs («smrt, nesrečo»: mort, accident; «škodo»: dommage; «spor, škandal»: dijferend, scandale ; «težave» : dijficultes ; «mnenje, misel, pomislek, dvom» : opinion, pensee, reticences, doutes ; «Čustvo, občutje, željo, obžalovanje» : sentiment, emotion, souhait, regret; «sožalje» : condoteances). 13 lncep, comme d'ailleurs aussi les FL Caus et Liqu abordees dans 3.5.3, se combine, en regle generale, avec d'autres FL, le plus souvent avec Oper, Func, Real, Fact ou Manij. 3.5.4 Liqu. Cette FL, dont le nom est tire du verbe liquider, a la signification con­traire a celle de Caus. [37] razdreti 1 (stroj, pohištvo, šotor) demonter 2 (po­godbo) resilier 3 (zaroko, zvezo) rompre Les indicateurs dans les sections 2 et 3 fournissent les bases nominales pour le collocatifverbal razdreti («pogodbo» : contrat; <> : bicyclette, moto). 11 est a noter qu'en raison du caractere souvent trop schematique de l'informa­tion metalinguistique dans les articles de mots grammaticaux, un role tres impor­tant incombe aux exemples d'usage. Conclusion En conclusion, nous pouvons dire que la differenciation des equivalents dans un dictionnaire d'encodage est un palliatif necessaire a deux types de phenomenes : -a l'anisomorphisme de deux systemes lexicaux que fait ressortir toute approche contrastive ; -a une competence reduite de l'utilisateur en langue etrangere. Plusieurs rubriques dictionnairiques sont susceptibles d'aider l'utilisateur dans la selection de l'equivalent acceptable : les indicateurs, les marques d'usage, les marques grammaticales et, dans certains cas, egalement les entrees elles-memes. Notre prefe­rence va clairement aux indicateurs qui font partie de l'appareil metalinguistique du dictionnaire bilingue. L'heterogeneite du lexique doit avoir son contrecoup dans l'h6terogeneite des moyens differenciateurs. En ce qui concerne ces moyens, il s'agit de distinguer au moins trois types de mots-entrees : -Les mots-entrees semiotaxiquement independants, c'est-a-dire les unites lexicales qui peuvent etre definies sans recours au contexte linguistique : l'indicateur devrait etre compose des unites (ou des expressions) qui entretiennent des relations pa­radigmatiques ou encyclopectiques avec le mot-entree. -Les mots-entrees semiotaxiquement dependants, c'est-a-dire les unites lexicales qui ne peuvent etre definies sans recours au contexte pertinent: l'accent devrait etre mis sur des relations syntagmatiques entre les unites (ou expressions) figurant en indicateur et le mot-entree. -Les mots-entrees ayant une signification grammaticale, c'est-a-dire les mots gram­maticaux ou les mots-outils : l'indicateur devrait souligner les proprietes morpho­syntaxiques ainsi que certains traits semantiques pertinents du mot-entree. Bibliographie Al B. P. F. 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Prvi del članka je namenjen razpravi o osrednjih tipoloških značilnostih dvojezičnih slovarjev (velikost, obseg, funkcija, namen, smer, razsežnost in nosilec slovarja). Drugi razdelek problem razločevanja naveže na splošnejša vprašanja protistavnega besedoslov­ja, ki zadevajo anizomorfizem leksikalnih sistemov in različne vrste ustreznosti. V nadaljevanju je podan krajši historični pregled (meta)slovaropisnega pristopa k problematiki razločevanja v dvo­jezičnih slovarjih. Razdelek se zaključi z analizo različnih slovarskih rubrik, ki služijo razločevanju. Te rubrike so: usmetjevalci, diasistemske oznake, slovnične oznake in zgledi rabe. Kot najprimernejši so se izkazali usmerjevalci, ki so del metajezikovnega aparata dvojezičnega slovarja. Zadnji razdelek je z izjemo uvodnega dela, ki zariše teoretični okvir analize, v celoti namenjen jezikoslovni analizi gradiva, ki tvori usmerjevalce. Glede na vsebino metajezikovnih informacij, ki jih je relevantno navajati v usmerjevalcih, lahko razlikujemo med tremi tipi geselskih enot: -semiotaksično neodvisne geselske enote (pomen takšnih enot je določljiv brez pritegnitve sobese­dila): usmerjevalci v člankih takšnih geselskih enot naj navajajo leksikalne enote ali izreke, ki so z geselsko enoto v paradigmatskem ali enciklopedičnem razmerju; -semiotaksično odvisne geselske enote (pomen takšnih enot je določljiv le s pritegnitvijo relevant­nega sobesedila): najpomembnejšo vlogo igrajo sintagmatska razmerja; -geselske enote s slovničnim pomenom (pomeni takšnih enot izražajo različna skladenjska raz­merja): glede na specifičnost takšnih enot je najprimerneje navajati metajezikovne informaci­je oblikoslovno-skladenjske narave, po potrebi pa se zateči tudi k splošnejšim pomenskim zna­čilnostim.