1 .7 1852 iv c confErence Internationale DE GENETIQUE Pariš, 1911 EXTRAIT KASSON ET C le , Editeurs. Za obnovo Univerzitetne biblioteke v Ljubljani podaril dno / A«- 1942.- 71852 SUR UN HYBRIDE FERTILE ENTRE TRITICUM SAT1VUM 9 (BLE MOLD SQU AREHEAD) ET SECALE CEREALE i (SEIGLE DE PETKUS) 1 Par le D' F. JESENKO Vicnne (Autriche). En 1875, Wilson presenla a la Societd Bolanicjue d’Edinbourg les tiges de deux planles qu’il avail obtenues par croisemenL de ble el de seigle. Le pro* duit obtenu elait completement slerile : les antheres elaienl mal developpčes el conlenaienl peu de grains de pollen iricomplelement formčs. Ce fut le premier croisement, & nolre connaissance, qui reussit entre ble et seigle. En 1882, a New-York, Carmen eroisa le ble Armstrong $ avecun seigle <£. II oblini un hybride qui n’etait pas complelemenl slerile et qui donna 15 graines possedanl leur faculle germinalive. Ces graines donnerenl des planles presen- lanl le caractere du ble, mais qui cependant, a cerlains poinls de vue, ressem- blaient au seigle. Cette seconde genčration donna un certain nombre de bonnes graines qui, semčes, donnerenl des planles a caractere seigle el etaient prises pour tel par des specialistcs. Ce qu’il advinl de la descendance de ce croise- lnenl n’esl pas connu. Rimpau en a bien encore, en 1890, seme quelqucs graines venues de Schribaux, mais les planles adultes avaient loules les carac- leres de 1’Armstrong, el ne monlraient aucune Irace de seigle. Rimpau fil lui-meme, en 1888, des essais. de croisement entre ble et seigle (Sachsischcr Landvveizen 2 X Schlanstedter Roggen et obtint, comme il ressort de la description et de la figure de sa “ Kreuzungs produkte landwirt- schaftlicher Kulturpflanzen ” sans aucun doule un hybride ble-seigle. Celui-ci e La i l en parlie fcrtile el donna 15 graines eapablcs de germcr. Des 15 planles provenant de ces 15 graines, 3 elaient du lype ble square-head, les 12 aulres monlraienl le caraclere de l’hybride obtenu l’annee precedente. La figureaccom- pagnant la description de Rimpau montrc un epi long, etroit de l’hybride F, avec des dpillets multiflores et l’hybride F ž avec des epis considerablemenl plus forts et des epillets beaucoup plus grands que n’en montre le F,. Ni dans les croisements de Wilson, ni dans ceux de Carmen, on ne sait comment la seconde-general ion s’esl formee. Probablement par fčcondation člrangdre, car, comme nous le verrons plus tard, 1’aulofecondation de l’hybride ble-seigle (F,) n’est possible que par une operalion OK^cuLie sur les antheres. 11 est egalement a se demander si Rimpau essaya de r6aliser Fautof^condation arlificiellement; en toul cas, il n’en parle pas expressemenl el termine son 1. Communication faile a la seconde seance de la Confereiice. 2 IV CONFERENCE INTERNATIONALE DE GENETIOUK. expose par ces mots : “ Nunbin icli aber kcinesvregs sicher, dass diese Pflanzen, welche dem ersten Bastard von Weizen nnd Roggen vollig ahnlich waren, bis auf elvas grossere Fruchtbarkeit, reine aus Sichselbstbefruchlung hervorge- Fig. I. u Mu]d-Sqiiareliead, b Seigle de Petkus, e livb. F 4 , d liyb. Fo. gangene Nachkommen dieses Bastardes waren, vielmehr liegt die Mogliehkeil vor, dass sie einer uaitirliehen BefruchLung des Baslardcs enlstammten, mit Pollen der drei Pflanzen (sachsischer roter Lamhveizen), velche unmiltelbar daneben gezogen wurden. Es konnte also moglich sein, das WeizenX Roggen- Baslard bei Bestanbung mit dem eigenen Pollen vollig unfruchtbar, dagegen mit Weizen — (vielleicht auch Roggen —) Pollen fruchtbar ist En 1890, Rimpau enlreprit encore ime fois le mfime croisement ble-seigle avec un plus grand nombre de fleurs, mais il ne fit rien savoir de ce qu'il en advint. F. JESENKO. — SUR UN I1VRRIDE FERTILE ENTRE TRIT1CUM $ ET SEGALE 5 Cependanl la descendance do I hybride ble-seigle de Rimpau esl encore eullivee aujourddiui dans quelques slalions agronomiques. A 1’Institut agrono- mique’de Vienne on cultive lous los ans une forme barbue el une forme sans Fig. 2. Comme dans la lig. 1. —* Sur quelqucs epillels dos hvhrides F 1 cl F 2 recartemenl des glumelles est visible. barbes (fig. o) (jui, apparemment, paraissenl conslantes, Elles soul bien sem- blables au bi d, cependant, il n’esl pas difficile de les dilleroneier du ble pur a leurs dpi s longs et,peu serrds, par leurs glumes I res ouverles pen dani. la floraison et a leur moins grande fecondile. Los grainos mfires ne sonl jamais aussi pleines el aussi glabres que les graines de ble, mais toujours plus ou moins ridees. Pendant ces dernieres anndes, des croisements ble-seigle ont ele frequem- mcnt fails el non sans succes(Schlicphacke, Miczynski, Signa), mais les produils oblenus, autanl quo je sache. resldrcnl sleriles. Depuis 1905, Tschermak cultive 7 ‘ IV* CONFERKNCE INTERNATIONALE DE GE,\ETIOUE. annuellemenl des hybrides entre diflerentes varieles de ble el de seigle, mais ils ne porlent aucun 1'ruil a la defloraison. Les fčcondations des hybrides F, avec du pollen de 1*16 et de seigle enlre- prises par E. v. Tschermak durant de nom- breuses annees res tereni sans succes, d’ou Fon doit conclure que la sterililedes hybrides ble-seigle rčsulte non seulement de la defec- tuosite du sexem;lle, mais vraisemblablement elle doil lenir aussi d’une malformation quel- conque du gynecee. En 1909, j’ai croise diflerentes varietčs de ble et de seigle dans le but d’acquerir des matčriauxpourdesrecherchesmicroscopiques sur les organes vegetatifs et reproducteurs des hybrides ble-seigle. Le croisement entre Mold-Squarehead et seigle de Pelkus, reussil. J’ai recollč une graine qui ine donna Fannee suivante un indubitable hybride. La planle etail plus haute que le Mold-Squarehead, cependant quelque peu plus basse quc le seigle de Pet- kus, idle epia plus lotquc le bleetla tloraison en fut aussi plus precoce. Les feuilles vert sombre rappelaient le seigle, les epillels mul- tillores, le 1)16, tandis que la forme longuc et elroile des epis, des epilkds et des glumes nous renvoyait de nouveau au seigle (fig. 1 et 2). Les glumes, chez le seigle, membraneuses et a une seule nervure, etaient, dans l’hy- bride, a plusicurs nervures, penn6es et dcn- tees, comme a peu preš les glumelles du seigle. et se lerminaienlpar unecourle barbe, au lieu, comme danslebl6d'unecourtcpointe courbee vers Finterieur. La glumelle de Fhy- bride ressemblail a la glumc, mais porlait une bien pluslonguebarbe (jue cellc-ci (fig. 4). La longueur a peu preš egale des barbes de tous les epillels chez le seigle se retrouve dans Fhybride, tandis (pie dans le « Mold Weizen » les barbes des epillets superieurs sont cons tamment plus longues que cellesdes inf6rieurs. L.e luseau estdtroit el seulement un peu plus forlement onduleque dansceluidu seigle, mais il estaussi beaucoup plus laiblemenl pubescenl que ce dernier, el par la se rapproche de nouveau du bič. Avant tout, les epillels monlrent, au premier coup d’oeil, une rcssemblance bien prononcee avec celle du ble; mais, apres une analyse plus nfinutieuse, on trouve cependant un cei tain nombre de signes caraClerisant le seigle. A la Iloraison, les glumes de Fhybride s’ecartcnl beaucoup les uncs des autres et reslent 6 a 8 jours dans cette position. Un aussi fort ecarlemenl se produil d’ordinaire seulemenl dans les glumes du seigle, dont Fangie d’ouverture I’ig. 3. a liybride F a , b la forme barbue du croisement ble X seigle de Rimpau. F. JESENKO. — SUR UN UVBRIDE FERTILE ENTRE TRITICUM $ ET SECALE rf. 5 va jusqu’a 45°. L’angle d’ecartement dans l’hybrido ble-seigle atteint 50 a 40°, tandis que celui da Mold Weizen esl rarement [)lus grand que 25 a 50°- Les antheres de l’hybride elaienl plus de moilie plus courtes que celles du Fig. Epillets. — a Mold Srjuureliead, l> liybridc F„ c Seiglo de Pelkus, d liybride K a . seigle, tros elroiles, rougefttres au sommetet ne souvraient jamais d'elle-meme. De beaucoup de cenlaines d’anthbres mures de l’bybride ble-seigle, qui furent examinees, je n’en ai trouvd aucune qui se soit ouverte d’elle-m6me pour laisser sortirle pollen, el mfime quand les antheres dlaient ddjk complčtemcnt dessechčes,- il ne se forma aucune dehiscence. Pour avoir du pollen, les anlhdres durent Stre incisdes avecdes aiguilles, et leur contenu videsurune plaque de verre. A l’examen microscopique, ce pollen presentaitun si mauvais aspect que la possibilite de fecondalion avec ce pollen dtait minime (fig. M). La plusgrande partie du contenu des anlheres consislait principalemenl dans des produils sans forme, que Ton pouvait a peine prdtendre etre du pollen; parmi eux .ge frouvaient seu- lcment quelques grains de pollen iso- lds, ronds, mais qui, en comparaison avec des grains normaux de pollen de ble, elaient lr6s petits et transparents comme du verre. Dans l’eau, les petits grains ronds gonflerent quelque peu, mais ils n’ecla- terent et ne se vidčrent cependanl pas, comme cela se produit conslamment Fig 1 . 5. Anlheres. —a Mold-Scfuarehead, b livbride F 1? c Seigle de Pelkus. d livbride F*. 6 IV" CONFE RENČE INTERNATIONALE DE GENETIOUE. dans les grains fertiles de pollen de ble el de seigle, lorsqu’ils sonl mis dans 1’eau. Des essais de germination avec le pollen de Lhybride dans une gonile d une solution sueree ne donnerent aucun resullal salisfaisanl. Aprbs repeli- lion des essais, j’ai reussi a constater au moins un commencement de germina- tion du pollen hybride sur les sligmates. Dans 1’esperance que la possibilile de fecondation avec le pollen de l’hybride n’etait, par suite, pas tout a fait exclue, toules les lleurs de 4 6 p is dans l’hybride F, 1'urent fecondees avec le Fijf. 6. Gynocee. — a, b, c, d, idem. pollen ainsi prepare. Le 5 e epi restant fut feconde avec le pollen du Mold- Squarehead. De toutes les lleurs de l’hybride fecondees avec leur propre pollen, il ne sorlit qu’une graine unique; Lepi feconde avec du pollen de ble resta storile. La plante hybride fut isolee des autres cereales pendant toute la duree do la floraison, dans une serre froide, pour eviler loule fecondation elrarigere. Comme dgalement la fecondation du 5 e epi fut faite avec la plus grandc attention, je peux done adrnettre que ce grain unique est reellemenl issu de 1’auLofecondalion arlilicielle. La graine elail faible el quelque peu ratalinee, elle germa cependant el donna dans la periode de vegetation suivanle une forte plante. Elle epia le lOjuin eL elait, une fois completemenl poussee, presque aussi haute qu’unc plante de seigle. La couleur claire des feuilles ressemblait plutot au ble; Lepi etait long, Ires fort, peu serre dans la moilie inferieure, correspondant vers le haut au type squarehead d’une fagon plus accenluee (fig. 1 el 2). Les epillets inultiflores efaient a peu prbs moilie aussi larges (jue longs, tan- dis ([iie ccux du Mold-Squarehead ne sont pas beaucoup plus longs que larges. Les glumes elaient courtement barbues comme dans l’hybride F t , les glumelles de la partie superieure de Lepi avaient de plus longues barbes que F. .1ESENKO. — SUR UN IIVRRIDF FERTILE ENTRE TRITICIIM 9 ET SEGALE o*. 1 celles du bas. A la flor« sieurs jours dans celic posilion, commfe dans F t . Le gynecee etail re- marquablemenl dcve- loppe (fig- 6). Les an- llieres etaienl j >1 us courtes que celles du seigle, mais surpas- saientcelles du fromenl en longueur el largeur et s'ouvrirent a la matu- rite d’elles-m ernes( fi g. 5). L’apparence des grains de pollen elail inleressanle, compareo š celle de ceux de l’hy- bride l\. La plupart etaienl bien formes, mais dedi lleren les gran- deurs. Quclques- uns meme elaienlaussilorls que les grains nor- lison les glumes s’ecarlenl jusqu’a 40" el reslenl plu- Fig. 7. Sligmates. — a Mold-Squarehead, l> Seigle de Pctkus. maux du pollen de ble, d’aulres rcmarquablement pelils, tous cependant ronds et pas elliptiques comme ceux du seigle i lig. 12). Aussi les peti Is grains a lliraienl l’eau si l'orlemenlque, mis dans one gonile d’eau, ils eclalaienlen general bientol. La lecondile ne i'ul au- cunement normale, mais cependant assez bonne. D’un epi, je r6- collai 40 graines ; en lout, de 7 epis, l‘2a graines; quelques douzaines d’ovaires furent du reste, dans un but de recherches cytologiques, d e j a rompues avanl la ina- Fig. 8. Sligmates. — a llybride F,, b llvbride F a . Iliri e. Les graines de l’hybride F 2 etaienl bien formees et presque aussi longues que celles de seigle, leur couleur cependant rappelait le bld. 8 IV" CONFERENČE INTERNATIONALE DE GENETIQUE. Ci-dessous quelques remarques caract6ristiques, physiologiques, ainsi que morphologiques du Mold-Squarehead, du seigle de Petkus, de l’hybride F t et de l’hybride F s , mises cdte a cote. En PJII čpia : Mold-Squarehead. le 12 juin. Seigle de Pel k us.•. le 10 mai. Hybi'ide F,. le 9 juin. Hvbride F 2 . le 10 juin. Fig. 9. Pollen de ble (Mold-Squareliead). L’epoque de floraison en 1911, a eu lieu : Mold-Squarehead. le 17 juin. Seigle de Pelkus. le ‘21 mai. Hybride F,. le 15 juin. Hybride F a . le 16 juin. L’epiaison, aussi bien que la floraison des hybrides F, et F ž , ont eu lieu 2 a 5 jours avant celles du ble. Ils prennent ainsi une position inlcrmediaire entre le ble et le seigle. La longueur des chaumes des hybrides F, el F s surpassait — en moyenne — celic du ble, mais ils n’atteignaient cependant pas la hauteur du seigle. La longueur des epis : MoId-Squareliead (longueur mojenue des epis de 5 plantes). = 7“ m ,l Le seigle de Petkus ( « « « « ). = 9“"',4 Hvbride F, — — 8* m ,3 X"",5 8“"',5 O 1 " 1 9“”,4 = 8 ,:m .7 Hvbride F a — • — 8”» 8*",8 9™ 10™ 10™, 1 = 9™,l F. JESENKO. — SUR liN IIVBKIDE FERTILE ENTRE TRITICUM $ ET SEGALE cf. Le nombre des čpillets des deux cotčs de l’axe : 'J Mold-Squareliead (nombre moyen des epillets de 1!) epis) (3 planl.es). I.e seigle de Pelkus, 17 epis, 3 planles. 7 13 14 15 8’ 14’ 10’ l(i’ io n 12 r. 11 ’ 12 ’ 13 ’ 14 ’ llybride F, Hybride F s 10 10 15 14 ’ 13 13 14 U 11 12 17 IX 15 74 12 13 Fig. 10. Pollen de scigle (Seigle de Pelkus). Grandeur de 1’angle d’6carlemenl Mol 1-Squarebead. 25" — 35" Seigle de Pelkus. 30" — 45" llvbride F,. 30" — 40" Hybride F s . 30" — 40" On voit, qu’un certain nombre des caracleres morphologiques et physio!o- giques des hybrides F, et F 2 sont intermediaires entre le ble el, le seigle — l’hybride F, se rapprocliant plus du seigle