Gertrud Gréciano, Strasbourg II CDU 803.0-5 L. TESNIÈRE ET «LE GÉNIE PARTICULIER DE L'ALLEMAND» Qu'il me soit permis de braquer le projecteur sur le germaniste Lucien Tesnière. En effet, le thème choisi avec bonheur par les organisateurs de ce Congrès de Ljubljana, permet le positionnement d'autant plus juste des nombreuses langues naturelles, que L. Tesnière les situe dans ce contact ou contraste, nécessaire à l'interaction européenne. Si, l'année dernière, Rouen a privilégié, comme il se doit, le français, si aujourd'hui, et à juste titre, Ljubljana met en lumière le Slovène, et si le mois dernier Strasbourg a réuni les approches germanistes et romanistes - et géopolitique oblige - l'oeuvre si riche de L. Tesnière invite à des retours. L'exposé qui suit s'inspire d'une réflexion de L. Tesnière, extraite de ses manuscrits; il vérifiera l'outil conceptuel utilisé par l'auteur, sur deux réalités allemandes: la langue (1) et les linguistes (2). En guise d'introduction: une incontournable mise au point terminologique. «Génie» est utilisé par L. Tesnière dans son acception classique et objective, comme terme consacré - voir les définitions des dictionnaires du langage ordinaire (Robert) et philosophique (Lalande) - pour dénommer les aptitudes innées, les dispositions naturelles et perceptibles, les caractères distinctifs, le fond du caractère et de l'esprit, la nature propre des phénomènes, qu'ils soient êtres, choses ou états de chose, rappelant «le génie de la langue grecque» (Lalande, 364) où «le génie du christianisme» (Chateaubriand), ingenium et non genius, latin. Cet emploi prétendûment vieilli de génie - et on peut remarquer l'unanimité à ce propos entre Robert et Lalande - est annonciateur, au contraire, des plus actuels projets de la Commission des Communautés européennes sur le génie linguistique (projet du Capital Humain et de la Recherche et de l'Enginerie linguistique). L'annotation lexicographique est donc à revoir à très bref délai et ceci dans l'acception tesnièreienne précisément. Envers et contre les autres usages, le «génie particulier de l'allemand» reste, sous la plume de L. Tesnière, invulnérable; il est terme technique et non évaluatif; il refuse toute interprétation appréciative, qu'elle soit positive ou négative. 101 1. Le génie particulier de la langue Pour la germanistique, L. Tesnière est un détecteur sûr des idiosyncrasies de l'allemand. Pratiquant cette langue depuis les vacances de son enfance, passées régulièrement en Forêt-Noire, agrégé d'allemand dès 1919, il côtoie et observe la langue du voisin à Strasbourg de 1924 à 1937 pour en faire l'un de ses objets d'étude centraux à Montpellier durant les quinze années suivantes. Les nombreux travaux récents, à l'occasion des Colloques plus ou moins anniversaires et qui viennent compléter la bibliographie déjà volumineuse des 2500 titres recensés par H. Schumacher (1988), ces recherches confirment la vision scientifique complète, scientiste et humaniste, qu'avait L. Tesnière des faits de langue; à titre de rappel, ses métaphores empruntées à la géométrie, à l'arithmétique, à la chimie, à la physique, à l'architecture, mais expliquées par la logique, l'esthétique, la psychologie et la philosophie. A ce propos, le rapprochement surprenant et ultime que vient de faire son ami J. Fourquet (1993), au Colloque de Strasbourg, avec B. Mandelbrot et l'imagerie du fractal est symptomatique, elle est un symbole. Si L. Tesnière est indiscutablement prédestiné au structuralisme, il est important et passionnant de le situer au sein de ce mouvement. Des rappels, là aussi: dans les brouillons allemands de ses manuscrits, le nom de F. de Saussure apparaît à plusieurs reprises, spontanément et sans insistance. L. Tesnière ne recherche ni références, ni justifications. Sa démarche reste associative. Par ailleurs, les arborescences généalogiques de L. Tesnière - le Colloque de Rouen nous en a offert un bel échantillon - sont contemporaines des études sur «les structures élémentaires de parenté», que Cl. Lévy-Strauss rédige à partir de 1943, à New-York et qu'il publie à Paris, au PUF en 1948. Les manuscrits de L. Tesnière à l'appui, on peut soutenir aujourd'hui la thèse de la nature métaphorique de sa structure même. Car derrière le tangible, L. Tesnière perçoit l'intelligible, et visualisations et spectacularisations offrent un moyen d'y accéder. Des parties complètement rédigées du Fonds Tesnière disent clairement que les données langagières ne restent qu'indices morphologiques et syntaxiques des «lois profondes, soit de notre structure mentale, soit de l'univers dans lequel nous sommes impliqués et dont nous ne pouvons nous déprendre, puisque nous en faisons partie intégrante et c'est même là une question qu'il pourra être intéressant d'approfondir un jour» (L. T., Dossier Réflexions p. 4, Carton XIX). L'objectif de la théorie tesnièreienne reste bien cette saisie méta-structurale où il retrouve, comme il le dit d'ailleurs, W.v. Humboldt: «l'ordre structural correspond à quelque chose de profond, à la Innere Sprachform de Humboldt» (L.T., Lettre à Mossé 1943,2). Dans ses manuscrits, le germaniste L. Tesnière, laisse une grammaire et une méta-grammaire qui, toutes deux, révèlent la structure de l'allemand. A plusieurs reprises et de façon claire et nette, L. Tesnière livre sa conception grammaticogra- 102 phiique, marquée par une longue réflexion théorique et diverses expériences pratiques, réalisées à Montpellier par de jeunes collègues et des étudiants. Selon l'auteur, il existe deux aspects stratégiques distincts: l'exposition des faits grammaticaux et leur acquisition. L'exposition se réclame de l'intervention du théoricien linguiste, l'acquisition du praticien didacticien. Le second sélectionne et adapte le matériel offert par le premier. Très clairement L. Tesnière donne la priorité à «l'exposition» des faits grammaticaux: «l'ordre d'exposition est le plus important. Il montre la structure de la langue. Il range logiquement les faits par nature et par ressemblance. Son absence empêche de saisir le plan d'ensemble et l'économie de la langue. Elle ne permet pas de mettre bien en place et de comprendre profondément les faits. Et son absence fait que le détail cache l'ensemble.» (L. T., Dossier Réflexions, Carton XIX). L'exposition tesnièreienne révèle ainsi le génie particulier de la langue allemande dans ses éléments statiques et dynamiques. Ce regroupement cohérent, voire «rangement logique», L. Tesnière l'applique à tous les niveaux concernés par une présentation grammaticale. Il sera illustré ici par les faits morphosyntaxiques, bien que les faits phoniques et lexicaux bénéficient d'une exposition particulièrement originale. C'est au principe classificatoire que revient le pouvoir de dégager la structure propre à une langue, son génie particulier donc. La partie morphosyntaxique se répartit sur plusieurs dossiers dans les cartons XX, XXI, XXII et XLI du Fonds Tesnière. S'il existe une rédaction définitive paginée de la morphologie sous «Morphologie I» dans les cartons XX et XXII, p. 82-246, la syntaxe apparaît sous forme rédigée sous «Morphologie/ Construction de la phrase», p. 247-262, du carton XXI et sous forme de brouillons sous «Syntaxe» dans les cartons XIX, XXII et XLI. Loin d'une simple description, cette grammaire vise et réussit la compréhension et la mémorisation des particularités de l'allemand par leur présentation même. Ressemblances et dissemblances en dégagent ainsi les traits spécifiques. L. Tesnière les relève dans son ordre d'exposition. Des chapitres morphologiques et de leurs fragments ressort parfaitement le trait distinctif de l'allemand: sa propriété flexionnelle. Elle détermine la présentation sous déclinaison substantivale, sous conjugaison verbale, suivie de plusieurs tableaux de classements. La «nature» des données suivantes amène l'auteur à reconnaître des caractéristiques statiques; pour la déclinaison: «la marque du pluriel est obtenue par soustraction morphologique de la forme du singulier» (L.T. Morphologie I, 114, carton XX); pour la conjugaison: la marque du radical présent s'explique par des régularités métaphoniques (L.T. Morphologie I, 147, carton XX); pour la construction/conglo-mération/agglomération verbale: la mise en facteur commun justifie l'absence de ge-aux participes seconds: ich habe verstanden -worden sein -können (L.T., Dossier Réflexions, p. 2, carton XIX). La «fonction» des faits suivants leur confère leur statut dynamique. Dans les pages et brouillons consacrés à la syntaxe, l'exposition tesnièreienne dégage bien la typicalité de l'allemand: les constructions nodales, autour des verbes substantifs, adjectifs et 103 adverbes; les jonctions copulatives, adversatives, disjonctives; les translations des deux degrés, simple, double et multiple. Si, dans les manuscrits, la partie syntaxique de l'allemand est moins développée que son pendant morphologique, cela s'explique par une large absorption des observations dans les Eléments de Syntaxe Structurale, publiés à titre posthume par le germaniste J. Fourquet et qui sont une syntaxe générale. Pour l'allemand, le particularisme semble l'emporter dans la Morphologie, en Syntaxe il paraît se concentrer sur le verbe, sa place vedette, la position de ses conglomérants et la forme de ses acteurs -aspects mis en exergue déjà dans la Morphologie. Un principe fondateur de la typicalité de l'allemand paraît être sa loi d'économie, précurseur de la loi du moindre effort que v. Wartburg a posé à côté de celle de la plus grande compréhension: «lois et raisons profondes, la ratio et l'intelligence même du système de la langue, la Innere Form, le génie particulier de l'allemand», captés par la scopie tesnièreienne. 2. Le génie particulier des linguistes La réalité invite à un complément d'information sur la linguistique allemande bel et bien marquée par la théorie tesnièreienne. Si la germanistique allemande et internationale a procédé à l'ajustement du modèle aux faits de langue les plus divers, les linguistes allemands sont à l'origine de vérifications comparatives et contrastives avec d'autres langues vivantes encore: français, italien, roumain, serbocroate, polonais. Une adaptation aussi poussée, qui se traduit par la publication massive de manuels grammaticographiques et usuels lexicographiques, a vu le jour à la faveur de développements et de modifications. L'évolution se situe dans le temps, dans l'espace et dans le thème. Chronologiquement, on reconnaît trois étapes décisives: les années 70 pour les différenciations morphosyntaxiques, formelles et formalisantes - les modèles phrastiques ont connu un impact informatique certain; les années 80 pour les raffinements pragma-sémantiques évoluant par les rôles et les thèmes vers les mises en scène bien connues; les années 90 enfin, avec leurs distinctions logico-prédicatives en constantes, variables, foncteurs et arguments. Géographiquement, la recherche s'est concentrée sur Leipzig à l'Est, sur Heidelberg-Mannheim à l'Ouest, avec des migrations inévitables pour certains enseignants-chercheurs. D'un point de vue thématique, la phrase, le mot et le texte semblent aujourd'hui tout particulièrement bénéficier du renouveau tesnièreien. Dans le cadre de cette réflexion sur l'influence de L. Tesnière sur la germanistique, sujet familier aux spécialistes, quelques applications à la syntaxe et au lexique, propres aux tenants allemands, et moins connues, seront présentées pour finir. 104 En linguistique allemande, les grandes tendances de l'actualité tesnièreienne sont les suivantes. La dépendance est conservée comme structuration hiérarchique entre unités de toute sorte. Elle se dégage ainsi de l'apparente restriction chez L. Tesnière aux classes/espèces de mots, pour s'appliquer aussi aux morphèmes. En ce temps de grammaire de plus en plus lexicaliste, le retour en force de L. Tesnière s'explique. En allemand en particulier, mais pas exclusivement, les procédés de formation de mot, très productifs pour la langue ordinaire aussi bien que technique, deviennent un champ d'étude privilégié. A ce propos, les récents développements de J. Jacobs (1992) sont importants: la valence est conçue comme faisceau de propriétés réciproquement sélectives, sur les plans sémantique (Arg-Sel), (Sort-Sel), morphosyntaxique (Form-Sel), (Real-Sel) et informatif (Inf-Sel); l'accent y est mis sur les compositions et les intégrations, expliquées, selon la translation tesnièreienne par la montée de la valence/propriété de tête/Kôpfigkeit. Un convaincant transfert se produit alors de la structure syntaxique vers la structure lexicale, où la position de tête est attribuée à des affîxes, celle de complément aux radicaux: -ung -te -ait -ment Begrüß- begrüß- arrange- arrange- Actuellement, la valence est conçue comme régulation plus qualificative que quantitative des dépendances imposées à l'environnement par le verbe notamment. Valence et dépendance tendent ainsi à se solidariser pour aller jusqu'à la gestation prélexicale, prélangagière, cognitive et mentale. L'interrogation porte beaucoup sur la nature et sur l'origine langagière, logique ou existentielle des contraintes de complémentation par des arguments/variables/références. Rv. Polenz (1985, 155) a contribué à cette évolution en inversant, tout en les maintenant, les pratiques valencielles de la première génération. Dans le chapitre «le renversement de la théorie de la valence par la sémantique pratique», il pose la priorité du sens sur ses formes d'expression: «so muß auch die valenztheoretische Frage nach Bedeutungstypen von Verben und ihren Ergänzungen hier umgekehrt werden zur Frage nach semantischen Klassen von Prädikaten und von Bezugsstellen und nach Konstellationen zwischen beiden». Ainsi et à titre d'exemple, le lexème verbal fliehen/se réfugier dans l'acception de «l'émigration politique forcée» impose une contrainte valencielle sur sept acteurs/thèmes/rôles en exigeant sept éléments sémantiquement constitutifs: celui qui prend la fuite, le persécuteur, la raison de la persécution, le pays d'origine, le pays d'accueil, le chemin suivi, le moyen emprunté, et le moment choisi. On ne peut pas passer sous silence la très grande proximité entre ce type de quête de la jeune génération allemande et la recherche intime de L. Tesnière, à en juger d'après les brouillons laissés dans ses manuscrits «les lois profondes soit de notre structure mentale, soit de l'univers dans lequel nous sommes impliqués et dont nous ne pouvons nous déprendre, puisque nous en faisons partie intégrante, et c'est même là une 105 question qu'il pourra être d'intéressant d'approfondir un jour» (L.T., Dossier Réflexions, p. 4, carton XIX). Mais la recherche allemande actuelle porte aussi sur la syntaxe allemande où deux évolutions contraires, mais complémentaires se satisfont particulièrement bien d'explications inspirées de L. Tesnière. Il s'agit, d'une part, du phénomène aujourd'hui en régression, comme le montre Rv. Polenz (1985, 41), à savoir la complexion de la phrase par la subordination et, d'autre part, du phénomène de sa compression par implication, incorporation et ellipse, dont P.v. Polenz (1985, 42) toujours, montre la progression: 1800 1850 1900 1920 Hypotaxe 75 76 57 54 Parataxe 24 24 42 45 opérations responsables de la complexion 16e s 17e s 18e s 19e s 20 157 126 233 opérations responsables de la compression HJ. Heringer (1989, 239) met L. Tesnière à l'épreuve de la complexion de la phrase allemande. Ainsi, il adapte la distinction actant/circonstant en évitant ses inconvénients (l'opposition entre obligatoire et facultatif), pour néanmoins garder l'avantage différenciateur entre complément et supplément d'information et le transférer sur le plan communicatif. Les phrases compléments/ Komplementsâtze sont présentées par leurs indices formels (conjonctions daB/ob; proformes w-); par leurs fonctions (sujet, objetacc/prép) par rapport au verbe ainsi que par la nature sémantique des verbes introducteurs (le champ du dire, du percevoir, du savoir et de la pensée). Les phrases suppléments/ Supplementsàtze sont présentées à travers leurs marques (subjonctions, 0, w-), leur rapport sémantique avec l'ensemble, souvent annoncé par le lexème subjonctionnel, malgré sa polysémie. Une donnée distinctive de l'allemand actuel est sa nature dense et compacte. P.v. Polenz (1985, 25) reconnaît là les effets de procédures de compression, dues à des propriétés de système, la loi d'économie et le principe de pertinence, et à des intentions illocutoires diverses, des stratégies manipulatrices notamment. Un discours aujourd'hui souvent indirect, opaque, riche en sous-entendu et en non-dit, fait appel à des savoirs partagés, étoffés et se réclame d'une compétence linguistique plus subtile, d'une grammaire de l'implicite, de l'entre les lignes (cf. P.v. Polenz, 1985). La théorie tesnièreienne offre là aussi des outils appropriés. Une valence stratifiée jusqu'à son noyau logique montre l'incorporation d'arguments et de rôles sémantiques divers, dans le lexème verbal clouer [instrument], épauler [instrument], travailler [locatif]. De façon générale, la translation se révèle efficace pour saisir la densité de la langue récente. 1940 1960 (Môslein, 187) 38 36 61 64 20e s (Weber, 1971, 216) 322 106 Dans sa grammaire de réception, H.J. Heringer (1989, 297) se concentre sur les problèmes de compréhension aigus que posent les constructions compactes et comprimées. Il les explique comme étant des nominalisations et des adjectivations, selon le principe de la translation du second degré, par la montée valencielle/ Valenzvererbung. Il montre comment la réception sémantique et donc la compréhension, est facilitée par l'identification de compléments et de suppléments, de structures verbales hypostasiées et translatées: die dem Begriff la planification les perturbations der totalitären COMPL OBJ gouvernementale COMPL SUJ cycliques SUPPL Diktatur de de la fécondité entsprechende l'éducation COMPL OBJ par les hormones Vorstellung COMPL SUJ COMPL OBJ COMPL SUJ Comme il le réclame dans sa réflexion méta-grammaticale, ce que L. Tesnière appelle «le génie particulier de l'allemand», se dégage clairement à travers l'ordre d'exposition des faits grammaticaux de cette langue, dans sa «Petite grammaire de l'allemand». Son génie est le fonctionnement de sa plus ou moins grande flexionalité. Le comportement flexionnel qui le fascine tant, dans d'autres langues, notamment slaves et classiques encore, L. Tesnière en donne l'explication sous des formules mathématiques qui, elles, reposent sur des lois universelles. Le génie particulier des linguistes allemands, pour finir, ne réside-t-il pas, lui, dans cette résonance forte de l'oeuvre publiée, qui pourtant reste échantillon et esquisse en dépit des manuscrits volumineux, dont il se révèle être, à travers modulation et variation, un écho harmonieux et précurseur. Bibliographie J. Fourquet (1993) «Ce que je dois à Lucien Tesnière». Dans Gréciano/Schumacher (Eds): Syntaxe structurale et opérations mentales. Actes du Colloque Strasbourg (sous presse). G. Gréciano (1972), Les applications de la grammaire de dépendance au domaine allemand. Thèse de 3e Cycle, Paris-Sorbonne. (1974) «Une nouvelle description de l'allemand». Dans Cahiers d'Allemand 7 (116-128). (1977), «Inhalt und Funktion als Klassifizierangskriterien zu Tesnières Knoten». Dans Heibig (Ed.): Beiträge zur Klassifizierung der Wortarten (284-294), Leipzig. 107 (1991), «Valence, version intégrée». Dans: M. Riegel (Ed), Hiérarchie et Dépendance. Dans l'Information grammaticale 50 (13-19), Paris. (1992), «Supplement und Komplement als Argument. Zur Aufhebung einer syntaktischen Dichotomie durch die Logik». Dans Gréciano/Kleiber (Eds), Systèmes Interactifs. Mélanges en l'honneur de Jean David, Paris (Recherches Linguistiques XVI, (157-172). (1993 a), «Tesnière et la syntaxe allemande unifiée». Dans Madray-Lesigne/ Richard-Zappela (Eds), Tesnière aujourd'hui. Actes du Colloque de Rouen (sous presse). (1993 b), «Le Conglomérat verbal et la Cathédrale de Strasbourg». Dans Gréciano/ Schumacher (Eds): Syntaxe structurale et opérations mentales. Actes du Colloque de Strasbourg (sous presse). HJ. Heringer (1989), Lesen lehren lernen. Eine rezeptive Grammatik des Deutschen, Tübingen. J. Jacobs (1993), «Syntax und Valenz». Dans L. Hoffmann (Ed.), Deutsche Syntax Ansichten und Aussichten, (94-127), Berlin. P.v. Polenz (1985), Deutsche Satzsemantik. Grundbegriffe des Zwischen-den-Zeilen- Lesens, Berlin/New-York. H. Schumacher (1988), Valenzbibliographie unter Mitarbeit von Hagspihl, Mannheim. L. Tesnière (1959), Eléments de Syntaxe Structurale, édités par J. Fourquet, Paris. (inédit), Manuscrits du Fonds Tesnière. Bibliothèque Nationale de Paris, Département des Manuscrits. Povzetek L. TESNIÈRE IN SPECIFIČNI DUH NEMŠČINE L. Tesnière uporablja termin "duh (génie)" v klasičnem smislu brez vrednostne konotacije. Kot germanist izpostavi posebnosti nemščine, s tem pa tudi sam postane predmet raziskav strokovnjakov za nemščino. L. Tesnière (1) je nemški jezik raziskal v njegovi statični in dinamični tipičnosti. Jezikoslovci germanisti (2) pa so iz Tesnièrjeve teorije potegnili neko celostno tipičnost ter jo preverjali na nemščini v stiku in protistavi z ostalimi jeziki. Zdi se, da splošnost prevlada nad posamičnostjo, tako da "specifični duh nemščine" potrjuje obstoj "univerzalnega duha". 108