GÉ OGSAPHIE UNIVERSELLE. GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE A L'USAGE DES COLLÈGES, ©ù fe trouvent la Description des Royaumes , Province» , Villes, Ports Se autres lieux remarquables des quatre par ties du Monde : le cours des Fleuves & Rivières, les différentes Mers qui baignent les deux Continents j les principaux Golphes > Détroits , Caps & Iles qu'elles forment : les Montagnes & les Lacs les plus considérables répandus fur la furface de la Terre. En outre l'Hiltorique de chaque pays ; fes commencemens, la forme de fon Gourvernement, la PuifTance, fes Révolutions , fes Bornes , fon Etendue , fon Induftrie , les Mœurs & les Ufages de fes Habitans, fon Culte , la température du Climat, fes Productions , les fin-gularités de l'Art & de la nature qui s'y rencontrent, les relations qu'il a avec telle ou telle autre Nation : les Sièges que les Villes ont foutenus, les grands Hommes qu'elles ont produits, leur Commerce, leur Population} les Conciles qui s'y font tenus : enfemblc leurs Dégrés de Longitude ôc de Latitude fuivant les meilleures Cartes , & la diftance de celles d'entr'elles qui nous intérefTcnt davantage à la Capitale du Royaume : les lieux nu fe font données les batailles fameu-f es , &c. Par M. Robert; Profejfeur de Philofophie « Cr* de Mathématique au Collège de Châlon-fur-Saône* TOME PREMIER, «i— A PARI Chez Saillant , rue Saint Jean de BeâuvaTs; •g — -a- M. DCC. LXVII. A vec Approbation c> Privilège du Roi y m- m a fflî !!!!! i sa PREFACE. G N reconnoît généralement de quelle utilité feroit pour les Ecudians une Géographie élémentaire bien faite ; mais on en efl encore à la délirer. Parmi ceux qui ont mis la main à l'œuvre y quelques-uns, au lieu d'inftitutions qui fulTent vraiment intéreffantes & inftru&i-ves , n'ont donné qu'une féche nomenclature aufli rebutante qu'infruclueufe. D autres, pour avoir trop fenti ce défaut, fe font jettes dans le vice oppofi: il fcmbie qu'ils fe foienc atta- a iij D. Comment Munfter Eve-» ché , Principauté Eccléfiafti-» que, a-t-eile été le berceau » de Muncer , Auteur de la » Secte des Anabaptiftes en » 163 y? P. Ils s'y Soulevèrent » fous un nommé Bocholi, qui » de Tailleur qu'il étoit^ fe » porta pour Roi : mais il fut PREFACE, xix » puni de more à la prifè de » cette Place. Ailleurs. » D. Comment » tient au Nord du Japon la » Terre de Jeiïb ou d'Yeco , » près de laquelle on trouve » des huîtres d'une aulne & » demie de long ? R. Elle y » tient.... [ notery quelle n'y » tient pas J. /4rr. jfcsfes* J9. » Comment » le Royaume de Tonquin qui » eft au nord de la Cochmchine » Se dont le Roi eft Idolâtre, » Tributaire de la Chine , & » fitué dans un pays chaud , eft-» il tempéré par les Rivières? » R. Il femble avoir un prin-» tems perpétuel, Se les arbres 5> y font toirours couverts de » feuilles ; mais tous les fepe PREFACE. » ans, les ouragans y font ordi-» nairement de grands ravages: » fa Ville Capicale efl Keko. An. AngL » D. Les Villes » de Lancaftre & d'Yorck » étant les principales à remar-» quer dans la partie qui occu-» pe le Nord de l'Angleterre , » quelles font celles que vous » remarquez dans la partie du «milieu? R. Chefter, Briftol, » &c. [ Il n avoit encore été » parlé ni de Lancaftre ni » d'Yorck]. Art. Suijjh. » D Le Couverai nement Républicain eft - il » dans tous les Cantons comme » dans les quatre Proteftans5& » dans Fribourg & Soleure,ou » les feuls Bourgeois des Villes » Capitales ont part au G ou- PREFACE. xxj » vernement ? » R. &c. Dans quelques-unes de ces demandes on voie qu'il difpenfe volontiers le Difciple de çon-noître les Capitales & principales Villes d'une Contrée, pourvu qu'il en alîlgne de Subalternes , ou même de ruinées. D'ailleurs il a peu fçu fe rendre intéreiTant. Par exemple, il ne dit rien de Paris à l'endroit de cette Capitale, finon que c'eft une grande Ville. En quoi certes il n'apprend rien de nouveau ni aux Provinciaux, ni aux Peuples voifins de la France, ni aux Habitans des extrémités de la Terre : & il faut avouer qu'il fatisfaic fort mal la curio-fité de ceux qui toute leur vie n'ayant entendu parler que de xxij PREFACE. Paris, en ouvrant Buffiertrouvent que c'elt une Ville , & une grande Ville. Il aime mieux à l'arc, du Languedoc obfèrver que fon nom fe tire du mot Langue Se du mot Hoc ou du mot Gor, parce que ce pays a été poffédé par les Gots-Vifi-gots : la remarque me paroît un peu Gothique. Maintenant , fi avec toutes ces défeétuofités que nous venons d'alléguer , le Livre de BufEer eft fans contredit ce qu'il y a encore de mieux à mettre entre les mains des Etu-dians (i) ; qu'on juge combien ("i) La Géographie de la Croix eft de nature à erre con mitée plutôt qu'apprife : d'ailleurs nous verrons dans peu jufqu'à quel poinçon doit compter fur cet ouvrage. PREFACE xxiij il étoit utile, pour ne pas dire néceffaire que quelqu'un rentrât dans la carrière. Je l'ai fait. J'ai adopté fa méthode des vers artificiels ; mais j'ai gagné ceci qu'en les refondant , dans le même nombre de vers j'ai augmenté de plus d'un tiers le nombre des Villes Se des lieux dignes de remarque. C'en: là, je crois, multiplier le fervice des vers Techniques, Se les rendre auffi profitables qu'il eft poflible de le faire. On trouvera dans cet ouvrage les notes abondantes Se fore multipliées ; mais mon intention a été qu elles en fiiient une partie principale. De toutes les chofes relatives à laGéographie, que les jeunçs-gens doivent fça- xxiv PREFACE., voir ; Jes unes doivent erre ap-prifes , les autres fimplemenc lues. J'ai mis les unes en demandes , & les autres en notes. C'eft fous ce point de vue que celles-ci font entrées dans mon plan. Un vice commun à tous les Géographes, eft de travailler les uns fur les autres; fi bien que s'il en eft un qui vienne à broncher, ceux qui le fuivent vont tous culbutter les uns après les autres. Et il n'y a pas un remède entier à ceci : il n'efl pas pofîible à un homme d'avoir vû & tenu lui-même toutes les Contrées de ce Globe que nous habitons ; mais du moins aurai-je cet avantage fur la plupart d'entr'eux que je parlerai PREFACE. xxv parlerai d'après moi-même des Peuples & des Pays que nous avons le plus intérêt de con-noître, qui font nos voïfîns, & avec qui nous fommes en de perpétuelles relations. Tels font l'Italie, la SuilTe, l'Allemagne, la Hollande, la Flandre , l'Angleterre , la Savoye, la France même. Entre un Ecrivain qui parle d'après lui-même , & celui qui parle d'après autrui, il y a la différence qui fe trouve entre celui qui voit les objets , les yeux nuds ; & celui qui voit les mêmes objets à travers des verres qui défigurent les objets, les groiiiiTent, les diminuent, les multiplient, les rembrunit-fent y les font difparoître , les b xxvj PREFACE. colorent, en modifient les idées, Se leur prêtent toujours du leur. Il pourra fe trouver quelques-unes des remarques , qui paroi-tront minutieufes à quelques-uns. Mais qu'ils y prennent garde : ce fera peut-être les plus propres à faire connoître le génie des Peuples & la nature du pays dont il eft queftion. Je demande même qu'on me fâche gré d'avoir été affez courageux pour ne les pas laiffer en arrière. Ecoutons le reproche que fait le célèbre J. J. Rouf-feau aux Hiftoriens de M. le Vicomte de Turenne , qui avoient omis ce trait de fa vie que voici. M. de Turenne étoit un jour d'Eté à la fenêtre de fon anti- PREFACE, xxvij chambre en vefte blanche Se en bonnet blanc. Entre un Aide-de-cuifine, qui le prenant pour un fien camarade, s'approche à petit bruit, haufTe le bras Se de toutes fes forces lui décharge un grand coup fur le derriere.M. de Turenne fe retourne: l'autre re-connoifTant fon Maître Se fa mé-prife , tombe à fes pieds pâle & tremblant en lui difant: Monfeigneur, je croyois que ci- toit George.....& quand c'eût été George, dit fans aigreur M. de Turenne ,fallolt-il donc frapper ji'fort ! Aucun*des Hiftoriens delà vie de ce grand homme,ajoute M. Roulfeau, n'a fait mention de ce trait. Ils n'ont ofé. » Mifé-» rables , pourfuit-il, vous n'o- xxviij PREFACE. » fez ! Ceft peut-être le plus bel » endroit de fa vie, le plus pro-» pre du moins qu'il y ait à le » faire connoître ! Je finirai par cette obfèrva-tion dont on pourroit tirer parti touchant le moyen de déterminer l'importance plus ou moins grande des Villes, Ceux qui écrivent fur la Géographie ont une manière de s'exprimer qui pour être commune à tous, n'en eft pas moins vicieufe. Ceft de dire en parlant d'une telle Ville : elle eft grande : elle eft petite; comme fi la grandeur & la petiteflè n'étoient pas des qualités relatives ! Cette façon de parler eft vague & indéterminée, & ne peut point faire connoître PRE F A CE. xxix l'étendue de la Ville en question. Une fouris eft un grand animal en comparaifon d'une fourmi ; & un fort petit en comparaifon d'une Baleine ou d'un Eléphant. On pourroit donc , ce me femble, établir différens Ordres ou Ciafles de Villes. On rapporteroit à celles du premier Ordre toutes celles qui auroient environ un million d'Habitans. Telles font Paris , Londres , Conftantinople, 1C-pahan , Pékin. Celles du fécond Ordre fe-roient Naples , Hambourg , ILyon , Milan, le Caire, 6tc. c'eft-à-dire, celles qui auroient depuis deux, jufqu'à trois & quatre cens mille Habitans. b iij xxx PREFACE. Orléans, Montpellier, Nantes , Strafbourg , Befançon 3 Lille-en-Flandre , la plupart des Capitales d'Efpagne & d'Allemagne , & toutes les Villes qui auront depuis trente jufqu à cinquante ou foixante mille Habitans feront comprimés dans le troifieme Ordre. On rappellera au quatrième celles qui en auront dix ou quinze mille. Telles font Au-xerre, Aucun, Dôle,Nevers, Vienne en Dauphiné , Sens, Viterbe, Langres, &c. Les Villes telles que Châ-tillon-fur-Seine , Moncbard , Saint-Jean-de-Laune , Arnai-le-Duc ; Saulieu, Pontailler, Nuits j Lambefc , Viteau, Bol-fena , Sçc. formeront le cin- PREFACE. quieme & dernier Ordre. Au moyen de cette partition, il lùffit de fe former une idée de cinq Villes prifes des cinq Ordres ; on s'en fervira comme dune meiure commune pour apprécier les autres. L'on fçaura, par exemple, tout d'un coup la grandeur de Nankin ou celle de Quanton, tort qu'on entendra dire que ce font des Villes du premier Ordre : & on le fcaura bien mieux que fi l'on nous difoit que ce font de grandes Villes; car Bourdeaux, Marfeille,Rouen, Touloufe, Vienne en Autriche, Turin, Gênes, Seville, font aufîi de grandes Villes : mais prifes toutes huit enfem- b iv xxxij PREFACE. ble, elles ne valent pas une des deux Villes précédemment nommées. xxxiij TABLE DES LONGITUDES & LATITUDES, Suivant les obfervations les plus récentes. A.Bbevillc. Aberdone. Acapufco. Achem. Açorcs. 'Aftium. Acre. Adam [ Pic d'] Adcn. Agde. Agen. Agra. Agria. Aire. Aire [Ch J Air. Aix-Ia-Chapcllc. Alais. Aleth. Albc-Royale, Longitud. Dcg. M. I5> 16 i*3 3 4* 3 54 38 57 9S 6) 11 18 94 37 20 17 13 a3 xi 15 3^ 33 o 30 3° o o 25 10 8 1? 14 o 3 4P il 55 î* 51 o Latirud. Deg. M; 50 7 57 iî 16 45- 5 o 39 3? 3a 5 *3 43 44 16 47 5° 43 43 y* 44 o 4o 5* o 18 11 45 30 30 47 31 55 8 3? o hv ttmfy TABLE. Lon git.- Latirud.. M. Deg. M. Albi. I? 48 43 35 Alcala. 14 31 4o 3°- Alcancara. ii 35 39 20 ■Alcmae'r. 22 10 51 28 Alcnçon. 17 45 48 15 Alcp. 55 0 35 45 Alexandrettc. 54 0 36 35 Alexandrie. 47 56 31 11 Alger. 21 20 36 3° Alicante. 17 40 38 40 Almerie. 15 45 1* 51 Amafic. 53 40 39 5* Ambcrg. T-9 3° 49 26 Ambert. 11 28 45 28 Ambrun. 14 20 44 40 Amiens. i? 57 49 5 + Amfterdam. 22 39 51 22 Ancirc. 50 25 39 3° Ancone. 3 1 15 43 3* Audrinople. 44 15 41 45 Aneci. 23 44 45 53 Angers. «7 6 47 29 Angoulémc 17 48 45 39 Angra. 55* 0 39 0 Anhalr. 18 O 51 O Anfpach. 28 O 49 14 Amibe. 24 47 43 34 Antioche. 55 IO 3^ 20 Anvers. 22 10 5i 13 Aouft. * 5 3 45 I-.8 Appenzel 27 47 3i Aquila 31 10 4* 20 Aracan, IiO 30 20 Ararac.. 60 0 40 0 A tas. 20 %6 5° J7 1 A H L E. Longitud. Des. M. Archangel. Argos. A rie. Armagh. Arnheim. Afcenfîon. Afti. Aftorguc. Aftracan. Ach. Athcne. Ava. Auch. Avignon, Avila. Avranche, Aiirillac. Ausbourg, Aurun. Auxerre. Abilone. Ba Jajox. Bade. Bade S. Bagdad". Bayeux. Bayonnc. Bnlbafiro.. Bâte. Bambcrg. B.inca Bancok. BapauiKC, B. 57 20 Cafal. Cafal-Maggiore. Ca^e I. Caftre. Ciftre fr. Catania. Caudcbcc. Longitud. Latitud: Deg. M. Deg. M. 27 7 39 2(> ip 7 44 26 3*4 30 4 56 49 6 3° 2 19 27 50 57 93 ;o 11 14 34 33 5* 48 89 0 22 30 ni 30 11 40 20 54 5° 10 93 0 1 r 58 4i f1 3 5 28 18 33 51 17 0 0 14 43 37 44 ' 34 i5 47 •0 71 0 304 O 20 0 31-8 0 45 0 68 0 11 40 8 40 43 12 96 0 6 0 31 55 41 7 20 0 43 10 26 0 49 0 21 42 44 3 17 5 ' 37 l& 302 3° 10 38 26 4 45 7 = 7 50 45 6 27 10 5* 20' 29 15 41 Î3 19 55 43 37 31 54 57 3° .18 22 49 30 TABLE. xx:eix Cefaréc Ccuca. Châîon-fut-Marne. Châlcm-fur-Sônc. Chambcri. Chailfton. Charrre. Charrreufe. Châtcau-Cambrefïs. Chaumonc. Cherbourg, Chcfter. Chichefter. Chichi. Chriftiane, Circnza. Cithere, Civita Vecchia» Ciudad-ReaU Clermont. Clevc. Coblens. Cochin. Coimbre. Coire. Cologne. Colmar. Corne. Compiegne. Compoftclle. Condé. Condom. Congo. Conirancc. Conftanrine. Longirud. Latitud. Ded. M, Deg. M. 5* 0 32 0 10 3? 36 22 48 57 21 31 46 46 23 30 45 3* 197 55 32 5° 19 10 48 27 23 0 45 0 ZI 10 50 3 zz 46 48 <î 58 49 38 29 53 16 55 5o 5° 31 48 42 22. 27 34 59 24 33 40 40 48 40 0 36 O 29 25 42 5 14 10 39 2 20 49 45 42- 2? 8 sQ 24 93 i5 9 58 9 48 40 10 17 8 46 50 24 45 50 55 2f 2 48 4 26 32 45 45 20 Z9 49 24 9 28 41 54 21 IJ 5° z6 ] 8 2 44 0 O 4 0 m 26 58 47 35 2; 12 3^ 4 Conftântinople. Copenhague. Cordouc. Corinthe. Corognc. Coron. Cos. Courtrai. Coutances. Cracovie. Crémone. Culembach. Culm. Cufço. "D Amas» Damiette. Dantzick. Dardanelles, Dax. Delft. Deli. Delphe. Dcventer. Deux-Ponts. Diarbeck. Dieppe. Digne. Dijon. Dillingen; Dinan fr. Dinant. Dixmude. TA B L E. Longitud. Deg. M. 46 33 30 *J 13 48 40 58 9 10 39 40 44 0 10 58 16 12 37 30 17 30 3 45 304 0 54 53 50 0 3^ 11 44 0 16 21 48 97 0 40 0 -3 43 25 6 18 49 13 1 22 30 29 10 15 26 21 34 20 0 41 4 55 40 37 4* 38 14 43 10 36 55 i<5 o 49 * 50 io 45 8 jo 12 53 4 13 oru; 35 0 3i 0 54 22 40 0 43 42 0 28 20 38 0 5l 18 49 20 49 54 44 S, 47 20 48 38 48 27 5° J5 51 Q T A Dol. Dole. Dortdrecht, Douai. Dourlens. Drcfde. Dreux. Drontheim. Dublin. Dunkerquc. Durazzo. Durlach. Dufleldorf. E. E Clufe. [ P ] Edimbourg. Ephcfe. Ipinal. Erivan. Erzerum. Eflech. Evora. Evreux. Exceller. F. f Almouth. Famagoufte, Fcrrare. Fès. Final, l e; H Longitud. Latitud. Deg. M. Deg m. 15 53 48 h *3 10 47 5 22 8 5i 50 20 44 50 22 19 0 49 0 31 16 S1 12 19 1 48 44 28 0 63 15 11 15 53 18 10 0 51 1 37 2 4i 25 27 3 48 58 14 28 51 12. 20 54 51 18 J4 34 55 58 45 8 37 58 24 0 48 ^3 0 40 0 57 5° 40 0 3^ JO 45 3* IO 25 38 28 18 48 49 1 M 10 50 42, 12 36 5° *5 40 35 0 29 20 44 54 13 5° 33 40 l5 5 2 44 18 TABLE. Flèche. [ la ] Fleflingue, Florence. Foix. Fonrarabic. Forçai quicr. Forct-Noirc. Formofe. Fort-Louis. Francfort. Franctoit-fur-rOder. Frejus. Fribourg. Fnboijig-en-Brifgaw. PuWe. Furnc. G. G Aïette. Gailipoli. Gallowai. Gand. Gap. Garnefei. Gaza. Genc. Genève. Gibraltar* Gironc. Glaris. Glafcow. Gloceflre, Gnefiie, Longitud. Latitude Deg. M. Deg. M. 17 32 47 42 21 7 5! 16 18 59 43 46 19 43 2 15 51 43 23 i? 3i 43 5S 25 0 47 0 140 0 21 0 25 44 48 48 l6 M 49 55 31 35 10 14 28 44 25 24 40 46 5° 2-5 31 48 4 17 28 5° 40 20 >9 5' 4 3* 12 4» 30 44 34 40 30 3 32 53 12 2 I 35 5i 3 13 44 44 35 H 0 49 0 52 30 31 28 26 15 44 25 24 0 46 1 2 12 3° 3^ 0 20 3 2 41 5 22 5 2Z 14 5f 52 18 38 5 1 55 21 45 J1 4 17 45 49 29 26 23 49 25 40 0 38 0 44 0 40 0 45 23 40 57 4i 46 »5 31 50 51 2& A B L E. Longi tud. Latîtiid. Deg. M. Deg. M. Hola. 0 0 23 30 Ho m. 22 30 52 38 Huefca. *7 22 40 2 .ttulft. 21 35 5i 16 ï. Ja(ïï. 44 55 47 0 Javarin. M 40 47 45 Jedo. 0 35 J* Jerufalem. 53 0 31 Ile-dc-Fer. o 0 28 5 Ingolftad. 28 45 48 42 Infpruck'. 19 2 47 3 Yprc. 10 32 5° 51 Ijfpahan. 70 3° 32 *7 IiTbudun. I5> 19 4* 5* ïvcrdon. 24 51 4<î 45 Ivica. 19 20 38 42 Juliers. 24 10 50 55 Ivrée. 25 13 45 12 Aminiecki K. 45 5 48 58 Kanifc. 3 5 12 46 23 Kcndalle. 74 35 54 22 Kiovie. 49 26 50 12 Komore. 36 0 47 50 Konisbcrg, 39 10 54 41 L. Y, A Charité. 20 40 47 S Lambefc. 23 0 43 30 Laacaft;c. 14 35/ 54 0 Landau. Landrecie. Langrc. Laodicée. La on. Lariflc. Larca. Laubach. Laufanne. Leiden. Lcipfick. Lciclowe. Lemnos. Lcopol. Lepante. Le(bos. Lcfcar. Lcucadc. Leuvardcn. Liban. Liège. Lille. Lima. Limbourg. Limerick. Limoge. Lincoln. Lintz. Lipori. Lisbonne. Lifieux. Livourne. Londondcrî. Londre. Lons-le< Saunier, Longitud. LatieuJ. Deg. M. Deg. M. 47 4? U xi 18 50 4: *\ 0 47 5t! 54 25 35 3o; 21 »7 49 35 40 40 39 54 39 0 39 2$ 31 zz 4* 2»; 14 10 46 30 22 0 52 io 30 0 51 19 18 \6 43 ? 26 18 51 45 29 3° 41 24 13 18 42 10 I TA Palermc. Paliacate. Palmirc. Pamiers. Pampelunc» Panama. Papoux. Paris. Parme. Paflau. Pachmos. Patras. Pau. Pavic. Pegu. Pckin. Pella. Pembrock. Perigucux. Peronne. Pcroufe. Perpignan. Pctersbourg. Pcsr. Phaltzbourg. Ph ai-fa le. Philisbourg. Pic des Acores. Pic de Tcncriite," Pignerol. Pife. Pifroic. Plaifancc. PJesuOti. ble. Loncitud, Latitude Deg. M. Deg. M. 31 ij 3« 10 98 8 13 34 5* 33 19 43 8 16 10 42 197 10 S 40 150 12 zo O 48 50 18 17 44 50 31 9 48 26" 44 *5 37 20 39 31 38 20 17 6 43 15 26 40 45 1 o I24 3° 17 0 *34 16 39 54 40 11 45 40 5 1 48 18 18 45 18 10 35 49 5J fo 1 43 zo 33 42 41 49 3° 60 0 37 0 47 24 M 56 48 46 40 39 26 8 49 iî 349 3° 38 35 r3 &T 28 3° 24 59 44 37 5 9 . 43 41 28 30 43 55 -7 iS 45 5 4$ 10 57 34 Plimouth. Plosko. Poitiers. Policaftro. Pondichcri. Pont-à-MoulTon. Portalegre. Porto. Portfmouth. Pofega. Pofna. Prague. Precop. Prcsbourg. Prcvefa.tla] Provins. Pui. [le] Uanton. Québec. Quierafquc. Quimpcr. R Agufe. Raftad. Ratisbonne. Rcgio. Rcgio. m. Remircmont. Renne. Refan. Rctlicl. R. Longitud. Deg. M. 37 44 17 33 58 13 11 9 16 32 53 35 38 xo 55 *5 7 4i 4 34 ?i 35 45 35 6 20 15 14 42 57 33 130 43 8 307 47 46 5J 25 15 44 5? 13 3* 47 5* 36 0 42 30 26" 49 48 5* 19 46 48 5' 33 38 38 28 1 2 44 43 14 22 4S 5 17 58 43 15 55 48 3 11 5 49 3S Latitud. Dec. M 5° 51 46 40 11 48 39 41 5° 45 5i S° 46 48 39 48 45 cij TABLE Rké, Rhcims. Rhcinfeld. Rhode. Riga. Riom. Rochefort. Rochelle. [Ja] Rochcftcr. Rhodes. Roane. Rome. Rofc. Rofchild Roiicne. Rotcrdam. Rouen. Ruremonde. S. S Aint-Auguftin. Saint-Bertrand. Saint-JkieuY. Saine Domingue. Saint-Flour. S. Jean de-Mauricnne. Saint-Malo. Saint-Michel. [ Mont ] Saint-Omcr. Saint-Paul-de-Leon. Saint-Vincent, lîr. Saintes. Salamanquc. Sa 1crue. Salins. Long itud. Deg. M. 8 21 45 %i 28 46 0 4* 0 20 46 16 4* 16 37. 18 4 20 14 21 44 30 10 20 48 29 55 41 57 22 0 IS 45 *3 35 198 30 ,18 8 14 47 309 20 45 24 1 If 37 16 2 19 54 39 33* 3° 37 1 1 2 33 32 19 23 36 Latitud. Deg. M. 46 49 15 47 40 3* 24 56 53 45 5i 4(f 2 46 IO 51 XX 44 20 46 2 41 54 42 6 55 40 55 30 5» 57 49 27 51 12 30 O 43 3 48 33 20 45 r 45 18 48 38 48 38 50 44 48 40 24 iy m. 45 38 4i ■ lS S 40 45 4cî 58 T A B L E. Lij Longitud. Latitud. Deg M. Deg. M. Salisbiui. if 55 î1 2 Saloniqnc. 40 48 40 41 Salomon. 250 10 m. SalorncKi. 40 48 40 4i Saltzbourg. 30 5° 47 42 Samarchandc. 26 3° 39 20 Samos. 44 37 San-Iago. 310 0 33 40 m. San-Saivador. Br, 339 35 13 0 Santa-Fc. 271 0 35 J* SaragoU'c. 16 57 4t 47 Sar-Louis. 14 28 49 22 Sarlar. 18 54 45 3 Sarraïo. >6 28 44 40 Sas-de-Gand. 21 20 5i 1 5 Saumur. 17 35 47 1 5 Savonc. 26 t 44 20 Srliafoufe. 26 26 47 39 Schclcftad. 25 11 48 17 Schut. 5 s 4S Sedan. 22 37 49 42 Sécz. J7 4? 4 S 3* Segedin. Scgovic. 33 46 *J 5* 4o 56 Sens. 20 54 43 11 Scvillc. I 2 30 37 10 Siam. Il8 30 H 18 Sienne. • *9 1 43 20 Smaï. 5° !? Sion. 24 45 46 10 Smirnc. 44 59 3« 2 S Soiilons* 20 59 49 iz. Solcurc. 25 5 47 iS Sophiç. 4i 3o 41 33 Sparte. 4® 20 37 10 t. A B L e; < Longitud. Latitud. Deg. M. Deg. M. Spire. 26 7 49 18 Spitzbcrg. 40 80 45 Spolctte. 30 25 42 Sqi'illacc, 34 30 38 53 Staftbrd. T) 16 J2 50 Stctin. 32 33 53 27 SrocKclm. 37 5 59 20 Strasbourg. 25 16 48 35 Studgard. 26 4î 48 5o Sues. 5l 0 2? 4o Suoratc. 90 0 21 10 Sois. 14 42 45 6' t. ' j_ Arbe, 17 4Î II Tarente. 35 0 40 45 Targowirz. 41 40 45 45 Tarragone. 18 41 11 Tavira. 10 y 37 3 Tauris. 64 25 38 2 Tcmcfwar. 10 45 58 Tcxel. 21 10 53 2 Thonon. 24 10 46 22 Thorn. 36 57 52 5* Tolcde. 10 39 5° Tortone. 26 27 44 53 Tortofe. i£ 5> 40 53 Toul. 23 33 48 4o Toulon. i? 42 43 6 Toulcufc. 10 55 43 37 Tournai. 2 r 3 50 i« Tours. 18 20 47 23 Trcbi fonde. 57 20 41 0 Ticgnier, 14 24 48 46 Trente. M8 _ 37 46 0 Trêves.' Trevife. Trévoux. Trincbar. Tripoli. Troyc. Troye. Af. Tulle. Tunis. Turin. V Ai fon. Valence. Valence. Efp. Valence. It. Valencienne; Valladolid. Vannes. Varadin. Varfovie. Udinc. "Vfcimar. Venifc. Verccil. Verdun. Vcronne. Vcrfaille. Vibourg. Vichi. Vicence. Vienne. Vienne. D, Vigo. Longitud. Latitud. Deg. M. Deg. M. M 16 49 46 29 50 45 43 il l5 45 5* 97 5* 11 20 3° 45 31 53 2T 40 48 15 44 39 34 4 . 48 20 28 26 36 40 *5 20 44 5° 2 2 48 44 rr 22 3° 44 58 17 3° 39. 30 z6 1 5 44 58 21 44 50 21 13 34 41 42 14 55 47 39 39 0 46 53 - 8 *4 38 45 5r 3° 48 46 11 19 51 4 o M fo 19 32, i?' 45 30 45 ii 11 37 15 27 44 60 40 î.G 1 35 5o 30 16 19 II il 4 ai 36' 16 13 2* 16" 14 26 10 13 4s Latitud. Dcd. M. 54 32 45 28 49 44 17 3o 50 Q 53 5* 42 2 5 5 54 44 28 51 38 48 25 55 4* 40 34 59 5 3 43 49 41 18' 44 1 y a. 8 5 3 H 47 47 28 52 U î I N; GÉOGRAPHIE GEOGRAPHIE UNIVERSELLE. LTest-ce que la Géographie ? R. Ceft la defcription du Globe Terreftre (i). D. Qu'eft-ce que Je Globe Terreftre ? R. Ceft cette malTe compofée de terre & d'eau que nous habitons, ôc qu'on appelle Terre. (O On lui donne le nom de Terreftre «on quant à la fuperficie : car envifagée de la forte, on auroit autant & plus de raïfon de l'appeller Globe aqueux; les eaux occupant une partie de la furface du Globe au moins aulïi grande que les Terres ; mais il a le nom de Terreftre à raifon de la foli-dité, celles-ci ayant environ 5000 lieues de diamètre, & la mer n'ayant guère plus d'une lieue de profondeur. Tome I. A 2 ' Géographie D. Puifque vous lui donnez le nom de Globe , elle eft donc de figure ronde? R. Oui : elle eft ronde ou pref-que ronde (i). Ci) Entre une infinité de preuves folides Se inconteftables de fa rondeur, je n'en veux qu'une, c'en; que de 15 dégrés en 15 dégrés de longitude» il y a une heure de différence pour le lever & le coucher du Soleil. Il eft midi à Vienne en Autriche, lorfquMl n'eft qu'onze heures du matin à Paris. Ileftfept heures 32 m. du foir à Pékin capitale de la Chine , lorfqu'il n'eft que midi à Paris. Il eft nuit à Rome & à Copenhague, qu'il y a encore une heure de jour à Madrid & à Edimbourg. Quant aux montagnes les pius élevées qui font répandues fur la furface de la terre, elles ne font point capables d'en altérer la rondeur. Car elles font par rapport à la Terre, ce qu'eft une tete d'épingle fur un Globe de quatorze pieds de circonférence. Au refte des expériences faîtes avec foin & des raifonnemens fort judicieux, rendent probable qu'elle eft applatie vers les Pôles. La furface des eaux eft aufli fphérique. Si un VailTeau s'éloigne du Port, la première chofe qu'on en verra difparoitre fera le bois ou corps du Vaifleau, enfuïte une partie des mâts, puis les mâts tout entiers , UnivcrCette. ^ D, La Terre eit-elle bien étendue ? R. Elle a environ neuf mille lieues de circonférence. Terme9particuliers à la Géographie. Ile, Ifthmc, Lac , Détroit, Cap, Golphe, Continent , Prcfqu'ile , Nord, Midi, Orient t Occident. Se ceux qui feront dans le Bâtiment verront difparoître d'abord les Terres Se le pied des Tours, puis le milieu de ces mîmes Tours, enfin le fommet. Au contraire fiun Vaifleau arrive d'une courfe tirant au Port, du rivage on verra d'abord paroître la fommité des mâts, puis les mâts entiers, enfuite le bois du VaifTeau : Se ceux de l'équipage verront d'abord paroître Se comme fortirde l'eau le haut des Phares des Tours Se des Montagnes, puis le milieu de ces mêmes objets , enfin le pied Se le rivage. Ainfi' que celle de la mer, la furface des lacs & des étangs eft aufli convexe. De-la vient que ceux qui pafTent pour la première fois à l'extrémité d'un lac de 10 ou 12 lieues de longueur voyent (nonfans furprifepourtant) que leur vue ne porte pas à 10 ou 12 lieues, ainfi qu'ils fe l'étoient promis; mais bien qu'elle fe trouve bornée à deux lieues environ de l'endroit où. ils font. Aij 4 Géographie-Termes relatifs à la Terre. D. Qu'eft-ce qu'une Ile ? R. Ceft un elpace de terre environné d'eau de tout coté. D. Si cet efpace environné d'eau communique a la Terre par quel-qu'endroit , comment l'appelle-t-on ? R. Prefqu'ile ou Peninfule. Les Anciens le nommoient Gherfo-nefe (i). (i) La Crimée étoit dite CherfonefeTauri-que 8c le Jutland , qui fait partie du Royaume de Dannemarck, Cherfonefe Cimbri-que. L'Afrique n'eft autre chofe qu'une vafte prefqu'ile quicommunique au refte du vieux continent par Pifthme de Suez. L'Europe, l'Aile, l'Amérique feptentrionale & méridionale , font encore autant de grandes prefqu'iles. Le nom de Prefqu'ile fe donne quelquefois à des contrées qui n'ont prefque rien de commun avec les îles : c'eft ainfi qu'il fe donne à la Bretagne , à la Natolie , à la pointe d'Aile, qui aboutit à l'Ile de Cey-lan. Où l'on voit que la Prefqu'ile ne fup-pofe pas l'Ifthme. Univcrfdlc. ^ D. Qu'eft-ce qu'un Ifthme ? R. Ceft une langue de Terré qui réunit la Prefqu'ile au continent. D. Quelle eft la grandeur hdes Iles ? R. Les unes contiennent plu-fieurs Royaumes , les autres n'en contiennent qu'un : d'autres ne renferment qu'une ville & un territoire plus ou moins grand. Il y en a , Se c'eft le plus grand nombre, qui ne contiennent que quelques habitations éparfes. Enfin il en eft qui ne conliftent qucn un Rocher ou quelque chofe de tel. D. Les Iles ont-elles été de tout tçms ? R. La plupart ont cxifté telles depuis la création du monde: il y en a qui ont commencé a paroître au - deiTus des eaux dont elles avoiçnt été enfevelies jufque-là. D'autres enfin , ont été feparées des Terres de la main des Hommes , par des coups de mer, ou par des tremblemens de terre. C'étoit auparavant des Prefqu'iles. f Géographie D. Où fe trouvent les Iles ? R. Dans les Mers, les Lacs, les Rivières, ou les Etangs. D. Qu'appelle-t-on Pointe? R. Ceft une langue déterre qui s'avance dans la mer. D. Si cette langue de terre a de l'élévation quel nom prend-elle ? R. Celui de Cap ou de Promontoire (i). jy. Qu'entend-on par Continent? R. On appelle Continent les plus grands efpaces de terre fermés d'eaux qui foient fur la furperficie du Gîôbe. On les appelle aufîi Terre ferme. D. Ils ne différent donc pas des Iles ? R. Non : fi ce n'eft par leur étendue qui eft plus grande. D. Combien y en a-t-il ? jR... Deux. D Qu'appelle-t-on Terres intérieures ? (i) Sur les côtes de France le Cap eft quelquefois appelle Chef, Tête, Bec. Univerfdle. j R- Ce font celles qui ne font pas à la proximité des Mers j mais en font au contraire fort éloignées. D. Queft-ce que les Terres maritimes ? R. Ce font celles qui avoifment la mer. On leur donne aufli le nom de Côtes. D. Qu'cntend-on par Rivage ? R. On entend & les eaux qui joignent les terres , & les terres qui font baignées par les eaux. D. Comment appelle-t-on la partie de la côte que la mer couvre & découvre par ion flux & reflux? R. On l'appelle Grève. D. Queft-ce qu'une Montagne, une Colline , un Tertre (i) ? R. Une Montagne eft une émi- (i) Montagne & Mont font des mots fynonimes. Cependant celui de Mont fem-ble affecté aux Montagnes fameufes ou remarquables par quelqu'endroit. On dit le Mont /Ethna , le Mont Liban, le «Mont Caucafe,le Mont Saint-Michel, le Mont Jura , le Mont Cenïs, le Mont Atlas, le Mont Saint-Gothard. Aiv 8 Géographie nence de la Terre de la plus grande élévation , une Colline eft uneemi-nence d'une moyenne élévation, 6c le Tertre une éminence la moindre de toutes. D. Quelle eft la hauteur des Montagnes ? R. Elles ont jûfqu à trois lieues de hauteur perpeadieu!aire. D. Queft-ce qu'une chaîne de Montagnes ? R. Ceft une fuite non-interrom-pue de Montagnes qui s'étend a une longueur confidérable : telles font les Alpes & les Pyrences (i). O) Les Montagnes , principale caufe de la folidité de la maffe terreftre , doivent être comparées aux os du corps animal. Les Pyrénées communiquent aux Ce-vennes, celles-ci aux Alpes, les Alpes à l'Apennin Se aux Monts Krapacs , qui fe rendent l'un Se l'autre au bord de la Mer Noire, au-delà de laquelle ils fe perpétuent par le Mont Taurus jufqu'aux limites orientales de l'Afie. Les Cordillères du Pérou ont douze cens lieues Se plus de longueur, celles du Brefil en ont autant. Univerfe/le. ^ D, Quel nom reçoivent les Montagnes ifolées. R. Quelquefois celui de Pic, comme le Pic de Téneriffe , dans les Canaries ; le Pic du Midi, dans les Pyrénées ; le Pic d'Adam , dans l'Ile de Ceylan , &c. D. Le fommet des hautes Montagnes n'eft-il pas en tout tems couvert de neige & de glace ? il. Oui : même dans les pays fort chauds. Cela n'eft cependant pas général. D. Que veulent dire les termes Plaine & Campagne? il. Une Plaine eft une étendue de terre placte & unie , c'eft-à-dire , qui n'a ni élévation ni enfoncement fenfibles. Si elle a une grande étendue , elle reçoit le nom de Campagne. D. Qu'eft-ce qu'une Vallée ? il. Ceft le terrain qui fe trouve entre deux Montagnes & qui en fait la léparation. Le fond ordinairement en eft arrofé de quelque rivière ou ruifTeau. 10 Géographie D. Qu'eft-ce qu'un Vallon? R. Un fond fitué entre des Collines s'appelle Vallon. Quelquefois les Vallées dont les pentes font douces & faciles, ou bien celles dont le fond eft à fec, reçoivent le même nom. D. Comment appelle -1- on le penchant d'une Montagne ? R. On l'appelle Côte , & celui d'une Colline fe nomme Coteau. D. Qu'eft-ce qu'une Roche, un Rocher , un Roc ? R. Une Roche eft une mafte ou un bloc énorme de pierre ; plufieurs de ces maifes forment un Rocher, & un lit de pierre que l'on découvre en creulant la terre reçoit le nom de Roc (i). Z>. Que veulent dire en Géographie les mots Pas , Col, Gorge T -R. Us défïgnent un chemin étroit éfilé? (O Si les Roches ou les Rochers reçoivent les fondemens de quelques ccnftruc-tions > ils prennent auiîî. le nom. de Roc. Univcrfeîle. j r ce refTerré entre des Montagnes. -D. Qu'eft-ce que des Landes. R. On donne ce nom à des Terres ftériles. D. Qu'eft-ce qu'un Volcan ? R Ceft une Montagne qui renfermant dans fon fein des mines de foufre 6c de bitume , vomit des tourbillons de fumée, de cendres 6e de flammes. Telles font le Véfuve au Royaume de Naples, 6c le Mont Gibel en Sicile. D. Que fignifient ces mots Dunes & Falaifes ? R. Les bords de la mer lorfqu'ils font formés par de petites éminen-ces de fable, s'appellent Dunes ; ils s'appellent Falaifes, s'ils font formes par des Rochers hauts 6c ef-carpés. D. Qu'entendez-vous par bois, Foret , Parc? R. Le Bois eft une étendue de terrain couverte d'arbres. Si cette étendue eft très-confidérable , elle fe nomme Forêt: 6c un Bois fermé de murs fe nomme Parc. A vj 12 Géographie D. Qu'eft-ce qu'un Defert ? R. Ceft une contrée ftérile & inhabitée , dont le fond eft ordinairement pierreux ou fablonncux. D. Que veut dire Région? R. C'eft une partie notable d'un Continent : telle eft la France ,l"Ef-pagne, &c. D. Qu'entendez-vous parla partie haute & la partie baffe d'une Contrée ? R. Une Contrée fedivife en haute & baffe par rapport a fa fituation près de certaines montagnes, ou par rapport au cours d'une ou de plufieurs rivières qui la traverfent, ou enfin par rapport aux mers qui ravoifinent. i°. La partie d'une Contrée qui joint les Montagnes eft dite haute , & on appelle baffe celle qui s'en éloigne davantage. 2°. Si une Contrée s'étend jufque fur les bords de la mer, on nomme haute la partie qui en eft la plus diftante, & on nomme balTe celle qui en eft baignée. Univerfelle. T^ 3°* Si une Région s'étend le lono-d'une rivière, la partie qui eft le plus près de la fource , reçoit le nom de haute, & celle qui eft plus près de l'embouchure reçoit celui de baffe (i). D. Qu'eft-ce qu'un Arfenal? R. Ceft un vafte Magafin approvisionné d'armes & de toutes les chofes néceffaires a la âéfenie. On donne aufli ce nom aux Ports qui font deftinés a la conftruction des Vaiflêaux, & où fe trouvent tous les matériaux propres a cet effet. D. Que fignifient les mots Villes , Bourgs , Villages, Hameaux ? R. Les Villes font de grands allémblages de maifons ordinairement entourés de murs dont les (i) Le Maître aura foin de faire remarquer à fon Difciple fur quoi font fondées ces dénominations, & qu'elles ne font point arbitraires ,maïs prifes dans la nature même des chofes ; les eaux paffant toujours des endroits les plus élevés aux plus bas , & les rives de la mer étant plus baffes que les terres intérieures. Géographie Habitans forment des Communautés. Un Bourg efl un petitit lieu qui a droit de Marchés, mais où il n'y a point de Communautés. Un Village ne diffère guère du Bourg qu'en ce qu'il eft moins considérable. Le Hameau eft un petit Village où il n'y a que très-peu de mai Ions , & où il ne fe trouve point d'Eglife Paroifîiale. Termes relatifs à PEau. D. Qu'eft-ce que la Mer (i)? R. Ceft ce grand amas d'Eau qui enveloppe la Terre. On lui donne auffî le nom d'Océan. D. Qu'eft-ce que la haute Mer ? R. C'en eft la partie la plus (i) Ce terme répond à celui de Continent. Le nom d'Océan femble être fpécialemcnt affecté à la Mer qui entoure notre Continent, & celui de Mer réfervé aux Mers qui enveloppent le Nouveau Monde. Univerfelle. xs éloignée des Terres ( i ). D. Qu'eft-ce qu'un Golphe & une Baye ? R- Un Golphe eft une portion de Mer qui s'avance dans les Terres. La Baye ne diffère du Golphe qu'en ce qu'elle eft de moindre étendue, & que les Vaiffeaux y font garantis de certains vents (2). D. Qu'eftce qu'une Anfe? R. Ce n'eft autre chofe qu'un Golphe, mais plus petit encore que la Baye. D. Qu'eft-ce qu'un Détroit? R. Ceft un bras de Mer refferré entre deux Terres, lequel réunit deux Mers enfemble. Tel eftleDé-troit de Gibraltar, par lequel l'Océan communique à la Méditerranée (3). _ (1) Elle eft analogue aux Terres intérieures. (2) Il y a des Golphes qui font fi évafés, qu'ils paroiflent n'avoir ce nom que par ufurpation. Tels font ceux de-Lyon, de Gènes , de Gafcogne , &c. (3) Cette dernière que les Anciens appel- t. 6 Géographie D. Que veulent dire en Géographie les mots Manche , Canal ,Pas, Permis , Bras, Phare , Bofphorc, Euripe (i). R. On les employé aiTez fouvenc au lieu de Détroit. On dit, le Bof-phore de Thrace ou de Conftan-tinople , le Phare de Melîine, le Canal de Mozambique , le Pas de Calais , le Permis d'Antioche , le Bras de Saint-George. Le nom d'Eu-ripe eft donné au Détroit qui féparc de la Grèce l'Ile de Négrepont. Enfin le nom de Manche eft aftecTx- au Détroit qui féparela France de l'Angleterre- 7J. Que veut dire Archipel ? R. Ceft une Mer parfemée d'Iles. £>. Qu'eft-ce qu'un Port ? loîent Mer interne , peut être regardée comme un Golphe de l'Océan, qui reçoit le nom de Mer à caufe de fon étendue. Le Golphe eft analogue à la Prefqu'ile , 8c le Détroit l'eft à l'ifthme. (i) Bofphore, c'eft-à-dire, Trajet de Mer qu'un bœuf peut jalfer à la nage. Univcrfelle. Xj R- Ceft un efpace de Mer compris dans les Terres, où les Vaif-lcaux font à l'abri des gros tems, 6e ou ils viennent faire leur décharge , 6c prendre leur cargaifon (i). JD. Ne diftingue - t - on pas les Ports en Ports de Havre 6c Porcs de Barre ? R. Oui : le Port de Havre efl celui où les VahTeaux peuvent entrer en tout tems ; 6e le Port de Barre eft celui qui étant fermé par un banc de roche ou de fable, ils ne peuvent y entrer que de pleine Mer. D. Queft-ce qu'un Havre? 'R. Havre 6c Port ont à peu près la même lignification. D. Qifeft-ce qu'une Rade? R. Ceft un efpace de Mer peu éloigné des Côtes, où les VahTeaux (i) Ils font pour la plupart couverts par des Montagnes , des Moles , des Digues ou Jettées , contre lefqueiles viennent fe rompre les Y3PUCS. i8 Géographie peuvent mouiller & demeurer a l'a- tri de certains vents. D. Qu'eft-ce qu'une Plage? R. Ceft une Mer baffe vers un rivage plat, étendu en ligne droite , où les V aiflèaux ne peuvent le mettre à l'abri. D. Qu'eft-ce que le Flux & Reflux? R. Lorfque la Mer s'enfle 6c fe gonfle de manière à s'épancher fur les Côtes baffes , c'eft le flux. Et c'eft le Reflux, lorsqu'elle fe retire 6c s'abbaifle le long des Côtes. Elle employé environ lix heures à monter & fix heures à defeendre (i). JD. Qu'appelle - t - on Hauts-fonds ? R. Ce font des endroits dans la Mer, où les eaux ont peu de profondeur. D. Qu'eft-ce que Bancs de Sable? ■R. Ce font dans la Mer des amas (i) Le Flux & Reflux n'eft pas fenfible dans la Méditerranée. Univerfelle» t^ . Que veut dire le mot Etat? R. Il défigne un ou plufieurs pays qui reconnoïlfent un Chef quelconque établi pour les gouverner , lequel efl: appelle du nom Général de Souverain. D. Quel nom donne-t-on au Souverain d'un Etat Monarchique? R. Celui.de Roi ou de Prince, & a l'Etat celui de Royaume. D. Quelle différence y a-t-il entre un Roi ce un Empereur ? R. Il n'y en a que pour le nom : cependant on donne la Prééminence à I Empereur. Ses Etats reçoivent le nom d Empire. D. Que veut dire le nom de Puif-fance, & celui de Tête couronnée ? R. Le nom de Puifîance s'applique à toute Domination confidé-rable, foit Monarchique foit Républicaine: le nom de Tète couron- Ariftocratique Se Démocratique, comme celui de Hollande. D'autres enfin qui réunifient la Monarchie , l'Ariftocratie & la Démocratie j tel eft celui d'Angleterre, Univerfeïïe. née efl affe&é aux Empereurs 6c aux Rois. jD. Les Têtes couronnées n'ont-elles point le pas fur les Républiques ? R. Oui : les Têtes couronnées ont le pas fur les Républiques ; cependant il y a certaines Républiques qui jouiffent des mêmes prérogatives que les Têtes couronnées , vont de pair avec Elles , & reçoivent en toutes occafions les mêmes traite-mens. Telle eft la République de Venife parmi les Puiflànces de l'Europe. D. Quel eft celui que Ton regarde comme le premier Souverain de la Terre ? i£. Dans toute la Chrétienté , le Pape eft regardé comme le premier ; non pas tant pour la puiflance temporelle que par vénération peur le Vicaire de Jcfus-Chrift , le fuccef-feurdeS. Pierre, & le Chef de la vraie Religion. D. Qu'eft-cc que les Electorals? R* Ce font de petits Etats en 13v 34 Géographie Allemagne , donc les Souverains ont le droit délire l'Empereur. D. Qu'appelle-t-on Audiences ? R. C'eft un nom que portent les Tribunaux de Juflice établis en Amérique par les Efpagnols. JD. D où tirent leur origine les mots Ducs , Marquis, Comtes? R. Le premier de ces titres de dignité, celui de Duc , s'accordoit à ceux des Seigneurs de 1 Etat qui avaient le commandement des Armées ( Exercituum Dux ). Celui de Marquis fe donnait à ceux qui étoient prépofes à la défenfe des Frontières qu'on .appelloit Marches ( Marchio ). Et celui de Comte s'at-tribuoit aux autres qui compofantla Cour du Souverain , étoient fréquemment auprès de fa perfonne ( Comités ). Z). Tous les Peuples font-ils réunis fous quelqu'efpéce de Gouvernement? R. Non : il y a fur la Terre des Peuples qui n'ont aucun Régime, on les nomme Barbares. Et sïls Unîverfclh. font dans une ignorance entière des Arts, que leurs mœurs ne foienc aiïujéties à aucunes règles, qu'ils foienc difperiés & n'ayent aucune demeure rixe, on les nomme Sauvages. D. Quelles font les Religions qui font répandues fur la Terre, & combien y en a-t-il ? R. Il y en a quatre principales auxquelles les autres peuvent ie rapporter : favoir, la Religion Chrétienne , la Juive, la Mahometane & la Pavenne. - D. Qii'eft - ce que la Religion Chrétienne , ou le Chriftianilme ? R. C'eft la Religion établie par Jefus - Chrift , qui ordonna à fes Apôtres de l'annoncer par toute la Terre. D. Qu'eft-ce que la Religion Juive , ou le Judaïfme ? R. C'eft la Religion que Dieu donna à Moïfe fur le Mont Sinaï, laquelle n'étoit que la figure de la Religion que le Chrift devoit établir dans la fuite des fiécles. B vj ~£ Géographie J). Qu'eft - ce que la Religion Mahometane ou le Mahometifme ? R.-C'eft une Religion mêlée du ChrifHanifme 6c du Judaïfme , qui fut établie vers Tan 600 par l'im-pofteur Mahomet, 6c s'étendit en-fuite par la force 6c l'artifice juf-qu'au point qu'elle règne aujour-iatiùi depuis le Détroit de Gibraltar iufqu'aux Indes. D. Qu'eft - ce que la Religion Payenne ou le Paganifme? R. C'eft une Religion qui rend un Culte aux Idoles. D. Combien y a-t-il de Langues ? R. Prefqu'autant que de Peuples différens. JD. Comment employé-t-on les mots Limites 6c Frontières ? R. On dit les Limites d'une Province 6c les Frontières d'un Etat. JD. Queft-ce que des Provinces Limitrophes ? R. Ce font celles qui ont des Limites communes. Univerfclle. Divijion générale du Globe Terreflre. D. Comment fe divife la furface du Globe terreftre ? R. En deux parties : la Terre & la Mer. D. Quelle eft la divifion de la Terre ? R. Elle fe divife en deux grandes étendues , que Ton appelle Continents , autour defquelles il s'en trouve de beaucoup moindres , que 1 on nomme Iles. T). Que comprennent ces deux grandes portions de la furfa'ce de la Terre , que vous appeliez Continents ? R. L'une renferme l'Europe, FAfie & l'Afrique : elle fe nomme le Vieux Continent ; & 1 autre l'Amérique: elle a le nom de Nouveau Continent (i). (i) Quelques uns ont prétendu que l'Amérique tenoit à PAile , &que dès lors elle nefaifoitpas un autre Continent; mais fui- 38 Géographie où viennent les Dénominations de Vieux 6c de Nouveau Continent ? R. Celui où nous fommes a le nom de Vieux Continent , parce qu'il a été connu ck habité de tout tems : l'autre a le nom de Nouveau, parce qu'il étoit inconnu aux anciens , 6c n'eft découvert que depuis environ 270 ans. D. La Terre a donc quatre parties principales ? R. Oui : ce font l'Europe, l'Afie, l'Afrique 6c l'Amérique. vantles dernières découvertes, elle eft entourée d'eau de tout côté. Les Habitans qu'on a trouvé en Amérique lors de fa découverte , ne doit pas faire conclure qii'elle fût connue aux Habitans de l'autre Continent. L'Amérique n'eft pas bien éloignée de l'Afie vers le Nord-Eft du côté de la terre d'Yeço ; & il eft bien pof-fible que des Afiatiques y euflent été jettes par une tempête. Dans le Vieux Continent, Europe , Afie, Afrique. Au Nouveau, comme une Ile eft la feule Amérique. Univerfelle. ^ ,Or "O"; "O" ^ 'O" 'O' ^ ^> EUROPE- jD. Qu'eft-ce que 1 Europe ? R. C'eft une des quatre parties du Monde. Elle eft celle qui a le moins d'étendue , mais elle eft des plus peuplée , des mieux policée, les Arts & les Sciences y font en vigueur, & par-defïus tout; elle a l'avantage d'être le fiége de la vraie Religion. D. Quelle eft l'étendue de f Europe ? R. Du Septentrion au Midi, elle a neuf cens lieues , ce huit cens de l'Orient à 1 Occident (i). , JD. Quelles font les bornes de l'Europe? R. Elle eft bornée au Septentrion 3c au Couchant par l'Océan ; au Midi par la Méditerranée , qui la fépare de l'Afrique ; & à l'Orient (i) Du Cap-Nord à l'extrémité de la Morée, & du CapFiniftcrrc* à Conllantino-ple ou aux rives delà Mer Noire. 40 Géographie elle eft bornée par la même Mer 6c le Don qui la féparent de l'Afie ( r ). D. Quelles lont les \ principales Régions de l'Europe , 6c combien y en a-t-il ? R. H y a dix Régions principales fen Europe comprifes dans les deux vers fuivans : France , Angleterre, Efpagne , Allemagne, I'alîe, Turc , Hongrois, Polonois , Rufie & Scandinavie. ^ Les dix principales parties de l'Europe font donc la France , l'Angleterre , l'Efpagnc , l'Allemagne , l'Italie, la Turquie , la Hongrie , la Pologne , laRuflieou Mof-covie , 6c la Scandinavie (2). {1) Cette partie de la Méditerranée qui va du Sud au Nord, a le nom d'Archipel ou Mer Egée dans fa partie Méridionale , de Mer de Màrmora dans la partie du milieu , Se de Pont-Euxin ou Mer Noire dans la Septentrionale. Le Don eft le Tanaïs d'autrefois. (1) La Scandinavie, autrement dite les Couronnes du Nord , comprend les trois Royaumes de Dannemarck, de Suéde.& de Norvège; Univerfdle. ^ D. Quelles font les Villes CapU taies de ces dix contrées? R* En France c'eft Paris , en Angleterre Londres, en Efpagne Ma* drid & Lifbonne, en Allemagne Vienne en Autriche , en Italie Rome, en Turquie Conftantino-pie , en Hongrie Bude & Prefbourg, en Pologne Cracovie et Variovie, en Ruflie Peterltoûrg & Moskow, dans la Scandinavie Stokolm & Copenhague i . (i) A proprement parler, il n'y a enAîfe-mairie aucune Ville qui pùïffe fe dire Capitale deFAllemngne , attendu la pluralité des Souverains. Vienne eft feulement la Capitale de l'A •itriche : avec Vienne les principales font Francfort, Drefde, Berlin, Hambourg. Ce que nous venons de dire de l'Allemagne, il le faut dire de l'Italie, delaSuifTe, de la Hollande Rome à* vrai dire n'eft la Capitale que Je l'Etat Eccléfiaftique & non de l'Italie. CeT-tre lui feroït difputé à bon droit par les Villes de Naples , de Venife, de Florence, de Turin, de Milan & de Gènes. Cette remarque eft mieux fondée encore 42 Géographie D. N'y a-t-il que ces dix Régions en Europe ? R. Il y a outre cela quelques Contrées de moindre étendue , & qui peuvent fe rapporter a quelques-unes des grandes dont nous avons fait mention. Ce font les Pays-Bas, dont les Villes principales font Amf terdam & Bruxelles ; les Suiffes, dont les principales font Berne, Bafle & Genève ; enfin la Savoye qui a pour Capitale Chamberi (i). D. Combien y a-t-il de Républiques en Europe ? R. Quatre grandes, & quatre par rapport à l'Italie que par rapport à l'Allemagne. Car en Italie il n'y a point de Confédération entre les divers Souverains, en vertu de laquelle ils reffortilTent à un Chef. Le Grand Duc de Tofcane , le Roi de Sar-daigne , la Seigneurie de Venife, n'a rien de commun avec le Souverain de l'Etat Ecclé-fiaftique. (i) Les Pays-Bas fe rapportent commodément , partie à l'Allemagne , partie à la France : la SuifTe à l'Allemagne - & la Savoye à l'Italie. UmverfelU. ^ petites. Les quatre grandes font les Provinces-Unies, la Suiife, Venife ce Gènes. Les quatre petites font Genève, Lucque, Saint-Marin & Ragufe (ij. FRANCE. D. Qu'eft-ce que la France ? R. C'eft une des dix Contrées principales de l'Europe. - D. Quelle eft fon étendue? R- Elle a deux cens lieues du Nord au Sud , & prefqu'autanc de l'Eft a l'Oueft. F). Quelles font fes bornes? R. Elle a pour bornes au Septentrion la Mer, qu'on appelle Manche , qui la fépare de I Angleterre , & les Pays-Bas ; au Midi la Méditerranée & TEfpagne , dont elle eft t Ci) On dît les Etats Généraux des Provinces-Unies la Seigneurie de Venife , la République .de Gènes, les Cantons Suif ies , les Ligues des Grifons. 44 Géographie icparée par les Pyrénées ; a l'Orient elle a les Alpes èc le Rhin , les Alpes qui la léparent de l'Italie, de la Savoye & des Suifles ; & le Rhin qui la fépare de TAllemagne ; enfin à rOccident elle eit baignée de l'Océan (i). D. Quel nom portoit autrefois la France ? R. Celui de Gaules. JD. Quels font les avantages dont jouit la France ? R. Sa fituation eft des plus avan-tageufe; elle eft fous un Ciel tempéré , elle jouit d'un air pur & fain, elle produit abondamment les chofes néceflaires à la vie , les Arcs ce les Sciences y font en vigueur, fes Habitans font polis & aifables 3 Ci) D'où l'on voit combien la France eft avantageufement fïtuéc Se pour le'commer-ce, étant fur les Deux Mers; & pour la paix 8c la tranquillité , étant circonferite de bornes qui ne font pas arbitraires, mais pofées de la main de la nature, Univcrfeïle^ ^ francs , actifs & laborieux ; mais un peu légers (1). D. N eit-elle pas un Royaume fort ancien ? R- Oui : c'eft la plus ancienne Monarchie de l'Europe , ayant commencé vers l'an 420 de Jefus-Chrift. D Eft^elle bien peuplée ? R. Elle renferme plus de vingt millions d Habitans (2). D. Quelle Religion fuit - on en France ? R. La feule Religion Catholique f3). (O Quant à fa ricHenê» la fomme mo-noyée ou en efyéccs fe porte à neuf cens Huilions. Et l'on tltime qu'il y a douze ou quatorze cens millions en matières d'or Se d'argent ccuvrées. (2) Quicompofent quarante mille Pr*roi£ fos. La France a quatre ou cinq cens Villes fermées .dont feptante ou quatre-vingt ont au-delà de vingt mille Habitans. On y fait nombre de cinq cens mille Fccléfialliques. (3) En 1685, Louis XIV. révoqua le fameux Edit de Nantes, par lequel Henri IV. avoit permis l'exercice de la Religion 46 Géographie D- Quels font ceux de fes Rois les plus diftingués? R. Pharamond fon Fondateur, Clovis premier Roi Ch étien, Char-lemagne fécond Roi de la féconde race , & Empereur d'Allemagne , Louis IX. révéré parmi les Saints, Louis XII. le pere de la Patrie, François J. le reftaurateur des Lettres , Kenri IV. que la France regrette encore aujourd'hui, ce Louis XIV. dont la renommée a publié la grandeur par toute la Terre. D. Quel titre prend le Roi de France ? R. Celui de Très - Chrétien , 6c de fils aîné de TEglife. D. Quels Ordres de Chevaliers y a-t-il en France ? R. Il y en a plufieurs, dont le plus illuftre eft l'Ordre du Saint-Ej'prit. D. Comment divifez - vous la France ? R. En trente-un Gouvcrnemens, dont les Gouverneurs ne prennent les ordres que du Roi. De ces Univcrfelle. trente-un Gouvcrnemens, il y tn a dix-neuf au circuit du Royaume, &: douze au-dedans. JD. Comment font diflribués les dix-neuf Gouvernemens qui font au Circuit? R. Il y en a fix à l'Orient, cinq au Midi, cinq à l'Occident, ce trois au Septentrion. D. Quels font les fix de TOrient ? R. Ce font TAlface , la Lorraine, la Franche-Comté , la Bourgogne avec la Brefîe , le Lyonnois ce le ^Dauphiné. D. Nommés les cinq Gouvernemens du Midi ? R. Ce font la Provence , le Languedoc , le Rouiîillon, le Comté de Foix , & le Bearn. JD. Quels font les cinq de l'Occident? R. Ce font la Guienne ou Gaf-eogne , la Saintonge avec TÀngou-mois , le Pays d Aunis, le Poitou & la Bretagne. Quels font les trois du Septentrion ? 4^ Géographie R. Ce font la Normandie , la Picardie, & la Flandre Françoife. D. Quelle eft la difpofition des douze Gouvcrnemens qui font dans, l'intérieur du Royaume ? R. Il s'en trouve quatre du coté de l'Orient, quatre du côté de l'Occident , & quatre au Septentrion. Tous eniémble forment une- efpéce de triangle. D. Quels font les quatre Gou-vernemens du coté de l'Orient ? R. Ce font la Champagne, le Nivernois, le Bourbonnois ik l'Auvergne. D. Quels font les quatre a 1 Oc^ cident ? R. Ce font le Limofin , la Marche , le Bcfry & la Touraine. Û. Quels font les quatre vers le. Nord? ' R. Qe font l'Anjou, le Maine avec le Perche, 1 Orléanois ce l'Ile de France. D.-ins !a France , compter trenre-un CTouverncmens : Dii-ntuf fonc au circuic, douze fonc au-dtdans. ALSACE. ALSACE. D. Comment divife-t-qn l'AI-face ? R. En baffe qui eft au Septentrion , haute vers le milieu, ôc Sunt-gaw au Midi. D. L'Allace n avoit-elle pas été démembrée du Royaume de France? D. Oui : mais elle lui eft rentrée en 1648 par la Paix de Munfter. Z). Quelle eft fa pofition ? R. Son côté Oriental dans toute fa longueur eft appuyé fur le Rhin qui la fépare de la Suabe ; & l'Oriental , fur les monts de Vofge qui la féparent de la Lorraine. V ers le Septentrion , elle confine au Pala-tinat du Rhin , & vers le Midi, elle tient à la Suille & à la Franches-Comté. D. L'AI face eft-elle un bon pays > R. C'eft une des Provinces de France les plus fertiles & les plus abondantes. Tome L C Géographie Univ. D- Quelle Religion y eit fuivie? R. La Religion Catholique y eft la dominante : la Prétcndue-Réfor-, niée y eft permife. D. Quelle Langue parle-t-on en Alface ? R. La Langue Allemande y eft plus en ufage que la Françoife fi). D. Quelle eft la Capitale de l'Ai-face ? R. C eft Strafbourg, Ville belle, bien peuplée, riche, très-forte, 6c Tune des plus confidérable de Fram- (i) Il n'eft pas peu furprenant que cette Province étant réunie à la France depuis plus d'un fiécle, & que lui étant liée par les rapports multipliés de la Juftice, de la Police & de la Finance; Françoife d'ailleurs par fa pofition , elle fade opiniâtrement ufage d'une Langue étrangère. Quoi qu'il en foit de cette ténacité pour la Langue Allemande, on pourroit bien, fans être prophète , atTurer que la Françoife y deviendra ufuelle Se prendra le defTus, 8c cela par la feule force des chofes. Déjà les affiches fe pofent en l'une Se l'autre Langue? , les publications fe font de même, 8c l'éducation s'y donne en François ( 17^5 ), Alfact. ^ r ce. Elle eft a un quart de lieue du Rhin (i). D. Qu'elle eft la féconde Ville de la Province ? R. Colmar qui eft la réfidence du Confeil Souverain d'Alfàce. D. Qu'y a-t-il de remarquable à Strafbourg ? R. La Cathédrale qui eft une des plus belles de l'Europe. On admire particulièrement foii Clocher le plus élevé qui foit au monde (i). (1) Avec qui elle communique par la rivière d * I II qui eft; navigable, ce qui la rend très - commerçante. Strasbourg avoit été bâti par les Romains , pour fervir de boulevard contre la Germanie. (2) Il eft généralement vanté; mais avec cela on peut dire qu'il eft de beaucoup au-delfotis de fa réputation. C'eft une Tour pyramidale de cinq cens feptante-quatre pieds de haut, & qui joint à cette prodigieufe élévation le mérite d'une finguliere délïca-teffe. Elle eft de pierre de taille , percée à jour , toute découpée Se travaillée comme de la dentelle : fi bien qu'on ne peut aflez s'émerveiller de la hardieffe ou plutôt de l'audace de ceux qui oferent concevoir un ^ 2 Géographie Univ. X>. Les Chanoines n'en doivent-ils pas être nobles ? R. Us doivent faire preuve de feize quartiers de noblefïe. P- Outre Stralbourg 6c Colmar, quelles font les autres Villes d'AU lace? R. Ce font Landau , une des plus fortes Places de l'Europe ; le Fort Louis , bâtie par Louis XIV. dans une Ile que forme le Rhin ; puis le Neuf-Brifach, encore bâtie par les ordres de Louis XIV. en-deçà pareil projet, plus encore de la témérité de ceux qui oferent l'exécuter. Les uns & les autres ne pouvoient être lancés que par l'ambition violente de donner une huitie^ me merveille à l'Univers. On y voit aufli une horloge qui mérite bien l'attention des curieux par fon étonnante complication, Se qui peut pafer pour n'avoir pas fa pareille. L'Evêché de Strasbourg eft le plus riche de France, il rapporte deux cens cinquante mille livres. Il eft fuftragant «e Mayence. Le Palais Epifcopal annonce la grandeur Sç joîtteroit avec les plus beaux que l'on çorv ïioifTecn Europe. Alface. ^ 2 du.Rhin, vis-à-vis du Vieux-Bri-fach : les rues en font tirc'es au cordeau. ^ Les autres Villes mais moins confidérablesfontHaguenau ,Sche-leftat , Bcfort & Huninguc : ces deux dernières dans le Canton appelle Su ntgaw, enfin dans le même Canton ik fur l'Ill, la Ville de Mul-haufen, qui avec fon territoire forme Une petite République alliée des Suifîés. £n Alface Strasbourg, Colmar,Fort-Louis, Landau , Hagnau, Brifach : Beforr, Huninguc au Sundegau. LORRAINE. D. A qui appartenoit la Lorraine il n'y a pas lontems ? R. Aux Ducs de Lorraine , Mai-fon illufirc par fon ancienneté)i): Ci) Elle a la même origine que la Maifori d'Autriche , mais celle de Lorraine eft: l'aînée. Elle a produit diverfes branches dont C iij 34 Géographie Univ. mais en 173 6 , elle eft revenue entre les mains des François moyennant que le Roi Staniflas en joui-roit fa vie durant, 6c en 1766 elle a été ablolument incorporée à la France par la mort de ce Prince. _D. Quelle eft la fituation de la Lorraine ? R. Elle a r Alface au Levant, la Champagne au Couchant} le Luxembourg au Nord , & la Franche-Comté au Midi. D. Quel eft le Terroir de la Lorraine ? R. Il eft fort abondant en tout ce qui eft nécefîàire aux befoins ce aux commodités de la vie. les principales font celles de Guife , de JVIercœur, de Mayenne, de Joyeufe, de Chevreufe, d'Elbceuf, d'Harcourt, de Vau-demont, d'Aumale, d'Armagnac, de Fille-bonne , & de Brionne. Le nom de cette Province vient de Lo-thairell. petit-fils de Louis le Débonnaire il qui elle échut en partage avec d'autres Etats voifins qui de fon nom l'appellerent Lotaringie ou Lorraine. Lorraine. * *a L). Quelle eft la Capitale de la Lorraine ? R. C'eft Nancy, Ville grande &' régulièrement bâtie (ij. (i) Sa Place Royale & celle de la Carrière , fuperbes ouvrages du Roi Staniflas , feroient honneur aux plus ornées Se aux plus belles Villes de l'Europe. On défireroi; néanmoins que le Plan de la dernière eût été exécuté plus en grand. Les portes delà Ville d'une Architecture moderne , c'eft-à-dire, ancienne, font comme autant d'Arcs de Triomphe , mais en petit. Joignant l'E-glife des Cordclieis eft un Sallon où fe voyent les Tombeaux des anciens Ducs. La porte eft furmontée de cette Infcription hyperbolique, comme c'eft alfez l'ordinaire : QUOT DUCES, TOT HEROES: TOT FAMINvE FORTES QUOT DUCISSJE. Ce Salon eft riche Se mérite d'être vu. C'eft un diminutif de celui des Grands Ducs de Tofcane à Florence. De toutes les Eglifes de cette Ville , il n'en eft prefqu'aucune de Gothique. La Pri-matiale entr'autres eft fort belle. Elle a pour Chef r Archevêque de Befançon ♦Primat de Nancy, qui eft tenu à quelques mois de réfidence en cette dernière. Nancy a une Cour Souveraine, elle eft en outre bien for-' C iv 5 6 Géographie Univ. X>. Quelle.en eft la féconde Ville ? R. Metz , Ville grande 6c très-forte , & le Siège d'un Parlement (i). D. Quelles font les autres Villes confidérables de la Lorraine? R. Ce font Toul (2), Verdun , Bar-le-Duc , Pont-a-Moulïbn & Luneville , où le Duc faifoit fa résidence ordinaire (3). tifiée. C'eft au Siège de cette Ville qu'en 1477, fut tu^ Charles le Téméraire, dernier Duc de Bourgogne. (1) Le Roi de France Henri II. s'étant emparé de Metz, de Toul 8c de Verdun , Charles-Quint voulut les reprendre. Il s'avança à cet effet avec une grande Armée , prit Toul & Verdun, mais échoua devant Metz, dont il fut contraint de lever le fiége, ce qui donna lieu au vers fuivant : S/Jie viam métis ; hic tibi meta datur. (2) Prononcez Toit. (3) Le Palais n'eft pas d'une ftruclure tien recherchée ; mais il étoit richement meublé , & orné de bons morceaux de peinture. Les Jardins d'ailleurs en font riants, & décorés de grand nombre de fta-tues. Chacun a entendu parler du Rocher artificiel qui n'en fait pas un des moindres Lorraine. ^ 1 II y a en Lorraine quantité d'autres Villes , mais petites : telles font Mariai, Remiremont, Epinal, Blamont , Mirecourt , renommé pour fes violons, Plombières, fa-meufe par fes eaux minérales, Bour-mont , Sarlouis ; bâtie par Louis XIV , Lonvic, Place forte fur les confins du Luxembourg , Com-mercy, Saint - Mihel , Bitche , Ve-zelize & Rofieres, dont les Salines qui étoient d'un grand produit ont été détruites par un mal-intentionné qui en perdit les fources. La Lorraine a Nancy, Metz, Toul, Verdun, Mar-fal, Bar près Pont-à-Mouflon , Luneville, Epinal. FRANCHE-COMTÉ. D. Quelles font les Bornes delà Franche-Comté ? R. A l'Orient elle a les Suiffes, agrémens. L'Eglife de S. Jacques eft remarquable par fes deux Tours, de la ftruclure la plus élégante. Cv ^ Géographie Univ. dont elle eft leparéc par le Mont-Jura , à l'Occident & au Midi le Gouvernement de Bourgogne , au Septentrion la Lorraine. JD. Depuis quand cette Province eft-elle revenue à la France. R. Depuis Tan 1674 , que Louis XIV. la conquit pour la féconde fois. D. Comment avoit-elle paffé à. la Maifon d'Autriche? R. Le dernier Duc de Bourgogne n'ayant laiffé qu'une fille nommée Marie; celle-ci époufa Maxi-milien Archiduc d'Autriche , & lui porta cette Province en mariage. ID. Pourquoi l'appelle-t-on Franche-Comté ? R Parce qu'elle fut affranchie de divers impôts 6c tributs. D. Quelle eft la Capitale de la Franche-Comté ? R. C'eft Befançon , Ville très-forte , des mieux bâties du Royaume , & qui eft le fiege d'un Parlement (1). (1) On remarque à Befançon la Métro- Franche-Comté. ^ ^ D. Quelle eft la féconde Ville du Comté de Bourgogne ? pôle , dont les Chanoines font en tout tems habillés de violet , Se portent comme les Evoques le Rochet Se la Mitre quand ils officient. La Citadelle eft une des meilleures de l'Europe. L'Arc de Triomphe qui eft fur les n\es du Doux mérite d'être vu. On en voit un autre , mais antique au pied de la Montagne qui termine la grande rue. Il fut érigé à l'Empereur Aurelien. Il n'y a peut-être pas de Villes en France qui renferment un aufli grand nombre de beaux édifices que Befan-çon. On voit avec regret refter imparfaite fa fuperbe Eglife de la Madelaine bien fu-périeure à tout ce que l'on voit de belles Eglifes à Paris , Se qui le difputeroit aux plus élégantes d'Italie. Plufieurs chofes indiquent le féjour que firent les Romains à Befançon. Tels font les lieux appelles ; Mont-Jouot, Mon.r Jovis: Champ-Forgeron, Campus-Vulcani :Chau-dane, Coliir DiariA : Chammars , Cawpus-Martis : Mont-Termo, Moés-Termini : Mercuro, Mous Mtrcunï : Mandelia , Mons-Dclii : Chamufe, Campus-Muforum: armont, Charitum • Mons : Romchau , Coins Ro7na : Champs de la Vcfte , Campï- Go Géographie. Univ. R. Ceft Dôlc , autrefois Capitale de la Province. Elle eft bien déchue depuis que le Parlement 6c rUniverfité en ont été transférés à Befançon (i). ^ Les ' autres Villes mais bien moins confidérables delà Franche-Comté font, Salins ce Lons-le-Sau-nier , remarquables par leurs four* os d'Eau falée , cent livres de laquelle donnent dix-huit ou vingt livres defel \ Arbois connu par fes bons vins , Grai Ville fort marchande fur la Saône ; Luxeuil, dont les Eaux minérales ont de la réputation ; Poligny , Vefouî , enfin Saint-Claude ) nouvellement érigé en Evéché , où l'on conferve dans unechâffe le corps encore entier de ce Saint, quoique mort depuis plus de mille ans ; ce qui y attire quantité de Pellerins (2). Vefis, : Champ-Vaccho > Campus-Ba ce ht : Challuc, Coliis Lucinœ : Pallante, Campi Falis vel Mhterva. (1) Elle n'a qu'une feule ParoifTe. Franche-Comté. çl D. N'y a-t-il pas de Souverainetés étrangères enclavées dans la Franche-Comté ? R. Oui : vers fa partie Septentrionale eft la Principauté de Mont-belliard qui appartient au Duc de Wirtemberg. (2) Non loin de cette Ville ejlla montagne de Mijoug , du haut de laquelle en jouit de la plus belle perfpeclive , peut-être qu'on puiJJ'e rencontrer fur la furface de la Terre. De ce lieu la vue porte fur la SuiJJè & la Savoye , plonge fur le Lac de Genève, la Ville de Genève & le pays de Vaud: fpcclacle qui attendrit Famé , Pag-grandit 3 y porte une forte d'en-thoufafme inconnu à quiconque ne Va pas éprouvé. En Comte , Salins, Grai, Lons, Dole , Bcfançon. BOURGOGNE. D. Quelles font les bornes de la Bourgogne ? il. Ce font au Nord la Cham- 62 Géographie Univ. pagne , au Midi le Lyonnois ; à l'Orient la Franche-Comté, à l'Occident le Nivernois ce le Bourbon-nois. D. Depuis quand la Bourgogne a-t-eile été réunie à la Couronne ? R. Charles le Hardi, le dernier de l'es Ducs ayant été tué devant Nancy dont il faifoit le fiége ; Louis XI. fe faifit de cette Province a titre de Fief mafeulin (i). D. Que produit la Bourgogne ? R. La Bourgogne eft fertile particulièrement en bleds qu'elle exporte , & en vins eftimés les meilleurs du monde pour fufage ordinaire de la vie : d'où vient qu'ils font fi fort recherchés de l'étranger. (i) La première race des Ducs de Bourgogne eut pour Chef Robert, fils d'un de nos Rois de même nom qui l'étoit de Hu-gue Caper : elle s'éteignit en La tige de la féconde fut Philippe quatrième, fils de Jean le Bon , Roi de France , & fub-fifta jufque vers l'an 1480. Ils avoient leur Cour à Dijon, où l'on voit des reftes de leur Palais. Bourgogne. q Quels font les Peuples de cette Province? R. Les Bourguignons font fpiri-tuels , & [ce qui vaut mieux encore que cela , les qualités du cœur étant préférables à celles de lefprit] , ils font francs , droits & finceres. JD. Quelle en eft la Capitale ? R. Dijon , grande & belle Ville, Tune des plus confidérable du Royaume, & le fiége d'un Parlement (i)Ony remarque:1e Portail cie S.Michel qui eit un des plus magnifiques du Royaume. Il eft de nature fans doute à faire honneur aux plus beaux Quartiers de Paris; Mais on voit avec regret que l'Eglife qu'il décore eft furmontée , pour Clocher , d'une efpéce de Colombier écrafé qui dégrade le tour. L'Eglife Notre-Dame , ouvrage d'une admirable 8c fîngulicre dcHcateffe [ c'eft le jugement qu'en a porté M. de Vauban ]. Mais il femble que MM. de cette Eglife en envient la beauté à leurs Concitoyens & aux étrangers, à voir le !oin qu'ils prennent d'en murer les jours ce d'en mafquer les Périili les avec des Tapilferies 8c des 64 Géographie Univ. D. Quelles font les autres Villes de la Bourgogne ? Tableaux. Il efl: pourtant vrai que leur Eglife vaut mieux toute nue, que revêtue de TapifTeries des Gobelins Se des Tableaux des le Brun Se des Wandyck. L'Eglife de Saint Bénigne , dont le Vaiffeau eft des plus fpatieux. Son Clocher en pyramide eft hardi, Se l'un des plus hauts que l'on voye en Europe Se dans le monde. On reproche à la Nef de n'avoir pas affez de profondeur. Le Portail eft orné de deux Tours , l'une defquelles porte deux Bourdons qui ne le cèdent en France qu'à ceux de Rouen & de Touloufe. L'efcafter du Monaftere mérite bien d'être vu : la coupe en eft des plus légères. Il diffère peu de celui de l'Abbaye de S. Germain des Prés à Paris. La Sainte-Chepelle où l'on expofe à la dévotion des Fidèles une Hoftie miracu-leufe qui s'y conlerve depuis plufieurs fié» cles. Sa Tour renferme un carillon des plus harmonieux. Saint Jean dont on n'admire ,pas affez l'Aiguille , quoique fufpendue d'une manière peu commune. On remarque encore à Dijon la Place Royale , ornée d'une excellente Statue équeftre de Louis XIV. Le Palais des Bourgogne. c< Etats : la rue de Ccmdé : & tout près de la Ville, la Chartreufe où repofent les cendres des derniers Ducs de la Maifon de Bourgogne dans de magnifiques Tombeaux , entre lefquels on diftingue ceux de Philippe le Hardi, & de Jean-Sans-peur , avec Marguerite de Bavière fa femme. On y montre la tête du Duc de Bourgogne, qui fut tué fur le Pont de Monte-reau fous Charles VI. par Tanneguy du Châtel, à l'inftigation du Dauphin. Elle porte l'entaille du coutelas; fur quoi quelqu'un a dit plaifamment, que c'eft par ce trou que les Anglois font entrés en France. Aux portes de Dijon eft un Château de plaifiince appelle Mont-Mufard , où l'on n'a épargné aucune dépenfe pour en- faire un lieu charmant & délicieux. Il appartient à M. Fyot delà Marche de Bosjean, premier Préfident, qui veut bien le rendre public. Cette Ville outre fon Parlement a une Univerfité pour le Droit, une Académie des Sciences & Belles-Lettres, unEvêché, une Chambre des Comptes ,une Intendance, un Hôtel des Monnoyes ,une Cour des Aydes, un Bailliage-, & une Citadelle ou Château. Son Collège eft beau 8c bien monté. Il a quatorze ProfeiTeurs avec un Principal & un Préfet De ces quatorze Maîtres il y en a deux pour la Clafle de Rhétorique , l'un pour l'Eloquence 8c l'autre pour la Pocfie; un pour les Mathémati- GG Géographie Univ. ques , deuxpoui la Philofophie, deux pouf' la Théologie , un pour le Grec & l'Italien , Se un pour l'Allemand : tous bien appointés , fi ce n'eft ceux des Clades inférieures. Il n'eft guère de Villes en Europe qui s'annonce h bien au-dehors que celle-ci £ar la multitude de Tes Tours , Clochers , )ômes, Pyramides, &c. Il manque une chofeàDijon: c'eft d'être fur une rivière navigable. On peut y fup-pléerparun Canal: il eft projeté Se depuis lontems : on parle diverfement fur Ton exécution. Elle n'a été traverfée jufqu'ici que par des intérêts particuliers que l'autorité obligera enfin de céder au bien général ;5c l'on verra alors cette Capitale de la Bourgogne devenir fioriffante de jour en jour, Se marcher enfin de pair avec Rouen ôc Bordeaux. ■ C'eft en cette Ville que fe tiennent les Etats de la Province. On travaille journellement à l'embellir, & il eft à croire que ceux à qui en eft confié le foin , s'apperce-vront enfin que ce n'eft pas feulement par des conftruttions telles que l'Hôtel-Bou-kier que l'on y réuflira ; mais encore par la démolition de maffes informes telles que la porte par ou néanmoins l'on arrive de la Capitale du Royaume , laquelle fe reffent trop de la barbarie des tems où elle fut faite , Se qu'il conviendroit de remplacer par une autre en forme d'Arc de Triomphe. Bourgogne. G? Dîjena fourni de grands hommes. C'eit la patrie de M. Boffuet, Evêque de Meaux, de Saumaife, de MM. D. Longe-Pierre , de la Monnoye, Crebillon ,.Piron, du Président Bouhier, de l'Abbé Nicaife,& du célèbre Rameau, digne émule de Lulli. Jacques Bénigne Boffuet, une des plus • grandes lumières de l'Eglife , & des plus illuftres défenfeurs de la Foi Catholique. Le Difcours fur l'Hiftoire univerfelle, les Oraifons funèbres , Se l'expofition de la Foi que nous avons de lui, font autant de chef-d'œuvres. Il mourut à Paris en 1704. Claude Saumaife, qui vécut dans le fîéçle dernier, fut un fameux Critique, Se un homme d'une vafte érudition. Hilaire de Requeleine, fieurde Longe-Pierre, Poète François diftingué. On a de lui Medée Se Eleétre , &c. il mourut à Paris en 17a 1. Bernard de la Monoye, judicieux Critique, a enrichi le Public de différens écrits; mais fes Noèls Bourguignons font regardés comme fon chef-d'œuvre. Mort à Paris en 1728. Jolietde Crebillon, Pocte dramatique. Ses pièces écrites dans lefombre ,1e véhément, le terrible , font de nature à être jouées à Londres. Mort dans ces derniers tems. Piron, Poète Dramatique. De toutes fes pièces, celle qui lui a fait le plus d'honneur eft la Métromanie, morceau d'un goût exquis. C% Géographie Ufiiv. R. Ce font Auxerre (i) , dont Jean Bouhier , Préfident à Mortier ait Parlement de Dijon , étoit très-verfé dans les Langues étrangères, dans la Jurifpru-'dence Se les Lettres. II n'en fut pas peu redevable au favant P. Oudin, Jéfuite , forç ami, entre les bras duquel il décéda le 17 Mars 1764 à 73 ans. Il poffédoit une Bibliothèque nombreufe , des mieux choifie, Se riche en bons manufcrïts. Elle a pafTé à M. M. A. Ch. deBourbonne .Préfidentau même Parlement. Claude Nicaife, d'abord Chanoine à la Sainte-Chapelle de Dijon, fut un favant antiquaire mort en 1701. L'illuftre Rameau , Créateur de la Mufi-en France , 8c celui qui l'y perfectionna, Mort à Paris en 176*4. (1) Les étrangers y vont voir la ftatue Cololfale de S. Chriftophe, qui eft gîgan-tefque par rapport à celle de Paris. Ces for-tes de Coîoffes que l'on rencontre a l'entrée de plufieurs Eglifes , furent faits dans ce temps d'affoupiffement de l'efprit humain, où l'on croyoît que l'on ne pouvoit mourir de mort fubite, fi l'on avoit vu une figure de S. Chiftophe. C'eft pour cela qu'ils les mettoîent près de la porte , Se qu'ils leur donnoient une grandeur démefurée , afin, qu'on les vit , pour ainfi dire , malgré qu'on en eût. PT, ,.r Bourgogne. € I Eglife eft une des plus belles du Royaume ; Autun , Ville très-ancienne (i); Mâcon, connu par fes vins ; & Chalon Ville affez marchande , & la meilleure de la Saône (2), # (1) Autun Aiiguflodunitm formé des deux mots Aitguftus & Dunum , dont le dernier Signifie Colline , Montagne [ en langue Gauloife] ce qui défigne fa pofition. D'ailleurs ce fut fous Augufte que cette Ville fe forma d'une Colonie Romaine. (2) Ce qu'il y a de plus remarquable en cette Ville efl: une machine Hydraulique à Yinfiar de la Samaritaine, Se quelques Tableaux de la Cathédrale Se de l'Hôpital S.Laurent, qui font de bonne école & méritent d'être vus. Parmi ceux de la Cathéd. f au pourtour du Chœur ] , on en diftin-guera un qui eft bien fupérieur aux autres; c'eft la Refurrech'on du Lazare. Quand à l'Hôpital S. Laurent, le Tableau qui repréfente le moment d'après la defeente de Croix doit être confidéré comme quelque chofe d'achevé. Celles des Tours de la Cathédrale qui forme la gauche du Portail a été bâtie à deux tems fort différens. La partie fupé-rïeure eft très ancienne ; mais l'inférieure eft d'une haute antiquité, tes Religieux yo Géographie Univ. ^ Les autres moins confidérables font Beaune & Nuits , fameures par leurs vignobles , Sémur en Auxois, Châtillon f r Seine , Bar fur Seine, Avallon ; Auxonne , Ville aifez forte avec un Arfenal, de belles Cafcrncs, une Fonderie de canons, une Ecole d'artillerie , &desdifpo-fitions à devenir une des Jolies Villes de Bourgogne. La Saonc d'ailleurs la rend fore commerçante. Enfin Bourbon-Lanci , Charolle, Tournus, Montbard, dont le nom fera un jour célèbre pour avoir été Je féjour de M.- de BufTbn, puis Mirebcau, remarquable par le magnifique Château (i) qu'y a M. le Carmes de cette Ville ont le tombeau de Desbarreaux , connu par fon pieux Sonnet, le feul bon peut-être qui ait été fait. Enfin au Prieuré de S. Marcel fe voit l'effigie mutilée du fameux Abailard qui y eut fa fépulture. L'efcalier de ce Monaftere efi: admiré des connoiffeurs pour fa rare tk fin-guliere délicateffe. (i) L'une des Tours d'élévation, peu commune, eft furmontée d'une Coupole Bourgogne. Prince de Beaufîremont - Liftc-nois (i). Il eft fur la Beze, rivière remarquable en ce qu'à fa fource elle met en jeu quantité d'ufines, comme Forges, Fourneaux, Moulins, Pape- qu'exhauffe un Périftyle d'ordre Corinthien, ce qui la termine d'une manière aufli élégante que hardie. Le grand efcalier elr. beau, Se il ne lui manque que des admirateurs. Deux Pyramides , efpéces d'Obélifques prefque d'une feule pièce qui s'élèvent du pied de cet efcalier, n'en font pas un des moindres orriemens. Il conduit àuneTer-raffe fort large qui règne devant le Château, & lui forme une féconde Cour à plus de foi— xante pieds de haut. Les Caroffes y arrivent par un plan incliné d'une pente fort douce. Le faîte du Corps-de-Logis [ chofe peut-être fins exemple] efl: porté à plus de deux: cens vingt pieds durez de-terre. Il eftdom-mage que la vétufté foit prête de nous dérober cet enfemble , digne ouvrage du Mi-niftre , ami de François I *. * Philippe Chabot, Amiral de France. Il avoit epoufé Françoife , Dame de Mirebcau, fille aînée de Jeanne , bâtarde d'Aneoulême , fœur naturelle de François I. Il nioUi eut comblé d'honneurs fie de richefres en if45- tt yi Géographie Univ. reries, 6c c. La célèbre & opulente (i) La Maifon de BeaufTremont eft une des plus anciennes & des plus illuftres du lloyaume. Environ l'an 1450 , elle s'efl: alliée dans celle de Bourgogne, du fang Royal de France,dans la perfonne de Jean de BeaufTremont , Seigneur de Mirebeau. Et en dernier lieu elle s'eft alliée dans celle de Courtenay qui eft de la Maifon de France , Se qui a donné plus d'un Empereur à Conftantinople. En 1315 , Etienne de Montagu , Seigneur de Sombernon , de la même Maifon de Bourgogne , prît pour femme Marie, Dame de Couche, iffue de la Maifon de BeaufTremont, dont elle portoit les armes , ainfi qu'on le peut voir par l'écuflonappofé à fa fépulture dans l'Abbaye de Bufliere , où elle gît avec fon mari. DèsJ'an mil deux cens nonante-fept, la Maifon de Beauffremont étoit illuftre. Il en eft fait mention dans le teftament que fit Robert II du nom, avant de partir pour Rome, lé 25 de Mars de la même année; dans laquelle il veut qu'une fomme qui lui avoit été laiffée par feu fon pere, pour le fecours de la Terre-Sainte , foit mife ès mains du Duc de Bourgogne fon héritier, pour accomplir le voyage au premier paffa-gegénéral. Et s'il n'étoit lors en âge, ou Abbaye, . Bourgogne. ?+ Abbaye de Cîteaux eft auffi dans refufoit de s'y acheminer; qu'elle fut donnée au Seigneur de Beaufremont , afin de fervir dans la Terre-Sainte l'efpace de deux ans avec treize Chevaliers des Vaf-faux du Duc, contre les ennemis de la Foi Chrétienne. Ordonna que la Duchefle Agnès, fon époufe , eut la garde &: le gouvernement de fon héritier Duc de Bourgogne , tant qu'il feroit en minorité , Se de fes autres enfans, Se qu'elle usât du Con-feil de N. ... de N____de Liebaut, Seigneur de Beaufremont, fes coufins » Se de N.. . lefquels il nomma exécuteurs de cette dernière difpofition. Cinq ans après , le Duc Robert étant à la guerre de Flandre, confirma fon Tefta-ment à Arras , dans lequel néanmoins il retoucha quelque chofe Se élut pour fes Exécuteurs Tellamentaïres Agnès , Du-cheffe de Bourgogne fa compagne , Jean de Vergi, Seigneur de Fonvens , Sénéchal de Bourgogne , Guillaume , Seigneur de Mon-tagu , le Seigneur de Beaufremont, Maréchal de Bourgogne fes coufins. En nom de Deu Amen. L'an de l'Incarnation de Jefu-Chrift M. CC. XCVII. le jour de la Fête Notre-Dame en Marz. Je Roberz Dux de Borgoigne fains de Corps 8c de penfée par la grâce de Deu, Tome L D 74 Géographie Univ. cette Province, ainfi que celk de Cluni. • Saichans que nule chofe n'eft plux certaine de la mort 8e nule chofe n'eft plux incertaine cle l'ore de la mort. . . Fais Se ordene en cefte manere......... Je veut que. . . . livres tornoïs que mez diz Sires Se Pères donna Se laifla por le fecours de la Terre Sainte qui me furent baillées de fes Exequtours par fon commandement avec. . . . livres tournois que je lais ou fecours de ladite Terre Sainte por le vou que je hai fait de paffer en ladite Terre Sainte Se... livres tornoïs que je hai reçeu des biens mon Seignor Perron de Auxone Seignor de Loys lefqueles il laîlTa au fecours de lad. Terre Sainte foient délivrées ^.de mes biens par la main de mes Exequtors en cefte manière que fe je au premier paf-faige généraul paffeins je Se mi hoir & mi Exequtour remendrons quite Se délivre de cele fomme Se fe je n'y patte 8e je veul 8e ordene que mes hoirs Dux de Borgoigne fe il eft de fufifantaaige ou tems dudit Généraul paifaige Se il veulle faire le pèlerinage hait lefdites fomes Se fe il n'eftoit de aaige fuf-fifent ou il ne voufift paffer Je ordene 8c veul que lefdites fomes foient baillies à mon cher Cofin mon Seignor Liebaut Seignor de BoiFrroi mont en tel condition que il ferve en ladite Terre Sainte par.... Bourgogne* fcfis en fa perfonne propre contre les ennemis de la Foi Chrétienne enfemble Xlir Chevaliers qui foient de mes hommes foiauls d'autre part au regart de mes Exe-qutours. Après je veul & ordene que Agnes Du-cheffe de Borgoigne ma chère famme hait la garde l'auoerie & le gouuernement de mon hoir Duc de Borgoigne tant comme il fera mendres de aaige Se des autres en-fans & commant que ele fe gouernoit Se ufoit dou confoil H.....V.....& le Seignor de Beffkoimont deffufdit mes cherx Colins. Se mon Seignor Hugue de Chaf-teaul mon amé Se foiaul Chevalier Se elpe-tialment dou Confoil audit Seignor de Beffroimont Se fe il avenoit que laDu-cheffe fe mariait, mes hoirs Dux de Borgoigne moindres de aaïge Se li autre enfenC demourroient aueuc tous lor biens en la garde Se ou gouvernement de H. ... V..., Lïebaut de Beffroimont 5c H.....devant diz. De cefre moïe ordination Se derrere vo-lunté j'eflis Se ordenne & eftabli mes Exe-qutours révèrent Pere en Jefu-Chrift H.... par la grâce de Deu Evefque d'Oftun mon cher Seignor «Se amé devant diz, Religieux homes l'Abbé de Ciiteaux Se l'Abbé de S. Bénigne de Dijon , ma chère famme Agnes Ducheffe de Borgoigne , mon Seignor Guillaume Seignor de Montagut, Jehan de Vergey Seignor d^ Fouvens Sx Dij 7& Géographie' Liebaut Seigneur de Beffroimont meà chiers Cofins , mon Seignor H____ O...... Si O— Sec. A céfte moie derrere volunté Je hai appelé Se prie efpetialment que ils foient témoins Se mettent lors feauls hont mis en celte Lettre & en ce mien préfent Teftament. Ce fu fait Se donné Tan Se le jour deffus diz. Extrait du Codicile du même Robert IL Duc de Borgoigne de 1302. En nom de noftre Segnor. Amen. L'an de grâce mil troiz cenz Se dous à tous ceaux qui verront Se orront ceft prefent Codicile. Je Roberz Dux de Borgoigne eftanz auec lou Roi a Arraz tous apperroillés aueques lui de aler en Flandres contre les ennemis du Reaume vuillans efchiver fegons mon ppvoir les périls qui auenïr pueent &c....... hem Je ellis & fais mon Effecutors de mon dit Teftament & de ceft Codicile ma chiere Scamée compainne Agnes Duchefle de Borgoigne mon Segnor Jahan Seqnor de Fouvans Senefchaul de Borgoigne mon Segnor Guillaume Segnor de Montagu 8c mon Segnor Lyebaut Segnor de Beffre-mont Marefchaul de Borgoigne mon chiers Cofins: mon amé & feaul Chevalier N.....C..... De cefte choufe je appel tefmoïn lou Se-gnorde Fouyanz Se lou Segnor de Beffre- XJnivtrfcïïe. j~ Bref*; ' ':-^| D. Comment la BrclTe cft-elle Venue à la France ? R. La Breife qui étoit autrefois aux Ducs de Savoye, fut cédée à Henri IV. en échange du Marqui-fatde Saluce. Ses Villes font Bourg-en-Breiîc Capitale , patrie de Vau-gelas , & Bellay, (i). D. N'y a-t-il pas d'autres Villes dans la Bref le ? mont deffus ditz mon chier & amé Cofm mon Seigor Jahan Seignor de Choifeul Con-neftauble de Borgoigne lou Segnor N..,.. C. .. . & lor prie Se requier qu'il meteintan ceft Codicile lorsfeauls aucc lou mien. • Et vers l'an 1448 , il eft fait mention partout de Pierre de Bcaltfkemont, qui étoit dès lors Chevalier de la Toifon d'Or. (O Sous le nom de Breflfe nous comprenons la Brefle proprement dite , le Bugey , le Valromey & le pays de Gex. Bourg étoit ci-devant épifcopale. Aux portes de cette Ville eft un Couvent d'Auguftins où fe voyent les beaux maufolées de plufieurs pues Se Duchefles de Savoye. y% Géographie Univ. R. Il y a encore Trévoux (i) fur les bords de la Saône , Capitale d$ la Principauté de Dombes (2). LYONNOIS. D. Quels Cantons comprend lç Gouvernement de Lyonnois? R. Le Lyonnois propre, le Forés & le Beaujolois. D. Quels font les Confins du Lyonnois ? R. Le Lyonnois a au Nord la Bourgogne , au Midi le Languedoc, a l'Orient la BrefTe & le Dauphiné, & l'Auvergne à l'Occident. D Quelle en eft la Capitale? R. Lyon , que fon commerce prodigieux ce fes Manufactures rendenr (1) Trévoux», quafi Très via ou Trivinm ; parce qu'il eft bâti à l'endroit où un grand chemin fait par Agrippa fe partageoit en trois. (i) Cette petite Souveraineté apparte-noit en dernier lieu à M. le Comte d'Eu; mais elle vient d'être réunie à la Couronne» Lyonnois. y-l'une des plus riches , des plus belles , des plus peuplées , & des plus floriiiàntes Villes de l'Europe. C'eft la plus confidérable du Royaume après Paris. D. Quelle eft la pofîtion de cette Ville? Rt Elle eft fituée au confluent du Rhône & delà Saône. D. Qu'y a-t-il de remarquable à Lyon? jR. L'Hôtel de Ville, qui eft un des plus magnifiques de 1 Europe ; la Place de Belle-Cour ou de'Louis-le-Grand , au milieu de laquelle eft drelîee une excellente Statue équef-tre de ce Monarque (i) : & l'Hôtel- (i) De droite Se de gauche du pied-deltal fent les deux figures en bronze , & plus grandes que nature , du R hône & de la Saône , exécutées de main de Maître. On ne peut nier que cette Place ne foit belle : le mérite cependant en clt bien ra-baiffé par un de fes côtés-longs, formé de maifons minces Se inégales , auxquelles de-, vroit être fiibftitué un rang d'édifices tels que ceux qui bordent le Cours de Marfeille •u le Doux à Bcfançon. D jv $o Géographie Univ. Dieu dont la fomptuofité répond ï l'opulence de la Ville. Que remarquez-vous encore à Lyon ? R. L'Eglife Métropolitaine de S. Jean, dont les Chanoines portent le titre de Comtes de Lyon, 6c doivent être nobles de quatre races (i). D. Combien Lyon eft-il peuplé? R. On y compte au-delà, de cent cinquante mille ames (2). (i)On voit dans cette EgMfe une lorlo-ge qui attire l'attention des curieux. Elle a plufieurs cadrans : celui des heures , celui ces jours, celui de la femaine , celui des mois , celui des plancttes qui y ont un cours réglé. Ce dernier eft ovale, Se l'ai mille s'al-longe,ou fe raccourcit fuïvant qu'elle en parcourt le grand ou le petit diamètre. Tout au haut de l'horloge eft un Coq qui A toutes les heures bat des ailes Se chante , au-deffous eft une repréfentation de l'Annonciation en figures mouvantes. (ï) Il y a à Lyon un Fort nommé Pierre-Encife , où. l'on enferme les prifonniers d'Etat. Lyonnois. gr D. Donnez-nous à connoître ce que c'eft que le Fores ? R. Le Forés confifte en une grande vallée fertile ce agréable è traverfée par la Loire. D. Quelles en font les Villes ? R. Èe font Montbrifon; Saint-Etienne, connu par fes ouvrages en fer & en acier (i); & Roaneoù la Les dehors de la Ville* le long du Rhône & de la Saône font garnis de maifons de plaifance qui annoncent une Ville opulente, C'eft la patrie du P. Meneftrier Jef Il manque à cette. Ville un Parlement. Son reflort s'étendroit commodément fur le Gouvernement de Lyonnois , fur l'Auvergne, le Bourbonnois & la partie méridionale de la Bourgogne. D'autant mieux que par l'arrangement aclucl, les particuliers de ces co urées étant obligés d'aller à l'autre bout du Royaume pour maintenir leurs fortunes ; ils fe voyent obligés de fe confumer en frais de voyages & [ ce qui eft; plus dommageable encore que cela ] d'aban-do nner leurs travaux accoutumés ou de les voir foufTrir.à moins qu'ils n'aiment mieux fe départir de leurs intérêts & r-loncer tout d'un coup à la pourfuite de leurs droits. (O On y compte 18000 Habitons. Dv 82 Géographie Univ. Loire commence a porter bateau (r). D. Quelles font celles du Beau-jolois? R. Ce font Ville - Franche 6c Beaujeu. Dijon, Bcaunc en Eourgognc , Auxcrrc, Autun J Châlon. LaBreflea Bourg, Bdley, Dombe Principauté Qui renferme Trévoux. Au Lyonnois Lyon , Ville-Franche, Eeaujcu, Roane & Montbrifon. D A U P H I N É. D. Comment le Dauphiné eft-il venu a la Couronne ? R. Le dernier Souverain de cette Province ^Humber Dauphin Viennois ] fe voyant fans enfans (2}, céda cette Province au Roi Philippe (1) De-là on defeend par eau jufqu'à Nante Se à Paris. (2) lien avoit un qu'il lai/Ta tomber d'une •fen.'f e en jouant avec lui. Le regret qu'il en eut fit qu'après s'être défait de fa Souveraineté, il fç fit Religieux. £ Doioiniquain ]. Dauphiné* de Valois , moyennant une fomme d'argent. Une des claufes de la vente * fut que les fils aînés de nos Rois porteroient le nom de Dauphin. D. Quelles font les bornes du Dauphiné? R, Ce font au Nord le Lyonnois & la Savoye , au Midi la Provence, à TOrient le Piedmont, & à f Occident le Lyonnois & le Languedoc, dont il eft féparé par le Rhône. D. Eft - ce une bonne Province (i). R Elle eft peu fertile à caufedes montagnes dont elle eft hériftee, & qui occupent ce qu'on appelle le (i) Elle fe glorifie, & à bon droit, d'avoir donné le jour au Chevalier Bayard , dit le Chevalier fans reproche, le plus brave Capitaine de Ton tems. Après la priie de Bref-fe , comme un autre Scipion l'Africain, il remît aux filles de fon Hôte une très-grofTe fomtne que leur mère lui fit préfenter par elles pour fauver leur honneur. François I. dit le Grand Roi , à la bataille de Marignan , voulut être fait Chevalier de fa main. D v] cU Géographie Univ. Haut Dauphiné: le Bas qui s'étend <Ê le long du Rhône n'en eft pas exeme, cependant il ne lailîe pas d'avoir de bons pâturages , & de produire du bled ,.du vin , & des olives. ^Quelle eft la Capitale? R. Grenoble, Ville confidéra-ble, avec un Parlement ( i}. Elle eft dite en latin Gratianopolis, parce qu'elle fut rétablie par l'Empereur Gratien. D. Quelles en font les autres Villes importantes? R. Ce font Vienne ôc Embrun , Archevêchés , puis Valence ck Orange (2). (O La Cathédrale eit fort belle. Sa façade relTemble beaucoup à celle de Notre Dame de Paris. (2) Embrun paffe pour la plus haute Ville du Royaume. Selon d'autres c'eft Langres. Narbonne eft la plus baffe. Orange eftla Capitale d'une Principauté qui a été réunie à la Couronne. Elle con-fifte en une vafte plaine entrecoupée de plufieurs petites rivières & clofe tout à î'entour d'agréables collines * du haut def- Dauphiné. D. Que remarquez - vous de la grande Chartreufe? R. Ceft-là que S. Bruno fonda la première maifon de fon Ordre , dans une folitude afFreufe par les rochers , les montagnes & les précipices qu'on y voit de tous cotés. ^ Les autres Places du Dauphiné font Montelimart, Gap, Die, Saint Paul - Trois - Châteaux , Romans , La Tour du Pin, le Pont de Beau-voifin , dont une moitié appartient au Dauphiné & l'autre h la Savoy e, uis le Fort Barraux , Briançon , xile , Mont-Dauphin , Château-Dauphin Places fortes. Grenoble, Embrun, Gap, Vienne, Orange en Dauphiné, Chartreufe , Briançon , Monteliniar, Valence. quelles on embralTe d'un coup d'œil tout ce petit pays. A deux cens pas de la Ville 3 on trouve un Arc de Triomphe antique & tàs-bien confervé. %G Géographie Univ. PROVENCE. D. Comment la Provence a-t-elle été réunie a la Couronne? R. C'eft que Charles d'Anjou Ton dernier Comte inftitua le Roi Louis XI. Ton héritier. D. Quelles font les bornes de la Provence ? R. Elle a au Nord le Dauphiné., au Midi la Méditerranée, à 1 Orient le Piedmont, dont elle eft féparée par les Alpes & le Var , & a l'Occi-dent le Languedoc , dont elle eft féparée par le Rhône. D. Quelles font les productions de la Provence ? R. Elle eft couverte d'Orangers, de Citroniers, de Grenadiers , Figuiers , Amandiers , Oliviers , Mûriers ; abonde en plantes médicinales , mais elle produit peu de bled (O En Provence on aprête avec l'huilç Solive: rarement s'y fert-on de beure» Provence. JD. Quelle eft la température de cette Province ? R. L air y eft fort chaud , particulièrement fur les côtes (i). JD. Quelle Langue y parle-t-on > R. La Françoife ; quoiqu'il y ait , un Jargon, dit le Provençal, qui y eft en ufage , même parmi les honnêtes-gens. (i) Pétois à Marfeille au mois de Jan-Janvier 17Ô}. La Gazette de France y an-^ nonça qu'à Paris le froid étoit fi excelfif qu'il égaloit prefque celui de 1709; tellement que les plus groffes voitures traver-foient la Seine fur la glace , & que le froid loin de diminuer augmentait de jour cr» jour.... hh bien dans ce tems la même a Marfeille , chacun cherchoit l'ombre dans les rues, les manoeuvres travailloient nuds-en-chemifes fur le Port, les Dames étoient vêtues de légères robes de taffetas , & l'on fe promenoit fur le Cours & vers la Loge après le Soleil-couché. En hyveron y voit les bois 8c les campagnes couvertes de verdure , attendu qu'elle a des arbres & des arbuftes particuliers qui ne font jamais dépouillés de feuilles. Les friches font couvertes de thym , de lavande » de romarin, de ferpoiet, de autres herbes ©doriférentes. 88 Géographie Univ. D. Quelle eft la Capitale de la * Provence ? R. C'eft Aix , Ville régulièrement bâtie, & le fiége d'un Parlement (i). X). Quelle eft la féconde Ville de la Provence ? , R C'eft Marfeille , qui peut bien être regardée comme la première du côté de la ri chef fe & de la population. Elle a un des Ports les plus sûrs , ôc les plus fréquentés de la Méditerranée (2) Cette Ville eft (1) ScxtusCcilvinus y mena une Colonie Romaine, 12,3 ans avant J. Ch. & il établit en ce lieu des bains d'eaux chaudes. C'eft de-là qu'elle s'appelle en latin AquœSextiœ. Cette Ville a un beau Cours, orné de deux Fontaines , l'une d'eau froide , & l'autre d'eau tiède. C'eft la patrie de Tournefort. (2) Vers l'extrémité méridionale de la Provence, la Méditerranée forme un Golphe d'une demi-lieue d'enfoncement dans les terres. [A l'entrée eft l'Ile & Chateaïi d'If]. Au fond de ce Golphe eft un étroit paffagequi donne entrée aux Vaiiïeaux dans le Baffin qui eft vafte & couvert de montagnes de toute'part, 5c où par conféquent Provence, j9 le centre du commerce que la France fait au Levant. C'elt-la que fe tiennent les Galères du Roi. D. Que remarque-t-on à Marfeille ? " R. Le Cours qui forme un des plus beaux coup-d'œil qu'il foitpof-fible d'avoir ( i) ? ils font à l'abri des vents, Se ne peuvent être battus des flots: mais les grands Vaif-féaux ne peuvent y entrer. Ils fe tiennent a l'Ile d'If. (i) Depuis la Porte d'Aïx à la Porte de Rome. Il fépare la Ville vieille de la neuve. La vieille e&fale, mal bâtie, d'ailleurs in-commodément fituée fur la pente roide de la montagne, fur laquelle elle eft bâtie en .Amphitéâtre ,& coupée par des rues très-étroites. Mais la Ville neuve , au contraire. Marfeille eft très-ancienne: elle fut bâtie par une Colonie de Phocéen? . fix cens ans avant J. Ch. On venoit à Marfeille de toute part pour apprendre les Belles-Lettres Se la Philofophie grecque. Ciceron parle de cette Ville dans fon O rai fon pro plantio d'une manière à faire voir combien elle étoit dès lors floriffante :......Tu que o Majfdia......On y compte 100, ooo. Habitans. Géographie Univ. Z>. Qu'arriva-t-il à Marfeille et* 1720 ? 2t. Un VaifTeau venant du Levant y aporta la pefte qui y fit de terribles dégâts , dépeuplant pref. qu'entièrement la Ville , mais la fi, tuation avan ageufe fit que peu d années après il ne parut aucun veltige de ce défaftre. D. Quelles font les autres Villes confidérables delà Provence ? R. Ce font Toulon, dont le Port eft un des plus grands & des meilleurs de l'Europe : puis Arles , Ville très-ancienne qui conferve encore k préfent plufieurs précieux Monu-mens de fon ancienneté, & de fa magnificence lors des Romains (1). (1) Tels font i°. un Amphîtéàtre autrefois deftiné aux combats des Gladiateurs, ou des hommes contre les bêtes; il conte* noit trente mille fpecrateurs. 2°. Un obé-lifque de Granité oriental , tout d'une pièce de cinquante-deux pieds de haut, &defept pieds de large par la bafe. il eft cru d'Egypte. Il fut déterré Se dreffé en 167$. On y voyoit autrefois une belle ftatue de Venus Provence, pr ^ On y voit encore beaucoup d'autres Villes remarquables favoir: Antibe , Antipolis, nom venu du grec , c'eft-à-dire , Ville oppoféet à Nice ) l'une & l'autre bâtie par les Marfeiilois. Frejuls , Forojulium. quafi Forum Julii : elle fervoit de port aux Romains : elle eft maintenant a près d'une demi-lieue de la mer ; Apt} Colonia Apta , à caufe de fa fituation avantageufe. Taraf-con fituc vis-a-vis de Beaucaire. Il n'y a que le Rhône qui fépare ces deux Villes. De-là le proverbe : Entre Beaucaire & Tarafcon > il ne paît ni vache ni mouton. Digne, patrie de GafTendi } puis Forcal-quier , Gratte , Vence ce Sifteron. Saint-Maximin , Brignole , la Ciotat, Port fréquenté , Hier s patrie de Mafïillon , Senez , Barcelo-nette & fa Vallée , Riez, Barge-mont qui a donné naiffanceà Louis Moren, Glandêve, Salon qui ren- qui eft maintenant dans la Gallcrie de Ver-failles, t)i Géographie Univ. Ferme le tombeau de l'Aftrologué Michel Nofiradamus, Lambefcou fe tiennent les afTemblées delà Province ,1a Martiguc, la Sainte-Beau-me où Ton croit, fans beaucoup de raifon , qu'eft morte Sainte Madeleine , fœur de Lazare, Saint-Tropez , & la Camargue qui eft une Terre enfermée entre les bras du Rhône & le Golphe de Lyon , font autant de lieux a remarquer en Provence. D. Qu'appelle-t-on Baftide (r) en Provence & en Languedoc ? R. Ce font de petites Maifons de plaifance , $c répandues par la campagne. Chaque particulier un peu ailé a la fienne. Comtat d'Avignon. D. A qui appartient le Comtat d'Avignon enclavé dans la Provence ? R. Aux Papes à qui il fut cédé par le Roi Philippe le Hardi. Dans la fuite ils achetèrent la Ville d'A- (i) Ce mot vient de baftir ou bâtir. Languedoc. ^ - Vlgnon qu'ils réunirent à cet Etat. D. Quelles en font les Villes ? R. Avignon , Archevêché où plufieurs Papes ont fait leur réfidence , Ville grande 6e commerçante (i), Carpentras, Vaifbn & Cavaillon. Aix , Tarafcon , Marfeille , Amibe, Arlc en Provence , Toulon j Digne , Apt, Frcjus, Gratz, Vcnce & Sil-reron. l'Avignon a Vaifon, Carpentras, Cavaillon. LANGUEDOC. D. Que remarquez-vous du Languedoc ? R- C'eft la plus fertile & la plus délicieufe Province de France. C'eft aufli une des plus étendue ayant quatre-vingt-dix lieues de l'une de ies extrémités à l'autre. D. Que dites-vous de fon Clergé? R. C'eft la Province de France (i) Elle eft furchargée de Maifons Religieuses , chaque Ordre y en ayant deux ou trois & quelquefois plus, 94 Géographie Univ. où il foit le plus nombreux ; car elle contient trois Archevêchés, 6c vingc Evêchés. JD. Quelles font les bornes du Languedoc ? R. Elle a au Septentrion le Lyonnois 6c TAuvergne , au Midi la Méditerranée 6c le Rouflillon, à l'Orient le Dauphiné 6c la Provence , 6c à l'Occident la Guienne. D. Que remarquez-vous en cette Province ? R. Deux chofes principales: le Canal de Languedoc 6c le Pont du Gard. Le Canal de Languedoc projeté depuis lontems pour la jonction des deux Mers , fut enfin heu-reufement 6c à grands frais exécuté fous Louis XIV. (i). (i) Il commence au Port de Cette, & ie rend dans la Garonne au deflbus de Tou-loufe. Ce qui fait un efpace de cinquante lieues. C'eft un des ouvrages les plus glorieux du feu Roi. Voyez le Speclacle de la nature où M. Pluche en fait une curieufe defeription à l'art; des Rivières, Languedoc. ^ D. Qu'eft-ce que le Pont du Gard ? R. C'eft un Pont à trois rangs d'arches les unes fur les autres, lequel fut conftruit par les Romains pour joindre deux hautes montagnes (i). D. Quelle eft la Capitale du Languedoc ? R. La Capitale du Languedoc eft Touloufe, l'une des plus grandes & des plus belles Villes du Royaume, & le fiége d'un Parle ment ancien <3c célèbre (2). D. Quelle eft la féconde Ville du Languedoc? R. C'eft Montpellier , célèbre (1) Le premier rang a fix arches, le fécond, en a douze, & le troifieme trente-cinq. (2) Les Rois des Vifigots y établirent leur réfidence. La Cathédrale a une cloche qui pefe cinq cens quintaux ( cinquante mille livres ). Cette Ville polféde, ou croit pofféder, les corps de cinq Apôtres, Se d'une multitude d'autres Saints. On lit à l'Hôtel de Ville qu'ils appellent Capitole, j6 Géographie Univ. par fa Faculté de Médecine. EU© eft a deux lieues de la Mer. D- Quelles en font les autres Villes confidérables? R. Ce font Narbonne, Ville très-ancienne ; Nîmes, qui pofléde plu, fieurs Monumens de fon antiquité dont le principal eft un Amphitéâ-tre bien confervé, ouvrage des Romains (i); Carcaftbne ce Lodêve, une Infcription en lettres d'or, qui eft vm magnifique éloge de Louis le Grand. DEO. OPT. MAX. * D. D. D. * * OBo viri Capicolini P. Q. Tolof. Ch refiitutam Ludovico Magno VaUtudintni Et confervatum Ecclejîœ defenforem Nobiiitati Principem Magiftratibus Legiflatorem Populo Vatrem Orbi perpttuum miracuium. * Dicaverunr. ** Les huic Magiftrats appelles Capitouls, & le Peuple} Toviloufain. (i) On le nomme les Arènes du mot Arma. 11 eft de figure ovale, parce qu'il connus Languedoc. connus par leurs Manufactures de draps, &c. SEVE N N E S. D. Quels font les trois Cantons du Languedoc compris dans les Montagnes des Sevennes? R. Ce font le Vivarais, le Vêlai, & le Gevaudan , qui ont pour Capitales , Viviers, le Puy (i) ôc Mende. f II y a encore beaucoup d'autres Villes remarquables en cette Province , favoir : Alet dans le voi-finage de laquelle il y a des Montagnes qui produifoient autrefois de l'or : les RuifTeaux roulent encore des paillettes dont vivent quelques Paylàns. Beziers qui eft dans une très-agréable fituation , ce qui a étoit confacré àCaftor & APollux, nés d'un ceuf fuivant les Poètes. Les autres font le Temple de Diane , Se la Maifon quarrée qui font des modèles d'Architecture. Cette Ville fait un grand commerce eri bas & étoffes de foye. Elle a eu pour Evêque le célèbre Flechier. (O Patrie du Cardinal de Poligri^c. Tome L E 98 Géographie Univ. fait dire que fi Dieu vouloit habiter fur la Terre, il choifiroit Beziers Pour le lieu de faréfidence : Si Deus in Terris vellet habitare, Biterris ; les plaifans ajoutent : Ut iterum cruapgeretur. Uzez , Duché-Pairie , Agde , Alby, Archevêché , Mon-tauban fur les confins de la Guicn-ne. Caftre patrie d André Dacier , Lavaur, Caflelnaudari où fut mis en déroute Gafton d'Orléans, qui avoit fous fes ordres une armée de Rebelles : le Duc de Montmorency ayant été fait prifonniera cette journée fut condamné à avoir la tête tranchée. Puis Mirepoix , Saint-Papoul, Rieux , Limoux, Saint-Pons, Cette, Pezenas*, Lunel & Frontignan , l'une & lautre renommées pour leurs vins mufeats ; Beaucaire fameufe par la Foire qui s'y tient en Juillet ; Aigues-mortes, ce fut où S. Louis s'embarqua deux fois pour l'Afrique : maintenant la Mer en efl à quelque diftance. Alais, ïe Pont-Saint-Elprit fur le Rhône, où elle a un des plus beaux Ponts Roufjjllon. y 9 de l'Europe , Tournon , &c. Touloufe au Languedoc, Narbonne, Alcr, Beziers, Carcaflone , Agde ,'Alby, Lôdève, Momauban, Montpellier, Nîmc, Uzès ; au Vivarais , Viviers, Le Puy dans le Vclay s Mctide efl: du Gevaudan. ROUSSILLON. D. Depuis quand le Rouflillon eft-ilà la France? R. I/Efpagne lui en céda la Souveraineté à la paix des Pyrénées en 16-59. D. Quelles en font les bornes. R. Elle eft bornée au Nord par le Languedoc, au Midi par la Catalogne , à l'Orient par la Méditerranée , 6c à l'Occident parle Comté de Foix. Ce pays quoique montagneux ne laine pas d erre fertile. JD. Quelle eft la Capitale du RouflïUbn ? R. C'eft Perpignan, Ville des plus fortes , & qui eft le fiége d'un Con-feil Souverain , dont le pouvoir eft à peu près égala celui des Parlemens. Eij ïoo Géographie Univ. ' D. Quelles font les autres Places du Rouflillon ? R. On trouve encore Mont-Louis , bâtie par les ordres de Louis XIV. 6c plufieurs autres Places fortes. F O I X. jD. Comment ce Comté fut-il joint a la France? R. Henri IV. étant parvenu a la Couronne y réunit ce diftricl: qui lui appartenoit. JD. Quelles en font les Villes ? R. Foix 6c Pamiers. R E A R N. D. Que comprend le Gouverne* ment de Bearn i R. Il comprend la Province de Bearn 6c la balTe Navarre, qui furent réunis à la Couronne , attendu qu'ils appartenoient à Henri IV. lorsqu'il parvint au Trône. Êearn. j 0 ^ D. Quelles en l'ont les Bornes ? R. Il a les Pyrénées au Midi ; du refte il eft enveloppé de la Gafcogne. D. Quelle eft la Capitale du Bearn ? R. C'.eft Pau, Ville de Parlement , laquelle a donné naifTance à un de nos plus grands 6e de nos meilleurs Princes Henri IV. (i). (i) Il y naquît le 13 Décembre ï55V Jamais Souverain n'eut plus de bonté &de clémence envers fes fujets. Il avoit pour eux des entrailles de Pere; & ceux-ci réciproquement le portoient dans leurs cœurs. A fa mort la France fe montra inconfolable, Se verfa des larmes de fang. Et certes elle «nira lontems en exécration le jour funefte Se lugubre où elle perdit un fi bon Roi. Ecoutons ce que dit Matthieu dans l'hif-toire qu'il a écrite de ce Prince : il fut témoin de tout................... « Dire maintenant quel a été le deuil de -» Paris, c'eft entreprendre deperfuaderune « chofe incroyable à qui ne l'a vue. Par* « tout on voyoit faillir des fourées de pleurs, » par-touton entendoit les cris & les gémif-3) femens du Peuple: ilfembloit qu'on l'eut » affommé, tant la violence de la douleur » l'avoit étourdi Se éperdu : les cœurs fe E iij X02 Géographie Univ. ^ Ses autres Villes font Lefcar 33 fendoient de regrets. La cérémonie [des s) funérailles] n'eut pas befoin de pleureurs 33 empruntés , ni de larmes achetées. Et un peu plus loin : [ tant l'humanité , la bienfaifance de ce Prince, & fa fenfibi-lité au bonheur de fes Peuples avoient pénétré jufque fous les Cabanes & les Chaumières éparfes du Bûcheron Se du Charbonnier]. ai Ces torrents de larmes inondèrent tou-3' te la campagne. C'étoit pitié de voir par •> toutes les Provinces de France les pau-» vres gens de Village s'amafler en troupe 3> fur les grands-chemins, étonnés , hagards, 33 les bras croifés, pour apprendre des paf- fans cette défaftreufe nouvelle. Et quand » ils en étoient afïurés, on les voyoit fe 3» débander comme brebis fans Paft'eur , 33 ne pleurant pas fimplement, mais criant 33 & brêmant comme forcenés à travers les 33 champs. Lors de ce coup fatal , il méditoit de faire régner l'abondance Se la félicité dans fes Etats , au point que le moindre des 'François eût chaque Dimanche une poule a mettre dans fon pot. Projet vraiment Royal, Se qui valoit bien celui duColoffe de Pvhode. La France attendrie bénit encore aujourd'hui fa mémoire, Se fon nom eft fortement jjturu. î0y & Oleron. Et celles de la Bafîe- gravé dans le cœur des François. Il avoit le caractère diftïnclif de la grande ame : la franchife , quiconque eft bon , ne craint pas de fe montrer; il ne peut que gagnera cela. On lui reproche de s'être trop livré aux femmes; & il eft vrai qu'il eut beaucoupde maîtrefles. Maïs il eft pourtant vrai aulîî qu'elles ne lui firent jamais négliger le foin de fon Royaume; & Jorfqu'elles faifoient les revêches & les acariâtres, il leur difoit qu'il aimeroit mieux avoir perdu dix mai-trèfles comme elles qu'un ferviteur comme M. de Sully , qui lui étoit nécelfaire pour les chofes honorables Se utiles. J'ajouterai encore un fait : [ On m'accu-ferafans doute d'empiéter fur l'Hiftorien ; maïs peu m'importe : je m'en confolerai ai-fément par la fatisfaécion d'expofer un endroit fi propre à faire connoître la belle ame du meilleur des Rois. Malheur à celui qui à la vue de ce trait ne fe fentira pas des entrailles de lils pour un tel père.'] Henri IV. fur le point de donner la bataille d'Yvri , parcourant les rangs ; & étant à l'efcadron de Reiftrcs , vit Titus de Schombcrg, Se fe fouvenant qu'au fortir de Dreux , comme celui-ci lui avoit demandé de l'argent, il lui avoït réponduqucî jamais homme de courage n'avoir, demancé 104 Géographie Navarre, font Saint-Jean-Pied-de- Port & Saint-Palais. Perpignan, Mont-Louis , font dans le Rouffillon. Toix, Pamicrs. Au Bearn Pau,, Lefcar, Oleron. argentla veille d'une bataille.Sentant d'ailleurs que cette parole avoit offenfé l'honneur de ce Cavalier ; il ne voulut pas le laiffer plus lontems en cette peine , [n'y en ayant point qui égale le tourment qui travaille un brave cœur, quand il voit que celui pour lequel il eft armé doute de fon courage]. Il lui dit en ces termes : Monfteur de Schomberg , je vous ai ojfenfé': cette jour-•née peut être la dernicre de ma vie : je ne veux point emporter l'honneur d'un Gentil-homme ; je jçai votre valeur votre mérite : je vous prie de me pardonner & em-éraJfez.-moi. Schomberg tout confus Se étonné mît pïed-à-terre, & dit: il eft vrai, Sire, Votre .Majesté meblefla l'autre jour ; Se aujourd'hui Elle me tue; car l'honneur qu'Elle me fait m'oblige de mourir en cette occa-fion pour fon fervice. Il fut vrai. Car quittant le rang qu'il tenoit fur ceux de fa nation , il voulut être Gendarme en la Cornette-Blanche du Iloi, Se y fut tué. Unîverfelle. G U I E N N E. D. Quelles font les Révolutions de la Guienne? R. EHle eut d'abord Tes Rois , connus fous le nom de Rois d'Aquitaine ; puis fes Ducs. La fille d'un de ceux-ci époufa Louis VII. Roi de France à qui elle porta en dot cette belle Province : mais ayant été répudiée, elle fe remaria à Henri Roi d'Angleterre, qui par ce mariage devint maître de la Guienne. £>. Quel fut enfuite le fort de cette Province ? R. Après avoir été lonjems un fujet de difpute entre F Angleterre & la France, elle paffa enfin à celle-ci en 1451 , que les François chaf-ferent les Anglois de tout le Royaume. JD. Les noms Guienne «Se Gascogne fignifient-ils la même chofe? R. Le Gouvernement de Guienne efl traverfé par la Garonne : la Ev io6 Géographie Univ. par lie au Nord du Fleuve fe nomme Guienne , ck celle qui eft au Midi, retient celui de Gafcogne. Cependant par celui de Guienne , on entend encore la Province entière f i ). JD. Quelle eft Tétendue de la Guienne ? R. C'eft la plus grande Province du Royaume , ayant cent lieues environ a Orient en Occident, & pref-qu'autant du Nord au Sud. JD. Quelles en font les bornes ? R. Elle eft avoifinée au Nord par laSaintonge, lAngoumois , le Li-mofin & l'Auvergne : à l'Orient par le Languedoc, au Midi par les Pyrénées & le Bearn, & à l'Occident par l'Océan. D. Quelles font les Productions de ce pays. (i) Quelquefois on comprend fous le nom de Gafcogne toute la Guienne & le Languedoc à caufe de l'accent. Les Gafcons outrent l'hyperbole en fait de bravoi re : ce qui a fait donner le nom de Gafconnade à ce qui fent le fanfaron. Guienne. I0 -R. Il fournie des vins qui d^abord font durs ; mais deviennent excel-lens quand ils ont parlé la Mer : fur-tout ceux de Bourdeaux & de Grave. Z>. Quelle eft la Capitale de toute la Province ? R. La Capitale en eft Bourdeaux Parlement, Tune des plus grandes, des plus riches, & des plus belles Villes cle France. Elle a un bon Port fur la Garonne, ce qui efteaufe qu'il s'y fait un très - grand commerce (i). D. Quelle en eft la féconde Ville? R. C'eft Bayonne , Ville très-marchande, Place forte, Port de JMer ôc Capitale du Labour. D Quelles font les autres Villes de la Guienne méridionale ? (i) Anciennement on diloît Bordeaux. Elle difpute à Lyon le titre de féconde Ville du Royaume. C'eft la patrie du Poète Aufone. Suivant j'eftirr.ation la plus ordinaire, elle contient 120000 ames. C vj 2o8 Géographie Univ. R. Ce font Dax, Capitale des Landes , où les Romains avoient des bains d'eaux chaudes (i) Auch Capitale du Comté d'Armagnac, un des plus riches Archevêchés de France ; Tarbe Capitale du Bigor-re Bagneres & Barege , deux J3ourgs connus par leurs eaux chaudes , & Saint-Bertrand Capitale du Comminge. ^ Saint-Jean-de-Luz, Saint-Se-ver, Aire Evêché dans la Chalofîe, Lombez, Leitoure -, Saint-Lizier Capitale du Couferand , Condom & Nerac , Chef-lieu du pays d'Al-bret, font encore de la Gafcogne. D. Nommez les Villes de la Guienne propre? R. Ce lont Bazas, Périgueux Capitale du Périgord , Agen (2), Ca-nors Capitale du Quercy , & Rhodes Capitale du Rouergue. ^ On trouve encore en Guienne- (1) Elle fe nomme aufli Acqs ab Aqiàst patrie de Dupleix. (2) Patrie de J. Scaliger. Salnto nge -A ngoum ois. i Sarlat, Blaye qui a une bonne Citadelle , Coutras fameufe par la victoire que Henri IV. remporta fur la Ligue en 1587, Vabre Evêché , Ville-Franche. D. Qu'eft-ce que la Tour de Cor-do uan ? R. C'eft un Phare élevé en Mer à l'embouchure de la Gironde, pour empêcher les Vaiileaux d'échouer fur les bancs de fable qui font k l'entrée de ce Fleuve. Bans la Guienne Bourdeaux, Nerac , Lcitoure 9 Àgcn, Bazas, Tarbe , Cahors, Dax , Rhodes, Saint-Bertrand , Bayonne, Auch , Pc'rigeux , Satlat , le Condomois,' SJINTONGE-ANGO UMOTS. 23. Que comprend le Gouvernement de Saintonge ? R- Deux petites Provinces. La Saintonge & l'Angoumois , celle-ci a l'Orient de Pautre. D. Quand la Saintonge revint^ elle à la France ? no Géographie Univ. . R. En même tems que la Guienne , avec laquelle elle avoit palTé fous la puiflance de Henri Roi d'Angleterre , par fon mariage avec Elco-nore , fille 6c unique héritière du -dernier Duc d'Aquitaine. D. Que produit la Saintonge > R. Outre beaucoup de bled ce de "vin , elle fournit encore abondam-le fel le plus eftimé. D. Quelles font les bornes de ce Gouvernement? R. Ce font au Nord le Poitou , au Midi la Guienne , à l'Orient la Marche & le Limofin , a l'Occident le pays dAunis 6c 1 Océan. JD. Qu lies en font les Capitales? R. Saintes efl Capitale delà Saintonge , & Angoulême 1 eft dcl'An-goumois i). D. Quelles font les Antiquités de Saintes ? R. On y voit un Arc de Triom- (i) Patrie de Balzac. C'eft auiïi celle de Ravaillac , qui n'a d'autre droit à la pofté-rité que celui qu'eut Eroftrate, Saintonge-Angoumois. ljr plie, des Aqueducs , & les reftes d'un Amphitéâtre. D. Jarriac n'eft-il pas aufli de ce Gouvernement ? R. Oui: & c'eft un Bourg fameux par la victoire qu'y réimporta fur les Huguenots Henri Duc a Anjou , depuis Roi de Pologne, frère de Charle IX. Tan « «5(39 (1). ^ Les autres endroits remarquables dans la Saintonge, font Saint Jean-d'Angely & Taillebourg , où Saint Louis défit les" mécontens qui foutenoient les Anglois. Puis dans P Angoumois , Cognac qui fait un grand commerce de fes Eaux-de-vie. C'eft le lieu de la naifîànce de François I. Sainte avec Angouïèmc en Saintonge-Angoumoïs. (1) Le Prince de Condé y fut tué d'un Coup de piftolet par Montefquiou. 112 Géographie Univ. PAYS D>AUNIS. X). Quel eft le pays cTAunis } R. C'eft le plus petit des trente-un Gouvernemens j mais il eft riche & peuplé à caufe de fon grand commerce , les VailTeaux y abordant fréquemment de l'Amérique. D. Çuelles en font les bornes ? R. Il eft borné par le Poitou au Septentrion , par la Saintonge au Sud-Eft, & a l'Oueft parla Mer. D. Quelle eft la Capitale du Pays-d'Aunis ? R. C'eft la Rochelle , l'une des plus riches, des plus fortes & des plus célèbres Villes de France. Elle fait un grand commerce avec rAmérique , au moyen de fon Port qui eft sûr & commode. L'entrée en eft défendue par deux Tours. £>. La Rochelle n'a-t-elle pas foutenu un liège fameux ? R. Oui : un des plus fameux dont Le Pays-d'Aunts. jj* parle l'hiftoire. En 1628 , Louis XIII. ou plutôt le Cardinal de Richelieu , la prit fur les Calviniftes qui s'y étoient retranchés , en avoient fait leur Boulevard, & s'y déféndoient vigoureufement & opiniâtrement. D. Quel moyen employa pour cela le Cardinal-Miniftre ? R. Il jetta en Mer une digue de 747 toifes, pour empêcher que les Anglois n'apportaflènt du fecours aux Rebelles \ ôc les réduifit par famine. D. Rochefort n'eft-il pas de cette Province ? R. Oui : c'eft une Ville belle & forte, bâtie par les ordres de Louis XIV. fur la Charente , où elle a un Port des plus commodes, & capable de recevoir les grands Vaif-feaux (1). D. La Ville de Brouage n'eft-elle pas de la Saintonge ? (1) Il y a dans cette Ville une Fonderie de canons, une Corderie 5c un Arfenal. H4 Géographie Univ. R. Oui: mais elle a été réunie au Gouvernement d'Aunis avecle pays adjacent. Elle eft au bord de la Mer environnée de Marais falans. La Rochelle eu Auras , Brouagc. 8c Rochefbrr. POITOU D. Cette Province n'a-t-elle pas appartenu aux Anglois ? R. Oui: Elle pafta fous leur domination avec la Saintonge ce la Guienne par le mariage d'Eléono-re , unique héritière du dernier Duc d'Aquitaine avec Henri IL Roi d'Angleterre ; mais elle fut recoin quife par Philippe-Augufte. D. Qu'arriva-t-il enluite? R. En 1360 le Poitou fut cédé en toute fouveraineté aux Anglois par le Traité de Bretigni , par lequel ils mettoient en liberté le Roi Jean le Bon , qu'ils détenoient.prifonnier à Londres depuis quatre ans. Vint en-fuite Charle V. qui chafTa les Anglois de toute la France 6k du Poi- Poitou. Xîwl tou. Depuis oe tems , il n'en a pas été aliéné'i). D. Quelle eft la Capitale de cette Province ? R. Poitiers, Ville des plus fpa-cieufes , mais des moins peuplées. Elle eft remarquable par deux fa-meufes batailles : l'une que remporta Clovis fur Alaric, Roi des Vifigots , qu'il tua de fa propre main , & par cette victoire fe rendit maître du pays jufqu aux Pyrénées : l'autre où les François furent battus par les Anglois bien inférieurs en nombre, lefquels avoient à leur tête le prince de Galles. Le Roi Jean le Bon y fut fait prifonnier. ^ Lucon , Loudun, Niort, Ville fort marchande , Richelieu , Ville bâtie par le Cardinal de ce nom, Mircbeau, Châtelleraut, Thouars, (i)Les bornes du Poitou font aw Nord, la Bretagne, l'Anjou & la Touraine ;»au Midi la Saïnconge, l'Angoumois & le Pays-d'Aunis ; à l'Orient la Marche &une par-tic de la Touraine, Se à l'Occident l'Océan, tI£ Géographie XJniv. la Trimouille, Fontenai-le-Comte & les Sables d'Olonne, font encore du Poitou. Au Poitou font Poitiers , Luçon , LoucTon , Niort BRETAGNE. D. Comment la Bretagne a-t-elle été réunie a la Couronne? R, Par le mariage d'Anne de Bretagne ,-fille oc héritière du dernier Duc Souverain de cette Province avec Charles VIII. & après la mort de celui-ci, avec Louis aJI. D. D'où cette Province tire-t-elle fon nom ? il. Des Bretons qui s'y réfugièrent d'Angleterre dans le cinquième fiécle, ôc Vappellerent Petite-Bretagne pour la diftinguer de la Grande-Bretagne, qui eit l'Angle-, terre ôc l'EcofTe (i). D: Quelles font les productions (i) Elle eut aufli le nom d'Armorique, i caufe de fa fituation fur la Mer. Bretagne. tI7 de la Bretagne, l'une des plus considérables Provinces de France? R. La Bretagne eft allez fertile le long des Côtes ; mais dans l'intérieur , elle eft pleine de Landes. Au relie elle abonde en excellens pâturages , & fournit beaucoup de chanvres dont on fait des cordages & des toiles , en quoi confifte fon principal commerce. JD. Quelles font fes bornes? R, Elle peut être regardée comme une Prefqu'ile, étant fermée de la Mer de tout côté, excepté vers TOrient, où elle confine au Maine, au Perche ce a l'Anjou. Elle tient encore à la Nonriandie ce au Poitou. D. Quelle en eft la Capitale? R. La Capitale de la Bretagne eft Rennes , l'une des belles Villes de France, avec un Parlement (i). (i). Elle eft tou^e rebâtie depuis l'incendie de 1720, qui la réduifit prefque toute en cer.dres. C'tftla patrie du P. Tourne-mine. Ii8 Géographie Unlv Z>. Quelle eft la féconde Ville de cette Province , & en même tems la plus confidérable ? R. C'eft Nantes, Tune des plUs marchandes , des plus peuplées , & des plus riches du Royaume -, fùr ja Loire, k neuf lieues do la Mer (i), D. Quelles en font les autres Villes confidérables ? R. Ce font l'Orient , Ville riche & célèbre, qui ne s'eft formée que depuis 1720. C'eft a ce Port qu'abordent les Vaifïèaux de la Compagnie des Indes. Rreft Port fameux , des plus beaux 6c des plus sûrs de toute .la France : & Saint-Malo , Ville riche, marchande 6c peuplée , avec un Port très-fréquenté. Elle eft bâtie en Mer fur (1) Les Tartanes peuvent remonter la rivière jufqu'au Port de»Nantes. C'eit dans cette Ville qu'Henri IV. donna le fameux Edit dit de Nantes, qui permettoi-t aux Calviniltes l'exercice de leur Religion , Se qui fut révoque par Louis XIV. en icts5. On y compte 90 000 Habitans. Normandie. un Rocher qui ne communique à. la terre que par une chauffée (i) 1 Vanne , Ville fort peuplée à Une lieue de la Mer , a laquelle elle communique par un Canal : le Port-£ouis autrefois Blavet, avec une Citadelle & un allez bon Port : Quimper ou Quimper-Corentin , Dol, le Croific , Saint - Brieux , Lambale , Saint-Paul de Léon, Trcguier, Morlaix , Dinant, Fougère 6e Vitré, font aufli des Villes de cette Province. Renne & Nante. en Bretagne, & Vanne & Port-Louis , Quimper, Brcfl: , Saint-Malo ,Dol, Trcguier , le Croifïc. NORMANDIE. D. D'où la Normandie qui fai-foit partie de la Neuftrie tire-t-elle fon nom ? (i) En 1711, fes Habitans donnèrent trente millions à Louis XIV. le voyant dans le befoin. C'eft la patrie de Duguay-Trouin & de M. de Maupertuis. Xio Géographie Univ. R. Des Normands , Peuples du Nord qui fe jetterent en France dans les IXe. & Xe. fiécles, & après y avoir fait des dégâts épouventa-bles, fe fixèrent Tan 912 en cette Province, que le Roi Charle le Simple céda a leur Chef Rollon, à condition de fe faire Chrétien , 6c lui donnant fa fille Gifelle en mariage. D. Comment cette Province revint-elle à la Couronne? R. Après avoir été fous la Domination Angloife [ car fes Ducs devinrent Rois d'Angleterre]. Philippe- Augufte s'en empara fur le Roi dit Jean-Sans-Terre , l'an 1203 , c eft-à-dire , après avoir été aliénée près de 300 ans. D. Quel eft le naturel des Normands ? R* Ils font laborieux , adroits, ingénieux , très-propres aux Arts 6c aux Sciences ; mais chicaneurs (1). C1 >Ils lont, dit-on, grands Partisans de la Juftice, ils aiment à lui faire gagner de l'argent. Normandie. r2r D. La Normandie n'eft-elle pas une de nos Provinces les plus confi-dérables du Royaume ? R. Oui : c'eft une Province des plus grandes, des plus fertiles, des plus commerçantes & des plus peuplées. Elle renferme un nomb-»j incroyable de Villes & de Villages , Ôc elle eft pour la France d'un très-grand revenu. Elle ne fournit pas de vin ; mais les Habitans y fup-pléent par le cidre, boifibn qui fe fait du jus de Pomme que ce pays protluit abondamment. D. Quelles en font les bornes? R. Au Nord & à l'Occident c eft la Mer ; à l'Orient la Picardie , ôc l'Ile de France; au Midi le Maine, ôc une portion de la Bretagne. D. Quelle en eft la Capitale? R. La Capitale de la Normandie eft Rouen , Ville des plus grandes, des plus riches , ôc des plus marchandes. Après Lyon , elle ne le cède à aucune du Royaume. C'eft le fiége d'un Parlement. D. Qu'eft-ce qui fait fa richcfïe ? Tome L F 122 Géographie Univ. R. Ses Manufactures ; joint a ce que de très-gros VaifTeaux peuvent y remonter parla Seine, ce qui y rend le commerce floriflant. D. Que remarque-t-on à Houen? R. Elle a fur la rivière un Pont de bateaux quihaufîè ex baille avec la Marée , 6c s'ouvre pour 1 ailler palier les gros bateaux. On y remarque aufTi lEglife Métropolitaine qui efi des plus élevées. Dans Tune de fes Tours eft la fameufe Cloche appclléc George-dAmboife , Tune des plus grofîes du Monde (i)*. (i) Elle efl: ainfi appellée du Cardinal de ce nom, Miniftre qui fut regretté , & mérita de l'être. Le fouvenïr en eft encore aujourd'hui précieux à la France. Il fut définté-refTé , ne fongea point à fon aggrandiffe-ment, eut pour paflîon dominante l'amour du bien-public, & la gloire de fon Roi * Cet exemple qu'il eft plus aifé d'admirer que de fuivre, [ Je le dirai à la gloire de no, tre Nation ] a eu depuis des imitateurs. On lit fur cette Cloche : Je fuis George-d'Amboife , Qui trente-fix mille poife : Et qui bien me poifera : Quarante mille trouvera. * Louis XII. Normandie. r ^ ~ Z>. Quelle eft la féconde Ville de la Province ? il. Ceft Caen , Ville grande , belle v& marchande , avec une célèbre Univerficé (i). D. Où eft fitué le Havre -de-Grace ? R. Cette Ville qui eft confidéra-ble , eft à l'embouchure de la Seine, où elle a un bon Port Géographie Univ. D. Quel eft, le naturel de fes Habitans ? R. Ils font fincercs, libres, bruf-ques, & d'une fermeté dans leurs opinions qui dégénère en opiniâtreté : d'ailleurs fpirituels & laborieux. • D. Que comprend le Gouvernement de Picardie ? A. Il comprend la Picardie & l'Artois. D. Quelles font les bornes de ce Gouvernement? R. Ce font au Nord-Eft la Flandre - Françoife, au Midi l'Ile de France , & à l'Occident la Manche, ôc une partie de la Normandie. Sa Capitale eit Amiens , Ville confidé-rable (i). (t) La Cathédrale eft une des plus belles du Royaume. En 1587, cette Ville fut prife par ftratagême. Les Efpagnols s'aviferent d'y faire entrer une charette chargée de noix Se de la faire conduire par des Soldats dé-guifés en Payfans. Ceux-ci après avoir paiTéles portes en laifterent répandre unfac, Se la garde s'étant amufée à les ramader, Picardie. 12j D. Que porte la Picardie ? R. Beaucoup de bled , mais point de vin. D. Quelles font les autres Villes de la Province ? R. Ce font Perroiie (i) dite la Pucelle , pour n'avoir jamais été prife , & Saint-Quentin*, Ville forte Ôc famëufe par la bataille quy perdit le Connétable de Montmorency contre les Efpagnols. Ces Villes font de la haute Picardie. D. Quelles font celles delà baffe? des Soldats placés en embufcade s'emparèrent de la porte. Se fe rendirent maîtres de la Ville. Mais Henri IV. la reprit la même année. On brûle à Amiens de la tourbe, terre fulphureuie Se noire, qu'on coupe en tranches avec la bêche. On la fait bien fécher avant d'en faire ufage. C'eft la patrie de Rohaii.lt, Voiture , & D ucanee. (r) Charles le Simple Se Louis XI. y furent détenus prifonniers. Le premier y mourut dans le Château: Charle , Duc de Bourgogne, laifTa fortir le fécond, mais ce ne fut qu'après avoir ligné un traité de Faix fort défavantageux à la France. Fiv 128 Géographie Univ. R. On y trouve Abbcvillc , peuplée & marchande, avec de bonnes Manufactures d'étofes (i) , Boulogne fur Mer, grande & belle Ville: Louis XL Tacheta de Bertrand de la Tour , Comte d'Auvergne, pour Garantir la Frontriere de France. Enfin Calafs , Port & Place forte : c'eft le palïàgc ordinaire de France en Angleterre , dont elle n'eft éloignée que par un trajet de fept lieues. Après avoir été deux cens ans fous la domination Angloife, elle revint enfin à la France à la paix de Ver-vin en t<508 (2). (1) C'eft là que Te fabriquent les draps appelles Vanrobaîs. Cette Ville eft la patrie des deux Sanfon : ce n'étoit autrefois qu'une Métairie de l'Abbé de Saint - Ri-quïer. D'où vient fon nom Abbatis Villa. (2) Les Habitans de Calais ligna le rent leur bravoure , Se leur attachement à la France d'une manière non équivoque dans le fiége qu'ils foutinrent l'an 1347, contre Edouard III. Ils fuccomberent cependant par famine. ^ En tems de paix 11 en part régulièrement plufieurs fois chaque femaine des Bâtimens appelles Paquebots , qui fe rendent à Dou- Picardie. I2 D. Vervins ce la Fere ne font-elles pas encore de cette Province? R. Oui: la première , célèbre par le Traité de paix qui s'y conclut en 1^98 , entre Henri IV. & Philippe II. Roi d'Efpagne. L'autre a une Ecole d'Artillerie (1). ^ Montdidier , où quelques Rois de la IIIe. race ont tenu leur Cour , Guife , Dourlans , Conti Principauté, Roye , Chaune , Ham , Ardre , où fe fit l'entrevue de François I. ce de Henri VIII. Roi d'Angleterre. Ambletufe , Montreuil , Creci, près de laquelle Philippe de Valois ayant été défait par le Roi d'Angleterre, perdit plus de trente mille hommes, Saint-Riquier,Saint-Valeri Port à l'embouchure de la Somme , font autant de Villes de la Picardie. vre. La même chofe fe pratique de Douvre à Calais. (!) Près de la Fere, efl: le Chkeau de Saint-Gobin , connu parfa Manufacture de places. Fv 13 o Gcograph le V. Comment la Province d'Artois cft-elle revenue à la France? R. Par la Conquête qu'en fit Louis XIII. C'eft une des dix-fept Provinces des Pays-Bas. _D. Quelles en font les Villes ? R. Ce font Arras fi) Capitale , Ville grande, peuplée ce bien bâtie, avec une forte Citadelle, puis Hedin & Saint-Omer Places fortes (2). ^ Aire , Bapaume, Bethunc, Villes fortifiées, font encore de l'Artois. Amiens , Vervins , Crecy , la Fere en Picardie, Peronnc, Saint Quentin , Montdidier 5c Corbie Abbvilie, Ardre, Boulogne & Calais, Porcde mer, L'Artois renferme Arras , Aire, Hedin, Saint-Omcr. ' (i) Louis XIII, s'en rendit maître en 'îô^o. Les Habitans qui jufqu'alors Fa-•voient crue imprenable avoient mis fur une des portes cette Légende : Quand les François prendront Arras , les fouris mangeront les chats. Un François l'ayant vue après la prife de la Ville dit, qu'il n'y avoit qu'à oter le P. Elle a une célèbre Abbaye dite de Saint-Waft. (2.) Non loin de cette dernière, la ri- Univerfdle. F LA NDRE-FRANÇOISE. D. Qu'appelle-t.-on Flandre-Françoife ? R. C'eft la partie des Pays-Bas que conquit Louis XIV. laquelle s'étend depuis Dunkerque jufquc vers la Meufe joignant le Duché de Luxembourg. JD. Que comprend ce Gouvernement ? JD. Une partie des Comtés de Flandre & de Hainault, avec le Cambrefîs, pays qui a été un théâtre prefque continuel de guerre entre .différentes PuifTances. JD. Quelle en eft la Capitale. ? R. Lille, Ville des plus grandes viere d'Aa forme un grand Marais ou cf-pece de Lac fur lequel font des Iles notantes qui donnent de bons pâturages. Ceux du pays les approchent du bord , y font entrer leurs beftiaux , Se les pouifent où ils veulent. Il y croît aulTi des arbres, maison a loin de les tenir bas de peur qu'ils ne donnent trop de prife au vent. F vj 12.2 Géographie Univ. & des plus commerçantes avec une Citadelle qui parle pour la plus belle de l'Europe. D. Quelles en font les autres Villes? R. Dunkerque , dont le Port eft fameux. Louis XIV. acheta cette Ville des Anglois en 1662. Douai Ville forte & la réfidence du Parlement delà Flandre-Françoife , avec une célèbre Univerfitc; Graveline, Port & Place forte , puis Vaien-cienne , Capitale du HainautrFrançois , & Cambrai du Cambrefis. Lune & l'autre font riches , peuplées , & défendues par une bonne Citadelle. ^ De ce Gouvernement font encore Bergue-Saint-Vinox, Bour-bourg ; Caflel fameufe par la victoire que remporta fur les Flamans le Roi Philippe de Valois [ ce nom vient de Caflellum'\ Armentiere, Château-Cambrefis célèbre par le Traité de paix , qui y fut conclu entre Henri IL èe Philippe II. Roi d'Efpagne,Condé principauté, Mau- Champagne. j--. beuge , le Quefnoi, Charlemont au bord de la Meufe, ainfi dit de Charle V. qui la fonda, & de fa fituation fur une montagne : Avene, Bouchain > Landrecie , ôc Philippe-ville toutes Places fortes. Lille , Doutai, Punkcrque aux Pays-Bas François Graveline, CafTcI , Valencienne U Cambray. CHAMPAGNE. D. La Champagne n'eft-elle pas une Province confidérabie ? R. Oui : c'eft une des plus gran-, des ôc des plus confidérables Provinces de France. Elle a eu pendant lontcms fes Souverains appelles Comtes de Champagne , lefquels étoient fi puiffans, que plus d'une fois, ils ont fait la guerre aux Rois de France. D. D'où lui vient fon nom ? R: Des varies Campagnes qu'elle renferme. E). Que porte la Champagne de particulier? 1^4 Géographie Univ. R. Des vins eftimés , les plus légers & les plus délicats qui foient. D. Comment cette Province revint-elle à la Couronne ? R. Par le mariage de Jeanne de Navarre, Comteffe & héritière de Champagne avec le Roi Philippe-le-Bel. jD. Quelles font les bornes de la Champagne. R. Elle eft terminée au Nord par la foret des Ardennes, qui la fépare du Duché de Luxembourg , au Midi par la Bourgogne, à l'Orient par la Lorraine , & à l'Occident par l'Ile de France. D. Quelle en eft la Capitale (i), R. Troye , l'une des plus confi-dérables Villes de France. Quoi-qu'entierement bâtie de bois , elle (i) Le titre de Capitale de la Champagne eu: difputé à la Ville de Troye pa. celles de Rheims Se de Châlon ; mais il paroît que Ton eft mieux fondé à décider de cette prérogative en faveur de Troye. Champagne. j** He iaifTe pas d'être fort belle lj\ On y remarque le Palais oùréfi-doient autrefois les Comtes , 6e la Cathédrale qui eft une des plus belles Eglifes du Royaume. JD. Quelle eft la féconde Villede Champagne ? R. La féconde en eft Rheims, Tune des plus anciennes , des plus célèbres , 6c des plus grandes Villes du Royaume. La Cathédrale eft belle , mais particulièrement fon Portail qui parle pour n'avoir pas fon pareil en France (2). C'eft à (1) La pierre que fournir le pays eft fi tendre , qu'elle fe coupe avec le couteau, &dès lors elle ne peut s'employer dans les conftruétions. Cette Ville eft la patrie de F. Girardon , & de Mignard. Son nom latin Trec lôn , dit Châlon-fur-Marne , ou Châlon- en-Champagne, Ville con-ftdérable : Sens, illuftre dès le tems. de Cefar. Langres renommée pour fa Coutellerie , Meaux, Capitale de' la Brie, 6c Sedan Place forte qui ap- On y conferve la Sainte Ampoule , que l'on a cru avoir été apportée du Ciel, & le corps de S. Remi qui eft tout entier & Tans corruption *. Cette Ville polTéde plufieurs JVIonumens anciens, dont le mieux conservé eft un Arc-de-Triomphe , ouvrage des Romains. (i) Châlon-en-Champagne Catalaunum, s'écrit par quelques-uns Chaalon confer-•vant les deux ada latin : [ Châlon-fur-Sône Caliïlonum'\. C'eft la patrie de Perrot d'A-blancourt. A l'une des portes de la Ville eft une Promenade ou Cours renommé appelle le Jard. * Le corps de S. Remi a Rheims , celui de Sainte Rofc i Virerbe. celui de S. Claude en la Ville de ce nom , &c.&c. ne fuppofent pas de miracles : ils peuvent s'être coniciYCj eu fertile , particulièrement vers e Midi : mais du côté du Nord elle (1) Le fils aîné du Prince de Condé porte le titre de Duc de Bourbon. Auvergne. t^j ne laiiïe pas d'être abondante. Il y a entr'autres une de fes Contrées ap-ellée la Limâgne qui s'étend des eux côtés de 1 Allier pendant une efpace de quinze lieues ; c'eft un des plus beaux ce des meilleurs pays de la France (i). D. Quelles font les bornes de l'Auvergne d'où nous vient le beau Papier de ce nom ? R. Elle a le Bourbonnois au Septentrion , une partie de la Guienne au Midi, le Lyonnois 6c les Céven-ncs à l'Orient, 6cle Limofin àlOc-cident. D. Quelle en efl: la Capitale ? R. La Capitale de l'Auvergne eft Clcrmont, Ville grande., riche 6c fort peuplée. C*eft-là que fut réfo-lue la première Croifade qui eut pour Chef Godefroy de Bouillon. (i) Les Auvergnats font très laborieux. 11 en fort tous les ans une multitude pro-dig'eufe qui fe répandent par la France, 8c au-delà des Pyrénées, partie Manœuvres, partie Chaudronniers. 142. Géographie Cette Ville eft la patrie de Blaife Pafcal. Elle eft fituée près la Montagne appellée le Pui de Dôme où fe firent les premières expériences fur la pefanteur de lair. D. Quelle en eft la féconde Ville ? R. C'eft Riom , Ville très-con-fidérable, où les Ducs d'Auvergne avoient leur Palais, ôc une Sainte-Chapelle (1). ^ Les autres Villes de l'Auvergne font Saint- Flour, Aurillac, Thiers , Billon , Brioude & Am-bert. Nevers au Nivernois. Moulins, Vichi , Bourbon Au Bourbonnois. L'Auvergne a Cleimont &Ri0m, ________ 1 m ni II ■■__«_MMM«M-glJt.»IIW8atttt| L I M O S I N. J). Que remarquez-vous du Li-mofin ? R. Cette Province qui eft entre P Auvergne , la Guienne ôc la Mar- (0 C'eft la patrie du P. Sirmond. Univcrfcllc. T^ die, eft peu fertile.- fi ce n'eft en châtaigners qui y font en grande abondance , 6c dont le fruit fait la principale nourriture des Habitans, qui par leur caractère laborieux, lupléent au peu de fécondité de leur pays (i). La Capitale en eft Limoge Ville confidérable. <| Tulle Evêché, Prive dite la Gaillarde, pour la gaieté du Vallon où elle eftfituée , Turenne, 6c le Duché de Vantadour font de cette Province. Limoge cnLimo/în , Brivcs, Tulle , & Turenne. LA MARCHE. D. Que dites-vous de la Marche? R. Ceft une des moindres de nos Provinces. Elle n'a point de Villes confidérablcs. Gueret en eft la Capitale. ^ Dorât, 6c AubuiTon connu (O Cette Province fournit prefqu'en-tierement la France de Maçons. 144 Géographie par fa Manufacture de tapitTerics font de cette Province. Le fils aîné du Prince de Conti porte le titre de Comte de la Marche. Dans la Marche Gueret, Dorât, 8c Aubnflon. B E R R V. D> Quelle efl la pofition de cette Province 11 ? R. Elle occupe le centre de la France. £). Quel eft fon principal commerce ? R. Il eft en laines fort eftimées. D. Nommez-moi fa Capitale? R. La Capitale du Berry eft Bourge , Ville ancienne & grande, mais qui n'eft guère peuplée. C'eft la patrie du P. Bourdaloue {2). (1) Elle efl bornée au Nord par l'Orléa-nois, au Midi par la Marche & le Bourbon-noïs, a l'Orient par le même Bourbonnois Se le Nivernois , à l'Occident par la Touraine. (i) Et des P. P. Labbe & d'Orléans. 5 b* Univerfelh. t^ 5 On voit encore dans cette Province Iifoudun , Sancerre qui fut un des principaux Boulevards des Calviniftes , I)un-le-Roi, ôc Château-Roux. TOURAINE. JD. Quelle eft la Touraine? R. Cette Province fïtuée le long de la Loire qui la traverfe eft très-agréable & très-fertile, fur-tout en fruits excellens, ce qui la fait nommer le Jardin de la France. Sa Capitale eft Tours , l'une des plus considérables Villes du Royaume. Saint Martin en fut Evêque (i ). (i) L'Eglife du Chapitre de S. Martin efl: une des plus vaftes du Royaume. Elle êtoit en pofTeffion du corps de ce Saint qui yrepofoit; mais les Calviniftes le réduifi-rent en cendres au tems des guerres civiles. Cette Ville fait un grand commerce d'étoffes de foye. C'eft la patrie du Pere Rapin. Près de Tours eft une Maifon Royale appellée Pleffis-les-Tours, bâtie par Louii Tome L G i^G Géographie ^ Les autres Villes font Langct renommée par fes melons.exquis • Amboife où naquirent le Roi Ghar-le VIII. ce le P. Commire, elle eft ainfi appellée ah ambientibus aauis. [En effet, elle eft entre deux rivières ]. Ce fut là que Louis XL infti, tua l'Ordre de S. Michel. On y voit des bois de cerf d'une grandeur pro-digieufe qui avoient été réputés tels juique-là, ce qui furent reconnus pour être artificiels par Philippe V. ce fes frères , les Ducs de Bourgogne & de Berry qui l'accompa-gnoient en Efpagne. Loche : au milieu du Chœur de fon Eglife Collégiale eft le Tombeau de la fameu-fe Agnès Sorel à qui la France dut prefque tout le bien que fit Charlg VIL Le Chapitre demanda inutilement a Louis XI. la permifïion d\> ter ce Tombeau de leur Chœur. \\ reçut pour réponfe cet avertiriez ment : d'être un peu plusreconnoif. XI. qui s'y plaïfoit beaucoup , & où il e{_ mort. Univerfdle. Tsj fant envers une telle bienfaitrice7. La Haye, remarquable pour avoir donné le jour à Defcartes ; Chinon, près de laquelle naquit Rabelais, & ITle-Bouchart, ainfi dite de fa fituation dans une Ile que forme la rivière de Vienne : l'Hiftoriographe Duchene étoit de cette Ville. Bourge , Ifloudun, Sancciic au Berry. La Touraine avec Tours à Langer. , Loche , Amboife & Chinon. ANJOU. D. Quelles font les bornes de l'Anjou ? R. Cette Province , qui eft fort abondante, a au Nord le Gouvernement de Maine , au Midi le Poitou , à l'Orient la Touraine, & à 1 Occident une partie delà Bretagne (i). D. Quelles en font les Villes principales ? (i) Les Carrières d.'ardoifes y font fi Communes que prefque toutes les Maifons * celles même des Payfans en font couvertes. Gij 148 Géographie R. Ce font Angers Capitale - laquelle eft grande & aftez belle puis Saumur(i), & la Flèche, ou les Jéfuites avoient le plus beau, Collège du Royaume. LE MAINE. D. Que comprend le Gouvernement de Maine ? R. Il comprend le Maine & le Perche, deux petites Provinces. Il a au Septentrion la Normandie , au Midi P Anjou , à l'Orient l'Orléa-nois, à l'Occident une partie de la Bretagne. Sa Capitale eft le Mans, Ville grande & peuplée (2). ^ De ce Gouvernement font encore Laval, Mayenne, dont le Duc fut Chef de la Ligue , Mortagne, principale Ville du Perche, & l'Abbaye de la Trappe , connue par (O C'eft la patrie de Madame Dacier. (2) Ce pays eft très-abondant en Gibier & en Volaille qui fe portent à Paris. UnlvèrfeUe* l'âuftérité de fes Religieux , qui, à leur dernier moment, ne finiflènt pas de vivre , mais achèvent de mourir. ORLÊAJVOIS. D. Que renferme le Gouvernement d'Orléanois? R. II renferme l'OrléanOis propre , la Sologne, la BeaulTe , & la plus grande partie du Gatinois. Cette Province eft principalement environnée de ITIè de France au Nord & à l'Eft , du Berry au Midi, & du Maine à l'Occident. Elle eft des plus fertiles. D. Quelle en eft la Capitale? R. Orléans , lune des plus commerçantes ce des £>lus célèbres Villes de France, 6e fameufe par le liège qu'elle foutint contre les Anglois en J428 , 6e que Jeanne d'Arc, dite la Pucelle d'Orléans i leur fit lever (1). Elle eft fur la Loire, (O Aufli y voit-on fa Statue. L'Evêque G iij i^o Géographie Univ. dont elle en la meilleure Ville après Nantes. D. Quelles en font les autres Villes ? R. Ce font Chartres (i), Capitale de la Beauflè, Ville confidéra-ble : on en admire fur-tout le Clocher , pour fa beauté ôc fon élévation : & Blois Capitale du Blaifois, Ville fort marchande. Henri, Duc de Guife, y fut aiTalIiné par les ordres d'Henri III. On dit que c'eft à Blois que la Langue françoife fe parle avec le plus de pureté. ^ Baugenci, Clcri , où font les Tombeaux de Louis XI. ôc de la Reine fa femme : Sulli rendu célèbre par Maximilien de Bethune , de cette Ville a le droit le jour de fon entrée de délivrer les Criminels de ce Dio-cèfe , pourvu que leurs délits foient remit fibles. C'eft la patrie du P. Petau , qui fe fit admirer par fa vafte Se profonde érudition. (O C'eft la patrie du Poète Régnier. Le fils aîné du Duc d'Orléans porte le titre de Duc de Chartres. Orléanais. j -, r Duc de Sulii, le modèle des Minif-tres à venir , qui peu occupé de fon aggrandiflcment, avoit pour pafîion dominante l'amour du bien public ; Romorantin Capitale de la Sologne , Chambort Château Royal , bâti par François I. C'eft un des plus beaux qu'il y ait : Montargis & Etampes , Villes afFez confidéra-bles ; Gien , & Briare où commence le Canal de ce nom, font autant de Villes de ce Gouvernement. D. N'y a-t-il pas deux fameux Canaux dans l'Orléanois ? R. Oui : favoir celui de Briare , ce celui d'Orléans. L'un & l'autre fut entrepris pour réunir la Loire k la Seine (i). Angers, Saumur, la Flèche en Anjou. Puis Je Mans Au Maine. Orléanois tient Blois, Chartres, Orléans. O) Celui-ci commence àdeux lieues au-defîus d'Orléans. Apres un cours de dix-huit lieues Se un peu au-de(Tous de Montargis, il rencontre la rivière de Loin qui fe rend dans la Seine auprès de Moret. Ce Canal établit une communication bien utile G iv 1^2 Géographie Univ. ILE DE FRANCE. D. D'où l'Ile-de - France tire-t-elle fon nom? R. Elle fut ainfi appellée parce qu'autrefois elle ne confiftoit que dans le pays compris entre la Seine, l'Oife, la Marne & l'Aifne qui en faifoient comme une Ile ; mais depuis ce tems , elle s'eft beaucoup aggrandie aux dépens des Provinces voifines. D. Quelles en font les bornes ? R. Elle eft bornée au Septentrion par la Picardie, au Midi par l'Or-léanois , à l'Orient par la Champagne, & à l'Occident par la Normandie. entre Orléans & Paris. Il eft foutenu par ttn grand nombre d'Eclufes. Le Canal de Briare exécuté par les ordres du Cardinal de Richelieu commence à Briare & fe rend aufli dans la rivière de Loin. Il facilite le Commerce des Provinces qui avoifînent la partie fupérieure de la Loire avec Paris. Ile-de-France. j ^ > D. Quelle eft la Capitale de cette Province , en même tems que de tout le Royaume? R. Paris , Tune des plus grandes, des plus belles, des plus riches, des plus peuplées , & des plus florilTan-tes Villes de l'Univers. Elle eft fituée fur la Seine. D. Combien y compte-1-on d'Habitans ? R. On y en compte un million (i). Z>. Quelle eft fon étendue. R. Elle a au moins fix lieues de (i) Un million eft bientôt prononcé; mais pour fentïr à-peu-près fa valeur, il n'y a qu'à le comparer à 25000 qui eft la population ordinaire de nos Capitales de Province telles que Dijon, Aix, Rennes, Grenoble , & l'on trouvera que Paris équivaut à quarante Villes telles , par exemple , que Rennes ou Aix en Provence. Au refte malgré les obftacles à fa plus grande population , on pourroit afTurer qu'avec la pofi-tion de Nantes ou de Rouen , elle comp-teroit facilement 1 35 par le Cardinal de Richelieu. Le cheval fut fait à Florence par Jean de Boulogne, & envoyé à Marie de Médicis Régente , par Côme IL Grand Duc de To£ cane. On reproche aux Efclaves d'être jet tés trop mefquinement. Sur le même Pont eft la Samaritaine t machine Hydraulique dont le carillon exécute différens airs de tems à autre. Elle fut conftruite fous le règne d'Henri IV, 8c D. Jk-de-France. xs D. Queft-ce que l'Hôtel des In_ Valides} R. L Hôtel des Invalides, dit quelquefois l'Hôtel de Mars, eft un monument illuftre de la magnificence ^de Louis XIV. C'eft un des plus beaux & des plus vaftes Palais de enfuite reconftruite fous celui" de Louis XIV. pour donner de l'eau aux Thuile-ries , & au Réfervoir du Palais Royal. Près S. Euftache eft la Colonne dîne de Soiflbns de cent pieds de haut, conftruite par Catherine de Médicis qui fit pratiquer un efcalier dans fon épaiffeur. Elle y mon-toit fouvent avec quelques Savans de fon tems pour y contempler les aftres. Dans la rue de la Harpe font les ruines du Palais de l'Empereur Julien, qu'on nommoit le Palais desThermes. L'Hôtel de Clugni qui en eft voifm , fut bâti par le Cardinal d'Amboife fort aimé de Louis XII. Se des Peuples. Il y a deux magnifiques Fontaines à Paris, celle des Innocens, Se celle de Grenelle. Le Cavalier Bernin ou Bernini qui n'approuvoït que fort difficilement les ouvrages les mieux travaillés, ne put contempler celui-ci fans dire qu'il n'avoit rien yu en France de Jî beau. Tome R H 170 Géographie Univ. l'Europe. Il loge environ 6ooo Soldats que lage ou les blefluresmettent hors d état de fervir. D. Paris eft-elle une Ville fa-vante ? R. Paris eft le centre des Sciences 6: des Arts , & aucune Ville du monde ne peut fe glorifier de les cultiver avec autant de fuccès (i). (i) Elle a produit une foule d'hommes ïlhiitrcs dont l'énumération feroit trop lon-fv.c. Elle a une Univerfité fameufefondée, dit-on, par Charlemagne, Se fix Académies :favoîr l'Académie Françoife, l'Académie Royale des Infcrïptions & Belles Lettres , l'Académie Royale des Sciences , $z celles de Peinture de Se Sculpture , d'Architecture & de Chirurgie. Parmi un grand nombre de Collèges, nous remarquerons le Collège Mazarin, ceux de Harcourt 5c du Pleffis-Sorbonne , & fur-tout le Collège Royal fondé par François I. pour l'Eloquence grecque Se latine , les Mathématiques , la Médecine , & les Langues orientales : l'hebreu, l'arabe , le fyriaque. H elt dommage que ce dernier, célèbre parfon Fondateur, Se plus encore par les grands Maîtres dont il e(l ordinairement pourvu, ait pour Auditoires quatre ou cinq réduits Th-de-France. XjX D. Quelles font les principales Bibliothèques ? poudreux & délabrés. O Paris, d'à'Heurs fi fplendide, Paris, mere des feiences, Se rivale d'Athènes, eft-ce là ton Lycée! Jui-ques à quand fouffriras-tu clue les Oracles des Mufes fafTent entendre 4eurs voix dans des efpéces de Cavernes? Afpicis ut ventant ad Candida cela Columbx, accipiat nullas Jbrdida turris aves. Ovid. Elle a un magnifique Obfervatoire bât? par Louis XIV. Il n'eft entré dans l'a construction ni chaux , ni fer ; ni bois ; l'cfca-lier eft d'une coupe aufli élégante que hardie. On y voit un Sallon octogone affez fpacieux , quia ceci de fingulier , que celui qui parle à baffe voix contre un des angles, peut fe faire entendre de celui qui eft pofté a l'angle oppofé, fans qu'aucun de ceux qui font à fes côtés , ou répandus dans le Sallon, puïffent rien entendre. Entre ces fortes d'établiffemens, le Jardin du Roi doit tenir une place diftinguée. C'eft le mieux fourni de plantes qu'il y ait en Europe. Ses bâtimens en font deftinés a une collection de pièces fervant à l'Hiftoire Naturelle. Ils renferment quantité d'oi-feaux, de quadrupèdes , de reptiles & d'infectes de l'un Se de l'autre Continent, une multitude de poiffons marins » des produc» Hij 172 Géographie XJniv. R. Ce font celle du Roi, qui con* tient environ cent mille volumes, celles du Collège Mazarin , de la Sorbonne, de Saint Victor, & de Sainte Geneviève , où fe trouve un Cabinet dHifloire Naturelle & d'Antiques avec un Médailler (i). tions folks de la nature , un coquiller, des pétrifications, des foffiles , &c. Sec. Jufqu'à ces derniers tems cette Capitale a eu fix grands Spectacles réguliers; l'O- Îéra , la Comédie Françoife > la Comédie talienne , l'Opéra Comique, le Concert Spirituel, & le Combat des Animaux Sauvages. Mais l'Opéra Comique vient d'être réuni à* la Comédie Italienne. Les édifices à ce deftinés n'ont rien à beaucoup près qui annonce la magnificence. Ci) La Bibliothèque du Roi outre cela renferme quinze mille volumes manuferits hébreux, grecs, arabes , fyriaques, latins, françoîs, Sec. & de plus une Salle d'eftam-pes enfermées dans dé grands volumes. On y voit le Tombeau de Childeric I. trouvé à Tournai le ficelé dernier. Dans le vaiffeau de la Bibliothèque de Sainte Geneviève , on obfervera de défions 3a coupole un ^ITet d'optique auquel en a, eu adroitement recours pour prolonger ur> Ile-de-France. JD. Qu'eft-ce que les Gobelins ? R.C eft, dans le Faubourg Saine-Marceau , un établiffement fameux par fa Manufacture de Tapiflèries , les plus excellentes de 1 Europe (i). L). Quelle eft la fource de l'opulence qui règne à Paris? R. Son commerce qui eft très-confiderable , le féjour qu y fait la haute noblefte du Royaume, l'af-fluence des Princes 6c Seigneurs étrangers qui y abordent de tcuces les parties de l'Europe: & plus en- des bras de la Croix que la pofition de l'édifice ne permettoit pas d'étendre davantage. (O On a vu au Sallon du Louvre , dans l'expofition qui fe fait des meilleurs Tableaux de nos Maîtres, on a vu , dïs-je , une pièce de Tapiiferie des Gobelins , Ci belle, fi parfaite, & fi bien entendue» qu'encadrée, Se expofée entre des Chef-d'œuvre de peinture aux yeux d'un public nombreux , Se qui fe renouvelloit à tous les inftans , elle fut prife pendant plufieurs i'ours pour un Tableau des plus achevé?. -Ile repréfentoit le Roi Louis XV. en pied. Hiij •274 Géographie Univ. corc que tout cela , ceft à Paris que fe verfent toutes les cailles & recettes particulières de lEtat, comme dans un réfervoir général (i). (i) Malgré ce que nous avons dit de cette Capitale, il faut bien fe garder de la regarder avec Vofgien comme la plus belle Ville de l'Europe ; fon expefé étant en cela allez loin de la vérité. Maufolées & Sépultures de Terjonnages llluftres. X) E Lulli, aux Auguftins déchauflfés. De M de Colbert, à S. Euftache. De la Fontaine 5c de Molière , à Saint Jofeph. Du Maréchal de Biron, décoléen 10*02, de Rabelais, de Jule Hardouin , & de F. Man-fard , à S. Paul. ' De M. de Louvois, aux Capucines de la Pince Vendôme. De Galfendi, .1 S Nicoias-des-Champs, Eglife fondée par le Roi Robert qui avoit fon Palais dans le lieu où efl: le Prieuré de S. Martin. De Paul Scarron, de Champagne, de Crebillon, de du Cange , du Chancelier Ile-de-France. i7j Boucherat , d'Amelot de la Houflàye \ S. Gervais. De Catherine de Clermont, femme du Duc de Retz, Dame illuftre par fon favoir , que Catherine de Médicis chargea de répondre publiquement en latin aux Ambaf. fadeurs de Pologne qui vinrent demander le Duc d'Apjou pour leur Roi. De Quinaut, à S. Louis dans Pile. De le Brun, à S. Kicolas-du-Chardon-net. De Blaife Pafchal, Se de Jean Racine, à S. Etienne-du-Mont. De François, Cardinal de la Rochefou-cault, de René Defcartes, de Clovis, de Sainte Clotilde, de Sainte Geneviève, à Sainte Geneviève, ou efl encore le cœur de Jacque Rohault. De Sacro-Bofco Se de Cujas, aux Ma-thurins. D'Humbert, dernier Prince Souverain de Dauphiné, & de quantité de Princes du Sang Royal de France, aux Dominicains de la rue S. Jacque. De M. de Turenne Se de François I, à S. Denis. Du Cardinal de "Bertille , aux Carmélites où eft le cœur du grand Turenne. Du Cardinal de Richelieu, à la Sor-bonne. Du Cardinal Mazarin, au Collège de fon nom. Hiv ï7£ Géographie Univ. Pe Chriftophe de Thou, à S. André-des-Arts. De Jean Scot ou Jean Dunz, appelle le Pocteur fubtil, & de Dom Antoine, Roi de Portugal, aux Cordelîers. Le coeur de celui-ci eit aux Filles de VAve-Maria. De la Maifon de Lorraine, aux Feuil-lans De Jacque II. Roi de la Grande-Bretagne, Se de Louife-Marie Stuard fa fille, aux Bénédictins Anglois. De Boileau Delpreaux , à la Sainte-Chapelle. De M. Cafiini , à. S. Jacque-du-Haut-pas; De F. Girardon, à S. Landri. De Chiidebert Se d'Lltrcgote fa femme, de la Reine Fredegonde , de Cafimir, Roi de Pologne , à S Germaïn-des-Prés. De Louis de France, Duc d'Or-, léans,. q-ii fut rflafliné par l'ordre de Jean, Duc de Bourgogne, & de Va-lentine de Melan fa femme. j î> De Charle , Duc d'Orléans , pere de I ° Louis .XII. 8c d'ifabelle de Fiance de Marie de Cleve fes première Se troi-fieme femmes. De Philippe Chabot , Amiral de' France , Se premier Miniftre de François I. De Sebaftïen Zamet. Aux grands Jéfuites font les cœurs de Louis XIII. Se de Louis XIV j au Val- Ih-de-France. I77 3e - Grâce ceux d'Anne d'Autriche de M arie-Therefe d'Autriche , du Grand Dauphin, de Philippe d'Orléans, frère unique du Roi, de Philippe d'Orléans , Regent du Royaume. Et aux Celeftins , ceux de Charles VI, Roi de France , Se d'Elizabeth de Bavière fa femme , de Louis XII. Roi de France Se Duc de Milan , de François I. Roi de France Se Duc de Milan, de Henri II. Se de Catherine de Médicisfon époufe , de François II. Roi de France Se d'Ecoffe, de Charîe IX. Roi de France, de Jean le Bon, Roi de France , & de Jeanne Com-teffe de Boulogne fa féconde femme, de Philippe le Bon, Duc de Bourgogne , Se d'Anne de Montmorenci, Connétable de France, mort des bleflures qu'il reçut à la bataille de Saint-Denis. Parmi ces Monumens plufieurs font d'un beau ftyle, Se méritent d'être vus , fur-tout celui d'Anne de Montmorenci , Se celui d'Henri II. Se de Catherine de Médicis qui eft d'un goût exquis , Se l'un des ouvrages les plirs parfaits qu'ait produit le célèbre Germain Pjlon. C'eft un Grouppe de trois Grâces de marbre Parien qui fupportent une tJrne où font dépofés les cœurs de Henri II. Se de Catherine de Médicis. La Colonne qui porte l'Urne où eft le cœur du Connétable , Se dont le Socle eft accompagné de trois Statues de bronze , eft d'iw fini précieux. Hv I7g Géographie Univ. J). Pur ou la Ville de Saint-De*. lus eft-elle remarquable ? R. Par la célèbre Abbaye de bénédictins qui eit la Sépulture ordinaire de nos Rois, Ôc qui a un Tréfor riche ôc curieux (i). D. Que dires - vous de Vin-cenne ? R. C'eft un Château Royal ou nos anciens Rois fe plaifoient beaucoup. Il a une Tour dans laquelle , ainfi qu'à la Baftille , on renferme les Prifonniers d'Etat 2 h JQ. Fontainebleau n'eft - il pas aufli un Château Royal ? R. Oui : ce fun des plus beaux qu'aient les Rois de France. Ils (1) Par une marque de diftinclion toute particulière , Louis XIV. voulut que le Maréchal de Turenne y fut enterré. Il y a un magnifique Tombeau. Cette Ville efl à deux petites lïeues de Paris. (2) Le mot Vincenne eft tiré àeVtcenur, parce qu'il étoit à vingt ftades [120 pas^ de Paris. Il a une Sainte - Chapelle. Sou Parc ou Bois eft fameux. Ile-de-France. ï7£) vont ordinairement au mois d'Oc, tobre y prendre le plaifir de la chaire. Le lieu y eft très-propre, étant environné d'une belle & immenfc Foret (i). D. Qu'eft-ce qui rend fameufe la petite Ville de Courtenay qui en éft proche ? R. Elle I'eft par les Princes de ce nom qui en étoient Seigneurs , lefquels delcendoient du Roi Louis VI, dit le Gros, trifayeul de Saint Louis 2 . ^ D. Quelle eft la Ville de Saint-Germatn-en-Laye ? R. Elle eft remarquable par une (t) t-. Vi!le eftpetîtéS maïs jolie. Elle eft à juatorsieileiies de Paris. (2) La Maifon de Couitenai eft une des plus anciennes , 8c des plus illuftres de l'Europe. Originaire qu'elle eft des Rois de France, elle a donne des Empereurs à Coi-iftaininopl- au nombre de cinq , des Souverains à la Hongrie Se à* Trebifonde. Il n*en refte plus qu'une Princeflfe, Madame de BeuufVemont, actuellement fort avancée en âge. i8o Géographie Univ. magnifique Maifon Royale bâtie par François I. C'eft dans ce Château que naquit Louis XIV» en 1638 (i). D. Que remarquez - vous de Marli, Château de plaifance de nos Rois j bâti par Louis XIV? R. D abord fa fituation charmante dans un Vallon , en fuite la propreté ce l'élégance de fes Jardins , ornés d'un nombre prodigieux de belles Statues , ce plus encore que tout cela, la fameufe Machine de même nom connue par toute l'Europe ^2). (1) Sa pofition eft des plus riantes. Depuis cet endroit la vue plonge fur.Paris qui en eft à quatre lieues. D'ailleurs elle eft attenante à une belle & vafte Forêt où les Rois vont fouvent à la chafTe. Elle eft encore remarquable par la retraite qu'y donnèrent les François au Roi Jacque. Elle eft à un quart de lieue de Marli. (2) Au moyen de laquelle on ofa entreprendre de faire monter des eaux de la Seine fur la montagne voifine. Lorfqu'el-les font parvenues fur le fommet, elles font ebaftees à plomb fur une Tour de près Ile-de-France. j $ x D. Qu'eft-ee qui diftingue Saint-Cloud , Bourg a deux lieues de Paris ? R. Le Château magnifique qu'y a S. A. S. Monfeigneur le Duc d'Orléans. Il eft accompagné de Jardins qui attirent les curieux par fa magnifique Cafcade & (on grand jet d'eau que l'on ne voit pas fans étonnement. Il jaillit à plus de cent pieds de haut. Henri lit. y fut af-failiné par Jacque Clément. D. Que remarquez-vous de Ver-failles } R Les Rois de France y font leur féjour dans un Château digne de la magnjficence de Louis XIV. qui le de cent pieds, au haut de laquelle eft un Refervoir. De-!à les eaux païïent fur un Aqueduc contïgtï de trente-fix Arcades prefqu'a'.ffi élevées que le Réfirvoir, & vont embellir les Jardins de Marli & de Verfailles qui en eft éloigné "d'une lieue. Le Château de Marli confifte en un gros corps-de-logi\s quarté, & d'une Architecture fimple, avec des pavillons de distance à autre des deux côtés du Parterre. 10*2 Géographie Univ. fit bâtir. Les Jardins feuls lui coûtèrent au-delà de deux cens millions (i) (i) La Chapelle de Verfailles eft u'n Chef-d'œuvre admirable : la grande Galle-rie eft un des plus beaux morceaux qu'il y ait au monde en ce genre : les Jardins font ornés d'un nombre prodigieux de Statues des plus grands Maîtres: les eaux y font quelque chofe de merveilleux : l'enfemble forme le lieu le plus délicieux peut-être qui foit fur la terre. Louis XIII fit l'acquîtltion de cette terre» & y fit bâtir un Château que Louis XIV a confervé. Il forme la Cour de marbre. La Chapelle eft de Jule Hardouin Manfard. Elle devoir être entièrement revêtue de marbre jufqu'à la voûte, ainfi que les colonnes ; mais on fit réflexion qu'elle feroit dès lors trop fraîche Se trop humide. Entre plufieurs baflîns des Jardins de Versailles qui 'ont tous plus admirables les uns qiït- fes autres, on remarque celui du Géant Encelade qui écrafé Se à demi enterré fous les rochers delà Sicile, vomitun bouillon de quatre-vingt pieds de haut. Horac, Vz-pyclleE/iceladiu jaculatpr audax. On y remarque encore le baflin de Latone, la Salle des feftins , la Colonade où eft l'enlèvement de Proferpïne, le Baflin d'Apollon, le Baflin de Neptune, les bains Ile- de-France. jg^ D. N'eft-ce pas auprès de Ver-failles quel! la Communauté de Saint-Cyr ? jR.Oui: à une lieue deVerfailles eft cette Maifon qui fut fondée par Louis XIV. pour l'éducation de deux cens cinquante jeunes Demoi-fclles qui pour y entrer doivent faire preuve de quatre dégrés de nobleffe du côté paternel. D. Quelles font les autres Villes remarquables de 1 Ile de France? R. Ce font Beauvais, Ville considérable. Le Chœur de fon Eglife eft d une élévation extraordinaire , d'Apollon, le triomphe de 1?. France , la pièce du Dragon, celle des trois Fontaines, les Bofquets , où les Fables d'Tfope fjnt reprélentées en figures qui jettent de l'eau , & l'Orangerie, dont les bornes que je me fuis preferites m'empêchent de donner la description. A côté du Parc deVerfailles, font;\gauche, la Ménagerie où l'on nourrit différentes efpeces d'animaux étrangers comme. Lions, Tïgces, Ours, Chameaux, Aigles, &c. Si. \ difkire , Tr'anon , petit Palais de marbre bàtl à l'Italienne. 184 Géographie Univ. &c paiTe pour un Chef-d'œuvre (1). Compiegne avec un Château Royal fort ancien où les Rois vont prendre le plaifir de la chafîé. Solfions qui a été la Capitale des Etats de quelques Rois de la première race (2) , puis Laon , Dreux ce Noyon patrie de Calvin. % De file de France font encore Nemours, dont le nom vient de Nemus. Elle eft fituée près de la Foret*de Fontainebleau. Montmorenci , Dammartin (3), Corbeil & (1) On dît proverbialement que pour faire une belle Eglife, il faudroit la Nef d'Amiens , le Chœur de Beauvais , le Portail de Rheims , & le Clocher de Chartres, (2) Son Evêque a droit de Sacrer les Rois enl'abfence de l'Archevêque de Rheims. (3) Sur l'étimologie de ce nom, il faut remarquer d'abord que Dam a le même fens que Domnur ou Dominas, dont il eft une abréviation corrompue, & qu'il eft fyno-r.ime de Dom : Se en fécond Heu , qu'en place de Saint Martin, Saint Pierre , Saint Remi , Sec. on difoit jadis , Monfieur Saint Martin, M. Saint Pierre, M. Saint Remi, Ile-de-France. X g ^ •JMelun fur la Seine, Mont-Lheri : ceft de la Tour de cette Ville, k PObfervatoire, q 'efe iont faites les expériences fur la propagation du fon & de la lumière. Manceoù mourut Phiiippc-Augufte, Poifti connu par le Colloque qui s'y tint en 1561, encre les Prélats Catholiques , ce les Mihïftres Calviniftes , Pontoile , Chantilli remarquable par le Château de M. le Prince de Coude 1;. Clermont en Beauvoifîs, Meudon Tellement que Dammart'n , Prmpierre, jDarnrëmi Se autres fign'Hîeront ; lieu ou Vjîle fous l'invocario;' oie Saint Martin , de Saint Pierre, de S;iînt Remi, &.c. (1) Lorfque le Château fut achevé, le Grand Condé mui vouloir y mettre une inscription , propofa , dit-on , mille écus à celui qui feroit la meilleure. Un Gafcon fit celle-ci : Pour célébrer tant de vertus, Tant de hauts faits & tant de gloire5 Mille écus, morbleu, nulle écus Ce n'eft pas un fol par victoire. Elle fut Couronnée, mais on ne s'en fervit pas, i%6 Géographie Univ. & Cho-ifi, Maifoas Royales a deux: lieues de Paris, ce Senlis Evêché , dont le Clocher eft un des plus hauts du Royaume. L'Ue-tlc-France tient Paris, Nemours, Mcudon Mclun , Mante, Beauvais , Saint-Cloud , Laon , Dreux , Noyon, Compicgne , Fontainebleau, Corbcil, Soi (Tons ; Seidis, VeifailLs, Saint - Germain , Vincenne & Saint* Ddiis. Quelques-unes des Villes renfermées dans les trente-une Provinces que nous venons de décrire ont un Gouverneur particulier qui n'eft fubordonné à nul autre, & ne reçoit les ordres que du Roi. Delà vient qu'on peut les regarder comme des Gouverneurs quoiqu'ils n'aient qu'une bien petite étendue , ne comprenant guère qu'une Ville & fon territoire. Ils font indiqués dans les deux Vers fuivans : En Lorraine , Met2 , Toul , Verdun : Paris , Sedan, Boulogne , Havre, ScSauraur ont leur Gouverne* ment. Ile-de-France. K. i - ■ -.---_^ Les quatre Fleuves du Royaume è avec les principales Rivières qu'ils reçoivent. D. Quels font les quatre fleuves du Royaume? R. Ce font le Rhône, la Garonne, la Loire & la Seine. JD. Quel eft le cours du Rhône ? R. Le Rhône,le plus rapide des quatre , a fa fource près du Mont-Saint-Gothard dans les Suilïès , traverfe le Vallais , & le Lac de Genève, de là païTe à Lyon, à Vienne en Dauphiné, à Valence, à Orange , à Avignon , à Arle , Ôc fe rend enfin dans la Méditerranée par plufieurs embouchures. Depuis Lyon fa courfe eft en ligne droite du Nord au Sud (i). (i) Suivant le P. Buffier, la fource du Rhône efl: près du Lac de Genève; mais elle en efl: dittante de toute la longueur du Vallais qui n'a pas moins de trente - cinq lieues. -j88 Géographie XJn.iv. £). Quelles Rivières considérables reçoit-il dans fa coude? R. Il reçoit la Sone à Lyon , IL-fere au-deiTus de Valence, & la Durance au-deflous d'Avignon a). D. Où eft la fource de la Garonne , & quelles Villes arrofe-t-elle ? R. La fource de la Garonne eft dans les Pyrénées, pafTe a Tou-loufe, & à Bordeaux , Ôc fe jette enfuite "dans l'Océan. D. Quelles groiTes Rivières reçoit-elle en chemin ? A cinq lieues au-deffous de Genève, \\ fe perd fous des Rochers , 8c reparoit à cinquante pas plus loin. Ce Fleuve jufque vers fa jonction avec l'Ain, c'eft-à-dire , jufqu'à fept ou 8 lieues au-deiTus de Lyon, Se foi-xante lieues & plus de fa fource, a très-peu de largeur, fi peu qu'en quelques endroits il pourroit être franchi par un Sauteurbien exercé. C'eft qu'alors il eft referré par des montagnes ; mais en compenfation , il augmente , fans doute, de profondeur & de rapidité. (i) Deux Ruiiïeaux , l'un defquels s'ap-pelle Dure, l'autre Ance, fe joignent au-defTous de Briançon, 8c forment le nom 8c la Rivière de Durance, Ile-de-France. Tg^ R. Le Tarn , le Lot, Ôc la Dor-dogne. Quand elle s'eft jointe à cette dernière, elles prennent en-femble le nom de Gironde, qu'elles portent jufqu'à la Mer. D. Décrivez-nous le cours de la Loire ? R. La Loire la plus large & la plus confidérable des quatre , a fà fource dans les Cevenes , traverfe le Lyonnois , arrofe Roane où elle commence à porter bateau ; Ne-vers , Orléans, Blois, Tours , Sau-mur, Nantes, & neuf lieues au-derTous , fe décharge dans l'Océan, après un cours de près de deux cens lieues. D. Quelles font les Rivières principales qui tombent dans la Loire? R. L'ïndre , f Allier qui pafTe à Moulins , ôc le rend dans la Loire au-deffous de Nevers ; le Cher , la Vienne , Ôc la Mayenne groffie de la Sarte ôc du Loir. D. Où la Seine a-t-elle fa fource & fon emboiifchure ? R. La Seine , la moindre des jyO Géographie Univ. quatre prend fa fource en Bourgo-gne , près d'un Bourg appelle Saint-Seine , a fix lieues de Dijon , arrofe Troye en Champagne , Nogent ou elle commence à porter bateau, Paris , Rouen , & va fe perdre dans l'Océan au Havre-de-Graee. D. Quelles Rivières confidéra-bles reçoit-elle ? R. Elle reçoit TOife, la Marne , qui s"y jette à l'entrée de Paris, & fïonne a Montereau. Celle-ci paffe a Sens 6e à Auxerre. La Seine reçoit l'Oifc &la,Marne& l'Yonne : Le Rhône , la Durance , Ain , l'Iferc & la faône : La Loitc, Indre , Allier, Cher , Vienne & Loir : en Gafcogne La Garonne a le Tarn , le Lot, & la Dordognc. D. Outre ces quatre grandes Rivières , n'y en a-t-il plus de remarquables ? R. Il y en a fix autres qui font moindres , mais qui ne laiflent pas d'être confidérables : ce font la Somme qui arrofe Amiens ce Ab- Ile-de-France. x ^ r beville, l'Orne Caen , la Vilaine Î>alïe à Rennes , la àarte au Mans , a Charante h Sainte ce à Rocheforc, 1 Adour à Rayonne , le Doux k Befançon, 6c l'Aude à Carcaflbnne.- La Somme arrofe Amiens, Abville, & l'Orne Caen , La Vilaine efl: à Renne, & la Sarre eft au Mans La Charante eft à Sainte , & l'Adour à Bayonne , Le Doux à Befançon , puis l'Aude à Caicaflbmic; Archevêchés, Evéchés, Parlements 3 Ports de Mer , &c. D. Combien y a-t-il d'Archevêchés en France ? R. Il y en a dix-huit qui font compris dans les quatre Vers lui-vans : Touloufc, Vienne , Ambrun t Lyon , Rheims , Sens, Bourdeaux , Rouen , Albi, Narbonne, Aix, Arlc, Befançon , Tours, Cambrai, Bourge, Auch & Paris. Z>. Combien y a-t-il d'Evêchés? R. Cent douze* D. Que font les Parlemens en France ? ï^a Géographie Univ. R. Ce font des Tribunaux Supérieurs qui conftituenc l'cflènce de la Monarchie modérée, & qui font chargés de rendre la Juftice aux .Peuples (i). JD. Quelle eft l'étendue du ref-fort de chaque Parlement ? il. Son reiîort ne s'étend guère au-dela de la Province dans laquelle il efl ficué, fi vous en exceptcz*Te Parlement de Paris, qui feul em« brafïè la moitié du Royaume (2)* D. Combien y en a-t-il? R. Il y en a douze indiqués dans ces deux Vers : Metz, Grenoble, Bourdeaux,Rouen, Renne, Dijon, Tculoufe, Aix , Douai, Pau , Paris, Bclançon. Ci) Ce fut Pépin, pere de Charlema-gne qui inftirua cet augufte Corps , 8c par équité naturelle , 8c pour raflurer le François , & mériter fa confiance. (2) Il s'étend aux douze Gouvernemens intérieurs excepté le Limofin qui eft du Parlement de Bordeaux, & comprend outre cela l'Angourr.ois, le pays d'Aunis, le Poitou, la Picardie, le Lyonnois, 8c quelque chofe de J>a Bourgogne, Ile-de-France. r - ? D.Qu eft -ce que les Confeils Souverains d'Alface & de Roufîillon ? R. Ce font des Tribunaux dont l'autorité eft à peu près la môme que celle des Parlemens. Celui d'Alface réfide à Colmar , & celui de Rouf-ïilion à Perpignan. Il y en a encore un troifieme à Arras pour l'Artois , mais dont on appelle en plufieurs cas au Parlement de Paris. D. Qu'entendez-vous par Chambre des Comptesi? R. Ce font des Cours où font tenus de rendre compte des deniers Royaux ceux qui en ont le maniement. D. Quels font les Ports de Mer les plus confidérables du Royaume ? R. Ce font Toulon & Marfeille fur la Méditerranée ; Bayonne , Bourdeaux, Rochefort, la Rochelle, Port-Louis, TOrient & Brcft , fur l'Océan ; & fur la Manche font, Saint-Malo , le Havre-de-G race , Dieppe, Calais & Dunkcrque (i). (!) Cherbourg .Granville , Saint-Valerj, Tome j. I Géographie Univ. Iles y Montagnes , Canaux. D. Quelles font les Iles qui fe trouvent fur les côtes de France ? * R. Ce font les Iles d Hiers contre la Provence , les Iles d Oleron & de Ré qui avoifinent le pays d'Aunis , ci font léparées par le Pertuis d/Antic-che, Noirmoutier, Oueflant ce Belle-Ifle fur les côtes de Bretagne , ce Gerfey & Garne-fey fur celles de Normandie. Ces deux dernières appartiennent aux Anglois D. Quelles font les principales montagnes de la France? R. Ce font les Pyrénées , les Alpes, les Cevennes , le Mont- re Boulogne , fent encore d'afiez bons Ports. (i) L'Ile de Garnefey a 10 lieues de long. Elle eft fort peuplée ainfi que Gerfey. Celle d Oleron a 5 lieues de long 8c dcuic de large, on y compte 12000 Habitans. Ile-de-France. i g » Jura ou Saint-Claude, & le Mont-de-Voige. D. Nommez les Canaux qu'on y a pratiqués ? R. Celui de Languedoc eft le plus magnifique ôc le plus hardi : les autres font ceux de Briare ôc d'Orléans (i). Hiers : Oleron, Rc, Noirmouftier, Oueflant, Gerfcy , Se Garncfcy , Belle-Ifle en l'Océan, (i) Voyez chacun d'eux en fon lieu. Dijlance de Paris aux principales Villes de rrance. D. Donnez-nous la diftance de Paris à quelques-unes des principales Villes de France ? R. Paris eft à 100 lieues de Lyon, de Strafhourg , 6e de la Rochelle, à 175 de Marfeille,a 130 de Bordeaux , 6e à 28 de Rouen 6c d'Orléans. ^ A 87 de Nantes , à 78 de Rennes , à 110 de l'Orient, à 129 de I96 Géographie J3rcft , 82 de Saint-Malo , <>x && Caen ,38 de Dieppe, 4«$ du Havre-<îc-Grace61 de Calais, 62 de purikerque , 30 d'Amiens , 42 d'Arras , ^ de Boulogne, 52 de Lille-en-Flandre. 45 de Douai, 41 de Cambrai, 72 de Metz, ôc de Nanci, 3 4 de Rheims, 3 6 de Troye, 83 de Befançon , 67 de Dijon , de Moulins, ôc d'Angers, 120 de Grenoble, 88 de Clermont, 1^4 d'Avignon, 167 d'Aix , 18^ de Toulon , 188 d'Antibe, 164 d'Arles, 160 de Nîmes, 166 de Montpellier , 167 de Narbonne, 156 de Touloufe^, 175 de Perpignan, 170 de Pau, 172 de Bayonnè , 104 de Rochefort , 51 de Tours , 50 de Bourge, ce 74 de Poitiers. Univerfcllc. ESPAGNE. JD. D'où vient les Provinces d'Ef-pagne ont-elles pour la plupart le titre de Royaume ? R. Parce que précédemment elles avoient leurs Rois particuliers. JD. Comment ces difTérens Royaumes , excepté le Portugal , fe font-ils réunis de manière à n'en faire plus qu'un? R. La plupart étoient déjà attachés tant à celui d'Arragon, qu'à celui de Caflille j lorlque ces deuxV ci vinrent eux-mêmes à être réunis par le mariage de Ferdinand d'Arragon & d'Ifabelle de Caftille (i). JD. Comment s cil appellée autrefois PEfpagne? R. Elle a eu le nom d'Hefperie O) Leur fille , Jeanne la Folle, époufa Philippe, Archiduc d'Autriche, fils de l'Empereur Maximilien. C'eft de ce mariage que naquit Charle-Quint. iiij I9g Géographie Univ. & d'Iberie. Aujourd'hui on la nom* jaie quelquefois les Efpagnes (i). JJ. Quelle Maifon règne fur le Trône de cette Centrée de l'Europe ? R. Celle de Bourbon. J). Comment y eft-elle parvenue ? R. Charle II. fon dernier Roi, fe voyant fans enfans , inftitua héritier de les Etats Philippe, Duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, & de l'Infante Marie-Therefe, fœur de Charle II. D. La pofî'eflîon de cette Couronne ne lui fut-elle pas difputée ? R. Oui: fan 1700 , le Roi étant venu à mourir, elle lui fut dilpu-tée par l'Archiduc d'Autriche , qui prétendoit comme defeendu de erdinand. Ce qui occafionna une guerre mémorable appelléela guerre de la fucceiïion. 0)Les Latins la nommèrent Hefperie, parce qu'elle étoit à leur Couchant : ils la nommèrent aufli Iberie d'Iherits, nom latin de l'Ebre, Efpàgnt. l9o JD. Comment le termina-t-elle > R. Par les Traités de Bade Se d'Utreâ, es années 1713 & 1714, le Teftament du feu (1) Roi fut confirmé, ôc Philippe d Anjou reconnu Roi d'Efpagne , fous le nom de Philippe V (2 . JD. La Loi Salique a-t-elle lieu en cette Monarchie i R. Non : 6e les femmes font habiles à luccéder. D. Que remarquez-vous de l'Ef-pagne i R. C'cfl une Région de l'Europe confidérable par fon étendue, ayant plus de 200 lieues , 6c du Nord au (1) Ce mot dérive de fut ou fuit. (2) Cependant l'Archiduc, qui étoit devenu Empereur , &qui paroiffoit être d'autant mieux fondé dans fes prétentions que Marie-Therefe en époufant Louis XIV. avoit formellement renoncé pour elle 5c les fiens à la fucceflion d'Efpagne ; eut les Pays-Bas Efpagnols , & d'autres pofleflîons en Italie, voire même le droit de créerecs Chevaliers de la Toifon d'Or. I iv 2,oo Géographie Univ. Sud& dcl'Efta l'Oueft- mais m n'eft guère peuplée. D. Quelles lont les caufes de fa dépopulation ? R. On en afîignc trois principales : l'expulfion des Maures ou Sar-rafins , les nombreufes Colonies tranfportées en Amérique, enfin la multitude des Eccléfiaftiques (i). J3. Quelle eft la nature du pays ? R. Il eft montagneux , l'air y eft très-chaud , mais pur : le terroir quoique fec ne laifieroit pas d'être fertile, s'il étoit cultivé; mais TEf-pagnol n'eft rien moins que laborieux. Ses vins font excellens, fes laines fines ôc très-eftimées ; fes chevaux , beaux ôc pleins de feu. Ses productions d'ailleurs font les mêmes que celles de la Provence (2). (1) Favorifée par la rîcheffe des Eglifes. <2) Il y a des Forêts d'orangers, de grenadiers, de citronniers; les mûriers, les oliviers , les figuiers , les amandiers y croîflent à fouhait. On y recueille du ris, des câpres, des cannes à fucre, des cédras * Efpagne. 1QT D. Quelles font fes bornes ? R. C'eft une grande prefqu'ile environnée de tous côtés des eaux de TOcéan ôc de la Méditerranée , excepté vers le Nord-eft où elle a les Pyrénées qui la féparent de la France. JD. Quel Ordre augufte y a-t-il en Efpagne ? R. Celui de la Toifon d'Or, inf-titué en 1430 par Philippe le Bon , Duc de Bourgogne. D. Qu'appelle-t-on Grands d Efpagne ? R. Il y en a àc trois ClafTes : ceux de la première ont le privilège de fe couvrir avant que de parler au Roi. JD. Quelle Religion fuit - on en Efpagne ? R. La feule Catholique, 6c le Tribunal de lTnquifition veille avec une incroyable févérité à ce des dattes, & qmnrité de fruits délicieux. Outre celles de métaux, elle a des mines de jafpe,de marbre, d'albâtre, d'améthiftes, & autres pierres précleufes. On y trouve du fel foûile - 5c toutes fortes de minéraux. I V 202 Géographie Univ. qu'il ne s'y en iritroduife d'autres (i). D- Quel furnom porte le Roi d'Elpagne ? R. Celui de Très-Catholicjue, & prend le titre de Roi des Elpagnes & des Indes (2j. (i) Les motifs qui ont donné lieu à l'é-tabliflcment de ce Tribunal font affurément bien louables; mais on ne peut s'empêcher de s'élever contre les abus qui s'en font fuivis. Les cruautés inouies qu'on y exerce picufement & fous le voile de la Religion. L'Inquifition d'ailleurs retient l'Efpagne dans une profonde ignorance des belles connoillances où font parvenus les Européens dans ces derniers fiécles , la tient plongée dans la barbarie , Se en fait un pays encore aujourd'hui gothique. .(2> Voici l'ordre des règnes en cette Morrarch'e depuis le tems de François I, & de Léon X Charles-Quint, Roi d'Ef-pagne Se Empereur d'Occident, contemporain aux deux Princes que nous venons de nommer : Ph'lippe II fon fils qui le fut d'Henri II, puis Philippe III, Philippe IV, Charles II mort fans enfans en Ï700 , Philippe V , petit-fils de Louis XIV , Ferdinand VI, enfin Charles III aujourd'hui régnant, Se né en 1710". Efpagne. L). En combien de parties divi-fez-vous l'Efpagne ? R. En quatorze , dont une, favoir le Portugal, a fes Rois particuliers. D. Nommez les treize qui ref-tent ? R. Ce font au Nord la Navarre r la Bifcayc, l'Afturie, & la Galice ; au Midi L:Andalousie , & le Royaume de Grenade ; à l'Orient les Royaumes de Murcie, de Valence, & d'Arragon, puis la Catalogne ) enfin au-dedans la Vieille Caftille, la Nouvelle Caftille, & le Royaume de Léon. NAVARRE, BISCAYE» As t u r i e & Galice. D. Que remarquez - vous de la Navarre ? R.. C'eft une Province ou Royaume fur lequel nos Rois ont des prétentions bien fondées , comme def-cendant d'Henri IV , lequel étoit petit-fils de Jean d'Albret fon der- I * *•* 204 Géographie Univ. nier Roi ( i). Delà vient qu'ils prennent le titre de Rois de Navarre, & qu'ils en portent les armes. JD. Quelle en eft la Capitale ? R. CVit fampelune, Ville forte & allez belle , réfidence d'un Vice-roi. ^ Eftella , dite , & Tudela en font d'autres Villes. ID. Quelles font les Villes de la Bifcaye ? R. Ce font Bilbao Capitale, Ville fort marchande , & Fontara-bie à l'embouchure de la Rivière du Bidaflba (2). (1) Lequel fut dépouillé de la plus grande partie de Tes Etats, fur une excommunication lancée centre lui. Une partje de cette Province eft au-delà des Pyrénées ,5c fe nomme Baffe-Navarre. (2) C'eft au milieu de cette Rivière qui confine à la France & à l'Efpagne, qu'eft Pile des Faifans , où fe conclut la paix des Pyrénées en 16*50, laquelle fut fuïvie du Mariage de Louis XIV avec l'Infante Marie-Therefe. La Bifcaye eft l'ancienne Cantabrie que les Romains eurent tant de peine àfoumet- Efpagne. 20^ Z). Que remarquez-vous de l'Af-turie ? R. Cette Province, qui a titre de Principauté , eft lappanage des fils aînés des Rois d'Efpagne , ils en portent le nom & les armes. D. Comment la divife-t-on ? R. En deux parties : TAfturie d'Oviedo , où fe trouve Oviedo Capitale de ce Canton, & de toute la Province, & l'Afturée de Santillane ainfi dite du nom de fa Capitale. \ A vile & Saint-André ; font âufîi de cette Principauté. D. Quelle eft la Capitale de la Galice ? R. C'eft Compoftelle , Ville qu'à rendu célèbre le concours prodigieux de Pèlerins qui y vont de toutes les parties de la Chrétienté , pour y honorer les Reliques de Saint Jacque Patron de FEfpagne. D. Quelles en font les autres Villes ? trc. On y voit encore Saint-Sebaftien , & Vittoria. 20£ Géographie Univ. R. Ce font la Corogne , Porttrès-fréquenté, Vigo ôc Ponte Vedra. £>. Quel Cap fameux fe trouve-t-il en Galice? R. Le Cap de Finifterre qui eft le plus occidental de notre Continent. Delà vient que les Latins, • dans un tems où lon ne connoif-foit rien au-delà , font nommé finis Terres , c'eft-à-dire , l'extrémité de la Terre , ou le bout du Monde. D. Quelle eft la pofttion de cette Province? R. Elle occupe l'angle fupérieur-occidental de l'Efpagne. ANDALOUSIE. D. Que remarquez-vous de PAn-daloufie ? R. C'eft la meilleure & la plus considérable Province d'Efpagne , tant pour fa fertilité que pour fon commerce : aulîi eft-elle la plus peuplée. Elle eft partagée en deux F/pagne. 10-panies égales, & fuivant fa longueur par le Fleuve de Guadalquivir (i). D. Quelle en eft la Capitale? R. La Capitale de l'Andaloufxe eftSeville , la première du Royaume après Madrid, Cette Ville eft grande , belle , très-riche , ce la , plus commerçante peut-être de la Monarchie Efpagnole. Les édifices publics y font magnifiques (z), en (1) Cette Province fe nommoit autrefois Betique, de la Rivière de B.ttis, aujourd'hui Guadalquivir , qui l'arrofe. Ses Chevaux font les plus eftimés de l'Efpagne, fes vins & fes huiles font d'une excellente qualité , fes montagnes ont des mines de mercure, d'antimoine, de cuivre, de plomb, même d'argent & d'aiman ; fes cotes ont des marais falans , d'ailleurs la Mer y eft des plus poiffonneufe. L'antimoine eft un minéral qui eft d'un grand ufage dans la médecine. (2) Tels font en particulier le Palais Royal, la Bourfe , & la Cathédrale, dont le Oocher eft d'une élevat'en prodigieufe. Au refte les rues de cette Ville ne font point pavées , fans doute à caufe de la chaleur du climat. C'eft là que fe portent par San-Lucar, tout l'or 5c l'argent qui vient du 2,o8 Géographie Univ. un mot,(feit un proverbe en Efpagne, que , qui n a pas vu Seville,. n'a pas vu de merveilles. D. Cette Province n'a-t-elle pas de Ports de Mer célèbres ? R. Oui : tels font San-Lucar^ Cadix & Gibraltar. D. Donnez-moi une idée de chacun d'eux en particulier ? R. San-Lucar eft à l'embouchure du Guadalquivir, les gros Vaif-feaux s'y arrêtent, & les marchandées dont ils font chargés fe tranl-portcntà Sevillefur des barques. D. Que remarquez - vous de Cadix ? R. Cadix eft une Ville grande, belle , riche , & floriflante. Son Port eft des plus fréquentés qu'il y ait, ce qui fait qu'il eft peu de Villes en Europe qui foit plus marchande. On y compte 100 , ooo Pcroti, & on l'y convertit en efpéces. Cette Ville a nne Académie Royale des Sciences & des Arts, ainfi que Barcelonne 5c Val-ladolid. «T v. Efpagne, l j09 Habitans , dans une enceinte affez médiocre. C'eft de là que partent 6c où abordent les Flottes d'Amérique. Z>. Oùeft-elle fituée? R. Dans une Ile de même nom qui communique à la terre par un Pont. D. Qu'eft-ce qui rend Gibraltar une Place importante 6e renommée ? R. Sa fituation fur le fameux Détroit auquel elle donne fon nom, lequel fépare les terres d'Efpagne de celles d'Afrique, 6e fait la communication de TOcéan avec la Méditerranée. Cette Ville avec fon Port bien défendu eft maintenant aux Anglois. J). Quelle eft fa fituation ? R. Elle eft au pied de la Montagne connue autrefois fous le nom de Calpé. D. Quelle autre Ville célèbre trouve-t on encore dans l'Anda-loufie ? R. On y trouve Cordoue fur le Guadalquivir, Ville grande & très- 2Jo Géographie Univ. ancienne, patrie du Philofophe Se-neque , & du Poëte Lucain. Sa Cathédrale eft remarquable par fg.» grandeur & fa magnificence ( i ). ^ A fEft de Cadix eft Medina-Sidonia qui appartient aux Ducs de ce nom. (i) Elle a 600 pieds de long fur 250 de large , fes Nefs font formées par une in--croyable quantité de Colonnes d'albâtre, de jafpe , 8c de marbre. Le pays de Cordoue fournit les meilleurs chevaux d'Efpagne. GRE N A DE y M URCIE, VALENCE. D. Que remarquez-vous de la Province de Grenade ? R. Ce fut la dernière pofTefTion des Maures en Efpagne, & ils en furent chalfés par Ferdinand & Ifa-belle en 1492. commerce de Grenade la D. Queft taie? Efpagne. llt R. La Soye du pays qui eft la plus eftimée de l'Europe (i). D. Quelle autre Ville connue fe trouve-t-il dans cette Province? R. On y trouve Malaga Port de Mer, & fameufe par fes vins qui fe tranfportent chez l'étranger. ^ Almerie & Antequera en font deux autres Villes remarquables. D. Quelles font les Villes les plus remarquables de la Province ou Royaume de Murcie , pays plein de foye ? R. Ce font Murcie Capitale, & Carthagene bâtie par les Carthaginois , dont le Port eft le meilleur de 1 Efpagne (2). (1) Cette Ville qui eft la patrie du Jé-fuite Suarez , eft ornée de beaux édifices parmi lefquels eft au premier rang le Palais des Ro's Maures qui y faîfoient leur réfidence. Le marbre,& fur-tout le jafpcont été employés dans les colonnes Se autres parties faillantes de cette fuperbe conf-tru&ion. . (2) Le Clocher de la Cathédrale de Murcie a ceci de particulier, qu'on y peut mon- 'Ziz Géographie Univ. J). Que remarquez - vous de \i Province ou Royaume de Valence ? R. C'eft une des plus peuplées, des plus agréables , & des plus fertiles Contrées de l'Efpagne (i). Il s'y trouve beaucoup de cannes à fucre, ainfi qu'en Murcie. Sa Capitale eft Valence, Ville grande 6c rrès-ornée ; mais qui, comme la plupart des autres d'Efpagne, n'eft point pavée. D. Quelle autre Ville remarquable s'y îrouve-t-il ? R. On y trouve Alicante , connue par fon port, 6e plus encore par les vins qui font très-recherchés. ter jufqu'au haut, A cheval Se en carotte. Le pays a de bonnes mines d'améthiftes. (i) Le romarin y croît à la hauteur de plus de cinq pieds. Efpagne. 2l3 CATALOGNE. D. Quelle eft la Province de Catalogne? R. C'eft une des meilleures, cèdes plus peuplées de l'Efpagne. Au Nord elle a les Pyrénées pour bornes , à T Orient & au Midi la Méditerranée , ôc à l'Occident l'Ai-ragon. D. Quelles font fes productions ? R. Elle produit des lièges ôc des chataigners : on en tire du criftal, de l'albâtre , des amethiftes (j), de l'azur , du marbre , des pierres pré-cieufes ; il s'y trouve des mines d'alun , de vitriol , ôcc ôc on y pêche du corail fur les côtes, D. Vous venez de parler de lièges , dites-nous ce que c'eft ? R, Le liège qui aime les pays (i) L'azur eft un minéral dont on fait un beau bleu. L'améthifte eft une pierre pré-eieufe , tk l'alun un iel foflîle. aI4 Géographie Univ. chauds , eft une efpéce d arbre plu* gros que le chêne verd, auquel il reflemble affez par les feuilles Ôc les fruits. La première écorce s'enlève , Ôc l'autre ne s'en porte que mieux. D. Quelle eft la Capitale de la Catalogne ? R. C'eft Barceîonnc , Tune des plus importantes de l'Efpagne , foie pour fa force, foit pour fon Port, fon commerce ôc les richeflès, ou enfin pour la beauté de la Ville ôc des édifices publics (i). ^ Girone, Rofe, Urgel, Lerida, Tortofe fur l'Ebre près de fon embouchure , ôc Tarragone , toutes Villes fortes , font de la Principauté de Catalogne , ainfi que Notre-Dame de Montferrat, Abbaye fa-meufe de Bénédictins où l'on va en pèlerinage de toutes parts. Son Tré-tor eft exceflivement riche. (i) On y compte 160 , 000 Habitans. Efpagne. : A R R A G O N. D. Quel eft le Royaume d'Ar-ragon ? R. C'eft une Contrée montueufe, mal cultivée, & peu peuplée. D. Quelle en eft ia Capitale ? R. La Capitale de l'Arragon eft Saragoflè , Tune des Villes d'Efpa-gne les plus grandes ôc les mieux bâties. Les édifices publics y font magnifiques 6e en grand nombre. Elle eft fur l'Ebre qui n'y eft point navigable à caufe des rochers qui fe# trouvent dans fon lit. C'eft la patrie de Saint Vincent, Diacre 6c Martyr. <5 Huefca , Balbaftro , Jaca 6c Tarracona Evêchés , font d'autres Villes remarquables de l'Arragon } aufli bien Calataiud Univ. ail? Géographie Univ. VIEILLE CASTILLE, N o u v elle castille, cy Royaume de Léon. D. Que remarquez - vous de \\ Vieille Caftille ? . R. Elle eft peu fertile , mal cultivée , 6c n'eft guère peuplée. Au refte elle fait un bon commerce de fes laines les plus eftimées de l'Europe. D. Quelle eft fa Capitale ? jR. Burgos, Ville grande , belle , *ôc afTez peuplée ; mais inférieure pourtant a Valladolid q\*i n'en eft que la féconde Ville, 6c qui eft l'une des plus belles , des plus considérables , 6c des plus illuftres de toute l'Efpagne , ôc où les Rois de Caftille ont réfide jufqu'à Charles Quint (i). (i) T ncïen Royaume de Caftille, comprend deux Caftilles Vieille & Neuve1' : urne de Léon, celui de Mur- D. Efpagne. 2lj D. Segovie neft-elle pas de cette Province ? R. Oui : & le cède à peine aux deux premières. Elle eft connue par fes laines 6e fes beaux draps. D ailleurs on y bac monnoye , ce qu'elle n'a de commun qu'avec Seviile fi). ^ On y trouve encore Medina-Cœli, ferme 6c Avila, patrie de Sainte Therefe. E). Que remarquez - vous de la Nouvelle Caftille ? R. Elle occupe le centre de lEf-pagne dont elle eft la plus grande Province. Son terroir eft ingrat étant fec 6c dénué deaux (2). cïe , l'Andaloufie , la Galice , les Afturïes & la Bifcaye. Les deux Caftilles furent ainfi appellées de la nombreufe quantité de Châteaux qui y furent bâtis pour fe garantir des Sarrafins. (1) On y voit un fuperbe Aqueduc de l'Empereur Trajan , de plus de 3000 pas de long d'une montagne à l'autre, & de deux rangs d'arches l'un fur l'autre. (2) Elle a encore porté le nom de Royaume de Tolède. Tome L K ,2.18 Géographie Univ. p. Quelle eft la Capitale de la Nouvelle Caftille ? R. C'eft Madrid , qui, bien qu elle le foie encore de toute la Monarchie Elpagnole , n'en eft pas pourtant une Ville du premier prdre. Cette Ville eft la réfidenee. ordinaire du Souverain (i). jD. Que remarquez-vous de Te-lede? H. Cette Ville qui eft la féconde . (i) Elle efl: fituée au cœur de l'Efpa-gne, fur un Ruiffeau qu'on appelle Man-çanarès qui quelquefois eft à fec. Ses rues font ornées de Fontaines décorées de Star-tues. Le plus bel endroit de Madrid eft la Place Majeure où. fe font les courfes de Taureaux , 8c les Auto-da-fé. Elle eft quarrée , fpatieufe , Se entourée de maifons uniformes à cinq étages avec des balcons. Cette Ville renferme 350 , 000 Habitans. Non loin de Madrid les Souverains ont plufieurs maifons de plaifance , dont les principales font celles de Buen-Retiro, 8c de Sainte-Ildefonfe. Celle-ci fut bâtie par Philippe V, qui n'épargna ren , foit dans la conftru&ion , foit dans les Jardins Se les eaux, pour en faire une demeure magnifique 8c délicieufe. Efpagne. 2 de la Nouvelle Caftille, a été autrefois la Capitale de 1 Efpagne.. Son Archevêché eft le plus riche de la Chrétienté ayant un million de revenu, 6e fa Cathédrale une des plus magnifiques du Royaume. JD. Faites-nous connoître ce que c'eft que l'Efcurial dont on parle fouvent ? R. C'eft un Palais bâti dans un Village de même nom à fix lieues de Madrid par Philippe II, en mémoire de la bataille qu'il remporta furies François près de Saint-Quentin , le jour de Saint Laurent en i$37- Avant d'en venir aux mains, il fit vœu , s'il fortoit victorieux , d'élever à la gloire de ce Saint, le plus bel édifice de l'Europe (i). (i) Il peut bien Te conter ter d'en être dit le plus vafte. Ce-Palais ou Monaftero eft occupé partie par des Moines Hyeroni-mîtes qui y font au nombre de 200 .partie par la Cour qui y a des appartenons , partie par. une bibliothèque d'environ izo, 000 volumes, & riche en anciens manuferits, partie enfin par un Collège qui s'y trouve. Kij 12o Géographie Univ. f Alcala de Henarès fameufe Univerfité , fondée par le Cardinal Ximenès 1 un des plus grands politiques qui aient paru dans le Monde, Cuença patrie de Louis Molina , fon Evêéhé vaut au-delà de ^oo ,000 liv. Calatrava Chef-lieu d un Ordre Militaire de fon nom, & Ciudad-teal, font auffi de la Nouvelle Caftille. D. Que remarquez-vous de TEf-tremadure ? R. Une partie de cette Province eft enclavée dans le Portugal , l'autre eft réunie à la Nouvelle Caftille, & fa Ville principale eftBadajoz, Place forte fur les frontières du Portugal. On y voit encore Merida , bâtie par Augufte, Aicantara , Chef-lieu des Chevaliers de même nom. Sous le grand Autel eft une Chapelle fou-terraine copiée fur la Rotonde à Rome, & qu'ils appellent pour cela le Panthéon. Elle eft le lieu de la Sépulture des Rois d'Efpagne, & de la Maifon Royale. Efpagne. 221 On y admire fon Pont furie Tage , de la main des Romains du tems de l'Empereur Trajan : il a 200 pieds de hauteur , ôc près de 700 pieds de long fur 30 de large, quoique de fix arches feulement. D. Nommez les principales Villes du Royaume de Léon ? R. On y trouve Léon Capitale , dont la Cathédrale paffe pour la plus belle d Efpagne, Palencia , ôc Salamanque. Celle - ci efl belle , riche, peuplée , & très-célébre.Son Univerfité efl la première ôc la plus fameufe du Royaume ( 1 ). (1) Les Efpagnols appellent Salamanque la Mere des Vertus, des Sciences , & des Arts. La Bifcaye a Bilbao avec Fontarabie. Sant-Andcr, Santillane, Ovicdo d'Afturie. Compoftelh en Galice , & Corogne & Vigo , Le Cap de Finifterrc. Au Léon efl fa Ville Allorgue , Palanca , & Salamanque habile. La Vieille Caftille a Segovie , & Bur gos, K iij 222 Géographie Valladolid. La Neuve à Madrid , Alcala, Mcrida , Badajoz , Tolède , Alcantara. Dans l'Andaloufic eft Seville , Se San-Lucar, Cordouc, Se fur la Mer Cadix 5c Gibraltar. Et Grenade, & Murcie, & Valence ont le nom de leur Ville ; Alicant, Malg : Carthagene en font. La Catalogne tient Barcelone , & Girone, Rofc, Urgcl, Lcrida , Tortofe , & Tarragonc. Au Royal Aragon Saragoce , Eftella. Pampciunc en Navarre , Olitc, & Tudda, PORTUGAL. D. Inftruifez-nous des Révolutions de Portugal ? R. Dans le XIIe. fiécle le Portugal commença à avoir des Rois Chrétiens qui déturberent les Maures qui en étoient en poflcflion.Il eut des Souverains de la même famille jufqu'en 1^80 , que le Roi Dom Sébaflien s'étant perdu dans un combat en Afrique, il tomba fous Ja domination Efpagnole, Philippe II s'en étant emparé. D. Qu*arriva-t-il dans la fuite ? R. Soixante ans après , fan 1640, les Portugais dans une confpira-tion, fecouerentla domination d'Ef-pagne , & élurent pour leur Roi le Duc de Bragance qui defcendoit de leurs anciens Souverains, par un fils naturel, & fa poftérité s'eff. maintenue jufqua préfent fur le Trône. K iv 224 Géographie Univ. £). Cette Couronne n'eft-elle pas héréditaire ? R. Oui: & paffemême aux en-fans naturels des Rois à défaut de fils légitimes. D. Quel furnom porte le Roi de Portugal ? R. Celui de Majefté très-fidéle. D. Quelle eft l'étendue de ce Royaume ? R. Il a i2<) lieues de longueur du Nord au Sud , fur 3^ de largeur de l'eft a l'Oueft. Il occupe les deux tiers de la partie occidentale de l'Efpagne. 1). Quelles font les productions de ce pays? R. Il eft affez fertile en tout ce qui eft nécefîaire a la vie. Il n'y a guère plus de cent ans que les orangers y furent apportés de la Chine , d'où enfuite ils fe font répandus en d'autres Contrées de l'Europe (1). (1) On y trouve de bonnes mines d'étain, de plomb, de fer, d'alun, 8c de pierrespré-cieufest Portugal JD. Comment divifez - vous le Portugal ? il. En trois parties principales, favoir la partie feptentrionale , au-delà du Douro, la partie du milieu entre le Tage & le Douro, & la partie méridionale qui renferme le petit Royaume d'Algarve. D. Quelle eft la Capitale du Portugal ? R. La Capitale du Portugal eft Lifbonne, à l'embouchure du Tage, où elle a un Port vafte & célèbre ( i ). Cette Ville , il y a peu d'années, étoit par fa richeffe & fa magnificence , l'une des principales Villes de l'Europe ; mais le premier Novembre , elle a été prefqu'en- (1) Il a environ cinq lieues delongfur une de large. Cette Ville eft la patrie de Saint Antoine de Padoue , & de Dom Bar-thelemï-des-Martyrs, qui fut une des lumières du Concile de Trente. Au mois de Septembre 1759, la fociété des Jéfuites a été dilTonte en Portugal; Se les fuiets expiûfés enfuite de l'affaflinat du Roi. K v 21Ç Géographie Univ. ricrement détruite par un tremble? ment de terre des plus violens , dont quelques autres villes de Portugal & d'Afrique même reffentirent mal-heureufementles fecouftes. Au refte elle fe relevé tous les jours de ce ruineux accident. D. Nommez les autres Villes remarquables de cet Etat? R. Delà le Douro fe trouvent Brague, Bragance, ôc Porto qu'on appelle aufli quelquefois Port-à-Port. Cette dernière vers l'embouchure du Douro , eft la meilleure du Portugal après Lifbonne , tant pour le commerce que pour la ri-chefle ôc la population. Elle eft fiége d'un Conleil Souverain , ôc d'ailleurs très-forte. JD. Continuez à déduire les Villes de Portugal ? R. Dans la Province du milieu , outre Lifbonne dont nous avons parlé, font Aveïro , & Coïmbre ou Conimbre,dont l'Univerfité eft fameufe , puis de là le Tage , Ebora avec une bonne Univerfité , ôc Ta- Portugal \ 227 vira Capitale de la Province d'Al-garve , qui occupe la partie la plus méridionale du Portugal. ^ De l'Etat de Portugal font encore Lamego, Sautaren , Portale-gre, Elvas ôc Sylve, toutes Villes confidérables. Leiria , Ville forte en eft aufli. Numance étoit fur le Douro aux confins de i'Efpagne 6c du Portugal. _D. Quel Cap fameux trouve-t-on en Portugal ? R. Le Cap Saint-Vincent, a l'angle inférieur occidental de l'Ef-pagne. Lisbonne en Portugal, Porto, Brague , Lbora , Co'imbre, & Saint-Vincent ; l'Algarve à Tavira. K vj 22g Géographie Univ. RIVIERES D'ESPAGNE, Ebrc y Guadalquivir, G.uadiana , Douro, A Lisbonne le Tage , en GaliccMinho. D. Décrivez-nous le cours de chacune de ces fix Rivières ? R. L'Ebre prend fa fource aux Confins de l'Aflurie , pafTe à Sara-goce ce a Tortofe, 6c fe jette dans la Mer Méditerranée. Le Guadalquivir prend fa fource à l'extrémité orientale de FAnda-loufie, coule de f Eft à l'Oueft do cette Province , en la partageant en deux parties tout-à-fait égales, 6c fe rend dans l'Océan au Golphe de Cadix, après avoir arrofé Cordoue, Seville 6c San-Lucar. La Guadiana naît vers le milieu de la Nouvelle Caftille , paiîè à Badajoz, 6c fe rend dans la Mer en féparant FAlgarve de FAnda-loufie. Le Tage a fa fource fur les Con- \ Efpagne. 229 fins de l'Aragon , arrofe Tolède & fe jette à Lifbonne dans l'Océan Atlantique. Le Douro comme le Tage a fa fource aux Confins de l'Aragon , coule parallèlement à ce Fleuve de l'Eft à l'Oueft , & fe jette dans l'Océan une lieue au-deffous de Porto. Le Minho, le moindre de ces fix Fleuves , naît d'un Lac au Nord de la Galice ; ôc a fon embouchure dans la Mer Atlantique, après avoir féparé quelque tems la Galice du Portugal. D. Quels font en Efpagne les Ports de Mer les plus fréquentés ? R. Ce font ceux de Cadix, de Barcelone, ôc de Lifbonne» ILES D'ESPAGNE. D. Quelles font les Iles d'Efpa-gne? P- Il y en-a trois principales, favoir Majorque , Minorque , & ïvica qui font contiguës. On les £,0 Géographie, ^onnoirToit autrefois fous le norrï commun d'Iles Baléares. Elles ont formé aufli un même état que l'on appelloit Royaume de Majorque. JJ. A qui appartiennent ces Iles > R. Majorque ôc Ivica foin: au^ Efpagnols , ôc Minorque eft aux Anglois.Toutes trois, quoique mon-tueufes, ne laifTent pas d'être affez abondantes. D. Quels en font les principaux lieux ? R. LTle Majorque a pour Capitale, une Ville de même nom allez belle ôc peuplée. Ses Habitans font bons Armateurs , & l'Ile Minorque a de remarquable le Port-Manon , l'un des meilleurs ôe des plus fûrs de la Méditerranée, lequel eft défendu par une bonne Citadelle. La Ville Ôc le Fort furent pris en 17^6, par le Maréchal Duc de Richelieu ; mais ils ont été rendus par le Traité de paix conclu en 1762. D. Que remarquez-vous de l'Ile de Formentera ? R. Cette petite Ile , la quatrième Univerfette. 22ï des Baléares , eft déferre à caufe de la multitude des ferpens dont elle a toujours été infeftée (i). Majorque , &c Ivica de leur Ville ont le nom : Formentera , Minorque a le Port de Mahon. (i) Majorque dite Maillorque Se Majorque par quelques-uns 357 lieues de circuit. Il y a quantité de lapins dans File Minorque. Les Habitans, fi nous en croyons Pline , demandèrent un fecours de troupes à Augufte contre les Lapins qui minoient leurs maifons , déracinoient leurs arbres, Se les défoloient. 232 Géographie Univ. i T A LIE. Comptez-y dix Etats : Parme & Plaifaricc en un; Gênes, Final, Savone ont la côte en commun, D. Quel autre nom d'Italie a-t-elle porté ? R. Les Grecs lui donnèrent celui d'Hefperie, parce qu'elle étoit à leur occident ( i ). Elle eft encore connue chez les Poètes fous le nom dAu-fonie. JD. Quelle figure a l'Italie? R. L'Italie eft uneefpéce de grande prefqu'ile qui a la figure d'une botte dont la partie fupérieure contient la Lombardie : le milieu , la Tofcane & l'Etat de l'Eglife : enfin le Royaume de Naple occupele bas de la Jambe (2). (1) Ils donnoîent auffi ce nom àl'Efpagne; maïs pour les diftïnçuer , ils appelloient la première la grand Hefperie. (0 Qui femble donner un coup de pied Italie. 2,-3 5 D. N eft-ce pas en Italie qu'étoît la Gaule Cilalpine ? R. Oui : & c étoit le pays appelle depuis Lombardie (i). D. Pourquoi s'appclloit-elle Ci- falpine? R. Elle sappelloit ainfi de fa fituation en deçà des Alpes par rapport aux Romains. Elle fe divifoit en Tranfpadane & Cifpadane, Tune en-delà, l'autre en-deçà du Pô , re-lativemencaux mêmes Romains (2). D. L'Italie n'a - t'elle pas été le fiége de 1 empire Romain? R. Oui : elle en a d'abord été le berceau, puislaCapitale ce le centre. a la Sicile, qui eft au bout • comme un rocher triangulaire. (1) Le Royaume de Lombardie , qui étoit fort puïflant, fut détruit par Charlemagne, après avoir fubfifté environ 200 ans. La Côte de Gênes n'eft pas cenfée Lombardie. (2) Ils appelloient encore celle-ci, GaU lia Togata, à caufe de la longue robe que portoient fes habitans > comme les Romains, & que ne portoient point les autres Gaulois. *j Géographie Univ. D- Quelle eft fa pofition? R. L'Italie eft dans un climat tempéré , cependant plus chaud que froid, particulièrement vers la partie méridionale où les chaleurs font fouvent exceftives. D'ailleurs fair 'y eft pur & fain, fi ce n'eft dans l'état de l'Eglife (i). D. Quelle eft la bonté & l'aménité du fol d'Italie > R. L'Italie abonde en bleds, vins, huiles ôc fruits excellens de toute efpéce, tellement qu'on la regarde comme le Jardin de l'Europe. La terre y eft couverte d'amandiers, figuiers , orangers, citroniers , gre-•nadiers, oliviers , ôc particulièrement de mûriers blancs qui fervent à entretenir une grande multitude de vers à foie (2). (1) Particulièrement où il confine avec le Siennois : car dans ces cantons la lièvre eft un fléau dont les habitans ont bien de la peine à fe garantir. (2) Auffi la foie y fait-elle une branche de commerce confidérable. Les vignes s'y cultivent encore comme \lu tems de Vir* Italie* JD. Quel eft le caractère des Italiens ? R. Les Italiens font polis ( i gîle :____Ulmifque adjungere vîtes; & c'eft fur les ormeaux que l'on fait vendange. On ne s'y fert point d'échalas ; mais des pieds d'ormes plantés de diftance à* autre, & que l'on tient à une petite hauteur , fou-tïennent un ou plufieurs feps de vignes. Le bled fe recueille deffous, d'où l'on tire double profit des terres. Elle a des vins exquis, tels font ceux de Monte-Pulciano, de Monte-Fiafcone , Lacryma-chrifti, Ma-latefta, & les vins grecs : les trois dernières cfpeces croïlTent aux environs du Véfuve. Les vins grecs font ainfi dits » d'un Moine Grec qui y planta la vigne qui les produit. La Lombardie eft fertile en riz, dont elle a des plantations confidérables. Nous obferverons touchant fa culture, qu'il doit toujours être dans l'eau que l'on fait monter à mefure que la plante croît : fi-bieri qu'il n'y a jamais que l'épi Si l'extrémité de la feuille qui foient hors de l'eau, qu'on fait écouler de ces efpece^ de marais pour faire la récolte. (i) En adreifant la parole à quelqu'un, ils employent la troifieme perfonne & le genre féminin , foufentendant VoJJignoria, terme qui chez eux efl: moins fort qu'en 2>i6 Géographie Univ. prudens Spirituels ,fouples .grands politiques , très-propres aux Sciences & aux Arts ; mais on leur reproche, non fans quelque fondement, d être vindicatifs , diflimulés , jaloux , traîtres , amateurs du faux-brillant, & peu religieux fous lç voile de la religion (i). France, celui de votre Seigneurie. Il en faut dire de même des mots Signore Palaz.z.o, qu'ils nous paroiflent prodiguer, mais qui ne répondent pas tout-à-fait à ceux de Palais Se de Seigneur parmi nous , Se du titre d'Sxcellence, qu'on donne à Rome indif. tinclement à toute perfonne qui tient un certain rang, ou feulement qui eu bien vêtue. (i) Il n'y a guère de familles qui ne brûlent jour & nuit une lampe devant l'image de la Sainte Vierge. Les maifons y font fréquemment peintes au-dehors des Myf teres de notre Religion. Le falut en bien des endroits eft, Laudatofia Giefu Chrifto * Béni foit Dieu. Il y a telle Ville [Borgo". fan-Domino], où on lit à chaque coin de rue, en grands caractères, Viva Giefu, muoia. il peccato; Vive Jefus , périffe le péché. H y en a d'autres [Pavie], où l'on trouve en certaines rues de grands Oratoires ççnitruits Italie. D. Que dites-vous en l'Italie^ R. L Italie eft le plus beau pays de 1 Europe, & le plus curieux pour les Monumens tant anciens que modernes qu'elle poiféde i). Les Arts agréables y font cultivés avec plus d'oiTemens de morts. Les Fxvotoy font multipliés au-delà de toute croyance. Par toute l'Italie , excepté trois Villes qui font à peu de chofe près montées à la Françoife; Turin, Parme, & la Capitale de laTolcane, lefquelles fecouent un peu le joug Italien; les femmes font voilées. On y voit par les rues les Pénitens vêtus d'une manière à faire peur aux petits enfans & aux grandes perfonnes. Tout leur habillement c on fi lie en un fac dans lequel ils font engaînés, & où l'on a pratiqué deux trous à l'endroit des yeux, afin qu'ils puilTent fe conduire eux-mêmes; ce font à bien dire devrais épou-vantails. Mais nous aurons dans la fuite occafion dédire, combien il y a peu à compter fur toutes ces démonftrations extérieures. (i) Il y a plus de quoi fatisfaire un amateur dans une feule Ville d'Italie, Rome, par exemple, Florence ou Venife,que dans toute la France, ou l'Efpagne< Grographie Univ. 2c foin ôc de luccès qu en aucun lieu du monde. On y excelle dans la Peinture , la Sculpture (i) ,1'Ar- (i) La plupart de nos meilleures Statues, font des copies dont les originaux font en Italie. Les Énlevemens qui font auxThuil-lerïes, font pris à Florence fur une des places publiques [celle du Palazzo VecchioJ. Les Dieux de Fleuves du même Jardin, font, partie dans une des cours du Vatican, partie fur le Capitole. La Vénus pudique deMarly& d'ailleurs, font prifes fur Celle de la Gallerie des Grands-Ducs de Tofcane. L'Hercule du Louvre etl pris à Rome fur celui du Palais Farneze. L'Aiguifeur de Verfailles a fon Prototype dans le falon octogone du Palais Ddlai à Florence , 8cc. Quant aux Spectacles , ils réulTtflent dans les Pièces comiques, excellent dans l'Opéra, n'ont pas leurs pareils dans le genre bouffon : maïs dans la Tragédie, ils ne jouent guère mieux que des marionnettes, La multiplicité des Prêtres en Italie, fait qu'une infinité d'entre eux y vit dans l'indigence Se fait la plus trille figure. Il ne fera pas*rare d'en voir, qui reifemblant à de vrais mendians , auront fur une tête craf. feufe un feutre rongé , qui de noir fera de-Venu jaune en conféquence de fes longs fer- Italie. 22 a Ahitc&ure & la Mufique : aufli e&- vices ; des fouliers dont la femelle aura iz ou 14 lignes d'épaiiTeur , en vue d'une plus longue réfiftance 4 des habits qui femblent leur avoir palTé de père en fils depuis deux ou trois générations. On les verra acheter fordidement dans les rues des viandes ou des fruits qu'ils emportent glorïeufement Se tête levée dans leur mouchoir, & donner le bon-jour enpaffant à un de leurs confrères , qui affis fur une borne de la place publique , racommode en fifflant > fes bas noirs ufés , avec du fil rouge. Eft-ce donc là les Miniftres de nos Autels ! Le mépris qui les accompagne rejaillit à-coup-sûr fur la religion elle-même, 8c tourne à fon détriment. Les Evêchés Se Archevêchés y font auilî incroyablement multipliés. Il n'y a guère de Villes du dernier ordre qui n'ait fon Evoque. Une raifon de politique,la prépondérance dans les affemblées générales , en eft fans doute la caufe. Les chaires à prêcher font oblongues Se en forme de tribunes, à cette fin que le Prédicateur puilTe mieux s'évertuer. En effet, leur manière de débiter eft vive à outrance, & libre jufqu'à tenir du baladin; aufli n'eft-il pas rare d'en voir s'énoncer de la forte : Ecco qui il veto Polichinelle Dans toute l'Italie, les femmes du corn- t 240 Géographie Univ. ce le pays vers lequel on voyage davantage. xmin tant à la ville qu'à la campagne, vont nue tête, voire même en hyver. Elles n'ont d'autre coerTure que leurs cheveux trèfles , jpaiTés & repafTés .contournés, plies & ajuf-tés de cent façons différentes. Les grands chemins n'y font niauffi larges , ni aufli bien drelfés qu'en France: d'ailleurs ils ont cette incommodité d'être fréquemment coupés par des terrens furlef-quels il n'y a point de ponts, & très-fou-vent point de barques, &qul rarement font à fec. Mais dans la Lombardie ils ont ceci d'agréable , que la plupart du tems ils font accompagnés de treilles de droite & de gauche, & couverts de peupliers & d'ormes chargés de vignes , dont les fruits font à la diferétiondes paffans.On ne s'y fert guère de voitures pour le tranfport des marchandises qui s'y fait à dos de mulets. En général, on ne voit*point de forêts en Italie; ce qui Ïrouve quelle a été fa primitive population. Vailleurs, la température du climat y con-iribue ; & la tonte des arbres plantés le long ' des chemins fuffit à la eonfommation. La peinture faifant un des principaux objets decuriofitéen Italie, on fera bien-aile de prendre ici une idée des différenteg Ecoles qu'on y diltingue.Elles font au nombre de quatre: l'Ecole Romaine, l'Ecole Italie. i^t D. Comment s'y comptent les diftances ? Florentine, l'Ecole Lombarde, & l'Ecole Vénitienne. L'Ecole Romaine , la plus célèbre de tout, a pour chef Raphaël d'Urbïn. Elle a produit en outre Jule-Romain, So-limeni, Lanfranc, le Lorrain , Paflignani, | Salvator-Rofa , Sec. L'Ecole Florentine, Michel-Ange Se Léonard de Vinci : Cima-bué, André-del-Sarto, Fra-Bartholomeo, 8c Daniel de Volterre, en font d'autres grands artiftes, ainfi que Bandinelli, mais celui-cr fe diftingua davantage dans la fculpture. Le Correge eft à la tête de l'Ecole Lombarde , qui a encore produit le Guide, Louis Se Annibal Carraches , le Parmefan, le Guerchin, le Dominïquain , l'Albane, Sec. Dans l'Ecole Vénitienne, Paul Veronefe Se le Tintoret, tiennent le premier rang. Il en eft encore forti Jacques Baffan, le Por-denoné, Palma , le Tintoret, Salviatî. Chacune d'elles a fon genre particulier. La première a excellé dans la correction du deffein, Se la vérité de l'expreflion. La féconde eft caraélérifée par la fierté Se la fu-blimité de la compofition. L'Ecole Lombarde, dite aufli l'Ecole de Bologne, fe fait remarquer par la fageffe de l'ordonnance, les grâces du pinceau,& l'imitation de la belle nature. La dernière a pour elle la beauté Tome L L Géographie, Univ. R. Elles le comptent par milles , dont trois font k peu près la lieue de France (i). du coloris. L'Ecole Françoife s'eft formée fur celles d'Italie; le Pouffin , le Sueur, le Brun, Mignard, Sec.font ceux qui s'y font le plus diftingués. Il y a en outre l'Ecole Flamande, dont les deux Chefs Wan Dick Se Rubens, vont de pair avec les plus grands Maîtres des différentes Ecoles. On trouve dans les Ouvrages de ces Artiftes, Se des Elevés qu'ils ont formés, une délicateife d'exécution, Se un fini que l'on chercheroit inutilement ailleurs. (i) Excepté dans le Piémont, où le mille vaut une demi-lieue. En Italie , on compte les heures à commencer depuis 6 heures dufoîr, Se on les compte jufqu'à 24. Si-bien que chez eux il eft 1 heure à 7 heures du foir; 6 heures à minuit; Q heures à 3 heures du matin; 12 heures à 6 heures du matin ; 15 heures à 9 heures; 18 heures à midi; 21 heures à 3 heures après midi ; & 24 heures à 6 heures du foir'*'. Les cadrans ne marquent ordinai-nairement que depuis 1 jufqu'à 6. * Au refte ceci n'eft qu'une cftimation moyenne, caria première heure efl continuellement déplacée pat le déplacement du Soleil , vû qu'elle commence à fe compter minutes environ après (on coucher ,d'où l'on voit combien leur manière de mcfuicr le tenu eft incommode gênant?. D. Quelles font les bornes de l'Italie ? R. Les Alpes la bornent k l'Occident & vers le Nord , & la fépa-rent de la*France, de$ Suiflès & de l'Aile magne : du refte elle eft environnée de la Méditerranée (i ). Elle eft partagée dans toute fa longueur par une chaîne de Montagnes ap-pellée l'Apennin. D. Quelle eft fon étendue ? R. Elle a deux cens cinquante lieues de longueur fur une largeur bien moindre & fort inégale. D. Que remarquez-vous de la langue Italienne? R. Elle eft dérivée de la Latine , avec laquelle elle a beaucoup d'af- (i) Qui au No'rd-Eft prend le nom de Golphe de Venife ou de Mer Adri-utiqne ; au SuJ-Oueft, celui de Mer de Tofcane -, Se au pied delà Botte, fe nomme Mer Ionie-ne. La première eft le Marc Super wm des Latins ; & la féconde , Mare vaferum , Tuf cum Se Thyrrenum , Se s'étend depuis les Iles de Corfe & de Sardaigne, jufciu'à celle de Sicile. £44 Géographie Univ. finité ; & réunit la douceur ce la dé-* Jicatcfleavec l'énergie d). D. LTtalie obéit-elle à un feul Souverain ? R. Non , mais bien a* plufieurs qui en polTédentles uns une partie , les autres ùne^àutre. D. Combien y a-t-il de principales fbuverainetés en Italie quelles font-elles? jR.. On y en compte dix , favoir ^ le Duché de Parme 6e dePlaifance > la République de Gênes, le P;é-mont, le Duché de Milan , la République de Venife , le Duché de Mantoue , le Duché de Modene , la Tofcane, 1 Etat de fEglile , 6c le Royaume de Naple. D. Quels font les autres pays an» nexes à ITtalie ? Ri Ce font les Iles de Sicile , de Sardaigne & de Corfe , puis la Sa-voye qui lui appartient dans l'ordre tant naturel que politique. (i) Pour en bien connoître toutes les grâces , il faut l'entendre dans la bouche de$ Dames, _D. Quels font les Souverains de chacun de ces Etats ? R. La Sardaigne , la Savoye & le Piémont, obéilient au Roi de Sardaigne: le Milanès,le Duché de Maiitoue, & le Grand Duché de Tofcane font fous la puiffance de la maifon d'Autriche : le Duché de Parme & de Plaifance 6c celui de Modene , aux Ducs de même nom : l'Ile de Corfe & la Rivière de G mes à la République de ce nom : l'Etat de l'Eglife eit. au Pape: le Royaume de Naple 6c la Sicile, font l'un & Pautre au Roi des Deux Siciles; ôc la Seigneurie de Venife eft gouvernée par la République de même nom i;. « (i) Par quelle fatalité cttre partie de l'Europe , qui ct>mmandoit aux nations , n'eft-ellepas feulement mattreffe chez elle aujourd'hui , obéiffant prefque toute entière à des Princes étrangers? Ceci, & ce que nous dirons ci-après delà Grèce, femble donner une rude atteinte.! la Sentence d'Horace— Nec imbellem féroces progeneranù AquïU columbam. Géographie Univ. DUCHÉ DE PARME et de Plais anc s. D. Quelles Tant les bornes de cet Etat? R. Il confine au Nord avec le Duché de Milan , dont il eft féparé par le Pô , au Midi avec la République de Gènes, k l'Occident de rechef avec le Duché de Milan, à l'Orient avec le Duché de Modene. D. Quelles en font les Villes ? grande bellex & peuplée (i): puis (i) M. Nicolle de la Croix, Vofgien , & d'autres Géographes modernes, vantent rous la magnificence du Palais des Princes de Parme , fans doute parce qu'ils fe font copiés les uns les autres; la vérité eft qu'il n'y a rien de fi commun Se de fi mauflade. On y voyoit autrefois une bonne collection de Tableaux, de Médailles, de Bronzes antiques, que Dom Carlos , maintenant Roi d'Efpagne , emporta à Naples , loffqu'il paffa du Duché de Parme à la Couronne1 des deux Sïciles. Le. Collège des Nobles , fondé par R-ai- Parme , Capitale, Italie. 247 Plaifance (1) ainfi dite de la beauté nuce Farneze en 1509, eft un établiffement digne de remarque. Il eft deftiné pour deux cens cinquante Gentilshommes, que Tony forme dans toutes les connoilfances ,& tous les exercices qui peuvent entrer dans l'éducation de la Nobleffe. Le grand Théâtre dû aux Farneze, eft fans doute le plus beau qui exifte, Se ne contient pas moins de 14, 000 fpecïateurs. Il eft ainfi que dans le refte de l'Italie, à eînq rangs de loges, Se garni de banquettes au Parterre ,où par ce moyen on n'éprouve pas l'incommodité d'être quatre heures 8c demie confécutives de bout. La Loge de l'Infant eft placée à l'extrémité en face du Théâtre, tellement que l'on juge d'abord qu'il a juftement la place la plus défavan-tageufe ; mais la falle eft conftruite de manière que malgré fa longueur, on n'y perd pas une parole. Parme eft iltuée fur la rivière de même nom, qui eft fouvent à fec, à quatre lieues du Pô. On fait monter fa population à 45000 habitans , defquels bon nombre font François , le Prince régnant étant de la Branche Efpagnole de la Maifon de Bourbon, par l'Infant Dom Philippe fon pere , & Petit-Fils de Louis XV, par fa mere Louife-Elifabeth de France , Princeife regrettée à Parme. (1) En langue du Pays Piacertza, qui fe L iv 248 Géographie Univ. du pays où elle eft fituée. ^ On y trouve encore Colorno , triaiion de plaifance des Souverains, Borgo-San-Domino , & Fornoue prononce Fiacentza, de manière cependant d laiffer douter fi le Z eft précédé d'un T ou d'un D. La Place principale eft ornée de deux bannes Statues équeftres de bronze des deux Ducs de Parme Alexandre Farneze, & Raînuce. On trouve communément leurs pieds-d'eftaux absolument trop bas : on fait le même reproche à celles de Florence & de Rome; & à vrai dire, cela ne fait pas bien pour la dignité de la Place: mais il en a été ufé de la forte vraîfem-blablement, pour que l'Amateur ne perdît rien des beautés de ces fortes d'ouvrages. Cette Ville a environ 25000 habitans. Son Arpec~fc, fa fituation, fes rues, fes Places 3 fes Edifices, répondent affez au nom qui lui a été donné; & fi la Cour y eût fixé fonfé-jour .joint à ce qu'elle eft fur le Pô, il n'eft guère douteux qu'elle ne fût devenue l'une des premières Villes de l'Italie. Dans cet Etat î'Ecu de France vaut 24 livres , & le Louis d'or 95. On y eft abreuvé , ainfi qu'en beaucoup d'autres Cantons, d'un vin rouge qui eft perpétuellement doux. Sa longueur eft de vingt lieues , fat line largeur un peu moindre. Italie. 249 tFornovo'] oùCharleVIII, retournant de fon expédition de Naple, avec 8000 hommes feulement, déjar fatigués d'une longue route, paifa fur le ventre à farinée combinée des Vénitiens, du Pape , du Duc de Milan, & autres Princes d'Italie montant à plus de 40, 000 hommes. Ce qui contribua le plus au gain de cette bataille , fut la quantité de braves Gentils-hommes François qui accompagnoient le Roi. Elle fe donna l'an 1495. Les Ducs poftedent en outre les Ville & Duché de Guaftalla au Nord du Duché de Modene. RÉPUBLIQUE DE GENES. D. Quelle eft l'étendue de l'Etat de Gênes ? R. La République ou côte de Gênes a beaucoup 3e longueur fur une très-petite largeur. Elle touche d'un bout la Tofcane & de l'autre le Comté de Nice , mais elle n'a Lv 2. Quelles en font les autres Villes ? R. Ce font Savone, la féconde Ville de la République (i) , & Fi- Reîne d'Hongrie; mais dans la même an-Tiée, Se quelques mois après, un Officier Autrichien ayant maltraité un Bourgeois , le Peuple fe fouleva, mafiacraune partie des Troupes de la Reine, chafla l'autre,&feremit en liberté qu'il a confervée depuis,malgré les entreprifes de la Maifon d'Autriche qui y mit inutilement le-fiége en 1747.Gênes eft fituée au fond du Golphe de même nom. Ses rues font très-étroites pour la plupart, ce qui fait que les Edifices paroiffent avec peu d'avantage. Ses Maifons font ordinairement terminées en terraffes ; c'eft-là que les femmes, qui fortent peu, vont prendre i'air pendant la nuit. Elles y forment de -petits jardins avec des caiffes de jafmins, d'orangers, de myrtes, de grenadiers, des çots d'oeillets 8c d'autres fleurs. Ses Manufactures de Velours Se de Damas, font *rès-renommées. Le nombre de fes habitans fe porte à 100000. (1) Ceux de Gênes ont prefque comblé fon Port, de peur qu'elle ne nuisît à leur commerce. * Le Ge noisleft fort décrédité parmi les autres Nations d'Italie. Il y fait Italie* 2<£3 pal Tune & l'autre maritime & très-bien fortifiée. D. Comment fe nommoit autrefois la côte de Gênes ? R. C'étoit laLigurie. ^ Albenga, Oneille qui avec fon territoire eft au Duc de Savoye , & qui eft la patrie d'André Doria : Noli Vintimille, Porto-Venere, ôc Sarzane, font encore de la rivière de Gênes. quafi la Chouette. On dit communément en proverbe ; Cenoa.....Monti fcnza Icgna , Mare fcnza pefcc, Huomini fcnza fede , Donne fenza. vergogna. C'eft-à-dire, Pays de Gênes... Montagnes fans forets, Mets fan* poi/Tons, Hommes fans probité, Femmes fans pudeur, / Géographie Univ. PIÉMONT. £). D'où le Piémont tire-t-il ce nom ? R. De fa Situation au pied des monts appelles Alpes (r). D. Que remarquez-vous de cette Principauté ? R. Ceft un excellent pays, aufîl eft-i-1 extrêmement peuplé. Les Villes & les Bourgs y font les uns fur les autres. D. Quelle eft fon étendue? il. Il a 70 lieues du Nord au Sud fur une moindre largeur. Ses bornes font au Nord le Valais , au Sud la Méditerranée, avec une partie de la Rivière de Gênes, à l'Orient le Milanez, & à l'Occident les Alpes qui la féparent de la Provence 3 du Dauphiné <5c de la Savoye. D. Quelle en eft-la Capitale ? .-^-. (ï) Son nom latin fêmble indiquer auûl dlçtte fituation \Pedemont\um\ Italie. itf : R, La Capitale du Piémont eft Turin où eit la Cour du Roi de Sardaigne. C'eft une des plus belles & des plus floriflantes Ville de l'Italie. Elle eft fur lePô (i). (i) Turin, en Italien Tor'ino, eft dans une fituation des plus riantes. Les Places publiques , les Eglifes , Scies Hôtels des grands Seigneurs du Pays, y font magn ifiques ; les rues tirées au cordeau & formées de maifons uniformes. La Place S. Charles.& le fuperbe Palais de Savoye, en font deux des principaux ornemens. D'une rivière qui paire dans le quartier le plus haut, on tire tous les matins un ruiffeau dans chaque rue, ce qui lave le pavé, & entretient la propreté dans la Ville. Du pied des Alpes [depuis Rivoli}, OU apperçoit Turin au bout d'une magnifique avenue nivelée de trois lieuer de longueur ■qui y conduit. Son nom vient de fes anciens Peuple1; [Taurixï], qui avoient dans leurs enfeignes un taureau. File eft très-bien fortifiée. C'eft la Patrie du Cardinal de Tour-non. La Cathédrale, qui n'efVpoînt belle, pof fede un faint Suaire. La Chapelle oh il eft ■dépofé mérite d'r^e vue. C'eft-là que le Roi & la Farn'lle Royale vont ordinairement entendre la Mcflc. -4^6 Géographie Univ. ^ Les autres principales Villes Laurent Echàrd , l'Abbé Nïcolle de là Croix, & l'Abbréviateur de la Martiniere, s'écrient fur la magnificence du PalaisRoyal. Il eft vrai qu'il eft richement meublé, Se peut-être avec plus de fomptuofité qu'aucun qu'il y ait en Europe ; mais il eft vrai auffi que c'eft une grotte Maifon quarrée , bâtie de briques , & fans aucun ordre d'Architecture. Les Jardins, qui font affez refîerrés , font du célèbre Le Nôtre. Sur t'Efcalier du Château eft la Statue équeftre de Victor-Amé-dée I, Duc de Savoye : la Statue eft de bronze , le cheval eft de marbre. Quant à fes forces , le Roi de Sardaîgne a environ trente millions de revenu , & entretient douze ou quatorze mille hommes en tems de paix, fans compter celles de fa Maifon. L'Ordre Royal de ce Prince eft celui de V Annonciade , dont la marque eft un Cordon bleu auquel eft fufpendue une Médaille, qui représente en émail le Myftere de l'Annonciation: en outre une Plaque en broderie fur le côté gauche de l'habit. Ceux qui en font décorés, font ; le Roi, le Duc de Savoye [c'eft ainfi mie fe nomme le fils aîné du Roi deSardair^e] ; le Duc de Cha-blais , le Prince de Carignan, le Marquis de Suze, aufli de la Maifon de Sayoye; le Car- Italie. 2^7 de Piémont, font Pignerol, Aouft Capitale du Duché de même nom , qui confifte en une Vallée de douze lieues de long ; Saluce , Verne , Verceil , Ivrée,Nice, que M. Ni-colle & l'Abbréviateur de la Martiniere , placent fur un rocher efcar-pé , mais qui eft dans un creux , & enterrée au pied de hauts rochers qui la couvrent. Ils lui donnent auflï un très-fort Château ou Citadelle ; k peine y peut-on découvrir les vef-tiges de celui qu'elle a eu. Elle a un Port qui eft sûr, mais qui n'eft pas affez profond pour recevoir de bien gros Bâtimens. Ses Habitans par- dinal Archevêque de Turin, & fept autres Chevaliers. La Mufique du Roi de Sardaïgne pafTe pour la meilleure d'Italie. L'argent étranger perd un fixieme de fa valeur dans les Etats de ce Prince. Ce qui nuit beaucoup à l'exportation. L'importation n'eft guère moins gênée par les droits très-forts que payent les marchandifes de dehors. Le commerce du Pays confifte principalement en Soyes,les plus eftimées de l'Italie. Géographie Univ. lent les deux langues. Mondovi Villefranche, Monaco aux Princes de ce nom, qui font fous la protection de la France, & rendent à, Paris : la Ville a un bon Port Ôc eft bâtie fur un rocher qui s'avance dans la Mer. Suze appellée la Clef de l'Italie : elle a été fréquemment ruinée parce qu'elle eft fur le pafla- fe de France en Italie. Brennas> iellovefe, les Vandales , lesGoths , les Carthaginois , l'armée de Conf-tantin victorieufe de Maxence, les? Lombards, les Sarrazins, Annibal, Frederic-Barberouflè y ont palTé y ôc l'ont ruinée tour-à-tour: Cari-gnan Princip. Aft ou Afti, Quiers ou Quierafque. Puis dans le Mont-Ferrât, Cafal Capitale, Trin ôc Albe. Le. Piémont a Turin , Pigncrql, Aouft, Salucç, Vcrue, Verccil, Yvrée, Nice, Aft, Monaco Suze, Quiers : puis Tria & Cafal, Villes du Mont-Fcriat; Italie. ïfa SAVOY E. D. Y a-t-il longtems que le Duché de Savoye (i) appartient à la Maifon qui le pofTéde ? R. Oui: très-longtems; y ayant près de huit cens ans. D. Quel pays eft-ce que la Savoye ? • R. Toute la Savoye eft hériflee de montagnes exceflivement hautes,. -ôc la plupart couvertes de neiges dans toutes les faifons de Tannée. Delà vient qu'elle eft pauvre. Les Habitans font fimples , doux ôc bonnes-gens (£}, (i) C'étoit avec le Dauphiné , le Pays des anciens Allobroges. (i) C'eft eux qu'un Auteur moderne a eu en vue dans ces vers : Sur ces monts cntafles , féjour de la froidure j Au creux de ces rochers, dans ces gouffres affreux J Je vois des animaux maigres , pâles , hi feux, Demi nuds, affamés, courbés fous l'infortune ; Ils font hommes pourtant : .... Géographie Univ. £). Quelles font les bornes delà Savoye > jS Elle a au Nord le Lac de Genève qui la fépare des SuifTes, au Midi le Dauphiné, à l'Orient le .Valais avec une partie du Piémont & la BrelTe à l'Occident. JD. Quelle eft la Capitale ? il. La Capitale de la Savoye eft Chamberi, autrefois réfidence des Ducs. Elle eft dans une plaine agréable de quatre lieues de diamètre couronnées de hautes montagnes (i). Elle eft le Siège du Sénat de Savoye. (i) Si hautes, que de leur iommet on n'ef time le diamètre de la plaine que d'urîe ■lieue,quoiqu'elle en ait quatre ou cinq; & cela doit être : nous jugeons de la diftance des objets par la grandeur de l'angle vi-fuel *. On voit les montagnes oppofées la terminent, fous un angle très-grand;on doit donc les juger très - voifines , ^ par conféquent donner peu d'étendue à la plaine. Une autre illufion d'optique qu'oc- * Je ne diflîmulcrai pas que dans le Jugement que nous fiortom far l'éloignement des objets , la dégtadation R. Ceft une haute montagne qui eft un des pafîages les plus fréquentés de Savoye en, Piémont (2). Chamberi de Savoye Anneci, Montmelian, Moutiers , Bonn , le Bourget, Thonon , Clufe, Aix , Saint-Jean. (1) Ripaille eft connu par la retraite d'j£j medée VIII f Duc de Savoye; & la vie dé-licieufe qu'il y menoit, après avoir renoncé au gouvernement de Tes Etats ; d'où e{i venu le Proverbe, faire ripaille. Le Pont de Beauvoifin eft lur les confins du Dauphiné : une rivière la coupe eu deux parties, dont Tune eft à la France & l'autre à la Savoye. Le Pays des environs abonde en Châtaigniers & en Maronniers. (2) Elle a trois lieues de pente du côté de l'Italie, & deux lieues de plaine fur Je fommet. Sur ce même fommet eft un Lac Univerfelle. M I L A N E Z. D. Quel eft le Duché de Milan ? JR.. Un des plus beaux, des plus euplés , & des meilleurs pays que on puifîevoir (i). d'où Tort une rivière [la Doria], laquelle fe précipite du côté de Suze avec grand Fracas , & en faifant maintes cafcades mer-veilleufement diveriifiées. (i) Chacun connoît le Proverbe : Optimum Regnum Gallia s Optimus Ccmitatus Flandria ; Optimus Ducatus Mediulanum. Le P. Buffier n'en a pas eu moins tort de l'afligner pour le plus confidérable Duché de l'Europe. Celui de Siléfie , qui a 120 lieues de long, & qui lui eft fupérieur, n'étant lui-même que le tiers du Duché de Lithuanie. Parme &Plaifance faïfoientautrefois partie du Duché de Milan , duquel il a été fait de nouveaux démembremens en faveur de la Maifon de Savoye, d'autres en faveur de la République de Venife, d'autres enfin en faveur de celle des Suiffes. En 1535, il paffa à la Maifon d'Autriche par la mort du dernier des Sfbrces qui a voient fuc» 2^4 Géographie Univ. D. Quelles font les bornes de cet Etat ? R. Il a au Nord une partie de la Seigneurie de Venife Ôc les SuifTes : Au Midi l'Etat de Parme Ôc la côte de Gênes; à l'Orient le Duché de Mantoue : à l'Occident le Piémont, D. Quelle en eft la Capitale? R. Milan, Tune des plusconfidé-rables ôc des plus florinàntes Villes de l'Europe. Elle eft furnommée la Grande Ôc avec raifon, puifqu'ellç a dix milles de circuit (i). cédé aux Galeas , Ducs de Milan, au préjudice de Louis XII , à qui appartenoit dès lors le Milanez du chef de Valentine fon ayeule, fille de Jean Galeas , dont les deux fils étoient morts fans enfans. (i) C'eft-à-dire , quatre lieues ; le mille y étant moindre qu'au Piémont, & plus grand qu'à Rome. M. de la Martiniere.fon correcteur, & M. delà Croix, s'accordent à lui donner trois cens mille habitans • mais à tort, car à peine en peut-on porter le nombre à cent mille.: ce qui eft une preuve frappante des pj-omptes viciflitudes que les Villes peuvent éprouver dans les chan-gemens de régime, puifque vers le milieu D. Italie. 265 JD. Que remarquez - vous à Milan? R. L'Eglife Métropolitaine ap-pellée le Dôme. Elle eft regardée comme huitième merveille. On regrette qu'elle ne foit pas achevée : ce feroit alors, fans contredit, le plus fuperbe & le plus fomptueux Temple de l'Univers 6e Tem-pôrteroit fur Saint Pierre de Rome : du fiecle dernier, fa population montoit encore à deux cens quatre - vingt mille habitans. M. Bruzen de la Martïniere s'étonne qu'une fi grande Se fi opulente Ville fe foit formée au milieu des terre* , Se fans être fur aucune rivière navigable. En effet, ory voit que des Villes telles que celle-ci, ne fe trouvent que fur la mer > ou fur de grof-fes rivières qui y favorifent le commerce. Mais il devoit faire attention que fi Milan n'eft fur aucune rivière navigab'e , il eft: fur des canaux tirés de l'Adda Se du Tefin, lefquels en font l'office. Il en a encore d'autres par lefquels il communique à Pavie» & ailleurs. De plus il exalte la beauté de cette Ville : la vérité cependant eft qu'elle n'eft pas bien bâtie. Tome I. M 2,66 Géographie Univ. elle eft toute de marbre blanc (i), £). Quels Perfonnages Milan a-t-il eu pour Archevêques ? (i) Sa longueur eft de $00 pieds fur 200 de large. Entre un grand nombre de bonnes Statues dont elle eft ornée , on remarque celle de S. Barthelemi qui eft eftimée fon pefant d'or. Cette Bafilique eft connue fous le nom de Dôme de Milan, non qu'elle foit furmontée d'un dôme [en effet elle n'en a point] ; mais ce mot dérivé de Domus, eft ici employé pour désigner la Maifon ou le Temple par excellence. On prétend avoir dans cette Eglife, qui eft dédiée à la Sainte Vierge, un bout de la Verge de Moïfe : on prétend en avoir un bout à Florence ; & on prétend l'avoir entière à S. Jean de Latran à Rome. On y a lin Clou de la Crucifixion entre cinq lumi-, naires qui brûlent jour & nuit. La Chapelle foûterraine où eft le Corps de S. Charles-Borromée, dans une Chapelle de cryftal de roche placée fur l'Autel, mérite d'être vue. Elle eft prefque toute revêtue d'orfevrie ' & l'Autel i'eft entierement.Plufieurs reliefs, d'ailleurs de même matière, en augmentent la richelfe. La châlfe où eft le Corps du Saint, eft renfermée dans une efpece de grand coffre de bronze damafquiné en argent. Italie, R, II a eu pour Archevêques M. de (a Martiniere fait cette remarque, que les Maçons taillent la pierre ; que les femmes coufent, filent & vendent du fruit au milieu de la grande Eglife : je n'y ai rien vu de tel. Il y a plufieurs autres fuperbes Eglifes à Milan, dont nous nous abftien-drons de parler. En cette Ville les Cloches? ne fonnent point en volée. A Saint Ambroife fe voit un Serpent d'airain fur une. colonne de marbre. Le Peuple veut que ce foit le Serpent même de Moïfe. Frédéric Barberoufle ralâ Milan &y fe-ma du fel. Cette Ville a une belle & forte Citadelle , & une Bibliothèque célèbre, dite la Bibliothèque Ambrofienne , commencée par S. Charles , & continuée par deux Cardinaux de fa Maifon , lefquels par humilité ne voulurent pas qu'elle portât leur nom. Elle renferme au moins 40000 volumes, & quantité de Manufcrits précieux recueillis en Afie, & dans les autres parties de notre continent. Le Théâtre de Milan eft remarquable par fa grandeur ; il n'a pas moins de fix rangs de loges. Chaque loge eft un ap parement ou fe trouvent des chaifes, fauteuils, tables à jouer, bougies, & dans lequel on peut s'ifoler dans les entre-Actes au moyen Mij 268 Géographie Univ. Saint Ambroife 6c Saint Charles JJorromée ; le premier vers la fin du quatrième ficelé , ôc l'autre qui fut • l'ame du Concile de Trente. _D. Que remarquez-vous de Pa-vie ? R. Elle étoit autrefois la Capitale du Royaume de Lombardie. C'eft devant cette Ville que François I. perdit contre Charles-Quint la fameufe bataille où il fut fait, - prifonnier (i). D. Par où eft encore remarquable la Ville de Pavie ? JR.. Elle feft encore en ce que de ftores & jaloufies dont il eft muni fur le . devant. Cette Ville a beaucoup de Nobieûe, dont à la longue la meilleure part fe tranfplan-tera à Vienne , où probablement elle feroit déjà, fans la différence des mœurs & du langage; une portion fe rendra à Venife; ce qui en demeurera habitera les reliques de Milan. (i) Cette Ville, anciennement Ticinumt eft bien déchue de ce qu'elle a été. Elle a le corps de S. Auguftin. La Chartreufe en eft magnifique : elle fe trouve à trois mille 'du côté de Milan. Italie. iÇ) Charlemagne y prit Didier dernier Roi des Lombards , 6c mit fin à cette Monarchie. ^ Les autres Villes du Milanez font Crémone, qui fouftrit grandement des guerres civiles d'Augufte fuivant ce vers de Virgile : Mantuà, va: nnTerje , nimium vicina Cremona:. Sa Tour paffe pour une des plus1 hautes du monde. Marignan, remarquable par la fameufe bataille qu'y gagna François I. Lodi où fé font les fromages appelles Parme-fans. Novare patrie de Pierre Lombard , dit le maître des fentences. Corne fur le Lac de ce nom, belle , riche 6c marchande, c'eft la patrie de Pline le jeune 6c de Paul Jove. Anghiera fur le même Lac , Domo* Dofula , Valence , Alexandrie , Tortone, Mortare. Bobbio, Voghe-ra 6c Vigevano.Les huit dernières ainfi que Novare Ôc quelques autres de ce Duché appartiennent au Roi de Sardaigne. Au Duché de Milan Pavie , Lodi, Crémone, NoYare, Lac majeur, Morcar, Cômc &TortoncV M iij Zjo Géographie Univ. RÉPUBLIQUE DE VENISE. D. Quelle eft la Seigneurie de Venife ? R. Ceft la plus ancienne République de 1 Europe fubfiftant depuis près de onze fiécles. C'eft aufli une Îles plus floriffant.es. D. Quel eft le Gouvernement de cet Etat ? R. Il eft Ariftocratique, & eft entre les mains des Seigneurs du £ays , dits les Nobles Vénitiens, -e Chef en eft le Doge, dont la dignité eft à vie, mais qu'ils peuvent dépofer. Ils lui rendent de grands honneurs , mais lui donnent peu d'autorité. D. Nommez les bornes de cet Etat ? R. Il a les Grifons & le Cercle d'Autriche au Nord j le Eerrarois, le Duché de Mantoue oc partie du Milanez au Midi ; la Mer Adriatique à T Orient, & le Milanez à l'Occident» Italie* 27 r jD. Quelle en eft la Capitale? R. Ceft Venife, lune des plus belles , des plus riches, & des plus célèbres Villes du Monde. C'eft a coup~fur la plus finguliere qui foir dans l'Univers. Elle eft bâtie en Mer à deux lieues environ des terres. Au lieu de rues ce font des canaux qui la traverfent en tout fens, tellement qu'on la parcourt en gondoles (1). (1) Elle eft à cinq mille de la terre. Les Gondoles font de petits bateaux couverts d'étoffe, élégamment conftruits , fort propres Se fort commodes. M. de la Croix & le Réformateur de Vofgien, difent que le terrein y eft peu ferme , Se que c'eft pour cela que les carrolfes n'y font pas d'ufage : mais pour qu'il y eût des carrolfes, il faudroit d'abord qu'il y eût des rues. Venife n'eft revêtue d'aucuns murs ni fortifications ; elle n'a néanmoins jamais été prife, pas même aflîégée. Le nombre de fe3 canaux fe monte à 400, entre lefquels fe diftïngue celui qu'on appelle le grand Canal, qui partage la Ville en deux parties i peu près égales. Vers le milieu de fa lon- Miv Géographie Univ. D- Queft-ce qui fert de bafe a cette Ville > . R. Elle eft aiïife fur une foixan-taine d'Îles afFermies par des pilotis, & qui communiquent par un grand nombre de ponts. D. Combien y compte-t-on mere de Conftantin, ainfi que douze piéces-de-corps de même matière, Se ornées de la même façon. Un plat d'une feule Turquoife, Sec. &c. &c. En outre plufieurs vafès d'or , de Jalpe , d'Agathe , Se d'autres matières précieufes. Le Palais Ducal d'une Architecture ancienne , eft revêtu d'une Mofaïque de marbres blancs & rouges. Il eft environné de portiques formés par de. belles colonnes de marbre. Il eft dommage que leurs bafes foient enfouies ; mais on a.été contraint depuis la conftruétion du Palais d'élever le fol de la Place pour éviter le flot qui quelquefois dans les bourafques étoit pouffé fort loin. Il eft au bord de la Mer. Les Procuratïes divifées en vieilles & neuves, forment les deux côtés longs de la Place. L'Architeérure en eft compofée de M vj Géographie Univ. JJ. Quelle eit la fource de fes richefïes ? trois ordres de colonnes l'un au-deiïus de l'autre : Yoniquc , Dorique 8c Corinthien, dans les premières ; le Tofcan dans les autres. Au pourtour règne un riche portique qui contribue à Ton agrément. La Tour de l'horloge revêt la partie de la Place qui regarde la Mer. Elle eft fort ornée & fe termine par un timbre fur lequel deux figures de Nègres frappent les heures. Elle eft de marbre blanc ainfi que les Procuraties; & le pavé eft de larges pierres d'Iftrie, qui par la fineffe du grain & le beau poli qu'elle reçoit n'eft pas inférieure au marbre. La Tout qui eft fur la Place eft fort élevée : les murailles en font doubles, entre les deux on monte infenfiblement jufqu'aux cloches fans qu'il y ait de marches. C'eft fur cette Tour que le célèbre Galilée faïfoit fes obfervations aftronomiques en préfence de l'Illuftriflîme Seigneur Sa-gredo , dont la maifon fubfifte encore aujourd'hui, & de quelques autres Nobles Vénitiens qui s'y étoient raffemblés dans une belle nuit. A l'entrée de la Place & fur le bord de la Mer font deux grandes & belles colonnes de Granîte furmontées l'une d'un Lion de Bronze allé, l'autre d'une Statue de Saint Théodore \ ancien Patron de la Républi- Italie. 2 77 R. Le commerce immenfe qu'elle faicii). D. A qui cette Ville doit-elle fon origine ? R. A quelques familles de Pa-doue, qui voulant éviter la fureur desGoths dans le Ve. fiécle, crurent ne pouvoir s'en mieux garantir que. Il eft cafqué, cuiralfé, d'une maïn îl tient un bouclier, de l'autre une lance, & Toule un Crocodile. En face de la Bafilique de Saint Marc Se fur des pied-d'eftaux de bronze , font élevés trois mâts de la dernière grandeur avec leurs cordages; fymbole de la navigation d'où cette Ville tire fa puiffance & fon éclat. Aux jours Solemnels ils fervent à porter .trois grands étendards brodés en or aux armes de Chypre, de Candie, & de Negre-ponr, en ligne de la fouveraïneté qu'eut la République de ces trois Royaumes. On remarque à Venife le Pont de Rialto pour la hardieffe de fa ftruclure. 11 embrafle d'une feule arche toute la largeur du grand Canal. (DO ui confifte principalement en étoffes d'or, de foie 8c glaces de miroirs. Sa thé-riaque eft encore très-renommée, ! 17g Géographie Univ. qu en choififfaiit leurs retraites au milieu des eaux. X>. Que remarquez-vous de TAr-fenal de Venife ? R. Ceft un des plus grands & des mieux fournis de l'Europe. Il a environ trois milles de circuit, & peut armer tout d'un coup 150000 nommes au moins (1). (1) Le Sénat entretient quinze cens ouvriers qui y travaillent journellement. On n'y compte pas moins de quatre mille pièces de canon de bronze pour la plus grande partie » fans les mortiers avec des montagnes de boulets , de bombes 8c de grenades , s'il eft permis de parler ainfi. C'eft là , dit-on, que le Gouvernement offre la Collation aux Princes étrangers qui viennent voir Venife, Outre le nombre d'ouvriers dont nous venons de parler, combien n'y en a-t-il pas d'autres employés à Ber-game au fervice de l'Arfenal, puîfque c'eft là que fe fabriquent les calques , cuiraffes , fufiis , fabres , piftolets, bayonettes que l'on y met en dépôt. L'enceinte de l'Arfenal renferme encore une fonderie de canons, une corderîe pour la marine , une Fabrique d'ancres , un Ma-gafin de mâts, rames, timons dç toutes Italie. 17 ty D. Quelle cérémonie fînguliere fe pratique-t-i 1 à Venife? grandeurs; un autre rempli de bois de con£ truction ; d'autres deftinés aux chanvres, cables, cordages. Il en eft pour les bifcuits & viandes falées fervant à l'approvifione-ment des Vaiffeaux. Quant aux poudres , elles font diftribuées dans différens Maga-fins répandus dans différentes Iles aux environs de la Ville : précaution Tage. Il s'y trouve encore une grande Sale où l'on voit en relief les plans abfolument exacls des Places principales de la République. Les Vénitiens font fplendides dans leurs fêtes publiques, y y arrivai vers la fin du mois de Septembre 1762. , la veille de celles qu'ils donnèrent à l'occafion de la Promotion de Dom Louis Rezzonico, neveu du Pape, à la dignité de Procurateur de Saint Marc. Les principaux Quartiers de la Ville étoient revêtus depuis le haut de draps d'or & d'argent : les lingots d'or& d'argent étoient étalés à l'envi fur le devant des boutiques. D'autres avoïent élevé des Pyramides de foye qui égaloient le faîte des maifons : fur un des Ponts de la Mercerie 1 51s avoient conftruit un Palais de criftal e Roche de quatre-vingt pieds de haut, 8c quantité d'autres chofes que je ne puis rapporter ici, annonçoient de toutes parts le luxe 8c la magnificence. 2g0 Géographie Univ. R. Tous les ans le jour de PAf-cennon, le Doge dans un fuperbe Il règne à Venife une liberté telle qu'il ne s'en trouve guère ailleurs de pareille. Pourvu qu'on ne parle pas mal de la République , tout eft bien. Les perfonnes des deux fexes y vont mafquées & en Domino uniformes pendant fix mois de l'année. Aufli y a-t-il un grand concours d'étrangers , &la Place Saint Marc eft comme le rendez-vous de toutes les Nations de la Terre. Les Turcs particulièrement y abondent, ce qui fait qu'on la voit toujours couverte de Turbans. . De côté & d'autre font dans les murs des geules de lions avec cette infeription : Denuntie fecrete. Ceft là que chaque particulier peut dépofer les plaintes anonimes qu'il a à faire contre le miniftere , & donner les avis qu'il croit de quelqu'impor-tance. Voici les fix beaux vers latins que fit pour Venïfe le Poète Sannazar. Il y élève la gloire de cette Ville au-deflus de celle de Borne. Viderat Adriacis Venetam Neptunus in undis Stare Urbem , & toto dicerc jura mari, Nunc mihi tarpeias quantum vis Jupiter arces Objicc, & illa tui mœnia Martis ait. SiTibcrimPelago confers, Urbem adfpiceutramqufc Illam hommes dices, hanc pofuifle Deos, Italie. 28 r Navire appelle Bucentaurê , époufe la Mer Adriatique, & y jette un Venife & Amfterdam, par leur opulence Scieur état ftoriflant, nous font deux témoignages vivants de l'excellence du Gouvernement Républicain. Il ne faudroît cependant pas conclure que la France ou l'Ef-pagnedevroit l'adopter. Car, comme le remarque judicieufement M. de Voltaire, les petites machines ne réuflilfentpas en grand, parce que les frottemens les dérangent, Il en eit. de même des Etats: l'Empire de la Chine ne peut pas fe gouverner comme la République de Lucques. Le bon Gouvernement eft celui 011 le Prince eft obéi de les fujets , 011 le Prince obéit à la Loi, & où la Loi eft dirigée au bien public. Entre autres pratiques fingulïeres de cette Ville je remarquerai encore celle-ci: qui eft de prêcher fur la Place publique. Celui que j'y vis monter en chaire étoit un Capucin , qui commença par faire taire une troupe de Farceurs, de Chanteufes , de Baladins & gens à marionettes qui étoient à l'endroit de l'auditoire. Ceux-ci fe tranf* portèrent à quarante pas plus loin, recommencèrent leurs fcénes & fe formèrent un nouvel auditoire vis-à-vis de l'Ufurpateur. La même chofe fe pratique à Naples. Outre les édifices dont nous avons parlé. Géographie Univ. anneau d'or en figne du Domaine que la République prétend avoir fur cette mer (i). on doit encore remarquer à Venife la Douane de mer à la vue des Procuraties , le Palais Grimanï , l'Eglife des Jéfuites , les Carmes Déchaux fur le grand Canal, Sainte Marie du Salut , vis-à-vis la Place Saint Marc , l'Abbaye de Saint George le majeur, en face du Palais Ducal. Venife a d'ailleurs dequoi fatisfaire les amateurs par la quantité d'excellens tableaux qu'on y trouve répandus dans les différentes Eglifes & Palais; mais on ne manquera pas d'en voir un aux Bénédictines de S. Zacharie qui eft de Paul-Veronefe , & dont les figures principales font la Vierge, l'Enfant Jefus , Saint Jean-Baptifte & Sainte Catherine ; il eft parmi les tableaux ce qu'eft dans l'ordre des ftatues, le Gladiateur mourant, ou l'Ai-guifeur de Tofcane. Cette Ville a un Hôpital des Enfans Trouvés, dont on porte le nombre à 6000. A un mille de diftance eft l'Ile & Ville de Murano , où font les Verreries 8c Fabriques de glaces de Venife. (1) Ce Domaine lui a été difputê opiniâtrement par les Génois, les Pifans , les Princes Normands établis dans le Royaume de Naple, & quelques Peuples deDal- Italie. 2,83 Z>. Quelle qualité donne- t-on aux Vénitiens ? matîe; mais toujours fans fuccès , & maintenant il ne paroît fur cette Mer aucun autre Vailfeau de guerre que ceux de la République. Quant à la Cérémonie des Epoufailles de la Mer, elle fe fait avec beaucoup de pompe. Le Doge au fon des cloches de toute la Ville, & au bruit d'une immenfe artillerie monte le Bucentaure accompagné du Patriarche de Venife , du Nonce , des Nobles Vénitiens , des Ambafladeurs des Couronnes étrangères , tous en habit de cérémonie. Pendant la route l'air retentît d'une mufique martiale. Tout autour de ce Vaifleau la Mer eft couverte de riches Péo-tes , de Galères, & de plufieurs milliers de Gondoles qui fillonent les flots avec une vîtefle plus ou moins grande. Cette marche s'arrête en haute-mer, Se c'eft là qu'après certaines formes, le Doge jette dans la mer l'Anneau Nuptial en difant : Def-fonjamus te Mare , in fivnum veri & perpe-tui Dominii. Cette Cérémonie jointe aune Foire qui fe tient pour ce tems là à Venife, y attire un concours prodigieux d'étrangers , ce qui la rend plus brillante alors qu'en aucun autre tems. §4 Géographie Univ. K. Celle cTexcellens Politiques (i). (i) Les revenus fixes de la République font de vingt millions. Elle a toujours ert réferve un fond immenfe qui la met en état de faire, dans le befoin, de promptes levées de troupes. Les Gouverneurs que la République envoyé dans les différentesCon-trées de fon obéiflance fe nomment Podef-tats. Ils font très-abordables, rendent une prompte juftice, & leur régie eft vérifiée tous les cinq ans par des Inquifiteurs ou Intendans de Juftice qui inspectent auffi les Capitaines des armes prépofés à tout ce qui a trait au Militaire. Ce qui maintient cette République depuis tant de fiécles , Se lui promet la plus longue durée, eft le refpeét univerfel qui y règne pour les Loix, le patriotifme qui y femble exilé de la plupart des Contrées de l'Europe , Se qui y eft merveilleufement fortifié par les foins qu'apporte la Seigneurie à ce que le Peuple vive dans l'aifance , qu'il ne foit point iniquement molefté,qUe juftice lui foit promptement rendue, 8cpar la confidération dont le Citoyen voit jouir fon Gouvernement au-dehors : la fageffe, l'activité , Se la vigilance dans les différentes parties de l'adminiftration, l'admirable police qui règne dans la Ville, Se fert de modèle dans la plupart des grandes Capitales j enfin le terrible 8c formidable Coafeil Italie. i$. Quelle eft la Ville de Pa-. doue ? R. Padoue eft une belle & grande Ville , mais prefque déferte , fans douce à caufe du voifmage de Venife. Elle a de magnifiques Eglifes, encre lcfquelles fe diftinguent celles de Sainte Juftine, & de Saint Antoine de Padp^ue. C'eft la patrie de Tice-Live. Sa célèbre Univerfité eft de la fondation de Charlemagne ( i). des Dix, peut-être même des Trois , dont la maxime cruelle fuivant quelques-uns , bénigne, jufte, Se falutaire félon d'autres eft; Correre k la penat prima d'cjfaminare la colpa. Puniffons d'abord, nous examinerons après *, Sainte Juftine , Abbaye de Bénédictins réformés, eft une Eglife des plus fuperbes d'Italie , tant par les marbres dont elle eft bâtie, que par la magnificencp même delàconftruction, & la grandeur de l'édifice. Elle eft furmontée de fix Dômes dont l'effet eft grand. Le pavé eft de marbres blancs Se rouges, Se a compartimens. * Celui ci Ce renouvelle tous les mois. Leur autorité porte fur tous les fu jets de la République indiftinÛemcnL, fur la ï^pjjc mètfie &: fans appel, * f Géographie Univ. ^ De cet Etat font encore Vicen-ce, Ville remarquable par les beaux L'Eglife de Saint Antoine de Padoue tire fon nom de Saint Antoine, dît de Padoue, qui étoit originaire de Lisbonne, Se dont le tombeau eft dans cette Eglife, ce qui y attire un grand concours de Pèlerins. L'édifice eft couronné ainfi que Sainte Juftine de plufieurs grandes Coupoles. La Chapelle du Saint eft revêtue de demi-reliefs fort bons, Se ornée de plufieurs Statues de bronze. Au-devant font douze lampes d'argent toujours allumées. Dans une des rues de la Ville eft un tombeau ancien , porté fur quatre colonnes ; on le dit être celui d'Antenor , dont il eft fait mention dans l'Eneïde , & que las Padouans regardent comme leur Fondateur. M. de la Martiniere, à qui on ne peut ôter le mérite géographique , dit , qu'à Padoue , lorfqûe la nuit eft venue, les Ecoliers de l'Univerfité s'attroupent dans les rues, forment plufieurs pelotons qui fe diftrîbuent fous les portiques qui régnent le long des maifon:;, Se que lorfqu'ils entendent venir quelqu'un , une bande lui crie : qui va-li, Pautre , qui va4à Se qu'entre le qui va-li, Se le qui va-la , ils vous aftbmment leur Quidam. Alfurément il fau-droit être un peu plus fobre à trarifmcttrft Italie. 287 xnodeles d'Architecture qu'y a Iaifîé le Palladio , entre lefquels le diftin-gue le Théâtre Olympique , fon chef-d'œuvre. Veronne, Tune des belles & des grandes Villes dltalie ; elle pofTéde un Amphitéâtre des mieux confer-vés, & qui contiendroit aifément 22000 Spectateurs. Elle a en outre plufieurs Arcs -de triomphe antiques. Son Hôtel-de-Ville eft magnifique , & 1 un des Ponts qu'elle a fur l'Adige eft un morceau des plus hardis. Cette Ville eft la patrie de Comelius-Nepos , de Pline Pan- des faits qui paroîffent fi dénués de vrai-femblance. J'ai été à Padoue : j'ai marché par la Ville à différentes heures de la nuit, & n'ai jamais entendu ni qui va-li, ni qui va-la , & fuis encore plein de vie. De plus ceux du pays m'ont affuré qu'en aucun tems cette licentieufe pratique n'avoit eu lieu. Tous les jours à huit heures du foir i! part de Padoue pour Venife , 8c de Venue pour Padoue, de petits Bàtimens de transport qui arrivent Pun & l'autre à leur détonation vers les huit heures du matin. 2 8* 8 Grographie Unîv. Se au Duché de Parme au Sud-Oueft. Italie. 291 £). Quelles en font les Villes? R. Cet Etat n'a guère de Villes remarquables que Mantoue fa Capitale , Ville grande & confidéra-ble (1 ), fituée au milieu d'une efpéce de Lac ou vafte Marais que forme le Mincio , ce qui la rend extrêmement forte. C'eft dans un Village aux environs de cette Ville que naquit Virgile. ^ Sabionetta , Ville petite , mais forte ce très-jolie , eft de ce Duché qui eft revenu a l'Autriche en 1708. (1) Mais qui ne va pas de pair ;1 beau- • coup près avec les premières Villes d'Italie, non plus que Parme & Modene. Ony compte a0000 Habitans. Dans l'Eglife Saint André fe voit une cloche de fix pieds de diamètre, percée de huit fenêtres hautes de trois pieds & larges d'un. Nij Géographie Univ. ■HkaniaiaBMDiiMMB DUCHÉ DE MODE NE. D. A qui appartient le Duché de Modene ? R. Aux Princes de l'ancienne Maifon d'Eft. D. Quelles en font les bornes? R. Il a au Nord le Duché de Mantoue , au Midi la Tofcane, k l'Orient la Romagne , 6e à l'Occi- « dent le Duché de Parme. D. Que comprend cet Etat ? R. Il comprend les trois Duchés de Modene , de Regio ôc de la Mi-randole , dont chacun a pour Capitale une Ville de même nom (i). (i) Regio eft la patrie de l'Ariofte. La Mirandole eft célèbre par la Maifon des Pics de la Mirandole qui a polTédé cette Principauté pendant cinq ou fix cens ans, Se qui a produit un Prince d'un favoir prodigieux , lequel entreprit de foutenir des Thefes fur toutes les feiences il y a près de trois fiécles. On voit fon tombeau à Florence avec cette Epîtàphe : Johanncs jacet hic Mirandula : Cetera Norunt £c Tag,us, & Gangcs, forfan & Antipodes, Italie. 25)3 D. Quelle eft la Capitale d e tout l'Etat? R. Ceft Modene, Ville grande & confidérable, où le Duc fait l'a réfidence. Venife , Frioul, Garde , Udine , BrcrT, Crema , Bcrgam , Vetonn , Trevife & Viccncc & Padoue. Modene , Regio , Mirandole 5c Mantoue. La principauté de Corregio avec une Capitale de même nom , patrie du célèbre Correge , efl encore de cet Etat. Niij Géographie Univ. GRAND D UCHÉ de Toscane (i). J). Quel nom a porté autrefois la Tofcane ? il. La Tofcane eft TEtrurie des anciens , laquelle pourtant s'éten-doit jufques au Tibre (2). D. Quels princes étoient ci-devant Souverains de la Tofcane ? R. Ceux de la célèbre Maifon de Médicis, qui a donné deux Reines à la France, Catherine de Médicis époufe du Roi Henri II, ôc Marie de Médicis , femme du bon Roi Henri IV (3}. (1) Une difpute fur la préféance s'étant élevée entre le Duc de Ferrare & celui de Florence , le Titre de Grand-Duc fut donné à celui-ci par le Pape Pie V. (2) Et comprenoit encore les territoires d'Orvielle Se de Péroufe. (3) Quoiqu'elle ne fût peut-être originaire que de riches Négociâtes de Florence. Leur domination commença en 1530, Se Italie. lç)^ D. Qu étoit primitivement la Tofcane ? R. La Tofcane étoit partagée en trois Républiques. La République de Florence , la République de Pilé, & la République de Sienne. Avant 1 etablifTement des Médicis , celle de Pife fut réunie à celle de Florence , par la conquête qu'en fit celle-ci. La troifieme, favoir celle de Sienne,fut jointe aux deux autres par la donation qu'en fit au Duc de Florence, le Roi d'Efpa-gne qui fe l'écoit foumife. D. Quelle efl la nature du pays & fon étendue ? R. C'eft une des plus abondantes & des plus délicieufes contrées de l'Italie. Elle a foixante lieues de long fur quarante de large. D. Quelles en font les bornes ? jR. Elle eft principalement entou- finit en 1755, le dernier Grand-Duc étant mort fans enfans. Ni iv „g£ Géographie Univ. rie de l'Etat de l'Eglife & de la Mer (i). / D. Quelle eft la Capitale de la Tofcane? R. La Capitale de la Tofcane eft Florence , la plus belle Ville de l'Univers. Aufli le Duc Albert de Saxe avoit-il coutume de dire qu'il ne falloit la laifler voir aux étrangers que les Fêtes & les Dimanches (2). Z). Que remarquez-vous de Florence ? R. C'eft en cette Ville que les Médicis , à jamais chers aux Gens-cîe-goût, rappelleront les Arts & les Sciences , qu'ils y firent fleurir par leurs largefles, ck qu'ils portoient au point le plus haut qu'ils femblaiTent pouvoir acquérir. De (1) Et touche, mais par des endroits de peu d'étendue, les Duchés de Modene & de Parme, & l'Etat Génois. Elle rend dix-huit millions à lon Prince. (2) En Italien c'eft Fiorenza, & Firenze. Fn i7?7> on y comptoit environ 100000 Habitans. Italie. 297 fimples particuliers imitèrent ôc atteignirent en cela ce que fit h. Rome le Maître du Monde , Au-gufte : ôc n'ont pu l'être que par Louis XIV. qui y mit la meilleure partie de fa gloire. D. Qu'y a-t-il de plus curieux à Florence ? R. Lagallerie des Grands Ducs , où fe trouve une collection de chofes les plus précieufes qui foient, tant pour l'art que pour la matière (i). (1) Cette gallerie fi connue par toute l'Europe eft un monument qui immortalisera à jamais le nom ce Médicis , & percera la nuit des tems. Que de travaux, que de recherches , que de connoiilances , que de fommes n'a pas coûté cette unique Se pré-cieufe collection. Je m'abftiens avec regrec d'en donner ici la description, empêché par les bornes de cet ouvrage. La gallerie ou Palais qui la renferme aboutit d'une part à celui de la République » & de l'autre à l'Arno. Il eft d'ordre Tofcan , Se d'une belle & noble ftruéhire. C'eft là qu'eft la fameufe Venus de Médicis , connue aufli fous le nom de Venus pudique , de Venus grecque, ôc de Venus de Praxitèle ; elle Nv 298 Géographie Univ. X). Où logent les Grands Ducs de Tofcane ? R. Au Palais Pitci , que Ton prétend être le plus magnifique de l'Italie (i). pafie pour le chef-d'œuvre de la Sculpture, & le plus bel ouvrage en ce genre qui foit dans le monde. On y admire encore parmi les ftatues celle d'un Payfan qui aiguife fa coignée en écoutant la Conjuration de Ca-tilina. On y voit un diamant du poids de 139 karats & demi, à moins que l'Empereur François I. ne Tait emporté à Vienne. Dans la Salle de Phyfique, entre autres inftrumens relatifs à cette feience, on voit deux magnifiques globes de la dernière grandeur, fur l'un defquels les aftres font défignés par des pierres précieufes. Cette fplendide & merveilleufe collection fut faite dans un tems où le commerce du Levant verfoit dans le fein des Médicis une opulence qui les portoit au niveau des Puiifances de leur fiécle. (1) Il pourroit bien en cela y avoir de la fantaifie : au refte il n'eft point achevé • plufieurs parties même effentielles ne font pas commencées, Se dans le cas 011 il eût été mené à fa perfection , il eft hors de doute que l'Italie n'a point de Palais qu'elle eût: pu lui comparer. Tel qu'il eft, il ne laine Italie. 290 D. Quelle eft la Cathédrale ? H. L'une des plus fomptueiifes pas d'avoir beaucoup de dignité. Il eft d'ordre ruitique à Boffages. On en trouve communément la cour trop refferrée , Se des lors difproportionnée ; mais il faut faire attention qu'en Italie , on en ufe ainfi pour procurer de la fraîcheur aux appartenons. Son Architecture eft le Dorique, l'Ionique, &le Corinthien. L'intérieur eft fomptueufement décoré , & polféde en outre une riche collection de tableaux de grands Maîtres ,par-mi lefquels on ne manquera pas de voir celui oùRubens a peint Mars arraché des bras' de Vénus par la Manie de la guerre : c'eft un des meilleurs tableaux qui exiftent dans l'Univers. On y trouve encore le célèbre tableau de Saint Marc, qui eft aulfi un chef-d'œuvre de peinture , Se a coûté aux Ducs de Tofcane cent mille écus. Enfin l'inimitable tableau de Raphaël , dit la Madona. délia Sedia, le meilleur morceau, peut-être , qu'ait jamais produit le pinceau de ce grand homme , & qui ne peut que remplir, d'admiration tout homme né fenfible. La Grotte qui avoifine le Château attire les regards par fa finguîarité , Se mérite bien d être vue. Les jardins répondent à la magnificence d- l'édifice, & font décorés de bonnes ftatu;s de bronze Se de marbre , N vj ^co Géographie Univ. que l'on puirfe voir. Elle eft toute revêtue en-dehors de marbre poli de vafes , de jets-d'eau , de bofquets de jnirthes Se d'orangers, Se autres orne-jnens. Ce Palais fut conftruït par un des Seigneurs de la Maifon Pitti, qui tenoit, à peu de chofe près, le premier rang dans la République de Florence ; il palfa enfuite aux Médicis par acquifition. Il communique à l'ancien Palais dont il eft fort éloigné, par une Gallerie couverte qui paffe par-deffus les maifons, &: par-dciTus l'Arno même. Celui-ci fut d'abord le Palais de la République dont il étoit comme le centre, en-fuite celui des Souverains. Il a de la grandeur, &eft furmonté d'un beau campanile. De droite Se de gauche de l'entrée font placés deux coloffes en marbre blanc, f un eft de Michel-Ange , Se l'autre de Bandi-nelli. Celui-ci repréfente Flercule après la défaite de Cacus , l'autre David après la victoire fur Goliath. L'intérieur renferme une magnifique Salle , remarquable tant pour fa grandeur que pour les peintures, & fur-tout les excellens morceaux de fculp-ture qui s'y voyent de toute parti Mais ce qui eft tout-à-fait fomptueux, Se digne de remarque, c'eft la garde-robe des Grands Ducs. On y voit différentes armoires plei- Italie. 301 de diverfes couleurs & à comparu- nés de vaïffelled'or , d'argent; on en voit Une remplie de ftatues d'or, de chandeliers Se de vafes de même matière , & de plufieurs autres effets de vermeil. On y trouve un fauteuil à pommes maflives d'or aux pieds , aux bras, Se au doflier. 11 eft de velours cramoifi brodé de perles & de pierreries. Une felle dont les panneaux Se la monture font en or, ainfi que lesétriers, & quelques équipages de chevaux enrichis de perles , topazes, émeraudes, rubis, & autres pierres fines; Un fabre à manche Se foureai* d'or, le tout couvert de pierres précieufes. Ailleurs on voit parmi une multitude d'effets en or & en pierreries , un magnifique devant d'Autel d'or mafîif, au milieu duquel eft la figure en relief d'un Grand Duc de Tofcane , formée de pierres précieufes de toutes couleurs. Il eft repréfenté à genoux devant le tombeau de Saint Charles. Ceci peut donner une idée de l'opulence & de la magnificence des Médicis. Le mobilier des deux Palais eft porté à plus de quatre cens millions indépendamment des ri-chelfes du Sallon de Saint Laurent, dont nous parlerons bientôt, Se des autres répandues dans différens Châteaux de plaifance qu'ils avoient dans le Val d'Arno. La Place qui règne au-devant du Palais 'épond à la fplendeur de Florence > porti- «02 Géographie Univ. mens (i) , auift bien que fa Tout- ques, fontaines, ftatues-équeftres, grouppes animés de bronze & de marbre, tout annonce ces Princes qui honorèrent les Arts d'une fi vive Se fi éclatante protection. On y remarque l'enlèvement d'une Sabine par un Romain au mépris d'un vieillard abbattu aux pieds du fier Se vigoureux Raviffeur: Judith qui vient de mettre à mort Holo-pherne , Perfée qui vient de couper la tête à Medufe , pièces qui font autant d'éclatans miracles de l'Art. La fontaine le difpute aux plus belles qui foient à Rome. Au milieu eft la ftatue de Neptune d'environ vingt pieds de haut porté fur une conque marine tirée par quatre chevaux marins. Thetis , Doris , dirTé-rens Dieux des eaux , des Tritons , des Satyres , des Génies, &c. entrent dans l'ornement de ce beau monument. La Maifon de Médicis a premièrement habité l'Hôtel appelle maintenant Palazzo del Malchefe Ricard i, dont la Gallerie eft une des plus galantes qui foient en Italie, Dans Vofgien Se la Croix , ce qui concerne les deux Palais dont nous venons de parler eft plein de fautes Se de méprifes où ils font tombés pour les avoir confondus. L'un d'eux ( entre autres chofes) joint la Gallerie de Florence au Palais Pitti. O) Sa longueur eft d'environ cinq cens Italie. qui efl: ifolée & fort élevée. pieds, & la hauteur du Dôme trois cens quatre-vingt. Celui-ci eft d'une fi belle exécution que Michel-Ange diloît qu'il étoit très-difficile de l'imiter, & impoflSble de le furpaflTer. C'eft en cette Eglife que fe tint le Concile général de Florence où fe fit la réunion de l'Eglife grecque avec l'Eglife latine en 1439. En face de l'Eglife eft leBaptiftaire, magnifique édifice. Sa principale entrée eft ornée de deux fuperbes colonnes -de porphire. Les portes en font fi belles que Michel-Ange avoit coutume de dire qu'il faudroitles prendre pour en faire les portes du Paradis. L'intérieur eft fou-tenu par de belles colonnes de granit, & orné à l'extérieur de bonnes ftatues de bronze. Ce lieu eft le feul à Florence où l'on adminiftre le Baptême. Il y a des baptiftai-res pour la même fin à Sienne & à Pife. On remarque encore l'Eglife de Saint Laurent, fépulture des Grands Ducs. La pièce octogone, dite Chapelle des Médicis où font leurs tombeaux , eft de la dernière magnificence. Elle eft revêtue d'aga-thc, de )afpe oriental, de lapis lazuli, d'a-methifte , calcédoine & autres pierres précieufes, les bafes & les chapiteaux des colonnes font de.bronze doré. A fix des pans de l'édifice font fix grands & fuperbes tom- to4 Géographie Univ. 0 £>. Quel eft le fur nom de Flo- rence ? beaux de granit Surmontés chacun d'un oreiller de jafpe bordé de pierreries , fur lefquels font pofées autant de couronnes Ducales d'un prix immenfe par les pierres dont elles font enrichies. Au pourtour font des niches de marbre noir auxquelles font deftinées des ftatues de bronze plus grandes que nature. Quelques-unes font déjà remplies : en outre les écnffons en pierres fines des Villes de la domination des Souverains de Tofcane. L'Autel furpalfe en fomptuofité les autres pièces de cette riche Chapelle. La table de l'Autel 8c les gradins' font revêtus d'une mofaïque faîte de pierres précieufes. Le Tabernacle eft une coupole que fupportent des colones couplées de criftalde roche, d'agathe 8c de lapîs-la-zuli dont les bazes 8c les chapiteaux font d'or. Le Devant-d'Autel eft d'or , & ne fert que de baze 8c de canevas à une fuperbe marquetterie , le marchepied même e.ft d'une incroyable richelTe. Le pavé c-ft de pièces de rapport des plus beau* marbres. Quant à la grandeur de ce Sallon , il a quatre-vingt-dix pieds de diamètre , 8c environ deux cens pieds de haut. Joignant cet iiluftre monument eft la fameufe Chapelle des Princes , où font le? Italie. 305 fchef-d'œuvres multipliés du Praxitèle de Florence. Le marbre y refpïre fouslecizeau décidé de Michel-Ange. Malhcureufement quelques-unes des ftatues ne font pas finies ; mais le refpecl pour un tel Maître a empêché que qui que ce foit ait ofé depuis y porter la main. Près Saint Laurent eft la célèbre Bibliothèque de même nom , fi pré-cieufe par fes rares manufcrits en toute forte » de Langues. On y voit le recueil d'Ordonnances Se Décifions qui étoit entre les mains de l'Empereur Juftinien , par les ordres de qui il avoit été fait. L'Eglife de la Nunziata mérite d'être Vue. Elle eft célèbre fur-tout par un tableau miraculeux de l'Annonciation où la figure de la Vierge a, dit-on , été peinte par les ■Anges. La Chapelle où l'on conferve ce tableau eft d'une grande richeîTe. L'Autel, les gradins, le Tabernacle, les pilaftres, font d'argent aînfi que l'architrave, la frife Se la corniche. On y voit aufli des demi-reliefs , Se quantité d'autres pièces d'orfé-verie, quelques unes même enrichies de pierres précieufes. Cette Eglife a en outre plufieurs beaux morceaux de fculpture de Jean de Bologne. Dans le Cloître fe voit la fameufe Madonadel Sacco , défendue par un vitrage des influences de l'air. Au-devant de cette Eglife eft une belle Place quarrée de colonades. Le milieu en eft orné de la ftatue équeftre du Grand Duc de Tofcane Ferdinand , jettée par le célé- 306 Géographie Univ. R. Elle lé nomme Florence la belle (1). bre Jean de Bologne , accompagnée de deux fontaines dont les ornemens font de bronze. Les autres Eglifes remarquables font celle des carmélites, dite Sainte Madeiej. ne de Pazzi. La Chapelle où eft dépofé le corps de la Sainte eft revêtue des marbres les plus fins , & décorée de douze colonnes de jafpe, dont les bafes & les chapiteaux font de bronze doré. Les actions principales de fa vie y font repréfentées dans des bas-reliefs aufli de bronze. Et celle de Sainte Croix dont le Portail n'eft point fait. Celle-ci égale prefque en grandeur, la Métropole. Son Tabernacle eft une mofaïque en pierreries. Aux deux collatéraux , Se vis-à-vis l'un de l'autre , font les magnifiques tombeaux, l'un de Michel-Ange, & l'autre de Galilée. (1) Et à bon droit : Ses Portes , fes Palais, fes Eglifes, fes rues & fes Places publiques ornées de plus de 150 Statues ,tant de bronze que de marbre, des plus grands Maîtres ; fa fituation dans une vallée riante & délicieufearrofée parl'Arno, & couverte au loin de Maifons de plaifance , en font le féjour le plus beau qu'on puifié trouver fur la terre. Les Ducs ont à Florence des Statues pu- Italie. 307 D. Que remarquez-vous de la Langue Italienne en Tofcane? bliques ; & certes , jamais Princes ne les méritèrent 11 bien, puifqu'ils s'occupèrent fi efficacement du foin d'y faire régner l'abondance Se la félicité. Les Palais Se Edifices de Florence font tous à boffage, Se réunifient à la dignité de l'extérieur une très-grande folidité, fans doute à cauie des factions Se des divifions qui agitoient cette Ville lors de leur construction. Elle eft pavée de larges pierres griies veinées de blanc. Elleaun Jardin des Plantes : une Académie ou A^anege fréquenté par la jeune Nobleffe du Pays, Se fur-tout par les Anglois, à qui le féjour de Florence plaît fi fort, qu'ils y paffent fouvent plufieurs années; oc uneAcadémie dite délia Crufca. Les Curieux connoilfent les coûteux Tableaux en mofaïque de Florence: les matières qui entrent dans leur compofi-tion, lont très-difpendieufes ; mais la main-d'œuvre l'eft encore davantage, tant pour la difficulté que pour l'intelligence de l'exécution. Ils repréfentent en grand des traits d'hiftoire, & autres deffeins fuivis._ Florence eft divifée en deux par l'Arno, fur lequel elle a quatre ponts. Entre ceux-ci on remarque celui de la Trinité , conftruit à arches plates. Il eft décoré des Statues des quatre Saifons. La Place du même nom eft +o$ Géographie Univ. * R. C'eft Ta qu'elle eft cultivée avec le plus de foin, & qu'elle fe parle avec le plus de pureté ; mais fa douceur de la prononciation fe trouve k Rome où on la parle avec plus de grâce (i). JD. Quels font les grands-hommes qu'a produit Florence ? R. Cette Ville eft la Patrie d'A-meric Vefpuce, qui a donné fon nom au nouveau continent , ce celle de Galilée & de Lulli (2). ornée d'une belle Se haute Colonne de granité d'ordre dorique , fur laquelle eftîmpo-. fée une figure en porphyre de la Juftice. Au bas d'un de ces ponts, fur un pié-deftal élevé , fe voit d'une magnifique exécution Ajax qui foutient le corps de Patro» cle mort de fes bleflures. Au Nord-Oueft, la Ville eft annoncée par un fuperbe Arc de Triomphe moderne auquel l'antique n'a rien à oppofèr. (1) De-là le Proverbe Italien: Lingua Tofcana in Bocca Roman a* (2) C'eft aufli celle de l'Inventeur de la Gravure , de Guichardin, de Michel-Ange qui naquit dans fon territoire , de Léonard de Vinci, de Léon X, de Dante Se de Ma- Italie. 309 D. Que remarquez-vous de la Ville de Pifc?. chiavel,"connu, dit M. de la Martiniere, par des Livres de Politique , où il a établi des maximes très-odieules, qui ne laiffent pas d'être fuivies dans la pratique par ceux «lui les blâment dans la fpéculation. Dans les montagnes voifment de Florence fe trouvent des pierres qui, étant fciées par le milieu, repréfentent les unes des arbres, les autres des ruines de Villes Sz de Châteaux. Les Florentins font de tous ceux de l'Italie les plus polis envers les Etrangers, Se dont le commerce eft le plus sûr. Cette urbanité, fuite du féjour qu'y ont-fait les Sciences. & les Arts dans ces derniers fie-cles, s'y fait fentir jufques dans les gens du bas étage. Il n'y a point d'Enfeignes qui ne commencent par ces mots, Nobiïif-fimi Signori ou Cavalieri, qui répondent a celui de Meilleurs. Les environs de Florence font couverts de6000 maifons de campagne, environnées de beaux Jardins. On y diftingue Poggio, Villa-lmpériaie ScPratolino, qui appartiennent aux Grands-Ducs. Celle-ci fur-tout eft: d'une magnificence qui étonne. Ses jardins * ont ornés d'excellentes Statues de bronze & de marbre, de Bofquets délicieux, d'eaux plattes Se jailliffantes qui s'y diverfiûent de. gio Géographie Univ. R. Ça été une Ville floriilànte (i) : clic eit encore fort belle , mais dé- mille manières différentes, de machines hy, drauliques par lefquelles on voit agir des figures , jouer des orgues, & plufieurs autres fingularités de cette nature. On y remarque le Dieu de l'Appennin, colofle gro-tefque à demi-couché. Dans l'éloignement, on en diftingue à merveille l'enfemble* mais à mefure que l'on en approche, les traits fe perdent , l'image s'obfcurcit, Se difparoît enfin totalement à Ton abord. On ne retrouve à l'endroit où on l'avoit vû, que des tas de pierre répandus, femble-t-il, fans ordre Se fans deflein. Sous cette énorme figure efl: un monftre qui vomit l'eau en allez grande abondance , pour remplir le grand "baflin qui eft au-deflbus. (i) Au point que dans le treizième fie, cle elle étoit regardée comme une des plus puiflantes de l'Europe. Elle avoit conquis Corfe & Sardaigne furies Sarrazins, Se plu, fieurs Places importantes en Sicile Se en Afrique. On y comptoit près de iooooo habitans dans la même enceinte qu'elle a aujourd'hui; & maintenant on n'y en compte pas plus de 15 ou 18000. Cette Ville eft divifée par le fleuve d'Arno en deux parties , qui font rejointes par trois ponts , un defquels eft de marbre, C'eft fur celui-ci Italie. 31 r peuplée depuis la perte de fa liberté & la naiflance de Livourne(i). que tous les ans , au mois de Juin , il fe fait un combat ou joute entre les habitans des deux Villes. Pife a une bonne U niverfité , Se un Jardin des Plantes. D'ailleurs elle eft le centre de l'Ordre de S. Etienne de Tofcane. Les Chevaliers y ont Une Eglife dont le Portail eft revêtu de marbre, Se l'Autel de porphyre. La place qui eft devant eft ornée d'une Fontaine qui décore la ftatue du Fondateur. (1) C'eft dans cette Ville qu'eft la fameufe Tour penchante dont on parle tant. J'ai du haut de cette tour, avec un plomb, mefuré de combien étoît fon inclinaifon, que l'ai trouvée être de plus de douze pieds.Cette Tour eft ifolée^ elle eft ronde Se toute bâtie de marbre blanc, entourée d'étage à autre de colonnes de même matière, qui forment plufieurs périftiles les uns au-deifusdes autres. Elle eft terminée en terraffe bordée d'une baluftrade de fer. On monte jufqu'au haut par un efcalier pratiqué dans l'épaifleur du mur : la Tour par dedans eft entièrement vuîde. Elle porte des cloches allez grolfes qui font fufpendues dans les embrafures des fenêtres de l'étage le plus élevé. Quelques-uns croyent qu'elle a été ainfi conftrui-te de la volonté de l'ouvrier qui voulut f^ 312 Géographie Univ. D. Quelle eft la Ville de Lk vourne ? fingularifer : d'autres au contraire penfent que le terrain s'eft affaiffé d'un côté. Le premier fentiment eft le plus probable ; car î'aftaiflement en queftion & l'inclinaifon qui s'en eft fuivie , n'auroit pu avoir lieu Tans caufer quelque défordre dans l'économie de la Tour , la jonction des pierres, des architraves , des colonnes, en un mot, fans quelque folution de continuité : au lieu que la Tour eft aufli faine que fi elle ve-noit d'être faite. L'Eglife Métropolitaine eft des plus belles d'Italie. On y lit une infcription qui porte que * nuncïata. morte Cœfaris, on por-a> tera le deuil un an, Se l'on s'abftie.idra » de tous divertilfemens publics » Elle eft conftruite de marbre, &fes Nefs font portées par de belles colonnes de granit tiré fcription qui dit, que le Cardinal de Poli-£nac, Ambaffadeur à Rome, fit conftruire ce ^gré pour arriver aux Minimes François. Mais la véritable fin de ce coûteux ouvrage bien plutôt celle que fe propoferent les J^ois d'Egypte dans la construction de leurs fameufes pyramides. Cette maifon de Minimes dont nous venons de parler, eft de i'établilfe ment de Louis XI d la follicitation de S. François de Paule. 334 Géographie Univ. crois belles rues ornées d'Eglifes 6c de Palais magnifiques. D. Quels font les monumens qui fubfiftent à Rome ? Remarquez aufli le Ponr Saint-Ange, digne de la Splendeur de Rome. Il eft en face du Château Saint-Ange, auparavant M oies-Adrianï. Un peu au-deffous de ce Pont, ort voit dans le Tibre quelques ruines du Pons Triumphalis. On diftingue parmi les beaux Edifices de cette Ville, le Palais Farneze dû à Michel-Ange. On y voit dans la cour le fa, meux Hercule Farneze' dont on trouve des Copies par toute l'Europe. L'intérieur mérite bien d'être vu pour les beaux morceaux qu'il renferme. Devant le Palais on voit un baflin tout d'une pièce de porphyre , remarquable par fa grandeur. Puis le Palais de S. Marc , celui de (| Chancellerie, celui du Grand-Duc auprès de la Place d'Efpagne , le Collège delà Sa-pience, l'Hôpital du Saint-Efprit, & YJ{_ cadémïe de Peinture & de Sculpture ou ]q Roi de France entretient à fes dépens ceux des Elevés François qui en ce genre ont. remporté le prix à Paris. Voil.l quelques-unes des pièces modernes que l'on remarque à Rome. Paffonsaux monumens antiques. Italie. 33 «j R. Les plus diftingués font le Panthéon ou (i) Rotonde, qu'A- (i) La Rotonde, autrefois le Panthéon, eft la pièce d'architecture la plus hardie qui foit à Rome. Cet ouvrage femble fait de mains de Géants. Le morceau de granité dans lequel eft taillée la grande porte eft de 40 pieds de haut fur 20 de large. Le portique eft formé de feize colonnes qui font tout d'une pièce aufli de granité , ainfi que l'architrave, la frife & la corniche. En un mot le Panthéon femble n'avoir fubfifté que pour effacer la gloire des plus grands ouvrages. De tous les monumens antiques, c'eft le mieux confervé , ou plutôt il n'y manque rien : aufli femble-t-il que les Romains bâtiflbient pour l'immortalité. Il ne reçoit le jour que par une ouverture circulaire pratiquée au haut du Dôme, Se qui n'eft fermée d'aucun vitrage. Les colonnes dont nous avons parlé , ont près de 18 pieds de circonférence. Ce fuperbe temple fut dédié à tous les I^ieux par les Romains , comme l'indique fon nom : Se les Papes, par une dévotion mal-entendue , l'ont dédié à tous les Sa: , Se y ont difpofé des Chapelles tout-à i en-tour. Le nombre des Eglifes à Rome eft aflez grand. [ 11 y auroitde quoi en donner une à chaque Saint.] Sans toucher àdes pic- 33 6 Geo graphie Univ. grippa , gendre d'Augufte confacra à cous les Dieux ; l'amphicéâcre de Flavius 6c celui de Marcellus, capables de contenir chacun plus de quatre-vingt mille Spectateurs (i ) j ces que leur antiquité rend reipe&ables, que les Nationnaux & les Etrangers font bien-aifes de voir telles qu'elles fortirent des mains qui les fabriquèrent, qui nous tranf portent dans les fiécles qui nous ont précédé, 8c nous font en quelque forte citoyens de l'ancienne Rome. (i) L'Amphithéâtre de Flavius , dit aufli Colliféceft le plus vafte. Sa partie orien-taie eft en ruines ,1erefte eft bienconfervé. Par un zele que l'on qualifiera comme ort voudra, tout autour de l'Arène , on a dif-pofé des Oratoires ou Prie Dieu. L'Arc Triomphal de Conftamin, fils de Sainte Hélène, eû d'une arcade entre deux petites. L'infcription qu'il porte eft très-glorîeufe pour lui. C'eft une action de grâce que lui rendent le Sénat & le PeupleRomain. Celui de Tite n'a qu'une arcade. Le dedans repréfente en bas-reliefs Tite rentrant en triomphe fur un char à quatre chevaux,' avec les dépouilles du Temple de Jérufa» lem, dont les principales font le Chandelier à fept branches, & la Table d'or. Il eft lare Italie. 337 -Tare de triomphe érigé a Conftan-tin après la défaite du Tyran Ma- de marbre blanc, Se au pied du Mont-Palatin, rue Sacrée. L'arc de Septimîus Severus efl: pref-qu'enfoui par l'exhauflement du terrain. Il eft au pied du Mont Capitolin [ Ritpcs Tarpcia~] dans le Forum Romanum. La colonne trajane eft ornée de bas-reliefs qui montent en ligne fpiralc Se repré-fentent les beaux faits de PEmpereurTra-jan. Elle eft hauts d'environ cent cinquante pieds, c'eft-à-dire, qu'elle eft plus haute d'un tiers que la colonne de la Place Soif-fons à Paris. Le terrain s'étant exhauffé ver.'; l'endroit où elle eft pofée , on a été obligé de faire un mur tout autour, & à quelque diftance de la bazepour foutenir les terres, Se donner la liberté de la voir toute entière. La colonne Antonine eft prefqu'cn tout femblable à la Trajane. Elle fut reftauréc: par Sixte V. L'une Se l'autre portoient une urne où étoient les cendres des Empereurs dont elles portent le nom. Encore ici je ne puis que me récrier contre la piété desPapes, qui fur la colonne Trajane ont placé la Statue de S. Pierre, Se fur la colonne Antonine laStatue de S. Paul. LaiÏÏbns à chaque chofe fa deftination. Elles n'étoient pis ccnlâ-créesà Saint Pierre Sel Saint Paul, mais à Trajan Se à Antonin, deux Princes qui Tome I, P 338 Géographie Univ. xence: celui en l'honneur de Tite, fils de Vefpafien après la prife de ont bien mérité du genre humain , Se qui dès lors ont quelque droit à l'immortalité, 8c à qui on ne doit pas envier des monumens qui en perpétuant leur mémoire, excitent continuellement leurs fucceffeurs à la vertu. La Statue équeftre de Marc-Aurele eft fur le Mont-Capitolin au milieu de la Place ' qui y eft formée. Elle eftprefque confumée devétufté toute de bronze qu'elle foit. Le Capitule qu'on voit aujourd'hui n'eft que bâti fur les ruines de l'ancien. Les Italiens le nomment Campidoglio. Ses bâtimens renferment une précieufe collection de raretés que je ne puis rapporter ici. On y admire la Statue du Gladiateur mourant, une des meilleures qui foit en Italie. Il y a au, pied de l'efcalier une colonne d'albâtre, la plus haute 8c la plus belle que j'aie vue. On y voit les buftes d'Homère, d'Ariftote, de Socrate, de Platon, d'Horace , de Virgile , de Ciceron, de Jwles-Céfar, d'Au-gufte , de Pompée , de Scipion, d'Annibal, Sec. Sec. Sec. Prototypes de ceux qui fe voient dans les differens Cabinets de l'Europe. Il y a encore d'autres antiquités, telles font l'arc de Janus, qui comme lui a qua- Italie. 339 Jérufàlem , ce celui de Septimïus Severus, en mémoire de fes victoi- tre faces : le tombeau de Ceftius quï n'ayant voulu être enterré ni dedans ni dehors la Ville a fon fépulcrepyramidal compris dans l'enceinte des murs près la porte d'Oftie : Monte-Teftacceo qui eft une petite montagne formée de débris de pots calfés fur les rives du Tibre. Non loin de Là fe voient dans le Tibre trois arches du Pont Subli-cius, où Horatius Codes routent feul l'effort des Tofcans qui vouloient entrer dans Rome. Les Italiens l'appellent Ponte Rotto. Ils prononcent Routto dérivé de Rupto , c'eft-à-dire , Pont rompu. Ce Pont néantmoins eft poftérieur au pont de Godes puifqu'il eft de-pierre, & que l'autre étoit de bois. Puis les ruines du Temple de la Paix, d'un Temple de Fauftine, 8cc. Sec. Outre les Obélifques dont nous avons parlé , on en voit encore un pofé fur le dos d'un Eléphant: mais c'eft le moindre de tous. Peu avant d'entrer en la Ville par la voie Fl aminiene , eft le Ponté Molle, autrefois Pont Milvius , remarquable par la défaite de Maxence. Rome paffe pour être une excellente école de politique; mais la haute politique eft à la Haye, k moyenne à Venife, l'intrigue à Rome. 340 Géographie Univ. res fur les Parthes & les Getcs. La colonne Trajane & la Colonne An- Son principal Tribunal efl: celui de la Rote , compofé de douze Auditeurs. Le Roi de France a le droit d'en nommer un, celui d'Efpagne deux. Une Manie que l'on trouve à Rome, c'eft celle des Infcriptions, qui y font incroyablement multipliées. Une corniche qu'un Pape aura fait réparer, une pierre qu'il aura fait repofer, un pavé qu'il aura fait rétablir font autant d'actions éclatantes qui fe gravent furie bronze &le marbre. Au refte fi l'on fait attention à la pofition des Romains, Se à la manière dont les chofes qui nous environnent influent fur notre génie, on trouvera moins étrange leur façon d'en uler à cet égard. Le premier Collège de Rome eft celui de la Sapience ,où profeflent avec diftinc-tion les P. Jacquier Se le Sueur, Minimes François. Ils viennent d'être appelles l'un & l'autre auprès du jeune Prince Souverain de Parme,pour Pinftruire danslaphy-fique Se les mathématiques. L'Académie des Arcades eft connue. Ses aflemblées fe tiennent fur le Janîcule dans des jardins plantés de lauriers Se ornés de boulingrins. Le nombre immenfe de ceux qui la compofent n'en donnent pas une bien haute idée. Italie, 34r tonine, les Obélifques , la Statue équeftre de Marc-Aurele fur le Ca- Quant aux Spectacles , il ne paroît jamais de femmes furies Théâtres de Rome. Les rôles qu'elles devroïent faire font remplis par des Caftrats , dont l'efpece, à la honte de l'humanité, & des Italiens en particulier, eft incroyablement multipliée à Rome , & dans les autres Villes de cette contrée de l'Europe. Parmi les Hôpitaux qui y font en grand nombre, Se affecîés à différentes Nations, on remarque celui du Saint-Efprit, l'un des plus riches Se des plus magnifiques du Monde. Un établiffement fort utile en cette Ville, eft le Mont-de Piété, où l'on prête fur gage aux pauvres gens , mais fans intérêts , jufcju'à concurrence de cinquante écus qui doivent être rembourfés dans dix-huit mois* Ces fortes d'établilfemens font affez communs en Italie. Le pain à Rome eft d'une blancheur, d'une beauté , & d'une légèreté inconnues par-tout ailleurs. La boiffon ordinaire y eft un vin blanc qui conferve toujours fa douceur. t La couleur rouge eft la belle Se la favorite : tous les caroffes font rouges. Il n'eft pas jusqu'aux Campagnards des environs qui ne foient vêtus de cette couleur. Ce P iij 342 Géographie Univ. pitole à lui dreiféc de foi vivant, & plufieurs autres reftcs précreux de la fplendeur de Rome ancienne. n'eft pas qu'elle y affecte plus agréablement la vue: il eft à croire que la grife eut prévalu, fi les Puiffances du pays enflent eu de cette couleur les marques de leurs dignités. Rome jufqu'à fa prife par les Gaulois, ne fut compofée que de chaumières , le Palais même de Romulus n'étoit conftruit que de joncs Se couvert de chaume : elle fut brûlée par Néron, pour avoir la gloire de la rétablir Se de lui donner fon nom ; ou félon d'autres, pour fe donner une idée de Pçrr.hrnfçment de Troye. Elle eft bâtie fur fept collines. On peut remarquer que les ouvrages faits fous la République fontné-ceffaires comme grands Chemins , Aqueducs, les Ponts Se Murailles de la Ville; fous les Empereurs, ils font de luxe comme Bains , .Amphitéâtres , Obélifques , Muufolées, Colonnes, Arcs de triomphe. A Rome on garde peu d'argent chez foi, on le porte au Banc de l'Hôpital Saint-Efprit, où il ne rapporte aucun intérêt, pour le mettre à couvert des Domeftiques Se Voleurs étrangers. Cela, les Eftrap.ides dreffées dans différens Quartiers de la Ville, la défenfe de porter des couteaux qui aient Italie. 343 JD. D'où vient le nom de la Ville d'Oftie ? R. Du mot Oftium, Embouchure, parce qu'elle eft à l'embouchure du Tibre. Cette Ville autrefois célèbre eft aujourd'hui prefqu'entieremenc détruite. D. Que remarquez-vous de Pé- roufe ? R. C'eft à quelque diftance de la Ville près du Lac de Péroufe, au-trefoisTrafimene, qu'Annibal rem- plus de deux pouces cV demi de larr.c , &la non-validité du témoignage de deux hommes qui dépofent un fait, fembient dénoter qu'à Rome la Sainte on n'eft pas de bien faintes gens. Les mêmes u.fages ont lieu dans le refte de l5Italie. Je me fuis un peu étendu fur l'article de cette fuperbe Capitale dans le deffein d'en donner un crayon. Au refte celui qui voudra connoître Rome &c l'Italie , ne s'amufera pas à lire ce que l'on en peut écrire : il ira les voir des extrémités du monde.... Hxc Alias inter cantum caput extuht Urb;s ; Quantum Lenta Soient incer Viburna Gupreffi, 344 Géographie Univ. porta fur les Romains une mémorable victoire. D. Quelle eft la Ville d'Ancone? R. Elle eft grande , allez riche & a un bon Port fur l'Adriatique, avec une très-forte Citadelle. Elle eft dans la Marche de même nom qui eft le Picenum des Romains , & faifoit partie du pays des Sam-nites (i). D. N'eft-ce pas dans le même Canton qu'eft la Ville de Lorette ? R. Oui: & fur le Golphe de Venife. Elle eft fameufe par les Pèlerinages qui s'y font de tous les Etats Chrétiens (2). (1) On y voit un bel Arc de triomphe de marbre blanc qu* le Sénat éleva à l'Empereur Trajan pour avoir conftruit le Port. (2) Les Pèlerins y font attirés par la dévotion à la Cafa-Santa, qui eft la chambre ou l'on tient que Jefus-Chrift s'eft incarné & que la Sainte Vierge a pris foin de fon enfance. Les Italiens prétendent qu'elle a été tranfportée par des Anges de la Palef-tine en Italie. Sa longueur eft de trente-deux pieds. Elle eft dans la grande Eglife qui eft Italie. 345 D. Par où eft célèbre la Ville d'Urbin? R. Par la naiffance du fameux Raphaël , dit d'Urbin , qui a eu bien des imitateurs & jamais d'égaux (i). D. Que remarquez-vous de la Ville de Saint Marin ? R. C'eft la Capitale d'une petite République fort ancienne qui eft fous la protection du Pape (2). D. Quelle eft la Capitale du Canton appelle la Romagne ? exceflivement riche & très-magnifique. La Ville efl: petite, mais forte. Il y a beaucoup de Marchands de Chapelets , de Médailles bénites, cVAgmis-Bei, Sec. Ci) En 1754, l'Electeur de Saxe emporta de Parme un de fes tableaux moyennant une fomme de 40000 écus Romains, ou 200000 livres de notre monnoye. Il repré-fentoit une Vierge dans une gloire. (2) Elle ne s'étend pas au-delà du territoire de cette petite Ville, lequel renferme fix ou fept Villages. Elle fe dit pourtant fœur de la République de Venife: fur quoi le P. Buflier réplique fort agréablement qu'elle n'en eft que la petite fœur. Pv 346 Geo graphie Univ. R. C'eft Ravenae autrefois célèbre, mais aujourd'hui en allez mauvais état. Elle avoit autrefois un Port qui étoit le meilleur que les Romains cufTcnt fur, l'Adriatique , maintenant elle fe trouve a une lieue de la mer (i). (i) On remarque la pierre qui couvre l'Eglife qui fervoit de maufolée à Theodo-ric, Roi des Oftrogots. Elle eit taillée en coupe renverfée. On dit qu'elle pefe plus de 200 mille livres; fon diamètre eit de trente-huit pieds , l'épaiffeur de quinze; le tombeau de Théodoric étoit fur le haut. Il fut renverfé pendant les dernières guerres de Louis XII. La grande porte de la Cathédrale eft faite de planches de Vignes , quelques-unes defquelles font hautes de douze pieds & larges de quatorze à quinze pouces. Les feps groflîflcntprodigïeufement dans ce canton. De la Romagne font encore Faenza, patrie de Torïcelli Ôc Rimini. Entre cette Ville àk Ravenne eft la petite rivière de Pifatelloou Feumicino, qui eft le Rubicon des anciens , & qui féparo.'t du tems de Céfar la Gaule Cifalpine de l'Italie, & fe jette dans le Golphe de Venife. Il étoit défendu aux foldats Romains de la paifer Italie. 347 • D. Quelle eft la Ville de Bologne ? - R. C'eft une des plus grandes & des plus confidérables d'Italie y la féconde de l'Etat Eccléfiaftique (i). avec les armes. Jules Céfar étant arrivé fur le bord de cette rivière s'arrêta, Se regardant ceux qui étoient autour de lui, il leur dit: il nous eft encore libre de retourner; mais lorfque nous aurons traverfé cette rivière, il ne nous reftera plus d'efpérance que dans nos armes. (i) On peut aller par toute la Ville à couvert du loleil Se de la pluye, fous les portiques qui bordent l'un & l'autre côté des rues. Elle fe nomme Bologne la Gratte, pour la fertilité de fon terroir, fes mortadelles ou fauciffons lui font une affez bonne branche de commerce. On y admire fa Tour » îfolée [dite la Tour Afînelli] pour fa grande hauteur. Son Univerfité eft fameufe. Les Habitans font civils , fpirirueîs, ôc fort amateurs de l'étranger. C'eft la patrie du Pape Benoit XIV. C'eft aufli celle des Ca-raches. On lit fur la muraille en fortant de l'Eglife de Saint Procul,ces deux vers latins fur la mort d'un jeune homme nommé Procul .occafionnée par une cloche de cette Abbaye. Si Procul àProculo j Proculi Campana fuiiïen Junc Procul à Pioculo , Proçulus ipfe foret. Pvj 34^ Géographie Univ. D. Que remarquez-vous de Fer-rare ? Bologne doit erre regardée comme une République plutôt alliée que fujette du Pape. Son premier Magîftrat fe nomme Gonfa!onnier, & fe change tous les deux mois. Elle a en outre un Ambaifadeurréfi-dant à Rome pour traiter de fes affaires avec le Saint Siège. Cette Ville eft riche en excellens tableaux. Son Théâtre après celui de Parme tient le premier rang parmi ceux d'Italie. Le bâtiment de l'Inftitut ou Académie des Sciences & beaux Arts, eft beau ôc vafte. Il s'y trouve un Obfervatoire, une nombreufeBibliothèque, une falle d'Antiques , une de Dioptrique, une de Chimie , une concernant l'Art militaire où fe voient en relief toutes les Machines de guerre tant anciennes que modernes, plufieursTrophées . d'armes des Orientaux & des Sauvages de P Amérique ; un appartement de Phyfique diftribué en trois failes , un appartement pour l'Hiftoire Naturelle , diftribué en lix, &le plus confitiérable quiexifteen Europe, une falle concernant la Géographie & la Navigation, une laile d'Anatomieenrichie d'une incroyable quantité de tableaux, ôc fur-tout de reliefs en ciii; relatifs à cet objet , & de grandeurs & couleurs naturelles, où l'économie animale eft expoféc dans le Italie. 349 R. Cette Ville eft belle, les rues en font larges , droites, & ornées de magnifiques édifices ; mais elle eft extrêmement déferte (i). plus grand détail. Enfin nombre d'autres pièces deftinées aux aflTemblées tant publiques que particulières & à d'autres ufages. Le Comte Marfigli, Général des armées de l'Empire , fon Inftaurateur ; le Pape Benoît XIV, Uliflè Aldrovandi, Clément XI, font ceux qui dans ce fiécle ont porté l'Inftitut de Bologne à ce point de fplen-deur qu'il n'eft guère d'établiifement en ce genre qui puifle lui être comparé. Près de Bologne on trouve quelques pierres groffes comme des œufs qui font des phofphores. On y remarque un immenfe & coûteux portique qui des portes de Bologne s'étend au Monaftere des Dominicaines, fitué fur une montagne , à trois milles environ de la Ville. (i) On peut en afligner deux caufes : la première eft la proximité de Venife qui ne s'eft élevée au point où elle eft qu'aux dépens des villes voîfines : la deuxième eft la privation ce fes Ducs particuliers qui y avoîcntleur Cour. Us étoient de laMaifon d'Eft. L'Abbé de la Croix la dit à tort patrie du célèbre Ariofte, qui à la vérité y a fa ftpulture, mais qui eft de Regio dans le 3«$o Géographie Univ. ^ Les autres Villes de l'Etat Eccléfiaftique font: dans la campagne de Home (i). Albano , où la plupart des Seigneurs Romains ont des jardins. Cette Ville eft fituée aux environs de l'ancienne Albe qui avoit des Rois avant Rome; V eletri, Ville allez bien décorée , Modenois. Il lui donne aufli deux magnifiques ftatues de bronze de deux de Tes Ducs, mais elles font de petite manière & pofées fur des colonnes fort hautes. (i) C'eft le Latium des anciens : les Ru-tules en étoient des peuples. Dans la campagne de Rome font les marais Pontins qu'on travaille aujourd'hui plus férieufe-ment que jamais à deifécher , non pas tant pour mettre la terre en nature que pour éviter l'intempérie , & infalubrité de l'air occafionnée par les exhalaîfons qui s'en élèvent. Ils s'étendent depuis Terracine en-deçà quinze lieues durant le long de la mer , fur une largeur commune de trois Keues.Aubord de ces marais &fort avancé dans la mer, eft le lieu qu'habita anciennement Circé cette fameufe encha-ntereffe , qui changeoit , dit-on , les hommes en bêtes y Se dont Ulilfe eut tant de peine à fe garantir. Il fe nomme encore aujourd'hui Monte-Circello. • Italie* 3 ^ r Frefcati, anciennementTufculum , où Ciceron avoit fa maifon de campagne. Elle eft pleine de Palais magnifiques ôc de jardins délicieux que les Italiens appellent des vignes. Paleftrine qui eft l'ancienne Prenefte , Tivoli autrefois Tibur, remarquable par fes beaux Palais ôc les jardins qui y furent faits par le Cardinal d'Eft. Tivoli eft fur le fommet appiati d'une montagne : les Romains y avoient un grand nombre de maifons de plaifance. Le Teverone y fait une cafcade naturelle de 140 ou i^o pieds. Le rocher d'où elle tombe eft coupé à I)lomb. Près de Tivoli on voit un ac d'eau fouffré au milieu duquel il y a une douzaine d'Iles flotantes. Puis Terracine , Ville prefque ruinée fur les bords de -la mer. On y voit de beaux reftes de la fameufe voie Appiene qui s'étendoit depuis Rome jufqu'à Capoue , & étoit d'une folidité merveilleufe. Dans le patrimoine de Saint Pierre, Viterbe, belle ôc grande 3^2 Géographie Univ. au pied d'une haute montagne. Elle fut bâtie par Didier , dernier Roi des Lombards ( i ). Monte-Fiafcone connue par fes bons vins mufcats (2). Civita-Vecchia , le Port eft bon , mais la Ville mal oeuplee à caufc que l'air y eft mal fain. C'eft là que fe tiennent les Galères du Pape. Ronciglione & Porto, k l'embouchure du Tibre , vis-k-vis d'Oftie. Les Veïens avoient leur Capitale près du lac de Bracciano dans la même contrée. Caftre au Duché de même nom. Dans l'Orvietan, Orviette,fur un rocher efcarpé de tout côté , pa- (1) Les maifons anciennes ont pour la plupart à côté d'elles de hautes tours quar-rées. On y conferve le corps de Sainte Rofe que l'on expofe A certaines Fêtes aux yeux des Fidèles. Près de Viterbe il fe trouve une fontaine d'eau fi chaude qu'elle eft capable de cuire les viandes que l'on y met. (2.) Elle eft fur une montagne àl'Eftdu lac de Bolfena qui eft de figure ronde, 6z de deux lieues éc demie de diamètre. Italie. ^ trie de celui qui inventa 1 orviétan. Cette Ville a un puits très-profond où les mulets defeendent par un efcalier pour puifer de feau , & remontent par un autre , & Aqua-Pendente , que M. Vofgien dit être une affez grande Ville ; mais qui vaut tout au plus Viteaux ou Nan-tua. Dans fOmbrie, Spolete & Aflife, qui fe glorifie d'avoir donné le jour à Saint François. Et Comachio dans le Ferrarois, Ville pauvre, bâtie au milieu d'un marais. Rome , Vitcrbc , Orviettc au Saint Siège Romain-; Péroufc , Saint-Marin , Gaftro , Bologne, Urbin , Ravennc , Ortie, Fcrrare, Anconc avec Loreite, CiYita-Vecchia , Rimici puis Spolcttc, ROYAUME DE NAPLES. Z>. Quel eft le Royaume de Na-pies ? R. C'eft une grande Contrée d'Italie , qui eft bornée par l'Etat de l'Eglife au Nord-Oueft , & par la mer de tous les autres côtés. II occupe la partie inférieure de l'Italie. Z). A qui appartient cet Etat? R. A un Prince de la Maifon d'Efpagne , qui prend le titre de Roi des Deux-Siciles. D. Pourquoi ? R. Parce qu'il pofTéde l'Ile & Royaume de Sicile, ôc que d'ailleurs le Royaume de Naples a quelquefois été appelle Sicile (i). (i) Ces deux poffe fiions le rendent Ie plus puilfant Souverain de l'Italie. Ses forces confident en 30000 hommes de troupes & 40 millions de revenus, ce qui eft extrêmement modique eu égard à l'abon- Italie. 3 ^ J). Ne relevé-t-il pas du Pape ? R. Oui, il lui doit foi 6c hommage , & pour cela tous les ans, à la Saint-Pierre , il lui préfente en tribut une bourfe de 7000 ducats & une haqucnée blanche (1). D. Eft-ce un bon Pays ? R. Excellent, & merveilleufe-ment fertile en tout. Mais les Habitans ont la réputation d'être fi méchans, qu'il a paffé en proverbe de dire que c'eft un Paradis habité par des JDémons(2). dance & à la population du pays qui fans faire d'efforts peut fournir une armée de 80000 hommes & cent millions de revenus: mais il eft revêche. Quant à la marine, elle eft encore au néant, malgré la bonté & la fréquence de fes Ports. (1) Sur quoi M. de Voltaire fait cette obfcrvatîon : qu'on prend Naples fans con-fulter le Pape, tandis qu'on n'ofe jamais lui en refufer l'hommage. (2) 11 palfe pour la partie la plus délicïeufe de l'Italie. Outre les productions utiles, pendant Pafpérité de nos hyvers, les rofes, les jafmins , les œillets , ne ceffent d'y éclo-re. Sur la fin de Février , les afperges, les D. Quels accidens infeftent le Pays? R. Il eft lujec à de frequens trem-blcmcns de terre qui cngloutif-fent quelquefois des Villes entières. D. Comment divifez-vous le Royaume de Naples ? R. En quatre grandes Provinces qui en contiennent de moindres lous elles : ce font le Labour , V Ab-bruze , la Pouillc, & la Calabre (i). D. Quelle cil la Capitale de cet Etat ? pois verds, les artichaux 8c les melons même, font l'agrément des tables. Les oranges, les figues & autres fruits, s'y renouvellent fans interruption. Les plantes les plus tendres y croifient au mois de Décembre & de Janvier ; en un mot chaque faifon a fes hortolages, fes fleurs & fes fruits. Ses chevaux font très-eftimes. (i) La première contient le Labour 8c le Principat; la féconde, l'Abbruzze 5c le Comté de Molife; la troifieme eft compo-fée de la Capitanate, de la Terre de Bari & de la Terre d'Otrante; la quatrième, qui étoit le Pays des Volfques, la Calabre & Ia Jîafilicate. Italie. 3^7 R. C'eft Naples, Tune des plus grandes, des plus riches, des plus peuplées , des plus floriiTantes Villes de l'Europe, 6c Tune des plus belles du monde (i). D. Quel eft le nombre de fes Hab itans r R. On y en compte 300 mille. D. Que remarquez-vous de cette Ville ? R. Elle eft également belle partout. Elle eft ornée de belles rla-ces, de magnifiques Fontaines, 6c de Palais nombreux. D'ailleurs elle eft agréablement fituée fur le penchant d'une colline au bord ae la mer , où elle a un Port des plus fréquentés de la Méditerranée ; ce qui la rend très-commerçante (2). (1) Ea Italien , Napoli : le Roi y réfide. (2) Naples, anciennement Parthenope. Quand elle fut rétablie , on l'appella Nea-polis* de deux mots Grecs wxn &n«,c'eft-à-dire Ville-Neuve. Virgile a vécu en cette Ville : Mantua megcnuit Xalabri rapuere, tcnet nunc Tarthenopô\\ y compofa une partie de fon Enéide. A Naples , les Reliques , les Statues 8c les Images miraculcufes , font en grand nombre. Les Gens de Juftice , les Eglifes les Monafteres, y font multipliés incroya, blement. On y compte 19 Couvens de Ja~ cobins, Se huit de Jacobines; dix-huit de Francifcaines, & douze de Francifcaincs • huit d'Auguftins , & cinq d'Auguftines* huit de Carmes, & 5 de Carmélites ; 5 . Où eft fituée la Ville de Ta-rente? fuve jette des flammes jufque dans Naples même , ce qui y a, dit -il, caufé quelquefois des embrafemens. C'eft apparemment pour donner quelque vraifemblance à foft allégué qu'il a jugé à-propos de rapprocher le Véfuve de cinq ou fix milles : car il la place à une lieue de Naples, Se il en eft 3 plus de trois lieues. Le Véfuve a 1600 pieds d'élévation pet-7 pendiculaire y compris la nouvelle montagne, qui du fommet de l'ancienne crût à la hauteur de 300 pieds dans l'efpâce de quelques mois. [ Elle exiftoit dans les entrailles du Véfuve, Se ne fut qu'exhaulfée Se fou-levée par de violentes éruptions. Le Mont-Gibel au contraire s'eft beaucoup enfoncé en terre fur la fin du fiécle dernier J. La grande bouche de ce Volcan a 5 ou cToq pieds de diamètre. Rien n'eft fi propre à faire concevoir la frayeur, Se la confternation où jettent les Habi tans du pays les terribles fecoulTes du Véfuve , Se les foudres qui enfermées dans ce Volcan en crèvent quelquefois les flancs, * /°nt jour par leur violence à travers J'épailfeurmême delà montagne. Rien, dis-je, n'eft fi propre à en donner quelque idée que 1 Infcription qu'on lit aux environs', pofée ^£6 Géographie Univ. R. Sur le Golphe de même nom (i). pcr les ordres d'un Viceroî dans le fiécle palTé , après une grande éruption : Poftcri, Pofteri, vcftra rcs agitur. Dies faccm pra:fcrt Diei, nudius pcrcndino: advortice vicie9 ab fatu folis, ni fabulacur hiftoria, arfit Vcfevus , jmmani fctnpcr clade hcs icantium : ne pofthac in-certos occupet, moneo, Uccrurn geric mons hîc bitumine , alumine, ferro, auro , argento , nitro , aquarum fonnbus gravem. Serius ccius ignefeet, pelagoqùe ingiuemc pariée : fed antequam parru-lit ; concutkur concutic cjuac folum fumigar, co-rufeat, flnmmigcrar, quaritaerem, horrendum im-"mugic, boat , tonac, arcct finibus accolas. Emi-gra'dum licetjjam jam eniticur , erumpic ; mixtuin qua? ignc Lacum evomit. Prarcipiti ruic ille ,lapfu , feramque fugam prxvertit. Si corripic, aélum eft , periifti. Eormidatus fervavit ; fpretus oppreflit incautos & avidosquibus lares & fuppellex vitâ potior. Tu, û fapis , audi clamanrcm lapidem , fperne farci-Dulas 5 mora nulla fuge..... (i) Elle étoit plus confidérable du tems des Romains qu'elle ne l'eft aujourd'hui. 3Les Ducs de la Trimouille portent le titre de Princes de Tarente , à caufe des prétentions qu'ils ont fur le Royaume de Naples. Ceft particulièrement aux environs de Tarente qu'il fe rencontre de groiTes araignées appellées Tarentules, du nom de cette Ville, donc la, mc-rfure eft mortelle fi on n'eft fe- t. Italie, 367 1 Les autres lieux confidérables du Royaume de Naples font : Dans le Labour ( 1 ) Gaïette , Ville maritime, Aquino réduit à peu de chofe, mais qui eft la patries de Juvenal & de Saint Thomas d'Aquin, Sorrento , patrie du Taf-fe-, Mont-Caffin, Abbaye fur la; Montagne de ce nom , où Saint Benoît fonda fon ordre, Arpino , patrie de Ciceron, qui a laifTé à la poftérité des chefs-d'œuvres d'élo-quonce, mais dont l'ame pourtant: n'étoit pas aufïi belle que le génie ; Noie, où mourut Augufte, Portici , Maifon Royale près de Naples, & Monte-Maflico anciennement Fa-lerne. Dans lePrincipat, Salerne, Archevêché , Univerfité ce Port de couru promptement par le fon des violons ou autres inftrumens. (1) Le Labour propre eft la Campanie d'autrefois. C'eft que pics de Mola , eft la montagne de Cecube , connue par les vins de ce nom tant chantés des Poètes. Encore aujourd'hui, ils font des meilleurs. Qiv 368 Géographie Univ. mer, Policaftro , Benevent, belle & grande Ville qui avec fon territoire appartient au Pape. Non loin de cette Ville font les fourches Cau-dines , où Parmée des Romains , afïiégée par les Samnites, fut contrainte de paffer fous le joug. Dans lAbbruze, [pays des anciens Samnites ] Molife , Bourgade qui donne fon nom au Comtat de ce nom ; Chieti ou Théate , Ville confidérable , où fut érigée la Congrégation des Théatins, par Saint Gaétan, & Sulmone, patrie d'Ovide. Dans la Pouille, Manfredonia, Bari, Trani, Brinde, 6e Otrante, grandes & belles Villes maritimes. C'eft dans la Terre d'Otrante qu'é-toit cette voluptueufe Ville de Si-baris , dont le luxé eft connu dans l'hiftoire, & qui avoit porté la moi-leffe au point d'éloigner de fon enceinte tous les Artifans dont les métiers ne pouvoient s'exercer fans bruit. Dans la Calabre, Cofenza , Squi-lace & Regio, où fe font toutes Italie. 36 c; fortes de vêtemens avec de la laine ou foie de poiffons. Naples dans le Labour du Véfuve eft voifïn, Et Gaïettc & Pouzzol, Capoue & Mont-Caffin»: Salerne t Benevent font dans le Principat. Dans la Calabre ,'on voit Regio, Cofcnza Le Comté de Molife, & la Bafilicate. la Pouille a Bar, Tarente & laCapitanatc Brindc, Otrantc. Acjuila, Chieti dans l'Abbiuze; ILES D'ITALIE. D. Quelles font les Iles d'Italie? R. Il y en a trois principales , l'Ile de Sicile , l'Ile de Sardaigne, & l'Ile de Corfe. Sicile. D. Sous quelle domination eft la Sicile ? il. Elle ne fait qu un même Etat avec le Royaume de Naples. D. Quelle eft fa fituation? R. Elle eft a l'extrémité méridionale de l'Italie, dont elle n'eft féparée que par un bras de mer ap-, pelle le Phare de Meffine (i). D. Pourquoi ce Détroit s'appel-le-t-il Phare de Meffine ? R. Parce que près de Mefîine il (i) Quelques-uns croyent que la Sicile tenoit d'abord à l'Italie, & qu'elle en fut enfuite féparée par un tremblement de terre ou par l'effort des deux mers. Italie. Y a un Phare pour éclairer pendant la nuit les vaiffeaux qui y font voile. D. Que remarquez-vous de ce Détroit ? R. Il eft très-dangereux par fes deux Gouffres connus dans l'antiquité fous le nom de Carybde & de Scylla , occafionnés par deux pointes de rochers qui s'avancent dans la mer des deux côtés du Canal (i). D. Quelle eft la figure de la Sicile ? R. Elle eft de figure triangulaire» JD. Quelle eft fa fertilité ? R. Si grande, que les Romains la regardoient comme le grenier de l'Italie. JD. Quelle eft fon étendue ? R. C'eft la plus grande des Ifles de la Méditerranée. Elle a foixante (i) Le Flux Se Reflux y eft tre-s-violent.' Qvj. 372 Géographie Univ. îieucs de long fur quarante de large (i). D. En 1282 qu'arriva-t-il en Sicile aux François qui la poffédoient? R. Le jour de Pâques, au premier coup de Vêpres, on égorgea par-toute lTlc tous les François qui s'y trouvèrent. C'eft ce Malfacrequon appelle Vêpres Siciliennes. D. Quelle eft la Capitale de la Sicile? R. Païenne, quoique Mefîine lui difpute ce titre. C'eft une Ville grande , belle , riche & très-ornée ; le féjour d'une bonne partie de la Nobleflc , Ôc la réfldence du Vice-roi. Z). Que remarquez-vous de Mef-finc ? R. C'eft une Ville ancienne , belle & forte, avec un des meil-leuts ports d'Italie fur le Canal de fon nom. (1) Elle fut anciennement nommée Tri-raorie à caufe de fes trois Promontoires ou Caps. Italie. 37jj D. Syracufe n'eft-elle pas auffî dans la Sicile? JR. Oui : cette Ville autrefois Tune des plus confidérables de l'Europe eft dans la Sicile dont elle étoit la première Ville. C'eft la patrie d'Archiméde (i). D. Quel fameux Volcan y a-t-il en Sicile ? R. Le Mont-Gibel , autrefois (i) Quoiqu'en dife le Pere Buffier qui la dit abfolument anéantie : c'eft encore aujourd'hui une des principales de l'Ile. Une Ville où Pon fait nombre de quatorze mille ames , n'eft pas abfolument anéantie. On y voit la fontaine Arethufe. M. de Buffon a rendu croyable ce que l'on raconte d'Archiméde , qui , dit-on » mit le feu à la Flotte des Romains quî étoit fort diftante du Port, au moyen de miroirs ardens : on en voit un au jardin dut Roi, de la conftruclion de cetilluftre Phï-lofophe de nos jours, qui met l'étain en fu-fion à deux cens pas. C'eft une multitude de petits miroirs plans , mobiles , & auxquels on donne le degré d'inclinaifon que Pon veut. Ils composent un miroir total qui produit l'effet que nous venons d'an-; ïioncer. 374 Géographie Univ. appelle Mont-Ethna, lequel jette du feu, des torrents de matières métalliques & bitumineufes liquéfiées , caufe dans la Sicile de ruineux tremblemens de terre, & porte au loin la défolation & l'effroi. ^ Les autres Villes de Sicile font Catania & Milazzo, dans la Vallée de Demona, ainfi appellée du Mont-Gibel, que le Peuple regarde comme la bouche de l'enfer & de l'habitation des Démons : Noto dans la Vallée" de même nom , & dans la Vallée de Mazara font Montreas , Trapano & Mazara. Italie* 37$ SARDAIGNE. D. A qui appartient l'Ile & Royaume de Sardaigne? R. Au Duc de Savoye,qui pour cela prend le titre de Roi de Sardaigne. D. Le revenu en eft-il confidé-rable ? il. Au contraire très-mince, & cette poflefîïon ne lui fert guère qu'à le mettre au rang des Têtes Couronnées. D. Quelle eft la nature du pays? R. Le terroir y eft bon, mais l'air mal-fain , ce qui fait qu'il n'eft guère peuplé (i). (i) Les hiftoriens parlent de cette Ile comme d'un lieu où Fon envoyoit ceux dont on vouloit fe défaire. Au refte elle abonde en oliviers, orangers, citronïers, grains, & gibier de toute efpece. La pêche, fur-tout celle du thon & du corail, y eft fort bonne. Elle a des mines d'or, d'argent & de plomb 5 Se fi elle n'eft pas d'un grand 3jé Géographie Univ. £). Quelle en eft la Capitale t R. Cagliari , Ville grande 6c marchande où réfide le Viceroi 6e la meilleure partie de la Nobleffe. Elle eft fur la mer dans la partie méridionale de File. ^ Oriftagni 6c Saffari en font d autres Villes. revenu au Roi de Sardaigne, c'eft qu'outre ceux dont la Nobleffe jouit, les Ecclé-fiaftîques en ont de très-confidérables, 8c que d'ailleurs le pays eft mal cultivé. Cette Île eft aux Ducs de Savoye depuis 1720 qu'elle leur fut donnée pour celle de Sicile, qu'ils avoïent eu à la paix d'Utrecht. Elle a environ foixante lieues de long fur trente ■de large. CORSE. D. Où eft fttuée l'Ile & Royaume de Corfe ? R. Au Nord de la Sardaigne , donc elle eft féparée par le Détroit de Boniface (i). D. Sous quelle Domination eft-elle ? R. Elle a été plufieurs fiécles fous celle des Génois, mais en 1730, elle fecoua le joug & fe proclama un Roi. Quelques années après, les Génois traitèrent cette entreprife de révolte > ôc firent pour les réduire des efforts qui jufqu'ici [ 1766], ont été impuiffans. D. Que remarquez-vous de cette Ile ? (1) Elle a trente-fix lieues de longueur ; Se eft à trente lieues de Gênes. Après la Baftie fes Villes principales font Boniface , à P extrémité méridionale de l'Ile, Adjazzo & Calvi dans la côte de dehors, yj% Géographie Univ. R. L'air y eit mauvais & le ter* rain peu fertile. Sa Capitale eft 1^ Baftie , grande & fort peuplée , avec un Port. D. N'y a-t-il pas d'autres Iles adjacentes à l'Italie ? ■ R. On doit encore y rapporter l'Ile de Malte , peu éloignée de la Sicile , celles de l'Epari qui en font voifines , & l'Ile d'Elbe fur les Côtes de Tofcane. <î Celle-ci contient les petites Villes de Porto - Longone 6c de Por to-Ferraïo. MALTE. D. Que remarquez-vous de-l'Ile de Malte ? R. Cette Ile qui a fix ou fept lieues de long fur une moindre largeur, fut, après la prife de Rhode par les Turcs, cédée par Charles-Quint aux Chevaliers de l'Ordre de Saint Jean de Jerufalem , qui de-Ià fe font appelles Chevaliers de Malte (i). D. Quelle eft la Capitale défile? R. C'eft Malte , dite la Cité-Valette, Ville très-forte ôc confî-dérable ; la réfidence du Grand-Maître & des Chevaliers de l'Ordre (2). (1) Le Chef de cet ordre, compofé de Perfonnes nobles de père & de mere , Se qui font les trois vœux des Religieux» s'appelle Grand-Maître. (2) Elle a un Hôpital magnifique. L'Ile çft dite contenir 50000 perwnn.es, jjgo Géographie Ûniv. ^ Les Iles de Lipari font les lies" Eolienes & Vulcanienes d'autrefois, Les Poètes y plaçoient le Royaume d'Eole & les Forges de Vul-cain, à caufe de quelques Volcans qui s'y trouvent. Remarquez encore les Iles de Tremili au Nord de la Capitanaté, puis celles d'Ifchia & de Caprée , a i'oppofite l'une de l'autre a l'entrée du Golphe de Naples. Elles ont chacune une Ville de leur nom. Iles d'Italie. En Sicile Gibel, Palerme , Syracufc 3 Et Meflîne. Ile Corfe a Baftie. Lipari : Malce ; Elbe, Se la Sardaignc où eft Cagliar* g" 1 - 1 - RIVIERES D'ITALIE. D. Quelles font les principales Rivières d'Italie? R. Ce font le Pô , l'Adige , l'Ar-fto & le Tibre. D. Que remarquez-vous du Pô ? R. C'eft la plus grande Rivière d'Italie, & l'une des plus confidé-rables de l'Europe. Il ramaffe & eharie les eaux de prefque toutes les Alpes. D. Quel eft le cours de ce Fleuve? R. Il prend fa fource au Mont-Vifo dans les Alpes, aux Confins du Piémont & du Dauphiné, tra-verfe toute la Lombardie d'Occident en Orient, & fe jette dans le Golphe de Venife par plufieurs embouchures , après s'être grofîi des eaux de quantité de Rivières navigables : auffi Virgile l'appelle-t-il Fluviorum Rex [Eridanus']. D. Quelles principales Rivières reçoit-il en chemin? 3%% Géographie Univ. R. Il reçoit le Tefin au-defTous de Pavie, TAdda près de Crémone, l'Oglio, puis le Mincio quelques lieues au-deffous de Mantoue. Toutes Rivières aufli fortes que la Seine ou la Loire. D. Quelles Villes arrofe le Pô > R. Le Pô arrofe Turin, Cafal, Plaifance, Crémone & Ferrare(i), Z). Quel efl: le cours de l'A-dige ? R. Ce Fleuve prend fa fource dans le Tirol, arrofe Trente & Veronne, & fe rend dans le Golphe de Venife près des bouches du J?ô. D. Quelle eft la Rivière d'Arno > R. aie a fa fource dans l'Apennin , non loin de celle du Tibre, pafîè à Florence & à Pife , & fe jette un peu au-deffous dans la Mer de Tofcane (2). (1) Le P. Buffierfaïtpaierie Pô à Pavie: c'eft le Teffin qui y pafïe. (2) M. Vofgien enfeigne que l'Arno eft un grand Fleuve : pour moi qui m'étois Italie. 383 .D. Que dites-vous du Tibre? R. Il a fa fource dans le Mont-Apennin , paffe près de Péroufe & d'Orviette , traverfe Rome , 6c fe décharge dans la Mer àOftie (1). i Les autres rivières remarquables d'Italie font la Doria-Baltea , la Doria-Riparia, la Selîia , le Ta-naro , 6c le Panaro , qui tombent dans le Pô : la Rrenta près de Padoue ; le Volturne qui paffe à Ca-poue , 6c l'Ofante [ Aundus ] Tune 6c l'autre dans le Royaume de Naples. C'eft fur celle - ci qu'étoit la embarqué deflus à Florence pour de/cendre à Pife , & qui fçaïs avoir été obligé de quitter cette voiture faute d'eau pour la porter, je ne dirai pas la même chofe. Au refte elle eft fujette à s'enfler exceilivcment & cela fubitement. (1) Lorfque je vis le Tibre, c'étoit après Une fécherelfe de plufieurs mois, & néanmoins il étoit aufli fort que l'jîft communément la Seine fous le Pont-Royal à Paris. En Italien il fe nomme Tevere. Il communique avec l'Arnopar la Rivière , Lac, Ou Marais de Chiane. •2#4 Géographie Univ. ville de Cannes , célèbre par la bataille de ce nom. jD. N'y a-t-il point de Lacs en Italie ? R, Il y en a trois principaux qui fe trouvent dans la Lombardie : fçavoir , le Lac Majeur que traver-fe le Tefin , le Lac de Corne d'où fort PAdda , l'un & l'autre au Milanez , ôc le Lac de Garde dans la Seigneurie de Venife d'où coule le Mincio (i). D. Quels font fes Ports de Mer les plus fréquentés ? R. Ce font ceux de Gênes , de Livourne, de Naples, & de Venife. Rivières d'Italie. Adde , Adige , Tcfin , le Pô , en Lombardie : A Florence l'Arno : le Tibre à Rome, Oftic. Qu'il me foit permis d'avancer cette conjecture qui ne m'en paroît (i) Les deux premiers ont au moins douze lieues de long fur deux environ de large. Le troifieme a moins de longueur, mais il eft plus large. point Italie. point une, au lujet du Pays que je viens de décrire: je finirai par-là ce que j'en avois à dire.L'Italie, tant par la fplendeur de fes Villes que par les monumens ôc les miracles de fart qu'elle renferme, a la prééminence furies autres pays de l'Europe , ôc fur ceux même de l'Univers tout entier. L'Italie arrache du fond de leurs demeures , les Habitans des extrémités de la Terre qui entendent publier unanimement les merveilles , voyent fou nom retentir d'un bout du monde à l'autre, ce cedentau louable defir de connoître par eux-mêmes une Contrée? dont les Villes ont quelque droit de* regarder les autres comme des amas de Chaumières. Eh bien , j'oferois affurer dès-à-préfent que nos neveux ne la verront pas telle. A la longue ôc par la feule force des chofes , elle s'affaiffera ôc redef-cendra au niveau des régions voifî-nes. C'eft un corps qui a reçu une» împulfion violente , ce qui fe meut encore en vertu de cette impulfion Tome L R 386 Géographie Univ. primitive. Rome n'eft ce qu'elle eft que pour avoir été le féjour d'Au-gufte , ôc la Capitale de l'Empire du monde. Veniie ne fait l'admiration des étrangers que pour avoir été le centre du commerce de l'Europe , & l'entrepôt général de toutes les richeifes de l'Orient. Florence ne doit fon éclat qu'au règne de Médicis. Mais donnons - nous patience : deux cens ans mettront à bas les Arcs de triomphe de Conftantin 6c de Tite , les colonnes Trajanes 6c Antonines , les Amphitéâtres de Flavius ôc de Marcellus, les Obélifques de Saint Jean de Latran 6c de Sainte Marie-du-Peuple. Dans deux cens ans les ouvrages de Raphaël feront enfumés , les Statues mutilées de l'Ecole Grecque feront difperféesou détruites, le Panthéon fe fera écroulé fous fes ruines : 6c que fera-ce alors que Rome ? La Capitale d'un Etat de quatre-vingt lieues de long fur trente de large. Dans un laps de tems pareil le Italie. 387 Palais Pitti aura changé de face, la Tour de Florence ne fera que décombres , la Gallerie du Palais Ducal aura été dégradée par des déprédations journalières , 6c une partie de fes richefTes aura pafTé dans une Cour étrangère (1); & Prator lino n'étalera plus fes merveilles à l'étranger furpris. Encore deux fiécles , 6c Venife s'appercevant tout de bon qu'on a doublé le Cap de Bonne-Efpéran-ce, n'aura plus qu a s'aller confoler avec Anvers. Déjà Padoue , Pife 6c Ferrarc voyent l'herbe croître paiiiblement 6c à lon aife entre les pavés de leurs rues : Milan fe refTent de l'abfence de fes Ducs, 6c de l'exportation de fes revenus aux rives du Danube : Mantoue depuis l'extinction des Gonzagues , voit les liens s'aller rendre dans le même abîme : la Tofcane fe dépouille infenfiblement (0 Celle de Vienne. Rij 3 88 Géographie ce fans retour pour fournir au luxe Autrichien (i). Que l'on voyemain"» tenant fi j'ai avancé un paradoxe ! (i) Depuis ceci écrit, il a été donné à cet Etat un Souverain particulier. (Frère de l'Empereur régnant). Unîverfcîle. "ALLEMAGNE. D. Quelle eft la pofition de l'Allemagne ? R. Cette vafte Région qui a le titre d'Empire occupe le milieu de l'Europe. D. Quelles en font les bornes? R. Elle a au Septentrion l'Océan & la mer Baltique, au MidilaSuifle & l'Italie , à l'Orient la Pologne, & la Hongrie , & à l'Occident la France & les Pays-Bas. D. Quelle eft l'on étendue? R. Elle a deux cens lieues du Nord au Sud, & autant de l'Eft à l'Oueft. . D. Quel eft fon Gouvernement ? R. Il eft enfcmbfe Monarchique & Ariftocratique. D. La Souveraineté ne réfide doncpas dans l'Empereur? R. Non : mais bien dans la Diète ou aftémblée des Etats , dont néan- Riij 390 Géographie Univ. moins les arrêtés n'ont force de loi qu'autant que 1 Empereur y fouf-crit. J). De qui cft-elle compofée. R. De trois Collèges : lavoir de celui des Electeurs, de celui des Princes, & de celui des Villes libres ou Impériales (i). D. Développez-nous un peu ce que vous venez de nous annoncer touchant la Contention de l'Allemagne ? R. L'Allemagne (2) eft un grand Pays qui eft partagé entre plufieurs. Princes Séculiers ôc Eccléfiaftiques, qui font chacun Souverains dans la portion qu'ils en poflédent. L'Empereur eft un de ces Princes. Ces différentes petites Monarchies , s'il eft permis de parler ainfi, fe réunifient pour leur sûreté particulière (1) Le Collège des Princes eft compofé d'Archevêques , d'Evcques , d'Abbés , même d'Abbefles : de Ducs , Comtes, Marquis, Landgraves, Sec. (2) En langue du pays, Tcufchlandx Allemagne. en une Monarchie totale , vafte, puiffante : & choififfent à cet effet un d'entr'eux pour être le Chef en quelque forte de ce nouvel Etat, qui dans le fond eft une vraie République. D. Tout ne fe fait-il pas au nom de l'Empereur? R. Oui : néanmoins 6c malgré qu'il foiteenfé famé du Corps Germanique 6c celui qui le fait mouvoir en convoquant les Etats ; il eft vrai de dire que fon pouvoir eft fort limité par celui des Electeurs. JD. Qui font-ce que les Electeurs ? R. Ce font ceux des Princes qui feuls ont droit à l'Election de l'Empereur. D. Combien font-ils? R. Ils font au nombre de neuf, dont trois font Eccléfiaftiques 6c fix font féculiers (i). (i) Antérieurement à la Bulle d'Ordonnée en 1556*, laquelle,fixe le nombre des Electeurs, il étoit élu par tous les Princes & Prélats du pays. Riv 392 Géographie Univ. D. Quels font les trois Eccléfiaf-ticjues ? R. Ce font T Archevêque de Mayence , l'Archevêque de Cologne, 6e l'Archevêque de Trêve. D. Quels font les fix Electeurs Séculiers ? R. Ce font le Roi de Bohême, le Duc de Bavière , le Comte Palatin du Rhin , le Duc de Saxe, lé Marquis de Brandebourg 6e le Duc d'Hanovre. D. Qu'entendez-vous par Villes Impériales ? R. Ce font certainesVilles qui n'étant fujettes d'aucun des Souverains de l'Empire , ont le droit de fe gouverner elles-mêmes, 6c font comme autant de Républiques particulières 6c fubalternes (i). JD. L'Empereur , les Electeurs 6c les Princes afliftent-ils en personne aux Diètes de l'Empire ? (i) Elles font au nombre de cinquante-un , dont les plus confidérables font Aix-la-Chapelle , Augsbourg , Cologne, Franc- rAlkmaont. 303 R. Non : mais ils y affilient par leurs Députés ainfi que les Villes libres. D. En quelle rencontre les Elec teurs , Princes & Villes Impériales font-ils fubordonnés à l'autorité de l'Empire ? R. Ils le font feulement dans les chofes qui concernent les Loix communes du Corps Germanique dont ils font les Membres , & en quelques occafions encore où l'on peutappel-ler de leurs jugemens (ij. D. Quelle Religion fuit-on en Allemagne ? R. La Catholique ôc la Protef-tante(2). Celle-ci domine (3).. fort , Ulm , Nuremberg , Ratîsbonne Spire, Worms , Brcme & Lubeck. (1) A la Chambre Impériale àWetzlar dans la Wétéravie, & au Confeil Auiique \ Vienne. Ces deux Tribunaux jugent toutes les affaires de la Noblefle immédiate , c'eft-à-dire de celle qui ne relevé que de l'Empire. (2) Calviniile & Luthérienne. (j) On fuit la Catholique dansles Etats R v 394 Géographie Univ. D. Quappellc-t-on Villes An-féatiques ? R. Ce font des Villes unies 6c confédérées pour ioutehir leur commerce (i). D. Qu'entend-on par Landgrave , Margrave, Burgrave ? R. Originairement les Landgraves préfidoient dans une Province, les Margraves fur une Frontière, les Burgraves dans une Ville ou Château. Le premier de ces titres de dignité répond à celui de Gouverneur , le fécond à celui de Marquis, le dernier à celui de Caftellan ; avec cette différence que les premiers de l'Empereur , dans ceux des Princes Ec-cléfiaftiques, Se du Duc de Bavière. La même eft la dominante en Bohême. La Calvïnifte eft établie chez le Marquis de Brandebourg, chez le Landgrave de Hefle-CafTei. La Luthérienne eft dans la plupart des Villes Impériales, Se prefque dans le refte de l'Allemagne. (i) Ce font Cologne, Lubeck, Hambourg, Brcme, Roftok , Se Dantzic en Pologne. Allemagne. ^ 39$ ont feu à la longue fe rendre indé-pendans. D. Quel eft le climat de l'Allemagne ? R. Il eft fain & tempéré , participant néanmoins plus du froid que du chaud , particulièrement dans la partie Septentrionale. Le terrain d'ailleurs en eft bon & fertile : aufli eft-il fort peuplé. D. Que remarquez-vous des Aliénions? R. Ils font robuftes, affez inventifs , finceres , & naturellement portés pour les armes (i). D. Qui a été le premier Empereur d'Allemagne ? . R. C'a été Charlemagne qui étoic en même tems Roi de France , étoic Maître de la Hongrie , de l'Italie , (i) La Nobleffe Allemande eft très-pure 5c évite fcrupuleufement de fe méfallier r fans doute à caufe des Abbayes & autres Bénéfices qui ne s'obtiennent qu'avec do bonnes preuves de Nobleffe. R vj & de la partie Septentrionale de l'Efpagne (1). D. Dans quelle Maifon fe prennent les Empereurs? R. Depuis plufieurs fiecles on les élit de la Maifon d'Autriche y non que le Sceptre lui foit fpécialc-ment afîécté ; mais parce qu'elle eft d'elle-même fort puiffante par fes (ï) La foiblefle de Tes defeendans mît bien-tôt différens Seigneurs de la Germanie dans le cas de s'aggrandir, de fe rendre fort puiffans , 8c enfuite indépendans 8c Souverains. Plufieurs Villes s'affranchirent aufli de leur autorité. De-là vraifemblable-ment la multiplicité des Souverainetés que nous voyons aujourd'hui en Allemagne, lefquelles font autant de tombeaux de l'Empire de Charlemagne, morcelé entre les mains de (es enfans. La môme multiplicité règne en Italie, & par une raifon femblable. Le Coloflede l'empire Romain s'étant écroulé , les plus forts en partagèrent entr'eux les débris. Lors de la vacance du Thrône Impérial, i'Elecleur de Saxe eft: Vicaire de l'Empire conjointement avec l'Electeur Palatin ou le Duc de Bavière qui le font alternativement. Allemagne, 397 poffeflions patrimoniales. Ce qui eft à rechercher dans un Prince qui ne poflcdant rien en qualité de Souverain , doit néanmoins foutenir avec éclat la Majefté du Thrône Impérial. D. Comment divife-t-on l'Allemagne ? R. On la divife en neuf Cercles. D. Que font-ce que ces Cercles ? R. Ce font comme autant de grandes Provinces [compofées chacune de plufieurs Etats particuliers de Princes ou de Villes libres} réunies pour fubvenir aux befoins de l'Empire, tant en hommes qu'en argent fi). D. Nommez-nous ces neuf Cercles ? (1) Ils ont chacun à leur tête deux Directeurs * Se un Colonel. Les Directeurs convoquent les AfTemblées de leur Cercle pour en régler les affaires; & le Colonel a foin de ce qui a trait à la guerre , comme l'artillerie & les munitions, Se a le Commandement des Troupes. * L'Autriche & la Haute-Saxe n'en ont qu'il». 398 Géographie Univ. R. Ce font d'Orient en Occident par le Nord , le Cercle de Haute-Saxe, le Cercle de Balle-Saxe , le Cercle de Weftphalie, le Cercle du Bas-Rhin , le Cercle du Haut-Rhin , le Cercle de Suabe , le Cercle de Franconie , le Cercle de Bavière , & le Cercle d'Autriche. .D. N'y avoit-il pas anciennement un dixième Cercle qui ne fublifte plus ? R. Oui : c étoit le Cercle de Bourgogne , il compren oit les Pays-Bas & la Franche-Comté (1). D. D'où viennent les dénominations de Haute-Saxe ce de Baffe-Saxe ? R. Ces Contrées font Tune & l'autre traverfées par le Fleuve d'Elbe : celle qui avoifine la partie fupérieure , a le nom de Haute ; celle où il a fon embouchure, re» tient celui de Baffe. (1) Remarquez qu'il y a de petits pays difleminés Se renfermés dans un Cercle qui néanmoins appartiennent d un autre. Ils-nomment Enclaves. Haute-Saxe. D. Que comprend le Cercle de Haute-Saxe ? R. Il comprend la Saxe(i), la Marche de Brandebourg ôc la Po-méranie. Z>. Quelles font les Principales Villes de ce Cercle ? R. Ce font Vittemberg dans la Saxe, Drefde ôc Leiplick dans la Mifnie , Weimar dans la Thurin-ge; Berlin-, Francfort, Potzdam ôc Brandebourg dans l'Electorat de ce nom ; enfin Stetin ôc Colberg dans la Poméranie. D. Faites-nous quelques remarques particulières fur aucunes de ces Villes ? R. Vittemberg eft le Berceau de la Secte des Luthériens (2) : Drefde (1) Celle-ci renferme la Saxe propre, la Mifnie , la Thuringe tk la Principauté d'Anhalt. O) Luther y efl: enterré. Il mourut en 15 46\ 400 Géographie XJnlv. eftla réfidcnce de l'Electeur de Saxe? cette Ville eft 1 une des plus confi-dérablcs de l'Allemagne : Lcipfick ne l'eft pas moins, & voit fleurir chez elle également les Sciences oc le Commerce.Celle-ci, dont l'Univer-fité eft fameufe, eft la patrie de Leibnitz. D. Quelle eft la Ville de Berlin > R. Cette Ville, où fe tient la Cour du Roi de Pruffe , eft une des plus grandes , des plus peuplées , des mieux bâties, de des plus flonflon-, tes de l'Allemagne (i). (i) Le Palais du Roi eft magnifique. Il a une belle Bibliothèque, un riche Cabinet de raretés , & un Médailler. Cette Ville aune Académie des Sciences, un Obfer-vatoire, & un fuperbe Arfenal. La plupart de Tes rues font plantées de rangs d'arbres , & quelques-unes ornées de Canaux avec Ponts-levis copiés d'après ceux de Hollande. On y voit une belle Statue équeftrede PEleéreurFredéric- Guillaume tout d'un feul jet. La Religion eft la Calvinifte ; mais il y a entière liberté de confcience pour ceux qui veulent enprofefter d'autres. Berlin eft fur la Sprée qui tombe dans l'Elbe, Ôc [Allemagne. 401 5 Remarquez encore dans le Duché de Saxe la Ville de Hall, avec une célèbre Univerfité. Elle appartient à l'Electeur de Brandebourg. Celle d'Altenbourg en Mifnie. En Thuringe, la Ville d'Erfort, grande & riche , qui avec-fon territoire communique à l'Oder par un Canal qui s'y rend à Francfort. C'eft de cette Ville que nous viennent les voitures appellées Berlines. On ne peut nier que le Roi de Pruffene doive être mis au nombre des puifîances de l'Europe , fi l'on fait attention à Ta muF-titude de fes pofTdiions difperfées. En effet il a le petit Royaume de Prufle , l'Electo-rat & Marquifatde Brandebourg > la Sile-lie prefqu'entiere , la meilleure partie de la Poméranîe , une portion de la Luface , le Comté de Glatz en Bohême , qui a dix-huit lieues de long fur dix de large , le Duché de Magdebourg, la Principauté d'Hal-berftat, la Principauté de Minden & celle de Neuchâtel, le Comté de RavensbergSc celui de la Marck, le Duché de Cléves, une partie de la Haute-Gueldre, &c. &c. Mais on ne peut nier aufli qu'une telle puiïfance ne foit fujette à bien des révolutions. éfit Géographie. Univ. appartient à l'Electeur de Mayen* ce(i) , ôc celle de Mulhaufcn quj eft Impériale. Celles de Bernebourg & de DefTaw dans la Principauté d'Anhalt; celles de Colberg ôc de Stetin dans la Poméranie , puis dans le Brandebourg Potzdam , ou le Roi de Prufle a une magnifique maifon de plaifance , ôc où il fe plaît beaucoup, ce qui fait que la Ville s'accroît de jour en jour. Le Duché de Saxe ôc la Mifnie font à l'Electeur de Saxe, dont la maifon eft une des plus anciennes de l'Europe. La Thuringe qui a eu fes Rois particuliers, eft en grande partie au Duc de Saxe Weimar. La Principauté d'Anhalt, aux Princes de ce nom , ôc la Marche de Brandebourg au Marquis de ce nom, Roi de Prufle. (i) A Erfort fe voit la plus grotte cloche d'Allemagne. Elle pefe 470 quintaux. Sa circonférence eft de 14 coudées, Se fa hauteur de 4 & demi. La Thuringe eft fuivant quelques-uns l'ancien pays des Cattes* D. Que remarquez - vous de la Poméranie ? R. Cette contrée, lîtuée aux rives de la mer Baltique, eft coupée en deux par le fleuve d'Oder qui y a fon embouchure. Celle qui eft à la droite & qu'on appelle Poméranie Ultérieure & Orientale eft au Roi de PrufTe ; celle qui eft à la gauche & qu'on appelle Citérieure ou Occidentale, eft en partie au même Roi de PrufTe qui y a la Ville de Stetin ; en partie au Roi de Suéde, La Poméranie faifoit autrefois partie du Royaume des Vandales (ij. (i) Sur les côtes de la Poméranie dans la mer Baltique eft l'Ile de Rugen , qui appartient au Roi de Suéde. Elle eft très-fertile & parfemée de Bourgades & da Villages. BASSE-SAXE. Le Cercle de Baffe-Saxe contient fept principales parties : le Duché de Holftein , où font i'Evê-ché de Lubeck, & la Ville libre d'Hambourg, la Principauté d'Haï-berftad , le Duché de Brunfwich, le Duché de Magdebourg, le Duché de Meckelbourg ou de Mecklen-bourg , TEvêché d'Hildesheim , 6c le Duché d'Hanovre - Lunebourg ou de Brunfwich-Hanovre c|ui renferme le Duché de Brème. D. Quelles font les Villes les plus remarquables du Cercle de JBalïe-Saxe? R. Ce font Hambourg & Li^ beck dans le Holftein , Hanovre 6c Brème au pays d'Hanovre , Brunfwich & Magdebourg , Capitales des Duchés de leur nom, enfin Wifmar , Ville maritime , Capitale du Duché de Meckelbourg. HoiSTEIN. D. Quelle eft la Ville d'Hambourg ? .R. Cette Ville, fttuée vers l'embouchure de l'Elbe, pafte pour la plus grande, la plus riche, la plus commerçante & la plus peuplée de toute l'Allemagne. L'Elbe qui juf-que-là eft capable de porter les plus gros Vaiffeaux , eft la principale fource de fon opulence. Hambourg eft une Ville libre Impériale 6c An-féatique. Elle eft de la fondation de Charlemagne. ^ Le Holftein eft polfédé principalement par le Roi de Danne-marck, 6c par le Duc d'Holftein. Lubeck , eft une Ville libre, grande , belle , riche, marchande & peuplée. Il ne faut pas la confondre avec l'Evêché de Lubeck qui fait un autre Domaine , & dont le Prince n'a aucun droit fur Lubeck, Pays d'Hanovre. Brème n'eft ni moins riche nj jf>6 Géographie Univ. moins grande , ni moins commerçante que Lubeck. Elle eft libre quoique ce qui s'appelle Duché de Brème appartienne a l'Electeur ■d'Hanovre, Roi d'Angleterre , ce falle partie du pays d'Hanovre. La Ville d'Hanovre eft belle & forte. L'Electeur y a un Château richement meublé. Gottingen ou Got-tingue eft remarquable par fes Manufactures , & fur-tout par fon Univerfité. Zell & Lunebourg , font 1 une ce l'autre des Places fortes. Lawenbourg , quoique par-delà l'Elbe , eft aufli k l'Electeur d'Hanovre, ainfi que Danneberg, Hoye & Ferden ou Werden. Ces deux dernières font du Cercle de Wefl-phalie. Brunswich. Brunfwich, qui donne fon nom à l'une des plus anciennes maifons de l'Europe, eft la Capitale du Duché de ce nom , qui contient aufli Wol-fenbutel , Ville des plus confidéra-bles, où il fe trouve un Arfenal bien Allemagne. approvisionné , & une des riches Bibliothèques de l'Allemagne. Magdebourg. Ce Duché, qui appartient au Marquis de Brandebourg, a pour Capitale une Ville de fon nom , qui eft forte ôc fait un grand commerce. C'eft-là que fe fit la première fois la fameufe expérience des Hémifphe-res, dits de Magdebourg. Meckelbou rg. Ce Duché renferme les Villes de Swrin au bord d'un lac , de Guf-trow , où plufieurs Ducs ont fait leur réfidence, de Roftock , Port de Mer , de Strelitz, qui donne le nom k l'une des branches de la maifon de Meckelbourg:, enfin de Wif-mar , Ville Maritime , la plus grande ôc la plus confidérable du Meckelbourg, laquelle appartient k la Suéde. HlLDESHEIM. Cet Evêché eft k l'Eledeur de s. ao8 Géographie Univ. Cologne, ainfi que fa Capitale de même nom , qui cependant jouit de divers privilèges à la manière des Villes libres. Halbérstadt. Cette Principauté étoit un des plus riches Evêchés d'Allemagne, avant la paix de Weftphalie qu'il fut fécularifé ; fa Capitale de même nom eft une Ville confidérable. En Saxe Vittemberg : Drefde, LipficK en Mifnie : En Thuringe Welmar , Erfort : Poméranie Oa Stetin , Colberg t Ruge : au Brandebourg Berlin : Atilialc. En BaiTe-Saxc , Hambourg , Lubecic d'Holftein : Bruufwich ; & Halberftad ; Magdebourg ; Mecxcl-bourg , VPifmar; Hildshcim, Zell, Brème, Hanovre y Lunebourg, WESTPHALIE. m i— 11 s WEST? H J LIE. D. Quelles font les bornes de la Weftphalie? R. A l'Orient elle a la Baffe-Saxe, dont elle eft féparée par le Wefer, a l'Occident font les Pays-Bas , au Nord 1 Océan , & au Midi les Cer-cles du Rhin (i). f Ce Cercle eft formé d'une multitude de fouverainetés de toutes efpéces. Les principales font 1 Evêché de Liège enclavé dans les Pays-Bas ; le Duché de Juliers aufli en-deca du Rhin , & le Duché de Cle-ves de côté & d autre du même fleuve. Les fuivantes font au - delà & à l'Orient ; favoir le Duché de Berg , l'Evêché de Munfter , le Comté de la Marck , 1 Evêché de Paderborn , l'Evêché d'Ofnabruck, (i) A quelque chofe près que le Rhin biffe en deçà, ce fleuve peut être regardé comme fes bornes du côté de l'Occident, Tome L S 4i o Géographie Univ. la Principauté de Minden & Ie Cornté de Raverifberg, celui d'OU denbourg , la Principauté d'Ooft-Frife, enfin le Comté d'Hoye & le Duché de Ferden. D. Quelles font les principales Villes de ce Cercle ? jR.. Ce font Liège au pays de même nom, Aix-la-Chapelle au Duché de Juliers , Vefel au Duché de Cleves , Duffeldorf dans celui de Berg, puis Munfter, Paderborn ce Ofnabruck Capitales des Evêchés de ce nom. Liège , fi tué fur la Meufe, efl: une grande Ville fort peuplée & fort marchande, quoiqu'abondamment pourvue d'Eglifes , d'Abbayes cède Couvents de toutes fortes. Elle eft cenfée libre , ce être Amplement gouvernée par fon Evêque ,qui eft à la nomination de fon Chapitre, des Bourguemeftres ée des Sénateurs. Les édifices publics en font beaux. Hui, Tongre , Horn ce Di~ nant, font de cet Evêché, ainfi queSpa , fameux par fes eaux mi- Allemagne. 411 nérales qui y attirent les étrangers de tous côtés. Le Duché de Juliers efl: à l'Electeur Palatin. Il porte le nom de fa Capitale , petite mais forte Ville. D. Par où efl: remarquable Aix-la-Chapelle , Ville Impériale dans le Duché de Juliers? R. Elle l'efl: par fes eaux chaudes minérales qui y attirent un grand concours d'étrangers. Elle l'efl aufli en ce que Charlemagne l'a voit choi-fie pour être le Siège de fon Empire, tant à caufe de la beauté du lieu que pour être plus à portée des Germains & Saxons qu'il avoit à contenir dans le devoir. Son corps repofe dans l'Eglife Notre-Dame de cette Ville (j). J Le Duché de Cleves efl: à l'Electeur de Brandebourg. Cleves en (1) La Weftphalie eft le pays des Bruyères, des Sicambres , des Cherurfques, des Angles quipalTerentenfuite en Angleterre, des Cattes & des Francs. Elle faifoit partie de la Saxe. 4i2 Géographie Univ. eft Capitale, ôc félon d autres We-fel. La première [ Clivia] tire fon nom de la pofition iur le penchant d'une Colline a une lieue environ du Rhin fur la rive gauche. L'autre eft plus belle ôc plus confidérablc. Joint à cela, elle eft très-forte. Elle eft environnée du Rhin qui reçoit en cet endroit la Lippe. Elle eft toute bâtie de brique , ôc tient déjà, quant à la propreté & à la difpofition de fes rues, des Villes de Hollande dont elle n eft pas fort éloignée. La plupart de fes rues lont plantées de deux rangs d'arbres taillés en éventails. Les deux premiers rangs de fenêtres éclairent le rez-de-cliauf-fée qui neft pas féparé par un plancher du premier étage. Près du Duché de Cléves eft le Comté dé la Marck, où fe trouve Ham Capitale , ôc Dortmund , Ville Impériale, grande ôc forte. D. Quelle eft la Capitale du Duché de Berg? R. Ceft Duffeldorf, Ville très-belle ôc très-réguliere fur le Rhin , Allemagne. 413 où l'Electeur Palatin fait fouvcnc réfidence (1). D. Par où eft célèbre la Ville de Munfter (2) ? R. Par le Traité de Paix qui y fut conclu en 1648. Cette Ville eft grande & très-peuplée. Son Evêque qui en eft Prince, jouit de plus d'un million de revenu. ^ Padcrborn , eft une grande ôc ancienne Ville. Son Evêché eft de la fondation de Chariemagne. Of-nabruch n'eft pas moins coniidcra-ble. L'Evêque doit en être alternativement Catholique ôc Luthérien. Cette Ville eft connue par la Paix que l'on nomme tantôt Paix d'Of-nabruck, tantôt "paix de Munfter. Les Députés du Roi de Suéde qui traitoient avec l'Empire a Olha- (0 Elle eft toute de brique. Sa Place principale eft ornée d'une ftatue équeftre qui n'cftpas fort bonne. (2)-Cenom ainfi que celui de Mout'er ou Monftier, eft dérivé de Moritfteriim, S iij 414 Géographie Univ. bruck, Ôc ceux de France qui trai-toient à Munfter font l'origine des .deux dénominations en queftion de cette Paix, qui d'un nom commun efl appellée Paix de Wclt-phalie. La Principauté de Mindcn , Evêché fécularifé, ôc le Comté de Ra-venfberg font au Roi de PrufTe. La Capitale du Comté de Ravenfberg eft Herfort. Celle de la Principauté de Mindéri eft Mindcn , dont le Chapitre fut confervé lors de la fé-cularifation de f Evêché. Il efteom-pofédedix-huitChanoines. Onze, y compris le Prélat,font Catholiques, ôc fept avec le Doyen font Luthériens. Le Comté d'Oldembourg eft au Roi de Dannemarck, ôc la Principauté d'Ooftfrife au Roi de PrufTe avec Embden fa Capitale, Ville maritime ôc Place forte. Le Comté d'Hoye ôc le Duché de Ferden font k l'Electeur d'Hanovre, dit aulli Electeur de Brunf-wich. En Weftphalie Munfter 3 Licgc , Ofnabruck, Wefcl. DulTeldorf, Paderborn , Cologne , Aix-la- Chapelle, Juliers ; la Marck , Minde : Clcvej Embde en Frife ; Oldembourg. S iv CERCLE DU BAS-RHIN. D. Quels font les Etats principaux de ce Cercle ? R. Ce font l'Archevêché de Cologne , l'Archevêché de Trêves, l'Archevêché de Mayence ôc le Pa-latinat du Rhin. D. Comment fe nomme encore le Cercle du Bas-Rhin ? R. Il fe nomme auffi le Cercle Electoral. J). D'où vient? R. A caufe qu'il y a prefqu autant d'Electeurs en ce Cercle feul que dans tous les autres enfemble. En effet, il a les trois Electeurs Ec-cléfiafHques , avec l'Electeur Palatin. D. Quelle eft fa pofition ? R. Il coupe du Nord au Sud celui du Haut-Rhin, 6c en met une partie en-deçà ce une partie au-delà du fleuve. D. Cologne efl-clle la Capitale [Allemagne. de l'Archevêché ce Electorat de même nom? R. On ne peut guère lui donner ce titre , a tendu qu'elle eft indépendante de l'Archevêque, fi ce n'eft pour le fpirituel ; éc qu'au contraire elle eft libre ce Impériale ; fi bien que l'Archevêque ne peut féjourner plus de trois jours dans cette Ville, fans la pcrmifîion du Magiftrat. Z). Où réfîde-t-il donc ? R. A Bonnes, Ville médiocre , à quatre lieues plus haut fur le Rhin , où il a fon Palais. D. Quelle eft la Ville de Cologne ? R. Cette Ville fituée fur le Rhin efl grande ce fort commerçante, mais fale ce mal bâtie (i). (i) Les Allemands la nomment Coin. C'eft la patrie d'Agrippine , mere de Néron , Se celle de Saint Bruno', Fondateur de l'Ordre des Chartreux. On croit à Cologne avoir les Reliques des trois Mages , celles des onze mille Vierges, des fept JVlachabées Se de leur mere ; mais leur croyance n'eft probablement pas mieux £>. Quelle eft la Ville de Tté-vcs ? R, Trêves file fur la Mofelle eft très-ancienne , fort célèbre 6e fort grande, mais peu peuplée : aufli n'y a-t-il guère de Villes où il y ait un aulli grand nombre de gens-d'Eglife. Son Archevêque réfide ordinairement à Coblentz, Ville fort agréable , au confluent du Rhin & de la Mofelle. JD. Que remarquez-vous de l'E-lectorat 6e de la Ville de Mayence ? R. L'Electeur de Mayence eft le premier des Electeurs , 6c a le droit de préfider aux Diètes de l'Empire. Quant à la Ville, elle eft très-ancienne 6c très-grande ; mais peu vivante, peu peuplée , 6c inattentive a tirer fondée que celle des Habitans de Trêves oui ont, difent-ils, la Robe de N. S. J. C. Cologne n'eft pas peuplée en raifon de fa grandeur: auffi lesEccléfïaftiques Séculiers & Réguliersy font-ils incroyablement multipliés. Cette Ville qui eft dans le Cercle du Bas-Rhin, eft, dans l'ordre politique > de celui de Weftphalie. Allemagne, 4^ parti de fa pofition avantageufe au confluent du Rhin & du Mein (i). JD. De quelle invention fe glorifient les Habitans de Mayence ? R. De celle de 1 Imprimerie qu'ils trouvèrent vers fan 1447. D. D'où vient le titre de Palatin qui efl: affecté à l'Electeur de ce nom ? R. Le nom de Palatin fe donnoir. autrefois à tous ceux qui avoient quelque Charge ou Office dans le Palais d'un Prince ; à fucceflion de tems, il efl: refté à l'Electeur dont nous parlons. D. Quelles font les Villes de (1) Elle fe nomme en Allemand Maintz,, Dans l'Eglife Métropolitaine, l'une & l'autre extrémité de la Nef a fon Maître-Autel. L'Eglife des Jéfuites eft ornée d'excellentes peintures. Quant à celle de S. Pierre, non loin du Palais de l'Electeur, c'eft un morceau d'Un goût exquis, 5c où l'on n'a rien épargné pour la mettre , ce femble, à même de jouter avec les plus éléganres qui foient à Rome. Le Rbin s'y palfe fur UQ pont de bateaux. S vj pon Etat , dit le Bas - Palatinat ? R. Ce font Hcidelberg ce Man-heim (i). D. Quelle eft la Ville de Marthe im ? il. Une des plus charmantes peut-être qu'il foit pofîible de voir, & où l'Electeur fait farefidence ordinaire (2). (1) Prononcez Manem. (2) Les rues de cette Ville font tirées au cordeau , nivelées , Se la percent de part en part. Les maifons en font de même hauteur» de même ftru&ure , Se ornées parde-hors de peintures fort bonnes; les Places publiques d'ailleurs ornées de beaux monumens. Le Palais du Prince eft magnifique. Il forme fur le devant plufieurs cours qui vont en diminuant d'étendue, ainfi que le Château de Verfailles qu'on femble avoir eu en vue en le faifant. Du refte on lui reproche avec quelque raifon d'être maflif. Le plat-fond du Veftibule eft décoré de trois bons morceaux de peinture à frefque. Celui du milieu repréfente le Jugement de Paris; celui de la droite, les demeures de Vulcain j Se dans le dernier, i'Artifte s'eft Allemagne. 421 ^ Heidclberg ayant été prife en 1622 , fa riche Bibliothèque fut donnée au Pape, ce qui augmenta confidérablement la Bibliothèque Vaticane. On y voit la fameufe ôc prodi-gïeufeTonne, dite la Tonne d'Hei-delberg qui contient deux cens quatre foudres. Elle efl de cuivre 6c reliée en fer. Les cercles feuls pe-fent cent dix quintaux. Sur la Ton- propofé Vincuîe vim venus de Virgile, ou la prière de Junon à Eole. Manheim d'ailleurs a une Citadelle Se de bonnes fortifications. On lit cette inscription fur celle de fes Portes qui regarde le Rhin : Aie Rhcnus, ego àefendo Rhcmtm. Elle eit fituée à l'endroit où ce fleuve, qu'on y paffe fur un Pont de bateaux , reçoit le Necker. Toutes les Religions y ont un libre exercice. Les Juifs y ont une Synagogue , Se les Jéfuites une Eglife la plus fplendide peut-être, Scde celles qu'ils ont, Se de celles qu'ils ont eues. Le portrait que nous venons de faire de Manheim n'eft pas celui d'une Ville ruinée. Cependant le Pere Buiïïer la dit telle. 422 Géographie Univ. ne eft une grande figure de Bacchus avec quelques autres de Satyres. Trêves, Bonnes, Mayence, & Coblentz au Bas-Rhin Cercle des Electeurs, Heidclberg & Manhcir*. CERCLE DU HAUT-RHIN. D. Quels font les principaux Etats de ce Cercle? R. Ce font les Evêchés de Worms & de Spire enclavés dans le Palatinac , le Duché de Deux-Ponts , le Landgraviat de Heffe-Caflel, le Comté de Nalfau (i) , l'Abbaye de Fulde & le Landgraviat de Heffe-d'Armftad j auxquels on doit ajouter la Ville Libre & Impériale de Francfort - fur - le-Mein dans la Vétéravie. ^ Les E chés de Worms (i) & de Sp re font à leur Evêque qui en font Princes ; mais les Villes elles-mêmes font Libres & Impériales. L'une & l'autre étoient autrefois (1) Le Comté de Nalfau avec fa Capitale de même nom , Ville peu confidérabîe, appartient au Prince d'Orange , Stathouder d'Hollande de la Maifon de Nalfau. (2) Prononcez Wormfe. 424 Géographie Univ. floriffanrcs , niais elles font aujourd'hui extrêmement déchues. Dans le diftrict de Spire fe trouve Philis-bourg place forte. Ces trois Villes font fur le Rhin : celle-ci à droite les deux autres à gauche. Le Duché de Deux-Ponts , eft au Prince de ce nom de la Maifon Palatine. Sa Capitale eft Deux-Ponts , jolie Ville dans les montagnes de Vofge. Le Duc réfide à Birken-feld , Chef-lieu de la Principauté de même nom enclavée dans fon Etat. v Du Landgraviat de Heffe-CaîTel qui appartient au Land-grave de même nom , font Calfel, Ville forte & allez belle -où il réfide , & qui a un aqueduc magnifique ; Mar-purg Univerfité , qui a eu fes Princes particuliers, ôc Wetzlar où a été transférée la Chambre Impériale, de Spire où elle étoit. Hanaw dans la Vétéravie, eft encore au même Prince , dont la Maifon eft très-illuftre. Elle defeend des anciens Ducs de Brabant. Allemagne. 42^ La Principauté de l'Abbaye de Fuld eft très - confidérable , ayant bien trente lieues de diamètre. Elle eft fu jette à fon Abbé , ainfi que fa Capitale de même nom , Ville de médiocre grandeur, patrie de Kir-cher. Cette ancienne Abbaye a été depuis peu d'années érigée en Evêché. Darmftad eft la Capitale du Landgraviat de Hefïè-Darmftad, 6c la demeure de fon Prince qui y réfide dans un magnifique Château. Les Hefîbis [ Haj/ï] tirent leur origine des Cattes. D. Quelle eft la plus confidérable Ville du Cercle de Haut-Rhin ? R. C'eft Francfort fur-le-Mein l'une des plus commerçantes, des plus riches, des plus belles , des plus florillantcs de l'Allemagne, 6c même de. l'Europe. Elle eft Libre & Impériale. C'eft la patrie de Charles le Chauve (1). (1) Toutes les maifons de cette Ville ont Géographie Univ. D. Que remarquez-vous de cette Ville ? R. C'eft k Francfort, connue par fes deux Foires célèbres , que fe fait l'Elecf ion & le Couronnement des Empereurs , & que Ton garde la fameufe Bulle - d'Or qui con- le pignon fur la rue. Ils font maniés 8c décorés de manière qu'ils forment comme autant de portails , ce qui produit un très - bel effet. Cette difpofition des maifons procure encore un autre agrément à la Ville : c'eft que les rues font, pour ainfi dire, tout en vitrages : car les pignons n'ayant pas àfou-tenir la charge de plufieurs rangs de poutres 8c de folives multipliées, les maffifs ne font pas néceffaires. On doit regarder comme précaire l'état floriffant de cette Ville i qui d'un jour à l'autre peut voir tarir la fource de fon opulence. Que Mayence fe réveille, Se qu'au moyen de l'avantage de la pofition , elle entreprenne de s'emparer de fon commerce ; Francfort luttera avec trop de défa-vantage pour le faire viclorieufement, 8c tombera bientôt dans la Clalfe des Villes dont on ne dit rien. La Religion Luthérienne eft celle qu'oç y profeffe. Allemagne. 4^7 tient les Conftitutions de l'Empire. D. Par qui fut donnée la Bulle-d'Or ? II. Cette Bulle, ainfi nommée parce qu'elle eft fcellée en or , fut donnée par Charles IV fan 1356. Du Haut-Rhin Francfort, Spir : \forms, Hanaw, Philisbourg. La Hcfle ou Cartel, Fuld : Darmftad, Naflswr, Deux-Ponts. S U A B E. D. Quelles font les bornes de4a Suabe ? R. Ce pays un des meilleurs ex des plus fertiles d'Allemagne , eft borné a 1 Orient par la Bavière, à lOccident par f Alface , au Midi par la Suifie, & au Nord par le Cercle Electoral ck la Franconie. Le Lcch la fépare de la Bavière, ck le Rhin la fépare de F Alface. *J Ce Cercle eft compofé d'une multitude de Villes Impériales ,du Duché de Wirtemberg , de la Principauté de Furftemberg , du Mar-quifat de Bade , de l'Evêché d'Auf, bourg (1), de l'Abbaye de Kemp- (1) La Principauté de l'Evêché d'Auf-bourg s'étend le long & en-deçà du Lech. Elle ne comprend pas Augsbourg, qui pour le temporel eft indépendant de lon Evêque qui n'a pas la liberté d'y féjourner, & fait la réfidence à Dillingen , Univerfité qui lai appartient avec ion Territoire. Allemagne. 429 ten, de 1 Evêché de Conftance , du Brifgaw, des quatre Villes fbreftie-res, cec. D. Quelle eft la Capitale du Duché de Wirtemberg qui appartient au Duc de ce nom ? R. Ceft Stutgard , Ville belle & bien peuplée (1) , où réfide dans un fuperbe Palais le Prince, qui eft un des principaux Souverains du Cercle de Suabe. f Tubinge, Univerfité, eft de ce Duché. Le Comté de Furftemberg eft aux Comtes de ce nom, d'une des plus illuftres Maifons d'Allemagne. Le Marquifat de Bade s'étend le long du Rhin , ôc eft partagé entre deux Princes de l'ancienne Maifon de ce nom. Il en réfulte ce qu'on appelle Marquifat de Bade-Baden , & Marquifat de Bade-Durlach. Bade, petite, mais jolie Ville, ce célèbre par fes eaux minérales , eft Capitale du premier de ces deux Etats qui appartient à la (O Prononcez Stoudgard. 4^0 Géographie Univ. branche aînée: 6c Durlach eft la Capitale du fécond. Elle eft peu grande , mais fort agréable. Raftad petite Ville connue par le Traité de Paix de 1714, entre la France 6c l'Empire , eft dans le premier de ces Marquifats. Rempten n'apartientpasnon plus au Prince Abbé qui en porte le nom, attendu quelle eft Impériale. Sa réfidence eft peu loin de-là au Mo-naftere de Sainte Hildegarde , de l'Ordre de Saint Benoît, dont tous les Religieux font nobles. Il faut aufli diftinguer la Ville de Confiance de l'Evêché de même nom qui feul eft à TEvêque de Confiance, & s'étend en Suabe 6c chez les Suiffes dont il eft allié. Merfbourg au Nord du lac de Confiance eft le lieu de fa réfidence. D. Quelles font avec Stutgard les principales Villes du Cercle de Suabe? R. Ce font Aufbourg, Ulm Fribourg - en - Brifgaw 6c Conf-tance. Allemagne. ^t D. Que remarquez-vous de celle d'Auibourg qui eft Libre & Impériale ? R. Cette Ville, fituée fur leLech, eft belle, grande , riche & renommée pour fes ouvrages d'orfèvrerie. Son commerce cependant bien plus confidérable autrefois, femble avoir grandement fouffertde celui des Hollandois (i). D. Quelle eft la Ville d'Ulm (2) ? R. Ulm ne le cède ni en gran- (1) Ses édifices publics Se fur-tout fon Hôtel-de-Ville font d'une grande beauté. Les Catholiques Se les Luthériens ont une part égale aux Charges. Ce fut en cette Ville que fe conclut la fameufe Ligue où la plupart des Puiffances de l'Europe fe déclarèrent contre le Roi Louis XIV. C'eft aufli dans cette Ville qu'en 1530, Luther & Melanchton , préfenterent à l'Empereur Charles V leur profeflion de foi, dite la ConfclTion d'Ausbourg. (2) Prononcez Oulm. C'eft la patrie de Freinshemius. Dans le Territoire de cette Ville font Hall & Hailbron , Villes médiocres , Meminge , belle ôc confidérable eft Impériale. 432 Géographie Univ. iicur , ni en beauté à Aufbouro-fur laquelle même elle l'emporte par le commerce. Quelques-uns la croyent ainfi appellée de la quantité d'ormes qui le trotîvent en fon Territoire. Cette Ville eft fituéefur le Danube. D. Quelles font les pofTeffions de la Maifon d'Autriche dans la Suabe? R. Elle y pofféde Fribourg , Place forte [1} & Capitale du Brifgaw, Brifach , dit aufli le vieux Brifach, autrefois Capitale du même canton , lesquatres Villes Forefticres^ ainfi appcîlées de ce qu'elles avoi-iinent la Forêt Noire , la principale defquelles eft Rhinfeld. Enfin Conftance , Ville belle , riche ôc marchande , fur le lac auquel elle donne fon nom (2). (1) Son Clocher après celui de Strafc bourg , pa(Te pour le plus beau d'Allemagne. (2) Des quatre Villes Foreftiercs, deux font en Suiiie & au-delà du Rhin : une D. Allemagne. ai? D. Où eft fituée la Forêt Noire ? R. Au Sud-Oueft de la Suabe, non loin du Rhin & près des four-ces du Danube. La Bourgogne étoic Cercle au moins pour JaSca-xiie. En Suabe Ulm, Mcmingc, Ausbourg , Tubinge, Hailbron, Rhînfcld en Foret-Noire, Hall, Dillingcn, Conf-tincc, Et Fribourg en Brisgavc : Stutgardau Wirtemberg, Bade , Raftadc , Durlach, Kemptcn & Furftemberg. dans une Ile formée par le même fleuve . fur la droite duquel eft la dernière qui dès lors eft en Suabe. Tome I. FRANCONIE. X). Quel endroit de l'Allemagne occupe la Franconie? R. Elle en occupe le milieu d). D. Quels font les principaux Etats de ce Cercle ? jR.. Ce font les Evêchés de Bam-berg , de Wirtzbourg & d'Archftet, puis le Marquifat de Culembach (i) & celui d'Anfpach : enfin la Ville ^ Impériale de Nuremberg. ^ Bamberg & Wirtzbourg , font des Villes coniidérables : elles font foumifes k leurs Evêques, ainfi que les Etats dont elles font Capitales. Ces deux Evêchés font des plus riches d'Allemagne. Il fe pratique cette ridicule ex bizarre coutume k (1) C'eft en partie de cette Contrée que fortirent les Francs ou François qui s'établirent dans les Gaules vers l'an 420. (2) Ou Culmbach. Prononcez Coulm-bac. Allemagne. 4j ^ Wirtzbourg à l'endroit de ceux qui veulent être reçus Chanoines de la Cathédrale. Les Chanoines étant tous rangés en haye & ayant chacun une baguette à la main, le Récipiendaire eft tenu de parler en revue devant ceux-ci qui le frappent légèrement fur le dos avec leurs baguettes. On dit même qu'il doit être nud jufqu'à la ceinture. Cet humiliant ufage eft , à ce que Ton croit, établi pour écarter de ces Places les Princes de l'Empire qui ne voudroient pas s'y foumettre. Joignant TEvêché de Wirtzbourg eft le Comté d'Henneberg à différents Princes, & Henneberg d'où il tire fon nom n'eft qu'un Château. Aichftet eft à fon Evêque. C'étoit autrefois un Monaftere de Bénédictins , autour duquel il s'eft depuis formé une Ville. Le Saint Sacrement s'y expofe dans un Oftenfoire d'or d'une grande richelTe. Le Soleil eft du poids de quarante marcs, & en outre enrichi d'une quantité merveilleufe de diamans, de perles & de rubis. T ij 436 Géographie Univ. Les Marquifats d'Anfpach & de Culembach ou de Bareith , ont pour Margraves des Princes de la Maifon de Brandebourg. Le premier a pour Capitale Anfpach, dit aufli Ohnfpach. Culembach & Bareith , fe cfifputent le titre de Capitale du fécond. D. Quelle efl: la principale Ville de la Franconie? R. C'eft Nuremberg, Ville Libre & Impériale , qui même eft une des plus belles, des plus grandes, des plus riches, & des plus fortes de toute l'Allemagne. Le Commerce , les Arts & les Sciences y fleu-riflent également. X). Que remarquez-vous en outre? R. On conferve en cette Ville les ornemens Impériaux de Charlema-gne , que l'on emploie dans le Couronnement de l'Empereur (i). En Franconic, Aiclvttet, Wirtzbourg , Bambcrgt Anfpach , Nuremberg, Henneberg, Bareith & Culembach. (0 Ce font la Couronne, le Sceptre, le Allemagne. 437 Globe, la Dalmatïque , le Surplis d'or, le Manteau , &c. Les Habitans de Nuremberg iont Luthériens , les Juifs n'y font pas lourTerts. Ils demeurent hors la Ville , Se ne peuvent y entrer que pour en fortirle mémo jour. On y efta&if Se induftrieux. Son commerce Confifte fur-tout en Quincaillerie, dont une bonne partie vient en France, Se en Etofes , Eftampes & Cartes de Géographie. Ses Edifices publics font de la plus grande beauté, & fa Bibliothèque magnifique. On remarque à Nuremberg un de fes Ponts qui d'une feule arche de treize pieds d'élévation feulement embraffe une étendue de quatre-vingt-dix-huit pieds. Il eft de pierre. L'Empereur a établi dans cette Ville une Société, dite Cofmographique, dont les recherches & les travaux ont pour but la perfefrion de l'Aftronomie Scdeia Géographie. Nuremberg a en outre une Académie célèbre de Peinture. Son Territoire a douze lieues environ de diamètre. Altorf, Univerfité , y eft enclavé. Remarquons , chemin faifant , comma Pefprit Républicain contribue a l'activité Se à la vigueur de courage des Citoyens. Les Villes qui dans l'Empire tiennent le haut-bout , font Francfort > Hambourg, Nuremberg : & Francfort, Hambourg Se Nuremberg font Villes Libres. T iij 438 Gcographit Univ. BAVIERE. D. Quelle eft la pofirion du Cercle de Bavière ? R. Il eft entre la Bohême & le Cercle d'Autriche à l'Orient & au Midi i puis la Franconie & la Suabe à 1 Occident. Elle eft travcrfée par le Danube qui vient de partager la Suabe , & continue enfuitc fa route à travers l'Autriche. D. De quoi eft-il compofé ? R. Les Etats du Duc de Bavière, favoir le Duché & le Palatinat de même nom , celui-ci au Nord, l'autre au Sud du Danube, font la meilleure partie du Cercle de Bavière qui contient en outre le Duché de Neubourg à l'Electeur Palatin , l'Archevêché de Saltzbourg, l'Evêché de Paffaw, enfin la Ville Libre & Impériale de Ratifbonne. D. Quelle eft la Capitale de la Bavière ? R. C'eft Munich (1), Ville con- (1) Munich en latin Monachium [Quafi] 'Monafttrium. Allemagne* 4^ fiderable, & la réfidence ordinaire des Ducs qui y ont un Palais vafte, riche & très - orné (1). Ses autres Villes remarquables font Ingolftad fur Je Danube, la plus forte Place de Bavière, avec une célèbre Univerfité, puis Amberg, Capitale du Haut-Palatinat. % On y trouve encore Straubing, Ville très-bien fortifiée, Donavert aux limites de la Suabe, Tune ôc l'autre fur le Danube, & Frefin-gen, Capitale d'un Evêché Souverain. Neubourg, Capitale du Duché de ce nom, eft une jolie & forte Ville. Elle eft fur le Danube ainfi qu'Hochftet. D. Par où eft remarquable la pe- (1) De ce Palais partent des Galleriea qui traversant & les maifons & les rues au moyen d'Arcades pratiquées à cet eifet, aboutiifent aux principales Eglifes Se Cou-vens. La Ville eft peu forte Se manque de commerce. Les Jéfuites y ont un beau Col- 440 Géographie Univ. tite Ville d'Hochftet, dans le Du. ché de Neubourg ? R. Elle left par la fanglante ex ruineufe bataille qu'y perdirent les François en 1704 contre les Impériaux , commandés par le Prince Eugène & le Duc de Marlborough. ^ Saltzbourg eft une grande ce belle Ville, ainli que PafTaw au confluent de l'Inn ce du Danube. Celle-ci par fes privilèges pourroit être regardée comme une Ville Impériale. Elle eft bâjtie de bois. D. Quelle eft la Ville de Ratif-bonne ? R. Cette Ville qui eft impériale & fituée fur le Danube, eft une des plus belles , des plus riches , ex des principales de ? l'Allemagne. Elle eft connue d'ailleurs par les Diètes de l'Empire qui ont coutume de s'y tenir (1). En Bavière Munich , Ratisbonne 3 Saltzbourg, AmbergjPafTavf, Frcifinguc, Ingolftad Se Neubourg. (1) Ratisbonne [ Quafi ] Waûbus bona t ch. d. endroit propre pour l'abord des bateaux. En Allemand elle fe nomme Rcgepp* burg. AUTRICHE. D. Quel eft.le Cercle d'Autriche? R. Un des plus étendus 6e des plus confidérables de tous. Il renferme cinq pays principaux , qui font, i'Archiduché d'Autriche, ou l'Autriche propre , les Duchés de Stirie , de Carinthie , de Carniole , ce le Comté de Tirol. D. Quelles font fes bornes ? R. Elle a la Bohême au Septentrion , la République de Venife au Midi, la Hongrie à f Orient, puis la Suifîè , 6c la Bavière du côté de l'Occident. D. Quelle partie de ce Cercle occupe l'Autriche propre ? R. Elle en occupe la partie Septentrionale , 6c s'étend le long du Danube (1). ( 1) Ce pays donne le nom à l'ancienne 8c iiluftre Maifon d'Autriche qui portoit d'abord celui d'Hapsbeurg, Se oui dès la T v 4\ai Géographie Univ. D. Quelle en eft la Capitale ? R. C'eft Vienne, qu'on peut encore regarder comme celle de toute l'Allemagne , en ce qu'elle eft la réfidence de l'Empereur. Cette Ville n'eft pas extrêmement grande, mais elle eft belle, riche, & l'une des plus fortes de l'Europe. Le Palais Impérial n'a rien que de fîmple & même de fort commun j mais l'intérieur eft très-orné. fin du XIIIe. fiécle commença adonner des Empereurs à l'Allemagne dans la perfonne de Rodolphe. Elle fut à fon plus haut point d'élévation dans celle de Charles-Quint , qui étoit tout - enfemble Empereur d'Allemagne , Roi d'Efpagne, Souverain des XVII Provinces des Pays-Bas , Maître de la Franche-Comté, d'une parti» de l'Italie Se de plufieurs vaftes & opulentes Contrées du Nouveau-Monde. Dans le partage qu'il fit de fes Etats , il donna l'Efpagne à fon fils Philippe II , Se céda l'Empire à fon frère Ferdinand I, dont les flefcendans en ont été poifeffeurs jufqu'à Charles VI , pere del'Archiducheffe Marie-Therefe, époufe de l'Empereur François de Lorraine > mort en 176*5. Allemagne. 4^ D. Où eft fituée cette Ville ? R. Sur le Danube , non loin des Frontières de Hongrie. D. Quel Siège fameux dans l'hif-toire a-t-elle foutenu ? R. Lan 1683 , elle en foutint un contre les Turcs qui étoient venus l'inveftir avec une armée de deux cens mille hommes , ôc menaçoient l'Empire de fa ruine ; mais ils échouèrent dans leur entreprife, ôc furent entièrement défaits ci). ^ De 1 Autriche font encore Neuftad C/eft-à-dire Ville Nouvelle J ainfi appellée pour avoir été Ci) Parle Roi de Pologne & le Duc de Lorraine Charles V. Plus d'un fiécle auparavant , la Porte Ottomane avoit déjà inutilement efîàyé contre elle fa puilTance ; une armée non moins nombreufeque cette première ayant été obligée d'en lever le fége. La Cathédrale de Vienne eft remarquable par la beauté de Ton Maître Autel & de fon Clocher , Pun des plus hauts de toute l'Allemagne. Les Jéfuites ont quatre maifons dans cette Ville, où les Sciences font cultivées avec foin. T vj 444 Géographie Univ. entièrement renouvellée après plufieurs incendies. Elle eft forte, & a un Château où fe mettent les Pri-fonniers d'Etat. Puis Lintz , Capitale de la Haute-Autriche. font Gratz, Capitale , qui eit belle & très-bien fortifiée , & Inden-bourg qui n'eft guère moins confidérable. La Carinthie , qui , ainfi que la Stirie , a eu fes Ducs particuliers a pour Capitale Clagenfurt , Ville forte ôc régulièrement bâtie ; puis Ponteba partagée en deux Villes par la rivière de Fella , qui en met une en Allemagne ôc l'autre dans l'Etat Vénitien. Les mœurs , les coutumes , la façon de bâtir de l'une ôc de f autre de ces Villes , tient fenfi-blement de la nation dont elle fait partie. Il n'y a pas jufqu'au Pont qui ne participe à cette contrariété : la moitié qui eft du côté du Frioul eft de pierre , ôc 1 autre de bois. Ponteba eft un paffage des Alpes fort fréquenté. Les Villes rAllemagne. 44^ La Capitale de Ja Carniole eft. Laubach , Ville belle & forte ; Go-fice, Place importante auiîi par fa force, eff du même Duché. D. Que fe trouve-t-il dans le Tirol pays montagneux ? R. Il s'y trouve de bonnes mines de cuivre , de mercure, & même d'argent. D. Quelles font les Villes de ce Comté qui a eu fes Seigneurs particuliers ? R. Ce font Infpruck , Capitale, belle & forte Ville , puis Èrixen qui eft à Ton Evêque. D. Où mettez-vous la Ville de Trente ? R. Cette Ville eft au pays d'Italie ; cependant nous devons dans Tordre politique la joindre à f Allemagne , & la regarder comme partie du Tirol , attendu qu'elle députe aux Etats de ce pays , & quelle y fournit fon contingent dans la répartition des impôts. L'E-véque en eft Seigneur fous la protection dé la "Maifon d Autriche, 446 Géographie Univ. ainfi que du pays d'alentour qui forme ce qu'on appelle le Trentin. D. Que remarquez-vous de cette Ville? R. Trente qui eft fur l'Adige , eft ancienne & confidérable \ mais elle eft fur-tout célèbre par le Concile qui s'y eft tenu vers le milieu du fiécle dernier f i). D. Outre les pays que vous venez de nommer, que joignez-vous encore au Cercle d'Autriche ? R. On doit y rapporter la partie de lTftrie jgue poiïéde la Maifon d'Autriche. La Capitale en eft Triefte, Ville de très-grande importance pour l'Empereur , attendu que c'eft le feul Port qu'il ait fur la Méditerranée. Cette Viile eft petite, mais elle devient floriffante de jour en jour par le commerce (i) Dans l'Eglife de Sainte Marie-Majeure, revêtue par-dehors de marbre blanc 3c rouge. Il dura dix-huit ans. Le nom de la Ville dérive de trois ruilfeaux qui des montagnes Yoifines entrent dans la Ville. qu'y occafionne la franchife du % Il y a encore quelque chofe de la Suabe qui fait partie du Cercle d'Autriche : nous en avons parlé en fon lieu. C eft le Brifgaw, les quatre Villes frontières & Confiance. L'Autriche a Vienne, Lintz & Neuftad. La Sciric a Graca, puis Clagcnfurt fe trouve en Carinthie. Dans l'iftrie eft Trieft: Laubach en Carnioll : lûfpruck , Trente, & Brixen font Yilles du Tirol. PAYS ANNEXÉS a l'Allemagne. D. Quels font les pays annexés k l'Allemagne? R. Ce font la Bohême & la Sile-i fie. La Bohême comprend fa Moravie ; & la Silefie la Luface. D. Ces deux Contrées font-elles du Corps Germanique ? il. Non : elles n'en font pas ; quoique pourtant elles faffent partie de l'Allemagne. D. Quelle en eft la raifon ? il. C'eft qu'elles ne contribuent en rien pour les befoins de l'Empire. D. Où font-elles fituées? R. A l'Orient de l'Allemagne , &. confinent à la Hongrie & h la Pologne. Allemagne'. 44^ TTMl— !■.....i !■■„■■......i, 1,.....|,||..........|,...... m BOHÊME. D. A qui appartient la Bohême? R. Ce Royaume qui eft Electif appartient à la Maifon d'Autriche. Outre des mines d'argent, d'étain, Ôc de plomb, on y en trouve aufli de diamans & autres pierres précieufes. L'air n'en eft pas bien fàin. JD. Quelle eft fa pofition? R. Ce doit être un pays très-éle-vé, vu que trois fleuves tels que l'Elbe, l'Oder , ce la Wiftule y ont leur fource, ainfi que quelques autres grandes tivieres. D- Quelle eft la Capitale de la Bohême ? R. C'eft Prague , Ville très-grande ôc ornée de beaux édifices , avec une fameufe Univerfité (1). O) C'eft en cette Ville, fituée furie Muldaw , que vivoit Saint Jean Nepomu-cène , que le Roi MPenceflas fit jetter dans 45o Géographie Univ* D. Quelles font les autres Villes confidérables de la Bohême ? il. Ce font Brinn ôc Olmutz (i) dans la Moravie, dont chacune prétend être la Capitale. Ce font deux belles ce grandes Villes, fur-tout Olmutz. Brinn d'ailleurs eft une Place très-forte. f Remarquez encore dans la Bohême propre Letomeritz, Egra, Pilfen & Giatz. Cette dernière avec le Comté dont elle eft Capitale , appartient au Roi de Prufle. £>. D'où la Moravie tire-t-elle fon nom ? il. De la Morave, la principale de fes rivières. * la rivière, pour n'avoir pas voulu lui révéler la confeffion de la Reine, (i) Prononce? Olmoutz. S IL E S I E. Quel eft le Duché de Silefïe? R, L'un des plus grands & des plus confidérables de l'Europe. Il a cent vingt lieues de long fur quarante de large, & doit être regardé comme un petit Royaume. Le pays d'ailleurs eft des meilleurs & des plus abondans. D. A qui appartient-il ? R. Au Roi de Prufle, à qui il fut cédé en totalité en 1745 , à quelque chofe près qu'y pofféde la Mai-Ion d'Autriche. D. Où eft fituée la Silejfie ? R. Entre la Bohême & la Pologne dont elle a été démembrée il y a quelques fiécles. Elle eft partagée fuivant fa longueur en deux parties égales par le fleuve d'Oder. Une chaîne de Montagnes , dites les Montagnes des Géants, la fépare de la Bohême (1). (1) La Religion Catholique y eft; la do- 452. Géographie Univ. D. De quoi eft-elle compofée > R. De la Silefie propre qu'on divife en haute & baiiè, ôc du Marquifat de Luface que quelques-uns aiment mieux rapporter à la Saxe. JD. A qui appartient la Luface ? R. A l'Ele&eur de Saxe, à la ré-ferve de quelques-unes des Villes de la partie feptentrionale qui font à l'Elecfeur de Brandebourg. D. Quelle efl: la Ville de Bref-law? R. Breflaw, Capitale de toute la Silefie, eft une Ville très-grande , très-belle, fort marchande & fort peuplée. Elle eft fur l'Oder. La Tour de l'Hôtel de Ville , dite la Tour de l'Horloge, paffe pour la plus belle & la plus haute de l'Allemagne (i). minante , fi ce n'eft dans la partie baffe, où. les Habitans font prefquetous Calviniftes ou Luthériens. La liberté de confeience fut une des claufes du Traité de Cefiion. (i) L'Horloge a ceci de particulier qu'à toutes les heures il fait un concert furjre.-» Allemagne. 4^3 D. Quelle eft la Capitale de la Luface ? R. Gorlitz, Ville forte , efl la plus grande & la plus confidérable de tout le Marquilàt. 5 ^es autres Villes de la Silefie font Schweidnitz & Lignitz * celle-ci la plus belle , l'autre la plus grande après Breflaw ; Oppelen, Place forte y Troppaw ou Oppaw dans la partie de la Haute-Silefie qui appartient à la Maifon d'Autriche. Puis dans la Luface , Bautren ou Budiffen , Lauban & Zittaw dans la partie haute, ainfi que Gorlitz. Guben , Luben, Soraw, ôc Cotbus ou Corwitz, font dans la Baffe. Prague en Bohême : Brinn , Olmutx en Moravie i Godiez cil en Luface : Breflaw en Silefie. nant de trompettes & de quelques autres inftrumens. Le Roi de Prufle a confervé à cette Ville fes privilèges, 8c elle afàpro-» pre régence. HONGRIE. JD. Où placez-vous la Hongrie } R. Ce Royaume qui eft héréditaire a la Maifon d'Ar triche , eft entre l'Allemagne à l'Occident, la Pologne au Nord , & le pays du Turc à l'Orient & au Midi. Elle fait partie de ce qu'on appelloit anciennement Pannonie. JD. N'eft-elle pas arrofée par Ie Danube ? R. Oui : le Danube y entre d'Occident en Orient , puis rom- Î>ant tout-à-coup fa courfe, il prend à route du Nord au Sud pour enfui-te, dans la partie méridionale , couler parallèlement a fa première direction , c'eft-k-dire d Occident en Orient. JD. Que remarquez vous de la Hongrie ? R. C'eft un pays abondant en grains, vins, fruits, & autres pro- Allemagne* 4^ duétions ; mais l'air en eft mal fain, ainli que Teau des rivières qui y font en grand nombre & très-poiffon-neules. Ses Habitans ont Tefprit belliqueux , & fontfamiliarifés avec beaucoup de langues, particulièrement avec la latine qui eft fort commune parmi eux. D. Quelle eft l'étendue de ce Royaume ? R. Il a cent quarante lieues du Nord au Sud ; & autant de l'Eft à l'Oueft (1). D. Quelle remarque générale faites-vous fur fes Villes ? R. Elles font prefque toutes très-fortes , attendu que ce pays eft le Boulevard de la Chrétienté contre les Turcs. D. Que comprend la Hongrie ? R. Outre la Hongrie propre divi- (1) Les Hongrois luttèrent long-tems contre les Impériaux pour la défenfe de leur liberté ; mais enfin ils furent obligés de fe foumettre. *u6 Géographie Univ. fée en haute et baffe (i ), elle comprend encore la Tranfilvanie à l'Orient , ce l'Efclavonie au Midi, entre les rivières de Save & de Drave , enfin une partie de la Croatie. D. Quelle en eft la Capitale? R. Bude & Prefbourg s'en disputent le titre. Quelques-uns le donnent à la première pour avoir été la réfidence des Rois de Hongrie , & parce qu'elle eft la plus confidérable Ville de cet Etat, tant par fa grandeur , que fa beauté & fa force : & d'autres aiment mieux reconnoître Prefbourg pour Capitale , en ce qu'on y couronne depuis long-tems les Rois de Hongrie, & qu elle eft la réfidence du v icts roi. D. Où font-elles fituées? R. L'une & l'autre eft fur le Danube ; mais Prefbourg fur les fron- (i) La première vers l'Orient & au-delà du Danube , • Ibid. Itg. 19, Gouverneurs, lif, Gouvernement". Touloufe. 192. Itg. 17 , Bcfançorr, lif. & Befançon. 2ûi. lig. n , qui i'en jonc fuivn , fubltiiuezdeuxpoiflie d celui qui fe trouve eivcct endroit. 114. lig. 2 , à quel , ///auquel. Ibid.Ug. 19, Montserrat, lif. Montferrat. an. lig penult Pjlança , lif. Palença. 2iz Sautaren , lif. Santaren. ijt. lig. 4 , d'ftalie , lij. l'Italie. 2j6. Borgo-San-Domino, lij Borgo-San-Donîno/ 2f8. Breiinas,/// Brchnus. 2«ç. Domo Dofola, lif. Domod'Ofula. 2 88. Felni ,/// Felcri. 301. lig, n , après la victoire , lif. après fa vi&oire^ 301. Malchefe , lif. Marchefc. 30T. Place quarrée de colonnades,/// Place quarre* entourée de colonnades. 311. Qui décore , lij que:décore. 3 i 1. l:g. penult. Candacala , lif. Caudataire. 318. l'g. dern. que telles, lif que de telles. 331, lig. 9 , Ara,/'/ Ara-celi. 331. lig. 11. , Frevi, /// Trevi. 3 M* l'S' * ' Qllc's f°nt 'es monumens, ///. quels foftÇ les monumens anciens. 346. lig. ? , Ftumicino. lif. Fiumicino. 3 ç 3. lig. 16 , Gaftro, lif. Caitro. 3f 9. lig. V , S. Elure , nf. S. Elme. 360. lig. 8 , Reges, lij. Greges. ibid. Itg 17 , Agneno , lif, Agnano. 461. lig. u, Sorfatare, lif- Solfatare. Ibid. Lig. 14 , on en entend , lif. on entend. 3*3* l'g penult. amanique , lif ama:nique. 3tf+- lig. 14. duleffusque, /if. dulcibufque. Itg. 8 , hefiianVum , lif hafiuntium , lig. y , hîc li. hic, //g-. 11, sius, /// ocius, Itg. »3 fit 17# qu* /// que. Vage 374- penult. Montrea», lif. Montréal • 37*. lig $>, l'Epari , lif. Lipati. 380. lig. 7 , Trcmili .///. Trcmiti, 3 8i. Itg. 2.4,, Teflin , lif. Telïn. 383. 11, Ofante ,Uf. Ofame. Itg. 18 , tombeaux , lif. lambeaux. 401. Bcrnebourg , Bernbourg. 407. lig. 14 , Swiin , ///. Swcriu. 41 r. lig. 13, Cherurfques, lif. Cherufqucs. 41 f. lig. 3 , Miude , lif. Mind. 417. lig. 11, Bonnes , lif. Bonn. 423. %• 10 , Hcile d'Àrmftad, lif. Hene-Datmilad, 433. lig. j , feanie , lif. fiance. 439» lig. n , Frclingen , lif. Fieifingcn. 444. Itg S , Indcnboiirg , lif. Judcnbourg, 447. lig. 7 , Frontières, lif Foreltiaes. Mi - l'g. 13 > Bautren ,lif. Bautzcn. Ibid. Cor» is. Uf. Cotwitz. Ibtd. lig. 19 , Gorlitzcft en Luface , /;/. en Luface eft. Gcrlitz* r