VOYAGES E T DECOUVERTES Faites par les Ruffes le long des cotes de la Mtr Glaciak & fur VOcean Oriental, tant vers le Japan que vers YAmsri^ue. ; On y a joint L'll I S T O I R E D U FLEUVE AMUR Ec des pays adjacens, depuis la con-quere des Ruffes; avcc h Nouve/ie Carte qui prelentc ces D£couverres & le cours de I'A-niur, dreffee far des memoires authenciques, publice par 1'Academic des Scicnccs de Sc. Peieribourg, & corrigee en derniei lieu. Ouvrages traduits de TAlleniand de M-: C. P. MÜLLER, P«r C. G, F. Dumas. TOME II. A AMSTERDAM, Chez MARC-MICH KL llKY, M D C C Lxri. Ti:- «O ^ 'ttVi. if 3li ^ • '•'•to'^ r * pO. ■ ^^ t: 1 i ; ; ■ -no> Sr'iiRfjb »«no'ßjhfi iv£q L . n., «»'TO VT £ -- /i < 'I ' x . i... .. . . .. pU "^JiitcijIJ/Vl ua ij3iijbfiij »Dgii.'/^O • ä A A U .-O ?M «AMcra ..J S> "«fcT Ir ä I: ü T M, u ü SV a 'I ^ u K ^fSH .irHDlMO'^IAW s.dD 'S O a PREFACE D E L'A U T E U R. I'Un des prtndpaux but s que j'e ine pre-^ pofe en continuant ce recueil, c'efi de faire connottre aux strangers Us diverfes pieces concernant Thifloire ^ la giographis de rempire nijje, qui fe publient id ršgu-liiremsnt tous les mois en langue ruffe. Comme il efi impoßibk^ dans une telle col-leäion, di^uivre 1'ordre des terns, fai choifiy pour remphi- man J'econd volume , THif-toire du Fleuve Amur & des pays ad-jacens depuis la conquete qu'en avoienS faite les Rulles. Le Leäeur fe Tappelkra que fai deja infers dans mon premier volume (**) une relation de la ville d'Alba-fin & des brouilleries auxquelles etle a donne lieu entre les Chinois & les Ruffes. Cette relation eji tirie de Touvrage extrimement rare ^ precieux du cilebre Bourguemaitre d'Amflerdam, Mr. Nie. WiLlenj/wr la TatarieSepcentrionale & {•) Page 29^ \ 448 du fccond volume de la colledion Alltmande (•*; Page ä & 49^ št 51S du pror «Her volume de ladite colteäion, * Z IV PREFACE DE L'AUTEUR. Orientale: eile efi corrigie ici complettee ä tous cgards; fi jamais m rfimprime h premier volutne de ma colleHion, on pour-ra en Ster la dite relation comme entiiremer.t fuperflue: car les archives que j'ai eu k bon-heur de confulter dans diverfes vilks de Si-birie, £f dont Fextrait fidelc Jert de bajje a I'hifloire que je donne ici da Heuve Amur, tniritent fans contredit plus de creance , que les ricits de fitnpks particuliers, tels que le Bourguemaitre Witfen a pu Je les procurer. En veut-on des preuves"? Les void. JJfez-les attentivement, S f^ious verrez quils fe contredifent fouvent, quijy a p-.ir-cipar-lä des lacunes dans la fuccejjion des ^vene-mens; tandis qu'ici tout eß He,' les diverfes relations dont j'ai fait ufage, y formant une chaine non interrompue d'evenemetii , quife conßrment Tun Yautre. An furplus on pourra aufft purger maintemnt l'hißoi^ re , de la faute qui s'y eß glijjee par un faux alUgui que Hon trouve dans la priface ä la relation frangoife du fejour de Air. le Reß-dent Lange ä la Cour de la Chine (***3, comvie fi Albalin avoit exiße jufquen 1715. , (•••) Journsl de U r^fidence du Sr. L/inge, ^gent de S» Maje/ielmffyiJe äe/.1 Grande-Rvfte « la Cour tit la Chine datit Us aw^ts l-Jil & ä Leirde in 8vo, , , HISTOTRE Du Fleuve Amur & des pays adjacens, depuisja conqueLe des RutTcs, IE Fl^uve Amur^ appelle SachaHn--J U!a par les Manfiures, Helong-Klang ou Chelundfian par les Chinois, & Schilkir, Schilkar oii Silkar par les l'un-gas, a fes fources en-degä des froncie-räs de l'empire rufTe, traverfe une partie de la Tatarie appellee Orientale par ks Chinois, & fe jetie dans l'oceaii par les 53 degres a peu prčs de latitude fep-tentrionale. Comme ce fleuve a fait pendant plufieurs annees partie de Tempire ruffe , on me faura gre, j'efpere, de Thiftoire que je donne ici des eve-nemens qui ont accompagne la conquž-le que ceux- ci en firent, ainfi que dcs remarques gcographiques dont elle fcra parfemee. Je fa is voir dans im autre ouvra-Tom. II, A s* HlSTOIREDU ge que I'Amur etoit appeilč par les anciens Mongals Karamuran, c'eft ä-dire Je fletive noir; itiais qu'il faiic bien fe garder de le confondre avec ie Karamuran de Marc Paul de Fenife; comme d'un autre cote c'eft precifement le meme que Vlkarmuran d'Mulgaft Baadur Chan. II n'efl: pas fi facile peut-etre de faire voir I'origine du nom Amur, que quel-ques-uns, par erreur, čcrivent Taw^r. Les peuples qui demeurent autour de ce fleuvCjpenfent que ce nom vient des RufTes, parce qu'il n'e£l ufice ni parmi eux, ni chez les Chinois, ni chez les Manfiures. Cependaat ü eft für que les Rufles n'ont pas invence ce nom, iU n'onc faic que le perpetuer tel qu'ils I'ap-prirent en dccouvrant pour la premiere fcis cetce contree. 11 fe peut que & * Dans YHi^oire de Sihirii L, I. chap- i-^p^ compolee 6c publice p^r ,Mr. MuiUr Ami les volumes 6 & 8 de fa colkčlion alletnandc. On en mcctra la traduflion frrjii^oire jour, lorfqiie Ic favarit ProfefTcur aura public fa Carte eeiicralc de la Sibiric. cc nom n'etoit ufite a1ors que dans im certain diftričl:, & que les Ruffes Te-tendirent fur tout le cours du fleuve. Car felon I'ufage ruffe ie nom d'Mur commence au confluent de Y^rgiin & du Schilka : & ce dernier porte le fien apres I'union de deux autres rivieres, de VOnon & de Vingoda. Les premiers avis de cc fleuve furcnt apportes ä Tomsk par des Cofaques du lieu, qu'on en avoit depeches en 1635 vers la riviere d'Aldan pour rendre tri-butaires les peuples d'alentour. Quel-ques-uns d'entre eux fe rendirent en 1639 vers la riviere A'Ulja^ qui fe decharge dans la mer d'Ochotzk , & bati-rent ä foa embouchure la premiere Si-mowie * ou ils re^urent le tribuC. Lä ils virent des Tungus de la riviere čiVd, qui leur apprirent qu'ils etoient en commerce avec unpeuple, qui, ayant des demeures fixes pres des rivieres de IJchia & de Silkar ^ s'appliquoit ä I'agri-culture ; & qu'ils troquoient avec ce * Tafajchjiit Zmovjye. A 2 4 II I s T o I R E D ü peuple Icurs fourrures contre clu bled. Qu int au TJchia^ que les RufTes appel-lent Seia ^ on Sia (les Tungus difenc Dfchi) ils le decrivirenc comme tombanc dans !e Silkar, celui-ci comme fe jet-tanc dans VJmur, & ce dernier enfin fe dechargeant dans la grande mcr. lis nommirent aufFi une riviere Ovmt (peut-etre j^mguTi')difmt qu'il demeuroitla des Tungus qui commerjoienc avcc un pen-pie nomme Katknniy tirabli vers le bas yJimr, & parhnt fa propre langiie: qo'ils apportoient la leurs pelleteries, & rapportoient en echange de I'argent, des thaudrons de cuivre, comme auili des coraux de vcrre & diverfes etofes de foie & de laine: que cependanc les Natkanis ne fabriquoient pas eux memes ces chofes, mais les recevoient d'ail-leurs. Alamur etoit, felon ces memes Tungus Udskis , le nom d'une riviere , pres de laquelle demeuroient des gens qui cuUivoient la terrc , nourriffuient du bitail, diflilloient de I'eau-de-vie, & portoient par i'^mur dc Ja faring aux K-tkanis. Environ dans le meme tems on euc auffi quelque connoifTance da haat tiu/r, pRr des Cofaques envoyes en 1Ö39 de Jeniftisk vers la riviere de Wulm. Ceiix- cirapporterent que la contree da , ou , comme on rappelloit dans ce tems-la, du Schilha, etoic ha-bitee par un peuple nomme Daun, ri-clie en betail, ik appiiqae auffi ä la culture des terres: qu'un Prince Daure, nomme Limkai, demeuroit au confluent de VUra ( Urka) & du SchUka: que dans cette contree on trouvolt dans la terre de I'argenc de mine , que les Princes Daures faifoienc fondre , & qu'ils tro-quoient contre des pelleteries; qu'ils re-vendoient celles-ci aux Chinois, qui leur fournilToienc en echange des etoffes de foie, & diverfes autres marchandifes, Peu de tems apros que ces avis fa* rent parvenus, la ville de Jakntzk re-fut Ton premier Woewode en la perfon-ne du Stolnik * Pierre Petrowitfcb Golo* Offider qui mcttok Ics plats Tur !a table du Gz^r. A 3 C HlSTOlRE DU tym. Cette place , bätie depuis pea d'annöes reulemenc, avoic cite jufqiie lä de h dependance de Jenifeisk fous lü nom d'Ollrog Sitöt que le nouveau Gouverneur eut entendu parier du lleu-ve /itnur, il pric la rcfolution d'y en-voyer a la dccouverte. Je ne dirai rien du detacheraent qui eut ordre de re-monter la riviere de IVittim, parce que fes reclicrclies ne produifirent ritn. Mais cclui qui penecra par la riviere či'Aldan dans its hautes contrees de celic du Seia, merite notre acieniion par la raifon contraire; & fes decouvertes fervent encore aujourd'hui ä repandre quelqiie lumiere far la geographic de ces regions - la. IVafiki Pojarkm (c'eO: ainfi que fe nomraoit le chef de ce dernier decache-ment) partit de Jakutzk le 15 Juillec 3Ö43, ä la tete de 132 hommes, la pliiparc Promyfchlenis *, & arriva par * On appelle ainfi les gens qui vont de Ruffie eo Sibirip, chaffcc des Zibdinesj oü faire quel- YJ'ihn en 4 femaines fiir la riviere 6'Utfchur^ que les guides Tungus !ui indiquerent comtiie Celle qui le condui-roic vers les lieux qu'il cherchoit. De YUtJchur il antra au bout de 10 jours de navigation dans le Gomm. Celui-ci Te trouva avoir fi peu de fond & rant de cataraftes, qu'apres 5 femaincs de navigativon on -defefpera, ä caufe de I'hiver qui etoit proche , d'atteindre la conEtee 011 Ton devoit aller par cerre aa Sff«.- -f^oj/itkeia fut done contraint de faire halte au Gmam, de bätir la une Simowie, & d'y paffer une partie de l'hiver. De ce Heu il reftoit encore 6 Tournees ä faire jufqu'au ruilTeau de Nnjemka qui entre dans le Conam ; & Ton devoit encore marcher pendant quelque terns vers le haut de ce ruifleau jufqu'aux möntagnes qui feparenc les eaux courantes qui vont groffir VAldan de Celles qui coulent dans le Sita. Pojar-hon) employs done le relle de I'hiver ä qu'auErc courfe profitable, comme dalkr tnfc quct avec les peuples eloignis öc«, A 4 poiirfuivre Ta route par terre; & enfin, apres 3 femaines de marche entre Sud-Ell: či Sud, il arrlva fur les bords de la riviere de Briamla, qui venant dii cote de I'Ouelt, va fe rcndre dans le Scia. Le cours du Briatida, maJgre Tes tours cSc detours, liii fervit de guide pendant trois femaines päur traverler, fans crainte de s'lfgarer, ce dedaJe de montagnes entrecoiip^es de rivieres. Enfin il atteignit le S^ia. Voici com-me il a lui-raeme note I'ordre des rivieres qui encrent dans le Seia. I. Le Erianda, dont on vient de parier. a. CT^n autre Bncsnda, ä 2 journe'es du premier. 3. Lc Gihii, ä 2 journees du prär cedent. 4. L'Ur, k 4 journdes du Gilui. 5. VUmlekany k 3 journees del'C/r- Toutes ces rivieres viennenc de .I'Ouefl:. Dans les . environs du fecond Bncenda & de VUr demeuroient desTun-gus; ceux du, Bristida Qoutriffoient des rea- rennes , & csux de \'Ur d'aiures bef-tiaux. 11 irouva auffi ä l'embouchure de rUmkkan des Daures, qui vivoient de Tagriculture & de leur betail. Cela l'engagea ä y faire hake. Car quoi-qu il eat avec lui la plus grande partie de fon monde, il ne s'ctoit charge que de peu de vivres, dans l'efperance d'ea trouver chez ies Daures. Le refle de fes gens avoic ordre de le fuivre vers le princems, par eau s'il ecoit poffible; comme auffi ils firent: mais en attendant Pojarko'iM paya eher, par la difette qu'il foufFrit , I'iraprudence qu'il avoic eue de fe hazarder dans un pays in-connu fans provifions fufBfantes. II ell vrai qu'au commencement Po-jarko-w fuE Eres ■ bien accueilli de ces pEuples. Les princes Daures de cette concrce vinrent le trouver avec des pre-fens. II en vint auffi un de chez les DutfcheriSy peuple du bas Aucun- de ces princes ne fit difficuke de repon-dre aux queftions qui leur furent faiceS' concernaot le pays. Mais rufage.gue-As les Rufles prctendoicnt faire des lumie-les qta'ils recevoient lä-deffiis, n'dtoit Jiullemenc du goöt de ces peuples. Vo-jarhix) vouloit faire des conquetes a-Tant que d'etre en etat de les entre-prendre avec fucces ou de les mainte-Hir. Cela fit qu'on ne'lui apporta plus lien. Bientöt fa troupe manqua du nd-ceffaire. Pres de cinquante horames moururent de faim : les autres confer-verent leur vie avec bien de la peine, en fe nourriflant d'ecorces d'arbre meines d'un peu de farine, & de quelques racines & herbes fauvages qu'ils al-loient chercher. En aitendant void ce que Fojarko'üii avoit appris en queflionnant tantot Tun tantöc l'autre. A la diilance de 6 fe-jnaines de marche de la riviere d'Umle-kan, demeuroic un Chan nomme Bor-boi, dans une ville entouree de muraiU les de bois, & munie d'un rempart. Ce Prince afpiroic ä dominer fur toutea les regions qui confinoient a fes ctats: malgre fes efforts pour etendre fon autorite, les peuples qui demeu-roientlelong duÄ's/fl, du Schilka & de V Amur, n'avoienc pas voulu jufqu'alors la reconnoitre g6neralemenc. Souvent il envoyolt contre les reveches des partis de 2 ä 3 mille hommes. Les vain-cus devoienc livrer des otages, dont le Chan avoit deja grand nombre en fon poLivoir. Les armes du Chan & de fes troupes etoient non feulement des arcs & des fieches, mais aufli des mouf-quets , & dans fa r^fidence il avoit du canon. Les nations foumifes lui payoient Je tribut en zibelines. On pouvoit aufTi troquer chez lui de ces memes peuux contre des marchandifes , telles que de la vaifTelle d'argent, d'e-taim & de cuivre, & des etoffes de foLe & de coton, que le Chan recevoit desChinois, qui prenoient en echange de fes zibelines. Par cetrafic le Chan s'etoit enrichi confiderablemenc; outre que fon ^tat etoic riche par lui-meme en betail & en bled, dont on diftiHoic de Veau-de-vic. La langue qu'on p:tr* A 6 loit chez le Chan, ecoit tellement difference de ceile qu'on parloit le long du Seta, que les uns & les autres avoient befoin de truchement pour s'entendre, A Tetnbouchure de la riviere de Selim-da, qui venant de TEfl fe dechar-geoit dans k Sim ä 4 journees de rUm-lekan, ^toic un Fort, ou Oftrog , habite par des Daures, nomme Moldikitfchid. Doduwa etoit le nom d'un autre Oflrog Daure, fitue au iieu oü le Schilka en-troit ditns le Seia. Le Prince Lavikai demeuroit vers le haut du Schilka. Chez celui-ci fleurifToit Tagricukurej & les bleds qu'il avoit de trop, il ies "cnvoyoit par eauau pays des Mongais, oil on lui donnoic du hetail en paye-ment &c. Tels etoient ies avis que Pojarkow avoit fu fe procurer. Nous alloni ä pr^.-fent le fuivre dans fa marche, qu'il con-tinna enfin ä I'aide de la riviere; &nous indiquerons avec foin, les lieux devant lefquels il paffa en la defcendant, pour coatribucr,autant qu'il nous cUpoflible, d etendre le peu de connoiflances gžo-graphiqiies qii'oii a de ces contrees - la. L'embouchure dü.ScHmda cfl le premier lieu que Pojarkovv ä du paßer fur le Seiä, quoiqu'il n'en dife rien. Trois jours apres Ton depart de l'Umlekan, il arriva. devanc un Oflrog Daure ä l'embouchure du ruifTeau de Gogul-Kurgu qui vien: de TEfl fe jetter dans le Seia, De lä il vint en un jour ä Temboucbure de ia riviere de Tma, qui coule aulTi de l'EIl au Seia. Le cinquieme jour il atr teignit un Oftrog Daure nomme Baldat^ fchln-, & au bout du fixieme jour il fe trouva a J'erabouchure du Seia-meme. Hors des OHrogs il.y avoit äufll partout beaucoup de Daures, qui cultivoient les champs arkoto , jiifqu'ä IVjHHr. Jufque-lä, & raeme encore ä 4 journeys en fui-rant VUfuri^ deineuroient Jes Dutßht- Tis. Apres ceux-d venoicnc les Natkii^ aucre nation, & enfin les Gilictkis^ qui tenoient le bas de V Amur jiifqu'ä la mer. Pojarkow employa deux femaines ä c3-toycr les terres de chacune de ces nations. NuUe d'entre elles n'etoit encore tributaire d'aucune puiflance. Les Gilieques etoienc maitres auffi des lies de la mer, & fe nourriflbient de la peche. C'eft ainfi que fe pafla le deuxie-me ece depuis le commencement da voyage, & Pojarkova pafTa I'hiver ä I'em-bouchure de V/ltnur parmi les Gilieeques, qu'il foumit en meme terns ä payer tribut ä I'empire ruffe. A cet eflfet il re-jui: leurs otag-es, qui] emmena avec lui ä Jakntzk, cotnme auGTi 12 ziramers * & 1Ö pelifTes entieres de fable. On pourrojt etre furpris de ces pelifles de fable chez des gens que les Chinois ap-pellent Tupitatfe ^ c'eft-a-dire converts de peaux de poiffons. En effet ils portent des habits de peaux de poiffons; inais en it6 feulemcnc. En hiver ils * 4S0 pcaux. ne fauroient fe pafTer de pelifies, non plus que les autres peiiples. Or com-me dans ces tems - lä ils n'etoienc encore aflujetiis a auciine puiflance ecrange-re, qui eüc pu ietir enlever leurs fables par forme de tribut, il n'efl: pas econ-nant, qu'entre autres fourrures ils por-tafTenc aufTi des pelifles de fable. Les Ruffes ne s'en retournerent pas par la m^me route qii'ils avoient tentie en allant. 11 euc e:e trop penible de remoncer les rivieres, & trop dange-reiix de Tentreprendre avec le peu de monde qui reftoic. Pojarkow fe deter-mina done ä prendre fon chemin par mer le long des cöces, jufqu'ä la riviere d'Ulja, done il avoit eu connoilTan-ce par les rapports des Cofaques de Tomsk^ done nous avons parle ci-de>^ vant. All bout de 12 femaines il at-tcignit YUlja, pres duquel il ecablic fon troifieroe quartier d'hiver. En fin il fut de retour ä Jakutzk le 12 Juin 1Č4.6 , plein. d'efpü ranee, qu'on reduiroit im-manquablenient tout le cours du Schilka & de VAmnr fous l'obeiflance des Ruffes , pourvu qu'oa voulüt y employer 300 hommes, bätir trois Oftrogs fur les terres des Daarej & des Dutfcheris faire garder chacun par 50 homraej, & employer les 150 hommes rcftants ä battre la campagne pour concenir ces peuples dans le devoir. Selon lui il n'y avoit pas beaucoup de refiftance 3 craindre de kur part, & d'ua autre c6te on pouvoit etre für de trouvcr chez eux toutes fortes de vivres en abondaace. . Bientöt ces fortes d'estreprifes de-vinrent plus fadles. Des Promyfchlenis y occupes en 1647 ä la chaHe des zibeli-nes vers la riviere d'Olekma, decouvri-rent une noiivelle route, par laquellc , en partant du Tugir , riviere qui combe dans Celle d'Olekma^ & paflTunt enfiiite les monts qui feparent les rivieres qui coulenc au fleuve Una, d'avec Celles qui vont fe rendre ä VJmur, on venoic a une riviere nommee Ui ka , fur laquel-le on pouvoit defcendie jiifque dans l8 llrSTOIRE DU VAmiir. Ce cliemin avoit l'avantagc für celili de Po/af ^öiM .d'itre plus court, & en meme tems de cohduire plus di-rečlement au but qu'on fe propofoit dans ce tems-lä. Car les Ru/Tes en vouloient furtout ä la contr^e du haue-^mur, oü demeuroit le prince Lawkai ^ tiont on leur avoit tanc vant6 les ri-che/Tes. La meme annee, 1647, on envoya im d^tachement de Jakutzk ä la riviere tie Tugir^ pour y bätir un Oflrog, ou du moins une Simowie bien fortifiee, & pour rendre tributaires les Tungus des environs. Quelques Cofaques, pro-ficant de I'occafion, fe tranfporterent de la fur VAmur en paflant les monts, & rapporterent des relations circonftan-ciees & fures de ce fleuve. Uii Pro-myfchleni leur avoit facilite Tentrepri-fe. n ^toit alle ä la chafie des zibe-lines I'hiver d'auparavant, & arrive au pied feptentrional des moncagnes, il y avoic bäti une Simowie. C'eft dela que les Cofaques fe rendirent avec des nartes * legeres au confluent de deux ruiffeaux, qui fortnent en cet eu-droit k riviere d'Urka. lis I'entendi-rent nommer Ura , la raefurerent, & trouverent quelle etoit navigable partout. Apres cela ils marcherent juf-qu'a IV/niHr, evicant foigneufement le» demeures des Daures , aiixquels ils n'euffent pu tenir tete ä caufe de leur petit nocnbre. Arrives fur le bord de ce flcuve ä une demi-journee de I'em-bouchiire de VUtka, ils virent un ra.-deau attache au rivage. Un Tungus qu'ils avoient avec eux, leur apprit que ceux du hzut-Scbilka defcendoient efl automne fur de teis radeaux dans VA-mur, pour venir ici achetter des grains du prince Lawkai: qu'ils amenoient auffi leurs chevaux avec eux fur ces memes radeaux, pour s'en fervir au retour lorfque les rivieres etoient gelees. Le meme Tungus leur die, qu'un hom-rne ä cheval pouvoic aller dans un jour * Pedes tralneaux, dont ils fc fcrveat pour ti-rcr kurs proviCons, 20 H I S T O I R E D V de Terabouchure de 1'Urka i la demeu-re de Laivkai: & que ce!le-ci 6toic au-deilus d^ rOldehn, autre riviere , de-puis lemboLichure de laquelle on poa-voit dejä la voir. Mais les Cofaques n'oferent fe hazirder d'y aller. Iis nie-furerenc la largeur de V^mur , & la troui'eren: de 200 braffes, fans compter fes rives bafles. Tout lä lit de ce fleuve , d'une rive haute ä I'autre , tel qu'il fe trouve lors de la crue des eaux au printems , fut eflime de 500 brafles. En s'en retournant ils firent des entail-les aui arbres tout le long du chemin pour guider ceux qui viendroient apres eux: raoyen aflarement le meilleur pour tracer une route dans ces contrees couvertes de bois. Apres cette decouverte on elTaya tout de bon d'incorporer ä I'empire ruffe le flauve A:nur avec les pays ad-jacens, & ds rendre tributaires les nations qui les occupoient. En pareil cas les Promyfchienis furent toujours en Sibirie les avant-coureurs des Cofaques^ II en fut de meme ici. En 164.0 Woewode Dmitri Andreeixi fin-Fransbekov} .^tant en route pour ^akutzk & palTant I'hiver ä JUmsk, un Promyfchleni natif de Sol'wytfchegotzkaia , ■ nomtne JČTofei Chabarow., fe prefenta ä lui, avec offre de conduire ä fes propres depens 150 hommes, ou autant qu'i! en pourroit engager, vers le fletive Jmur, & de les y faire fubfuler. II ne dcmandoit que d'etre aucorife ä cela, ne doiuant pas de reLifür ä rendre ttibutaires les Dau-res, & promettanc de livrer le tribut ä Jahitzk. Sur cela il re9Ut fes inftriic-tions du Woewode ie 6 Mars de la meme annee. Ce dernier lui donna quelques Cofaques. Tout le refte de la troupe n'etoit compofe que de volontaires. Le nombre de ceux-ci n'alloit pas a plus de 70 en partant; mais Chabaroix) comptoic qu'il s'accrottroit dans la fui-te : & cela arriva comme il Tavoit prevu. Le premier ete, trop avanc^, ne permit pas k Chabarow de poufler au- de-li de Vembouchure du Tugh. II en repartit ä pie le 18 Janvier 1650 en remontant le Tngir, traverfa les montagnes & arriva au bord de YAmnr, Le prince Laiskai, ayant eu vent de cette expedition, s'^coit deja retire avec les fiens; enforte que ChabaroDt ne trouva partout que des maifons defertes. Au lieu d'un chateau de Lawkaiy il en trouva encore quarre k la diftance cantot d'une journee, tan-tot d'une demi-journee feulement, & tout-ä-fait feniblables entre eux, fans que Tun fut plus beau que l'autre. Car quoique ce Laiiokai fut le plus re-nomme des princes de ces contrces, fes freres & fes parens, ä qui les au-tres places appartenoient , n'etoient pas moins confideres que lui chez leur nation. Chabaroiv appeiloit ces en-droits des villes: i| Jeur faifoit bien de I'honneur. C'etoient proprement les refidences des princes, appropriees en meme terns ä fervir de retraite aux iiabitans des environs en cas d'atta- que. Les fortifications confifloient en murailles de bois, flanqiiees de 4 ä 5 tours, & entourees de hauts remparts & de fofles profonds. S^ous les tours on remarqua de petites porces, praci-quees pour faire des forties, & des iffues cachees pour fe rendre au fleuve. Au dedans de la place e-toient de grandes maifons de bois, ä un appartement, avec des fenetres de papier , dans chacune desquelles 50 3 60 perfonnes pouvoient an cas de befoin fe mettre ä couvert. Chabaro-Tv pafFa la pr£;miere & la fe. conde de ces petites villes fans s'y arreter, parce qu'il efperoic trouver des gens qu'il pQt garder en otages pour fa furei^ j mais ä la troifieine il refolut d'y prendre pofte. A peine s'y fut-il ecabli, que i'on vit arriver 5 homtnes i cheval, qui entrerent en pQuripatl^ri avec les ^gacdes .avancees, Ghabaro5\} ordpnna a Tinterprete Tungas 'qiu'il;;avoit avec lui, de leur de-mand^r qui, iis ecoient. Le plus ap« parent de la troupe, qui 'dcoic un vieillardi, r^pondit qu'il etoic le prince Lawkai: que deux des autrcs e-toient fes freres , Ic troifieme fon geo-dre, & le quacrieme I'un de fes fervi-teurs: qu'üs avoient eu avis de Tap. proche des RufTes, & que cela les a-voit engages ä prendre la fuite: qu'ils venoicnt ä - prcfenc pour-favoir dans quelle vue les RufTes s'emparoient de leurs demeures. On lui repondit que toute 1.1 cotnpagnie ne confiftoi: qu'en Promyfchlenis, qui ne cherchoient qu'ä trafiquer. Non , reparcit La-vskai, vous ne m'en fercz pas accroire; je vous connois vous autres Cofüques; im de vos camarades a ete ici, & nous a appris, que vous vienJriez ici au nom-bre de 500, & qu'un plus grand nom-bre encore vous fuivroit; que vous Toulez nous tuer, vous emparcr de nos biens, & reduire i I'tfclavage nos femmes & nos enfans: c'eft ce qui nous a engages ä nous mtttre ea furete. On les alTura du contraire; & & que ce n'ecoit nulleinenc la coutu-me des Ruffes de. commettre des cruautes: que tout au plus on leur de-manderoit le tribut, en confideradon duquel i!s devoient s'attendre aux bonnes graces de Sa Maj. Czarienne, & ä fa puiflante proteÖion contre leurs ennemis. Sur cela les freres & le gendre de Lawkai prirent la parole & dirent, que fi on ne leur demandoic que le tribut , il y auroit moyen de s'accommoder. Mais Lawkai parut incertain, & tous difparurent bientoc du cote par oü ils etoient venus. Cependant -on efpdroit encore de gagner la confiance de ces gens, ü ron pouvoit les rejoindre. Pour cet ■effet Chabarozv fi; depeclia de les fui-vre, mais envain. On ne trouva que •les deux autres petites villes dont nous avons fait mention. Dans la derniere etoit refle une vieille femme , qui fe difoit !a focur, de Lawkat, ajou-tanc qu'elle avoit ece prifonniere chez 'le prince Bogdoi, & que fon frere I'a-Tom. IL B voit rachet^e. CcBogdoi^ difoic-elle, etoit un prince riche & puiflant, ä qui tous les Daures de fon voitinage devoient hommage & foumiiTlori : il niangeoit & buvoi: dans de la vaifTelle d'or & d'argent: il avoic des canons & d'autres armes ä feu: fes gens fe fer-voienc aiiffi de fabres, d'arcs & de Heches: fa r«ifidence etoit fortifiee d'uri rempart de terra : on y voyoit des boii-tiques de marchands, oü etoient eta-lees routes fortes de chofes precieii-fes: la riviere de iS'on (iVrtu«) pafibic devant, & fe decliargeoic (par Je moyen du Schmgal) dans VJmur. II y avoit, continuoit-eile, un beaucoup plus grand prince encore, favoir le Chan, ä qui le meme devoit o- bsir. Tous ces avis n'ont, ce me femble, pas bsfoin d'eclairciflement: car on voit que ce ne pouvoit etre que le Chan des Manfiures, qui peu auparavant avoit conquis la Chine, & qui venoit de commencer a etendre auffi fon empire de ce cote-ci par I'Of- ficier qui commandoit de fa part fur la riviere de Nann. La premiere villette de Lawkai parut la mieux fortifiee de toutes. Elle a-voit outre cela I'avantage d'etre le plus ä la portee de ceux qui alloienc ä la riviere de Tugir , ou qui en venoient. C'efl; pourquoi Chaharovi y ramena fes gens au commencement du grand care-me *. On y decouvrit des puits, ou les Daures avoient cache tout le bled qu'ils n'avoient pu empörter. h'Jvmr oiFroit du poilTon en abondance. On. ne pouvoit fouhaitter un terrain plus fertile & plus propre ä Tagricukure. II etoic enirecoupe d'epaifics forets, qui fervoient de retraite aui plus belles zi- • Les Ruffes, dans kur religion, one beaucoup plus de jeünes qje ks cathoHques romains, & Icur abltinence eft auffi plus rigoureufe. Outre le tnercrcdi & Ic vendredi de chaquc femiinc, qui font Icurs jours de jciine ordinaires, i!s one plufieurs carfemcs dans I'annee, dont le grand dure 8 Temaines & finit ä PAques. Ceft celui dont il eft queftion ici. V. Bufching gsogr. T. J. part. 2. Introd. ä I'Emp. rvjß, §. 8, B 2 belines & ä d'autrcs beces faiives eignes de Tattention deschafieurs. Mais le moyeti de garder im fi bon pays a-vec fi pcu de forces ? Ceite reflexion determina Chabarow ä fe rendre a Ja-hazk avec une petite fiilte. 11 y arriva le 20 May 1050, & fat fi bien faire go(iter fes propoficions, que le Woe-wode lui donna 21 Cofaques, & per-liiifTion d'emmener avec lui tout autanc d'avancuriers qu'il s'en prefcnieroic. Auflit6t il y eut 117 rromyfchlenis qui ie joignirent ii lui: & fans perte dc tems il condiiifit cette noiivelle troa-pe ä VJmur. II n'efl pas dit quand il y arriva ; mais i! eft probable que cs ne fut qii'au printems de I'annee 1651. ■En attendant, les gens qu'il y avoic laiiles auoient re^u ie tribut pour cette ineme annec de pUifieurs Tungus de la contrec. lis I'envoyerent k J^akiitzk avec des montres de la recolte de .bled qu'ils avoient faite ä \'/lmw; &. le t-oi!t fut t nvoye a Mofcou. Immediacem-ent apres ccci, les me- moires done je rends compte font mention du lieu d'/Jlbqfin , qui devint dans la fuite le chef- lieu des etablnTemens ruiles fur V/iiiiur. A ce fujct il faut remarquer que ce nom vient de celui ä'yJlbafa prince Daure, contemporain de Lavikai, qui demeuroit la. Sa pofi-tion iDoncre aflez evi Jemmenc, que ce fuc la troifieme des petires villes Lawkaies dent nous avons parle plus haut. La carte generale de la 'I'atarie chinoife, d^DS Duhaldc, place une riviere, nommee Jakfa,, la - meme oil JJbafin etoit fitue. Mais ce qu'il y a de für, c'efl que, du moins de nos jours, il n'y a point de riviere. La plus voiflne efl celle d''Emi:r, ou d'K-viuli fuivant la prononciation chinoi-fe, qui entre dans Y/hmir ä 2 v^erftes Sad au-delToLis d'Albafin, & qui pour cetce raifon a ete appellee Maficba par les Rufles. Cependant le nom memc de n'efl pas fans realitc. C'efl ainfi qu'autrefois les Chinois & les ManGures appelloient la ville meme B 3 30 H I s T o 1 R E Dr d'Maßn; & üs donnent encore cc nom i ]a place deferce oü la ville dcoit fituee. Quant aux autrcs petitcs villcs de Lawkaif il faut que Chabarow Ics ait detruites , puifqu il n'en eft plus fait mention dans la fuite. Ce qui con-firme cctte opinion, c'efl: que dans les annees fuivantes plufieurs aiitres phices ^prouverent le memc fort. Conftruitcs d'abord par les Daurcs pour etre en fClretc contre Ics Matifiuns, elles paru-rent fans doute trop foibles ä I'arrivee des Rußes. Aiifli lifons-nous que divers princes Daures mirent eux-meines le feu ä leurs villes ä I'approche des Rafles, & chercherent leur falut dans la fuitc. Lc e Juin 1(551 Chabaro'do, avec tous fes gens, partit d'^/Afl^ji en defcendant fur plufieurs bitimens tant grands que petits. Ses exploits dans cecte expedition pourroient parokre incroya-t>les, eu egard au peu de monde qu'il avoir avec lul, s'ils n'etoient lous attef-d'une maniere irrevocable. Au bout de deux jours de navigation, il aborda ä une ville dv^s Daures brulee. il I'appella Dafmihvi gorod, du nom du prince Dafaul ä qui elle avoic apparte-mi. Comme i! n'y trouva ame vivante, il ne s y arreta pas. II en fuc de meme ]e jour fuivant de deux autres endroits, oil ion vit des cabanes dont les habi-tans, i Tapproche des Ruffes, avoienc pris la fuite. A foleil couchanc on fe trouva pres d'une forterefTe fepa-ree en trois par des parois mitoyen-nes. Elle appartenoit ä trois princes, Gugudar, Olgamfa & Lotodim^ qui ve-noient de ia conftruire tout r^cerament, dans la r^foliition de s'y defendre con-tre les Ruffes. Les fortifications confi-ftoient en revetemens de bois, dont les dedans etoient combles de terre, & le defTus couvert de terre glaife. On ne voyoit point de portes, Le tout etoit entoure de fofles, dans lefquels on def-cendoit par des ilTues mafquees. Les princes penfoient 6tre en etat, avec leurs gens & 50 foldats qu'ils avoient B 4 aiipres d'eiix, d'cmpeclicr la defcentc des Rulles. Mais 20 hommes etanc tombes morts ä la premiere decharge tie ceiix-d , les Daures fe jectercnt dans JcLir forterelTe, & les Chinois fe tire-rent ä l'ecarc & demeurerent tranquilks fpeaateurs du refle de l'affaire. AuÜi-tüt Chabarow prepara tout pour l'atta-que. Avant que de la commencer il fit exliorter les Daures a fe rendre; mais le prince Giiguday rejetca la propofnion a-vec hautcur. Les Daures decochcrenc tant de fleches du haue des tours de leur triple forterefle, quelaterre en e-toit h^rifTee comme un champ de bicd. Les RufiTes fe fervirent mieux de leurs armes ä feu ; & comme Iis avoient amene 3 pieces de canon, ils fircnt pendant la nuic breche ä une des tours , par laquelle ils monterent ä Taf-iaut au point du jour, & fe rtndirent maicres de la premiere divifion. Vers löidi les Daures furenc auffi forces dans la feconde. Quelques - uns gagnerent champs : les aucres cinrenc ferme dans dans la troifieme divifion, fans vouloir entendre parier de fe rendre. On en vint aiix mains avec eux, & tout ce qui refifta fut maflTacre. On conipta 2 14 Daures mons dans les deux premieres divifions, & 427 dans la troir fieme. Si Ton ajoüte ä ces deux nom--bres les 20 hommes tues fur le rivage^ on aura la fomme de 661, ä quöi fe montoit la perce de I'ennemi. Les Ruffes, de leur cöte,n'avoient que 4 morts, & 45 blefles legerement. Le butin que firent les Ruffes conhfloit en 243 fctn-mes & filies, J j8 enfans, 237 chevauy, 113 tant boeufs que vaches, que les Djufes avoient mis ä couvert dans des fouterrains. Une fi bonne capture fit que Vhabarow fejourna iix fenuines ici. On qudlionna les prifonniers fur ce que les Chinois etöient ven us faire lä; ik pourqiioi ils n avoient pas pris la de-fenfe des Daures ? Its repondirtnt, que c'etoit des gens envoy^s par le ScMm-fckakan * pour lever le tribut; qu'üs • Cetoit le Chan de la Chine, B 5 54 II I stoike DU apporcoient en meme tcms des mar-chandifes avec eux, pour en trafiqucr avec les Daures; qu'il y avoit toujours id un de ces partis de jo hommes, qui y reflioit jufqa'ä ce qii'iin autre vint le relever ; que le prince Gitguilar leiir ayant demands fecours, lis avoient re-pondu que leur Schamfchakan ne leur avoit point ordonne de fe battre contre les Ruffes. Le lendemain un oiFicier chinois vint dans la forterefTe, habil-Jč.d-une robe de feie, & portant fur la tece une bonnet dc fable-. 11 aborda fott refpeflueufement les Ruffes, qui kie leur cote repondirent comme ils de-voient k fes civilices. II paria beau-coup; mais faute d'interprete on ne ^ut s'entendre. Tout ce qu'on fut par ■les femmes prifonnieres, ce fut que les Chinois defiroiönt de vivre en paix & tonne intelligence avec les Ruffes. Pendant le fejour que fit Chabaro^ ž '^ugudtire'Vi}-goi-od il depecha quelques * C'eft ainfi qu'il nomtna la place qu'il vc-aoit de conquclrir. pdfonniers , avec ordre d'inviter de fa part les princes Daures de la contree a fe foumettre ä I'empire ruJTe & ä payer le tribut. Les noms de ces princes etoient BanbuJai ^ Scbilginei, & Albaja, Mais aucun de ces cxpres ne revenant, Cbabarov} fe rembarqua le 20 Juillet, emmenaat avec lui les meil-leurs chevaux pour s'en fervir dans I'oc-Gafion. Le jour fuivant il arriva ä Bati' bulaiem ■ gorod. La place etoic deferte, Banhulai I'ayant abandonnee avec touc ion peuple. On envoya de tous c6tej des partis, pour s'informer s'ii n'etoit point refle quelque part des habitans. Par les prifonniers qu'ils firent, on apprit qu'il y avoic des ^ens etablis ä roppofue de i'embouchure du Sšia, dont le prince fe nommoit Kokorei (ce qui fit qu on appella ces deraeures Kokorcev}-VlulP); que plus loin on trouvoit d'aa-tres Ulufles Daures; mais que le principal lieu etoic une villa nouvellement batie & bien fortifiee, occupee par Uois princes nomraes Tnrutjfiba, Tolga^ our all^r bäiir un Oßrog fur le Tugur', poyr lui il fe rendit avec un« petiir C 6 fuite ä Jakutzk , & lorfque peu apres iV arriva au Tugh^ il trouva I'Oftrog fini, enforte que rien ne Tempficha de coa-tinuer fon voyage ä l'Atfiur. Ce litu fut affez renomrae fous le nora de Tugirskoi^ Ößrogy tant qu'on alia ä VA. miir par cette route-lä. Pendint l'hiver que «S/woiu/eco paffa i Tjchetfchuiskoi'fFoIok, les deux Cofaques de CbabaroTX), däpeches comme on a vu ci deflus de jakutzk., fe rendirenc i Mojcou par /Am/t, oü ils firent un por-traicfj charmant de VAmur&. du bonheur des peuples qui occupoienc fes rivet, que tout le pays fut en mouvement de puis jufqu'a Wercholmsk: „ VA- „ muT, fe difoit on,, e'toit inepuifable en richeffes,- on y regorgeoic d'or , „ d'argent., de fables precieux , de be,, tail, de grains & de fruits; les h*«. „ bicans n'y ailoient vetus que de drapr „ d'or & de datnas. " Les Cofaques eui-memes avoient de ces habits fur cux, &cn faifoient parade deyant tout iaioonde : aiaG iJ n'y avjoit pas moyea de re'voquer en doute la verite de ce« recits; on en voyoic la preure devant fes yeus, Bref,. la Gontree de V/lmur paflk pour un autre Canaan, pour le paja-dis (le la Sibirie. Chacun vouluc en avoir la pare. Plufieurs abanJonnerent leurs maifons & leurs families, fe protnetT tant de trouver cout au centuple ä VA" mur. Malheureufeinent les chofes a> voient bien change de face fur ce fleu-ve. La concree fuperieure , cuhivee ci-devant par les Daures, etoit denuee d'habitans; on les avoic tranfporres,. par ordre du Bogdoi-Chan, für \ts riviere» de Schingal & de Naun. L'or & i'argent s'e» toient perdus.avec les proprižcaires. Aa lieu du bonheur donton pretendoitjoair lä, on y vivoit dans la crainte Cünü«-nuelle de. fe voir attaque. Ce n'eft pas que cette contrde n'eüt r^ellement fts avantages;. mais les Cofaques de V.Amur les avoienc exaggeres beaucoup au de lä 1u vrai, apparemment pour faire vcnir l'envie ä un plus grand notu-brc dc.geas d'allcr grolTir leur parti lui C 7. ce fleuve. Les Cofaques de JVerocho* lensk, ennuyiSs de fe voir toujours expofes aux courfes des* Bratzkif, com-mencerent i'emigration. Leur exemple fuE fuivi par les charpentiers qu on avoit envoyes ä ia riviere de Kuta pour y con-llruire les bateaux neceflaires au tranf-port du Kniiss Lobanow Roßowskoi. En chemin ies payfans & Promyfchlenis da diftria d'Ilimsk & des villages fitues le long du Lena, couTurent joindre la troupe. La foJie alloit toujours en augraen-tant; ceux de Jakutzk meme en furent atteints; tous les jours on voyoit des gens difparoitre de ce diftria, & fuivre le torrent. On avoit beau faire courir apres eux; ils en venoient aux mains avec ceux qui voujoient les ramener, ou ils les engageoienc ä faire comme CUI. Telle etoic alors I'ardeur de fer-vir la patrie k VAmur, ou plutöt d'aller participer aux trefors qu*on fe promet-toit d'y trouver. Sino'Mie'so en revenanc de yakutzk & allant remonter VUlecma f trouva un parti de ces gens dans ua® i?e ä Tembouchure de la riviere. II leur ordonna de retourner chez eux. Mais comme ils etoient aU'de-la de cent , & que Sinewiem n'en avoit que 30 avec lui, I'ordre ne fut guere rcf-pefte. A peine eut-il le dos tourne, que qui voulut le fuivit. Au refte il y a un memoire, qui dit que SrBoiojeio-meme emmena avec lui quelques volontaires du Lena, qui fans doute n'ont ete que de ces fuyards. Dans ce terns - la Kamankoi - Oßrog e-toit la principale refidence des Ruffes fur VAnmr. Cetoit aufii la que Smie^ compcoit de trouver Chabarovi. Mais celai- cS- n'avoic pas coutume de refter les bras croifes en ecc. Sinovskv} le fuivit & le joignit ä Tembouchure dit Seia\ ce fut au mois d'Aoüt 1653. Si Von excepte les affurances des bonnes graces du Czar foutenues de 320 mž-dailles d'or, donl Smoixneta etoit por-teur, on ne pcut pas dire que fon arri-vee caufa beaucoup de joie ä la troupe. Ji- vouloit y introduire le bon ordre & la dirdpline: ce qui n'etoit pas du gouC de ces gtns-la. H precendoit faire elever trois nouveaux Oflrugs , un ä Tem-' bouchure de YUrka, un autre ä la place oil avoit demeuri le prince Lawkaiy & le troifieme ä la bouche du Seia. Or on croyoit cela tres-fuperflu, tanc qu'il n'y auroit pas aOtz de troupes pour let garder, JJ vouloit que les Cofaques-s'occupaflent plus ä cultiver Ja lerre qu'a battre le pays, afin de preparer, les vivres done on alloit avoir befoin pour nourrir pendant un an 5 ä 6000. RulTc^s qui devoicnt fuivre: mais les Co-£iques croyoient n'ecre point tenus i travailler pour les autres. Chabarova a-voit fait prifonnier depuis peu le prince La-wkaiy & le gardoit en otage. Si-Böiü/f™, qui ne ch>;rchoit qua donner des marques de fes intentions pacifi-ques ä I'fgard d s Chinois, lui rtndit la lib-rife. Dans cette mem- vue il fit auHj partir iamb .fTide deftinee depuij longtenis ä aller en Chine , & i la tete de Uquelle. dev^tit ecre ie. Cofaq.ue Irfj tiak JermoJaew Tfchetjchigin. Une autre chofe qui fit murraurer contre ^ikchiiVw, c'eft qu'il n'apporta point avec lui la provifion de poudre & de plomb done on I'avoit charge pour I'Jmur, I'ayant laiffee ä Tugirskoi^ Oßrog, pour h faire tranrporter plus commodement en hiver ftir des traineauz. Mais ce qui chagri-na le plus ces gens, ce fut que Sinowieia emmena avec lui Chabaroia leur chef cheri, pour qu'il allat faire ä Mofcoii uti rapport plus ampU de tout ce qui s'etoit palK a I'Jmur. Nous trouvons que Simwhi» emmena aufll ä Mofcou le Cofaque Conßantin Iivanow , I'un des chefs de la troupe feditieufe qui s'etoic fiparee de Chabarm I'annee pr^ceden-te: d'oii 1*00 peut conclure, que du moins quelques-uns de ces deferteurs s'etoient ravifes & etoient revenus vers ce terns-la. 'Sinowiew fe remit encore cette anne'e J 653 en chemin pour retourner ä Mofr fOM , apres avoir nomme le Cofaque Ono/rei Stepanow pour commander fur Y^mur k la place de Chabarovj. II paf-h i'hiver ä Tugirsicoi-Oßrog, oü il en-terra la poudre , le plomb & une grande quantice d'inflrumens de fer defti-nes ä cultiver Ja terre ä VJrnur. Sitot que les rivieres furenc navigabtes en 1654, il continua fa route. Le 27 Juin 11 paffa ä Jimfeisk, & il fut de retour ä Mofcou au commencement environ de I'annee iö5j. II avoit amene avec lui quelques prifonniers Daures, Dut-fcheri« & Giliseques, qui furent ren-voy^ te aj Mar« de k meme annee, avec un ordre du Czar ä Omfrei SU' fanoia de le» rendre ä leurs parens» ChabaroiJ), en "ricompenre de fes fervi-ces, fuc declare Sin-BojarsM * & eta-bli Commandant des village« fitues fur le Lina depuis Uß Kut en defcendanc le fleuve jufqu'aux frontieres du dlftriČl de Jakutzk.. Le village oü il fit fa refidtnce dans cette contree , ä peu'de diftance de Ktrimkoi-Oßrog, eft encore * Titrc qu'on donne en Sibirie ä des roiuriers pour ies rapprochcr de la Nobleüe, de nos jours appelle de fon nom Chu' baycwa. II s'ecoit engage en m eine tems ä faire defricher les environs d'Jl-haßn : mais cela n'arriva point; car de fon cöte il ne revint plus ä YAmur, & Onofrei Stepano'o}, du fien, ne. pen-fa pas non plus ä ce feul moyen de procurer quelijae folidite ä fes etablif-femens. Un parti de 48 Promyfchlenis ^'etoit rendu ä VAmur lors du depart de Si-Jioinfcfli, offrant d'y fervir far le piž de Cofaques. Sino^iew leur avoit pr^-pofe pour eomraandanc le-Cofaque Mi-cbailo Artemiew Kafchinetz ^ & ordonnfi de fe tenir au Haut-^mitr pour y rcce-voir ie tribut des Daures. Iis avoient bäti un Oftrog ä l'embouchure du Tora ou Turka, (nom inconnu anjourd'hui ä \'Amiir ) oil ils avoienc pafTe l'hiver. Au printems 1.654 Sinoznieiv avoit depeche 8 liommes de higirskot-üßrog k (->nofrei Stepanow & ä Michaik Kajcbinetz. Six de cfcs hommes s'eioient noyes däns le voifinage d'Albaßm les deux autres, apres. avoir flotte pendant quel' que tems fur un petk radeau de jene y avoient ^t^ recueillis par Mkhailo Ka^ frhinetz. L'ordre qu'ils avoient pour celui-ci, portoit que fans delai lui Sc fa troupe mifTent ia main ä I'oeuvrc pour bätir un Oftrog i I'embouchure d© la riviere d'Urka, cuitiver la terre, & preparer les vivres niceflaires aux 6000 horanies qu'on aiJoit envoyer ä V^niur. Mais ces gens manquoient eux • memes-'de vivres. Les Daures les avoient t^-nus dans de continual If s allarmes Thi-ver paffe. Leurs munitions etoient con--fumiies. Ainfi ils avoient pris le parti de rejoindre le gros de la troupe, & ayant attaint au bout de 15 jours rera-bouchure du Schmgal, ils s'^toient reunis au corps d'Onoftei Stepanow, qui e-toit abfem,mais qui arriva huit jours apres d'une expedition, pour en entre-prendre une autre 011 nous allons le-fuivre. II etüit parti, en defcendant VJmur »vec tout fon monde, de i'enibouchure. du Siia le 18 Septembre apres que Sino-t^iew eut qnitts VJmur; & apres avoir enleve une grande quantity de bled, il avoic paöe l'hiver au pays des Dut-fcheris dans . Je voifinage des Giliaques. Maintenant il revenoit avec des bateaux reufs qu'il avoit fait conftruire au lie» cii il avoit hiverne , pour remonter encore une fois le Schingal. Le 30 May 1654 il encra dans cette riviere. Apres y avoit fait voile pendant trois jours , il trouva une flotte & une armce cbi-Eoife , qui I'attendoient au paflage. On en Vint aux mains. Les Chinois firent peu de refinance fur leurs batiraens; mais ils etoient trop forts par terre pour que les Ruffes, qui manquoient abfolu-ment de poudre & de plomb, pufTent les y forcer. On fut dans la fuite qu'ils etoient la au nombre de 3000 , fans compter les Dutfcheris & les Daures , & qu'ils avoienc ordre d'empecher les KuflTes de naviger fur le Schingal. Pour cet effet ils devoient refter pendant txois ans a I'embouchure de cette xivic: re, avec encore 2000 Chinois de renfort qu'ils atrendoient. Stepanow revi-ra done de bord & remonta VJmur. Le 4 Juillet il furprit une UliifTe Daure, & y fit quelques prifonniers. Mais les vivres lui manquoicnc toujours; & il allegua cette circonflance, dans les rapports qu'il envoya ä Jdhttzk, pour faire voir rimpofllblite oü il etoit de faire conftruire les Oflrogs projett^ par Sinoviiei}}. On apprit des prifon-niers, que les Cofaques envojes par Si-BooifVcuen ambalTade ä la Chine, avoient ete tu{5s par les memes Dutfcheris ä qui on avoit confie ces gens pour les efcor-ter jufqu'a la refidence du Commandant chinois le plus proche. Les af-faflins avoient bien fait leur poffible pour que cet attentat ne füt point fa , mais les marchandifes que les ambafla-deurs avoient "p rife j avec eux pour ef-fayer d'etablir un commerce avec la Chine, & que les meurtriers avoient parcagčes entre eux, les trahirent. Selon un autre avis qu'oa rejut alors. Jes Chinois alloient batir une forterefie ä l'embouchure du Schmgal pour cou-vrir leur frontiere. Mais cet avis fut premature: car nous trouvons que les Cofaques navigerent le Schingal dans la fuiie., fans avoir trouve de fortereflb qui les arretät. Peu apres ceci Stepamw r^jut un renfort par une autre voye. On avoit en-voye .de JeniJeisk par le lac de Baikal ä la riviere de Schilka le Sotnick Pierre Beketcs)', & il avoit bäti un Oftrog d l'emboüchure du Nertfcha pendant Tet^ de la meme annee 1654: "i^is P®"^^' vant fe foutenir dans ce lieu faute de vivres, il le quitta & alla joindre Stepa' now. Sa troupe etoit de 54 hommes, qui fervirenc pendant deux ans i \'A-siiur, Gp pafTa I'hiver fuivant ä Kamarskoi-O/žrogapres y avoir fait de nouvelles fortifications , ie premier OUrog ayant ete detruit par les Daures pendant I'abfen-ce des Ruffes. Car on voit, par tout ce lui a žte rapport^ jufqa'ici, que lorf- que les Cofaques alloient & venoient en ^te fur V Amur ^ ils ne Jaiflbient nulle part garnifon, mais fe tenoient en-femble afin de pouvoir tenir tete aux Chinoi«. On voic ä pröfenc aiiffi pour-quoi Albafin fut detruit la premiere fois aprtis que Chabarovj y eut pafle I'hiver en 1651: car fi cette place avoit fubfi-, n'auroit paseu befoin d'or- donner la conflručlion d'un nouvel Of-trog dans la contree 011 le prince Law-iai avoit demeure. Nous allons entrer dans le detail d'un rude fiege que les Cofaques eurent ä foutenir con tre les Chinois , & qui prdfentera au lefteur un exemple frapant du peu d'habile-te des Chinois dans I'arc milicaire & ^e leur exceflive poltronnerie, d'un cot^, & de I'autre de la conduite tou-jours courageufe & fage des Cofaques. Voici d'abord comment I'Oftrog ^toit conflruit. On I'avoic commence le 2 Oflobre; il avoit d^ja neigd. C'etoit un rera-part quarre, flanqu^ de quatre baf- tionS' FtErvE AMUR. 73 tions. La levee s'etoic faite avec un travail infini; il avolt falu remuer ä grands coups de hoyaux la terre deja gelee. Au deflus on avoitplantd un double rang de paiiflades, dont I'entre-,deux etoit comble de gros fable. La place etoit entouree d'un foffe large da deux brafles fur une de profondeur , gafni partout de pointes de fer enfon-€ees dans la terre, qu'on nomme Tfchtf-nok, & qui ne relTembloient pas mal 4 nos chaulTe-crapes. On les avoit cou-vertes legerement de terre & de feuil-les d'arbres , afin qu'elles ne fufTenc point apperjues. Elles furent d'une grande ucilit^ aux nötres durant le fiege ; car tes affiegeans fe blelToient aux pieds lorfqu'ils vouloienc monter ä TafTaut: ce qui mettoit toujours un bon nombrc de leurs foldats hors de combat pour quelque terns. Les Cofaques s'etoient fervis de pointes de Üeches pour faire le Tfchefnok, parce qu'ils n'avoient pas aflez de fer. Dans le corps de k place ils avoient eleve une biitterie,, Tom. II, D " haute, qui cominandoic tous les coti's. De cetCe maniere ils tirerent un grand parti du peu d'ariillerie qu'ils avoicnt; au lieu qu'clle ne leur auroic prefque fervi de rien s'ils l'avoient difperfee fur les ramparts. Enfin ils avoient creiife' an puits au centre, d'oii I'on poiivoit conduire I'eau par des tuyaux de tous les cotes, au cas que I'ennemi vin t ä bouc de mettre le feu quelque part. Le 13 Mars 1655 une armee chi-roife de 10000 hommcs fe prefcnta devant cet oflrog. lis avoient avec eui r5 pieces d'artillerie, & une grande quantite de moufquets oü d'aurres armes a feu qu'ils nommoient Pijiht-fchalis. A quelques-uns de ces pifchc-fchatis il y avoic des refforts, ä d'auires point: car dans la iifle, drefTee apres le fiege, on trouve un article de pi fchcfcha-lis a refforts. Cetoit peut-etre une forte de grenades qu'on appelle Ogncmie Sa-radi. II eft plus difficile de conjeiturer pour que! ufage les Chinois avoient ap-porte de» facs pleins de poudre ä cano» longs de 15 ä 20 brafles & d'un era-pan de duraetre. ^fepanoiu - raeme en parle comme d'une chofe qu'il ne cotn-prenait pas. Qn'ils ayenc ete employes fimplement ä garder & tranfporter la poudre, c'eft ce qui n'eft pas apparent, car il y avoit encore d'autres facs & des paoiers qai fcrvoient a cet ufage. Enfin ils avoient aufli des machines pour aller ä I'aflaut. C'etoieni: des charret-tes ä deux roues fur lesquelles on avoit drefie de grands boucliers de hois cou-verts de cuir & de feutre, fous lefquels le foldat etoit k convert de Ja moaf-queterie tandis qu'on des poaflbit juf-qu'au pie du remparc. Sur les charret-tes etoient aulH coucliees les echelles , g irnies de crochets de fer par le haut & de roulettes par le bas. A cote de Celles-ci fe trouvoient placees de Icxngues perchcs avec des crochets de fer au bout, cottime aulTi du bois fee, du gou:tron , de la paille & d'autreb matie-res c-.imbulliblL'S. I^es affieges peuvent avoir ite tout-D i au-plus au nombre de 500. Vingt homines fortis pour couper le bois neceffai-re ä la conftručlion des bateaux neufs qu'on vouloit faire , furent enleves ä Tapproche de Tenneini & lu^s. Un autre parti, qui avoir fait une fortie fur lei Chinois au moment que ceux - ci furent apperjus de l^Oflrog , eprouva le meme fort: leur courage les empona trop loin, on leur coupa la retraite, & ils furent accables par le nombre. Mais ceux-ci vendircnt cherement leur vie , preferant la tnort ä un efclavage tonteux. Les Chinois fe promettoient de redüire bieniöt I'Oftrog en poudre, & d'en emmener la garnifon captive, lis tranfporterent quelques canons fur un rocher de I'autre cote de VJimir^ haut de 40 braffes, & eloignd de 200 bralTes du Fort. Iis eleverent deux autres batteries. Tune ä la diftance de 70 , l'auire ä celle de 100 braffes du Fort. Le 20 Mars ils coramencerent ä tirer fur la place de ces trois batteries. Chofe ^tonaante! leur canoa n'y caufa pas Ic moindre dommage. Cefl: pourquoi ils fe determinerent x donner Taflaut pendant la nuit du 24 au 25 Mars. On fe battit jwec beau-coLip d'acharnement jufqu'au jour. En-fm rennemi fut oblige de fe retirer. Immediatement apres, Jes aflieges fi-rent une fortie qui coüta beaucoup de monde aux Chinois. On fit quelques prjfonniers fur eux, & on leur enleva deux moufquets ä refforts , plufieurs boulets de canon & quelques facs de poudre. Des lors les Chinois n'oferenc plus fe montrer fi pres du Fort. Iis ne forcirent prefque pas de leur camp, qui en ötoit eldgne da 350 braües. Cependant ils firenE feu encore, par intervalie, de leur gros canon jufqu'au 4 Avril, jour auquelils jugerent ä propos de lever le fiege & de s'en retour-ner chez eux. Iis avoient jette de tems en tems des billets dans l'Of-trog, attaches ä des grenades & ä des Seches, apparerament pour inviter les üufles ä fe rendre; mais perfonne ne t> 3 fut les lire. On en envoya qiielques-uns ä Jakutzk. Pour Jes deux mouf-quets on les fit palTer ä Mofcou, en figne de ia vifloirc que Ton vcnoit de Temporter. Les boulecs qu'on ramaf-fa dans J'Oflrog & dans les environs, y compris ceux qu'on avoic cnleves lors de la fortie, fe montoient ä 730. Iis pefoienc li Ii vre & au-de!ä. Le plus grand de'gät -que les Chinois firent, ce fut d'aroir mis en pieces, des le com-niencemenc du fiege , tous les bateaux qui fe trouverent iur le rivage. Deux prifonniers chinois fe firent baptifer, apres quoi on les envoy a i Jakuizk. C'eflainfi que finin ce fiege, au grand honneur de la petite troupe rufle, qui cut encore la modeflie d'attribuer fa confervation moins ä la valeur qu'elle avoit montre'e, qu'a la b^nediftion du del que Ton s'etoit attiree par la priere. Nous remarquerons ä cette occafion qu'il y avoit un temple a Kamarskoi-Of-trog^ puifqu'on y baptifa entr'autres les deux Chinois. II y avoit aufli une ef- figie du Sguveur, dont on raconte des apparitions, & ä l'honneur duquel ils inftituerent une collečle, qu'ils appel-lerenc la caiße de TEgUfe, Une partie de l'argent qui en revint fut envoyee alors ä Jakutzk , pour y achetcer les livres & les autres chofes necefTaires au culte public. Peut-etre faut-il entendre ici im temple portatif Teulement, tel que les Cofaques en portent avec eux dans toutes leiirs campagnes. Apr^s que le fiege fut leve. Stepa' now envoya ä Mofcoii le tribut recueilli jiifque-la; en quoiil fuivit les inflruo-tions qüe Sino'wie'VD lui avoit laiflees; car jufque - Ik on I'avoit toujours livre ä Jakutzki circonftance peu importance au premier coup d'ceil, qui ne laifTa pas d avoir une grande influence dans les evenemens qui fuivirent. Par la VAjtiwr fut detache du diflričl de Jakutzh Oa vouloit faire un diflričl apart de YAmur , & y envoyer un Woewode. Cepen-dant cela. ne fe fit point; & en attendant on ne prit dIus ä Jakutzk les affii-. D 4 So H I s T o I R E p i; *cs de V Amur fi forE k cocur. Les occa-lions qu'on negligea ne fe prüfenterent plus, & le bien pubJic en foufrit. Ste-■panoix) ecrivit ä Jakutzk pour des munitions, afin de pouvoir tenir tete aux Chinois s'ils y revenoient. Les gens qu'il envoya pour les recevoir devoient aufli faire les emplettes , dont nous avons parle, pour J'Eglife. II deman-doit avec inftance qu'on lui renvoyät ees gens inceflamment. Ii y a une relation qui nous apprend que ceux-ci, lors de leur pafTage ä l'embouchure de VOlekma, oü iJ y avoit alors un bureau de p^age, furent vifites avec la dernie-re rigueur , & que l'on y fit un inven-taire exa£l de leurs fourrares & meme de leurs tiabits. Mais fi on les renvoya bientot a V Amur avec les munitions & les autres chofes demandees, c'elt fur quel nos papiers fe taifent. La quan-tite de beaux fables & de fuperbes pe-liffes qu'ils avoient avec eus, prouve que fi V Amur n'ofroit plus l'abondance & les richeffes que Ton avoit tant van- t,ees f L E u v E Amur. 8i tees, du moins ces fourrures pr^cieu-fes s'y trouvoient encore en quan-tite. Dans ce meme tcms environ, faVOiE en i6s5> la defertion recommen§a de plus belle parmi les Cofaques, les pay-fans & les Promyfchlenis du diftnfiE 6'IIimskf mzis {[iTtont k Wercholensk, OÜR Mtchailo äc Jacob SoroUni comraencerenC le branle «St fe mirent k la tete de bände, qui s'accrut peu-i-peu jufqu'ä 300 homraes, Iis volerent & pillerent aa Lena tout ce qui fut fur leur paflaga." Mais le chätimcnt les fuivit de pres, comrae on le verra plus bas, L'annee d'auparavant (1054) on avoic envoyc a l'Jmur le Sinbojarskoi Fedor Pußhtfchin avec 50 Cofaques, non pouc y renforcer Omfiei Stepanoiv, mais pour aller i la riviere d'Argun, y bätir une Simowie, & rendre tributaires les Tungus du pays. H palTa I'hiver ä Tughs' koi'Oflrog f & traverfa les montagnes aa ' milieu environ du mois de Mars 1655 j pour gagner VMur; mais il eut le ' D J heur de perdre prefque toutes fes pra-vilions , munitions & urmes fur la riviere d'C/ria. Cependant il parvint ä I'em-bouchiire de I'Jrgun le 15 May, & y bätit la Simowie, mais il n'y tint point faute de vivres. Tous les Tungus de la contr^e avoient difparu. II remonta yArgun pendant trois femaines fans ren-contrer perfonne. Enfin il pric ie parti d'aller ft jöindre ä Onofrei Stepamw , conformdmenc aux inftručtions qu'ii avoit rejues, qui I'autorifoient ä cela en cas de befoin. Stepanow avoit de-tache dans le mgme terns un parti de 50 Cofaques, avec ordre de remonter IVi, de voir s'il trouveroit queique par: des Ruffes, & de les lui amener. Pufchtfchin les accompagna ä Kaitiarskoi-Oßrog y & comiiie Stepanow en etoit parti pour aller chercher des vivres vers le bas de V Amur, il le Tuivic & I'at-telgnit ii Tembouchure da Schinga!. Stepatiow & Pujchtfchin remontcrenE enfemble le Schingal^ & comme c'etoic ie terns de la rccolte, ils y fireflC Icuf provifion de grains pour route I'annee. De-la ils fe rendirent au pays des Gilta-ques afin d'y hiverner. Ceux-ci avoient lue peu de terns auparavant une com-pagnie de 3o-Cofaques de Jakutzk^conduits chez eux par terre d'Ochotzk par Anika Logino-si. Nos Ruffes en ayant eu connoiiTiince, ne manquerent pas d'infliger aux meurtriers le chatiraenC qu'ils meritoicnr. lis bätirent la un oftrog, quils appellercnt Kojfogorskoi t appareroraenc d'apres le penchant d'une montagne oü il etoit fitue. Par-la ils ramencrent au devoir une grande partie de ce people & des Diitfcheris du voifinage. Le tribuc qu'ils y leverent montoic ä 120 zimmers * & plus de fables, 8 renards noiri & 5(5 rouges. A-vec ceia ils remonterent le fleuve au printems de 1656. Vufchtfcbin vantoic Ic pays des Giliceqae^ comrae la feule contree de VJnmr 011 il y avoit cncore quelque tribut ä efperer. Son avis toit qu'il faudroit y envoyer tous 1« • 4800 peaux, D 6 84 H 1 I T o I * E i> u ans par Ochotzk des Cofaques qui fe re-levaflent. Que par ce moyen on re-tiendroit ce peuple fous TobeifTance des Rufles, quand meme on viendroit ä reperdre le terrain qu'OH avoit gagne au hant-Jmur. II eft fiir que pour lors la domination des Chinois ne s'etendoit pas encore fur les GUieques. hijcht-fch'm auroit bien voula aller par mer ä Ochotzk, & s'en retourner de-la ä Jü-kutzk: mais Onofrei & toute la troupe s'oppoferent ä fon deflein. En remontant V^mur ils s'apper^u-rent que les Dutfcheris avoient auffi a-bandonne leurs habitations au bord de ce fleuve. I!s trouverent des refles de bateaux ruffes mis en pieccs & brules, & aprircnt que 40 RuOes, qui ,le» mon-toient, avoient ete maflacres par les Dutfcheris. C'^toit, felon toute appa-rence, une partie de la bände de Mi-chailo Sorokin. Pour les autres, Pufcht-' Jchin les trouva dans la fuite morts de faim. Stepanov) remonta le Schingai dans »a bätiment Itiger, pour voir s'U 5 trouveroit encore des habitans qui euf-fent cultive la terre , & s'il y avoit quelque chofe k efperer de leur recol-te, quand ils I'auroient faite. Mais ici, comme fur V Amur ^ tout etoit de-fert & incuke. A peine trouva-t-il encore par-d par-la quelques gens, qui lui apprirent que cetce tranrmigration dtsDutfcbms, ainfi que celle des Dan-rfj.s'etoit faite par ordre du Bogdoi-Cban ie la Chine; qu'un Seigneur nomme Ser-gundai avoit fait mettre Ic feu aus ca-banes, & conduit les proprietaires vers le haut du Schingal, oü il kur avoit af-figne pour demeure la riviere de HuTga, Ceci 6toit prefque tout efpoir aus Cofaques de fubfifter ä YAinur. Les provifions de I'annee prccedente ti-roient ä leur fin, & Ton ne favoit ou ea prendre d'autres. C'etoit encore le terns, & peut-etre le plus propre de tous, de fe procurer des fubfiftances par le travail de fei mains. On avoit mainte-Äant de U place aflez partout pour cuii-D 7. S5 H I I T o I R E D ^ tiver la terre, poiir peupler les contrt^eä les plus fertiles de 1'Jtnur de families laborieufes, en un mot pour en tirer tout le parti q«'on peut tircr d'un pays lorfqu'il vaut la peire de s'y etablir. Mais la coutume de vivre fans peine lux depens d'aucnii etoic trop enraci-nee. Stepanov: fe plaignic ameremenc dans un avis envoye ž 3^akutzk, prote-llant qu'il ne favoit oü prendre ä I'ave-nir dequoi nourrir fes gens. II te-moigna vouloir quitter V/lmur, & n'at-tendra qa'un ordre qui Taucorifat ä cela, II s'etoic deja plaint l'annee paOee de la defertion de quelques Cofaques, qu'il avoit envoyes pour efcorter le tri-biit jüfqu'ä l'embouchure de l'Urka: ici il reicera ces plaintcs, demandant indam-tnent qu'oa lui renvoyät du moins quei-'^u'un des 50 qui efcortoient le cribut nouvellement levc. II fit partir ce con-voi le 12 Jaület 1656 de lembouchure öu Schingal Fufchtfchin & Beketam fe mirent de la parcieje premier pours'en retourner ä ^akutzk, l'autre ä Jenijsisk. Cependant on n'oublia pas ä Mofcou les affaires de YAmur. On commenfa par renvoyer Jes pnfonniers que Sino-wiew avoit amenes, afin qu'ils publiaf-fent chez eux la clemence du Czar, & qu'ils engagcaflent leur nation ä fe fou-mettre de bonne grace ä I'empire ruffe. Quani: k Onofrei Stepanow & les Cofa-ques qui fervoient fous lui, ils furent hotiorcs d'une lettre du Czar datec dti IJ Mara 1Ö55, par laquelle ce prince les affuroic de fes bonnes graces pour les fervices qu'ils avoient rendus juf-qu'ici, & les exhortoit ä continuer de faire leur devoir, ä ufer de douceur envers les peiiples qu'ils avoient fou-mis ou qu'ils foumettroient encorc , ä proportionner le tribut aux facultes de chacun , ä ne pas fe brouiller inutile-ment avec les Chinois, mais cependani i fe d^fendre courageufemenc au cas que ceux-ci les attaquaffent eux-meines, ou voulufient violenter les peu-pies de IVmar. Mais dans I'etat ou etoient ks affaire« k V/imur, cette lettre ne pouvoit faire que peu d'effet. Noas n'en dirons pas autanc de Texp^dicioix qui fut ordonnče ä la place de celle ä la t£te de laquelle devoit etre ]e Knias Lobanovi Roßomkoi, comme nous la-vons dit plus haut *. Elle fut confiee i un horame zele, habile & experin^en-'te, qui avoit deja ete plufieurs ann^es comme Woewode ä Jenifeisk, oii il a-voit fait beauconp d'encreprifes utiles, mais furtout au-delä du lac Baikal & jufqu'ä 1 a riviere de oü il avoit. fait faire, par de petits detachemens envoyes ä propos, nombre de decou-vertes utiles & de petites conquetes, dont nous rallons voir recueillir le fruit. Afanajfei Fhilippow ßn-Fafchkovi , c'^-■toit le nom de cet hooirae, engage tant par les propofitions que ceux de Bargu-finskoi'Oßrog avoient faites , que parce qu'il avoit entendu raconter ä quelques Cofaques qui avoient ete a Bar-Vifin^ & qui avoient vifit^ de-la par «rre lehaut..^£rAi/ia, Pafchkewt dis je, • Ci-deffijipage 58. s'ecoit determine des I'annec löji ä faire conflruire d'abord un Oftrog fur le Lac d'/fgfn, qui communique avec la riviere de Chilok & par conföquent avec le Selenga, oli celle - ci fe jetce, & un autre enfuite fur Ic Scbilka , afin d'^-tendre auffi dc ce cote - la I'empire TuOe. 5 avoit dte-li roccafion du voyage da Sotnik Pierre Beketow , done nous avons fait mention ci-deflus. Beketoi» etoit parti par eau de Jenifeisk le 2 Juin 1653 avec IGO Cofaques. Le i Oaobre il etoit arrive ä Ufl-Pror-aia^ licu fitue au-de-lä du lac Baikal, oil deux ans auparavant un Sinbojarskoide Tobolsk, nomme Jerofei Sabohtzkoi, depeche comme ambafladeur au pays des Mon-gals, avoit cte tue par les Burjate! ^ & oü Ton a fonde dans la fuite des tems le monaflere de Pofolskoi en memoire de ce meurtre. Bekmis, apres avoir hiverne la, s'etoin temis en chemin I'ete fuivanc, & avoit b^ti en automne i<553 IrgQnskoUOßrog, lieu.qui ne fubflfta que, ^ pendant quelijues annecs. De ik ii s'd-toit rendu avec 30 hommes ä la riviere ^'Ingoda^ dans le deffein de pafler I'iii-ver au Schiika. Mais il c'etoit arriv6 ä cette riviere-ci que Tannic fuivante. En attendant il y avoit envoye des gens ä la d^couverte, fur le rapport defquels il avoit bäti un petit Oftrog fur la rive meridionale du Schiika^ vis-avis I'em-bouchure du Nertfcha. L'hifloire de ce lieu n'appartenanc pas ä notre fujet, nous n'en parlerons point. II fuffit de repecer ici ce que nous avons die plus haut, que Biketoix, faute de vivres,a-"voit ete oblige d'abandonner cet oftrog le meme ete, & d'ailer joindre les Co-faques de {'Amur. Pajchkov!, pour maintenir & etendre ks conquetes dc Beketoujy avoit fait faire pluficurs aucres espeditions vers les niemcs contrees pendant les annčes IÖ54 & 165J. Mais lucune n avoit eu le fucces defire. II falut done re-commencer tout de nouveau lorfqu'il fut nomme par ordre duCzarpour com- mander en chef Tentreprife qu'on avoic projettee. Selon le projet qu'il envoya au Senat ä Mofcou, il avoit deflein de faire fon. principal etablifTemeni: au h^Luz-SchilkUt afin de foumettre de-la d'autant plus ai-fement les peuples voiGns. il fit mention aulli de V/Jmur& du Seia^ & mon-tra le parti qu'on en pouvoit tirer dans I'execution de fon projet. Selon lui il y avoit Ik une feconde Sibirie k gagner* Ccla fuc caufe que Ton reunic ces deui vues dans fon expedition, II fut refo-lu que Pafchkov}» ä la tete de 300 Co-faques, prendroit le chemin fraye par lUmsk, & remonteroit les rivieres d'0> kkma & de Tugir pour fc rendre ä Vj^-mur; que le Corps d'Onofrei StepmoT» fe-roic fous fes ordres, qu'il choifiroit un lieu propre pour un Oftrog, foit fur i'^/HHr, foit fur le Schilka, & qu'il aa-roic foin de le faire bätir fans perte de terns. On ne devoic pas le lailTer man-quer d'armes ni de munitions: car le Gouverneur en chef ä Tobolsk cut ordrede löslui foumir;& ceax d'Hnnsk devoient faire partir d'avance ä Tugirskoi-oßrog un grand convoi de vivres. Mais aucune de ces cliofes ne fut executes felon les ordres de la Cour. Pafchkoiv fe mit en marche de y^eni-feisk le i8 jiiillet 1Ö5Ö, avant d'avoir regu-de Tobolsk tout ce qu'on devoit ki fournir. S'ii en faut croire le rapport verbal de gens dontles parens avoient affifl^ k I'eipedition, fa troupe etoit de 566 hommes lorfqu'il pariit. Au lieu de fuivre la route prefcrite il remonta la riviere d:Angara^ fe rendit par le lac de Balcalk la riviere de Sslenga, &, au moyen de celle-ci & du Schiloky k Irgenskoi-Oßrog. De-lä il marcha par terre ä la riviere d'Ingoda, par laquelle il defcendit dans leSchilka, oii il fonda la ville de Nertfch'msk, fans pouvoir fe meler des affaires de VAmur^ ainfi que nous le rapporcerons bientot. Ce changement de route fut caufe ap-paremment que le convoi de vivres, parti 'XLIßkiit au printems de Ja meme ann^e, n'arriva point i Tugiukoi Oßrog. Ceux qui concluifoifcnt les bateaux ne fc preflerent pas, croyant que Pafchko'-J) les alloit fuivre avec fes gens, & que ceux-ci leur aideroient au tranfport. Iis furent pris par ]a glace en divers en-drüits., Sc Ton ne fait ce que devint ce convoi. Par bonlicur on avoit Jaifle ä Ilimsk 225 1 fchewerts de farine & 50 Puds de bled pour enfemsncer les ter-res, & Pajchkow devoic y prendre ces provifions ä fon paiTage. 11 les fit done paffer ä Bratzkoi-Ofirog lorfqu'il y pafla rhiver. L'ete fuivant Pafchkoia vint jufqu'a Jrgenskoi Oßrog^ & au printcms 1658 it alia au Schilka. En meme terns il fit bädr un Oftrog dans le pays des Tungus de la riviere de Conda, fur ce que ceux-ciavoient implore fon fecours con* tre les Mongals. Cet Oflrog fut nom-nid Telembinsk de fa fituation entre les deux lacs de Tekmba. La contree de la riviere de Nertfcha fut choifie comme la plus propre ä y bätir une ville. Com- me on favoic qu'on ne trouveroit la que trei-peu de bois de conftručlion, Pß/cÄ-kovj cut !bin de s'tn pourvoir en che-min. Nsrt/chinsk fut done bäti pendant I'ete de I'annee j 658. On ia nomma d'abord Neludskoi-Tunguskoi Oflrog, par-ce que la principale tribu des Tungus d'a-kntoLir s'apppüoit Nelud. Mais bientoc ces Tungus s'eloigncrent pour ne point payer le tribut, & ie nom de Neludskoi fut change en Nertfchirisk. La Cour de Mofcou avoit donne ä Pafchkow pour zjoint dans f. v cntreprifts fun tils Jeremei JifatiaJßeiB Xin-Fa/chkow. On vante la bravoure que celui-ci montri dans di-vcrfes expeditions qu'il commands, d'abord ä Bratzkoi-OJlrog C(mtre les Bur-jeces revokes, & cnUii'c contre ces memes Tungus qui rcfufuienc cie fe fou-mettre. Mais ceux ci comptoient d'etre foutenus par Its Chmois, & les Ruffes manquc-ient de tout: ce qui fit avorter les enireprifcs Iti micux con-cercees. ■ Lcs vivres qu'on avoit apporics com- menjoient deja ä manquer a Irgenskoi-O/Zro^, & vrairemblablement on ne put pas cultiver les environs de Nntfchinsk aüfliiöt qu'on fe l'eroit propofe ; car les habitins de ce lieu raconten: que leiirs ancetres, du terns de P.ifchkoTV, y f^uffrirent une telle famine, qu'ils fes virtnt enfin reduits k manger des che-vaux, deschiens, & tous les animawx immondes quils pouvoient attraper. Enfin un nouveau convoi de farine, en-voye par ordre du Gouvernement en 1Ö59 d'flimsk ä Tugirskoi-Oßrog, fit cef-fer la detreflfe: m^is on manquoic tou-jours des munitions necclTaires pour agir avec vigueur concre les Tungus. Com-me Celles de Tobolsk ne venoient point, on s'etoit avife d'envoyer ä Tugirskoi' ^ß'og , pour y faire deierrer la poadre & le p!omb que Dmitri Sinowieuo & Je-rofei Chaharow y avoient cnterres ä leur retour de Cbabam'Jt avoir ea ordre en rö^iS de fe tranfponer a Tu-E'fskoi ■ Oßrog pour montrer la place, ^iais Ic trefor n'y etoit plus: Mtchallt Sorokin & fa troupe fugitive I'avoient cnleve en 1655 en pafTant parü ä I'J-mur; & en parcant ils avoient erige une croix , fur laquelle eioit ecrit ce qu'ils venoient de faire. II y avoit encore quelques refles d'une cabana oii i!s avoient remue & prepare la pou-dre. Dans le tems que Pafcbkow dtoit occupy ä bätir la ville, ou, comme on I'appelloit alors, rOflrog de Kertjchmsky il avüit envoye en cte, 1658, trente hommes fous la conduite d'un PiEetide-faetnik an hzi-zhnur , pour y chercher Oncfrei Stcj>anov3 & fes Cofaques, & leur fignifier I'ordre du Czar, par lequel ils devoient lul obeir, tn revenant il devok lui amener 100 de ces Cofaques ä Nertfchinsk, & laifTer les aucres ä hofittj 0Ü Ton batiroit un nouve) Of-trog. Mais il n'en čtoit plus terns: & les Chinois avoient mis Stepanow hors d'ecat d'executer ce qu'on lui ordon-noic. Une fiotte de 47 barques chinoifes bieo bien montees & bien armees, avoit ren-eontre Stepanow & fes compagnons le SO Juin de la meme annee au-deflbu8 de Terabouchure du Scbingal. Ces der-niers alloient vifiter felon leur coutume le ba -Amur. Les .RufTes etoient [au nombre de 500, mais ils n'avoieiit pas tous fervi. Quelques-uns, que lapeur avoit faifis, s'etoient fepares de la troupe avant qii'on en füt venu aus mains, d'autres s'e'toient rendus aux Chinois fans coiip-ferir. Exiün-Stepanow, acca-ble par le nombre, s'etoit perdu avec 270 hommes tues ou faits prifonniers par les Chinois. Parmi le butin qui 6-toic tombe entre les mains de ceus-ci, on regrettoit far tout 80 zimmers de fables qu'on avoic re9us en tribiit. Ne diroic-on pas que les Cofaques echapes de la deroute, & dent j8o hommes fu-lent rencontres par le Piastidefostnik envoye de la pare de Fafchkow, auroienc dii etre bien aifes dans ce defaflre de trouver un nouveau chef, qui pouvoit pourvoir ä leurs befoins, & retabür Tom. IL E leurs affaires delabr^es? Mais Jion. Une liberte effrenee, femblable ä celle des Cofaques du Don, avoit r^gne des le commencement parmi ceux de YJmur: & il n'etoic pas facile de lui prefcrire des limites. Us etoient dans I'ufage de fe choifir eiix-meines un de la troupe pour chef. Leurs Jeflaules, Socniks & autres officiers etoient eux - memes Cofaques; ils ne tenoient leiir autorite que de leurs camarades, & ne pou-voient ritn decider d'important qu'a-pres I'avoir fait approuver dans une af-fembl^e generale. Enfin ils etoient ac-coutumcs ä butiner & ä ne rendre comp-te ä perfonne. On vouloit maintenant ]es mettre dans une dependance & les afllijettir ä une difcipline qui les gž-noient. Cela ne leur plut point, & non-Contens de defobeir ä Pfl/cH-oo), ils en-leverent ä fes Cofaques les provifions qu'ils avoient apportees, & les ren-voyerent les mains vwides ä Nertfchmsk, Pour eux ils defcendirenc jufqu'a I'em-bouchure de Vjiimiry y palTerent I'M- ver, & revinrent au printems fuivant 1659 ä Kamarskoi'Oßrog avec 18 Zimmers de fables qu'ils avoient regus en tribuc des Giliteques, apr^s avoir et^ joints en chemin par 47 hommes dcha-päs du combat pres da Scbingal Ici la troupe fe partagea cn deux. Cent-fept hommes fe rendirent avec le tribut au Lern, oil ils fe difperferenc. II n'y en eut que 7 qui vinrent a Jenifeisi, d'oii on les envoya ä Mofcou avec le tribut qu'ils avoient apporte. Ceux qui etoienc ireftes k ICamarsM-Oflrog ^ au nombre de 120, ailerent en automne au Seia, oüles Tungus leur obeiflbient; encore; mais peu-ä-peu ils fe difper-ferent auDTi, fans penfer ä lever le tribut. La plupart vinrent ä Jakutzk en 16Ö0. Ceux qui refterent les derniers, au nombre de 17, allerem trouver le Woewo-de Fajchkonx) en 1661 & lui promirenc . d'etre foumis ä fes ordres. Pajchkov} etoit alors a Irgemhi-Oßrog, 11 envoya fon fils ä la tete d'un parti de Cofaques, parmi lefquels fe trouvcrent E s 100 H I s T o I RE DU IS de ceux de V Amur, avec ordre de x^duire les Tungus revolte's. Mais ils eurent ä peine paffe l'Tngnda (le 4 Septembre), que les Cofaques de V Amur deferterent, fe rendirent fur des ra-deaux ä Nertjchinsk, oü ils forcerent la petite garnifon que P-afchkow y avoit mife, & dont una bonne partie etoit fortie pour la p^che , ä les lailTer faire tout C€ qu'ils voulurent. lis s'empare-rent Ik d'un bätiment, defcendirenc dans V Amur, & fe rendirent enfuite par terre ä la riviere de Tugir, efperant de tiouver mieux leur ccmpte au Lena, ou quelque autre-part, Mais iJs furent rencontres par un Sin-Bojarskoi de Tobolsk nomme Larion BoriJfo'U} Sin - Tolbu-fin , qui avoit regu ordre de Mofcou d'aller relever le Woewode Pafchkow ä KertfchinsL Celui-ciles ramena avec lai ä Nertjchinsk. Apres il ne fe paiTa plus rien ä YAmur, jufqu'a ce que quelques annees apres une nouvelle peu-plade s'etablit dans la haute contree du fleuve; vgici ä quelle occafion. Dans le tems dont nous parlous il fe feifoit Uli grantj trafic de fourrures ä Kirenskoi - Oßrog fur le Lena, lorfqu'erl ete les Promyfchlenis revenoient du dif-tričt de Jakutzk. Les Woewodes d'I-limsk s'y rendoient alors aufli, tant pour maintenir le bon ordre dans un fi grand concours de raonde, &: pour decider les diff^rends qui pouvoient s'elever en-tre ces gens, que pour veiller ä ce que les droits de la couronne fuflTent pay^s des marchandifes vendues. Ce fut ä ce fujec que le Woewode d'Ilinisk Latvren-tci Owdeew Sin-Obucbom s'y tranfporca en lööj. On ne fait pas precifement ce qui le rend it odieux; mais la nuit du Juiltet, qui fuivit fon depart de Ki-renskoi-Oßrog pour s'en retourner ä JUmsk, il fut attaque & maflacre dans fon bateau par une troupe de feditieuy. Le principal auteur du meurtre etoit un Polonois, ou Lithuanien, nonameA't-ki/or Romanow Sin-TfchemigowskoL II avoic ^te envoye en 1638, avec plu-fieurs dc fes compatriotes, de Mofco« E 3 ä Jenifeisk pour fervir en Sibiric. D s Jenißisk il avoit palTö ä Ilimsk^ on ne fait ä quelle occafion. C'eft ]ä qu'il efl: fain deux fois mention de Jul: la premiere pour avoir ete en 1650 BaiHif d'une colonie de payfans envoyee ä Tfchetfchuiskol'VJOkck, ou TfchctJchuiskoU comme le lieu fut appelle dans la fuice; & I'autre pour avoir eu en 1652 rinfpe£lion des falines d'Uflkutz-koi-oßrog- II avoit ete t^moin pendant les annžes precedentes de I'impunite de tanc de d^fertears du diflričl d'Himsk, qui avoienc couru en foule k VAmur^ Cela l'engagea ä fuivre leurs traces. Mais comrae la faifon etoit avancee, il fut pris par les glaces ä l'enibouchu-re du Tuglr. Ainfi laiflant Ii fes bateaux il fit le refle du chemin jufqu'ä YAinur ä pie. Le lieu oü TfchernigomM s'etablit itoit Albaßn. II ne trouva lä que la place; l'ancien Edifice etoit bnile , & il falut tout conftruire ä neuf. Le Fort que ces gens eleverent. ne dut pas Stre grand' chofe: toute la troupe ns confiftoit au Tugir qu'en 84 hommes; encore les Tungus en avoient-ils tu$ ij qui etoienc alles butiner. Selon la defcription qu'on voit de cet Oflrog čiAlbafm dans un memoire de I'an 1674» il etoi: de bois, bati en quarre, & flanque de trois tours, dont deux com-mandoient le fleuve. Sous celle qui re-gardoic la campagne on avoic pratique une porte, au-deffus de laquelle ^toic une Salle d'audience, & un etage plus haut le corps-de-garde. Dans les deuX a^utres- tours il y. avoit- des aparteraen,? & des cafernes; & c'etoit de-la prin-cipalement que la place devoit etre de-fendue en cas d'attaque. Au dedans de rOflrog il n'y avoit qu'un magazin. Les habitations de la garnifon environnoient rOftrog dii cotč de la campagne, & etoient entourees de chevaux - de - frife. Selon un autre memoire, de I'an 1Ö77, rOftrog etoit long de ifj bralTes fur 13 de iargeur: tout-autour regnoit un fof-large de deux braffes; & derriere les E 4 ehevaux - de - frife en dedans on avoit mis, pour plus grande fQrete des hi-bitans, deux rangs de chaufle-trapes. Au refle le fejour de ces fuyards ne pouvoit refter longceras inconnu,& ils devoient s'attendre töt ou tard au cha-timen: que meritoit leur crime. D'un autre cöte ils avoient ä craindre les C/ji-tio/s, qui menajoient en 1669 d'attaquer toutes les colonies ruffes dans ces con-trees, & Neri/c/rifjs^ rncme. Ces confi-derations engagerent Tfchermgowskoi & ks colonies voifines a chercher de I'ap-pui. Le meilleur parti qu'il y avoit ä prendre etoic de s'unir avec ceux de Nertfchimk. C'efl: aufli celui qu'ils pri-rent, fe foumettant acbeir aux ordres qui leur Viendroient de-la, & ä y livrer la recette du tribut & du peage qui fe levoit a Jlbaßn. Le Gouverneur de Kert/chinsk, Larion Tolbttfm, fut releva en 1669 par un autre Sin ■ Bojarskoi de Tobolsk nomme Dankl ArfcbUukoi. En confdquence de leur dependance tant de Tobolsk que de Jenifeisk, ils dCrenr don- Ainner avis ä Tune & a I'autre de ces places de raccroifleraenc que venoit de recevoir leur diftria. II arriva de-li fyi'Albafin eut en 1671 un Commandant envoye de Tobolsk^ nommd Iwan jiskoU kov). C'efl: fous lui, & avec le confen-tement de route la garnifon d'^/iia/n j qu'im nomme Hermogenes^ moine fonda un couvent ä un endroit un pen au-deflus d'Jilbaßn, appelle BTuficenoi-Kamen, & le dedia ä notre Saiiveur. J'a-jouterai encore ici quelques preuves de la dependance d'JIbaßn, des ce tems-la. L'an 1072 ceux de Nertfchinsk re-^urent la dixme des fables A'Aibaßn, confidant en 4 zimtners **. Pendant le cours de cette meme annee & de la fuivante, 1673, on envoya diverfes colonies ä Albaßn pour en cuUiver les environs : ce qui reuffic fi bien, qu'en peu de terns on vit s'elever fur les bords de YJmur, tant au-deflus qu'au-defibuj * Tly a dans rorigiaal Hieromaacb > c'eft i-ililre Jaint ynoine. 160 pcaux. ä'Maßn, plufieurs Slobodes, dont la principale etoit Poskromkaia Sloboda, ä quelques werftes d'Jlbafin en defcen-dant le fleuve. II ne manquoit plus ä ceax d'JIbaßij que d'obtenir grace & pardon ä Mofcou du meurtre & de la defertion dont üs s'etoient rendus coupables. Tfcherm-gomsioi y envoya pour cet effet quelques Cofaques avec une requece fignee par iO£ hommes. Ces gens arriverent ä Moßou I'an 1072. Iis n'obtinrent qu'a-vec peine la grace qu'ils demandoient. La premiere fentence, qui fut pro-noncee le 15 Mars 1672 condamnoit ä la mort TfchcrmgowsM & fes fi!s avec quelques autres de fes complices les plus coupables, en tout 7 perfonnes, & 46 autres ä etre chäti^s fevere» löent. Mais deux jours apres on leur accorda ä tous un pardon general, & encore 2000 roubles par^deflus, pour etre diftribues ä la garnifon d'Jlbafin. Ceci doit fervir ä corri-£er un paflTage du livre de ff^S- fen 011 la fondztion 6'Albafin^ lafou-milTion & le pardon de Tßhernigowskoit font racontes avec des circonftanees un peu differentes de celles-ci. A Nertfchinsk, Daniel Jrfchinskoi fut remplace, en 1Ö74, par le Sin-Bojarskoi de ToboJsk Paul Scbulgtn; & h Albaf%n, dans le tneme tems, nous retrouvons Tfchernigotsskoi ä la tete des affaires* Cependant il fut releve encore cette annee par le Sin-Bojarskoi Grigcrei Lon-r fchakoviy envoye pour cet effet fchinsk. Lors de la grace accordee ä Tfchsrnigowskoi on avoit depeche des ordres de Mofcou pour Larion Tolbußn SL Nertfchinsk, & pour Fadei Tolbufin foa fils ä Albafin, parce qu'ils ^toient nom-mes alors tous les deux pour aller prendre le commundement de ces deux places: mais i!s ne parvinrent ni I'un ni I'autre aux lieux de leur deftination. Ceux 6'Albaßn eurent fuccefliveineni: pour Chefs Lubim ^ewfewiem^ Akxei Tolbußn fiis de Larion, Grigorei Lonfcha- * Neord-en Ooß-Tariarjt ed, a.-p. 115.' h C> ro8 H'l s T o 1 R E D kow pour la feconde fois, & JacobJe-^Ti fewien). Quant kNenfchinsk, Paul SchuU gin y mourut en 1678, & euc pour fuc-Cefleur Akxei Tolhufin^ qui venoit d'ei-tre releve ä Albafirt. Celtii ci fut fuivi par Andrei Stroganoiu & Wdfor Senotmf* fo-Wy tous fe fuccedant d'aniiee en an-nee. Enfin en i68i Ic Stolnik Feäor Dementiew Sin fFojekom vint de Mofcou en qualite de Woewode ä Nertfchinskt^ . & eut foin audi des affaires d'AJbafin. TJchernigowskoi i avanc de fe foumec-tre aux gouverneurs de Nertfchinsk, a^r voit commence ä foumettre.de nouveau les Tungus qui avoient deja ete ci-. devant tributaires de I'empire ruffe. C'etoit-la im des prindpaux motifs du pardon qu'on lui avoit accorde. Mais comme il etoit ä craindre que cela n'oc^ cafionnät de nouvelles hollilites de la part des Chinois, on penfa ä Mofcou ä prevenir le coup par une ambaffade ea Chine. Pour cet effet on jetta les yeux fur un nomme Nicolas Spafari, Grec de nation & employe corame interpretsau ^parteraent des ambaßades. 11 panic en 1675 avec une fuite nombreufe, & revint en 1677. II fuc le premier qui entreprit de Mofcou ce long voyage. A Ton pafTage ä Jetiifiisk le bruit fe re-pandit, qu'il avoit plein-pouvoir de lever de nouvelles troupes & de ies con-duire ä VAmur. Aufficot nombre de Cofaques, de payfans & d'exiles s'e-chaperent de Krasnojarsk, dans I'efpe» ranee de pafler plus agreablemenc leiir vie ä {'Amur, ■ Mais ce bruit etoit mal-fonde. Spafari avoir ordre, au contraire, de faire Ic voyage avec route la diligence poffible, & de ne s'arreter nulle pare en route. II pafla par NerU fchimk-y & fi Ton doit ajoüter foi aus plainces formees contre lui dans la fuite , il entra deja ä Tjcbhfchigär, fur la riviere de Naun, en pourparler avec uu Seigneur chinois, & lui accorda que Ies Tungus du Seia payeroient tribut aux Chinois feuls. Ce qu'il y a de cer. tain, c'eft qu'a Ton retour de la Chine U^crivita d'abord de Tßßt'i E 7. ßhigar, & enfuite iine feconde fois de Nertfch'msk, poiir defendre aux Ruffes tonte navigation ä l'avenir fur \'/imur & fur le Ssia^ toute ievee de tribut fur les Timgus decette derniere riviere, & pour leur recommander de fe tenir tran-•ILÜlles ä Albafin^ & de s'y mettre dans le meilleur etat de defenfe qu'ils pour-roientcontre une actaque imp rev tie des Chinois. Dans ce meme tems, favoir en i6y On eut connoiflance alors d'une an-cienne ville ou forterejje nommee Aigun^ ou Aijmchun, fitueö fur la rive fepten-trionale de Vj^mur ^ ä une demi-journ^e au • defToiis de Temboiichure du S6ia. Elle etoit munie d'un rempart de terre baut de 2 a 3 brafles, long de 400 & lar^ de 100 braffes. Au milieu de la place. il y avoit encore un Fort de 80 brafles en quarre» dont le rempart ^coit femblable au premier. On n'a rien pu favoir de l'origine de cette forte-refTe, ni des caufes de fa ruine. En aucomne» 1681 ,leWoewode?Föj>-h)ii} envoya le Sin-Bojarskoi Nikifor Se-mtrujfovik Albafin, avec ordre d'y engager une troupe de volontaires pour defcendre VAmur au printems fuivant iufqu'ä la mer, vifiter fes ■ rives» s'in-former des autres rivieres qui fe jettenE la dans la raer, & rendre tributaires touEes les nations qu'il trouveroit en chemin. Dans cet ordre 11 eft fait men* tion d'une riviere de Chamunf nouvel-Icment decoiiverce, qui torabe dans VA' vinr: je crois que c'efl la riviere d'Jin-gun, appellee Henkon dans les Cartes chinoifes, dont on vouloit parier. Si-tot que Ton fut cela ä Albafin, iS Co-faques du lieu s'offrircnn ä fuivre Seno-trujjow, & fe chargerenc meme des fraix de Texpedidon: tant on etoit arr dent encore alors ä. poulTer les decou-vertes & les conquetes, lors furtout que Hnteret propre y trouvoit fon compte. Je ne trouve point ce que produifir cet-te encreprife. Au comraencemenc de 1682 le Woewode Wojekoia envoya fon ills Andrei pour commander ä Mafin'j ce qui ne plut pas aux Cofaques da lieu. lis demanderent leur folde, & 1-argent manquant, ils voulurent forcer le Commandant ä vendre les fables-qu'on avoit regus en tribut, pour les fatisfaire du provcnuv Le Woewode accourut au fecours de fon fils, & le delivra des mains des fedicieux, qui ^loient lui faire un mauvais parti. Ou venoic de bätir alors Argimskoi-Ofirog, dont la garnifon devoir etre relevee & avitaiilee par ceux d'Jlbaßn. Pendant que le Woewode If^ojekow etoic encore ä Jlbafin, favoir en ete 1682, un parti de Cofaques & Pro-myfchlenis du lieu lui prefenterent re-quete poiir obtenir la permiflion de fe tranfporter aux rivieres de Byßra öi de Chaimin, pretendant qu'il y avoic lä des nations inddpendantes des Ruffes & des Ghinois, & donC par confequent on de-voic fe häter de s'affurer en les rendant tributaires. Cette requete ^toit fignee par Gaurilo Froloia & par 20 autres qui avoient lie partie avec kn. Le Woewode accorda la permiffion; mais il la revoqua apres fon retour ä A^m/c/j/ßj^, pour ne pas trop allarmer les Cfainois. Mais le Commandant que la garnifon d'Albaßn venoit de fe donner de fon propre chef, autorifa ces gens ä pour-fuivre leur entreprife pendant I'ete de 1682. ßroh-uj 'parcit d'Jlbaßn ä la tete deöi, hommes, & arriva ä V/Imgunl- c'efl: de ce nom que Ton appella dans la fuite la riviere appellee Byßra par les uns & Chamun par les autres. A I'endroic ou le ruifleau de DnkUi ou Dukikan fe jette dans VAmgun, il y ba-tit une Jafafchno-Simowie *, qu'il ap-pelia de fa fituation Ufi - Dukikanskoe. Peu de terns auparavant un autre parti de Cofaques & Promyfchlenis Ja-kui.es, egal ä celui d'JIbaJin^ ecoic ve* nu ä VAmgun de Tugurskoi-Oßrog, &a-voit etabll une Jafafchno - Simowie ä I'embouchure d'une riviere nomme'e Nmilan. Ces deux partis fe joignirent-pour agir de concert. lis firent des prifonniers ja & Ja, & les garderent pour otages, leverent un tribut de 12. Zimmers de fables, & difperferent un parti de 300 Natkis & GilicBques, qui itiarchoient le long de YAingun au Tti-gur pour aller detruire Tugurskoi-Oßrog. Enfincommeil n'etoit plus für deretour-ner ä Albaßn ä caufe des Chinois, parce que ceux-ci avoient intercepte & tuč * Unc Simowie de Cofaques, quelques mefTagers qu'on y avoic de-pechčs, & que le bruit s'etoit repanda la raarche d'une grande armee chi-noife pour alTieger Albafin, les Cofa-ques & les Promychlenis des deux partis fe retirerenc ä Tugurskoi-Oßrog, & de-lä par Udskoi Oßrog zjakutzk, doü' quelques-uns feuleraent revinrent eil 1684 par yiimsk, Bargufinik Nenfchmsk Albafin. Cette marche des Chinois n'etoit quff trop reelle: & s'ils ne parurent pas tout de fuite devant Albafin, ce ne fut que pour prendre mieux leurs mefures;car l'armee prit pofte pres de l'ancienne ville d'Aigurij la fortifia, & en fit une place d'armes qui devoit fervir ä fadliter fes operations. Cela fe fit pendant Tete de 1Ö83. Mais deux ans apres la ville eut un autre emplacement un peu plus bas fur la rive meridiona-]e de YAmur, C'efl: celle - la - meme qui porte aujourd'hui le nom de Sachalin - Ula - Choton, & OÜ fe tient Is-Gouverneur etabli fur VJmiir fur' les rivieres qu'il rejoit dans fon cours. Ce meme etc on vouloit envoyer d'Albaßn un nouveau parti dc Cofaques & Promyfchlenis pour rclever GawrUo Froloyo äVJmgun. Cette troupe, forte de Ö7 hommes cotnmandes par Grigorei My'nik ou Myhikoiü, partit d'Albafm le 17 Juillet. Arrives dans le voifinage ^^Aigim, ils y furent encoures fiibite-menc de plus de 300 petits batimens chtnois appelles monte's chacun de 20 hommes; ce qui faifoic une arme e d'fcnviron 6000 hommes ^ contre laquelje il n'y avoit nulle apparence de pouvoir fe defendre. Les RufTes abor-derent ä la rive feptentrionale du fleu-ve. Le General chinois fit dire ä My!' «i^öcu de venir lui parier: celui-ci obeit accompagne de quelques-uns de fes ca-marades, & on les retint prifonniers. Plufieurs des Ruffes fe rendirent aux Chinois; d autres fe fauverent dans les tois, & quelques-uns de ceux ci arri-^erenc par Selimbinskoi-Oßreg & Uäskoi-Oßrog ä ^akutzk j d'qutres alleren: por- ter la nouvelle de leur d^faftre ä Mä-fin^ oü ils furenc de retour le loAoüt; d'autres enfin, qui prenoient le merae chemin, furent atceints par les Chinois, qui s'etoient mis ä leurs troufles, & menes prifonniers ä Tfchttfchigar & dela ä Pekin. Ces derniers furent i o jours en chemin pour aller ä TJchitJchigar autanr de ce lieu jufqii'ä Pčhn. L'annee d'apres, 1684» on envoya deux de ces prifonniers ä Jlbafm charges d'une lettre du Chan de la Chine, pour engager la garnifon par menaces & par promefTes ä rendre la place. Cette lettre fut traduite ä j^igntj par des Ruffes qui avoient paffe ci-devanc com-me transfuges chez les Chinois, & qui encendoient la Ungue chinoife; car on ramena la les deux prifonniers. II y avoit plufieurs de ces transfuges parmi les Chinois, tant ä I'armee qu'a Fekin. Crigorei Mylnik arriva ä Pekin dans le terns qu'on envoya ces deux prifonniers, & il y fut bien regu. II y fit des propofitions pour conftruire ä la Chine des moulins i la maniere rufTe, & d'y ecablir une favonnerie. On a-voit etabli de Pekin jufqu'a Aigun des ftations, an moyen defquelles on chan-geoit quatre fois par jour de chevaux. De cetce maniere nos deux Ruffes ne mirent que 15 jours pour aller de P^-kinä/Jigim: &il leur en falut i+pour fe rendre d'Aigun ä Albafm. Celul qui commandoit alors d Albafin n'ecoit qu'un fimple Cofaque nomme lix>an Woiotfcbnikow. II eut 1'imprudence de communlquer ä la garnifoti tout Je contenu de la lettre chinoife. Heii-reufement perfonne ne fe laifTa blouir par les belles promeffes des Chinois. Iis reflerenc tous fideles ä Jeur devoir, & fe declarerent prets ä repandre pour la patrie jufqu'ä la der-niere goate de leur fang, au cas que l'ennemi viiit mettre le fiege devant la plioe. Oa ecoit averti coup fur coup de tout cela ä Nertfcbinsk, k Jenlßsk & ^ Tobolsk; oa y favoit qu'il manquoic ä Mafin du monde, & tout ce qu'il faut pour foLuenir im fiege; & 1'on y prit me me quelques mefiires pour fe-courir cette place menac^e d'une en-liere ruine: mais I'eloignement etoit irop grand pour que les fecours eufTent pu arriver ä terns. La premiere chofe qu'on cruc devoir faire, ce fut de met-tre un Commandant ä la t6te de la gar-niron, d'une fidelity & d'une eyp^rien-ce eprOQV^e. La Cour de Mofcou riomma pour cet effet cot Akxei Tolhu-fin dont nous avons deja parle , & I'en-voya comme Woewode ä Jlbafm, ofi i] arriva au mois de Juin 1684. En meme tems la ville A'Aibafin rejut aufli des amoiries, c'etoit une aigk, avec fes dies itendues, tenant dans Ja grife drolte -un arc , ^ dans la gauche une fieche. On envoya auITi dans ce tems-laun nou-veau Woewode ä Nertfchinsk: ce fut le Stolnik Iwan Oßafiem fin-JVlaJfow, ci-devant Woewode a Irkutzk. Les Oftrogs & Simowies fitu^es fur les rivieres de S^ia^ de Seihnba t 6'Am- gun ^un & de Tugur efluyerent les premieres hollilites des Chinois. Dohnskoi-Ofirog n'esiftoic plus des Tannee 1C82. La garnifon de Selimbinskoi fe fauva ä Vdskoi-Oßrog & ä JakutzL Tout YAn-gun etoit abandpnne, & les Chinois n'y eurent d'autre peine que d'ef-facer par le feu jufqu'au fouvenir des habitations que les Ruffes y avoient eues. A Seiskoi & ä Tugurskoi-Oßrog^ ou Ton ne s'attendoit pas ä £tre atta« que, les garnifous furent faites prifon-nieres. Ceci fe paifa en i683' L'an-nee d'apres, & au mois de Mars 1685» les ennemis firent des courfes jufque dans le voifinage d'Albaßn^ & caufe-rent beaucoup de defordre dans les villages d'alentour. Le principal but de leurs courfes etoit de faire des prifon-niers, afin d'etre inftruits par ceux-ci de Tctat de 4a garnifon A'Albaßn. Enfin le fiege meme eut lieu, ce fie-ge qu'on redoutoit ä Albafin depuis deux ans, & qui ne pouvoit efFeftivement avoir que de trifles fuites, foic par I« Tow. I/. F 522 H I S T O I R E E Ü grande difproportion des forces cln'noi-fes Sc ruffes dans des contrees f: eloi-gnees, foit par la nature meme dii lieu qui n'etoin rien moins qu'en etat de de-fenfe. J1 eft vrai qu'en d'autres occa-fions des fortifications de bois & des pa-liflades avoient fuffi, pour garantir Je^ villes & les oftrogs de:Sibirie contre des peuples qui n'avoient d'autres armes que Tare & la fleche. Bien plus, nous avoRS vu les armees chinoifes memes, en plus d'une occafion, ne fai-le que d'iropuiffans efforts contre des poignees de Ruffes, tant que les premiers ne fnrent point fe fervir du canon & du moufquet ä la maniere des Europeens. Mais ils en apprirent bien-tot le maniercent par Ics JcJiistes, qui, etant venus en miffion ä la Chine, fu-xent fe rendre agreables ä ia nation , & furtout a I'Einpereur Canghi^ monarque jeune alors, mais done de toutes fortes de bonnes qualites, en enfeignant dans fes Etats les aYts & les faiences. Uns flotte de loo Buffes, montees cha- cune par 40 ä 50 hommes, couvrit le fleuve, & une armee de loooo homines s'avanja par terre. L'artillerie confiftoit en * 150 pieces de campa-gne, & 40 ä 50 groITes pieces de canon. Quelques troupes legeres, ä qui I'on avoit fait prendre Ics devans, pa-rurent devant Aibafm le 4 Juin 1685, & enlevereiit le betail de la campagne. Le 10 les BufTcs aborderent aux villa-lages fitues au-deflbus Aibafm le long du fleuve. Le 11 le General chinois envoy a deux Promyfchlenis prifonniers, avec crois lettres dcrites au nom de Ton Chan en langue manfiure, ruffe & po-lonoife, pour fommer la garnifon de fe rendre, & TalTurer en ce cas d'uir bon traitement. Mais ceus d'Albafin ne rdpondint point, toiite I'armee chinoife fe prefenta le 12 devant Aibafm tant pat eau que par terre, & commenja d fou-droyer la place avec le canon & lamouf-queierie. * 11 y a des relations qui n'en mettent que ICQ, F 3 HisTOIRE Dtl Le Woewode Tolbufin avoic eu la pra-caution, a Tapproche de I'ennemi, de recirer dans la place tons les habitans des villages voifins avec leiirs provifions, & de mettre le feu aux maifons qui etoient autour de ]'OJl:rog en de-Iiors au nombre de 40, refolu dc fe dc-fendre jufqaa I'extremite, afin de donner le terns n ceux de Ncrtfchhisk de ve-nir ä fon fecours. Mais il n'avoic en tout aiipres de lui que 450 tant Cofa-ques, que marchands, Promyfchlenis & payfans, 3 pieces d^ canon & 300 moufquets. II y avoit deja longcems qu'on avoit fait partir de Jemfehk un convoi de chofes necelTaires a la defenfe de la place, mais il n'avoit pas feulement encore paffž ä NertfchinsL II en etoit de-mžme d'un regiment de 600 Cofa-.qiies lev6 lann^e d'auparavant, 1684» ä Tobolsk, & qui devoit, felon fa def-tination, apres avoir palTe ä Jemßhk^ marcher encore avant I'hiver jufqu'a Udinsk fur la riviere de Seknga, & con- firmer fa route par tcne k Nertfchinsk^u printeras 16S5 : il fut retarde aufli dans fa marche; I'hiver furpric les bateaux dans la riviere de Tunguska aux environs de Celle d'//»«. Une partie de ces gens, lailTant en arriere rartillerie & le gro3 bagage pour etre efcorte par Jes autres, alia par terre ä Udinsh Lä les Mongals vagabonds leur enJeverenc leurs chevaux, ce qui les engagea ä aller ä leur pourfuite au mois d'Avril en remontant la riviere de Tfchikoi, fans icouter les remontrances de leur chef, qui faifoit de fon mieus pour les en d^-tourner. Ce chef etoit un nommž Jfa-najfei Beiton, gentilhomme allemand, ci-devant Lieutenant au fervice de Polo-gne, enfuite prifonnier de guerre du-Czar Jkxei Michalloviitz, qui l'avoit en-voye en Sibirie pour y etablir une milice reguliere. On penfe bien que tout fecours man-quant ä ceux d'Jlbafin, toute leur bravoure ne put les fauver. Des les premiers jours plus de 100 homrnesper F 3 rirent par le feu continuel des ennemh. Les parois de bois, & les tours dont i'Oflrog etoit flanque, furent cribles de coups. Enfin la garnifon manqua de poudre & de plomb. Le moyen, apres cela, de fe dcfcndre plus long-tems? Le Prieur du couvent de Spdskoi^ bäti depuis pea feulemenE, le Pretre de TEgUfe dediee dans l'OIlrog ä la TefiiV' reäion de Chriß, & tous ks habitans k Jeur fuite fe prefenterent le 22 Juin au Woewode, avec une requete pour que Ton tentät d'obtenir une capUulation du General chinois, par laquelle il leur füt permis de fe retirer ä Nertfchinsh On envoya en confequence des deputes au camp des ennemis: öc par bonheur on tomba d'accord avec eux. Mais avant que 'Folbußn fortit de la place a-vec la garnifon, on les fit venir au camp chinois, & on les y foUicita for-tement ä la defertion. II y en eut 25, qui fe laiflerent feduire par ks promef-fes qui leur furent faites. Les aucres isfimoignerenc une jufte horreur pour. ane Celle perfidie, & piirent avec Tol-biifin le cheminde Nertfchinsk^ apres avoir ece depouilles de tout ce qu'ila pofftidoient par les Chinois, qui Icut permirent de prendre avec eux dequol fe nourrir jufqu a Nertfchinsk. A une journee d'Jlbaßn ils rencontre-rent 100 hommes que le Woewode IFiqßü'x avoit fait partir de Nertfchinsk le 23 Juin au fecours des alGeges, avec 3 canons de fer, 300 mourquets & les nunitions neceflkires. Ceux ci s'en re-tournerent avec les autres. Quand ils euent atceint I'embouchure de VUrka, qu?lques-uns demanderent la permiflioH de prendre le cherain du Lena, On la leiir accorda d'autant plus volontiers, qu'ot ne ffavoit comment nourrir tanc de monde ä Nertjchinsk. Les Chinois ruivireu de loin les Ruffes, 1 efpace de 200 weiftesjjufqu'aux deruieres habitations du diaria c'efl-ä-dire jurqu'a renbouchure de la riviere d'v^r- Si'-n, afin de s'aöurer de leur entier depart,. F 4 H I S T O I R E » u Cependant ceux-d ne piirent pas fe tefoudre ä renoncer enderement ä leurj poffeflions fur V Amur y d'oü la force mi-jeure des Chinois venoit de les chaffer, Le Woewode fFlaJJhw ^toic un homme egalement brave & verfe dans les affaires. II fentit ]a grandeur de la per-te qu'on venoit de faire; & le procede violent des Chinois, au Heu d'abattre fon courage, ne fie que Tanimer ä la recherche des moyens les plus fürs pom recouvrer ce qu'on avoic perdu. To-hiifin arriva ä Nertfckmsk le lo Juillec i*-vec la garnifon A'/nbafm, & dans le meme terns Ics Cofaques du regiment de Beiton y arriverent de leur cotc fucref-fivement. Sur cela Wkjßis erat devoir comraencer par envoyer des gens Kcon-rottre Ics environs d'Albafin, & voir dans quel etat I'ennenii avoit Uifle la place. C'eft ce qui fut execute par un detachement de 70 hommeSj-jui s'em-barquerent ä ISlertfchinsk le 15 JuiHec dans 4 bateaux legers, & qui y furent de letour le 7 AoCLt. Mafin & tous^les vii- villages d'alentour etoient reduits en cen-dresimais on n'avok point toucheau bled,, qui etoic encore debout [par les champs? Ön y compta plus de looo Defcetins, ou arpeiis de terre enfemences. On ne fait fi les Chinois avoientdeflein en par-tant de fe referver cette recolte; On ne trouva qu'un feul homme ä la place ou ^/ia^/n etoit fitue. Celui-ci die que toine I'armee etoit retourneea Ji-gun\ qu'il avoit bien penfd que lesRuffes n'abandonneroient point les grains qu'ils avoient femes,-. & que pour lui, ayant eu un malheur chez les flens qui I'avoit force ä prendre la fuite, il s'e-toic rendu, ici pour les attendre & joui'r dc leur protečlion. lis emmenerent ce Chinois avec eus ä NtrtfchhuL PVlaJJow alia pas-a-pas dans fes operations. 11 voulut avant tout s'aflurer-de cette recoke. Pour cet effet il y envoys le Colonel de Cofaques Jfanaf^ ßi Beiton avec 200 hommes. Celui-ci-fut fuivi par les anciens habitans d'Jl-^^fitij qui y retQurnerent par troupes» f y & volontairement: & comme Tolbußn-etoit aime & eftime d'un chaciin, & que ceux ^.'/llbafm defiroient de le ra-voir pour leur Wocwode, il euc ordre d'y retourner, & Beiton celui d'obeir ä fes commandemens. Bref, la refolu-tion fut prife de retablir Mafin, & de le mettre en fi bon etat de defenfe que les Chinois trouvalTent ä qui parier au cas qu'il leur prlc eiivie de I'af-fi^ger une feconde fois. Pour cet effet on y renvoya non feulement tous fes anciens habitans, raais encore tous les Cofaques du regiment de Beiton qui s'etoient rendus jufque-la ä NertfchinsL. La liile de ceux qui fuivirent Beiton Sc ToJbufin kAlbafm, montoit ä Ö71 homines , y compris les payfans & les Pro-myfchlenis, L'artillerie qu'ils emmene* rent avec eux confiftoit en 5 canons de fonte & 3 de fer, avec les boulets, la. poudre & le plomb neceflalres; outre qu'on attendoic unegrande quantite de munitions avec les Cofaques de Beitel-qjii manquoient encore. ToMfin revint ä Alhaftn le 27 Aout. On fe häta de recueillir autant de grai« qu'on puc: car il etoit impoflible d'a-chever toute la recolte, parce que la faifon etoit trop avancee, & que Ton avoit befoin de mains pour conflruire le Fort avant I'hiver. Les ordres por-toient de le placer un peu plus bas, parce que dans le premier on manquoit, d'eau quoiqu'on y eüt creufe pour en trouver. Mais apres avoir bien examine la contree, il ne s'y trouva point d'em-placement außi commode que Tancien. On s'en tint done ä celui-ci; mais rfu lieu d'y elever un oflrog pareil au precedent, on environna la place d'un rempart de teire, dont TepaifTeur au pie etoit de 4 braffes; & le 11 Oftobre on etoit parvenu ä lui donner une brafle & demie de hauteur. L'hiver ne permit point aux ouvriers d'y travailler plus longtems; mais au printems fui-vant on Televa jusqu'a 3 bralTes de hauteur. C'efl: alors (\a'Albafin fut honore'e «iu nom de vil le: & en gen«iral on ne r 6 trouvera la raifon pourquoi teile ou teile place en Sibirie fut appellee autrefois un oßrog, ou ville, que dans la dif-ferente maniere dont elles etoient for-tifiees. On ajoute que cette levee, faite de terre glaife., de racines d'arr bres & de gazon, avok iine folidke plus qu'ordinaire. Ce qui arriva dans la fuite, rend la chofe afli;z croya-i ble. On employa le peu de tems qui ref-, toit,ä commencer le retabliflement des habitations &. des villages;., quant ä l'e-glife & au couvent, on ne put pas feu» lementy penfer encore. La maifon du Woewode dans leFort, & environ lo maifons au dehors, c'efl-Ia tout ce qui fut debout cet hiver & au printems qui fuivit. On mauquoit d.'outils pour bä-tir & d'inllrumens neceflaires ä J'agri'r culture:,les Chinois avoient tout enle-r ve. II falut faixe venir du fcr de Telem^ hinski ou on le fond dans des fourneaujf portatifs, & en forger foi-meme les putils.& les inftrumens dont on avoit bes &in. Enfin on n'oublia point, tant en automne qu'au printemps, de labourer & enfemencer de nouveau les terres, quoiqu'il ne fut pas poiTible d'y employer le meme foin & la meme affi-duite que demanderok un terrain mcins-fertile. Void comme etoient les prix des gra-ins ä Alhafin au printems i68(5: le feigle ä 9 Copecs le Pud : lefromenr, 12 Copecs: les pois & la graine de chanvre, 30 Copecs: les gruaux, 25 Copecs. On ne fauroic defirer des prix plus modiques dans les concrees les itiieux cultivees & les plus fertile®, čc Ton peut juger par-la combien la recol-te de I'annee d'auparavant avoit ete a-bondance. Au refte on avoit ete inquiete des I'automne paffee dans les villages par les panis que I'ennemi avoit envoye-battre le^ pays. Le 24 Novembre on avoit amene au Fort de nouveaux Ama-nates (ou otages) de la riviere d& ^chihwa. Ceux-ci furent fuivis par plu-Seurs Tungus qui venoient apportec r 7 Jis t n I s T o 1 U C DU ]e tribut. Mais on fut bientot que ce n'etoient que des efpions, qui alloienc au furtir d'Mafiti rapportcr aux Chinois l'etat de la place. On prit avec raifon tout cela pour les avaiu-coureurs d'un fccond fiege que les enneinis mžditoienc de faire. Tolbiifin, de fon cöce , avoir fait diverfes tentatives pour faire des prifonniers fur les Chinois: pour cet effet il avoir envoye divers partis ä la pourfuite de ceux des ennemis lorsqu'ils paroifToienc; mais inutilement. Enfin le 7 Mars i686 il decacha le Colonel Eei-ton a la tete de 300 de fes Cofaques, avec ordre d'aller k la' riviere de Ka-mar, de s'y tenir en embufcade pour' tomber fur I'ennemi lorfqu'i! lui verroic prendre le chemin d'Maßn, & de faire quelques prifonniers fur lui dont on püt tirer tout ce qu'il importoit de fa-voir. prit pofte au Kamar le 12 Mars. Le 17 un parti de 4c hommes fe montra. II etoit detache de Tfchitjchi-gaty oü Ton avoit dija avis du retablif-fment dV/iff/i«, ppur voir fi le Fort svangoit. Ceux-d prirent la fuite ä la vue des Ruffes. Beiton les pourfuivin au-de-lä de 30 werftes an remontant la riviere de Taga, qui fe jette dans le Kamar. Ce ne fut qu'avec beaucoup de peine, & apres avoir tue 30 hom-mes aux ennemis & perdu 7 des fiens, qu'il en prit un en vie. Void ce qu'on füt de ce prifonnier, Chinois ou Manßure ^ nomme Kewutei (nos relations ruITes l'appellent Go-ajo-deika^. La premiere nouvelle du reta-blifTement d'AIbaßn avoit ete portee ä Tfchitfchigar par quelques gens de la nation des Targatfchins j qui, voulant aller i la chafle des zibelines, avoient etd attaques en chemin par les Cofaques d'Alhäßn, Le Gouverneur de Tßhit" Jih'igar avoit detache un parti de Dau-res, qui avoient intercepte un payfan dans le voifinage d'JIbaßn, & Tavoient anaene ä Tßhitfchigar. Ce payfan avoit confirm^ le rapport des Targatjcbins, Les ordres du parti qu'on venoit de fur-P.rendre portoient de fe cacher dans^ 13Ö H I s T o I K E C U" quelque lieu aux environs Müßn, d'et ils pufTent voir, jour par jour, ce qui fe paiToit dans la place. C'etoit une chofe decidee que les Chinois rexnen-droienc faire le fiege du nouveau Fort: mais il n'etoit pas certain que I'entre-prife eut lieu avant le printems de I'an-näe fuivante 1687. En attendant il fe pourroit bien qu'en automme un corps de troupes legeres vint difputer ans Ruffes leur recolte. Le meme homme ajoüta que Ton avoit tranf-porte la ville d'Jigun, oa Sachalin-tila-Choton ä la rive droite de I'^mar, ä une journee au-deffous de rertibouchu--re du Ära: que la nouvelle ville etoit entouree d'un double rang de palliOa-des, qui avoient 3 brafles de haut; que^ I'intervalle de 2 braffes, qu'on avoic laiflH entre les rangs, etoit rempli de-terre ä la hauteur dune braffe; & que^ toute la ville avoit 600 brafles de cir-conference : queTarmee, qui avoit de-truit Albafm I'annee paffee, avoit faitJ '^yttfk Sacbaiin-ula-Chotony dont la gart. mfon confiftoit ačluellement en 2 ä 3000 hommes: qu'ils avoient 30 pieces de canon, peu d'autres armes ä feu, mais des arcs & des fleches en quantiie: qu'il y avoit 500 hommes pour culciver la terre, & que quoique ceux-ci n'y fuf-fent pas encore en families, ils atten-tloierlc cependant I'etc prochain leurs femmes & leurs enfans, qu'on avoit Idilfes en arriere en les tranfportanc: enfin qu'on avoit deffein de bätir une autre vi!le nouvelie fur la riviere de AW2 (apparemment la ville de Mer-gen) I mais qu'eüe n'etoit pas encore commence'e lorfque le detachement par-tit de Tfchhjchigar. Quelque Hncere que paru t ce prifon-nier dans fes enonccs, ia bombe creva bien plutot qu'il ne Tavoit die. Des le 7 Juillet une grande armee chinoife vine inveftir Albafm de tous cotds. Tolbußn fit mettre le feu, comme la premiere fois,aux maifons qui n'etoient pas dans I'enceince du Fort,afin que i'ennemi ne put point s'y loger. Les, habitans-da. JCSS Ii I s T o I R E D U ces maifons 6: ceus des villages fe re~ tirerent tous dans la place, oü its fe creuferenc des demeures dans k terre. Les BLifTes, ou barques chinoifes, au nombre de 150 etoient mont^es les unes par 20, les autres par 30, & d'autres enfin par 40 homraes, & portoitnt en tout 40 canons. L'armee de tcrre fuE: eftimee ä 3000 hommes, tous ä cheval, Lcs affieges, de leur cote, n'etoient que 736 hommes ä i'arrivee des Chi-nois: & quoique ce nombre diminiiat peu ä peu, il fuffit pourtanc pour la de-fenfe d'Albafin; & ce feul fiege fera toujours une preuve inconteflable de la lachete des Chinois & de leur peu d'ha-bilete dans Tart milicaire, quand on n'en auroit pas affcz d'exemples d'aiU leurs. Le Woewode ayant reju avis de tout ceh ä Nenfchinsk par une lettre du Woewode Tolbiifin en date du 12 Juillet, il envoya par eau un Sin-Bo-jarskoi avec 70 hommes pour aller s'in-Ibriuer plus particulierement de Tenne-- mi & des mefures qu'il prenoit. Ceux-ci approclierent aflez dc la ville pour voir a leur aife que les Chinois la ca-nonnoient fans difconcinuer, & aux environs des villages ruffes ils remarque— rent que les Chinois avoient detruitpar le feu tout le bled des champs. Dix Ruffes, qii'ils trouvercnt dans un bois, & qu'ils eir.mencrent avec eux ä Neri-fcbinsk, leur raconterenc qu'ils avoient etc trente pour garder des chevaux qu'on avoic menes paitre pres d'Jlbafin: qua-yanc appris trop tard I'arriv^e de I'ar-mee ennemie, il ne leur avoit pas ete poffible de fe retlrer dans la place: qu'ils. avoient pris la fdte, mais que I'enne-^ mi, qui etoit k leurs troufles, avoit tue oa fait prifonniers leurs camarades: que 20 hommes, qui gardoient les chevaux d'un autre paturage, avoienc eu le meine fort, que depuis ce terns les enne-mis ne ceflbient de bacire la place, fanj cependant avoir pu gagner jufqu'ici ua pouce de terrain fur les affiegcis, qui fe. ciftfendoient avec beaucoup de bravou» i4-0 K I I T o I R E D a ie. Pour etre inflruit de tout ce qui fe' pafTeroit, le Sin-Bojarskoi laifTa un Pro-nyfchleni dans le voifinage d'Albafin,-au moyen daquel on apprit dans la Tui-re, qu'a I'approche de I'hiver les Chi-nois avoientfait defcendre leurs Bufles' jufqü'a des lieax oü ils etoient en füre-rete contre les glajons que le fieuve commensoic a charier; mais que les troupes de terre continuoient le fiege. Corame le canon do la place incom-modoit beaucoup les" ennemis, ceux-ci effayerent d'abord de fe mettre ä convert au moyen d'une paroi de pins, derriere laquelJc ils avoient entalTe du bois mouille: mais biemot le canon des affieges mit le feu ä la paroi, & leurs mines firent fauter le tas de bois. Apres cela les Chinois firent une circonvalla-tion tout autour de la ville, & la gar-nirent de canon. Le i Septembre il& tenterent un affaut, qui leur reuffit fort mal, car ils furent repoufTes avec beau-eoup de perte: & les affieges leur tue-rsm bien du monde, & fiient quelques-^ ■prifonniers fur eux, dans 5 forties qu'ils ürent fuccefliveraent. La perte des Ruffes etoic peu de chofe dans toutes ces ačtions: mais ils eurent a faire ä un en-nerni au dedans bien plus redoutable que iVžtoit celui de dehors, je veux dire a rhiimidic^ de leurs demeures foucerrai-nes, qui, fe faifimt fentir en aiitomne & en hiver, produific bientot des ma-äadies morteiles, entre aiitres le fcor-but, plus funefle dans ces cas que le fer & le feu des ennemis. Si les relations que Ton trouve dans I'ouvrage de Wilfen * difent vrai, Ics aflieg^s, ä la fin de Novembre, etoienc diminues juf^ qu'ä 150 hommes. La plus grande perte que Ton fit dans • ce fiege, ce fat celle dii Woewode ToJbufin, tue par un boulet de canon, Cemalheur n'arriva pas, comma on le -trouve dans Witfen, 5 jours apres que les Chinois eurent invefti laplace,mais, au temoignage de gens qui avoient etc ■prefens, vers la fin du mois de Septem-, * NofrJ-e„.09ß - Tartar y p. S^^i '.142 Histoire ötj "bre. Le Colonel JfamJJei Beitcn liii fiiC-ceda dans le comraandement. Son ha-bilete, fa bravoure & fon experience n'avoicnt pas peu contribuc, du vivant meme de Tolbufin, ä la confervation de la place; & il continua par fon a£tivi-te & par fa vigilance de rendre inutiles tons les efforts des Chinois. Je trouve des ordres qui etoienE depeches de "Nert-fch'msk ä ce brave Oflider, ou il efl: nomme Jfanaßei Iwanovaitfch von Beiion; ce qui confirme qu'il etoit noble, & allennand. Dans les annees ftiivantes ii fut Colonel de Cofaqiies ä Irkutzk, & au commencement de ce fiecle ii mou-nit Gouverneur ä JVerchoknsk. Ses def-cendans demeurent fous le iiom de Bei' tonow par tie ä Uänsk , & panie dans un village du diflrifl de Balagansk, qui porte leur nom. Les Chinois voyant que le rempart tenoit bon contre leur canon, & defef-perant d'y faire breche, s'aviferent de tirer des flaches dans la ville, auxquel-les etoient attach^es des lettres, oü ils T l e tj v e Amur. 143 Taifoient de grandes promefTes aux af-:f]egds s'ils vouloienc fe rendre. En attendant , le froid, plus grand dans ces contrees que dans d'autres fous le meine climai:, rendit les travaux infuppor-lables. A la fin de Novembre il falut changer le fiege en blocus: le 6 May de I'annee fuivante, 1Ö87, on leva me-mecelui-ci, & les Chxnois fe retirerent ä 4 Werltes ^'Aibaßn. Par-lä ies alTie-g^s fe revirent ä meme de fortlr & de rentrer en toute liberte, de f« ravitail-1er & de pourvoir ä pliifieurs autres befoins, d'envoyer des meffagcrs ä Neri-fchimk, de recevoir de nouveaux ren« forts de troupes, en un mot de vivre & d'agir comma fi Ies deux empires etoient en pleine paix & en bonne intelligence l'un avec l'autre. Ces memes Chinois, qui jiifque-lä avoient menace de tout exterminer, etoient devenus civils, au point d offrir ä ceux č!J!bafin de leur pretcr leurs medeclns pour foulager les "Malades, demandant pour cet effet de favoir feulemem le nombre de ceux-ci. Mais Beiton repondit qu'on n'avoit pas befoin prefentement de ce fecours, at-tendu que tout fon monde fe portoit bien. II ne refloit cependant le 6 May que 66 hommes de la garnifon en vie: tout le refbe avoit fuccombe au fcorbur, Beitonfit plus; pour montrer qu'il avoit des vivres en abondance, 11 fit faire un pace du poids de 40 livres, & Ten-voya en prefent au Gdnčral chinois-, qui I'accepta avec beaucoup de remer-cimens. On fera moins furpris de ce change-ment dans les precedes des Chinois, lorfqu'on faura qu'ils avoient regu avis de Pekin de VJmbaJfade qui devoit venir de Mojcaii, pour convenir ä I'amiable des limites de part & d'autre. Cette nouvelle avoit ete portee par un clerc de la chancellerie des affaires etrange-res, nomme Nikifor Wenukov}^ depeche de Mofcou le II Decembre löSS- La-deflus on avoit envoye ordre ä Tarmee chinoife de lever le fiege d'^lbaßn. Un autre clerc de la meme chancellerie, Iixan I'wan Loginow, fuivii le premier, portant avis que les AmbaflTadeurs etoient ačluel-lement en chemin de Mofcou: fur quoi la Cour de Pek'm expedia un fecond ordre, en vertu duquel I'jrmee chinoife dčvoic fe retirer tout-ä-fait du diftrift & retourner dans Jes quarders d'oii eile etoit venue. En confequence les Chlnois evacue-renc ce diftričt le 30 AoCic: & les Ruffes recommencerent tout de fuite äs'e-tablir dans les villages d'alentour, &ä cukiver les champs abandonnes I'e'td d'auparavant, fans que les Chinois s'a-VifdlTent d'y apporter le moindre em-pechement. Une maniere d'agir fi pa-cifique, apres tant de bruit, ne pouvoit avoir fa raifon que dans les grandes per-tes qu'ils avoient fouftrtes devanc /J!ba' ßn, & dans Fimpoflibilit^ ou ils fe fup-pofoient de jamais prendre la place par force. Expofjs aux injures de fair, ils ^voient du s'enterrer comme les alTič-S^s, &par confequent fouffrir les menses inaux qui avoient defole ceux-ci, Tom. II. G On trouve dans les relations de JVH-Jen * une depeche dont le Chan de la Chine chargei /^^'f/ifiiotu, lorfque cekii-ci partit de Pikm pour recourner ä MoJ-coit. Cctce piece eft datee de la vingt-cinquieme annee du regne de Canghi ß'iZ!cme]oav du dixieine moh: c'cfl.-i-di-re, felon notre maniere de compter, le lo Novembre 1686. L'original etoit double, en langne chinoife & manflu-re, & accompagne d'iine double tra-du-ftion, mongile & latine, dont la der-Riere avoit etefaite paries Jefuites ä Pe-kin. La fufcription , qui parolt ecre l'ou-vrage des Jefuites, eil aux deux Czars alors rejrnantj mais le dedans s'adref-fe an Tfchanga-Ckan. C'efl fans dome une fante. II fant lire TJahan-Chan ,nom qui en langue mongale iignifie le Chan hhnc\ •& c'eft-lä ie titre que plufieurs peuples orientaux ont donne des ies an-cisns tems aux monarques infles. CtC- * Komd en Ooß-Tai^ry p. gfjy- Cn placera cettc lettre de I'Linfcrcur de h Chine, pour la raretc du fait la fin de ce volume. te piece fait le detail de tout ce qui toic pafle jufque-la entre les deux empires : le Chan de la Chine y declare fes difpofitions pacifiques, fouhaitant que touce hoftilite finifle» & que les limites foient r^glees: enfin eile finit par aver-tir qu on avoit eiivoye un courier a yak-fa (c'eft le nom chinois, ou plutot rcanfiure, d'Jlbaßn) pour en faire lever le fiege, & pour faire faire les difpofi-lions necefTaires dans la contree ä la reception des ambafTadeurs ruffes qui de-voient venir conferer avec les plenipo-tentiaircs de la Chine. Ces ambaffadeurs etoient TOkolnit-fcliei & Gouverneur de Brisnsk , Fedi)r Jkxeewhfch Golo'ivin, & le Stolnik ÖC Gouverneur de Jelatma, aiors Woewo-de Ü Nercfchinsk, Iwan Oflafievs Sin J-VlaJfo-iS^ avec le Diak (Secretaire) Se-wJt/CHj Koniitzkoi. Go/oiufn parcit de Mcf-cou le 20 Janvier 1685. H cut pour ef-corte un regiment de 500 Strelzis fous ^es ordres du Stolnik Fedor Ifaiciu Sia. ^^ripizin leur Colonel. On envoya avec G 2 I4S II I s T o I R E Ti u dei3x aiures Colonels, Paul ipPoc^Htome f/f Sijialetiberg, pour commander di^ux nouveaux regimens de qui dev'oicn^i^fc cn Si-birie. Ces 3 reginrferl^evoient cfcor-ter rambanadctir a Neitfchinsk, t'il en ccoic btfoin, ä AJbifuu Puiir la pompe, le cortege eroic groffi par le Stol-nik ylkxei Siniawin, & par 5 gentilshom-mes d'ambaffade, Le 24. Mars ils arri-verenta Tobolsk^ oü , 4 jours apres, Mr. i'AmbalTadeur eut la facisfaflion de voir arriver fon pere, le Bojarin j']kxci Fe-troixHfch Gohwin, premier Wotwodede la ville & Gouverneur de route la Sibirie. Peu de tems auparavanc on avoir Icve un regiment ds Dragons de5 äöcohomines , pour couvrir la frontiere meridio-nale du diflričl de Tobolsk contre les in-curfions des JCtrgis Cafacs, ou , comme on Its appelloit alors, de la Cafatjchia-Orda. Pour gngner du tems, ce regiment eut ordre de fe joindre ä I'efcorte. Le fccond regiment fut leve ii ^eni/eisk, Jlivisk & autres Jieux du paflage. Lorfquc ks rivieres furent navigable», on alia par celles A'lrtifch^ d'OA & de liet ä Mako'-Jiskoi-Oflrog^ oü TAmbafTa-deur arriva le 5 Aout. Le tranfport du bagage, par le prolok de Makowie ä Je-nifeisk, confumi beaucoup de terns: & plus encore de ce dernier endroic, par les rivieres de Jenifei, de Tunguska , d'Jngara &c. jufqu'au lieu de leur def-tination; au lieu de 23 Dofchtfcheničs * qu'on avoit employes fur VOb, il en fa-luc 500 ici. Goloviin etoit encore ä Je' nifeisk, lorfqu'on y re^ut avis diifecond fiege d'AIbafin. Sur cette nouvelle il fit prendre en toute diligence les devans Nsrtfch'msk au Lieutenant-Colonel Sidor Bagathevi avec quelques troupes. Pour tui il fuivit le 12 Septembre; mais il fit halte le 29 Septembre iö8<5 ä Ry-bcmkoi'Oßrog fur la riviere de Timguska, & y refta en quartier d'hiver jufqu'au 15 Mars iöiS7. Le i Aout faivant il pafla ^ Irkutzk, & le 28 Septembre il aborda ^ Udinskoi • Oßrog fur la riviere de Sekn- * Sorte de batimens ruffes. G 3 ga. Ce fut ici le terme de fa navigation: le relle du chemin ä Nmfchinsk dcvoic fe faire par terre. Son zele pour fauver Mafin ne lui permit pas de per-dre un moment: il partit tout de fdte; mais il avoit ä peine fait trcnte w'erftes. qii'un expres vint !ui porter la nouvelle de la levee du fiege de la retraite des Chinois. Cela I'eiigagea ä revenir ä Üdinsk, & de paffer de-la ä Süejigimk y d'oCi il envoya le 19 Novembre 1ÖS7 im gentiJhomtne d'ambafisde, nommč Siefhan KoreisiK, ä Peki7i, pour y notißer fon arrivče aux Chinois, leur laifTant le choix du lieu ou fe tiendroit le congres. Dans le meme tems que YOkolnitfchci etoit ä Selenginsk, cette ville etoit affie-göe par une grande armee de Mongnls^ qui, ecendant leurs courfes julcjue dans le diilričl d'Udinsk, interrompirent tou-te communication entre ces deux places. Ceci parut ne s'fitre pas fait au hazard: la meme chofe etoit arrivee lors du premier fiege 6'Jlbaßn, Öi Ton favoic que les Mongils avoient ete excites a-iors ä cela par les Chinois; ainfi Ton conclat avec raifon que ces nouvelles hoftilites pirtoient de la meme fource. Elles comraencerent le 7 Janvier 168S. Les Cofiiques en garnifon ä Sšknginsk\ joints aux Bourgeois, aux Promyfchle-nis, & aux Marchands ruffes qui s'y trouvoient alors, ne faifoient pas en tout 200 hommes, & rAmbaffadeur n'a-Yoit qu'une compagnie de Strelzis au-pres de lui: ainü le refte des troupes de 1-efcorte, qu'on avoit diflribu^es par les Villages au bas du Selenga, dut decider ia chofe. Apres diverfes petites efcar-mouches & deux batailles, done l'uiie fe donna ä ao werftes au-defTous d'(7-dhisk, & l'auti-e dans une vallee prcs de Si'Ienghisk, nomraee ä caufe de cela Ubhnnoi-Pad, la furete publique fut en-fia rttablie. L'Anibafladeur attendoit avec imp3-Uuice reponfe de la Chine,-mais vcyanc qu'elie n'arrivoit point au tems qu'il l'a-voic efpere, ü retourna k üdmsk au G 4 15^ H I s T o I 11 E DU commencement de I'^te. Id Stephan K-rovim le rejoignic le 28 Juin, & lui aiinonja que la Cour de Fek'm agreolt la viile dü Sflengimk pour y tcnir le con-gres, qu'on y avoit nommö les Ambaf-fadeurs qui devoient s'y rendre, & que tout etoit prec pour leur voyage ä fen depart de Pckin: qii'ainfi on auroic bicn-tot de leurs nouvelles. En eflrec ic Chan Cangbi avoit deftinö pour cecce ambaf-"fade, des le commencement de 168?, deux Seigneurs de fa Cour, So/an ou Songotu, Captcaine de fa girde & Con-feiJter d'Etat, & Tong Laoye, ou Tong ke ICang, fon oncle maternel, qui oc-cupoic un pofle Eminent ä I'armee. Ceu\-ci, avec deux autres qui !eur lurent af-focies enfuite, partirent de Pčkin le 20 May avec une fuite confiderable; & ils feroient fürement arrives ä Sclenginsk au au mois d'Aout, fi la guerre, qui s'ele-va dans ce tems-la encre les Mongah & les CalmucSf leur eut laifie le pafla-ge libre. t.es Jefuites-, P. Thomas Pereira & P- % Franfois Gerbillon, etoienc avec eux comine jnterpretes, au cas cjue les Ruffes voukilTent traicer en latin, ou en quelque autre langue d'Europe. On peuc voir le journal, que Gerbillon a fait de ce voyage, dans le quatrieme tome de la Defcription de la Chine par le P. DuhaU de. 11 s'efl: apparemment fervi du ftile Gregorien dans fes dates: c'eft pour* quoi nous les recalons de 10 jours, pour les mettre d'accord avec notre maniere de compter. lis marcherent 4S0 Li, dont deux font une werfle, jufqu'a la grande mu^ raille de la Chine: de-la 640 Li jufqu'a la ville Quelhoa-tjchin ^ o\x Chou-cbou-Cho-tsn: 400 Li de Celle ci j ufqu'aux fron-tieres d'alors de 1'empire de la Chine, OÜ fe terminoienc les terres des Mon-gals foumis ä la Chine, & oii commen-5oient ceiles des Mongals independans jufqu'alors, qui portoient le furnom dc Kalkas: -^^S Li jufqu'a un lieu ou ilff lencontrerent ces Kalkas, qui fuj^oient ea foule de devant ks Caloiucs, qui le«-^ Ü 5 Jjr+ 11 I s T o I R E DU avoient forces dans leurs demeures; ce qui fit craindre aux Ambaffadeurs de ne pas pouvoir continuer leur voyage rn furete. Ceci arriva Je 28 Juin. Les Ambafladeurs avoient pris differentes routes, pour ne pas manquer d'eau & de fourage. lis fe reiinircnt ici pour confuker fur ce qu'il y avoit a faire. On fit prendre les devans ä un Mandarin pour reconnoitre le pays & voir ce qui s'y paffoit, 6c Ton en depeclia deiix ä Pekin pour donner avis en Cour de ce qui venoit d'arriver. Le premier fut pris par les Calraucs, qui le conduifi-rent devant leur prince Bufchucbta Chan, nomma aulli Galdan. Celui-ci lui demand a la raifon de cette marche des Chlnois ( car il y avoit quelques troupes pour efcorter rambaiTade) & s'ils n'titoient pas envoyes pour fecourir ]es Mongals? Le Mandarin repondit qu'it ne s'agiflbit que de condurre un traite -de paix avec les R-dTes:. fur quoi Bu-febucbtuchan le fit remettre en liberte,-^.cette ociaGLon ies Chiuois. eurent Ja-^ fathfaftion d'apprendre que les Rafles n'avoient point fait alliance avec lesCal-mucs: ils I'avoient crainc, & Bufibucb-tuchan avoit effeftiment recherche I'at-liance des Rufles. Les deux autres Mandarins revinrent de Pekin le rs Juil-kt, avec ordre aux AmbafTadeurs, s'ils n'avoient pas deja pafle le pays des Kal-kns occüpe par les armees des Mongals & des Calmucs, de ne point paffer outre pendant ces troubles, mais de reve>-nir furieurs pas, apres avoir fait lavoir par lettres aux Pl^nipotentiaiFes rufles d Silenginsk la raifon de Jt-ir rerour, en lei invicant de fe rendre fur les frontieres de la Chine, ou de chercher quel-que autre moyen de fe voir. La lettre fut ecrice en confequence, & pOrtee ä SHenghisk par trois Mandarins. Le lendemain les Ambaffadeurs reprirent le chemin de Pekin. Golowin rejut cette lettre ä Udimk le 5 AoQr. Le 8 du mfime mois il renvoya les Mandarins avec fa r^ponfe en rufle 6 ea laün, qui parvinc au;£ Aftitaflbi^' G 6 H I s T O I R E D ^J deurs chinois le 29. Le JeTuite GcrbH-Ion, qui ia traduifit avec fon coilegtre en chinois, donne le t^moignage acette piece d'etre fage Sc bien ecrice. Colowhi y declara qu'il pafTeroit Thiver fur les frontieres rufTes, priant qu'en attendanc on decerminat le lieu & le terns du congres. Pour etre mieux inftruit des intentions des Chinois,, & leur com-muniquer les fiennes, il les avertit qu'il enverroit un expres charge de fes let-tres k Pekitiy ä qui il efperoit qu'on fe. roit bon accueil &c. Cet expres arri-va effedlivement ä Pekin le 13 May 1Ö89. Les lettres qu'il apportoit ä-toient adreflees a-a IMiniftere, qui en communiqua le contenu au Chan. Ce-lui ci choiOi: la ville de Ncrtjch'msk pour la tenue du Congres. Les Pldnipotenr liaires devoient etre les memes qui ^ voient eti ordre I'annes precedence de fe rendre ä Sikngin-sk, fi ce n'eft qu'on leur donna encore quelques collegues de plus. Leur depart de Pekin fut fix6 aux3 JwiO j ^sloa le C^eiidrie^ Gxdr gorien, c'tft a-dire au 3 Juin, vieux ftile. En attendant Gokmn pafTa fon tenvs ä Udimk, en parrie ä y faire conflruire un petit Fort de bois, qui fiu caufe qu'on donna le nom de ville a ce lieu.; & en partie a faire preter hommage ä 1'empire rufTe ä divers princes Monges, qui vinrent fe foiimettre & cher.^ eher un azile apres avoir ete chaffes de Jeurs terres par les Cilmucs. Les Princes K3^\k■ds, Otfchim Sain-Chas, fon frer re Kutuchta^ Grand-Pretre des Mongils, & encore quelques autres Chans cSf 7"ai-fches, fe foumirenc ä la Chine. C'eft pour cette raifon <{\xOtfcbini prit, avec approbation de la Cour, le uirnom de TufcheUi-Chanf c'eft-a dire du Chan-vaß /al, ou qui demmdeproteäion: & fes fucr ctlTeurs continuent de porter le meine furnom. II y avoit une autre triba de Mongals, qui demeuroic ä la fource du Senijei, & dont le Chan, Min, foumis aux Ruffes des Tan 1636, s'ecoit fouf. tiait de Jeur obeiflunce peu apres. Son G 7 158 H I s T o I R E D Ü ills Loofan-Chan, qui fiit, comme Hjn pere, tnntöc foiimis & tantot infidele aux RiifTes, eut la premiere attaque a loutenir de la p^irt de Epßhuchtu Chan. Cc Loofan dtoit alle fe refugier ä Tan-gut, ou, felon quelques avis, jufqu'aux Indes. Ce furcnt les parens de celui- ci dont quelques-uns vinrent dans le dif-trifl de Sdlevghisk implorer la proteftion des Ruffes concre leur ennenii, & s'af-fujettir pour toujours ä leur empire. Comme ils dtoieni au nombre de fept, on les appella les /ept Taifchss. Gobivin "fit avec eux une capitulation dans les , formes le 15 Janvier 1689. Mais peu d'annees apres ils abandonnerent le parti ruflc, & fe rangersnt du cöte des Mongals qui s'ecoient mis fous la pro-teftion des Chinois. Tous k-s Plenipotentiaires chinois partirent de Pekin le 3 Juin, & avec eux les jefuites Perska & GcthUbn. Nous avons auffi le jourt>U du'fecend voyage de la fajon de ce dernier. On comp-ta aso LI jufqu'ä la viile de K'ip(t-ke% au pie de la grande tnuraille: de-läjuf-qu'ä la riviere de Kerkn, ou, comme les RufTcs prononcenc, JOirulum, 1620 Li; & de Celle-ci jufqu'ä l^ertfchinsk 771 Li. Ainfi, ä leur compte, k dif-tance entiere de Pekin ä Nertfcbinsk, efl de 2621 Li, qui font 1430 ^\ferfT:es ruffes, ä 220 Li par Degrc. On pifla la riviere de Kurulum ä 25 ou 30 Li du lieu OLi eile fe jette dans le lac Dalaiy ou Conlonnor, comme il eft nomme par ks peuples d'alcntour. Ici Ton fit prendre les devans ä quelques dümefliques, pour avertir ceux de .^crtfchinsk que les mi-niflres chinois žcoienc arrives jufque-lii, & qu'ils pourfuivroient leur route avec le plus de diligence polTible, Ces couriers n'arriverent ä Nenfcbinsk que le 15 Juillet. En meme tems une efcadre chinoife fe prefenta devanc la viile, ve-nant d^j^igun, fous precexte d'apporter les viftiiaiHes nžceffaires aux miniftres & ä leur cortege. On avoit averti, des le t 9 Juin, Ic Woewode WiuJJov) ä Nertjehmk de Ten-' voi de "fcadre, par un cxpres depeche de i dn, & porteiir d'une lettre ä Lc fujet du Chan de ia Chine ä l'AmbafTadtur rufTe, datee de ]a vingc-huideme aiiJiee, du fixieme mois, & du feizieme jour du regne de Gang hi. L'OjoInitfchei, qui re^ut cefte lettre le ijuillet ä (Jdimk, tonjuc des-lors des foüpjons, qui furi--nt fortifies lorfqu'on fut la quantite de troupes & de canons gui fe trouvoient fur cttse efcadre. Ce fut en vain qu'on reprefenta de la part des RufTes, que ceC appareil de guerre ne convenoic point ä un congres de-pais, dont les operations pourroienD etre fort embarraffees par la, & meme rendues entierement inutiles. Golowln auroit vouluque le congres fe fut ten'i ä Albaßn, comma ä la derniere place frontiere des Ruffes; & JViaJfo'S}, par^ fon ordre, ecrivit ä Beiton de faire dire aux Chinois, lorfqu'ils arriveroient ä Mbaßn, qu'ils euITcnt ä y faire halte.-Mais ceux^ci n'eurent garde de laifler fans ordre, & comnie pour s'intormer Iculement de ce qui s'etüic paffe dans la derniere ConferttEce. Les Chinois agre^rentl'cÄ-Tom. IL tl I 70 lIlSTOIRE DU pedient, & le 15 au matin les J^fuites alloient partir pour la vitle, lorfqu'un comrnifTaire vint prier les Chlnois de Ii part des Riifles, s'ils n'avoient plus rien ä dire pour fixer les limites, deleur de-livrer unc declaration par ecrit de tout ce qui s'eioit pafTe dans les deux conferences, & des propöfitions qu'on s'etoit faites de part & d'autre; que les Ruffes, de leHrcöte, leur en delivreroienc line pareille: & qu'ainfi les uns & les aütfes pourroient envoyer en cour des rapports auihentiques de r^catoü etoient les cliofcs. Les Chinois memes, des la premiere conference t avoient penfe ä cela com-me ä une chole ind}rperrable: mais i!s ne vouioitflt pas etre les premiers ä le faire. Sur cela le Comn-jifTaire leur propofa de rcnoLter les conferences: mais ils s'en escuferent a'jfll. lis avoient goute le projetdes Jefuites, & ils vou-löient voir ce que ceux-Či pourroient faire: auffi ne tarderent-ils pas deren-dre ä rOcolnitfchei la vifite concerte'e. Iis firent femblant, comme iis en ecoient convenus avec les Chinois, de ne ve-nir que pour favoir ce qui s'etoit paffe dans la derniere conference, & pour-qiioi Ton ne continuoit pas les nego-ciations. Peu-a-peu ils rendirent la converfation plus incerefiante, & firent entendre aux Ruffes, par maniere de confidence, qu'il s'agiflbic principaie-ment de favoir ä qui appirtiendroic ho.Jin: que les Minillres chinois avoient ordre de kur Cour d'infifler abfoJumenC fur ]a ceflion de cette place, & que fi )es RuiTes .s'obftinoienc ä la conferver, il n'y avoit point de paix ä efperer: qu'ils ne favoient pas fi precifement jufqu'oLi s'ecendoient les inftrudhons des Ambaffadeurs chinois par rapport au pays entre Aibafin 6l Nertfchinsk & au Nord de VAmur^ mais que l'Ocol-nitfchei devoic voir lui-mSme quelles limices on pourroit fixer lä, & qu'ilj He doucoienc pas qu'ä cet eg^;rd lil ne trouvä': les Chinois de facile compo-ficion, parce qu'iis inclinoienc beaucoup II a ä la paix. L'Ocolnitfchei repondit^ qu'avant de pouvoir determiner quel-que chofe il etoit neceflaire que les Chi-nois lui fiJTent favoir leur derniere refo-lution. Le lendemain, i6, rOcolnitfcheien-voya I'lm dc fes gens aux Chinois pour leur demander cette refolution. On montra ä celui-ci fur une grande Carte la riviere de Kerbetfcbi, ou GorbUza, tombant dans VAmur & prenant fa fource dans des montsgnes , qui s'e-tendent de ia rive feptcittrionale de VAmur jufqu'ä I'Ocean oriental. Cette riviere & cette chatne de niontagnes de-voient, felon les Chinois , fervir de limites aux deux empires, enforce que tous les pays fitučs ä I'Eft de la riviere & au Sud des monragnes appartien-droient aux Chinois, & que tous ceux ä rOuefl du Gorbitza & au Nord des montagnes demeureroient aux Rufles: que la riviere d'Argun fäpareroit les d^ux empires au Sud de VAmur-. enfin que les Chinois s'atoendoient ä ce qae F L' E tr v E A M U K. 173 les Rafles ne cherčhafTent pas ä pene-trer dans le pays des Mongüis Kalkas* parceque tout nouvellement ces peuples s'etoient mis fous la proteftion de la Chine. D'abord apres, ]es Jefuites vinrent trouver rOcoInitfchei, pour lui donner les eclairciflemens n^ceflaires fur cette-refolution. II £ut queflion d'abord des Mongals: rOcolnitfchei ne voului paseii^ entendre parier,parceque l'annäe paffte ils avoient eux-memes commence les hoftiJites contre ies Ruffes. Les Jefuites en alleren* faire leur rapport aux Ambafladeurs chinois, qui fe defifterent de cette demande, ^jui ne leur etoit point prefcrite dans leurs jnfl:ra£iions. Les Jefuites revinrent: on mit fur le tapis la frontiere le long de VArgun. Dans ce tQm^ VsL- Argunskoi-Oßrog etoit fur la rive Sud-£ftde la riviere, dont les Chinois vouloient etre les maitres: rOcolnitfchei ne vouloit abfolument pas ceder cette place. Le 17 les Jefuites propoferent de la part des Chinois de H 3 tranfponer cette ville fur la rive occi-dentale de l'/Jrgrm, mais cet expedient n'applanißbit pas le refte: on n'eroic lien moins que d'accord fur le principal' article, je veux dire fur le fort d^flba-ßn-, !es Chinois vouloient abfolument avoir cette ville, & I'Ocolnitfchei ne pouvoit fe rtifoudre ä la perdre. II vouluc k Ton tour faire une propo-iltion. Pour cec eifet il indiqua 'fur fa Carte la frontiere qu'on poiirroit deter-aiiner au-dela d'Mafin. On trouve dans les relations de fVitfen, qu'il avoit propofe d'abord la riviere de Seia, & enfuite ceJle d'OJdekon, pour bornes des terres de part & d'autre. Cela depluc fore aux J^fuites. lis s'ctoient figures ^]lle I'Ocolnitfchei avoit confenti ä la ceffion A'Mafin, parce que d'abord il n'avoit fait difficulte que fur Tarticle des Mongals & fur celui d'/hgumkoi-Oßrog: ils avoient donne des alfuran-ces pofitives la-deffus aux Chinois, don: ils ne vouloient pas avoir le dementi; & en taxant les Pl^nipontj^ires rufies de manquer de parole, ils leiir declarerent que fans cet article prdliniinaire il ne falok pas penfer k cominiier la nego-ciacion. Sltoc qu'ils furent de retour au camp des Chinois, ceux-ci tinrent grand con-feil de guerre. On y refoluc de paffer la riviere, de bloquer Nertjchinsk de tous cotes, & d'exciterä la revoke les Mongals & les Tungus tributaires de Tempire ruffe. Les ordres furent donnes pour effeftuer le paÖage des la nuit fui-vante; 6l ion decacha loo homines par eau pour Albafin^ avec ordre de fe join-dre ä un corps de 4 ä 500 honimes qu'on avoir laifle devant la place, de couper les bleds des environs, & d'inveüir la vilie de nianiere que perfonne n'y püc entrer ni en fortir. Le foir ceux d? Ncrtfcbinsk vireiit effeflivement tout le camp chinois en mouvement, & TOcol. nitfchei, craignant les fuites d'line telle «demarche, envoya un interprete aux t^'binols avec une proteftation de fa part, dans laquelle il declaroic qu'on aH 4 '£75 il I s T o 1 R E D J voic eu du cöid des Ruffes iine inten-tiori {iicrr^^de iravailler ä la paix, & qu'on n'avüit rien ndgüge pour ia renkte foUile: que fi les Chinois ne vou-loient pas contjnuer la negociation, il etoit necciFaire que de pare & d'aucre on fe donnat une declaration par eerie de tout ce qui s'etoic paffe dans les conferences. S'i! en fauc croire les Jefuites, Tincerprece fit entrevoir que les RlHTcs pourroient fe refoudre ä ceder Jlbaßn, ajüutant qu'ils noffroienc xlen parce qu'on leur demandoit trop. Les Ambafladeurs Chinois repondirent ä cela, que pour des declarations ils ne s'en metcoient pas en peine; qu'ils avoient declare iuflilamment leur intention, & qu'ils n'avoient rien aajoQter; que fi les Plenipotentiares ruQes accep-toienc leurs propofitions, ils devoieat le leur faire favoir cette nuit-la meine, ne pouvant pas attendre davan-tage. L'interprete, ajoute ■ t ■ on, de-manda envain qu'on renvoyat les Je-fuites vers les Plenipotentiaires rulles; on le refuf». Lc lendemain, 18, les Ambafladeurs Chinois ]everent leur camp, & fuivi-rent les troupes qui avoient deja paffe la riviere. On vit parotcre celles-ci Air le haut des montagnes qui environnent Nertfcbmsk, & faire des mouvemens qui pronoftiquoient le commencement d'hof-tilices don t ils avoient menace lei Ruffes. Ceux de Nertfihinsk, de leur cote , fe difpoferent ä ia defenfe. Mais etoit-il apparent qu'ils puffent fe foute-nir longtems contre des forces fi Aipe-rieures aux Icurs? Une tribu de Mon-gals, nommes Onhti, forte de 2700-iKJmraes, s'etoit foamife I'annee precedence ä I'empire ruffe, & occupoit le-haut de la riviere de Nertfcha. On ne leur avoitpoint encore impofede tribot:-' ainfi il n'efl; pas vrai qii'ils ayent cu fu-jet, comme les Jefuices le difent, d'etre mecontens de leurs maltres. Cepen--dant ils fe revolterent ce meme jour & fe joigiiirent aux Chinois. Mais la me« me chofe etoit ä craindre de la part de-toas les peuples tributaires du dif^ H 5 trifl de Nert/chinski & fi cela etoit arrive, c'cn ctoit fait des polTefllons ruffes dans toute cette contree. En un mot it ne reftoit aux Ruffes d'autre parti ä prendre, que de ceder j^lbaßn aux Ghinois, de renoncer entierement kVA-mury de fe borner ä Vj^rguu, & d'a* chetter ainfi la paix aux conditions que I'ennemi arme, & qui fentoit fon avantage, la vouloit donner, Auffitoc que rOcolnitfchei eut fait favolr cette refoluüon aux AmbafTadeurs chinois,oa Teprit la negociation par rentremife de Tun des Jefuites. On employa trois jours ä digdrer les articles du traite, tel que ie preten-doient les Chinois. Les Jefuites en ap-porterent le 2i Aoöt une tradiiciion la-tine aux Plenipotentiaires rufies. Ceux-Ci firent demander le jour fuivant rex-plication d'un article, dans leqoel les Chinois avoient inftre une chofe dont,. felon I'avcu mßme des Jefuites, on nc leur avoit point pariti ci-devant: c'etoit fu|et de la frontiere au Nord de Pleüve Amur'. 17^ mur: Les Chinois n'avoient fait mention jufque lä que d'une chalne de mon-tagnesj qui devoit s'^tendre de la riviere de Kcrbctfchi, ou Gorbitza, en li-gne a-peu-pres parallele ä V Amur ^ juf-qii'a rOcean oriental; & dans le traictJ ils mettoient toute une autre chaine de moncagnes, favoir un bras de cells-ci, qui s'etendant d'abord du Sfta auNord, fepare Ics rivieres qui vont fe jetter dans I'ocean oriental d'avec etiles qui tombenc dans la mer gladale, & tour-nart enfuite au Nord-Eft, va au-de-Iž de V/J nadir former le Promontoire appelle TfChukotzkoi-NoJf^ qui s'allocge encore fort avant dans la mer. Iis eu--rent connoiOance apparemment de cec-te chaine par les prifonniers ou transfui-ges ruffes qui fe trouvoient parmi eux. Quoiqu'il en foit, ils perfiflerent ä pre-tendre, que ce feroic celle-lä qui mar-queroit les bornes, fe flattant que k< Ruffes, qui avoient deja tant cede, con* fentiroient encore ä ce dernier facrifice-pour obt^nir la paix. H 6 ISO II I s T o 1 R E D VI Le 22 ne recevant point de nouvel-les de rOcolnitfchei, les Ambafladeur» Cliinois fe trouverent embarrafles, & fentanc qu'en demandant plus que de raifon ils courroient rifque de rompre la negociacion, ils tinrenc confeil, & y appellerent les Jefuites. Ceux ci leur leprefenterent qa'il n'y avoit pas appa-rence que les RufTes nccordaflent jamais cet article; qu'on ne Itur avoit point parlö de ce Tfchukotskoi-Kq[f quand il s'itoit agi de convenir preliminaire-ment des bornes des deux empires; que les Chinois ignoroient peut-eire qu'il y avoit plus de looo lieues en ligne droi-te de ce Nojfi Pekin; qu'ils avoient vu cela de leurs propres yeux fur une carte que les Miniftrcs ruffes leur avoient montree, & fur laquelle ce Nojf eft marque prefqu'au 80° de latitude fep?-tentrionale. Lcs Chinois, etonnes da ce qu'iis apprenoient, fe lailTerent tz-mener a leur premier plan,.& charge-rent les Jefuites d'aller porter leur le-folution aux plenipotentiaires ruffes. 11 F t 2 U V £ A M ü l8l Tit redoit plus, apres cela, que de re» gier certain» articles concernant ]es iransfuges & le commerce entre les deur empires, & de rediger le Traite dans ]a forme ou il devoit etre figne dc. pare & d'autre: ce qui fe fit en latiit avec cetce difference, que dans I'exem-plaire qui etoic pour les Ruffes, les^ deux Czars regnans alors etoient nom-laes avant ie Chan de Ja Chine, & leurs Plenipotentiaires avant ceux de h Chine ; & que dans cekii qui etoit pour les Chinois, on avoir obferve precifement-le contraire. C'efl ainfi que ce Traite fut enfin conclu Je 27 Aouf^jöSp. En voici h teneur mot a mot. Par ordre des Grands Seigneurs, Cz^lrs & Grands-Dues, Jean y^kxeewitfch, & Pierre /Skxeev^itfch^ Defpetes de la grande & petite Ruffle , comme aulTi de la S-uiTie blanche, heritiers. Seigneurs & niaitres de plufieurs royaumes & provin-. ces ä I'Eft,. ä rOueft & au Nord, de t-turs Majefle's Czarlennes Jes grands^- , H 7. II I S T O I R E D tr AmbaH^ideurs Plenipotentialres, le Bli-fchnei Ocolnicfchei & Gouverneur de Briinsk Fcdor Akxeemtfch Golowin, le Stolnik & Gouverneur de Jclatma Iwan Oßafiemtfch fVlaßow, & le Dialc Šeinoen Kornhzkoi, d'une pare: & par ordre du Defpote des grands pays Afiatiques, du Legiflaceur des tres fuges Seigneurs Bog-dois, confervateurs des intdrets publics & de la giojre du peuple Chinois, de Sa HauLcHe Bogdoife & Chinoife-Bog-dichane les» grands AmbaiTadeurs Songo-tit Colonel de la Garde du Chan, Grand du Palais & Confeiller d'Kcat, Tong-ke-kan, Grand du Palais, Prince du premier ordre, Seigneur d'un des eten-dards de I'empire di oncle niaternel du Chan, Lang-tan^ Seigneur d'un des e-:endards de I'empire,& autres AmbafTa-deurs avec eux, de I'autre part: fe font afiembles au Congres ä Nertfchiusi, pour mettre fin ä toute brouillerie en-tre les deuK empires, regier les limites, & conclurre ur>e paix durable a. perpžtuitčen confequence. de quo! i!s font convenus des articles fui-vans. I. La riviere de Gorbiza (Kerbetfchi) rombe tout pres de cells de TJchornaj npmmee Urum en Taiare, (c'ell ä-dire en langae Tungufe & Manfiure) d:ins le Sagahn-UIa QVjhm/r) fervira de borne aiix deus empires. En oiure, lachai-ne de montagnes, qui s'etend de la four-ce de cette riviere jüfqu'ä l'ocean oriental , marquera Ja frondere par fon fom-met, en forte que touces les eaux qui Goulent de ces montagnes au Sud &: dans Yylmur, avcc toutes les terres fituees au midi des dites montagnes, appar-tiendront a l'empire de la Chine; & qnc tout ce qui efi: au JS^ord de h dice chaine de montagnes, reilera ä Tempi-pire Rulle:, avec cette claufe nean-moins, que les rivieres qui fe jettent dans la mer entre celle d'Ud,. qui ap-partienc ä l'empire RuUe, & la fufdi-te chaine, qui ii'efl guere eloignöe J^ 3 84- n r 3 T o 1 R E i) u de \Amur ^ avec tous les pays fuues entre (Si ces montagnes, rellerone indecis; attendu que les pleins-pouvoirs des Ambafladeurs rtifles ne s'ecendenc pas jufqu'ä ces contrees-Iä; renvoyanc ainfi a trailer de cet article, jufqu'a ce que les Arabaflädeurs de part iSc d'au-cre, de retour dans leur pays, ayent fait leurs rapports ä leiirs maitres ref-peStifSj & que chacun ait pris des informations plus precifes fur ce qui regarde ces contrees; apres quoi I'afFaire pourra fe decider a Tamiable, foit par-ambafladeurs, foit par lettres, felon Ic bon plaifir de Leurs Majefles Czarien' nes & de Sa HautelTe Bogdichane. ^ II. D'un autre c6te , la riviere d'Arguny qui fe jette auffi dans YAmiir, feparera-!es deux empires de Ton embouchure jufqu'a fa fource, cnforte que tous les-pays fjtues ä gauche en remontant la ri--Tier« fergnt » i'eippire chioois, & gu^ F E E U v E A H r R. 185 tous ceux ä la droite apparciendront a I'empire ruffe: en conftiqaence de quoi les habitations rulTes, • qui font au cote meridional de la riviere pres de Tem-bouchure du niifleau Maritka, feront tranfport^es ä la rive feptentrionale de la dite riviere. I I I. La ville ä'Maßn (en chinois Jacfay bätie par les Rufles, fera entierement d^molie, &]es habitans du lieu fe re-tireront fur les terres de Tempire rufle avcc tous leurs effets, fans etre molef-tes, & fans qu'on leur retienne ou en-leve h raoindre chofe. 1 V. Lcs transfuges ruffes qui ont paffe du cote des Chinois, & ceux des Chinois qui ont paße du c6t6 des RulTes avant la conclunon de la paix, demeureronc la 0Ü ils font prefencement: mais ceux * U s'agit ISi d'Argufß^ioi Oßr^g- qui deferceront ä )'avenir feront arre* tiis fur la fronüere par les Üfficiers-com-mandans des detix empires, & rendus ä Iturs legitimes Süuverains. V. En faveur du prcTent Traite de p^iix & d'union, tons les fujcis des dcux empires pourront aller & venir librc;raent de l'un k l'autre, pour y vaqner ii kurs affaires & negocier cn tonte füre-t^, moyennant qu'ils foient munis de paßepoTts. V I. S'il arrivoit, comme avant la concla-fion du prefent Trsite, des querelies fur la frontiere entre quelques fujeis des deux Etats, fi queiqn'un pafToit la dite frontiere pour chaffer, piller ou com-mettre des meurtres, de iell;;S gens feront faifis & iivres aus Commandans des places frontieres, qui les puniront rigoureufemeac. On en aglra de-merce ä regard de ceux qui pafferonc ainfi par grandes troüpes fur Tun des territoires refpečlifs pour le ravager, & tous ceux qui feront atceints & convaincus de ce crime feronc punis de more. On ne fuf-citera point de guerre pour de pareils exces commis par des perfonnes pard-culicres: & s'il arrivoic quelque diffe-rend ä ce fujet für la frontiere, on en informera les deuxCours, qui le ded-deront ä Tamiable. Sa Hauteffe Bogdichane pourra, fi elle le juge ä propos, faire graver les articles de ce Traitö fur des bornes de pierre, & les faire planttr fur la fron-ticre pour fervir de memorial. Fait fur la frontiere de I'Empire Ruffe ä Kerifchinsk en Daurie le 27 Aout (1Ö89). Telle etoit la teneur de I'exemplaire de ce Traite fait par lesilufles, fignepar 1 Ocolnitfchei Fedor A'cxee-Jiitjch G'jlowirit le Scolnik & Woewode I-Jiian Oßafie-•^it/ch IVlaJfuVi , & le Diak Semosn Kor-^'iizkoi, 6c remis par ceux - ci encre Jes mains des Chinois. Iis rejurent en c-change de ces derniers une tradu6lion Jatine du mgine Trait^, que Ton pour-röit appeller ä jufte citre l'original, k caufe de la peine que les Jefuites fe font donnee dans cctte negcciation, fi l'hon-iiEur dü ä l'empire chinois ne nous en^ gageoic ä regarder comme originale la tradudlion manfiure que les Ambaffa-<3eurs chinois delivrerent avec l'autre. Cette derniere tradučtion latine n'eft pas exafiement conforme ä Tesemplaire des EuiTes: eile approche plus de !a verßon franjoife du Pere GerbiUon inftree dans le quacrieme tome de Duhalie * ; mais Comme Tun & l'autre exemplaire font d'accord pour le fond, & que les variations ne font pas efientielles, nous paflbns celles-ci fous filence. Pour ce-qui efl: de la petite riviere de Gor-bitza, &. de la chaTne de tnonta-gnes, qui marquent la frontiere comme on a vu, j'ai propafe quelques- * Pjgc 34a. ■doutes 3 kur fujet dans un traite ä Dart *. L'echange du Traite fe fit devant la ville de Nenfchimk fous une tente que les Ruffes avoient cendue. Les Attibaf-fadeurs des deux empires s'y rendirent ,en pompe fuivis d'ua grand cortege. Les Ruffes firent les honneurs de ieur pays, en invicant les Chinois d!enLrer les premiers, & les recevant comme leurs hotes. Le Traite fut fignc & fcelle de part & d'autre. Lorfqu'il fut queftion de ie confirmer par un ferment folennelj les Chinois offrirent de le faire deviant un crucifix, profteriies a I3 maniere des Chretiens. Mais FQcolnit-ichei aima mieux qu'ils juraffent ä le ur maniere ** & par leurs Dieux. Apres • J'tgnore quel eft ce traite de Mr. MuHer.' Je I'ai cherche envain dins les 9 volumes qui one paru jufqu'ici de Ta colledtion de pieces pour iVrvir a Thiftoire de I'empirc nillc, d'oij j'ai tire cette Hilloire du fleuve Amur. ** En quoi il raifunnoit bien m;eux que !• Pcre Gerhillon. Nflf ^mhaffadeurs ^ dit ceiui-ci «1 parlani des Chinois, avoieat eu ordre txj>ref cette foleranite les Riifles prefenterent aiix Chinois I'exemplaire en langue ruOe figne & fcelle , & en regrurent un autre en langue manfiure pareillement figne & fcelle. La traduflion lacine fur fignde, fcellee & delivree a double des deux cotfc's. Alors ils s'embraflerent aa fon des tiompettes & des timbales. L'O-colnitfchei fit fcrvir une collation, & Ton ne fe fepnra qu'apres la nuit fermee. On convinc que Ton feroit inceQamment partir des meflagers de part & d'autre i jUbafin & ä Argit^shA-Oßrog, afin d'y publier la pais , & de faire executer ce qui avoit ece conclu par repport a ces deiix places. Le 28 Aoüc les Plenipotentiaires s'en-voyerent reciproquement des prefens. Le 29 les Chinois partirenc avec toii- rEmpereur de juret la faix far le Dieu dts Chretiens, eroyant avec raifm (quelle abfurdi-te!) ^ue nen m pouvoit avo;r plus de force fur fefprit des Mofcovites ^ pour lekr faire ohferver inviolabieTiisiit le trah4 de paix, de favoir ^u'tlle avoit jur/e au nom du "Vrai Ditu. Du Haidt Tüttie IV, page i+y. tes leurs croupes tant par eaii que par terre. La demolition d\Mafin & le tranfport d'/Jrgunskoi -Oßrog fe firent partie pendant rautomne de la meme annee, & .partie au printeras de la fuivante. Betton fe retira ä Neitfchinsk avec fes Ruffes & tons leiirs effets, & les Chinois revenus de Nertjchinsk raferent A-bafin. Ce lieu n'a jamais ece rebäti depuis, & toute ia contree eft deferte, d^ I'etn-bouchiire de VArgun jufqu'ä celle du S.ia\ lesfeulb Tungus vagabonds y dref-fent quelquefols leurs cabanes. On af-fure que pendant plufieurs annees apres la deftručlion d'Albafin le bled fe repro-duifoit de liii merne dans fes environs; ce qui prouve I'etonnante fertilite du terrain, qui meriteroit qu'on en tiraC lout autrement parti que les Chinois he ffm^ L':i contree d'Jrgumkoi'Oßrog efl ref-tee auffi deferte. Cette ville fut place'e «n 1090 for la rive oppofee. Pour cet effet on abattit les maifons de J'ancien^ ne viile, & on les relevade Tautre co« te, environ deux lieues plus bas, ž Tembouchure da ruifTeau Kamara^ qui vient de TOueft fe jetter dans V Argun. On dillingüoit encore fort bien les vef-tlges de l'anden oftrog au tems que je fus de ces cötes-lä. II etoic avanta-geufement ficue fur une hauceur. Le nouvel oftrog efl fujet de tems ä autre aux inondations de VArgun. On a vu qu'a la conclufion du Traite les Chinois avoient j^ferve au bon plai-fir de leur Chan de faire elever des pi-liers de pierre fur la frontierei, portant _pour infcription le contenu entier de ce Traite de paix, & de lailTer par lä un monument durable ä la pofterite d'un evenement fi memorable. U parolt ef-feftivement que c'ecoit leur iatention; & 11 y a des Uvres chinois, iniprinies chez eui, qui rapportent la chofe com-me ayant ete esecutee: mais ils fe trom-pent. Voici ce qui fe fit alors, & ce qui fe faic encore annuellement. Au commencemeiK de chaque ete on en- voye voye des comniiflaires des villes frontieres de la Chine fituees a VAmur & k ]a riviere de Naun^ favoir de Sachalin-uJa-cbototiy & de Mergen ou TJchitJchigar^ pour aller vifiter la frontiere & voir s'il n'y ed point arrive de changement. Les uns vont par eau, en remontant YAmur & le Schilka, jufqu'ä Temboucbu-re du Gorbitza. Les autres vont par terre vers le haut de la riviere de VArgun, & defcendent le long de fa rive Sud-Efljufqu'äfon embouchure. Lails trou-vent ou attendent les premiers, pour fe faire rappoft les uns aux autres de l'^tat oü ils ont trouve les chofes. Dans cet-te tournee ils plantent chaque annee, i Temboucbiire du Gorbitza & ä l'ancien ernplaceraenn d'Jrgunskoi-Oßyog, des po-teaux avec des infcriptions en langue manfmre, qui ne contiennent autre cho-fe finon que dans telle annee, tel raois & tel jour, un tel, qui efl nomme dc qui a eerit cela, a vifite cette frontiere. De mon tems on voyoit au bord d® Tom. JL I V Argun plus de 20 de ces poteaiix, dont les vieiix avoient ^te renverfes par le terns, & ceux feulement des dernieres anndes etoient debout. lis etoient de bois de bouleau, le feai qui crott dans les environs, & les plus grands n'a-voient pas plus d'line brafTa de hauteur. Si Ton appelle cela des monuniens, lis ne font pas trop fuperbes. Les infcrip-tions ne le font guere non plus: quel-ques-unes y font faites au coutean, & les entailles remplies d'encre, d'autres fitn-plement ecrites avec de I'encre. Le dernier poteau etoic du feizietne jour du cinquieme mois de la treizieme an-nse du regne de yimgfchhi,c'e(i ä-d'ive, felon notre maniere de compter, du 25 Juin 1735- Avant de quitter , I'Ocol- nilfchei Fe dor Alexeaxitjch Colown or-donna, qu'a la place du vieus oftrog on y bätit un fort de bois. II en pofa lui-meme les fondetnens: apr^s fon depart en automne on continua I'ouvrage, qi>i fut fini en 1690. C'efl; alors que Nert- fchinskzcomvcisnce d'avoir lenom devil-le. 11 y laifTatoüte Tartillerie qui y avok ece menee pendant la guerre, & il en augmenta confiderablement la garnifon, ne ramenanc avec ]ui que le feul regiment des Screlzis de Mofcou, avec les of-ficiers des deux regimens leves en Sibirie, & faifant infcrire comme Cofaques tous les foldats de ces deux rdgimens ä Nert-fchinsk, ä Selenginsk & i Udinsk. En chemin rOcolnitfchei fut rencontre par le Stolnik & Colonel Insan Ifae-laitfch Skiipizin, frere du Colonel Fedor Skripizin commandant le regiment des Strelzis de Mofcou qui efcortoit I'am-baflade. Cet officier lui prefenta une lettre fort gracieufe de la part des Czars regnans alors,. Iwan Alexecmtfch & Pierre I, & de la Princeffe Sophie /Uexcetma regnant avec eux, accompagnee d'un boil nombre de medailles d'or & d'ar-gent que ces Princes & cetce Princeffe lui envoyoient, pour lui temoigncr la fatisfačlion qu'ils avoient des grands Ter-vices qu'il venoit de leur rendre. Le I 2 Stolnik fVJaßiV}, le Diak KornizkoiSc les ofEders de rambafTade en eurent de pa-reilles. Vraifemblablement c'etoit de Celles qui furenc frapdes dans ce tems-la pour le Prince JVafiki IVafiUemtfeh Ca/žar» & pour les^officiers de fon armee, ä ToccaGon de la campagne contre les Tatares de la Crim^e. On y voit d'un cöt6 les bufles des deux Czars, & au revers celui de la Princelle Sophie, avec cette infcription en langue ruffe: Par la grace de Dieu, Nous Grands Seigneurs Czars ^ Grands Dues Jean Alexeewitfch, Pierre Alexeewitfch, fc? la Grande Du-chejje Sophie Alexeevvna, Monarqiies ab-folus des Rujftcs grande petite fcf blanche. Aprcs fon retour ä Mofcou, TOcol-nitfchei fut eleve par les deux Czars ä la dignite de Bojarin & de Commiflaire general de guerre. En 1697 & 1698 il fut en grande ambaflade avec le General & Amiral Frangois Jacr/ujlewitfih LC' fort, & le Dumnoi-Diak * Procnfei Bog-dano'sih/ch fVoJnizin, en Hollande, en • Secretaire intime ou prive. Fleute A m v r. I97 Anglsterre & en Allemagne. Cefl cet-tefameufe ambaflade ou le grand Em-pereur Pierre I. fe trouva en perfon-ne. Le 30 Aoiit 1698 ce Monarque, en inllituant rOrdre de St. Andre, l'hono-ra, comme premier Chevalier, de la croix de I'Ordre. Le 21 Avril de la meine annee, Mr. Lefort etant venuämou-» lir, il fuc fait Amiral h fa place. II commanda en quality de General ä la premiere campagne de Narva.en 1700. En 1705, apres lamort du Bojarin Lern KmUowhfch Narifchkin, il eut la place de premier Miniftre ou Chancelier. Si Maj. I'Empereur des Romains le crea Comte de l'Empire. Enfin il mourut ea 1706. LETTRE IfjS IIlSTOIRE DU lettre D« TErapereur de la Chine aux Czars Iwan & Pierre Alexeewitfch, & au Gouverneur de Sibirie. Sufcription de Ja Lettre. Ar la grace de Dieu, ä votre fiibli-me cröne,ä Vous Grands Seigneurs Blancs, deux freres, Czars & Souve-raihs abfolus, faluc, & bien vous foit. La lettre de Vos Majeftes Czariennes ä Nous Grand Bogdoi-Chati nous ayanc ete apportee par Votre Ambafladeur, Nous Vous envo-yons ä notre tour, ä Vouj Grands Seigneurs & Czars B!ancs, cette lettre en langue mongale, & don-nons ordre de renvoyer votre Ambafladeur de Cambaluc par la Daurie. Contemt de la Lettre. Cell icifcle Decret de !a volonte du Souverain abfolu du Royaume Tatare-Chiaois nomine autremen: Tai-fchin, fimane du haut de fon tröne vers vous Tfchanga Chan *. Moi, fur la terre qui efl plus bafle que le ciel, Seigneur de tout, & dominant au milieu des villes lointuines, je ne fais aucun'> difference entre les homines qiitlconques des empires qui s'ar-menc les iu:$ contre les uutres, fouhai-tanc plutot chacun qu'il vive felon fon fort en paix & tranquillice. Mes oifiJers, infptft^-urs de Ii chafTe des zibelines, m'ooc faic connüitrc en differens tems, que les habitans du royaume de Socha font beaucoup de mal ä raes fujets les Tatares Tfchutches & autres empluyes ä la chafTe des zibs-lines clans la contree du ?!0/> **. Ce n'L'il pas louc, on a meme rc5u protege dans le royaume de Sucba Uli transTuge rotnnie Kaiitimiir. J'ai oui dire que la nation de Socba eft dependante de I'empire raffe fous les * C'efl: Is Gouvcnieur dc la Sibirie. It faloic mettre Tfahaa Chan^ ce qui veut dire le Chan Blanc^ ** V^mtr, I4 ordres du Tfchanga.Chan: fi Ton m'a die vrai, ou noii, c'efl: ce que j'ignore. Quoi quil en foit, le Gouverneur rufTe de Mpehon nomtnd Daniel^ m'a fait favoir que I'intention & rinclinacion du TJchanga Chan etoic de conferver I'an-cienne amitiž encre les deux empires, d'envoyer pour cet effet & recevoir des AmbafTadeurs qui feront bien accueillis, & de commercer libremenc les uns avec les autres, afin de vivre ainfi tous en-femble en repos & paix eternelle. Quant ä Kantimur, Daniel a declar^ qu'il en avoit ecrit au TJchanga Chafi, & qu'il n'attendoit que les ordres de celui-ci pour rcndre cet homme. Pour ce qui eft du tore que les Jakutes out faitä Jiotre Cüchuni Daur^ le ir,eme Daniel nous a afliire que Nikiphor en avoit ar-ržtd dix des plus coupabies, qu'il ks a-Vöit envoyes au TJchanga Chan, qu'il a-Voit meme dcrit fur ce fujec ä Sa Maj. Czarien- KertfihimM, appelle auffi Niitchsa par Ic* ^binois, Czarienncj&qu'il attendoitles ordresde la Cour fur cecie affaire. Tout cecim'a-yant ete rapporte, je vous ai fait par-venir, ä Vous TJchanga Chan, le decree de ma volonte; & je vous ai dit que votre ambaffadeur qui a ete ci - devant id, nous avoit fait entendre qu'il etoit venu de votre part & par votre ordre, & que voirs etiez incline i entretenir «ne pais & une amide perpätuelle. Si cela eft, & fi vous etes reellement anime de ces fentimens, faites done en-Ibrte que le trzxis^ügeKantimurnom foit rendu, & d^fendez ä vos gens de fufci-ter ä I'avenir aucun fujet de brouilleriet ce n'efl que par une telle conduite que Ton pourra entretenir la bonne intelligence. Mais jufqu'ici il n'eft venu ni lettre ni leponfe a ce decret de ma volonte, & le transfuge XaHtmar n'a pas ete rendu: outre cela vos fujet-s ne laif-fent pas de fe jetter fur nos peiiples de la frontiere & de les piller. Sur quoi votre Ambaffadeur rulTe Mce/a« Gawri-hixitz & d'autres ont dit que vous n'en- 202 11 I S T O I R E DO tendiez point les ccrirs de notre empire, & que c'dtoic la raifon pourquoi les letcres que je vous avois fait parve-nir one ete rapportees. J'ai declare ferieiifement ä rAmbafTa» deur Nicolai Gaivrilowitz & ä d'autres, qu'on devoit retacher le transfuge Kanti-miiT & nos autres fujets, fi Ton ne vou-loit pas renoncer ä I'ancienne amitie. Mais il n'eft point venu de reponfe ä . cela, pas merae la moindre nouvelle de rAmbaOadeur, s'il eft arrive ou non. En attendant les fujets de mon grand empire n*ont ofFenfe en rien ceuxdu voire, & ils ne leur ont fait aucun tort. Vos fujets, ail contraire, qui demeurent ä Jaifche *, font venus avec du canon & toutes fortes d'armes, & one attaque fans raifon ks miens, quietoient fans armes & occupes feulement ä la chafle des zibelines, & ils one donne retraite ä nos deferteurs. Surquox mes gardeschalTes ay an t un jour poiirfuivi quel-ques-uns de ces transfuges, de la vilie Aucrcnjcnt Jf^c/Sc'cft jUhaßm, F l e u v e Amur. 203 de ICandagan jufque fous les murs de Ja ville de Jatfcbe, ils depanderent ati gouverneur de Jatfcbe pourquoi il n? vouloic pas livrer cüs deferteurs: mais Alexe *, l-ssan & d'aucres reppndirent que cela n'etoit pas en leur poavoir, & que tout ce qu ils pourroient faire cefe-roic d'envoyer des meffagers au Tfcban-ga Chan, pour le fupplier de leür pref-crire ce qu'ils auroienc ä faire a cet e-gard. Or il n'efl: point venu de re* poiife lä-deffus nonplus: encore moins nous a-t-on rendu les transfitges. En attendant, mes oiEciers qui gar-dent la frontiere m'ont fait connoitre que vos Ruffes ont emmene captifs mes gens, qu'ils ont trouves fans armes & occupes feulement a la chaiTe des zi-belines, tels que Keleray Solona Sc au-eres; qu'ils faifoient des courfes dans les bafles regions du fleuve noir **, qu'ils y avoient repandu l'allarme par-tout, comme dans la petite vÜle de Genquen «Sc ♦ LeWoewode d'^lhafm, ** De V^mi,-. ... I 6 dans d'autres lieux qu'Ils fJ^foloienC. C'eft pourquoi je fignifiai d'abord le de-cret de ma volonte, toute pacifique qu'elle eft, ä mes officiers far la frontiere, & leur ordonnai de fe pourvoit d'armes & d'agir felon les circonftan-ces. En confequence de cet ordre mes officiers marcherent contre ces RuOe* vagabonds le long du fleuve noir, & les ayant atteints dairs le terns qirihs vouloient s'en retourner par Ceiigue?j & aucres lieux vers le mont Kitdfbi ^ i!s leg firent tous prifonniers ,niais i\s n'eti tue-rent aucun, au contraife ils eurent foin ■de les faire nourrir. immediatement apres, les nötres s'etant prefentes de-Tant Jatfche & ayant demande les fc-ditieux, Alexe & 'les autres, loin de vouloit faire Täponfe, commencerent ii 'tiret fur euic comnie fur des ennemis. 'Alors raes fujets attaquerent ä Ja häte la ville de Jatfche & la conquirent par ileurs armes, ne tuant cependant per-'fonne de la garnifoft. JUorfque celle-ci PtEüvt AMÜÄ ab5 füt mife en liberte, au delä de4ohorft« mes prirent pani dans mes troupes &ne voulurent pas retcmrner en Ruffie. Les autres, qui s'en retournerent libres, fu' l-ent avertis ferieufemeiit par les miens > de ne plus remettre Je pie fur nos fron* tieres, mais de refter de leur cote & d'y chafTer comme bon leur femble-l-oit. Mes officiers de la frontiere ecoient ä peine retournes, chacun ä Ton pofte, que plus de 460 de vos Rtilfes revinrent encore ce meme ete k Jatfche, rebati-renc Je lieu, cuerenc nos chafleurs, de-truifirent le bled qui y avoit ete feme, ^ provoqu«renc ainß de nouveau nos officiers. On mit done de nouveau le fiege de* vant la ville, qui fut rdduite a I'extre-mite, ayant confume tous fes vivres. Nous cependant, confultanc toujours fiotre inclination naturelle, qui nous porte ä voir de bon ocil que chacun fuf-tence fa vie, & ä fouhaiter que tous les ßiorteJs^ ceux meme des rojraume« I 7 trangers, jouilTent en paix de leur fort, nous, dis-je, n'avons point fait mourir-les prifonniers; au contraire nous avons ordonne de les laiffer aller tons en liberty, meme ceux qui font irenas en dernier lieu ä Jatfcbe , quand ils feront pris. Ec combien n'eft-il pas arriv^ de chofes que j'ignore encore ? Malgre tout cela ceux de vos frontieres ne vous onC point fait favoir ce decret de ma volonte ä vous Tfchanga Chan. Cependant j'ai fouvent ecrit que vos Ruffes vagabonds faifoient beaucoup de däfordre fur mes frontieres, ce dont je fuppofe que vous ne faviez rien. Mais depuis que ma derniere lettre vous ell parve-nue, & que vous avez eu connoiffancc des chofes qui font arrivees, vous nous avez envoye en diligence Nikifor Wem-kof & d'aucres gens, pour prier que les nötres levaffent le fiege. Or fitot que le dit Nikifor Wenukof arrive ici, & qu'il nous a annonce qu il viendroit un grand AmbalTadeur de votre part, qu'iJ ^toit merae deja dans le voifmage, pour F l e u v e Amur. 207 nous propofer un congres amical, duns lequel on reglerok les frontieres de part & d'autre, nous avons expedie tout de fuice un courier ä Jatfche^ avec ordre ä mes troupes de lever d'abord le fiege, de celTer les hoftilk^s, & d'attendre que votre AmbalTadeur foit venu regier les limites avec mes Miniftres, & eta-blir ainfi notre ancienne amiti^ fur des fondemens folides. Nous avons donne auffi ä Nikifor^ una lettre concenant notre volonte, afin qu'il vous previenne de toutes ces chofes,vous Tfchanga Chan. Fait dans la vintg-cinquieme annee de nion empire, le felzierae jour dudixie-me mois. table TABLE DES M ATIERE S, Contenues dans ces deux Tomes. A. Aigun, fölrterefle chinolfe fur I'Amur, II, 112.136. Sa diftance de Pekin J 119. Aibafa^ prince daure. If. 29. jitbafin^ ville forte,origine de fon nom, II. 29. •rebitie par Tfchernigowskoi , 102 <6- /»'"f-depenciame deNerifchinsk, 104. 105. fes ar-tnoiries, 120. afTiegee par lesChinois, 121^ fuiv. prife, 127. retablie par les Ruffes, 128 /uiv. afiiegee de nouveau, i J7 fuiv. de-tnolie, 191. ■^mbajfaaeuri rufles^ envoyes en Chine, II. 48J 64. tuM , 70. autres envpyes, io8 ^ fuivt ■144. 14^. '-^mhajfade rufTe pour regier les limites avcc les Chinois, IL 147 & J uiv. chinoife pour le me-me fujet, ip ^ fuiv. 159 & fmv. 165 fitiv, ^maTMtes, c. ä d. otages, I. 75. ■^mirksins fepceauiouaux., vus jar les h TABLE DES MAXIERES. 2^2. 257, afiS & Jam. comment faits & hl-billes,374 rcflcmblent beaucoup auxSibiriens, 34Ö. jimirique feptentrionale, fcparce de I'Afie, I. 84 & fuiv. Conjefture Tur Iii population, 34Ö. Determination de fes cores dccouverces par les Rulles, 373. Amur J Fleuvc, fo divers noms, I. i. 2. qoand il fuc decouvert, 3. 6. fa largeur, 20. id« magnifique qu'on avoit en Ruffie de fes environs, 60. 61. emigration qu'elle occafionna, (S2ef fuiv.%1. ce qui fit que les etabliflemens n'y reuffircnt point, 79.80. fertiiite de lies bords, 111. 133. 191. jinüdirskoi-oßrog^ fa fondation, 1.1hauteur du Pole, 3^4. AnauU, peuple de I'Anadir, I. if . 21. j^nian , detroit, s'il exifta jamais, I. i-J^rgunskoi-ojingy fa fondation, II. 114.tranfpor- te fur la rive occidentale de la riviere, ig«-Arfihin^ mefure ruffe, 1. 33. Aßt, feparee de I'Amerique, I. 84 dr ßiv. Atlajfoii) (bumet le Katntfchatkaä I'erapire ruJTe, I. 93 & fuh fa relation appreciee , 95. f; conduit mal, 99. eft tue, 100. Ai/chani, peuple, II. 39. 41. 42. Avril (ie P J ce qu'il dit de la pretendue ile de Ja mer glaciale, I. 65. 66. Atuatfchj., golfe & port, I. 234 23Ä. 138 ^ /iiiv. fa latitude & longitude, 249. B. Baidar^ forte de barque, I. fS. Baltine echouce au Kamcfcharka avec un harpon europeen, 1. na. lert de nourriture auxRuiks dans Tile de Ikring, ^jio Banhulai^ piince Daure, 11. 3^.. envoye au fecours d'Albafin, II. 125. y va en detachemenr, 129. dcfait un pani chi-nois, fuiv. fuccede aTolbufin dans le comraandemenc de la place, 142. envoye un pate aux Chinois, 144.. Bc'luga, animal marin, I. 517 ^ (uiu. difElercnt dü poiflbn de rneme nora, ihid. 'Bfrtfig^ entreprend fon premier voyage par mer au Nord-Eft del'Alic, I. 141 & fuiv. fon arrivee au Kamtfchatka, 146. depart de-la, 147- il rencontre des fauvaae^, 1+7.151. paf-ie I'lle de Sc. Laurent, 148. s'en retourne au Kamtfchatka, 151. fakunenouvelle tentativea I'Eft, 1retourne äOchotzk, 154- & ä Pe-tersbourg, ibhi. eft nornme pour commander la feconde expedition, 17+. pare de Peters-bourg, 179. s'arrete ä Jakutxk, 181. arrive ä Ochocxk, 209. s'embarque pour 3e Kamt-fchatka, 2^5. danger qu'ii court^ au paflage d'un detroit, 23ö ^ fuiv. arrive ä Awatfchi, i^S. y conftruic un port ,339. y pafleTliyver, 241. ftic voile pour tes terr« inconnues, 247. une tempS:e le fepare de Tfchirikow, 24.7. 24.8. decouvre le continent americaiii, 24.8. y aborde, 254. & a une lie, 255. 2Ä1. 262. tombe malade, 2^t, 264. milerabie etat de fes gens, & fuiv. fait naufrage a I'lle qui porte fon nom . 288. eft porte ä terrCj mcurc, 296. abrege de fa vie, 297. DES MAXIERES, Boidoi ^ princc catare, 1. 25. 26. BolJchjia-Teka\^ latitude de fon embouchure./' Üolfihs, c. ä d. grand, I. 9^. Bolfchfrcizkoi^ fa fondation , I. 99. eft de-truii 6c rebätt, 100. fa Jaiitude & longicode, 372. Botahes chinoifes, II. 43, Borhi, prince catare, II. 10 ßiv. Breskes. Relation de ce vaiffeau, I. 360. & fuiv, C. Cahmtt^ fa defcription, I. 2Ä8. 277. Cams des Am6ricains, I. 270. 271. Cap Elie, I. 254. St. Hermogenes, ihiJ. fal-mal, 187. Manati ä lile de Bering, ß latitude, 2. Noto, ÄI7- Oskoi. c. ^d.mtfnäio-nal du Kamtfchatfta, ij^. ia latitude, 37a.' appelle Lopatkn, pojrquoi, iio. dangcrcux detroit qu'it y a ä pafTer, & f«iv. Cap Serdze Camen, 150. 17^. Cap Sotigar, 217. Swsetoi-Nofs, ou cap facre , 19^. 197- pour-quoi appelle ainfi, ile vis-i-vis, 44 47. 56 Tfchukoiskoi-Nvfsy 011 cap dc3 Tfchukt-fchis, fa decoLiverte, & fa defcrip- rion, 13. 13. 79 double, 1:5. ^Si. 382. & traverfe ä pie, 37. mal reprcfenj'e fur les cartes, 07. fa diftance d'Anadirskoi-oftrug, 77. &du continent oppole, 80. la latitude, 150. lie &£ continent vis - ä - vis, 7S. 79. 80. V. Tfchuktßhi. Cor/? des decouvertes faites au-delä du Kamt- fchitka, publice par TAcademie de Peters--bourg, I, ^50 ^ faiv. de Sibirie, qui n'elt pas encore publiee, Cartes oü le Kamc-fchatka eft mal reprčfente, 157. Cartes de Scheßakow, 62.6^.66 ö' fi*iv. de Mrs, De-JiHe & Buache, 62. 89. d'lwan Lwow, 61. d'un Jakute, 69. Carte generale de la RulTie par Mr. Kirilow, if?- Carte d'Afie de Mr. d'Anville, 3^0 ^fuiv. Caßricm. Infuffifance des decouvertes faires p.ir ce vaiffeau, I. j. liO &fuiv. 348.949'3S9-& fuiv, Catherine, ITmperatrice, fait vifiter pap mer le Nord - Üft de I'Afie, 1. 142. Cbabarcuj^ fon voyage ä l'Amur, IL 21 ^ fuiv. fon cntretien avec le prince Lawkai, 24. revient äjakutik, i8, retourne ä-l'A-jnur, ibid. part d'Albafin pour defcendre l'Amur, 50. attaque unevilic, la force, en prend une autre, 37. continue de defcendre l'Amur, 38. fa relation eft meilleure que Celle de Pojarkow, 39. fe fortifie ä Atfcbans-Icoi-gorod, 40. y eft affiege par les Tatares, 41. & par les Chinois, 43 & fuiv. remonte J'Amur 4(5. 53 ^ fuiv. fes gens defer rent, . fon depart de l'Amur, öj. comment recom-penfe de fes fervices, 66. Chat - marin i I, 311 ^ ßiv, Chie» de mer^ J. 313. Chicni d'attelage, 241.' Chint^ ce qu'en rapporte un prifonnier catare, II. 4?. 46. Chinois , s'ils ont decouverr la Californie, I. 378. affi^ent envain Chabarow , II. 4? Juiv. 6c Stepanow, 72 fniv. tnar-chenr contre Albafin, iiö. ecrivent ä ccux d'Albafin, n8. detruifenc pluüeurs oftrog»» ®ES MAXIERES. •150. 121. alTiegent Albafin, 121 & fui-v. ia prennenc par capiculaiion, 127. la detruifent, J 29. 1'afTiegenn de nouveau, 137 CŽ" /»'i'- Invent le liege, 14.^. 1+4.. civiliies qu'üs font ä la garnison, 14.5. (.ettre deleur Empercur aiix Cxars 5 14.6 viluenc annuellemeoc ks fromie-res, ö' fuiv. Chitrow, fa defccnre dans une ile de I'Amerr-que, I. 2^5. 2Ä4 juiv. avis qu'il propo-fe pour regagner Ic Kamtfchatka, 32Ö & Juiv. Ckodyvzi^ nation, I. 20. CojigTh entre les Ruffes & Ics Cbinois pour regier les limites , J I. fiiv. 162. df ' fuiv. Coij adore 1 I. 220. Cfljaques^ cequ'ils font en SibTrie, I. 9. Couieauv des AmericaiEU, I. i. defcription de leurs vaifleaux, 21+. 215. äc de IfUTS perlbnnes, 216. 219. 220. 22^. comment ili re^oivent le gens deWa'^on, 223 Juiv. iettes iur les cotes dc Kamtfchatka, 95. 100. 101. 158. tranfrortb aPeicrsbourg, 159 ^ fuiv. yejo. A quel pays les japonnois donnent cc notn, 1. 99. 11^. IIÖ- 118. n'efl: ni un continent ni une grande ile, ma is un ;irchipcl, 120 & Juiv. confondu avec le Kamtrchatka, 15^. Cc qu'il faut penfer de la pretcndue terre de Jefo,359. 367 & fuiv. felo-wites habitans de la deuxictne des lies Kurir le«j I. 10-^. 10s, DES M A TI E R E S. Jsfuites prefcnts au reglement des limites entre Je5 RulTesS: les Chinois,lI. 152 &fuiv, 169 0 fuiv. Jeüaes, frequens chcL les RufTes, II. 27. I/m d'Alcyut nouvelletnem decouvertes, I. ^82. lie vis-1-vis de i embouchurc de l'Amur, de Bering, 390. 302 ^ Juiv. "^06 &Juiv^ 338 ^ fuiv. lie pretendue de Ja mer gJacialc, 17. 26, ^4. fttiv. 41. 44. (^Juiv. 55- & f'dv. 60. 6s 66. 352. lie pretendue vis ä-vis du Kamtfchatka, 36. 41- & vis-ä-vis! embouchure du Penfchina, A-o-llcs au Sud du Kamifcbaika , 92 ö- 97' Jle vis ä-vis Tembouchurc du Karaga, 4.0.42. 86. He pretendue vis-ä-vis l'embouchure d J Kolyma, 44, lies de St. Macaire,Sc. Etienne, Sc 'J iieodore, St. Abraham, & de la ieduc-tinn, 282. de St. Laurent, 148. Sado, 217. lies de Schumagin,262.,Tummannoi-oftrow, ou lie nebuleure,26i. He que Jes Tfchuktlchit appeilent la grande terre, 75. Hes autour du Tfchukotzkoi-Nofs, lies Jvuriirs, T. 97 ^ ßiv. commcM nomm^f par les Japonnois, 99. quand dkouvcrtes, 100 102. 115 Juiv. leurs noms 110 ^ fttiv. derroics qui les ieparent, 114, 115 s'il j a uiie terre metallique, i'^^ &juiv. Schumc-' Ichu, MO. Purumulchur, iit. Mufchu, O-mikutan, Ujachkupa, 112. Sirinki, Kukumi-vva, AraumakutanSiaskütan, xi^. Jkarma, Mafchautfcti, Igaitu, 114. Irurpu, iiy. U-rup, 116. Kunafchir, 117. Schokoki, ,134. IVJaimai, 117. 118. zi7. celle-ci appartient aux Japonnois, iig. fa latitude, 210. V.A'«-riUs. lies Schaniares, I. 122 ^ fviv- guard decourcT tes, 125 c!f fuiv. leur polition, 1^7.358, Tom, II. K Jrgniskoi-oßTBg, fa fondation, II. 8£). ifnet, prince tatarc, I!. 42. marchc contre ies KulTcs, ibiJ. & les alTiege, 4:; ^ ßiv. Ji-kagtri, iir.plorent le fecours des Rüdes contre les Tlchutktich«, I. 70. K. K'alkasy Tatares foumis ä la Chine, II. 157-Katnarsioi-oßrog fon origine, II. 56. düege par les Chinois, 72 ^ fuiv, Kamifihaika decouvcrt & conquis, I. 24, PV 99. tlanper d'y aller par Anadlrsk, 127. on y va par Ochotzk , 128 confotuiu tntl- a-propos üvec la icrre de Jelo, 155. fa figure & fa pofition, 170. carre de les cotes drellcc par Bering, 147. 15^. delcription de fa poin-Tcmeridionsle, no. Kamtfihrdales fans barbe & fans poti psr le co-p?, [. 58. t fcUves chez les Kiiriles , 1T7 revoites contre les Rulles, 169. Icurs vcku-res, 241. Kerskoi-Kore, 1- 18+. Kafimm-nj^ comment regu des Japonnois, 1. 222 (df jui'u. JtetajeW'Kreß, I 47- 49 50-£:m & fuiv. impoflfible, 199 ^ fuiv. li Ton trouvera celui du Nord-Oueit, 375. -^70. "Pa-u^htzJii marchecotitre lesTfchuküchis, id?. 1Ö8. 1^9. !es bat, 171. traverfc kNofi, 172. & revienc ä Anaditsk, 173. 'Pfßh'e, c. ä d. pietonsj I. vo. ^sß^^ forte de rcnards, I. 76 29!. ^o^. 507. 1 etropa-wloirskä ^ porc, fa latitude & longitude, I. 572. V. A'^atfcha. TratiJfßetriik, officicr ruffa, commandant cin-quante hommes, 1. 34. 72. Pjerre le Grand^ fortne le deffcin d'envoytr ä la decouvcrte des pays inconnus du NordEft, 1. 4. drefle linftrudiion dc Ca propre main, 5. 141 ordonne le voyage par mer d'Ochotzk ^lu Kiffltrchatka, 12.9. eavoye oca Ingenieuri aux iks Ktiriles, 158. Finart!, V. Bovjbe. Tifchißkali, artne ä feu cl:iinoire, II. 74., Foinie, v. Cap. Torcellaine trouvce cbcT. les Kuriies, I. 111, Trikafe^ c. ä d Cour de Juftice, I. 96. Tromyßhlenis, queües gens, I. 7. H. ö. Tui^ poids de quarante livres, I. 28. Tußiva, c. ä d. pctit cloltre, I. 106. R. HenoTifs nomxnis Vtßsi^ I. -jG, 2j«.. 105. '?o- »ES M A T I E R E S. Vjviti-es Alafea, I. 58. Anabira, 1S9. Anadir, qujiid dccouverte, 10 & fui'u. 14. i?. 19 20. 21. Bsla, 170. Bollchaia-reka, 95. Cnariufowa, 40. i^f Charaulachj 191- 192-(a latitude, 19^. Charan^?. 189 203- Chroma,17. 47. 193. Choiulchtäci, 194.. Kamt-fchatka, (a tiecoiiverte , Kanutfch, 011 Kreilovvkaj 95. Kara, 1S4, Karas^a, 85. Kompakowa, 132. Krutogorowa, ip. Fa-doticiia, 25. Iticha, 152. iMarnaia, iS?;.' öla, 150. Olcnck, 189. 190. Olutora, la rolidon corriges , Opuka, 93. Pcnfchi- na, iä poliiion corrigce, ijo. 371. PijeQda, 188 zoo Pogi:fcha, !a meme que i'Anadir, 19 Pultaia, Seji, fes divers no.T.s, 11. 4 ielenaia, 1 Tafs, lU 187. Tdmu-ta, 187. 'i'igii, 94. 150. fa pofuion corn-gee, :i7i. 372. Tl-hendon, 195. Tfcherna, 170 Tfcluikotfchii, T^Wkij iSj. Uboina, 170 Urak, ao3. S. Secha^itJ'uJa-tota», V. Aigu*. SamjfJcs y leur boifTon, I. 20J, 5'i37;;OT<7, Japonnois a Peccrsbourg, I, lüi. Sii'djelfM ,fns par ks Atr.ericains, I. 251 Juiv. Scharnfbakan^ quel prince , II- Schehgfs, peuple , I. 56. 57. Schfltlvga, employe ä li fecondc expedition du Kanitlchatka, 1. 178. 210 232. Scheß^kov: veut fubjuguer ies Tfchuktfcliis, I. iö[. fe brouiile avecPawlutzki, 1Ö5 fait nju-fr?ge, 1Ö4 eft dcfait & tue i6y quel hotnmc cetoic, 6v V. Cartes. Scheffakt-w (IwanJ accompagne fon Cojfin, I. K 4 iiS+. Ton voyage par mer du Kamifcha:ki a U riviere d'Ud, 167. Schifsin^i, prince daure, II. Seh.'tjki, forte de bateau?:, I. 52. 125. 20:5. Äf/j/wn^^d-uj aflafTine des Japonnois, 1. fon ("upplice, 159. Äfsri-ttfattaqueles Ruffes, 1.191 &fuiv. comment ils s'en gucriflenc, 194. fes tcrribles cfFcrs, 29^ ^ fuiv. ^^'engivsh afficgee par les Mnngals, II. 150. nommce pour la tenue d'un Congrčj, 152. Üilirnhhiskoi-Bßrog, II. ill, Serment ti« Tfchuktfchis, I. 74. 78 Sibiriens^ fans barbc & fans poll par le corps, t. - 38 39- Simoviit^ ce qucc'eft, I. if. Sin. Explication du mot, I. 9. S:H'Bo,ar$ko}. Titre ruffe, I. ^4, II, 66, Sitiotvieiv^ envoye de Mofcou ä I'Amur, II 57. C^ faiv. joint Chabarow, Ö3. retourne ä Mof-cou, 65. Sh'ehykin, Gouverneur d'Anadirskoi, fc3 rc-chcrches concernant les Ticbuktfcbis, 1. yj. ^ fu,v. S^afari^ envoyc en atnbafladc ä la Chine, II. 108. fuiv. Spangbtrg affifte ä la premiere expedition du Kamtfcbatka , 1. 143, ce qu'il eut ä foufrir jvant d'arriverl Ochotik, 144 145. eft r,om-me pour la feconde expedition , 179. arrive aOchotik, 207. va hiverner au Kamtfcbatka, 210. 211. fait voile pour le Japon, 211. en range les cotes, 213 ^ j[uiv. s'en rctour-nc, 218. abordc ä unc des iles Kuri les, 2t8 me nES M A T I E R E S. ef fuiv. revient ä Ochotzk, 231. fa relatioB comment regue ä Pčcersbourg, o. fecond voyage pour le Japon, i. qui reuflic mal, 232. StareMzow ^ bätit un vaiffcau ä Hlc de Bering,. I. 327. efl: ennobli, 32g. Steller va au Kamtfchatka, I. ig?. 2H' 24.2- s'embarque^ avec Bering, 342 ce qu'il trüuva dans une ile americaine, 255 ^ fiiv-2.64.. 268 & fuiv. fon caracäere cnjoue, 29f-lls'atcire des chagrins au Kamtfchatka, 335. meurc, 336. Stefninow, Commandant des Ruffes fur i' Aniur, II.65. fa navigation fur I'Amur, 68 & fuiv. 82. eft aflieKe en vain par les Chmois, 72 ^'fsitv. mafficre, 96 fuiv. Stotnik^ OfHcier de la table du Cxar', I. II. 5, T. temnite de 17 jours, I. äSo. line imonnui oppolee au Tfchukotikoi-Nofs; decrite paries Tfchukdchis, 1, 80. 81, 85 86 t^ fuiv. ä TEH du Kamtfchatka, 15a & fuiv, 166. Tülle d'ortis^ fabriquee aux iles KurÜes, 1. iii^ 112. ToWufn (Larion) Woewode k Nertfchinsk, 11. 100. Tolkufia {Alexci) Woewoede a Albafm, II. 120. alliegc par ies Cliinois, 121. rend la ville, 127. y revien: & la rebatit, 130 e^- fuiv. fou-ticnt un nouveau fiege, 137 &fuiv. eft tue, Hl- "^^ka. Prince daure, I[. fa ville prifepar les Rulles, 36. 37. fe Tititoh^ nation americ^ine, inconnue, 1. Traitf er^iXQ. les Ruffes & !es Chinois, II. igi <& Juiv- Tranerjmht, Gouverneur de Jakurzk, inftruc-nons qu'il recoic, 1- A-l- 4-5- 105 per- quifuion« qu'il fait au lujet des I'fchukifchis, ^ C^r fuiv. fait Eenter le paffage d'Uchotik au Katnclchatka, 12S Tfchnntg^owskoi^ tneurtrier tl'Obuchow, II. loi. s'erabiit ä Albalin, loz. obcient Ta grace ^ 10Ö 108, Tf hcßtok^ ce que c'eft, H. 71- Tfchinkota aflifte h la premiere expedition da Kamticharka, 1. 143 eft nomme pour la {j-conde, 179. pjde k Tobolfk, 180. artive k OchoLik, ao8.&au Kinitfchacka, 3^5 23^. 23^5. faic voile avec Bering, 24.6 clt Ičpare de celiii-d par une tempete, 247 decouvrc k continent ann^ricain, 248 249. pcrd une panic de fes gens avec fes chaloupes, 250 eJ-appergoit des Annericains, 2^1 252 ce ce qu'il fouTrtt au retour, 298 &p4 v. rencre au port d'Awatfclia, 300 m^art, 301. Tfchuktßhis, quel re'iple, f- ^^ ^ 7o. 73 ^ fu:v comrocnt ils irafiqucnt, 81 leurs armes , 72. maniere dc vivre, 74. ^ fuiv. gouvrrnement, 77. comment ils re-Coivcnt les Cirangers, 82. 83 attaques par les KufTes d'Anadirskoi, "o. kurdetaire, 71. re-fuient le tribut, 74 quelques uns ie foumet-renr, 78. rencontres par Bering, 147. 151. bartent Scheftakow, i6?- (nnt bactu<; rar Pawluczki, 171. Pointe des Tichuktlchis, V. Cap. Tuzurtkai-Oßog^ fon origine, II. 53. detruit par les Cbinois, 121. DES MAXIERES. Tttngics, Titares faits tributaires a l'empire ruITe, 11. Turuntßba, Princc Daure pris par les Rußes, II. ^^ Vache-merine, I. 3iy & fuiv. difference de I'ani-oial iiommc Btluga^ IT.7&fiiv. 3226^Jttiv. Vent qui regns te long des cöiss de rAmiriQue feprencrionaiCj I, 278. dii Japon, I. 225. Fc/ra«, dans une des lies Kurües, I. 113. yojf^gef pii- mer de Ruffis en Sibirie, comment iJs le ^Jiioienrancicnnement, 1.185. iStf- Veyagturs. Aguihr, I. j. Alexeew, fur la mcr glaciale, J). 10. Amollowr, de meme, H-57- Anabara, aux liesSchantares, 12? & ßiv. Anküdinow, fur la mer glaciale, lo. n- wo naufrage 13. & fa mort, 24. Aniiphtwow, aux lies Kuriles, loi. Bekctow, ä l'^ur» li 71- S9. Butdalcow, l'ur ia mer giacia«:, i. a8 S-yiw.Bufchjd'Ochoczk au Kamtfchjtka, iz^&fuiv. & aux lies Küriles, i';?. Drake, ^.Ddchnew, für la mer glaciale, 9 & fuiv. {on nautraje, 13 De Fönte, fulpeft, 4 346. 3+7. Fuca, tabuleux, 4. Gama, incertaui & fuiv, Goreloi, fur la mer glaciale, 27. 28. 32. Gucorow, d'ÜLliotzk au Karatl'charka, 128. Gwoldew, ä rfclt du Kamrfchacka, Iö5. Hens au Karotfchatka, ida 168 169. Jevreinow, aux lies Kuriles, J3s & fuiv. ign suew, lur la mcr glaciale, 7. 3. Hüo Sin-Popow, vers les Tfchuktfchis, 73 & fuiv. Kalchinetz,al'Ainur II. Ö7. 68. Koiche-Jew, de rOb au Jenifti iür la mer gladale, •l 1H7 drßtk). Ko(irewski, au* lies Kuriles, 101. lojf, tes avannires &c ft relation, ioS & fuiv. Kufakow, fur la mer gladale, Lap-^ew, de-tneme, 190. 191} eJ- fuiv 197 fiiv. LalTenius, de-niÄme du Lena ä I'Efl:, 190^ fuiv. fa morr 192. Malgin, de-me-f't'T. A'lalygin, fur !a mcr glacia-le, 187. Markow, de-mcme, 5^2 ßiv. -Michailowj de-iiieme, qö-. Minin de-roemc, i88. Morosko, au Kamtfchatka, 195. Mo-tora, par terre ä 1'Anadir, 20. la more, 31. Murawiew, d'Arcbangel ä I'Ob fur ia mcr gladale, fuiv. Mylnikow, fur i'A- mur, II. 117. eft pris & emmene ä Pekin, 117. 118. Nagiba, fur I'Amur, 49 & fuiv. Naferkin, au Kamtfcijacka, I 41 Owiin, de rOb au jenifei par mer, &futv. Pcr-makow, fur la mer glaciale, 44. 4.6. il eft afläffine, 48. Pbilkecw, aux lies Schanrares, Pojarkow, a I'Amur, II. 6 & fuiv- 12 & fuiv. 16. 3g. 39. Porocow ä rile, vis-i-vis du Karaga, 1. 42. Procopiew , k I'A-mur, 11 58. Prontlchifchtfchew, du Lena au )enifei par mer, L 189. fa more, & celle rie fs femme, 190. Purchtfchm, i rAmur, II. Si. Schamsew, au Kamtfchatka, L 59. Seliwerstow , ä I'Anadir, 22 ^ fuiv. Skura-tow , fur la mer gladale, 187. Sokolow , d'Ochotzk au Kamtfchatka, 129 fuiv. Michel Staduchin, fur la mer gladale, i6 &fuiv. & [>ar mcr ä i'Anadir, 20, 21. Taras Staduchin, a pič par la pointe desTfchuktfchis, 57. Walfilci Staduchin, fur la .er glaciale, 51, 52. Tlchetfchigin, ä i'Am..., II. 48. & en Chine, 64. Wagin, fur la ler glaciale, I.46 e^ fuiv. fa mifere & fa mort, 48. Wisetka, par mcr du Lena au Kolyma, 36. Willegin, fur la mer glaciale, 56, Voyez les articles Jithfftyu). Bfring. ChabaroDi. Pafchko-w. FaiO' lutAki. Stheflaie-w. Sino-wittv. Spangberg. Steiler. Stepima-w. Tfihiriko-w. iValttm. fVaxtl.&K- BIS M AT I E RE s. ä d. Bauche, 1. 44,. W. Waltm^ fa navigation du Kamt/čhatka au Ja-pon, r, 211 ^ fuiv. dont il range les cötes, 221. II arrive devanc une viHe, 222. cnvoye de fes gens ä terre, 22 fiiv. 238. fon retour, 229. Waxel^ Lieutenant de Bering, I. 178. 208 2(^4. aborde ä une ile amcricaine, 268. & fi^""-fon naufragc, 288. 302 ^ fiiv. mefures qujl prend pour quitter i'iJe de li6-ing, 334 ^ jitiv. 12,6 ^ßtiv. il met en mer, 5';i- reti-tre au port d Awatfcha, 3??. fe tranfporre, a OchoLiic, 334. & ä Petersbourg, ibid. iVeigat^ Detroit, paffe par Mtirawiew, l. t^enukowy envoye de JVIofcou ä Pekin, II. i44' JVfrchnei, c. a d. haut, I- py. Werchaei-Oflrog, fa fondation, I. 99.' Werße^ mefure icineraire, 1. 25. mtfch, terrainaifon de noms ruiTe, fa fignilica-fion, 1. 9. jVlajJota^ Woewode i Nertfchinsk , II. 120.' faitretablir Albafm, 128 ^ fuiv- eft nomine plenipotentiaire pour regier les iimites a-vec les Chinois, 147 & ß'v. & ßiv^ tVocxode^ c. äd. Gouverneur, I- 35. Z; Zimmer. Explication du mot, I. ir» Fl N, CATALOCiUE De LIVRES, qu'on trouve ä i\mfler-dam, chez Makc-Michel Rey. A brege Chronologiquc de THiftoire du Nord, 8cc. \ 8. iifd. Amft. 1763 i / ♦ Achitcöurc Militiire, See, ivo.%. 1741. B bk de Chais, +-o. jvol. fig. 1761. Bibliochet^uc de Cainpagne» XXIV. phn- chc, «Iand in doiize. a/18.-0-0 ContcsMoretu« (•« Marironrcl.S, jvol Cibiiiet de fc» ik Mad. d'Aimoy, en 14 ties, »rec figures, Culture de l'£tprff Se Wart5, 8. i vol. Conrcs dei Gtuics, 8. j vol. avcc XHT. phnch« Confiderarions fur IcsCorpj Organißs de Bonner. 3. 4 vol. Contein;;1ation de Ii Nature d« meme Aiitcur, 8. 1 »ol. 1764. Cahiers de Mathematiqucs , Sic. 4to. a vol. fig. 1758. Campagnej des Mareehaiix de Noaillei, Coieny, Villars, Marfin, Tailard. Pic. il. 17V0I i7"6o-i7$i. Camps Topograpliiques de la Carupagiie dt i7s7. en Wcflpalic, 4to. I vol. fig. Cefar-i de l'Empereur Julien, 8cc. 4to, i Tol.fig. Amft. 1718, Difticnnairc du Citcyen , 8. i vol 1761. - . ----(Supplement lu) de Biyle, pir ChofTe- pied , fol 4 vol. . , - . - Geograpliiqite de la Marttnierc, fol. 10 vol. Amft. 1739. EcctaircifTtmcfls (itr 1« Mücurs, par l'autcur des Moeurs Ii. I vol. 1761, Fils niturel pir Diderot, il. i vol. Hiftuire des Manicliee*, 410. i vol. Amft. 1754. - - - - de l'Acadimie Fiaii^oile, par d'Ühvet, 11. 1 vol. Atiift. 1750. - - . - (Iiitrodudlmn i 1') Genfole & Polit^iic de rUmver. ^ar I'. fteiidürf, 11. XI. rul. fg. 17 + 3. - - - - de RulTie . 8. 2 vol. fig. 1764. - - - . Critique des Piatiques fupcrlticicules par le Bruiii, 8. 4 vol. 1 73 j. Hiiiy foit r,ui mj! y pcnfi:, i parties, 1761. Henriette, traJuic Ue l'Anglois, 11.. i vuU jESUlTJtS. Reeueil des Decrers de la Coiir de Rome tc de? Or-donnances ilu Roi de Portugal,contre Ic Jefuites, S. J vol. Amfl. Extraits des AfTertions conrre les Jefuites, 8 j vol, Amft. 176; Compte rendu par Mr. de li Chalorais. 8 1 ■' Oi. Deilruiiions des Jefuires en Fiance, par Mr. d'Alcm- bert, S. I vol i7öf. Proces centre les jeruite?, 3. i vol. 1751. Jefuttei Cnminels de Leze Majtfte, 8 i vol. 176®. Arrets divers contre les Jefuiies, 8. i vol. 1762. Illuftres Frincoifts, 11. 4 vol, fig Amft. Ufo. Joiiriul desS.-a vans do^uis iS6t iTTj-svec U Tabic Generale des Mitieres, iz iSo tomes, ..........dito, I7f+ a 1763. ca 79 VO- lun:ics, y compris la table. - -----diro, I 75+. jufi^ues a prefenr. Julie Oil li Nouvelle Hetoife, 11. S vol. rig. Amir. I 760 edition originale. - - - dito, cn 5 tomes, 6parries, ffconde edition revue pai- i'aufcur, avcc figures, l.ihcrte dc CoufLience, S, 1 vol. en 3 parries. L^trres Philofophiqucs de Dourguet, S, i vol. hfi. 1761 - - - - d'line Perruvicnns, 12., l vol, 1701, - - - - fii,- Ifsjubiles, 8. y vol. - - - - Chinoiles 8. j vol, ----de Fanni BurSer, 8. 17JJ. - - - - dj Care.sby, S. i/fij. - - - - l-'roviiiciak-s, ii, 4 vol 17S1. ----& Nfgociation* de Jean d Wir, 11, y vol. ----fur Ids Vrais Principes de la Religion, il. 2. vol. I 7 + 1, Metnoire^c Mifs Sidney Bidulph. 8 ? vol. Amft 17^1." - - - - - de Miledy B • • 4 pai-rics, Amft, iffii. ----- for les Uefridie-nenrs, S 1 vol, ib-d 1761. ----- pour fervir ä I'Hift, generale des Finances^ par Deon dc Bi-aiimont, 8 1 vol. Hid. 1 76J. ----- PolinquEs Amafans & Satyritjues. See. S. 3 vol fig. " ■ - - - de Lirti'i-ature, d'Hii^oire & de Philofo- Phie, par d'Alemherr, 11 4 vol. ibid. 1760. ' - - - - fur ie Ran^ Sc la I'l-eflean e eiitrc Jes Sou- vcTain-i, pavRoufTüt, 410. i v?L Hid 17*6. ----- du Torey, 8. 3 vol. ibid 17$7- Memoiffs de I'Abbede Monfgon, ii. g pol i7fi - - - - - duCardmatdeRm 8 4VQi.Amft..75T. -----de Joly, 8 3 vol. liJJ, ' ----- dc Martin & Guillaumc dii Bcllai Sfc II. 7 vol. Paris ----- Pofthumes dc Jean Philippe de Chefeiiix, fur I'Aftronomie & J« MaEhcmitiques, 4(0. i vol. fig. i7J4> - - - - - pour fervir ä I'Hiftoire de la vie & des Ouvrage-s de Fontenelle pir I'Abbe Trublct, 11. i vol. Anift. 1760. . . . . . pour fervir i rHiftoire de Port-Ropl, jj. 3 vol. Amft. 174^' Otovres dej. J. RounTeau, 9 vol. fig. Amft. i 761: - - - - dc LouVs Racine, ii, 6 vol. ibid. 17^0. - - - - de Rabelais, ? vol fig. ibid 1741. - - - - de Mathematiqiics de Pardies, u. ibid, j vol. i7if - - - - de Francois Vil Ion, 8. 1 vol. la Hayc 1741. - - - - du Cbevalier dc Sc. Jory, 8. a voi. Amllr. 17 3j. - ■ - - de Theatre Jc Nivclle de la Chauflee, n. a vol. Amft. 17J9. Obfervateur Hollandois les Cahiers ij ä 4S. Obfervations fur I'art de faire la Guerre, S. 3 parties, ■74+- Penfees dc Ciceron par d'Oiivet Latin-Fran^ais, 11. i vol. 17 sS----fur rinrerpretation d'Angleterre, 8. i vol. 175®- ^ , .„„ir Principe« du Droit de la Nature & des Gens deWolt, par Formcy, 12. 3 vol. 1758--------- dito, in 4to- ' .r, n Pfeaumes de'David, grand in douze gros Caradtere, premier Verfet mufique, 11. Amft. '7J4-Ptiilofophie applicable a tcus les objets de 1 Elpnt K de la Raifon, &c. par l'Abbc TerralTon, 8. 1 vol. Paris 17J4, Pcrfcöioii du Chretien deLucas,8. i vol. Utrechti'SO. Republique de Platon , ii. r vol. Amft. 1 ?<'}•-Richeffes dc l'Etat, &c. g. 1 vol. i6id. . rt" k' I'i -m ? 5 k ivlsS Ä j8*==*tSI f} U nT m^^ 1 s o • - TÄf ^ h 1 ^^ Nouyelle Carte des dec outertes paites par des Vaisseaux E^ussteists Axjx cotes inconnues de iJ AMEUIQUE SEPTEKTRIONAEE avecles Pais Adiaceistts. Bresfee «ur memoires autlient'i^es Ae ceuy ^ui ont a«ii«te a «"es decouvertes, et 8ur ä'autr^s connoifsance» ion* on renA raison ians un memoire Te^are, ot^ a y v t* A "I jje Ajy / M ■IT/ __ At i* "^ {/t ^^^^ ^ - /«t .lüÄr L j * ^ / c-JT ' ^ 1 > W f^jAT T-SL s V f \ \ X / ' All 11 , / O X/> V \ / Ic i "HJ^^ ^ / i*-. 1 \ / ^^ I^LF^S / f ■• / t/--- / / ^^ / / \ \ h / \ tS. ..... f ......' / D f«' U A a M S T i: H I) A M C k f z M A R C ' m 1 C II KI. K. K MU C 0 J.X VI. fj i. -.'i-' '.'-■»T-- i ■ . r-' ksee« i ■ ^ ^ 'v "J" . i n-Ks S. S i: ' 'I i I t ? ■f ■ ca !t: Mi >-i v r,- r r r I'k "" / ' -vO-s^- H-v.: : '' V :i J A A v' J ii > M rfi fy r (1 '•> ;rf r ^ ite-^ i ■ ■ '-t 'f ii k 3 ■i J . k- tv. * r '4 fir " \ V - ' v. -C^sSüT ^ A. — Ti : ( "i • 'J" r-iV ; i'- ■■'H \ 'ti ■ 1 J 5V- i. f ■ . r o * rf . J- '9- \ / v, > _ ■ v... ■ -v 1 V J' r1 'S, ■t 4 ■i'- ■ t iT A ■ ^ 1. i ■ .-f K. t ■v 1 1 "J.. ^ . 'V i V. ■; J 'i ( ■ 'i?- h . ' v v, • .-v ■ ' , 1 1 • _ »" . I--: ^^ few--- I ? . k. ■1, ***** "v ' * ■ -ž C-^.-iT'-'-'f^W '■d-... i M. ■1. ft. ■ tv ; ........ ...... ■ / ,■» m . r ' i r i i: ''■i i K ■ ^^^ -i ^ r : ' I, v. I «J • - ■ - - .jI'. X Vt iN A , { . l\ ^ - ^ V "M '"m; ■ ■^r I r , V -I i 1- ■ M.. 'iV I ' i. 1!_ .V f' - rr -I t' ■ > - -1 f. , " v 'tV ! i -.- - ' H ■ ^ ■ ' 'J' I • i ' "v , — '-■"■•i-, V ; •t • • ji" -1. i I ■ 11 - v,. Kr 5 * r' ■'Ji ■ ' • -! ■ »1 ■■i ' ..•"i" ■1 •, ^ v J ■ ■ f i -f i \ , i 1-- Q 7 >-•J V', v'^.. v.-:' »r m J v. v ,.......v« r i.