ANALYSE LINGUISTIQUE ET APPROCHES DE L'ORAL - recueil d'études offert en hommage à Claire Blanche-Benveniste (M. Bilger - K. van den Eynde -F. Gadet, éds.; Leuven/Paris, 1988: Peeters, Orbis/supplementa) - II. Section II: Description A. Analyse et argumentation en syntaxe La contribution «Anaphore associative dans une prédication simple: le cas du complément avec le N» d'Injoo Choi-Jonin essaie de démontrer que ce type de complément associatif est syntaxiquement régi par le verbe et non pas par le nom avec lequel le nom défini entretient une relation sémantique partie-tout. Ainsi selon l'auteur, le prédicat verbal est décisif dans la section lexicale du nom défini. A son tour la préposition avec exerce ses contraintes sur le nom défini, au niveau référentiel comme au niveau syntaxique. David Gaatone dans son article «Sur une construction de caractérisation en français», correspondant approximativement au «genitivus qualitatis», analyse ces syntagmes dans leurs variantes simple et élargie, et surtout par rapport à l'absence et la présence de l'article ou encore par rapport à son caractère facultatif (des objets de grande beauté!d'une grande beauté). Odile Halm0y étudie le mot comme dans sa contribution intitulée «Comme: adverbe, conjonction... et préposition?». Ce mot entre, en effet, très souvent en concurrence avec les prépositions pour, en et de, d'une part, et les locutions prépositives en tant que, en guise de, en qualité de, de l'autre. Comme tel, il s'apparente à une préposition. «Des: pluriel de du?» de Lucien Kupferman apporte des précisions très approfondies sur «l'article indéfini pluriel» qui est, tout comme «l'article partitif» du, un mot composé du quantifieur de et de l'article générique; d'autre part des, article quantifié, présente la même homonymie significative que du avec le symétrique prépositionnel. Dans une étude riche d'enseignement, Claude Muller réfléchit sur la «Portée variable des constructions attributives» et s'attarde plus particulièrement sur les différentes interprétations que l'on peut attribuer à la valeur de l'adjectif qui termine ces constructions. «L'adverbe conjonctif seulement» de Mireille Piot étudie la valeur sémantique et le comportement syntaxique de ce mot en le différenciant selon qu'il est synonyme des locutions restrictives ne...que et seul(e)(s). Povl Skârup remet en question «les emplois de être + participe passé» surtout dans le contexte de la phrase active/passive. Il décrit des structures telles que: Je suis obligé (par quelqu 'un) à le faire - participe / Je suis obligé de le faire — adjectif. Sur ces bases, il essaie de redéfinir le passif. 168 «La réalisation zéro des clitiques objet dans les constructions di-transitives du français parlé» par Marina Yaguello soulève le problème de l'ellipse qui renvoie anaphoriquement à un nom noyau d'un groupe nominal, c'est-à-dire un argument du verbe. Ce travail représente un apport précieux à l'analyse textuelle en général. Parmi les contributions de la partie II.B. -Analyse sur corpus on lira avec un grand intérêt les articles de Mylène Blasco «La séquence clitique + pronom tonique en français: un cas de prolongement pronominal (du type: je l'ai vu lui), ainsi que la contribution de Paul Cappeau «Quelques mots sur quelques bribes liées au genre» (l'auteur y developpe surtout l'analyse des hésitations/répétitions à l'oral). Un travail très sérieux a été réalisé par Véronique Lagae et Christine Rouget dans «Quelques réflexions sur les relatives prédicatives»: les données concernant la négation confirment que les relatives prédicatives comportent deux sous-ensembles de formes aux propriétés assez différentes: le type j'ai/il a d'une part, et les types tu as et il y a, d'autre part. Dans son analyse des «Dislocations en diachronie: archéologie d'un phénomène du français oral», Christiane Marchello-Nizia étudie un phénomène linguistique de première importance: celui de la reprise de l'indice pronominal, tellement caractéristique pour le français actuel: Li quens Rollant, il est mult irascut en face de Le patron, il râle toujours. L'article d'André Valli intitulé «A propos de "flottement" dans l'expression du sujet pronominal avant le XVIe siècle: réflexion sur la notion de variation en syntaxe» mérite également une lecture très attentive à la fin de cette "monographie collective" offerte en hommage à Claire Blanche-Benveniste. Vladimir Pogacnik 169