' \ • , ■ ¥ I ■ -i • h - ^ 't f^.'i. * '' ■r^i j-'-.' 'Kl VOYAGE EN SICILE jizT ^ jyr^x x'jfijn:, Traduit dc Tanglois dc M. Br\done , Mcmbrc de la Socictc Royale des Sciences de Lou-dri;s,piir M. Demeunier. Edition Jbi^neuJimeni corrigk fur la fecondc edition arigloife, par M. B. P. J. N. j4ugmcmcc dt notes intcreffanus , par M. D E RV EI L , & dt quelejucs autres pieces importantes. P R E i\U E R E P A R r I E. ■ BVVr KM. ANEUCHATE Au magnfm de In Socicte Typograpiiiquei M. DCC. LXXVI. - • - ■ . i • t ... M K ~ -. . . |r . t' - X- ; - r i Z "vT^iv: i, .m...... ar..-":^ .-..st , : i' '' vrvi* • ---• •-v . ^r.-r: h. . . ' • / S • 1 Qrx v o Y A G F j/^TT sxcxjLJF: ET A M A L T H E. LETTRE PREMIERE. Climat lie Naples, compare avec ceini de Rmve; veut de ßraco ; rcnteäe contre fes eß'ets ; cote de Bales, &l\ Naples ,1c 14 maj fjyo. JTe vous al cMtcndurcgrettcr, mon eher forJ , tfavoir iieglis'^' l'isle rfc Sicüc dans tons vos voyages d'Europe. Voiis per Ji cz bcau-coup dc tems a fiiivre les routes battues 1 ^ ^ examiner la France & Tltalic dč]:i (i conmi^s, tandis qu'il y a probablcmcnt dans cette islc celebrc un grand nombrc dc chofes intereHanteS qui font encorc ignorces. Nous avons cnvic dc pvofitcr dc votre idee : Fullai'ton nous y a Rzri. L A 2 VoYAGEEXSlCILE ciig.igcs avec I'ardeur que lui infpire toiijours la Vije de quelques nouvclles liirnieres a acquc-rirj & GJover, votre ajiciejine comioilJance, a prorais cleiioiisacconipagncr. Les Italiens reprcfeiiteiit cc voyage commc impoi]ible,parcequ'il n'y a point d'hotdler'es en Siciie, & que Ja pliipart des chemins font confeuits fur des precipices dangercux, olc i travel's des marais & des bois infcltes Jpar Jcs bandits les plus refokis & les plus redoiit^bles de I'Europe. Qiielque fortes que foieiit ces considerations , elles n'cmpeclierent ptis At. milton('j), {;iFemrac,&le lord Fortrorc(A), de faire cette excurßoji I'cte deniicr ; & ils t-ii font revenus fi endiantes, qu'ils iiousont iiif, pire le dclir le plus vif de jouir du raeme plailžr. Notre premier plan etoit d'allet par terre i Rheggio, & de iä de traverfer la mer jufqu a Meilinej inais, apres d'exadies recherclies fur I'ctat du pays la manicre d'y voyager, ncus avons appris que Ics bandits de ia Calabre & de laPouille rcndcnt cette route fi dangereufe,qtie iesaiibergcs yfontfimaiivaifes & les inconve-niens de tonte elpece en fi grand nombre, que nous avons abandoinie cc projct. En depit dc toxites les frayeurs que caufcnC Scylla Sc Ca-rjrbdc,&. des craintes pius reelles que doit inlpi-rerlc mal de mer, monifreplus cffrayant que les (fi) A prefentchevaiier clu liain. {b) Aujüurd'hui tonite dc Scaforth. E T A M A L T H E. 3 deux autrcs, iious fonimes refo'us d'y al^cr par c;ui. Pour ne point pertUe ue tenis , nons ^ivons düji rctenii notre palfage a boni d'un v-iiiieau aiiglois , qui eil pret ä nicttre a\a voile au pre-, micr vent tavoruble, Ccttc petite coui lb n'a janniis etc rcgardea commc faiiant purtie du grand tour ; eile noiiS ortrira probablement plulieiu's objets dignes de votre attentitjn > & qu'on nc trouvc dans aucun de nos voyiigeurs. Je me %tte que vous agreerez la delcription que je veux vous eii faire, &qui Jitppleera en quclque manicre auX connoitiances que vous auricz acquiibs cn par-courant ce pays que vous avcz neglige de viii-ter. Vous uurez de mes nouvclles de toutes les villes ou nous nous arreterons; & lorfque jc rencontrerai quelque choib digne de rcmarque, je cacherai dc voas la decriirc aiilii brievement qu'tl meferdpoliible. Nous attendons avec impatience uji vent favorable; mais il y a peu d'apparenceqii'il s'eleve fi-töt. Le tems clVibrt orageux; !k dcpais plus de trois feniaiues, au-cun vailfeau u'a pu fortir de la rade. Nous ne coniptions pus trouver un pareil cHmat; & le del lerein d'ltalie, fi vante par nos voyagcurs, nc merice pas les grands eloges qu'on lui donnc. Nous lommes au milieu de mai, & nous n'a-vons pas ciKoreeu un tcms qu'on pu i (leap p ell er beau, 11 eft vrat qu'il a fait tres-chaud; mais il s'efl; rarcnicnt palTe un jour fans orage & iiUis pluie : ce qui rend la promenade dans ce pays A jji A- V OV AGE E S I C I L E aiiffi aaiigereufo a noa malades qifen An^le-terre. ' je ruts pciTiiacie que jios mededns fe trom-pcjit bcaucoup piir rapport h ce cHmat : c'cft furcmctic I'll des plus chauds de I'ltulie, mais c'eft eil iiieme terns uii des plus inconihins j & rVapres ce que nnus en avons observe, il ne couvi£3nt pas, e.n frefienil, a la plus grande partie de nos valctudinaires. En paiticulier il eft peu.propre atix goiitteux, qui toua ie trouvent mieux ä Rome, tjiioique i'hiver y foit plus froid, je pciife que le ciimat y cfb plus fim,. Naples eft ccrtainement preferable en cte, parce que i'air eO: rafraichi Tans celTe par la brife de mer, tandis qu'on eprouve a Rome la cluicur lapiiisinfiioportable. L'ctc dernier, le thernio-inetre de Furcnheit nc monta jiimais a Naples ä plus de jfTdegres : ils'elevaa Rome a Sp- La difterence eftfouvent encore plus confiderabdc. Elie 31'eft pas mains remarquabic en hiver: plus baue degrc de Froid s'eil fait: fetitir ici ä !a fiji de Janvier: le chennometre c:oit a Rome dcgres; il eft delcendu ici a 27 degrcs j de Ibitc que, I'annce dcmicrc, ä Naples la diilcrence entrc les deux extremes ne fut que de 40 de-gres, tandis qu'u Rome elle n'a pasetemoins de iii-metnhors d'ct.it de iairc Iciirs ibnäions onU-miires. II u'eit pas fort furpreiiant qu'il pro-duiie ces cilets iur la conftitutionphlcgmatiqiie d'uii Anglois ; mais nous voyons, par uii.exem-p!e frai)}>.int, que (oute la vivacitc fVantjoifc doit iLiccombcr Ions le poids do cccte athmof-phere. Un marquis femillant urriva ici dePüris il y a environ dix jours; Ics eiprits aiiiinaux ctorent daiis un tcl moiivement & ciiculoicnt avcc tant dc rapidite, que les Napoütains ie crurentfou. 11 nc reltoit jamais un inlhuic en place : an milieu des converfations les plus graves, il volris^eoit d'une chambre ä I'autre 2vec tant d'clali-idtc', que Ins Italiens juroie:nt qu'il avoicdiisrcJibrts dans fes iouliers. Je Tai renconue oe niavin, Ic pvomeiiaiiT avec la pravite d'un philoibphe, »a fiücon i la main A iij 5 ^■'"OYAGE EN SiCILE tonte fa vivaciteavoit difparu. Je Ixiiai bemäntle coniraeut il fe tiouvoit. ifiii'a .repondii : Ah ! moil ami, jc m'cnnuic k la mort, moi 35 qui n'ai jamais connul'emiui! Mais cet exe^ J, crable vent m'accabic; deux jours dc plus , « & je me pends „. Les natiirels du pays nc foufFrent pas moins que les etm.ngers & cet abominable vent fiut Janguir toute la nature. Des que Ic firoco fouf-fle, im amant Napolitaiu fuit fa makrelfe avcc le plus grand foin; &: I'indolence qu'ilinfpire fu'Ht prefque pour eteindre toutes les palfions, Lcs aiiteurs mettent alors de c6tc tous leurs oiivrages j Sc lorfqu'it paroit quelqxie livrc plat ou nifipide, la pais forte cenfure qu'on piiiife cji donnei", c'eft de dire : £ra fcritto nd tempo del firoco : il a ete ecrit ail tcms du üroco. Je ii'pmpfoierai pas d'autre raifon pour faire I'a-pologie dc cette lettre 5 & lorfqu'il m'arrivera de vous eniiuyer, rappellez-vous, je vous prie, que cen'eftpas a moi que vous devez vous en prendre, mais au firoco. Ce!a me niettra fort k nion aife, & m'spargnera tout ie tenis que jc perdrois a me juftifier. J'ai täclie de me procurer quelques lumiercs fur la canie de ce vent fingulier; mais !es lia-fiitans de ce pays ]ie penlent jamais ä rcndre raifon de rieiii &ma!gre fes eifets remarqiia-bles , je ne trouvc pas qu'ils aient fait aucune recherche fur cetcc matiere. Je me fuis adretfc ä un fhmeux vnedecin, -qui a ufurpe quelque I T A M A L T H E- 7 Tcputatioii cn parlaiit le jargon de fon art : il in'a dit iivoir decouvcrt que ce vcnt provient d'uneccrtainequaliti- ocenite dc Tair, qui "'eft prefqiic coniuic que de lili Tcul, & que les aii-trcs NapoHtains le laiireiit foulfler, lans s'cm-hamiHer de la caiire qui te prodiiit. 11 a poulTe cnfuite iiti grand eclat de rirc, & c'eit la tout ce que )'cn ai pu tirer. ]e n'ai pas oblervcque le firoco caiifät qiiel-que chaiigenient rcmarquable dans Ic barometre. Lorfqii'jl conimcnqa i ^buHlcr , Ic mcr-cure baillii d'cuviron unt ligjie & deinie, & dcpuis il cd toujours refte ä pcu pres i la nieine liautciir : mais le therniomctre (^ui croit a degres la premiere matinee ouil iefit Icn-tir, s'eleva preique fur-lc-champ ä (S^ degres v & ces deux jours deniiers il a ete a 70 & 71. H c(t cependant liir que cc Ji'efl; pas la chalcur de ce vent qui le rend li accablant; c'elt plutoC le defaut de cctte qualite vivifiantc, qui fait que la brife d'ouelt ell fi agreable. L'air pa-roit avoir perdu fon reiFort & Ton elafticitej & ce principe d'adtivitc qui' anime toute la nature, femble etrc mort. Nous avons quelque-Ibis imagine que ce principe n'l-toit autre chofe que le fluide elcclrique que l'air contient; & nous avons trouve, cn effet, que petidant que ce vent fouHle, I'elafticite de l'air eft rednitca j:ien,ou du inoins que 111 force eft beaucoup diminnee. Hier & aujourd'hui, nous nvons lente de faire qiielques experiences d'elecbi' A iv s Voyage en Si čile cite , & je n'ai jamais troiive Fair fi contraire. Nous eproavons tons les jours que les Twains de mer Ibnt le meilieur retnede con-tre les etfets du firoco, noiis profirons ds cetavntitage avcc coiic ragreinent poihbie. ,Lc lord Fortrofe , qui elt i';nnc de notrc petite canivanc , nous a procure un grand bateau tres-comniode. Nous nous railemblous tousles matins ä hiiit iieures, Ä: apres avoir faic en-viroii Uli dcmi-niiüe en mer , nous nous cleshabil!ons,& nous jetons a Feau i &ns cettc precaution , nous ferioiis tons en aulfi maiu vais etat que ie marquis franccis. Milord a Joue dix mateiots qui font rcciicmciil: des ef. peces d'aniniaux amphibies, puifqu'ils vivent la moitie de Pete dans lamer : trois ou quatre d'entr'eux nous accompagnent ordinairement pour vciller fur ceux de nous qui pourroient ie pcrtlre, & nous mettre a I'abri de tous les accidens. lis plongcnt aißment jiifqu'a qua-rante & quclquefois jufqu a cinquantc pieds de profondsur. Sc pendant les mois dete ils rapportent dii fond de la raer uiie grande quantice d'excellens coquiüagcs. I!s ont tant de devotion, que toutes ks fois qu'ils plon-pent, iis fontle figne de la croLx, & marmot-tent un ave Maria; fans quoi i!s penienc que iHCement ils fe noieroient. I!s font fort fcan-daJifes de ce que nous negligeons cettc ce-remonie. Afin de nous accoutiiiner ä nager dans toutes les occafions, milord a aclietc un vets- E T A M A L T It E. 0 ment que nous portons chacuii-^ notrctour; & ^pres lin pcu d'ufage, uoits avoiis trouvc (lii'il n'incominodoit prcfque pus le nagear, avoiis appHs aulii ä nous tUshiibiller clans iViiii, ce qui nc nous paro'it plus lUi-ficile; & coninic nous fommcs habitues ä cetce efpece trcxcrcice, je lliis tuis-pcrfuiide qu'cn cas de naufrugc , nous aurions beai.icoup d'avantage iiii' ccLix qui ne I'auroient jamais pratique; car bcauconp de gens ne fe noient que par rembarras que leur caiifent leurs habits, & par Ic trouble oii Ics jette une (Ituadon ou ils ne fc font point encore trouves. Apres le bain , nous faifons un dejefiner ä ranglaife chez milord, & nous avons enfiiite un düiicieuA petit concei't qui dure une heure & demie. IVarbella, le pUis touchant des vio-loiis d'ltalie, ell le chef de notre orchcftre. Cet amufcnieiit fait la principale partic des plaifirs dont nous jouirfons ä Naples. Nous uvoiis parmi nos compatriotes quelques focie-tes tres-agi cables, mais nous n'cn trouvons pas aittant parmi les habitans. II y a lans doutc bcaucoup d'aimablcs gens dans cette ville; mais en general, le caraclere d'un Anglois & celui d'un Napolitainont fi pcu d'analogie, qu'il ne peut jamais en refuker ccttc harmonic dela fo-cictc, qui (kit une des plus grandcs douceurs dc la vie. Si quelque chofe pouvoit fuppleer ä ■cc dcfhut, je vnus di-rms que les environs ds Kaplesjbilt fi.altondans cn tOMt ce que Tart & lo v'oyageensicile ]:i nature prefmtcntnt abandomics au-jourd'liui aiTX etrcs les plus miferables de la race humaiue. II ji'y a peut-etre poiiit de partie du globe qui ait eprouve un chaiigemeiit /i prodigieux, ou qui piiÜle offriruue peinturefi frappante dc la vanite des grandeurs humaities. Cos murs, qui jadis renfermoient Cotiir, Lu-cuiiiis, Antoine , font ä prefent occupcs par ies plus pauvres & Ics plus vils des hommes, niourantdc faini dans ces meines appartcmciis qui fnrent le theatre d'un luxe poulTc a des ex-ces qu'il n'elt pas poffible de concevoir, & oii J'on nous dit qu'il fe doiinoit Ibuvent des fou-persquicoiitoient 50000 livres tterling C*/), & (a) La livrefterling vaut enriron^j liv. tuurnois. ET A M AL T HE. H que1ques-iins dont Ic prix montoit au douliie de cfeite lomrnc. II clt difficile h prelent de fe •former qitclque idee de cettc magiuficencc, Le iiixe de Eaies etoit portc ii loin, qu'il ctott de-vciiu un proverbe , memo parnii ies voUiptueux Koraains. Oii fait qu'a lloiiie, oii ucculüit Ibu-veiit d'etre etfomincs & cpicurieiis, coux qui pLii'ibieut trop de teins dans ces jardins cnchan-teiirs. Clodius le reproclia plus d'unc fois i Ciceron. Cct orateur y ayant achete une mai-foii de campagne, fe tit bcaucoup de tort dans Tefprit des plus graves & des plus aidteres fc-naccurs. Lcs murailles de ces palais lubfillciit cncorc, & lcs pauvres payfaus y out bati cii quelques cndroits leurs cabaiies. 1! n'ya pas au-jourd'hui uti Tcul Komme š fon aifc , qui refide dans cecte partie du pays ; & (1 Ton en coniparc I'ancien etat avec I'ctat achiel, on appercoit le plus frappant dc tousles contralles. Hier nous chailames prefque par-tout aiix porc-epics, ei-pece de divcrtiilement dont je n'avois pas cncorc oui parier. Nous tuämes plulleurs de ces aniniaux ilir le mont Barbara , qui produifoit autrefois Ic vin dc Falerne , & qui clt aiijour-d'hui un dcfcrt ftcrilc. Je nc fdis fi vous con-noiifez cette cbaire; pour moi j'avoue que fii nouvcaute eii faiibit le plus grand merite, & que i'aimerois mieux chailer un jour a la per-drix qii'xin mois au porc-epic. La cliair dc cc gibier n'cft pas"n & c'eft de lä E T A M A L T H E. 2S qii'oii a dit qu'il avoit Tempire (les vcnts. Les püetes ont aulH imagine que la forge de Vulcaiii eft placce a. Hiere, I'uue dc ces isles. Virj^ile Vy eiivoie iabriijucr Tarmure celclte d'Eiiee , & il fait uiic dcfcription magnifique ik linguUere do ccttc Ibmbrc habitation (*). ou il trouva Ics Cyclopcs occupes a forger des foudres pour Jupiter (**). Ccttc isle ell appellee aujourd'hui FoLano, & c'elt !a menie qLi'oiidit avoir etc produitc par le feu, du terns de la rcpublique. V'^irgile iiut done iin grand anachroniime, en envoyant Vulcaiu dans uii ciidroit qui n'exiftoit pas alors, & qui n'cib Ibrti de lamer que plufieurs lieclesapres j mais il rachcte bieu cette licence poctique pleiiic de hardielTe, par la dcfcription qu'il en donne. O Sicaniuin juxta latus ui^olianique trißitur Liparcn , fumantibus arüuajdxis , iluamfubtcrfinxiii t? Cyclopum exeja caminit jintra j£[nxa tenant, validuiue incudibits id'ui Judici refirunt gemitum ^Jirideutque caveniis Ütriäura Chalybum ^fornacilms ignis anhdatt Lib. VIII, v. 416. His informatum manibus Jam parte polita Fulnicn erat i toto j^cnitor qu.< plurima ctslo Dcjicit in terras :pars iinpcrfcčia mancbat. Tres imbrit torti radios ^ tres niibis aqu^ift Jiddidcrant; riituli tres ignis, ^ alitis außrL Fulgnres mint tcrrificos fonitumque metumque ^ifccbiint. operi, ßaininifqtte ftqiiacibus irat. Li'a". VÜI, V. 436. t is Voyage en Sicile II dit que ces islcs etoiciic appellees Viilca-nieniies, aiiili qu'Eoüeiines. Vokani doniui Vokania. nomine tcllm. De forte que le chmlgement de nom XHkri en y.fkann, etoit trcs-nacurel. C'eft Fisle qite PÜne' appells Tcrcfia, Strabon ä ce naturaliilo decrivent [e phenomene de fa formation. Le 19. Nous fommes a xm dcmi-niiüe de la cötc de Sicile, qui efl: baiFe, & agrea'nlsmeiii; variee. La eöte oppofee de 'a Calabrc eft extre-mement haute, & les montagncs ibiii couver-tes de ia plus belle verdure. Le catnie eft prcfl que tout plat, notre vaiiTeau avance k peine d'un demi-mille par heure: ce qui nous donne Je tenis d'examtner trt^s-dillificlement le hi-raeux rocher de Scylla fur h cötede Calabre, Ic cap Pelore fur Celle de Siciie, & Ic ceichre dctroit du Phare, qui cfl er.tre deux. A quelques miJlcs de l'eiitrec du detroic , nous ayons cntendu le mugilfenient du courant, femblable au bruit d'uiie riviere impetueiife, reilerfee . par des rochers etroits. II augmentoit a niefure que nous avaiicioiis ,8c nous avons cnfin trouve J'eaii cicvce en plufieurs endrnits a usie hauteur confiderable, & fcrinaut de grands tour-nans. Par-tout aüleurs ells etoic aLilu unio qu'une glace. Notre vieux pilote nous dit qu'ii avoit fouvent des vaiHeaux- attires dans ces gouiFres, ^ cntraines par ies tournans avec ia plus graude e t a M a l t ii e. 2? rapi en-töt ces monumens , ik expoferent au jour ces relies precicux Sc rcfpedVables. Co n'elt pas ici lo lieu de vous en fairc la dcfcription; je la referve pour le terns ou jc ferai dc rctour au-pves de vous. Depuis que notrc vailTcau fut cncre dans le courant, nous fiimes entraines avec une vi-teflc incrovablc vers Melline, diflaute de douzc Fun^I. ' C VovageenSicile Ulilies de remree du dttroit. Cepeiidant, comnie le puflkge s'elargit ä nicliirc que Ton avance, Ic cour;int devient iieceflairemeiit moins rapide. A ?Jdliiieij a qiiatre milles d& lar^'C : il paroic cn avoir a peine un i Tembou-thuce du detroit, cncre les promontoires de Fcloi-e en Sicilc, & la Coda'di-^^o!pi{\-ii Qiieiie-de-Rejiurd) en Cdlabrc. La.pliipart des aii-i'icns croieiit que la Sicile ecoir autrefois jcinte uu continent dans cet cndroit, & que qiiclque toiivuüicn tres-vio!cnte de noCrc globe a pro-duit cettc Reparation. Si cctte fiippodtion, qui ii'eilpas deitituec deprobabilitc, cftvraic, il n'y a point d'hiiloire quirenionte a cetce epo-que, & jcn'ai vuaiiciin aiitcisr qui donne des preuves convaincantes de Jon opinion. Clau-dicn, fi Ton peut ajouter foi aux poetes , dit po-/itivcment, il eft vrai: Trinacria quondam Italict pai r vnafuit. On lit !a nieme chofe dans Vii'gile, au livre III de l'Eneidc : Jiac Icca vi quondam ^ vaßa convidfa ruina. Pline , Strabon , Diodore , avec phifrciirs autres hiftoriens & phiiofophes ,font du meme Jentiment, & pretcndent q^ie )es couches de terre des cötes oppofees du detroit correfpon-dent parfaitement; aiiifi que Jcs roches blanches pres des Douvres k de Boulogne, qui ons E T A AI A L T H E- 3 ? donni nailTiiiicc h unc opinion tie la meme e|l pcce: ccpciulaut la rciiembiiuicc dans Ic ilcniier Cds, elt bfcuucoup plus liappante a I'ocil que diuis Ic premier. \'ous nc poiivez iraugiiier la beautc tit; Tu-boril lic Meliinc; il ii'clt pas aulH inagiiii^que «.[lie cclui lie Naples, mais il eft beaucoup plus beau , & ie quai larpiille tout ce que j'ai vii, nieme cn Hollaiule. 11 elt conlh-iiit ct\ forme tie croillant, ünTaeiUoure, ilans I'elpacc d'uii riiillc il'ltalie , il'unc ranice de iiipcrbcs ba-timciis i quatre ctages , & cxadcmciit uni-iormcs. Lalargciirdc ia rue , entre ees inuiibns ^ la mer, elt trenviroia cent picds , ce qui iormeiitie promenade delicieufe. La villcjouit dc Pair ie plus pur 6c dc la plus belle vue pol-fible ; eile n'eit expolil-e au foleil que le matin, & le reite du jour ies ioniptucux edifices liii procurent de Tombrage, hlle elt d'aillcurs conti niicllcmcnt rafraichie par la brifc du detroit; car le courant d'eau prod uit auHi un coiirant dans Pair ; cc qui la rend un des lieux Ics plus frais de la Sicilc. Nous avons jcte I'ancre, a environ quatre liciircs de cettc aprčs-dinec, pres du ccntrcde cc demi-eerclc enchanteur , dont la beaiite nous a iait un plaifir infini; mais ces agreablcs mo-mcns out etc bientut interrompus, lorlqu'ayanc decouvertque le nom d'unde nos domcitiqucs avoit etc omis dans les certificats deJknto,lc capitaiiic uous a aiVurc que, 11 Ton s'eii C ij 36' Vo yage ey SiCILE ccvoit, nous ferioiis fiirement obliges ds fair® une longue qtiarantaine. Pendant que nous de-liberioiis fur cette aifaire impurtante, nous avoiis dčcoiiveri; uii bateau nioiite par les offi-ciers da bureau dc iiuite , qui s'approchoit de nous. Nous n'avuns cu que le terns d'envelop-pernotre horn nie dans fonhamiic, & de le gli^-.fcr (bus les t'coiitiiles, en hii ordonr.ant de pasrcmuer, en cas de perquilitton, & de ne pas paroitre fur le pont avant qu'on Ic rappcllat. j_e pauvre miferable a ete oblige de ie teiiir dans Ton trou jufqiia la niiit, puree que riotre confiii & quelques perfiinncs du bureau dc iante out refte a bord plus long-tems que nous ne raurionsdofire. Nous fommes obliges de le ca-chcr encore; car fi on le decouvroit, nous nous trouvcrions dans une facheiifc atTairc. La police ell tres-ßvere en particiiHer ä cet egard; cc vei-itablcment ellc en a de jiifte? raiibiis, depuis oue cetcc belle ville a eto prerqu'aneantic par la peiti3 dc 1743. On dit qu'il mourut alors plus riefoixante-dLx: niille ames dans la ville & Jon diitrid, dans Tcfpace de pen de mois. Nous fommes eiifiii debarqucs, &nous voilä Jo^^es dans la plus mauvaife auberge, quoiqu'oii diJe que c'eit la meilleure de ia Siciie ; mais nous fommes contens; carftrement, apres.lcs incoinmodices qu'on cprouve fur un vnißean, ciitr'autres le mal de mer, toute maifon doic paroitre un palais , & toute terre un paradis. Je vous enverrai cette lettre par la potle qui et a. Maltue. 37 part dcmain pour Naples, <& je continucrai de jour en jour h vqlis inFonner de ce que roiis fcrons. f^iek]Lie niiiuiciciilcs que piiilleiii etre nos operations, il y aiini probablemenC cou-joiirs qiiclquc cholb de nouveauj & cc fcra iiti furcroit dc plaifir pour nfjiis, dc ]>eii?er que notrc voyage a contnbuc a votrc amulement. Adieu. L E T T R E II I. Havre de ^'Icjine. Carybdc, Cakres. Fißte ä tin convent. Fete de faint Franqoii. Avmita^cs que procure Ahßlncaux vaUtu-dinaires. AMcffine, leaomai 1770. Le port de MefTinc eft forme par im petit promontoire ou languc dc tcrre , cjiii ü'avi;nce dc rcMtrčinite urieiuale de !a villc, c^ feparc cc beat! baliindu vcilc du decroit. La i'ornu- de ce promontoire citcxattement cclle iFuue i'aucilfe, dont la courbure iait ic havrc, & le met ä I'ubri dc tons !es vents. Les Grecs , qui dans tous Iciirs noms decrivoicnt les proprietes Ics plus remarquiiblcs des objets deiigncs, appcllcrcnt cet endroit Zanch , ou foucille, ä caule de cettc rcilcmblaiicc frappante, lis jmapinercnt C iij 38 Voyage EN SI C I LE que lil faux de Satanic y etoit tonibee , & lui avoit düiiiKj cütte f'onne. LesLatiii-;, qui n'di-mf)i!?r,t pas li paifioitiu-mcnt Ics fables, chaii-gcrciit fütinom cii MeiTmc, de tntjjis, moilibn, poLirdeiigiicr !a gran Je furdlite de (es champs. Celi: liireincut tm d;s havrcs les plus ftirs & les plus comniodcs de la terrc pour Ics vaiiFciUix, iipres cju'ils y [cmt cntres ; mais en ineiiie terns I'acces cu e!t tres-difficile. Lc celebre goiiifre ou toLirnaiit de Carybde eit pres dc ion entree , & occadoime Ibuvciit dans I'cau uii mou-vcmcnt intjrieur fi irregulier, que legouvcr-iiail perd unc graiide partic ds ft forcc, &:quc lesvailfeaiix, meine avcc le vent ie plus favorable , ont beaucoup de peine ä y euerer. C'eit probablemcnt le petit proniontoire dont j'ai paric, qui produit ce touniaiit, Comme il rei-ierrc le dctroit, il doit nccelTiiirernent auij-mcnter la viteire du courant; mais il s'y joint {ans doute d'autres caufes, car celle-ci n'expli-que pas tous Ics phenomenes qu'on apperijoit. Leprand bruitqu'occafionne lemouvementtu-multueux des eaux , a enfjage !es anciens ä le comparer a unmoiiftre de mer vorace, rugillant perpetuellcment apres fa proie 3 & tous les au-teiirs le reprefentent comme le pafTiige le plus effrayant du mondc. Ariftote en fait une longue & terrible defcription , au cent vingt-cinqiiie-nie chapitre de admirandis , que je trouve tra-duit dans un vieux Hvre ficilien que je me fuis procure icL 11 commcncc aiiili: " Adio profim- E T A MA LT H E. 39 dum Jiorridumqui fpiüu.culuin , „ Cc palTage cd trop lon^f pour le tranlcrirc. Itomc'LC, au douzieme Uvrc de TOdyllt-e, Virgile au troi-fiemc de l'Eneide , Lucrece , Ovide , SaUui1;c , Scneque , aiali que pluficurs ancieus počtcs d'ltalie & de SicUe, eii parlent egalemaut eii des termcs ctfrayaiis , & ils le reprcieiitLi^t tüüs comrnc uii objet qui iiifpiroit la terreur, meme k ccux quile i-egardoictitdcloiii. II n'cft cercaincinent pas fi formidable au)ourd lvui, & il eil tres-probablc que la violciicc de cc jiiouvement continue pendant tant de jjccles, a eraoude Ics nointes cfcarpces des rochers, & dijtriiit les obllacbs qui poavüieut inteixcpter & reilerrer les Hots daus des boraes ctroiccs-Je nc doute pas que la largcur du decroit eii cet endroit ne ie foit auili contiderableincnt augmciitöc. Cela a du arriver par la nature des choTes : ie froctement cotuinucl, prod uit par lecourant, ayant neccirairemcnt ufc Icsbovds de chaque cöte , a rendu plus large Ic lit des vag u es. Les vailTcaux qui fe troiivcntdans cepaJlagc, font obliges de ranger la cöte de Calabre d'auift pres qu''il Iciir clt polFAile , afin d'eviter I'at-tradion violente occafionnee par le tournoie-nient des eaux du gourtVe i & lorfqu'üs font arrives i la partie le plus etroite & la plus rapide du detroit, entrc le cap Pelorc & Scylla, üs font en grand danger d'etre jetcs diredcmciiC cüutrc cc rocher. C'cfl dc la qu'eft venu lepro- Civ, 40 Voyage en sicile verbc qii'ou uppliqaeii ccux qui, voulant üvi-ter Uli nidlhcur, coinbent duns un autre : Inddit in Scyliasn , cupicnr vitarc Carybdim, II y a fur le port une belle fonciime de marbre Linne , qui rcprL^ente Neptune tenant Scylla & Ciirybde eiichaincs , fous les figures enible-nmciqiiesdc deux nionllres mariiis-, tels qu'ils Jbiit dcpcints par Ics posces. La petite languc de terre qui forme le Havre de jMeliline, eft tres-bien fortifice, Liicitadellc^ qui eii une forterelle conliderable, eft coiiG truite fur cette partie qui la joint i la terre ferme. La poiiite qui s'avance le plus dans la mer , eft defendue pai" quatre petits forts qui commandent I'entree du havrc , & eiitre lef-quels on trouve un lazaret & un fanal,poLir uvertir les marins qu'ils approchcnt de Ca-rybdc, comme celui dn cap Pelore eft deftine ä i cur faire remarqiier Scylla. C'eft probablement de ces fänaux, appelles pkaroi par les Grecs, que l'enfemble de ce fa-nieux detroit a pris le iiom de phare de Mcflinc. II y a dans ce pore un grand noinbre de ga-leres & de galiotes , ce qui ajoutc encore ä fa beaute. Trois de ces bätimens oiit mis ä la voile ce matin , pour croifer aucour de I'isle, h la protegcr contre les invafions fubites des barbares, qui fonttres-incommodes fur ia c6te nieridionale, Elles oiiroicutun tres-beau coup- et a Mältht. 4* d'ocil cn forunt du port; icurs nmcs fe rc-Jinioicnt cnlcnihlc avcc toistc rcxuditiKic & lu rugularite pollibles. je crois qiiHl y avüic a chaquc rame neiif uii tUx hoinmes occupcs tl im tiavuil cxtraonUivaircmeut penible, ils Ic ic-vcnt toua a chatjue coup de ranic i lorl'qu ils la tii'cnt eil arrierc , ils ic jcttcnt prcfqiic liir le d<)s,& lemblciit faire les plus violens ertorts. Ccs niallieiireux ibnt cnchaines ä leurs ranics , & ils palFcnt toutes Ics nuits flir des bancs de bois , laus avoir rtcu qui ieur fervc de couvcr-tnre. Ce qu'il y a de Hn^Jiilier , c'clt que, mal-gre la mirerc qii'ils fourii-eiit, on m'a dit qu'il n'clt jamais arrive qiraucuii d'euxlc loit donna Li moi'i;. Us \c rcndent louvent cc Ici vicc Ics lins aux autrcs, mais c'clt dans leiirb qucreÜes, & jamais par amitie. Une troupe d'Aiiglois qai fü trouveroient dans les memcs ciconilanccs, ie cünduiroient bien düVercmmcnt, pourvu qu'onlcurlaijlatdescordcsüudes coutcaiix. Mous vüulions cc matin rcndre nos devoirs & rcmettre nos Icttrcs au prince de \'illa-Vranca, gouverncur deMclTine : mais il ellalle a Id maifon de canipagne ; ik comme on nc pent point troLivcr do voitures, nous Ibmmcs obliges d'attendre Ion retour älaviüe, üu il rcvicn* tira probablement domain, on le jour iliivanc. Le domcftique dont jc vous ai parle nous cauretoujüiusheaucoup d'inquietude, & nous fommcs contraints de le cacher foigneuremcnt uux oiHcicrs du buieaa de laute , que uuus 43 V'otageenSicile avons rencoücres ce matin dims routes nos promenades , &qui fcniblent nous fuivre a. lu püte-S'il etoic decoiiverc, quclqii'un dc notre com-pagnie pourroit bieuavoir lepluilir dc faire uii voyiige d'aniiifeiiient i'lir les galeres. Lc capi-taiue du vaiileau, qui repond de toutes les per-foniies qui font a ion bord , courroit le plus gi'iuid rifquc. Apres ic ditie, notre vice - coiilul, qui eft un Sicilien, nous a conduits i pluiicurs cou-vcnts, oil nous avo'ns ete re<;us avec beau-coup de politelle & d'aliiibiltte par ies reli-gieufcs. Nous avons caufö !ong-tcms avec elles ä la grille , &, nous en avons trouve quelques-uncs qui nc manquoicnt ni d'efprit ni de con-noilTances. Aucune d'elles n'a eu la llncerite dc conveuir que fa fituacion fiit nialhcureufe, comme d'autres religieufes nous I'ont avoue plus d'unc tbis en Portugal. Elics pretcndoient toutes etre heureules & contentes, & elles nous ont declare qu'elles ne changeroient pas leur prifoti contre I'etat le plus brillant de la vie-Cepcndanc quelques-uncs avoient fur le vifage unc douce meJancolie qui demeiitoit leurs dif-cours;& jelbis perfuade qu'elles nous auroietit parle d'une manierefort ditfcrentedans un tete-a-tetc, fi nous Ies avions connucs plus parti-culieremeiit. Pludeurs font fort belles: je crois , ä laverite, que la plupart des religieufes pa-roilTcnC jolies; & d'apres une experience fre-lucnte, jc luis lur qu'il n'y a point d'orue- ET A M A LT H t. 43 niem artificici ou tlc pariirc čtiulice, qui puillč faivc lu moitic autant d'tmprellioii que Tha-billcmcnt limplc & modcitc iViinc ieunc rcli-gicuie placcc (Icrricrc uiic double grille cic ter. On cprouvc de la commilonitiun, Inriqiroii Vüit ui\e pcrlonnc airnablc , liins attcdatioa & laiis parurc, qui auroit pii čtrc 1'orncment de la focicte, fiiirclc lacriticc dc Ičs chamics, & abandonncr le monde & tous fes plaifirs, puLir paller ics jours dans la mortiBc.ilioii. Et l'amour, dans ce cas , fuit de pres la pitie. Ces rentimcns devienncnt cncorc plus penibles (.'iipeiiiiüit que nous iomnies abluiiMncnt iiica-pablcs dc cUanger Icur ikuation. Le plaifir de Ibulager im malheuicux dt la feulc rellburcc que iiuus ayons contrc la peine que nous cauTe fa VUG ; nvais iti nous fomnies cnticrement pri-vusdecccte conlblvition, & nous fcntons avec doulciirque nous nc poiivons donncra ccs in-fortunecs que des foupirs. Ccs reflexions d'autres Icmblables attrif-tcnt ordinuiiement iin hommc qui vicnt dc convcrfcr avec d'ainvables nonncs. II n'ell prcf-que pas polJlblc de quitter , liuis iin accces dc nielancolie, ccs trilles grilles, barncre impenetrable , que la tendrc pitie nc peut renverlbr. Nous primes conji« d'elles , en Iciir temoignant combiennous etions heurcux deles avt)ir con-uues, ii; dcplorant ea inčmc terns nutre mal- 4+ Voyage en Sic ile heLir ds ics laiifcr pour jamais loin de nous a tiiicdilbiice qiiericu ne peut franchir. Elies parurent chaniices dc no:re vilice, & nous eiigagcucnt ä ia roicerer chaquc jour pendant notre fejour ä MclFinej mais cela pourroit de-venir dangcreux. Ell fortant du couvent, nous appcrqiimcs UFi coiicoiirs de pcuple fur le fonimeC d'une colline fort elevce, a quekjuc diftancc de la ville. Le conful nous dit qu'on }' cülebroit Htic grandc iete en I'honiicur dc S. Franqois , & qu'clie valoit la peine d'etre vue. Nous nous niiines en niarche, Ä: nous arrivimes dans I'inlhnt oii Ic faint fc montra. I! c:ott porte en ccremoi\ie atravsrs ia foule; il fut enfiiite rcplace dans fa chapclle , ou il fait tous les jours un grand nombre de miracles po^ir tous ceux qui ont bcaucoup d'argent & beaucoup dc foi. Cepcndant fes miniftres font de pau-vres capucLns, qui ne paroilTent pas s'etre en-richis ä fon fervice.' S. Francjois elt en general iin pauvrc maitre, fi Ton cn juge par ios habits cra/feux & dechirt^ de fes domeftiquesi & S. Benoit, qui n'eft pas, ä bcaucoup pres, ' int aulli grand faint, le furpaife de beaucoup en ce point, Le pcupic danfa jufqu'au couchcr du foleil des danfes iici.'ieunes, dont les airs font trss-agreablcs. La pfupart des filles de la campagiie font fort belles, Ä danfent avec grace. Lcs jeuiies garrons eroient tons cn habits de dimanche, & avoient bomie mine. Us etoieut e t a M a l t h e. 4 T raflcmHes Tur unc plainc couvcrtc (le vcrtUirc au Ibmmct de la colline; ils nous -anuiloieiit be;iucoup , & ils noiis rappelloicnt i.i dcfcrip-tioii que Thcocritc a donnce des plaillrs dc 3a Sicile. Si ce poete rcvenoit au mondc, il ieroit probülilement fort cnibarniirc , & nc iiiLimit que dire de la trilte figure dc S. Francois , marchant avec taut de pompe & dc ma-jeltc. Une autre partic de la ccrcmonie Ivn auroitcuuüi autant d'alarmcs qu'ä nous. Toutc la cour, dcvant ruglifu, etoit cntouree d'uii triple rang dc petits canons dc for d'cnviron Ijx ponces dc long; on les dccliargea d'abord cliacun en particulier : Ic bruit de rcxplofioii ctuit trčs-fort; il y cn avoit plus de mille qui fiirent enfuitc placcs prcs Ics uns des antres, c"^ I'on y etendit une fufce de comnuinication. On mit le feu a la fidee , dans deux ou ttois miinitcs i!s partircnt tons, cn faiHint nil icLi rouliir.t. Lcs exptofions Ic liicccdoicnt avcc tant de promptitude, qn'il ctoit inipoffiblc ä I'orciilc dc !cs dilHnguer. Ccs pctites amies produillrcnt un tres-grand etfct; mats il au-roit ctc bcaucoup moindic, fans Ic bet cclio des hantcs montagncs de cliaque cote du dč-trnic, qui prolongerent le Ton long-terns apres que le feu fut iini. !! n'elt pas pcfijblc de vous depeindre la bcaute du fpcdacle dont nn jouit du haut de cetto collinc. Le dctroit paroit ctrc i:n graiul fieuve, majcftucux & iiev, rcjulaat lentement VOYAGE EX St CI LE fes eins entre deux chiiines de moiitagnes, & sY'largiilänt peii peu depiiis k paitie !a 5lus etroite,]urqu'ä ce qu'ii fe confonde a\-ec a mer. Scs bords font en meme teins cuiivcrts de riches camp^gnes de bleds, de vigiiübles , de vergers , de villes, de villages & d'egli-fes. La vue eft bornee de part & d'autre par les fomniets de halites mojicagues couvertes dc bois. Nousavoiis remarque, en nous pronienant, pluncurs des flours qui font le plus ellimees dans iios jiirdtns, & d'autrcs que nous r.c coii-noiiruiis pas. Le picd-d'alouette, la fleur d'A-donis, ia doucette, Therbe ii I'epervier & de tres-beaux lupins, croiJent fans culture fur toutes ces montagnes. Ii y a cucore plutleurs autres arbriireau.v ; j'en remarquai un en parti-culier, qui y croit avec abondance , & que je lie me rappelle pas d'avoir vu ailleurs: il porte «njoÜ fruit rond, dam Jaune tres-vif :ils I'ap-pellent il pomo-(toro, pon;mc d'or. Tous ies champs des environs de Meffine fontcouverts detres-bon treffle blanc, entre-nielc de piantcs aromatiques qui parfumenc I'air de i'cdcur la plus agrcable, & rendent les proniejiades deli-cieules. II eft remarquable que nous fentions ces parfums, en nous promenant fur le port, tjui eft ä unc grande diiiance de ccs champs, jai parle de ce phenomene a un geiitilhomme de Meffine; i! m'a dit que le fel produit au lueme eudroit par ia chaleur du foleil, exhale e t a M a l t ii e. 47 line odcur Tuavc , appro chant Ac cclle de la violette, & que c'eit la probablemeut cc qui parfume la cote tic la mcr. En confultant ta-zello, de rebus SicuUs , ievois qii'il parle dela meine riiigiilaritc , & il oblervc en outre que I'cau du detroic a uiie qualite vifqueufe & gluaute, quicimente ie luble & Ic gravier, & IcLir domic cnfiu la durcte du roc. 11 y a duns tuus Ics environs de Mcfliinc de belles promenades ou Ton elt a I'ombre i qucl-qaes-unes au bord de la mcr, font contiiutel-lemcnt ratVa'icbies par la brife du dčtroit. Les niailbns font grandes & commodes, & la plii-part des choies ncccilaires a la vie font a boil narche & en abondancc: on y trouve en parti-culicr du poilTon qui pafle pour le mcillcur de la Mediterrance. Les logemens coutent pcu : Li moitie de cecte magnifique rangee de bäti-mcns, que j'ai decrits, ell prcique inhabitee dcpuis la peitc terrible de 17431 de Ibrte que les proprictaires Ibnt charmes d avoir des !o-cataircs, a quelque prix que ce foit. Toutcs CCS ruifons me portent ä penlcr que , de tous ies endroits que j'ai vus , il n'y en a point qui foit auin propre que ce!ui-ci pour la rc-lldence de cette (bule de valetudinaires qui cha-que automne quittent notre pays, comnic Ics hirpndetles, pour chercher des climats chauds. (e me fuis infornic de la temperature de leur iiivcr, & ils convienncnt tous qu'en general il elt dc bcaucoup preferable ä celui de Naples, 48 V o y a g e e N S i C i l e lis avoiient qu'ils fant quclquefois iiiondes tfe pliiie pciiJant cieux oii trojs iemaincs, itjüis eile nc (lure jamais plus long-terns; d'aiüeurs jI ya coüjours ifans Ki jounicc qiie'qiics hcLires dc: boLiu t:ms, oiiils peuveiit fairc de Fexer-cicü. ]3es rindaiitoü hpluie cclfc, les prcmc-ivddes lout {cches, parce que le iol efl: un gravier fort Icger. je crois qua d'autres es^ards , MeHine a de tres-<,mtiidsavantages fur Isapies. li n'y a poinc dc promenades dans cecce dcrsiiere ville: il effc Trai que Ics Xapolitains ifesi one pas befoin, i!0!i plus que dc jambcs; car vous fa%-cz qu'il cl?: plus in'anic de fe fcrvii" dsfcs picds poirrfe promeiier, que de fes nia.ins pour volcr. Qiii-cotiquc fait liHige dc IČ5 jambcs, ell regards comiuj; unliomme vil, & mepriie partoiita la bonne compagnte. Les endroit? hors de la ville, oil I'oii pent fe protnener ä clievai ou cii car-loife , font fort doignes, & Ton eft oblisjs dc faire quelques milles dans les rues & fur le pave, avaiit d'arriver a la campagiic. It faut, c!i outre , travcrfer la grottc de PaafiÜppe, oü Ton court rifque d'etre aveugle ou ctouiTe par la poulliere. II n'y a ici prcfq^'ancun di-vertiifetnent public; an lieu qu'ä Naples, lers malades pcrdent tres-fouvent le fruit du ciimat, poiu' voii'otr alliiter a Ceux qu'on y donne ä des heures iiicomniodes. L'odieufe habitude du ieii ne regiie pas noii plus aiitant a Meffinc: laiiiictc* d'eiprit& lafatigxie du corps qu'il oc- calioime, K t A M a L T H E. 49 cafioiiiie, doivcnt etre mortellcs ä tous les m:ila-des ujuL Tont iittaqiies de conlbmptioii, 011 qui ont la poitrinc foible «Sties iieuFs lieücats, ,]e pourrois volis en dire davantage fur cc luiet; mais, commc je ne coniiois plufieurs de ccs fnits que fill- le rappout ties habitans, je ni'eii defie nil pen plus que ll rexperience me !es avoit ap-pris. Notre banquicr, M. M.. . elt un lioinmc d'clprit & de probitc , & nous avous pallc au-jüurd'liui quelques hcures avec lui dans una coiwerlation tres-agi'cable. II nolis a parle d® la police de cc pays, qui ell peiit-etrc la plus flngulierc du monde. Ce qu'il nous a dit eft il extraordinaire, que je ne vous I'ecrirai pas avant d'avoir railonne fur la meme matierc avcc d'aucres perfonncs, pour voir li chacun clt d'accord. Je dois pourtantavouer que,d?a-prčs la reputation doiit i! jouit id Sc ä Naples, fon temoignage clt aulfi irrecufable que cclui de tout autre. Le prince de Villa-Franca eft arrive, & nous aurous probablement audience demain matin. Adieu. Nous alSons manger poxirngcre foupct iin poiffon nunimc 1'cmpercur(J*-'), qu'on premi en strande quantite dans ccs mers. L'epec done il eft arme a plus dc quatre pieds de long, & c'elt une arme formidable. Ce poiflbn decoup» relTembic fi parfaitement a la viande, qwenous F.n italkn , }s(ßc-fi}uda, Pan, /. D fo VoyageenSicilk croyions tous qii'on nous appretoit des ti'an-chos ce bocuF, & nous avions temoigne d'a-vancc Sicilc, ; temoigne vancc notre furprife de trouver ce mets en LETTRE IV. Sažidits de Sidle. Fmieux phngenr. CO' rybik. FHe de la Fara, Phcmmens Jin-gullcr. X^E 21.Nous revenons de chezleprince, qui nous a requs poliinent, mais avec bcaucoup d'apparcil. 11 nous a ofFert fcs voirures, parce qn'on n cn trouve point aioiier; & iJnous a ticmandc, dans le ftyie ordinaire, en quoi U poiirroit nous etre utile. Nous lui avons dit que nous ettons obliges de partir demain, Ä que nous le priions de nous accorder fa protedion pour le voyage. IIa repoiidu que fiir-le-champ ildonneroit des ordres pour que nous fufTions accompagnes par des gardes qui repondroient de tout ; que nous devions etre fans inquietude, Ik que le nonibre de mules dont nous aurions befoin , fcroit pret a la porte de I'au-berge a I'hcure que nous voudrions fixer. II a ajoutc que nous pouvions compter fur ces gardes , qui font des hommes d'uix courage deter- ET A Af^LTltE. üiiiit & d'iinc fidclite ä l'cpreuvc , & qu'üs J^e maiiqiierüiciU pas de ciuticr llir-lc-champ qui-coii^ue s'avifcrüit de nous inrulter. De quel ordx-e de gens peiirez-voiis que foiotit tires CCS gardes eftinics & gens de contiaiice? Des coquins Ics plus infolens & les plus cii-durcis qui Iciient peut-ecrc fur ia tcrre, & qui dans tout autre pays auroient cte pendus oli ronipus vifs; mais ils"1biit ici proteges publi-quement, & chacuii les craiut 8c les refpede. Cell un des articles de la policc de Sicile, dont jc n'ofois vous entretenir; mais j'ai couverfe fur ce fujet avec Ics otHciers dii prince, qui lu'oiit coiifirme tout ce que m'a dit M. M. .. 11 m'a appris qu'on u'a jamais pu vcnir ä bout d'extirper les bandits dans la partie Orientale de Tisle, appellee Val-Demoni, des diables, qu'on fuppoic habiter le mont Etna; qu'il y u autour de cette montagne un nombre infint a flijet, & qui n'a qii'ä fc rcilbuveiiir de ce qui liii e(t arri-■vo dcpuis qu'il a quitte la plunte la dernicre fois. S'il voyage d'liiic manierc agreable, le Icctcar, qui elt de rcxpedition , doit partagef ■fes plaifirs, {ans en (:ipporter les fatigues. Je prevorscjue, dc toiites ics difHcultes que j'aurai a eiluyer , la plus grande fcni do troii-vcr des endroits propres pour ecrire; car Ics liö-teileri^s font tres-niauvaifcs, & I'oii tie pcut pas s'y procurer u]ie chambre particuiiere. Jc voiis ecris cctte lettre fur un toiineau que j'ai pretsre k la table, parcc que jc lUis plus eloigns du bruit. Je vous prie done, uue fois pout: toutcs , d'excufcrmesiucorredlions &mon dc-fiLit d'ordre. Cominsnt pourroit-oii etre metbo-diquc, ca ecrivant fur ini toiuieau ? II fut tou-jours j'enrtcnii Ic plus declare de Fartaiigement. Voiis voudrez bien prendre les chofes comme ellcs feprefentcront. Si j'etois coatraint d'etre ftriftenisnt niethodique, je n'aurois point Je plaifira vous ecrire ces leCCres, & probablenient vous CHI auriez tres-peu ä les iire. Nos gardes nous out procure des lits : il ell vrai que ce n'eftpas ä Tauromine, mais a Giar-diai, village au pisd dc laraoncagnefur laquelU ET A MALTHE. la viHe eft fituce. Lcs ^ens y oiit beaucoiip il'at-tejuioii pour nous , & ils nous one procure uii exceltciic roLipcr & tie bon vin. Ar.Ucu. Nous projetans de nionter deiiuiii I'Etnuparle cötc oriental, Ii nous pouvons en venir a bout. LETTRE VI. Foyage « Jcici. Mont Etna, Piimont. Petits volcam. Torrent if can buiiiUante. C/jii-t(ii£-}!isr.( enormes. Ancienncte ile la lave. Riviere t/Vic/V. A Catane , ic 24. mai 1771. j['e fuis deja clc pres dc deux jours en arricrc. Les kAominablcs cheniins du mont Etna noiis futiguercnt hier fi foit, que jc n'etois pas cii etat de prendre la plume, & je vous alTure qu'aujourd'hui nous nc nous fommcs pas re-pofes : cependant je nc dois pas lailler paller cc jourflms vous ecrire; autrcmciit jc ne pour-rois pus rattraper le courant de noire correP. pondance. Je crains que vous nc IbuttVicii plus des fatigues du voyage , que jc tie Tavois d'a-bord apprehende. Nous partimes de Giardini ä cinq hcuresJ La premiere region du mont Etna commence environ un millc pins loiai. Les habitaiis y one r^ VOYAGE EX SICiLE erigc la fecuc d'ui-t famt qui a empecheJa lave tl'^i grimpcr Tur la moiitaguc de TaurominG & de dccruire le pays adjaccnt. Iis font j^rfuades qu3, flins {oil iiitcrceinou, ce malhcur etoit liievitablc ; mais le faint hoinme, auiFi pru-dciit que piciii d'inimaiiitü , conduiTit la lave julqu'a la incr, le long d'une vallce baile. Xoiis iaiiTames ftir la gauchs le clicmin de Catanc, & nous commenqämes i gravir la moii-tagne, pom- examiner I'arbrc cclebrc, connu Ifiiis le iiom de il cajiugno dc anto cavalli , le inaLoiiiiier tic cent chcvaiix, qui, dcpiiis p)ii-Jieucs fiecles, eft regard j comme nne des cu-riofitcs de I'Etna. Nous avions aufli relblu dc gagiicr le fonimet de ce cute, & de defccndre par celui de Catane ; mai.s nous reconnLiiiics bieutot que cela ctoitimpoilible, & nous avoiis ete obliges, quoiqu'avec bcaucoup de repugnance , de renoncer a cetCe partie d(? notre plan. En avan^int dans la premiere region de I'Etna , nous avons remarqus qu'il y avoit eu des eruptions violcntes Itir tout cc pays, a une tres - grande diftance du fonimcc ou prin-cipale bouche de la montagne, J'appercjus lur notre rouSe, au village dePicmont, plufieuis bouches tres-conltdcrables, & tout autour, des pierres dune gxoireur enorme, qui en font forties, Les pierres font exadlement femblables ^ Celles que iance la bouche duVefuve; & jc pcnfe que la lave doit etre precifemeiit la meme, quoiqii'iiji peu plus poreuib. et a At a l t h e. 77 Ciarclini ii'elt cloi^nc dc Piemont que de dix milles i m;iis cumme le chcmiii cil: trcs-mauva's, ii nous u Rillu pres ik quatrc hcures po Lir le ftire. Lc barometre, qui a Giartlini, fiir !e hord de la mer, ctoit ä vingt-iieufpcjuccs dix Hgnes , Jivoit defcendu alors ä vingt-lcpt pouccs trois ligjies.Le thcrmometre de Farcnheit, de la coiir-triidion d'Adams a Londres , ctoit albixaiue-treize dcgrcs. Lcs habitans font cxtremcment curieux , ils out fait beuiicoup de queiHons fiir Tobjct de notre voyage ; & lorfquc nous le Icur avons appris, pluiieurs d'cntr'eux fc Ibnt oiFerts pour nous accompagner. Nous cii avoiis choili deux; & upres avoir pris Jiotre the, qui Icur a fourni d'amples maticres de ipecuU-lion , parcc quHls u'unt jamais vu de dejeuner dc cette efpece, nous avons commcnce a grim-per la montagne. Nous avons cte fluides pendant cinq ou fix niilles par IUI aqueduc que le prince de Pal a-gonia a fait conitruirc a grands frais pour amc-her del'eau a Pitmont. En quittant Faqucdiic , la montee c!l: dcvcnue un pen plus rapide, juf-qu'i ce que nous foyons arrives au commencement de la feconde region, appellee par les naturcls du pays , la regione fdvofa, oil la region des bois, parce qu eile eil: compofcc d\nic valfe toret qui s'etcnd tout autourdela montagne. Unc partie de cette region fut dctruitc ea 175*5,•par un phenomene tres-fingulicr. Peudwit uue eruption du volcan, un immaiii 78 Voyage en Sicile torrent d'eau boui'lante fortit, a ce qii'on ima-f^ine, de la grande bouche dc !a moncagne, & fe repanditen uiiinlbnt Turfa bafe, eü renver-Jant & decniifant tout ce qifil rencontra dans fii courfe. Nos condudeurs nous oJit montre les traces dc ce torrent, qui Ibnt encore vifi-bles. Leterrciii commence ä recoiivrcr ft verdure ; & )a vegetation , qui paroit avoir ete aneantie pendant quelqiic teiiis , commence ä fe ninimer. Le fillon qu'il a lailie peat avoir environiiii mille & demi de large, & davantagc en quelques endroits. Les gens ici croientque le volcaii a qiielqn« communication avec la mer, & qu'il eleva cette can par ime force de fiiccion ; mais I'abfur-dite de cette opinion c(t trop evidente pour avoir befoin d'etre refutee. La force de iucciou fiulc, meme enliippofant un vuide parfiit, us pourroit jamais clever lean ä plus de trente-trois ou trciite-quatre pieds, ce qui cd egal au poids d'lnic colonne d'air dans toiiCe la hauteur de Tatlimolplieve. Jepeiife qu'on pourroit cxpliquer trcs-facilenient ce pheiiomene, par iiucourant de lave qui tomba tout-a-coup fur ime des vallccs de neiges qui occupent les regions les plus elevees de la montagiie, & la fon-dir. ii c[t peiit-etre encore plus probable que la neige fondue a trouve dans la montcgne, des cavernes & des refervoirs, ou e!!e a reftc pendant quelqiie tems, iufqu'a ce que la chalenr exccilive de la kve faifaut crevcr ces grottcs e t a M a l t n e. 79 fonterreines, a prodiiit le phuiomcne q^ii a tloniie lieii ä bcaucoLip de Jpcculiitions , a exerce la plume de pliificiirs philofophes Sici-liens. Lii meine diolc dt airivcc lors d'unc eruption du Vefuve, dans le fiede deiTiier; & cette inondatiou extraordinaire engloutit daus un iuihmt environ cinq cents perlbnnes qui al-loient cn procdlion au pied de la moutagnc, pour imphirer S. Jiinvicr. Nülis paffames ciilliite au milicn de quelques jolis büis de Hege & de ebenes toujours verds, qui cvoiHctn liir uii terrein couvcrt de lavc. A peine la terre vegetalc a-t-clle rempli Ics crevuHes de cctte lliblhince porciire ; & allbz jH-es de 1h, je fcmarquai plulicurs collines qui feinblöient avoir cte formces par \ine eruption, arrivcc depuis peu. Je dcfccndis de ma mule, & je muntai fur le Ibmmct de toutcs l'une apres Taiitre. Elles font au nombre de fept. Au haut de diacune onvoitunc petite ccnipc • ou buuche reguliere ; & dans quelques - uncs, le grand gourfre , ou, comnic ils rnppdlent, il vorngme, qui a vumi la maticrc briiiee dont ces petites montagnes Tunt forinees, cfl cncore oiivert. Je jetai de groilcs picrres dans cos gouffres, & i'en cntendis le brifit long-tenis apres que je les eus liichees. Tons los diainps des environs, a inic diitance confidcrablci font converts d'enormes rodiers briilcs , ibrtis de CCS petitB volcans. Dc cet cndro^t jufqii'au grand niaionnicr. So Voyage E?^ SICILE OJI fait cinq ou fix rallies de cliemiii a travers des tbrecs qui out crii fur la lave, & qui en pliiiieurs eiidroits font impenetrables. QiieU qacs-Lins des iirbres font d'une groiieur enorme ; mais le caßagno de cemo cavalU eft le plus-£imeux de tons. Je Wii trouve marque dans une viciiie carte dc la Sicile, piibliee il y Ü. pres de cent ans ; & il fait une tres-belle fii^ure dans to;.ites celles de I'Ktna & des environs. Jiivoue que je n'ai pas etc fntppedefon apparence, parcc qu'il no feinble pas etre im Jeul arbrc, mais iin allembiage de cinq. Nous tUnies A nos guides qu'on en impofuit fur ceC article; mais ils nous airiirerent unanimemcnt que la tradition inüveril'lle & meme le tcmoi, gnage de tout le pays atteltcnt que ces tigcs etoient autrefois reunies en unc leule ; que jsLirs anceCres s'en fouviennent; que cec arbre ctoit refjarde aJors comme romeinent de Ja füret, & qu'on venoitle vifiter de tous cotesj jnuis que depuis pSufieurs annees il etoit rediiit , ä cet etat refpeclable de caducice , on nous le coiiteniplions. Nous" commenqämes a Texami-]icr avec plus d'actention, & nous reconnumes *5u'i! paroiifoit effefdvement que ces cinq tigcs n'en. avoient fait qu une autrefois. L'ouvsr-ture du milieu eit h prefent prodigieufe j & il fiiut avoir de la foi,pour croire qu'un aufli gnind efpaee ait etc rempli jadis en entier par du bois. II nV a point d'eeorce fur le dedans des troucsj ni fur les cotes qui font oppoßs I'uu et a m al t h t. 8l a I'autrc. Nous I'avons rxicJure icparement, M. Glover & moi, !x nous nous fommes rencontres dans le rcfultat, tjui etl dc deux cents qua-tre pieds dc tour. Si recllcment il a etc rcuni eu une fculc tige, on doit Ic rcgardcr comnic ■un phcuonicne prodigieux dans le regiic vegetal, & il cll appeUc i juile titrc Cormmmt de. la forci. Le chanoine Rccupcro , homme d'efpiit, m'a dit depuis, qu'il y a conduit des payluns avec ties initrumciis , & qii'i! a fait creufer autoiir du caßagno di cmto cavalli, H ni'a alFurc que lous terrc, routes ccs tiges font reunies en une fcuic racine. Je lui ai reprcfente qu'uii objet li extraordinaire auroit du etre cclcbre par quelques-uns de leurs ecrivains. II m'a renondu que phiiieurs en avoient parle, & il ni'cn a cite quclques-uns , Phiioteo , Carrera, & d'autres. Carrera s'cxcufe de ce qu'il ne de-crit pas fes dimenfions ; mais i| protelle qu'il y avoit rürcment alFez de bois dans ce feul arhre pour bitir ini grand palais. Lcur poete Hagolini a chante aulH un arbre de la meme efpece, & peut-etre le meme (*); & Mairi, ua Suincmo! inttir montts ntonßroßor omni Monßroßfcetnm jHpitis Etnadedit. Caßancam genuit, cujus modo concava cortege Tiirmani eqiiitum haud ^arvatn tontinct atque. fcVe^ff, t^c. Pan. /. if Si Vc A g e en Si c ilt de leurs aiiteurs les plus eftimcs, dit qu'i! a ™ CiCü chtiies Iblidcs dc phis de qimraiite pieds dc circonlertnce; nmis i! ajoiite que la grof-ieiir des chiitaigniers ctüit au-dela de toiite crovance; que le creux de Tun d'eux conteJioit trois cents moiitons , & que trcjite homines ä chcval y avoient foiiveiic et'i tons enfemblc. Je nc pretends pas determiner s'il parle de notrc arbre, on li inemc il en a jamais exilte iin piueil. II y en a phificurs antics qui meri-tent bien la curiofite des voj'ageiirs. L'lin de ceiix-ci, qui cfl a environ iiii miile & demi plus haut fur la montajjne, eft appelle /V caßagno del galea. Une Teule tige Jblide s'eleve a line hiuiteur confidcrabJe; enfuite il le partage en branches, & it eft beaucoup plus beau que Tautrc. Je I'ui mefure ä environ deux pieds de terre: ifavoit foixante-feize pieds de tour. On en trouve un troilkme, nomme il caßagno dd ticive, qui eft a peu pres de la meme groileur, Tous CCS arbres croiflent llir un fol fertile & cpais , compofe originairement, a ce que je crois, des cendres qii'a vomi la montagne. Lc climat cltici beaucoup plus tempere que dans la pr-emiere region de I'Etna, ou les cha-leurs excelTIves doivent toujours empecher une vegetation abondante. Le barometre eft a pre-ient tombe ä vingt-fix pouccs cinq ligiies & demie, ce qui annonce une elevation de preide quatre mille pieds. Cctte hauteur, fiiivant I'opijiion de quelques aeadejuiciens lran<;ois, tT A M ALTH E. S3 ^quivaut dix-huit ou viiigt degrcs ttc lUftiincc cii latitude pour la tewipeviitiirc du cliniat. L'A grande q[iutiitite de nitre contcnue dans Ics ceiidres de I'litna, coiuribue probablcmcnC bcaucoup li accroitre la ibrcc dc cette vegetation; & I'dir etant d'abord fort impres"^ la iLiiiice du volcan, doit fouriiir contitiuetle-nieiu dc cc lei, qui ett appcllii avec raÜoii« par quelques ailtciirs, Iti nourriture des vcgetaiix, Ou a conltruit dans I'interieur du grand ma-ronnicrj une cabanc pour recueillir ie liiiit qu'il porce, & qui eü toujours aboudant. Kous y dilümesdebonappctit. Comnte nous etions pavl.iicemcnt convaincus que nous eir^iievions cn vain de gnivir ILir la m,-vntagnc dc ce cote-ci, iious nous mimes a delceiidre; ik iipi-es une rout; tres-iatigantf: fur de Id vieille lave, qui elt a preicnt devenuc IUI Lihamp lertile oc uu riclie vignoble, nous anivamc^S, vers Ie cou-eher du Jbleil , 'a Jaci-Rcalc, ou nous nous fom-n\es enliii logos dans iin couveiit de jacobins, apres avoir eu toutes les peines du monde A trouvei' un glte. I^a derniere lave que nous averts iraVerfee nvant d'arriver ici, e!t d'une valle etendue ; )e croyois qu'elle ne finiioic jamais. Elle n'a cer-tainemeuc pas nioinü de fix ou icpt niilles de large, & parok etrc en plulieurs cndroits d'lme protoiidcui" enorme. Lorlquc nous nous fonin:ics approches do la iner , j'ai voulu voir quelle forme avoit pris la Fij s4 '^''oyaceensicile Jave en rencontrant Peaii. En Texaminant, j'ai troiive qii'elie avoit chüile les vagues en iirriere lefpace de plus d'ün miile, & qu'elle avoit lüiniü iin large promontoke, fort elcve & nuir, oü autreiois la mcr etoittres-profonde. Comme cette lavc eftrterile & qu'eüe ti'eft encore cou-Vcrce que de trcs-peu de terrcaii, je croyois qu'ii ii'y avoit piis beaucoiip d'annecs qn'eüe etoic fürtie de !a montagne; mais j'ui ete furpris d'apprendre du Ijgnor Recupero, iiiftoriogra-phe de l'Etna , que Diodore de Sicile dit que cettc meine lave fut vomie par FEtiiii, au teras de la feconde gucrre pitiiique, lorfque Syracufe etoit alfiegee par les Romains. Taurominiim envcya iin detachement au Ibconrs des :;Hieges. Lcsfoldatfi furciicarretis dans leur marche par cc couranc de lave, qui avoit gagiie la mer avant ieur arrives au pied de la montagne. Elleleur coiipa euticremcnt le palTage, & les obligea de retourner par la croupc de l'Etna, Tefpce de phis de cent milles. II ajoiite que ce qu'il avaii-<^üit, etoic appuye llir des infcriptions tirees de quelques momimens remains trouves fup tette lave, Sc que d'ailleurs il etoic confirme par phifjeurs des anciens auteurs SiciHens. Or, cpihme le fait a da arriver il y a environ deux milles ans, 11 ]es laves deviemienc reguliere-meat, par le progres des annees, des champs fo'tiles , on imagine que celle-ci devroit au moins etfc labourable depuis long-tems. Ce-pcndajitil n'en etl pus ■ti;uifii elle eit ä peijie e t a M h i. t 1! e. S; coiivcrtc (h quelques vcget',iu\' cVaii-femcs, & clle c(t ublohimcnt incapubio tie pvodinr-e t'.a bled uu du vili. 11 y u , h včnlč, d'aüti ^i'os arbres croidantduns les crevaiics, qui font remplies d'uii trt-s-boii tcrrciui mais il s'ccuiilcva probublemcat encore quelques ficcles, avant qxi'il y en ait allez pour que Ics proprietaircs puident en faire ulage. 11 elt fingulicr que la furface de cette maticre noire & aiide devieime, apres un long terns, le fol le plus fertile de la terre. Mais coin-bien faut-il de fiecles pour qu'elle acquicrc toute la perfedlion dont clle eft fufccptible, puifqu'apres deux niillc ans eile n'ell: encore, dans la plupart des endroits, qu'un rocher Ite-rile? Voici peut-etre comnient s'operc cette transformation. Lii lave etant une lliblhnce tres-poreiirc, la poulfiere qui y elt rcpandue par le vent, sHncorpore aifcment avcc eile, j'ai obfcrve que cette pouHiere forme d'abord une efpece de niouife; Ic Ibl s'accroiirant peu a peu, produit quelques petits vegetaux foibles, qut poutrilJenc, & le c«nvcrtiirent en terreau. Mais j: crois que les pliiics de cendres qui tombent de la montapie, accelerent beaucoup ces pro-gres. J'ai obfcrve que le fol le plus riche a eii quelques eiidroits cinq ou fix pieds de pro-foiidcur,& davantage J & au-dellbus, je n'ai jamais rien trouve que des rochers de lave. Celt la que les arbrcs prennent une grolleur H enorme; leurs racines poullent dans les cre- ii) Voyage en Si cile vaps de la lave, & elles s'y attachent fi bien, qu'oii n'a jamais vu de vcr.t Ics en arracher, qiioiqu'il ibic arrive quelqueFois que des oiu ragans en ont rompu de tres-groiTes branches, Noiisavons vuhiensne branched'un des phis gros chitaigniers, qui eib tombee exaclement fur iin ravin profond, ou coule iin ruiifcau ailez large, & eile a fomie iiii pont tres-com-mode. Le peiipie dit que cela a etc faic par fciiiiEe Agathe, gardiemie de la moncagne, & qui a la Turin tend ance de tout ce qui s'y pallc. La recolte eft prefquc finie dans la partie üiferieure de la premiere region de r£rna; mais elle ne coniniencera que d'ici a quelques fcmai-Ties dans !a partie fupcricure dc la meme region , fur ies confins de la regiom filvoja. Par-tout oil nous alliens, les nioiiroiinei;rs nous accabloient d'injures de toutes parts; ä la verite,nos guides etoient bien ä menie de Iciir tenir tete. Iis conimenqoient icur jeu des que nous potivions les entendre, h nc iiniC-foicnt que lorfque nous etions hors de la portee dc leur voix, qu'Üs pnuifoient autant qu'il leur etoit polfibtc, Comme ils parloient iicilien, nous comprcnions pcu ce qu'ils difoient, fi ce n'eft par Tinterpretation de nos guides. Cepen, dant nous ne pouvions nous empechcr d'ad-jnirer I'extreme volubility & I'eloquence natu, relle avec lefquelles ils s'exprimoicnt. Cette coutume remonte au tems des Romains, & probablement elle eft beaucoup plus ancienne, e t A Ma lt he. 8? puirqii'Horace & quelques-uns de leiirs auteurs ca tont ineiidou. Elle ctt eii vogue ict autaiit quo jamais ; les niditrcs reiicouvageiit ; ils croieiit qu'etle doniie de radivito aux ouvricrs. Sc qu'ils ca tont Iciir bcfogiic plus gaiment. je crois qu'ils oat railbii; car j'etois tres-fuvpvis de voir combica ils paroilloicnt y prendre de pUiifir, & quels edats de rire cela occallonaoit parmi cux. Jai oublie de vous dire que nous avons paiß la Iburce de la iiinicure riviere frotde('V fiume freiido)-, c'cft ceüe qui a ete fi eclebree par les pontes dans iu fable d'Acis & de Galatee. On fuppofe qu'Acis fut tue dans ce lieu parPo-lypkeme, &que les dicu^ , par commifera-tion, ie niecamorpliolcrent cn cettc riviere. On ajoute que, conlervant encore la Frayeur que lui infpira la terrible voix de Polyphenic , elic court avec beaucoup de vitefJe le jeter dans la mer a environ un niillc de fa Iburce. Elle forme dejii IUI large courant a I'endroit ou clle fort de terre. Ses eaux font d'une limpidite rcmarqiia-blc, & n exceirivement froide.s, qu'on croitqu'il elt dangereux d'cii boire. On m'a dit qu'ctanc fortement impregnee de vitriol, eile a cn outre line qualite li vcnimeuTc , qu'elle a ibuvent Fait peuir du biitail. Elle ne gele jamais; mais ce qu'il ya de furprenant, cell qu'elle contračlc Jbuvent un degre de froid liipcricur a celui du ia glace. J'ai appris ces particularites des pretres d'Aci. F iv SS Voyage e n" Si c i r.e Cette place, aiicieinieiiieiitappellee Av-^f/J-liiii^ & phifieurs autres dans les environs, -lici-Ciißdlo, Ad-Tcrra, prenncnt; leur iioni dii ii^alheiireux bergcr Acis. Ün peua reft tie l'Acis, on troiive Icniboii-chure de ia riviere d'Alcantara, qui eii; uiic des plus confidcriibles de l'islc. Elle prcnd f!i ioiirce fiir le cötc fcptentrifJiKil de l'Etiia, & eile lert de bonic a la montagiie dans i'clpace d'environibixante milles. Lcs eruptions du vol-can oncinterronipu fon cours cn pliifieurs en-droits; de forte que, ä proprcmcnt parier, Jos bornes de l'Etna s'etendeiit beaiicoiip au - dc-lä, quoiqu'elle aic cte rega^'dee generalement comme fii limite. En allanc ä Pieniont, noiis paflamcs fur ini large pont, conltriiit entiere-nicnc de lave. Pres de lä, le lit de la riviere fc prolonge ä travers une autre lave qui eft tres-remarquable, & probablenieiit uiie des plus ancienues qui Ibient forties de TEtna. Le cou-rant, qtiicfi: extreniement rapide , i'a rongeeu piufieurs endroitsjiifqu'a la profondeur de ein-qiiante k foixante pieds. Recupero, dont j'ai deja parle, & qui travaille ä I'liiftoire naturelle de TEtiia, m'a dit qu'apres avoir examine cette lave avec attention, il pcnfe qu'y conipris les tours Sc les detours, eile occupeune longueur qui n'eft pas moins de quarante milles. Elle elt Sortie d'une eminence trcs-confiderable fur le cöte feptentrional de I'Etiia; & comme elle a trouve quelques vallees ä Tell:, elle a pris fon E T A M A L THE. S9 cours lie cccvt6-lk. Lile i iitcrromp t T Alcantara a lUvcrfes reprifes , & cnfai cllc urrive ä k mer prcs de rcmboiicluire tlc cettc riviere. La vilic dc Jaci, ou Aci, ainfi que toutcs Celles de cettc c6tc , elt fondcc ilir d'immciiTcs rydicrs dc lave , etitaircs les uns fur les autrcs, & qiu font, dans quelques cndroits , d'uiic hau-tciii- furpreuaiue ; car il paroit que ces torrciis enflammes le darciireutcu rochers, des qu'ils Iniitparvenus äta mer, &qu'ulors ils nc cedent plus Iii prclFion du Feu liquide qui vient cn-fLiite; uiic autre lave bouillantc forme un Ib-cund torrent de feu fur les vagues , fe confolide fur-!c-champ , & ett bientöt Tliivic d'unc troi-fiemc , i laquellc il arrive ia mhne chofe. Par line repetition de cettc fccnc, des proniontoircs de roc dur font poullcs plufieurs milles dans l'Ocean, Celt ainfi que Vulcain & Neptumc (int toujours difpute leterrcin fur cettc c6tc ; & quüiquc daiis Ics autrcs paysilc dicu des niersaitcte ordinairemcnt le plus fort, it faut avouer quHci il fait tres-petite figure; il ell; oblige de rcnnnccr aune partie de Ton domaine, thaquc fois que foil adverfaire le demande. Plufieurs endroits de cette c6tc confervent encore le nom qu'ils avotent autrefois; mais ils n'ont pl US les proprictes que Icur attribooicnt Ics unciens. La riviere Acis (*), qui eftaujourd'bui Quiijue per yEtncoijlcis peiit atjiiora fines, ir diike ^raiwn Nereide perluit iwda Sil. Itulicus. jo VoyaoeenSicile veninieure, etoit celebre par ia clouccur & la falubrite de fes eaux. Thcocrite nous dit que les bergers de Sicile les ont totijours reganiees commc facrees. Nous fonimes furpris dc trouver qüc tant d'eudroits portent le nom dc ccbcrgcr, que je croyois n'avoir exille que dans i'lmagination des postes; mais on lit dans les auteiirs Sicilians , qu'Acis fut un roi qui regnu fur cette partie de I'isle, dans Tantiquite la pins rcculcc. Haifa, pour corifirmer cefentimcnt, donne la ti"adu(flion d'une infcriptioii trouvee pres d'Aci-Caftello (*). On croit que Polypheme, uii des geans de I'Etna, Ic tua dans un acces de ja-loufie; ce qui donna nailiimce a ia fable, An-guillare , poete Italien, nous donne, en rappor-tant cette hiftoire , une idee effrayante de 'a voix de Polypheme. Le paifage eit fort admire: C) Du OgnU, SaturnU , Mtnacit Beorum Mani, filU, uxori, in Partu. Sepulchrum, templum eif arcem.' Ads Faunifi'ias, Picinqiot, Saturni proncpos, Latitii Fratcr, et a Malt he. Trmo per troppo horrore Etna; e Tifco Face tnaggior la ßanima iifctr de/montci t' Pacchino , c P dor o, c LUibeo {hiaß ültuffar ncl mar t altera fronte f Caddc il nwrtddi man ncl monte Etiieo , ylir le-iii Lcri/io, a Stcrope e a Bronte j I'ngir Jkre au^ci di lor ricetto Etßßrinfc ogni madrc ilfiglio at petto. Vous rcmarqucrcz aifcment que I'autciir tlont oil vtent de purler , no pent pas s'appropricr le merite de ccs vers , puifqu'ils font pris evi-deiiimetit de la dcicription qtj'ufaite Virgile ;ui livrc V"dcrEiiuide, du (on dii cornit dc la f'lirie Alcdo. Le dernier vers , qui etl peut-etrc Ic phis beau de tons, eii ctl prcfquc tire mot ii mot: Et trepidd matresprejjcre adpeäora natos. (^iiclqucs critiques obfervciit que cettc def-cription iruppurtient pas memc i Virgile, qui I'a copice exaclementde ce que dit Apollonius de Rliodes, des hurlcmcns du dragon qui gvir-doit la toiibii dor. Dc forte que vous voycz qii'ilii'y a ricii dc nouveau Ibus le ibleil. Le dernier auteur que )c viciis dc citcr , ravoit probablciiientpillcc dc quelqu'autrc, & ainll dc fuitc.Les poetes ont toujours ete les plus grinids lictous Ics vüleurs. 11 eithcurcux quelclaixia 92 VovageenSicile IK>etiÄ{ue ne foit pas puiii d.j mort, aucrement k Panrairc ii'aurott jamais etc tort pcuple. Nous iillons remertrc nos lectres de creance, & {aire quelques viiites de ccremonie. Je delire qii'ellcs Ibient fiiües ; car de routes les occupations de la vie, c'elt.fiireinenE la pli^s en-nuyciife Ä la plus incommode , lorfqu'on n'a pas le bonhcur de reacontrer des perfonnes de bon fens. Nous avotisremarqLie que les perfonnes doaci'accts eitle plus difftcile,font ordinaire »le tit les moins dignes d'etre oonnues. LeS Fjts d'un rang diftiiigue fe couvrcnt ordinaire-nient de ieur digntte, pour cacher Icur betife. Nous avons vu des excniiplcs frappans de cette veritc dans le cou.rs de nos voyages. Ceux, au concrairc, qui out reelleiuent du merite 8c de fa noblelfe dans les fenciineiis , rougilFeut de £iire ufagc de ces avantages fpecieux & imoo-fins que leurdoiuiela naillance i ils ne pehfcnt ijamais a fe cacher derrierc ieur titre j ils re-g-arderoient cela comnie une cfpecc de lächete qardeshonoreiin galant homme.Je me rappelte iin grand baron Allemand, commandant d'line ville frontiere, qui etoit le mortel le plus fot Sc le plus orgircilleux de la terre. Lorfque la compagnie le livroit a la bonne humeur, il !e trouvoit mau%'ais , pcnlant qii'on manquoit ä fadignite; & il arretoit bientot la gaite de PaiZ. ieniblee, en faifant entendre qu'il ctoit baron de .. ou commandant de la ville. Qiielque-fois il cnvoyoit cKercher I'officier de garde , ü et a Malt he. 93 le faifoit rcllcr xine liciiie devant liii , iJ^ ü cn exigcüit les marques ik rcfpcd les plus himii-liaiiteü. ü'aiitres iois ion intcndunt, charge ile regilh-es, venoit hit purler de les tcrres, de fes chätciuix, deles mailons : pendantcctcins-la, !a meilleiive pavtie de lu conipa^mie s'echap-_poit, maudilfaiit I'orgucil & la It upi elite-tie Icur hüte, & fouhaitant de le voircnterrc Tousles debris dc -tes domaines. Si le commandant dc Catane eit de ccttc trempe , notre viiltc nc fcra pas iungue. Adieu. Dcniain jc tachcrai dc vous condiiire au point ou nous Ibmmcs j car vmis voudrcz bicn obfervcr que vous n'etcs cncnre cjLi'a lu ville de Jaci, & que vous avez a pajl ier pluliciirs volcans cteints, avant d'arriver ici. LETTRE VII. Kome (k Jaci ä Catane, Cote formce delam. Combat entre le j'eii ^ t can. Havre de lave. Vaih de faint c Agathe ;fa puiffiwce jur Ic rnont Et?/a. Gravde antiquite des eruptions de cctte montagtic. A Catane , le s^ mai 1770, XjA route de Jaci ä cette ville, cft entiercmcnt Jür lalave, & par confequcnt tres-fatigautc Sc trts-ennuyeufc. A peu de mjilcs de ccttc plucc, 94 o Y A g e E N S I C I I- £ nous avons comptj hui t montagiics fonriL'es par des eruptions, & rfoiit cliacanc a unc bou, che qui vomiJloit dc la matierc brulee. Quel-, qiics-iuies funt tres-cbvees, & d'line gnirdc cir, coiiFcrejice. II paroit evident que tnurc cctte cote a etc formee ])ar les eruptions de )'£iiia, & qu'en beaucoLip d'endroits elles out repouife la iiiera pluiicurs mÜles de fes aiiciciines limites. La defcriptintique font !es auteurs Sicjiiens du conflit ciitrc ces dciix elcmens cüutraires, cfl vniiment eiFrayaiitc j ils feiiiblen»; av!es. Elle me rappelle quelques families heureail-s q jc j'ai vucs dans Uütre putrie ; luais jc ii'cii ai cncorc rcucjiitre auctine dc parcillc fur Ic coiitiiicnt Le prince bdtit ä preient iiiic mailba dc c.impugnc lUi: iisi prornontoirc forme par la iavc dc y avoit autrefois au moias ciiiquuntc pieds d'eau ii I'endroit oLi I'on cn a jetc ics foude-n^ens , & la lave clt clevee de cinquaiitc pieds au-dclllis du niveau aduel dc b mcr. J'ai voiilu mc prcmencr feul ccttc apres-dincc, pour examiner les forniss bizarres & finguUercs qii'a prifcs ccttc lave dcltrudric , en ravageant le pays. Je ne fitis pas alle fort loin avan.t d'appercsvoir lui baciment magni-fiqiic qu'on a conftruit fur la partic la plus 'laute de la lave. Comme je n'avois entendu parier d'aucun palais de cc cöte-lä, la curioflte "^y a conduit. Apres avoir palfe la grande porte , ma furprifc s'cll accrue, lorfqucj'aiap-Pei'<;u une faqade qui e!l prefque egule ä cclle ^e Verfailles , une rampe d'elbalicr de marbre »lane, &tout cequiannonce une magnificence '"oyale. Je u'avois jamais oui" dire que les rois Sicile euifcnt un palais a Catane, & il ctoit ifipoflTble de fuppofer qail appartinc ä des particulicrs. Je crus que le vaüe fromifptce qui "•e prefemoit devant moi, fornioit tout le palais i mais invayiue^ inon ccoiinemcnt, loriG üj 103 x''oyage en S icile qii'cii toliriiant uii des angles, j'ai troiivc un autre frontirpice aiiifigrand, & qiiand j'ai de-convert que ce que j'avois vu n'etoit que Ic cote d'un iaimetife quarre. Je ne fus plus alors dans 1'incertitude, fa-chant hien que tant de magnificence nepouvoit appartenir qu a I'eglife. Comme jem'emprelTois de conitminiquer ä mes amis ce que je venois de dccouvrir, je trouvai aupres d'eux le chanoine Recupero,qui me fit des reproches de ce que j'avois ofe fortir fans notre mterprete , & dit que jamais il n'avoit ete fi mortifie , parce qii'il avoit ileifcin de nous conduirc a cet endroit le jour meme , afitt de jouir de notre lurprife & de tiotre etoimemertt. II nous apprit que c'etoic un convent de benedidins qui etoient deternii-iirfs a faire leur paradis dans ce monde, s'ils nc iefaifoient pas dans lautre. II ajouta qu'ils avoient i f ooo livres [teriing de revenu (*), ce qui eft une fomme prodigieufe pour ce pays. Nous fommes alles avec le fignor Recupero prefentei' nos refpec'ts ä ces enfaiis de I'humi-hctj, de la temperance &de la mortification ; & il Kmt convenir qu'ils nous ont requs & regales avec beaucoup de civilite & de politefTe, meme fans oltentation. Leur mu/ciim e[l prefqu'auili beau quecelui du prince de Bifcaris, & les ap-pitrteinens en fontiiifiniment plus riches j mais ("; t-.nviroji J4SOOO livres tcurnois, ITA MAL T HE. 103 Icur jardin eil: ce qu'il y a de plus curieux. Oi'oiqLi'il Tuit forme fiir la furtiice raboteule & fterile de )a lave, nous y avons appcrqu unc variijte, uiie proprcte, qu'oii troiive raremcnt aülcurs. Lcs ullecs ibntlarges & pavccs de petics cailloux; les arbres & les huies, quia la verite font de mauvais goät & tallies ridiculenient, y croiireiit tres-bien. Cctte lave n'ayant que I ^o aus , fii (iirface clt aulH dure & aulfi Itcrile qu'uu morccau de Ter i par conrcquent, tout le iul a dii etre apporte dc fort loin. L'eglifc de ce convent feroit uiic des plus belles dc I'En-rope, fi elle etoit ftnie; mais comme eile elt entierenieiit fondee fur de la lave poreufc & caf-fantc , line partic des fondeiiicns s'elt aliailVea foils Ic poids d'un batimem (1 enorme ; & plu-fieurs des grandcs vontes , ou Ton -devoit faire ditfcrentcs chapel les, font dejatombees. Elle elt en forme de croix ; & quoiqu'il n'y ait encore que la branche occidentale achevee, cela feul fuffit pourcn faire line eglife pleine de noblelfe &de grandeur. Ilsontleplusbel orgne que j'aic jamais entendu , & je crois qu'il ell funerienr a ceUii d'llarlem, qui a acquis tant decelebrtto. Nous fommes alles enfuite examiner les en-droits oil la lave a cfcalade les niurs de Ca-tane. Ce phenoinene a du produire un elfet žtonnant. Les muraiiles ont foixante - quatre palmes dc haut ( pres de foixantc pieds ) , & dies font tres- fortes; car autrement dies aii-roieut du etre reaverfčcs par !c poids de ce tor- G iv I04 V o Y A G E E X SI C I L E renc cnfliimme , qui s'elcva ä cctCe h.uitei:r, & -jiieiiie au-delllis du Ibnimet du mur, avatit d'cii-trcr dans la ville. Enfijiil y parviiic: ilentraina dcvmit kti, comme je voiis Tai deja dic, tous les fiiints du ciileiidricr, qui etoient ranges en ordre de bataiUe pour täclier de l'arreter; & marchunt, pour ainli dirc , en trioraphe , il anean-tit en quelque forte tout ce qui s'oppofa a löu palliigc. Entr'autres chofes , it couvric de de-combres quelques belies Fontaines , done Tune ctoit Ii eftiniee, que les habitans ontfäit creu-i'er a grands frais ä travcrs la ]ave,& ont enliii recouvre leur fource. Cette excavation elt un ouviage tres-curieux, & digiie de lattention des voyage urs. Catanc eft rcgardee comme une des plus an-ciennes villss de l'isle, & nieme de la cerre. Leurs legendes difentqu'ellefutfondce paries Cyciopcs , ou les geaiis de l'Etiia, qu'on fup-pofc avoir cte les premiers habitans de la Sicile apres le deluge} & qiiclques-uns des ecrivaiiis dii pays pretendeiit qu'elle fut bätie par Dcuca-lion & Pyrrha, apres que ics eaux fe furent retirees & qu'elles eurent deiccndu au pied de la montagne. Son ancieJi nora etoit Catetna, ou vilie de l'Etna. Elle paJfe a prclent pour ia troifieme vüle du royauine, quoiqu'elle foic la feconde , de-puis que Ms/Hne a cte divaflee par la pelte. Elle concientplus de trente mille habitans. Elle ^ uiie uiüvei'lke , la fciile de l'isle, & un fi ege ETA M alti: E. to^- tpifcopal. Les rcvcuus de Tcveque font trčs-conlidiimblcs, & ptovienaeiic en graiuie purtic de la vcnte de iu neige du motit Etna. On dit (jii'Litic petite portion de cctte ligulierc mar-chaiidile qui le trouve iiii nord do h montii-gtic , luL rbipporte plus milic livrcs itcriiiig par an i car I'Etiia four nie de lu neige & de Iii glace, noiulculernem ä toutc la Sicüc , niiiis encore ü Miilthe & i une partie de l'Italie : ce qui J.iit line branche de commcrcc tres-conlidcrable. Les payfans meme , dans ccs pays chaud!;, ib Tcgalcnt pendant l'ete avcc des glaccs; & la nobleile ne donne point de rcpas dont clles ne falfent partie. Les habitans difcnt qu'nne difettc de neige feroit prefqu'aiiiri rcdoutable qu'unc ianiiüc de blcd ou de viii. Celt parnii eiix une oblervatioii commune , que j'ai cntendu repeter louvcnt, que, fiins Ics neiges de TEtna, teur islc icruit inhabitable : tant cet article de luxe Icur ett devenu eHentiel. I.'Etna, qui les ra-IVaiclüt en ete, les rechaiiüfe cn biver; l'im-Jnenfe Sc incpuiniblu foret qui couvrc la nioii-tagne, tburnit du bois a brulei pour la plus grande partie de Tieilc. Mais ccttc montagne ^tonnante m'ecarte toujours de nion fuiet. Je vous parlois de la villc. Le peu qu'epargna l'eruption de 1669 , fut entiercmcnt mine par le fatal trembiement de terro de 1692. La plus grande partie des habitans furent alors cnfeve-foiis Ics nuirs de Icurs maifons & de leurs cglilcs. Cependant leur aveuglenictt eit Ii fort» lorj Voyage en S i c r l b qu'upres des defdftres li repet« & fi terribles ; on a'a jamais pii les engager ä changer falitua-tion. Tuute la ville fut bientoc reb.itic fur uii noLiveaii plan fore elegant, & elle eft a prefent plus belle que jamais. II cfthors de cloutequ'elb it-ra derechef rediiice en cendres par quelque liDuvelie commotion dela nioiitag;ne. lis croicnt pourtant etrc dans une parfaite fitrete j ils di-iencqtie la Vierge & luiiite Agathe fe fonten-gagees a ies proteger, & lis defient I'Etna & tous les diabk's deleur faire du mal. Cette vilic renfcrme plu/icurs reftcs d'anti-qiiite, doiit la plupart font daiis un tres-ma;x-vais etat. Un des plus remarqiiables eftun ele-phanc de lave, portant fiir fon dos un obeliC. que de granite egj^ptien. II y a cii outre, des mines conliderablcs d'un grand theatre , diffe. reiic de celui qui apparticnt an prince de Biil caris i un vaftc bain prefqu'enticr ; les reibs d'un grand aqueduc, qui out dix-huit milles dc long; Ies debris de pUifieurs temples , I'uit lie Ceres , & un autre de Vulcain. L'eglife appellee ^fcca difuQco, etoit aulli jadis un temple. Lc plus cntier de tous ces morceaux d'anti-quite eft une rotoiide qui, ainfi que le paa, theon ä Rome , & quelques autres qu'on rea, coatre en Italie, demontre que cette forme dure divantage que les autres- II eft ä prefent purifie de toute I'infedioii que tui avoient communique ies ceremonies paieunes, & il eft de-venu une egjjfe chretienne, dcdiee ä la laiute ET A M A L T H E. I07 Vierge, qui eft deputs loiig-tcnis en droit d'he-ritcr de toutes les ancicnncs dcclies. Les catho-liqucs ii'y font pas attention j nmis c'cll uiie choie fort plaifatite de coiiliderer combicn pcu Ics ccremonics modernes ditfcrcnt des ancien-lies. )'ui vLi cjuelqiic part une obfervuiioii (jiii me paroit jiifte. Pendant le long rcgnc du paganifinc, la fupcrltition avoit tcllenicnt rat-fine I'art d'inventcr les cercmoies, que lorlque les Chretiens devinrcnt a leiir tour fuperftiticux, ils furcnt rcduits ä cmpruntcr de leurs prcde-ccfleurs , & ä imitcr une purtie de leur culte. C'cft ici precifement le cas. J'en parlai au li-gnor ivecupero, qui n'eft pas le plus zcle catho-lique du mondc. 11 avoua iVanchenient que I'ob-fcrvation etoit vraic. Dans quelques temples, les memcs images font reilücs dcpuis le paganifrae : on s'eft con-tente de changer Icurs noms i & telle qui ctoit Venus ou Profcrpinc , cit a pvefent Marie-Mag-deleine, ou la Viergc. On pratique chaquc jour devant ces images ies memcs cercmonies, _ n dans la menic langue, & a pcu pres de 1? memc nuniere. Lcs lintus apparoillent auiTi fouvent it font autant dc miraclcs qu'cn faifoicnt jadis Ics dieux d'Humere; lcs murailles des temples font couvcrtes A'cx-voco & d'otfrandcs, comme <;Ues I'etoient anciennemcnt. L'cau kiltralc, que lcs premiers cliretiens ditclloicnt (1 fort, de iiouvcau rcvcree : ou la repaiiJ avec U los v OY \oz E ^^ S i c i L E mimj itcvotioii. Lc meine e;icous eit bvüle par des prstres vetus de Iii minis maiiiere, avec les miinos genuflexions devanc les memes images, «Sc daiis ics mšmes teniples. Eii ua mot, les deux rites oatciitrc eux une c^lie relibmbiance, que ii Ic grand-precre de queique temple paien re-vetioitau monde& repreiioit les fotičlioiis, il n'duroit qu'a fe familiarifer avec quelques nou-veaux iioms, & appreiidre par cceur la mcife, les & Ics ave. Ccia lui leroit bieii pins aife qu'a pliilicars de fes fucceireurs, qui n'ciiteii-(ieiit ricn ä cctte laiiguc qui lui feroic famiiiere. Uiie chole cependaiit po jrroit Tembarni/rer : if trouveroic p'^ar-eLte que Cous les rayftcres dTlcufis u'ctoient rien en comparaifoii de I'e-tuiinant mydere de la tranirublVantiation, le leiil par ieqdci on ait tcnte de incttre cn defaut tout ä la fois, & rcntendemcnt, & lesTeas. H Jčroit aulfi bicii empeche d'expliquer t'etraiige m^canittrphofe de fes anciens patrons. Celle-ci, tiiroit-il, jc m'cn rappelle bicii, ctoit la ftatue rfe Viinm-Me.re;nx, qui n'jcoit ndoree que par ies enfans de la molicile & de ia volupti. E!!e nis paroit cConnament changee en bieii, depuis qua vous I'avez fliit chrsdeniie : je vois qu'elle ell devenue la grandc protectnce de la chaftete & de ia vertu. Et Junon , cette decile (1 implacable dans fii vengeance , voiis en aver fait une deite pieinedj moderation & de douceur, ä qui vous iidieifez des vceux avec auffi peu de crainte qu'a aacune autre. Qae ii'eaavsz-vous fait autaut ET A M A L TU T. IC9 aux furies? l:;iles cii viiudroient liircmcnt beaii-coiip mi CHX. Piiis ubrei-vaiit la figure de S. Antoine, que vois-je, s'ccricroit-il avcc etonuement'r jupitcr, le rui des dicux & des hcmmcs, couvcit d'liu rnantcaii tout rapicccj' (^ucl hiimitiiint Tpec-tacle! Jc me r:ippe!!e avec quel profond rclpt-dl nous nous proilerr.ions jadis dcvant cctte image venerable. Mais qu'eit dcvcnue la fou-dre qu'il tcnoit duns Ics mains , pour cbA-tierlesniortds'^ Et que ticnt-il ä la place? Ce ii'eft, liii repondroit-on, qu'un bout dc cordc plcine de mruds, avcc quoi il fc cliatic liii-iTienic, comme pour faire penitence de fa Icn-guc uiiirpation. Quant ä la Ibudrc , il y a Icng-tcms q\i'cllc ctlcn dc meillcurcs mains. Ccpcn-«until puuiruitcoiiclurcque, puilquc Ics faints ■cl^angent quelqiteiotK dc noni, liiivant le ca-pnce enthouilaite du pciiple, cettc menie in-confiance lui pennet d'tfpcrer que dans la fuite i^n patron Jupiter pourra recouvrer fon tou-Jierre & fa digniCe. ^ Vous fouvient-il du vieux Huet, original, s'il en fut jamais? PaJfant un jour dcv;mt la ihtue dc jiipitcr au Capitolc. il ftta ion chn-pcau, iiii fit itpc profonde rcvi'rcncc. L'n jacobitequi Taccompagiioit,lui dcmancla poitr-quoi cette marque de refped cet ancicn fei-gneur. Pour la iiičmc railbn, rcpliqr.a Hi;et, que 'Vous avez tant d'cgards pour !e prctendant. Jc «üis meine, ajuuta-t-il, iju'il y a plus dc pr"- irO VoYAGEtNSlClL« b^bilice que celui-ci recouvrera fa dignitc, qu'il uY en a eii fiiveur de vütre hertts. Voilj pourqiioi ]c liii fais ma cour d'avance, eJpe^ rant qu'il fe fouviendra, un joiir de ce que j'ai fiiit pour lui dans foil ad verfite. J'ai obferve, dans ie cours de mcs voyages , pluiieurs des grands faints du calcndrier, qui out ete dans la difgrace du peupie, au point qu'il a change le nem de leurs itatues. Diuis Ja derniere guerre, j'ai eu Portugal le peupie de Cajld-Branco Ii furieux contre faint An-toiiie, qui permettoit aux Efpagnols de prendre ieur ville, malgre l'engagement expres qu'il avoit pris , fuivant eux, de les protcger, que pluiieurs de fes images furent mifes en pieces. I! y en avoit iine plus reveree que les autres, dont on abattit la tete, pour lui fubftituer Celle de famt Franqois; & la ftatue porte au-jourd'hui fonnom. Lors de la derniere faniiiie qui affligea Naples, le grand faint Janvier lui, meme fe trouva dans uii danger eminent. Uri gcntiUiomme SuilTe m'a dit qu'il I'avoit entendu charger d mvcčtives , & lui dčdarer pofitive-ment que, s'il ne leur founiiiroit pas du bled dans un tel tems, ilneferoit plus leur patron. Ces exemplesfont rares j & en general les pau, vres catholiques font garantis de ces acces de niaiivaife humcur, par I'entiereperfuafion qu'iJs ont de la prefeiice continueiie & de Ja protec-tioji immediate de leur patron revere, Je remarquois avec plaifir fur le vifage d® e t a M a i t h e. tii plufieurs de ccs inriilaires, rexpreiTion de Mainour & de la reconnoilJancc poiir Icurs fiiints; & je Jiiis perfuadč que I'ardcur de ladcvotioii qu'ils rcHeiitcnt devant eux, lur-toiit dcvaiit les fdiiites, doit äre extreniemcnt agrcablc. Cela relFemble aux fenlütions pures & dčli-cates de Tamour refpedtueux. J'avoue que j'ai cnvie leur etat pour quelques inftaiis, & je niaiidilibis au fond du cucur I'orgucil de la i"aifo!i& de la philoiophie , qui, avectoute Hi iroideur & les fades triomphes, nous laiiTe dans unc efpece d'apathie (lojque , & aneautit les plus douccs emotions de Tame. Qui vou-''roit n'etre pas irumpe, lorfque rilluiioii excite cn nous ccs palRons delicicufes qui Ibnc digues du canjr humaiti, & pour lelquellcs il fcmblcetre Hütplutöt que pour toutes Ics andres > Si jamais la dure & impenetrable trcnipe de la philofophie vient :i toucher notre amc, CCS fibres delicates dc foiblelle Si d^aiTedion, qui etoient fi flexibles, fc roidiirent tout-ä-^«iip ; eiles ne peuventplus etre miies cn mou-Venient par les objets qui nous cnviroiincnt. Jc me fouvicns que Ic dotflcur Tiifot m'a dit avoir eu un malade qui Te mouroit d'amour pour Jerus-Chrid:. Lurfqu'il futa rextremitc, il panit jouir du plus haut degre de bonheur; il appclloit Ion bieu^aime avec tous Ics tranfports dc la PafFion la plus cnthoufiafte. D'apres cc que j'ai Vu devant les images dc la Vierge & de fainte ''^giithe, ;e fuis perluade qu'cUes ont plwficurs J12 Voyage EN S I C I r. S imimorati qui doiineroieiit de bon cocur leiir vie pour ces objets da leiir tendrefic. Nc pcnfen-vous pas avcc moi, que cette forts de ailce pcrfonr.cl eft beaiicoup niieiix ad;ujtü i I'intelligerico du vulgairc ? ün ciilte phis fub'imc & plus purne feroit qu'egarer & confondre leur eljiric, qui u"et;int pas accoii-tiime aux fpeculations , a ftirement befoin tie qLielque chofe de fenfible pour fixer fon atteii-tioji. Cctrc opinion paroit meme avoir ütü adoptee par quelqiics-uns des ecriviiiiis fiici'tS , out rcprcfcntciit fouvent Dieu ^bus une forme niacerieile. Si vous vrrns eiForccz de donner it un psy/Im lüie idee de Dien ; fi vous ^Jui dites que c'eft un etre immatcn-icl, dont cepcndant i'ejrcncc penetre toute la matiere; qu'il exifte de toute cternite , &; que fun ir.imenfite n'a pas plus Je bornes que h dürfe; qu il remplit des niiilions de niondes , &qii'ii anime tous les objets qu'ds coiuieiinent: que croyez-vous qu'il penfe d'un. tcl ctre? Je craiiis que foil intelligence, acca-b!ee par tanc de qualites Ci difnciies ä conce, voir, ne s'occupe pas du tout de I'objet que vous tachez de lui decrire. (*■) Mais placez de, vant lui la figure d'line belle fcmme tenant un bel en rant dans fes bras, & dites-lui qu'ellepcut lui procurer tout c€ dont ii a befoin : il vous <*) r-T. Brycbns ne peuc s'empechcr de fentir q^g ij poiii^.e des etirtiijouies u'e i'etjlife cathoiicut 'elj; enteiitj i t a m a i. t 11 c. «nt',iui ulors p.r.-r.;itciv.cnt, il Te leiif anime par cet objet vifjblc, |c plus iiitcrdiaiic qui loiC diMis hi nature, &. il lepric dc tourcslcs lorcss. Adicu. Nous lüjnines ti'üs ~ occupcs; nuiis nous prcpurons a alitr examiner ie niont Etna ^ te qui elt Ic prijicipiil but de notre cxpeiUtion. JhIqu'i prcfer.t rieiT iic nous a cncouragcs k tcttc teututive, & nous commcn(;oiis ä tloutcr dc I;i polubi!it6 du luccšs. Rccupero ntms die que 1.1 iailbn n'clt pas cncorc aiicz avuncüc , Ht^i'il f.uidroit attcndrc t^uciques mois, qu'il lui pai'oic impoliible d'urrivcr au fomnict de nvüijta^rnc^ I! ajontc que Diivcr dcniier fut fi extrdoidtnaircrnent rigourcitx , que le cercle ds neii^c dcfcendit bcaucoup plus basqu'ii I'or-dimiirc; que, quoiqu'il fc ibit reilcrrd- dcpiiis, ccpcndiiLt il s'ctcnd tnujours au moijis ä Ii dilhiiice dc ncuF on dix -millcs autour de la louche. 11 nous conloille dc revenir au inpu; (I'-ioCit, & dc laiiler TEtna pour la derniere partie de notfc voyage. St nous ne reuHilfons pas dsnvain, nous finvrons probablcnientibn avis ; 'iiais nt)us Pommes reibt us d'y employer to us »OS eftbrts. Lc terns clt le plus agrcablc qu'ou bcaucoup plus propre k nourrir la pittc du peuple, la trifte fimpücicc c!u cuke protcftant. 11 eftvr.(i fi-'mble donner enluitc clans un autre excdi , ett fi^ fairant cie cet avnntaRe du culte catholique , Jut 'diics qui ne paroificnt pas aflcz epurces, ]š!otc dulruducleur PctSißenl Pan. I. H IT4 Voyage en Si er le puifle imagincr : les foirees font dciicieures; & A Tatcie des etoiles , nous appercevons la fumce le prccipicant comme un torrent fur les flaues de la montagne. Recupero Jious aliiirc que c'eft une indication certaine de la violence du froid qui regne dans ces regions eicvecs, qui condenfe les vapeurs & les fait retomber au moment oii dies fbrtent de la bouche. II nous avertit de nous pourvoir d'une grande quantite de liqueurs, de bonnes fourrures, & de hachcs pour couper du bois, parce que nou3 ferons vraifemb'ablemcnt obliges de pailer la nuit en plein air, dans un climat qu'il nous dit etre auffi froid que celui du Groenland. Si le fait eft vrai, il ell tres-fmgulier car ici, avec de legers habits de tatFetas, nous fouiFrons de Ja chaieur. Je vous informerai nJus en detail de toutes ces particularites, u nous n« TubiJTons pas le fort d'Enipedocles. LETTRE IX. ^oyagv au mont Etna. Troh regions de h montažne. Ordre que fult cüinmunsment um eruption. iMontagues formers ßir l'l'tiia le Fefuve. Revolutions tjifa cf-fuyees le pijys prh d'Hybla. ßlontpelieri. C'elebres ßatues couvertes par hi luve. Eruption de i5ü79. Terribles effets de la lave. Sort jingulier dun vignoble. Boncbe du vdcanpar oüs'eß jait cette eruption. Cavcrne. feroclte ^ vie fauvage da ha~ bitans de l'Etna. Coirverfation avec eiix. Lu region des bois. Jji ca verne Lies cbevrss. yue du coucher du foleil. JSr'uit pqßec duns h. caverne. Eruption de i ycG. La lave n'efi pas mcorerejroidie. Sagrandeprofondeur. A Catane , le 39 niai 1770. 31.E 27, ä la poiiite du jour , nous nous mi-J^ies en marche pour villter le mont Etna , la plus aiicicnnc & la plus rcfpcčtable des moii-tagnes. Sa bafe & fes flancs immenfes font cou:, Verts d'uii nombre infini de pctites niontagnes SLL'il a crcees ; car chaque eruption en produit unenouvellc, & pciit-etre que leiir nombre le:-viroit micux que toute autre methode, ä de- Hi; tli Voyage EN Si er L£ tei-nuner celui des eruptions & Tage de l'Etna, Tonte lu montagiie eÜ diviJec cii trois regions diftiiictes , appcilces la. regioni culta ou Pu;rtonufi, la region fertile; Lt ngionefilvoja^ ou nemorofa , \-A rč«ioa des bois j « La n^wnt. dtßru ou jcopcna., !a rcfjion ftcrilc. Elfcs Tont toutes trois uitili iljfFerentes pur le climat & ics prodnclions, que les trois züüse de la. ten'e. Ou pourroit, avcc aiuant de jul-telfe , Jes noniiner U lom torridc , la tcmperü , & laglac'uiU. La premiere region enviroiiiis ie pied de lu riionta^jne, & forme de tou-i o6tcs le pa^s Ic plus fertile du mondcjufqu'a ia hau^ tcur d'ciivii'on quatorzc ou quin;;c niilles, ou coniniciicc la regio» des bois; eile eft prefipio enticrcnieüC compoße de lave qui, apres uii, gnuid nombrc de fiecles, s'cft cnfin convertit; cn Uli ib! tres-fcrtile. Nous trouvamcs le ba, romctrc a vingt-fcptpouccs une ügne S: demie 'ä Nicolofi, qui eft it douze müles du pied de Iii niüiiUgne ; 9 , il iiit fubmcrge de nouvcau pariine mer de feu, cc reduit Ä la plus deplorable fterilite. Des-lors il reprit {a fecondc dciiominatioti de Mul-pitfjt. Ccpendant la lave, dans inn cours fur cc bean .«unton, a lailFc phifjcurs petitcs isics ou mondrains qui montrent eiicorc ce qu'il etoit autrefois. Ces petits diltričls couverts d'nne vegetation abondaiitc , environiies & rcndus preC-ttue inacccfllbles , pat de valfes champs d'line Jave noire & efcArp^e, prefcntent unc fnigLi-iiere apparcucc. La raoiitagne oii fe fit la pre- 122 Voyage kit SICH.R /liiere miption qui eiitcrra le Mcl-paß, eft cotinu foils !e iiom de Montpcüm. Je fus frap-pü du bel afpoči qu'elle oifrc quiiiid on la voit de loin, & je ne pus refi(ter a I'cime que j'iivois de rexaniinercn detail, lü d'obferverles eJTets des deux eruptions qui ont inonde ce celebre F-dys. Montpclicri eft d'uiie forme plutöt Ipheri-qiie que conique, & fa hauteur perpendiculaire ii'cll pas de plus de trois cents pieds; mais il eft fi p^irfaitenieiit regulier de tous les cötes , Ä: il ricJienient revetu de fruits & de flcurs, q;!9 }e qiiictai avec un regret inßni cc canton deli-cieux. Sa coupe ou fa bouche, d uns grandeur proportionnee ä la raonfcagne, eft creufee exac-tcment com me une taife. Je fis le tour de foa bord exterieur, & je crois qu'il a un peu plus d'un millc. Cette niontagne, qui eft tres-anciennc, a cte forniee par la premiere eruption qui detrui-/it le pays de Md-paßi; eile enterra un grand jiombrcde villages , dc maifons de campagne, & en particulier, deux fort belles eglifes qui font plus regrett^es que tout ie refte, parce qu'elles contenoient trois ftatues qui paifoient pour les plus parfaites de I'isle. On a entrepris de les retrouver, mais en vain, parce qu'oii ns fait pas precifement I'endroit oil ces eglifes etoient fituees. II eft meme impoilible qu'on puiife jamais le fiivoir ; car ces edifices etoient eonftruics de lave , qui fc fond ä I'inftant memr E T a M A L T H E. 125 «u cllc touchc Uli torrent de imitiere nouvel-knicnt lortic du volcan; & Maüü dit que duns quelques eruptions de TEtna, hi lave s'eit re-panduc avec unc inipetuofite Ii fubitc, que dans l'eipace de quelques hcures, eile foiidit entie-lenient les egliles , les palais & les villages, & que tous ces corps coulerent en fulion, fans lailFer la moindre trace de leur premiere exit tence. Lorfque la lave a un terns conlidcrable pour fe refroidir , ce fmgulier etfct n'arrive jamais. La grandc eruption dc apres avoir ebranle tout le pays des environs pendant qua-tre mois , & forme unc tres-groire montagne dc pierres & de cendres , fit cclater la lave ä pcu prcs i un mille au-deifus de iVIontpelieri; & defcendant comme un torrent, cllc vint fraf»-per contre le milieu de cctte moiitagnc. On. pretend qu'clle la pcri;a de part en part: ce-pendant je doute fort dc ce dernier fait, par-ce que cela auroit altere la forme reguliere qu'clle conferve encore. II ctb cependant certain qu'cllc la perqa a une tres-grandc profon-dcur; cllc fe partagea enfuite en deux branches qui cnvironnerent la montagnc & fe rejoi-gnircnt dii c6te du fud. Elle ravagea tout le pays qui efl entre Montpelieri & Catane , efca-lada les niurs de cettc ville , & alia verier ioii torrent cnfliimnie dans la mer. On dit qu'clle dctruillt, en paflant, Ics poffeflions de pres dc trenCe millc perfoimes, ji qui par-la i'urciiB 124 VOYAGE EN SICH.E j-cdtiiccs a meiulicitt'. Eiie forma piiifieurit collincs ou il y iivoit iiuy:iravjnc des vallees, & coiiibla iin lac etendu & profoiid, dout oti ii'apperqoit pas aujourd'liui le moindre vcilige. Comme les cffecs produits par cettc crup, tio;i font micux eonnus que les autrcs , on in'cn a raconto plulieiirs hiltoires iiiTgiilieres. En voici une qui eft iiicontcibblc , quelqu'in, croyable qu'elle paroilTe. Uil vignoble Lippar-tenant a un convent dc jefuites, fe trouva exac-tement fur le chemiii du torrent. II ctoiE forme d'uitc aiicieniie lave probablemcjitpeu epaifle, & qui avoiC au-deflbiis un f^raiid nombre de cavcriies 8c de crcvaifes. La lave liquide eii-trant: dans ces cavernes, les remplit bientot, fc fonlova par degrcs le vignoble; cnforte que jcs jeluices, qui s'attendoient a tout moment ä le voir englouci, vire'it avec le plus grand t'tonncmcjiC, que tout le champ cominenqoit a fc mouvoir. II fut parte fiir ia furface de Ja lave jufqu'A une diftaiice confldcrable ; quoique la plus grande partic en ait ete de. truite, cspendant il en fubfifte encore aujour-d'hui quelques reftes. Nous fonvmes alles examiner la bouche d'nü fortit cc terrible torrent, & nous avons ete /iirpris de n'y trouver qu'une petite ouvertur? d'environ trois ou quatre verges de diainetre. Je crois que la montagne d'oii il s'eft fiiit jour n'efi: guere moindre que la partic coiiique du Vcfuvc. ETA MAL T H E. I2es ii faire iiii voyage 11 fatigant & fi delil-givablc. Je iui jurai JUr mon lionneur , que nous n'cn avions point d autre que la cuiio-. lite d'cxaminer ie mont Ktna? fur quoi ilfe^e direut les uns aux autres en riant, bd nt^ioni qiicßo I noTL e vero: voilä vraiinent unc bcile xiri-. Jim I Mou interrogaCeur nw; demanda alors. dc quel pays nous edoiis: je lui dis, que nous eüoiis aiiglüis. E dovcl /woa;cxitn-t-il; ou eit ce pays? je lui dis qii'il aoir fortJoiii d'id, de l'autre c6cc du monde. E crtdom^m Cfinfio cjuilli In^liß .^.continua-f-il. je rcpondis en riaat qu'oui. Ah! di.t-il ca briiiiani'lii tttc,-r.'!! pare chz /lo/i fr^Jo,70 troppo. L'liu de ia com-pagnie remarqiia ainrs quM'avoit entendu par-ier^dc quelques Aü^^Iois qui etoient veiius cii Liittereny tciiis vilicer ie^ mont Etna».ians.qu» jainais oii piit en devitier ras^^inotils; maisi qu'il ie rapnelloit tres-bien d'avoir oui dire a queL qucs-uns de leurs vieiilards: qne !es Anglois svoisnt uue reine qui brüloit duns la montagne depiiis un grand nonibre d'anntes, & q:('Gitiap~ poloit que par devotion, oupuf reipeOt pom-ia memoire; lis venoietu liiyi'sndre ccs V3iire3.:jö i'aÜiirai que lev Angl'eisji'uvdient pasbciücoup d'egards poiir leut'srMnes'pendsnt lu vie , imis qii'itpres leur ti^fcH eir.Larrxboknt r.in. L 1. Vo y age e n Si c i i.e cn iiiicunc muiiicrc. CepciiJant, coir.me tons ?cs autres conlirmoieiit foii tt'moignage, je crus qii'il nc falloit pas ies contredire; niais j'ctois tres-curicux de favoir qui pouvoit etre cctte reine. Iis dirent que je la coiiiioiirois mieux qu'eux, eil ajoutiintpourunt qu'cllc s'appclloit Annt. Je ne pouvois pns coiicevoir pourqiioi it etött ict queftioii de !a reine Anne, & j'ctois embarriiiTc de trouver dc'quoi ii s'agilfoit, lorC que run d'cux ni'iichiira llir cette mutiere. II nie [lit qu'ellc ctoit fcmnie d'un roi qui avoit ^te chrcdcn , qu'clle ie rendit hcrctiqiie, & que pour cela eile fut cundaninec ä brüler eter-nellemcnt duns rEtna. En un niot, je rccon-nus que cctüit la pauvre Anne de Roulcii, feni-ine de Henri \'in , qui fut la CiUiie de la reformation en Angietcrre. Des que j'cus prononcc ce noni: Sifi^nor, s'ecri.i-t-ii, l'ißcjfi, l''ißi[}a, la comtofce mtgiio tlu not. Je lui dcniandai fi fon mari y.ctoit aufH, puifqu'il nieritoit cc fup, plicc liicii niteux qu'elle. Skuro, dit-il, ainfi que tous les fiijets h^reciqiies j & (1 vous etes dc ce nombre, vous ii'aveT; pas befoin d etre cn pciuf dy aller; vous etes ßn" de les y trouver un jour. Je Ic remerciai, & j'allai rejoindre notre cnnipagnie, apres ni'etre fore amufe de la convcrliitton que je viens dc vous rapporter. JCüiis partimes bientöt dc Nicolofi; Ik aprčs uno hcure & deniie de nurche fur'des cendres & de la lave lläile, nous arrivames aux coiifiiis etamalthe. 131 de h rcglona ßIv o fa , uu de la zone temperte. Des que nous fumes etitres dans ccs fb-rets delicieuies, nous nous crfimcs tnuiiportes dans Uli autre monde. L'air , auparavant brillant, etoit alors frais & rafraichiiiant, & toiites les routes etoient embaumees de mille partums qit'exhaloient les riches plantcs aro-niatiqucs doiit !e terrein eil couvtrt. La plus graiuie purtie de cette region otfre reellement les lieux les plus enchanteurs de la tcrrc; & 11 I'interieur de ('Etna reliemblc ä Tenicr, on leut dire avec autant de verite, que le de-lors reliemblc an pnradis. II eil: curieiix d'ohfcrver que cette montagne rpunit a la fois toiites les beautes & toutes les liorreurs, en un mot, les objets les plus op-pofes les pUis dilparates de la nature, lei, VOU& appercev-ei: un gnutfre vomiUknt autrefois des torrens de feu & de rumee,qui eltäpre-feiit couverc de la vegetation la plus abon-dantc; la, vous cueillsz le fruit le plus deli-cieux fiir un terrein qui n'etoic jadis qu'uii rocher noir & iterile. En cet endroit, le fol eit ravetii de flours de taute eipece; & nous con-templions cc Ipedacle enchanteur, liuis pen-Jt-'r que I'enfbr etoit ioinicdjatement fous nos pieds , &: qu'entre nous & des mers de feu, il n'y avoit que quelques toiies d'inEerviille. Alais notre ctonnement aiij-menta encore, on ietant les ycux ilu" la region la plus elevee de la inontagtie, ]Nous y voyions dans une Iij 132 Voyage en Sich, e uiiioj! perpetiielle deux clemens qui font con-tfiuiellsmenc en guciTci un goufire immcnfe de feu , qui exilte conftamment au milieu des neiges qu'jl ne pcut veiiir u bout de fijiidre, & des cliamps inimenfbs de neiges & de g'aces qui fiiviroiuient fans cclfc cet ocean de feu qu'eiles n'oiit pas hi force d'etcindre. La region des bois ccciips un elpace d'en-■tiron huit ou ueuf niilies de hauteur, iSc forme tout autour de la moiitugnc ime zone ou cexnturc du plus beau verd. Nous en avoiis traverfe ce foir un peu plus de Ja nioitie, &r nous fonimcs arrives, quelqiie teuis avant le coucher du fbleil, a notre gite qui n'cd autre qu'iine grande ciiverne fbrniee par uiie des Javes les plus anciennes. Elle eft appellee la fpclcnca dip caprioU, la caverne deb^ chevres, b 30.itdu'efle eft frequentee par ces aniniaui: ijiii vieiinent s'y rcfiigier dans les mauvais terns. Xous jouiiJbiis ici du raviiHrnt Jpedacle d'une muititude d'objets pleins de grandeur ft de majeÜe. La vueeftimnjenfe de tous cotes : nous croyons deja nous et^e eleves au-delfus de ]a terre, & etre arrives fürnn nouveau globe. Nctre caverne eft entour^e de ebenes antiques & venerables, donties feidlles ieches nous iervent de iits. Avec )es haches que nous avons npportces ä delfein, nous avons coupe de grot fes branches, & dans peu de momens nous avons cu un tres-grand feu. Men thernioinetre, qui etoit a foixante-oiiize degres ä Nicoloii, ell K T A Jll A LT H E. 133 ■d prcrcnt dcfcendii ä foixiintc. Le barometre e!l i viiijrt-quuti-c polices ciciix iigncs. Nous trou, voiis .i ijiic cxtremite de la caverne , uiic pro-di^ieufe quantite de neijc qui fcmble y avoir etc mife expres pournoLis; eu ctict, notis n'a-VOI15 pas d'autrc eau : nous cu avons done rem-pli notre ciiaiideroii the; car iioiis ne nous iommcs procure pour notre foiiper que dii the, dii p froicle; mais i) cH (ar qii'en pUilleiU'S entlroits, ellc exhale toujours bcaucoiip dc fumcc, fur-tout apres unc phiie. Scs habitans alfuuciit qu'oii la l-ave ell la plus epailic, il cii arrive toujours dc memc pendant quelques aunees ; ce que jc iuis fort difpofy a croire. Un corps folide cn-fl imme , ll epais Ik fi ctcndu, doit conlevvei' fii chaieur uii grand nombrc d'annees: la furfticc Ic noircit & fe durdt bicntot. Si rcufcrme in-tencuremeiit le feu liquide dans une efpece d'enveloppe qui ccarte touccs les iniprcilions de I'air cxterieur. Cert ainfi quej'aivu, piulicurs mois apres les eruptions du Veluve, unc cou-clie ledere do lave de quelques pieds d'cpail-feur, dontlc centre ctoit encore briilantioug-tcms apre«; que la furface fut rcfroidic ; en enfoncant uu baton dans lbs crevaHcs, il pre-noit feu ä Pinltant, quoiqu'il ii'y eut au-dc-hors aticune apparence dc chaieur. Malfa, auteur Sicilien di^nc de foi, dit qu c-tant ä Cataiie h uit ans apres la grande eruption de K^tfy, i) trouva qu'en plufieurs eudroits la lave n'ctoit pas cncorc refroidie. II y a une methodcaiice de calcuier le tenis qu'emploient les corps pour fb refrotdir. Newton, fi je nc me troinpe, dans ia defcription de la comete de r(S8o, fuppofc que ics tcins doivent etre comme les quarres des dianictres j & apres avoir reconnu ce qu'ii talloit de tenis k une balle Iblide de metal de deux pouces, uhaurt'ee rouge, pour devenir enticrcmcnt froide, il lit enfuitc liv Voyage en Sicile Is calcul pour un corps de la groifeui" de notre rerre, & iJ trouva. qn'il lid faudroit p]us de viiigt müle ans. Si uetts regle eil jitlle, vous pouvcz ficilemejit compter le tems quis'ecouiera avanc que l;i kvc foit parJditenicnt refroidie; & a£a qi:c vous a^'czleioifir de liüre cecce opcratiou , je finis ici nia lettre, que je fiiis oblige d'ecrire au lit dans uns pofturc tres-incommodc &rres-dtHigreablc.Je vous en expliquerai la cauje dein ain. Adieu. LETTRE X. Suite du voyage an mont Etna. D iß'-uit es que nous ejjuyamcs, Jwre del philo] up ho. Etendue de la viie. ßlontagne coniqne. Sommet de l'Etna. Coiip-d'ceil doat oji y j ovit. Regions de hi mont ogne. Bone he du vokan. Reflexions. Defcente de l'Etna. A Catanc , le 29 mai an foir. .i4vPKfes avoir niTcz bien dornii fur notre lit de feuilies dans \i.fpdonc(i deC c.iprick, nous nous cveiUames fur Ics oiize heures. Avcc de la neige fondue , nous finics du tlis, & nous primes un bon repas , pour nous preparer au rette de Jiotre expedition. Nous etions au nonibre de neuf; car nous avioiis trois domeftiqucs , Je Cyclope E T A MA LT H E. 137 jiotrc conilLKfteur, Sc deux hommes charges dc prendre ioiii dc nos mules. Lc Cyclope coni-niciif;oit ii dcvclojipcr les grandes connoiHanccs qu'il a dc lu nioutagne, & nous lc fiiivioiis avc'iglcmcnt; il nous mcnoit ä travers des untres & des dc-ferts liutviiges, oü jamais aii-ciin mortel Ji'avoicpenetre. Qiicl^uefbis nous truvcrfions de i'ombres forets, agreables an Voyageur pendant ie jour, mais qui alors noiis iiiTpiroient itue cfjiecc d'horrenr qui'aiignicn-toit encore parle bruit des arbrcs, paries nni-giilemens {burds & profbnds dc l'Etna,&pai-k vatic etcirdue de TOccan, qui fe prolongcoit ä une diitaiicc imn-ienfe au-delFous de nous. Nous grinipions Jouvent fur de grands rochers dc lave , d'oii nous aurioiis etc jctes dans des prccipices, fi uos mules avoient fait le moiiidrc faux pas. Cepeiulanc, a I'atde du Cyclope, nous furmontames toutcs ccs difficultcs& tl nous guida fi bicn, qua dans Tcfpacc de deux heurcs nous nous trouvames au-delHis de la region nii croillent les vegtJtaux , laillaiit fort loin dcrriere nous les forčts dc TEnia. Elles rcjTembloiciit alors ä un goulfrc oblcur & fombre, ouvert ftusuos pieds toutautour de la montagnc. L'a{|iccl qui fe prcfentoit dcvant nous, ctoit tres-diflcrent. Nous voyiuns une ctcndue cuor-nicde neig&& de glace, qui nous alarmoit fort, & faifoic chanceler notre refolution. Nous ap-perccvioiis au ccntrc, & toujours fort loin, ie foninict de la montaguc, qui clevoit fa tete 138 V o y A G E E "N S i C i L K effravante, cn vomiiiatit des torrcns de fumec noire qui rouloit comnie un corps folidefurlii neige, (S: fcmbloit nous detcndre de lapprocher. Cette vdtteetendue de neige & de gUicc le f,ii, fnit piiroitre comms eiicieremcnt inacceffible. Nos craintes augmenterent encore, iorique le Cyclopc nous die qu'il arrivoic Toiivent que la furtace de I'Ecna etaiic chaude au-dcflbtis, fon, doit Iii neige a certains endroits, & f'ormoit des etangs doiit il etoit impoHlblc de prevoir Ic danger; que d'aiileurs la furHice dc Teaii Sc de la neige etant fouvent coiivcrtc dc cendres iioires, onpouvoit fe trouveraii milieu ftns s'en apper-cevoir; que cependant, fi nous le juj;ions ;i propos, il nous conduiroit avec tnute la precaution pollible. Nous tinmes confcil, uiiifi qu'oti Ic fait toutes les fois qii'on eit fort eHraye. Nous renvoyamcs nos males en-bas dans laib, ret, & nous nous difpoßmes ä giimper fur les nciges. Le Cydope , apres a\'oir bu bcaucoup d'eaii-de-vie, nous Ibuhaita du couragc & de la gaitc, en ajoiitant que nous avions alTez de terns, & que nous pouvions nous rcpofer toutes les fbts que nous en aurions befoin ; que» la neige occupoit cncorc un elpace d'un pen plus de fept tnillcs , & que li'irenicnt nous vicn, drions a bout de les fiiire avant le lever du foleil. Nous primes chacun un verre dc liqueur, & nous nous trouvames de I'avis du Cyclopc, La montee , pendant quelque terns, nc fot pas rapide; & comme la furfiicc de la neige ET a MA L TUE. 139 otoit un pen diircic, ic pictl s'y pofoit alH-'Ä bicii; nvais iles qu'cllc devint plus roitle , la route ftit plus pciiibte. Cepeiiduiic nous lefo-iümes de perlev6rei' dans notrc tcnCütivc, cii nous rappcllatit, lui tnilicu tic nos l;Ui!?tics, que I'empereiir Adrien & le philolophc riiUon Ics avoient dfavces, pour avoir vouiu , couuiie nous, voir du fijmniet dc I'Etna le icvcr Ju folcil, Apres avoir endure des peiiics iiicroya-b!cs,qiii pourtantctoieutmelocs dc bcaucoup de plaifir, nous arrivamcs, avaut le crepui-fule, prčs des ruincs dun ancten bäciment yppelle/V^w« (idphilofopho , que quelques au-liippüfent avoir etc bati par Empcdodcs, Mui y ftxu ill denieiuc, pour ccitdicr micux la lyature du mont Etna. D'autrcs penfcnt que ce lont Ics ruincs d'un temple de Vulcain , qui, comme chacunfait, avoic dans cctte niuntagnc ion attelier , oil il fabriquoit des foudrcs , des annurcs edatantes, & des filets pour atcraper ^^ fcmme lorlqu'elle commcttoit: quelqiic infi-delite. Nous nous repoliunes pendant qiiclquc terns, lSc noiis biuTiesun coup; ce qu'Enipedo-dcs & Vulcain auroicnt furemcnc approuve, cipres une p'arcille marche, s'ils cnavoicnt cte ttmoins. Je trouvai que le mercurc ctoit tomhe ä vingt pouces fix ligncs; nous ctuncs alors le terns dc contempler en filence Ics (ublimes ob-jets dc la nature, dc payer a leur Auteur le tribut lie iiotte adniii-atioa. Lcciel ctoitpari'ai- i40 ' Voyage en Sich.e tcmsiit fercin, & la voüte imracnfc du Srmi-riic;it paroitroit dans toiite Ili majelH Si toir.c fa rpleudeur. Nous recomiCimes qii'ellc faiibi: l>e;nJcoii[') plus d'impreflioii fiir nous que quand nous etions moiiis elevcsj nous fames d'a-bord en peine d'en cxpitquer lu caufe , jufyu a ce que nous vimcs avec etonnement , que le nonibre des etoiles paroiiroit eCre iuirlni, meiitplus grand, & que lalumiere dc chacujie d'eilcs ctoit plus brillante qu'a rordinutre. blanchcLit: de la voie ladce rdTembioic ä une flainnie pure qui traverfoit les cieux; & nous pouvions dccouvrira Poeil, des groupocs (Pe. toües qui etoient entierement invifibles dans les regions plus balFes. Nous n'en appcrqümes pas d'abord ia raiibn, & nous nc finics pus attention que nous avions paile i travers dix; on douze nulle pieds de vapenrs groffieres qui emoulFent & rendent confiis tons les rayons de limiicre avant qu'ils arrivent a terrc. Nous fumes etonncs de la vus claire & didinčte dout nous jouilfions, & nous nous ccriunies tons enfemble, quelle merveilleufe fituation pour tni obfervatoire 1 Si Empedocles avoit eu les yeux de Galilee, quclles decouvertes n'auroiu il pas faites ! Nous regrcttanics que Jupiter nc fut pas vilible; car jc crois rccllemcnt que nous aurlons pu voir quelques-uns de JcsTatel-liCesa I'ocil limple, ou du nioins a I'aide d'une petite lurette que J'avois dans ma pochc.Nous oblervimes fur la nioiitaguc, ii uiio grande dit ET A r.lALTHE- 14t tancc aii-deiTous de nous, une li.micre (]iii Icni-bloit le moiivoir piirmi les aibres; imiis je ne pe\ix pas dire Ii c'küit mi feii füllet, oii quel-qLi'aiitic chüfe. Nous remarqiiiimes aulJi plu-iieurs de ces mcteurcs qu'oii appclle ctaiks tombaniis paroillbieiU aiilfi cicves au-clcf-Tiis de nous, que qiiLind on les regarde de Id plaine; de foite que piobablemenc ces corps le meuvcnt diuis des regions heaucoiip plus t-loignees que les bornes que quelques phi-lofophes üait dcterminees pour notre athmoC-pbere. Apres avoir contcmple quelquetetns ces ob-jets ruvifläns, nous nous remimes en marche, ^ nous arriviimcs bientöt apres au pied de gründe bouche. Elle clt exaclcnient d'i:nc fiyurc coiüque, s'clevant egalement de to us les cötes. Elle n'elt compofee que de cendrcs & d'autrcs matiercs brülees, forties de la bouche du vülcan qui eit au centre. Cette montagne t^onique eil tres-conddcrable, & Iii circcnfe-retice n'a pas moius de dix milles. Nous flines ici une ieconde halte, parce que la route qui nous reitoit a fairc 6toic ia plus fatigar.te. Le barometre avoit deicendu a vingt ponces qua-ti'c lignes & deniie. Cctte montažne eft extre-niemcntelbarpee j qtioiqu'elle nous c;it paru noire, elle ctoic cependant couvcrte de neige, dont !a lln face , heurenremcnt pour nous, etoic couverte d'une couche aiiez epaide de cendrcs. IšiUis cela, uous nUvzi^m jamais pu gagner 142 VOYAGE EN S I C T I, E le iinnmet, parcc que Icfroid perqaiit de I'ath-mofplicrc avoic pur-tout glace la iieij^e , deve-nue luiiante comnic uii miroir. Qtiand noiifi eiimcs grinipc Tefpiicc d'unc hciire, nous nous troiivanies s un cndroit oii il ny avoit point dc neige; & il fbrtit Fort i propos de hi montagne une vapexir chaude, qui nous eiigagea de nouveau a faire lialte. Le mercure etoit a dix-neut pouces fix lignes Sl demic. Le thermometre, a inon etonneinent, etoit tombe Crois degres au-deiibus du point de congelation ; & avaiit que nous eulljoiis quitte le fommet de I'Etna , il defcendit en, corc de deux degres, c'eft-a-dire ä vingt - Itpt pouccs. Depiiis cettc Itution, il n'y avoit plus qu'cnviron trois ccnts verges julqu'au lonimet le plus eieve de la nioiuagne, on nous par, vinmes alici: a terns pour jouir du coup-dVil le plus rnerveilleux de hi nature. La d(;lbription que je vous en ferai, ne voiis en doiniera tjfi'unc idee tres-impartaite giniitioil de I'honmie n'a jamais pu fe repre-ienter une fcene fi briilancc & fi magnifiquc. II n'y apas Jiir !a larface liecc globe, de Heu d'oii Ton puitTe contcmpler a la luis tant d'ob-jets nivilfans. Nous etions places Jlu- un theatre prodipieidemeiic cieve, & to Ute la llu-lacc de notre Jiomiiphere fembloit Te reunir en leul pomt, ians qu'il y eut aux eiivirfins uu-cune niontagne fur laquclle Ics iens oi 1'miagi-nation puii-Jiic ie repolsr. iSousrevinmes avec et a M a l t h i. 143 peine de nctrc extule, & crümes long-terns ne plus etre Ilir la terre. Nous etions places liir Ics bords cl'uii gouffre lüus foiui, auifi ancieii que le mondc, qui vomit iuuvent des torrens de feu , & lance des rochers enfliimnies avec uii bruit dont toutc i'isle ret^ntiu L'ininieiife eteii-due de la vuc coniprenoit les objets de la nature Ics phis varies & les plus enchaiiteurs i enfin le foleil levant s'avaaqoit pour edairer & embellir cc magique tableau. Imatjinez I'athmofphere s'enflammant peu i peu , & ne lailfaut entrevoir que par degrcs Ic firmament & notre globe. La mcr & la tcrrc font dans un etat de confufion & d'oblcurite, comnie fi elles Ibrtoient du chaos primitif; la lumicre & les tenebres Ičinblent ecre encore confündues, jufqu'ä ce que le juur s'appro-chant infenlibleinent, opere enfin leur iepara-tion ; alors les etoiies s'eteignenc, & les ombres dirparoilfent. Les forets, qui tout ä I'heure ret fembioient k des abymes noirs &. lans fond, uc rcflcchilfant aucun rayon de lumiere qui fttappercevoir leur forme ik. leurcouleur, fem-fclent fortir du neant pour la premiere foisj chaqLie rayon de lumiere y repand la vie & la teaute. La fcene s'etend, I'horifbn s'elargit & 1Č prolonge de tous cotes i & le foleil, comrne le grand createur, paroit vers Toricnt, & ache\x de former ce merveilleux fpedacle. Tout pa-roit enchantement, & nous fommes, pour ainli dire, trunfportesaux regions etlierees. Les fcsis. 144 OY AGE EJf SiCILE qui nc font point accoutumes a ds p.i.rci's ob, jots, ^e trouvent coiifoiuUis troiib'es, >|. leur fiuil; quelque terns pour poiivoir les dit ccrr,cr. On volt ie corps tlu iolcil Te Jever du foi\d de rOcenn, Sc trainer ä Ei üiite une ini-mcnfe ctendue cfc terres & de mers. Lcs isics de Lipiiri, de Panari, d'Aliciitli, de Stroir^ boio & de Volcano, dont lcs ionimets font converts de fiimee, femblenc etre {bus nos pieds ; & noiis contcmplons toiitc la Sicilc com., ilie fiir nne carte. Noiis pouvons tracer Ic cours de chaque riviere i travcrs tons lbs detours, aepuis la Ibiirce julqa a fon embondiure. La vue eft fi-ins bornes de tons Ics cötes, t^ ü JI y a rien qui Pintcrrompe; tie forte qu'elle fe perd par-tont dans Pinnnenlite. je fuis tres-cüiivaiticu que , fi nous jie decouvrons pas Ics cötes d'Afriqne, & meine celles de la Grecc,-ce]u vie:it iiniqiiement derimperfection de nos örganes, piiirqu'elles font certainement au-df-f., fiis dc Phorifon. La circonfercnce de I'borifon vifibie an fommeC de PEtna ne pent pas etrc de moins de deux miHes. Les habitaiis dc JTalthe , qui en fbnt eloignes de pres de del;^; cents iiiilles, apperqoivenc routes Ics eriiptions de la fecondc region , & il n'sft pas rare qu'on cčcouvre cctte isle depnis !e miiicu dc la mon. tagrte. Ail fommet de I'Etna, I'horifon doit done s'ctendre ä une difbnce ä pen pršs dou-^ b'c, c''eft-a-dire, h qi'atre cents niiilcs : ce qni-rionuc huit cents poui" ie dianietre da ccrdc , ET A MA LT HE. 14^ & environ deux jnille qimtre ccnts pour ia cir-conferciice. Mais ce clianip cit trop vaitc pour 3XOS fens qui ue font pas dcitiiics ä failir un (I gnind efpacc. Jc lis cependant dans plufieurs autcurs Sicilicns, & fur-tout dans MalFa, qu'oa a fouvent dccouvert dii Ibnimet de TEtua ia cote d'Afriquc, ainii que celle de Naples, & qiiclques-unes des isles qui en dependent Cc ^lit clt tres-croyable, quoiquc nous ne puif-liuns pas nous vanter de I'avoir confirmc par ijotrc experience. Si nous connoiifions cxade-iiient la hauteur dc la montagne, il ieroit Hi-tile de calcuter I'etenduede fon horifon vilible; ^fc I'cciproquenieut, fi fon horiiiin viflbie etoit determine d'une maniere precire,il ieroit aiß dire quelle eftl'elevation dc I'Etna. La montažne clic-meme, la Sicile &. le grand nombre d'isles qui Tenvironnent, Jbnt, fans contrcdit, ia partie la plus brillante du tableau. Tons ccs ;jb]ets, par une efpccc de magie d'optique que j ai peine a expliquer, femblent etre rappro-ches &. places autour de la bale de I'Etna: lii diltance qui cil entr'eux paroit reduite a rien. ^-'Ct eifet finpulicr vient peut-etre de ce que Ics rayons de lumiere paUcnt d'un milieu plus dans un plus denfe; car, par une loi tres-Coiinuc en phyfique, les objets qui font an ^oiid du milieu denfe, paroiflcnt a un obfer-vateur place dans Ic milieu rare, au-deifus de leur veritable poCtionj aiiifi qu'on le remarqua J'ai t. /. K I4te tuee. Des cheveux forts & epais, qu'on a foin de tcnir bicn propres & parFaitemeut fees, Ibnt, felon toute apparence , un des meilleurg prefervatifs contre le feu des eclairs 5 mais lorfi qu'iis fout remplis de poudre & dc ponimade, &. airetes par des epiiigles, ils perdeiit leui force repoulfante , & devieiiiient mi conducleur Depuisque ces Icttres ont etc ecrites , I'autcut a fait Tur relečlriciti; des clieveux quelques expc, riences qui le convainquent de plus en plus de la vil ritti de cc qu'il a avance. Uns dame Iiii ay;inc qu'en peignant fes cheveux dans un terns de gef^e dans les tencbres , elleavoit obferve qu'ii en Tortoit quelquefois des etincelles; ce fait I'a engage ä entre. prendre dc rallembler le (eti eleclrique des cheveuš leuls , iitns !e fecours d'aucun autre appareil, iJ^^^ cela, ila fait placer une jcune femme fur un gateau de cire , & lui a fait peigner les clievenx d'line femme qui etoit aliife fur une chaife devant elle. La jeune fcmme qui etoit fur le gateau , tiit fort etonriec de crüuver que fon corps etoit electrife , & qu'it doit des etincclles de feu contre tons les objcts nu[ I'approchoient. Les cheveux etoietitfort eJecbiquej' & ils affetloient un electrometre ä une grands tancc. 1! a renipli tres-facileinent un conducleur cle metal ; & dans i'efpace de peu de minutes, i| a iinmediatementdes cheveux , affez ds feu pour Pai-clonne:^-nioitütites cesidces; je iicvousles c{)inmu)iiqiic que pour qise vous !cs dtvelop-picÄ micux it votrc loifir ; car nous füiiimcs tOLijüurs les maitres tie faire iles experiences lur l'eleftricite. Qiioiqiic C3 Suitle foic le plus iubdl & le plus adif" de ceux que nous cüii-noiilüns , nous pouvons cepcndimt eii difpo-ier cntoutcs les occafions; & jcftiis ä prcTent Hl accoLituine ä ce phc-nomcne, qu'en faiKmt peigner mos cheveux, ou en otant mes bas, je l'obferve prelque toiijours Tons iine forme ou fous une autre. Combicn il eft furprenaiit qite Ics liommes aient vccu & rcipire au nülieu de cc principe iitüverfel pendant tant de millicrs tt'annees, Jans cn fuppoler meme Fcxiitcnce! Mais il elt teins de rcvcnir ii notre niontagne. Recuperü m'a uit avoir obferve id le ničme plienomene qui ett commun dans les eruptions du Vefuve; je veiix parier d'un edair rouge ou bleuätre, qui fort de la fumee fans etre lliivi par le bruit du tonnerre. Ii eltpolUblc que cela mer ck I'efprit-de-vin ; & au moycn d'une pliioic, il a clonnc plufieurs coiniiiotioiis a toiiti; la compiignic. On a lu ilernierement, devant la fociete royale , unc (leicription detaillue de ces expenences. Elles ont etc faites tlans le terns il'une tr^s-forte gelte & fur des cheveux tres-epais, ou Ton n'avoit mis ni poudre iii pomniadc , depuis plufieurs mois. Les memoiies qui contieiiiient ces experiences , font publics dans le foixantc-troifienie volume ties TranCačtions philota-phiqut'ü de la ibciete royale de Lundres. v^ u v a g e en S i c [ l h proviennc dc cc que Li f'timec cit alors fi c\-ccfl livemcnt eledriqiic , que, comnic um globe ou Itn cylindre echauJie par le iroctcjiient , eile jette dans Pair des bluettes Ipojitauces , funs etreattirees on toiichücs par quelque conduc-teur. Elles rclTemblent parfaitement a cccte cipece d'eclair. Cepcndaiit, fi uii nuage jiou clcclrique pafToic dans le nieme teniü pr^s de la bouche, on eiitciidroit probablcnient tres-grand bruit de tonncrre; ce qui arrive fouvcnt, li, lors d'line eruption, Pair e(l reni, pli dc nuagcs humides. Mais quand cc bnijt n'a pas lieu, il eit probable que requihbre io letablit par degres & iiins aucun fracas, an nioyen des laves qui, fcrvant dc coiiducteurs, dirigent pcLi ä pc« Ic furplus dc la matiere clcc-triquc vers la ten'c (Sc iu nicr, rout; autuur de la inontagnc. La vapeur des volcans oil fi prodigieufenient eiechnque , qu'oia a ibuvenc rcmarque duns quelques eruptions dc I'Ecna & du V'cfuve que toutc la trainee de Fiinicc qui s'etcud queU queibis au-dela de cent miiies, produifuit ics plus terribles elTcrs ; qii'clle faüoit perir l^s bergers & les tronpeaux fur ics montagnes bruioit & fracadbit les arbrcs, mcttoit te feu anx maifuns par-tout oii ellc en reticontroit fur Lin terreiu eleve. II ell vraifcmbiablc qu'uii cerf-volaUt garni d'un condudeiir auroit dc-lärme ce nuage formidable, C^cs ertcts vent cependant que Jorlquc fair eft fee »S: pe^i £T A MALTHII. 177 »git'i; mats qauud il eft rempli d'exhalailona hutnidsü, lesviipciirs fc convertiiient ordinai-rcnieiu eii ton'eiis de plüic qui Ibnt toiiiber lu niiuiere cIcdlriqLie des nuageiä terre, & rota-bliiieut rcquilibre. Camme Recupero efl un liomme facctieux tSc aimable , il a eii la bonte de me tenir conv pagnic penduRC moti iiicommodite ; &. j'ai re-cLieillidefu coiiveriition plulicurs remarques dignes de votre atceiition, Lii Viinete des eüux qu'oii trouve aiix en-viroiij de I'Etira , e!t inie chofe bieii jurpre-> nan to. j'ai dejsi parle de hi riviere froide, ou de la riviere d'/\cisi & le chanoine m'a confirnie ce (jue j'eii ai dit. II y a an nord de la moiitagne* If 11 lac d'ciiviron trois niilles de circonterence, qui rccjoit plulietirs rivieres coniidirablcs; ik. qiioiqti'ii paroiili; n'avoir aiicune ui'iie, cepeii-dant il ne debordc jamais. Je liii ai reprefente quHl n>li dolor ! ^ monachi qaadrajintc qiiatuor ^ plus. Et periit p aß or patrih, pater ipfe Jotiaimes , Pontificalii honor , lux rcgni yßcpericrc, Mais Guft,iiia-Villa,uiide ieui's hiftorisus, en. jjiirlc rrüs-ditTüremincnt. Le palFage eCaac auffi foLt cuiieux, je vais le tranlcnre pour votre anuifement. In onnem tirram & in ßriis orbis terrcE jam cxiitplaga ilLi, qu^ mipir in Sici/iapercuJ/i ßir,[ Ciisancnßs ,' in vi^iüa B. Agathx; enim epiß,,-pus ilU ilamnatißmus, qui yßcnt fciüs ,fibifun,s~ ßtkononm, non vocatus a Domino tanquamAaron, & qui ad fedcm illam , non clectione canonica fed ^ießtica venalitate intravit; cum , inquam aliomimitionis offerra incenfum , intonuit de cülLo Dominus , & ecce terra motus fitäus eß mar^us, Angelus enim Domini percuticns epifcopum i/i ßirore Domini, cum populo & ttnlverfa civitace fubvtnit. TI a'loutc que , fi I'onn'avoit pas exnofc le voile de filiate Agathe, riuigc deltnidcur ecoic Ii turicux, qu'il aiiroit cxtcnniue tons Ics ha-Litims jiilqu'iiu dernier. La cathedrale de cctte ville polTcdc uii tableau ciirieuxdela grande eruption dc 166^. L'exc-cutiou n'a ricn dc reniarquuble ; mais il doiinc uiic idee ctiVayaiite de ce phenomeiie comme il eft docrit pur Borelli, qui etoit fur les lieiix. Le 11 mars , diC-il, apres dc violens trcm-blenicus de terre & d'epouvantablcs miigiilb-jncns foutcrreins , il fe fit ilaiis la montagnc , Uli peu avant que la lave eclatfit, une crevalle -de douzc millcs de long. Lorfqu'on laillbit toniber des pierres en quelques cndroits de cette fili'itre-, on ne pouvoic les entendre trapper Ic fond. 11 dit que ic volcan jeta a la dilbnce d'ltii mille, des rodiers dc foixaute palmcs , & que les geants qu'oii fiippole etre eiitcrrcs Tons I'Etna, fcmbloicnt avoir renouvelle Iciir guerre contre le cid. Des picrrcs d'unc moindre grol-fciir fiirent Iiincecs i plus dc trois niillesjlu tonnerre & les eclairs, au milieu d'line epaiile fumee, n'ctoient gucre moins terriblcs que le bruit dc la montagite. 11 ajoute qu'apres que toute risle cut cprouve des fecouifes, des cbran-lemens tres-violcns, lorfque la lave perqa, die jaillit dans lair a foixante palmes d'clcvation. En un mot, il decrit dans des termes rcmplis d'hori'cur, cette eruption , ainli que la tcrreur & la cüiiltcniaCiüu univcr/eilc qu'elle repandit par-tout. Le foleil ne panit point pcndiint plu_ fieurs fem;iincs, & le jour lembloit avoir tcü chinige en tencbres. Lorftjue la, lave eiit pris foil ecouleraeiit, ce qui n'arriva que quatre mois apres qu'ou euE commence a lentir des agitations, tt)us ces fymptomes e^iroyabics di, niiniiefent, & bicntöc la montagne lue parlLii-tcnient en repos. Ce deluge de feu, apres avoir detruit ie plus beau pays de la Sicile, entraina les cglües , ie« villages &lescouvens; il fe prccipitacnEu ('ur les hautes murailles de Catane, & couvrit cinq de fes baftions 8c les courtines adjacentcs. H jg repanditde la dans la villc , detruifit & entallä pe!e-me!e fous des ruiaes , tout ce qui fe reu-contra fur (on palliige. Quelques relies prkieux d'antiquite, doiit on ne connoitplus aujourd'hui ni la fituarioit ni meme le nom , attirent fur-tout fes regrets. II flit mention d'un amphitheatre nomme Ig CTo/i/ci, du grand cirque, d'une Naumackie^ ^ de plufieurs temples. Le lord Winchelfea, qui revenoit alors de fon ambaifade de Conflranttnople , & qui s'ar-reta a Catane, a deifein d'oblbrver un pheno-mene fi remarquable, en ecrivit la relation ^ qu'il envoya ä Charles II; mais il n'apporta pas ä cet examen toute I'cxaditude que nous aurions deliree.II fatistit fa curiofitc en im jour, & il parolt s'etre cojitentc de jeter de fort loii-i un coup-d'ücü fur ja lave, fans aller jufqu'A f^ fource, ou fiins fe tranfportcr fur lu montagne , ijuoitjLi'alors toutes !es circonlbnces Ics plus Ibnnidublcs de reniptioii fulicnt dejä paffecs. Jü nc (levrois pas finir cettc ciefcription de i'F.tna , fans voiis dirc qiiclque chofe des divcr-fes fid)lcs & allegories auxquelles 11 a donne iicLi; muis cette inaticre me coiidiiiroit tmp Iniii, & doiineroit a ccs Icttres Tair d'iine dii-fcrtatioii plutöt que d'uii journal. Vüiis voiis ics rappellercz ailcnient; Ics potiCes de tons les ficclcs & de tons les pays les ont fouvent employees , Si les philolbplies auUi bicn que les iiaturaliltcs oiU trouve daiis les proprietes de ccttc niontagtie, comme les poetcs, iin vafte champ de rpeculadoii. Plulleiirs aiiciens uii-tcurs appliqueiu ii PEcna ce qu'ou a dit de lil Gicce : Nullum cßßne nomine faxum. je Grains que ce vers, veritable pexit-etre autrefois, ne le foit plus aujourd'hiii; car nous avons trouve pUilieurs grandes montagnes qui n'ont pas de nom; & il nc paroit pas que le nombrc des philofophes aic augmente en Sidle dans CCS dcrniers liecles. L'ambicion de CCS infulaircs a change d'objetj & s'ils peu-vcnt fe procurer un faint pour contenir dans I'ordre les diables de I'Ecna , ils s'emban-alfent tres-peu de h caufe de fes operations ; & ils ji'elHmeiit pas tant Iciir isle pour avoir donne uuilfauce a Artlunicdc ou i Empcduclcs, que po Lir avoir produit fainte Agathe ou fainte Küliilie. Les anciens, ainfi qne les^modernes, pg^ Toiireiit avoir toujours rcgarde I'Etna comnie inie des plus haiites montagnes de laterre. On trouve dans lenrs aiiteiirs pliifieurs paiFdges qui prouvent cette verite: mais rieti pci[t-etre ne la deniontre mieux que la croyance ou Ton etoic que Deucalion & Pyrrha Te refugiereiifc fur foil fommct, cii Je Jäuvant du deluge uiii^ verfelC*}. Je terminerai eiifin cette longne defcriptioti de I'Etna, par cclle qu'en a faite Virgile au Üxieme livrc de I'Eneide, & qui a cte fi fort admiree. Voiis pouvez la comparer avec cellg du fameux poete Raitaiia, que les Sicilens eftj, meiit autant que lui. Xcl mezzo verfo athcre avicdna Mtna la fronte fua cinta di orrori, E con ifpavantcvolc rovina Rimbornba , e con horrihili fragori. Movent C negri nubi al del dcßina Funiantidi atro turbine , e di ardori ^ Ergiglohbi diflmrtma , efit lanihifcc Catacli/fnuis , (]Uod nos dihwium dicimf; mm faäus efl ^ onmc genus humanuni interiit, pr^f..^ Dei/calionem gf Pyrrham , qui in niontem jEtneani qui altißtnus in Sidlia cjfe didtur, ft'gerunt. ' iUginus. ET A M A LT H E. I9I Lcßellco mai con infnocatcßrifck} Scogii, c diveitc vifccrc di imiite Mrrnttando tal voha axndo cßvUc £ con gemiti vomit a , c con ante Li qui fan L niacigni c in fondo boJk. VoLis ivhefitea pas a rionncr la prcfcrcncc axi poete liitin, truu Rnitiiiiii a evidcmmciit tire le ftjns tie fes vers: .... Horrificisjvxta tonat /Etna niinis , Intcrdumque atrnniprorumpit ad xt/icra nuhcm. Turbine funmntem picea candcntcfavilla , AttoiUtquc ghl)os ßammarum ßdcra I ambit s Intcrdiim Jcojndos , avulfaquevifcera niontis ilrigit crucians , liqiicfaäaquc faxa ptb auras Cum gcnütiig'onicrat ifundoqitc cxitßuat imo, ■Mais ces tlcux ecrivains font fort infa-ieiirs ä ilr Riclunl l^Iiickmorc , tiotrc compatriote , dont 1'imagination nicrveilleurc cxpliquc rt'ir.ic maniere aißc & fimple tous Ics phčnomciics de l'Et:u, eiidiraiit tjue la nujntagne a u!i ac-ces de coliqiic. Cette idee avoit cchappc a tons les poetcs & philofüphes de Taiitiquitc, & fcnibloit avoir ctc rclervce au gciiic profond de cc grand maitre d'cxtravagaiiccs. JVi oulilie le palHigc; vous le trouvcrcz, je crois, dans ^c Prince Anluir. Le poete philofophe, Lucrecc , a fait mention. des eruptions de I'Euia i mais Piiidaic ell le plus ancicn des poetes coniiiiS, quicnaifnt purle. Sa tlcicriptioii e(tla pus vi'üic Nos deux compagaoiis, haulFatic les epaules nous cncrzni., paiiieniii,figaon. Mais Glover enrageant, leur repiique ! un quintal de votre panimia vaut-il uns once da tortue > ' Nous appercumes bientöt les relies de l;^ grande Syracuse. La gioire & la niajjuificencc de fes ancieiis habitans, & les exploits fameux qui les rcndireut reconimandables dans les arts & dans la guerre, fe prelenterent ä notre efprit, & nous fireut inenie oublicr notre tortue. Mais' helas, combicn cette grandeur elt tonihee ! Cette fuperbe cite , I'emule de Rome, efl; a pre, fent reduite ä un tas de deconibres; car ce qui enrefle, ne merite pas Ic nom de vilU. Nous ne vimes pas une feule creature humaine, en voguaat autour de la plus grande partie dc ccs murailles qui etoient jadis la terreur des ur, mees romaines, d'oii Archimede foudroyoit lours flottes , & enievoit avec fes machines Icurs vailleaux de .delfus !a furface de la nier, & les brifoit contre les roehers. Nous recon, mimes que 1'Interieur de la vilie ne reposiduit que trop a fes dehors : on n'y trouve pas une hötellcrie; & apres avoir vifitc tcus les mo-nuitcres & routes les confrenes rcligieufcspour ilenmnder des !its, on nous cii olirit ä hi fin» qui ctoicnt fi mauvais & ii lales, que noua aimimes mieux dorniir flir la puille. Nous ne pürnes pus meme y etre proprenicnt; nous fumes tounncntcs par des iiifedles de tout« efpece. Nous avions des Icttres pour le cnmte de Gaetano, qui nous demandu excufe de iie pou-voir nous logcr; i! nous fit d'aillcurs beau-coup de politelle. Nous nous fervimes de. fa voiture : il nous expiiqua les ruines de la ville; il nous montra tout ce qui etoit digne d'atten-tion, & il nous donna des lettres de recom-mandation pour Malthe. Celt un liomme de bon fens , qui a ecrit plulieurs traites Jlir les antiquitcs de la Sicilc. Des quatre quartiers qui compofoient I'an-cienne Syracufe, il ne iliblifte plus que le plus petit, appelle Onigie, qui eft fitue dans I'isle de ce nom. Elle a deux inilles dc tour, & Ton fijppofe qu'elle contient ä peu pres quatorze miile habitans. On compte que les mines des trois autres ,Tycha, Acradine & la Ville-neuve, occupoient vingt-deux niilles de circonferente; mais prefque tout cet elpace eit ä prefent con-verti cn vignobles, en vergers & en champs: les murs, dans ces canipagnes, iont batis de pieces de nrarbre, couvertes de gravures & d'inicrrpttons, qui font pour la plupart efla-cees Si jTongees, Les principaiii reftes de Taa- tiquitc font un theatre , iin amphitheatre, ply, fieitrs fepiilcres, lii Latornie, ics catiicombcs, & lii cdlebre Oreille de Deuys, qu'il a etc irn, poffible de detniire. La Liuoniie forme uj^ grand jardiii foutcrrein; c'eil un des fites les plus beaux & les plus pittoi-efq Lies que j'aie Ja, jiiais VHS. La plus grande partie e{t ä environ cent pieds au-deirous du niveau de Ja terrc, ^ d uiie eteiidue incroyable. Le tout cfi: tai!i(i dans un rocher aulli dur que du niarbie, ^^ qui'eft line petrification de coqu ill ages , de • gravier, & d'autres corps marins, meles en, Jenibie. Le fond de cette iinnienie carriere d'ou I'on avoit tire probublernent les pierres de la plus grande partic des cdificcs de Syr^, cufe , eft ä prefent couvert d'une terre extre-mement fertile, & il elt rempli d'une varictsj infinie des plus beaux arbrilleaux & d'arbrcs fruitiers , qui font ä labvidetout vent, & q^^ jortent des fruits en abondance. Les oranges, cs citrons, les^bergamotes, les pommes doque oil Cicsron fut qucfteur de Sicilc. On eft frappc de rempreilement avec lequel ce grand homme cntreprit de le retrouver, & de la joie qu'üreC-feutit apreslavoif decouvertT*}- Les catacombes nc font point infericures a Celles de Rome ou dc Naples, mais elles foat conrtruitcs dans Ic meme gout. L'on y voit pluficurs reltcs de temples. Le due de Mon^ taibano, qui a ecrit fur les antiquites de Syra^ (*) Eßo auttm, mm nmma collußrarem oculis ( fji cnim adponai Jgra^ianat magna frequenti^ jepiikhroTum ) animadverti columdlam non multum e du/iiis eminentem , in qua ineratfphcrce figura ^ cylindri i atijuc egaßatim Syrauifanii{ erantautem prindpcs meami) dixi me illud ipfum arbitrari ejjt quad quarerem. Immiß citm fakihus midti purga, Tiint aperucrunt locum ^ quo cum pat^aßus ejjec ad it us y ad advcrfcun bajlm acccßimtis f apparhbat epigramma txcßs poflerioribtts partibus verßadorutn dimidiatisfere:ita nobilißlina Grada civitas, quon.. dam vtro ctiqm doßißima tfui civis unius acitiißthii monumentum ignoraQ'ct, niß ab homine 4rpinate dididjftty Sfc. ciife, eiicompte pres dc vingt j mais il n'y en a pas un auiourd hui qui iüic reconnoilliible. QucltiLies belles cüloiiiies du temple tie Jupiter Olympien fiiblilt^iic encore ; ik le temple dc Miiierve, qiii e(t Jiijoiird'hui la cathediale de lu villü , ik dtjdie a ia Vierge, elt prelque entier, Oil y a Hiit deniicreineiit Line fac;ade; mais crains qu'iis n'aient gate la limpltcite de l'anti-qiie : eile eft rempiie de frontons briles, qui n\c paroillent d'un niauvais goCit. Ortigie, la ieule partie de Syracufe exif-tunte ä prefent, etoit ancienacmeiic ime iale. Virgile, Ciceroa, & la plupart des hiltoriens grecs ik latins , le dilcnt ibuvent. Le detroic qui la Icparoit du continent, a ete comble dans les derniers llccles, & probablemcnt par ics debris de cette puiiiiinte cite. Elle fut pendanc trcs-long-tenis une peninlble; mais le rot d'EC. pagne aducllcmeiit regnant, a lait coiipcr a grands Frais la langue de cerre qui la joignoic a la Sicile, I'a rcduice de nouveau a ion etat primitif. II y a confti'uit une belle forterelFe qui pa-roit prelque iniprsnabte. II y a quatre grelles portes en-deduns Tune de I'autre, avec chacuiie tin glacis, un chcmni couvert, une efcarpe, une contrc-eicarpe, ik iin large & prot'ond ioila renipli des eaux de la nier. Les murailles fonc percees d'un nombre infini d'embrafures; nraic on n'y voit pas une piece d'artilieric , ce qui eltaliez ridicule, i^oui uchcver dc vous oeiiidre Oi) ' 112 ^ Vo YA G E E N SI CI LE cette citadelle, je voiis afRire qu'il n'y a pas IUI Ibul ciiiion, fi cc n'eli im petit nornbre de pieccs delix, pourfaluer les vailTeaux qui cn:rent dans le port, ou qui en fortcnt. Les folfčs font cepcndant tres-uti!es; i!s for.t con,, cinijcllcment converts de bateaux de pecheura qui y prennenc bcaucoup de poilfons dans les terns Ics plus orageux. J'ofe vous dire que S^ iVIajefte Cacliolique Jie les a pas fait conitruire 4 ce dciFein. La iioblefle de la ville a aulli tigg bateaux pour fon amiifement. La cclcbre Fontaine d'Arcthiife ayant tou. Jours ete regardee comme une des plus gran, des curiofitesde la Sicile,vous imaginezbieii que nous utionstres-impatiens de la voir; nous la troiivanies bieiitot, a I'aide de la def. criptiott qu'en a faite Ciceron (*). Elle eft exac-tement telle qu'il I'a depeinte, li ce n'efl; qu'jj ne paroit plus y avoir cette grande quantitc de poiffons qu'cllc contenoit autrefois. Elle etoit dediec ä Diane, qui avoit pres de fes bords uii niagnifique temple ou Ton ceie, broit annuellcment de grandes fetes en rhoiu neur de la deeiTe, Nous y vimes un certain nom, bre de nymp'ies qui etoient dans la fontauie jufqu'^ux genoux, occupces a laver leur linge. {*") In hac infula extrcma eß Jons aqtra dukh cuinomen Arethufa, f^? increfiibili magnitudinc ^ pic, nijfimiis pifcium , qui fluBu to tur operiretur, niß mw. nitLom: gq mole iapiduiti d niari disjunäus ejjeu Nous craigiilmes Ic fort d'Adcon & d'Alphce > mais fi elles tailbicsu paitic dc la pjitc de Diane, elles n'ütoieiit plus li refcrvecs qu'autrefois; & fi nous avinns vouiu leur parier, nous trail-rions courii aucun rifque d'etre mccamorphofüs en ccrfs ou eii rivieres. Ccfb vcritablcment uiic Fontaine ctonnante; die fortde cerrc a jii foiircc, auiii praiulequ'iinc riviere. Les fables qu'eu ont dcbite Ics poetcs, fonctrop coiiiuics pour qu'il foit neceifaire de les rupporter. La plnnart des perfonnes dc ce pays oi-t)iciit aujourd'hui, que c'uit la meme riviere Arcchufe , qui entrant foud terre pres d'Olynipieen Crccc, coutinuc foti cuurs Toll pace de cinq ou Hx cents milles par-deßbus I'Ocir.n , & rcparoit en cct cndroit. II cli; tres^ftirprenant qu'une parcitle idee aic pu etre adoptee par les aiiciens. Leiirs poürcs, icurs naturaliltes, & nveme leiirs philofophcs, cn font mention. Pline cn parle plus d'unc fois; c^ il n'y a prefque point de počce latin qui ne Fait dit dans fes vers. Cctcc ctrange opinion s'elt commimiquee aux auteurs Siciliens; A peine en trouve-t-on un I'eiil qui s'avifc d'c|i douter. Pompoiiius-Meici, Paufanius, Matfa & Fazelio font du n:črac ■fentimcnt; & pour Ic confirmer, ils rappartcut i:i vicille hiftoire de la coupe d'or ^agiiec uuk jeux oiyrapiques ,,qiji fut jcCee dans "Af^luitc de Grece ■, & rctrouvce bientöt apres en Sieitft. Iis iijoutcnt, qu'apres Ics graiids facrifices Oiij d'Olynipie, doxit le Tung tcmboit dans certe I'ivitre, on obfervoif. confi-animent que les eaux rle r,\rethufe grofiillbiont; pendant plufieui's jours , & qu'eües etoicnt teintes de fang. C'etoit probablenient la iine fourberie des pretres. Ceux de Diane etoieiit charges de foiitaine d'Arethiife, & fans doute iJs ctoient iiiterelTiis ;i foutenir cette hiltoire ; car ce fot cecte deeile qui changed la nymphe Arethiife en une riviere , & la conduifit, par des caniuix fouCerrcins, de Grece en Sicile, pour evitcr la pourfuite d'Alphee, qui fubit le menie deftiii. A tres-peu de diftance de l'Arähufe , o^ tronvenne ^roiTefource d'eau douce, qui s'c., leve en bouillonnant, d'lme profondeur con, ijderable dans la mer. Eile eft appellee Occ/i/o di Zilka, & par quelques-iuis, ^Iphee, q^g les postes iiippofent avoir pourfuivi AixH'hufe par-delToiis la Mediten-anee jufqu'en Siciie Puifquc de tous les anciens qui parlcjic de (*) Les SyracFjRtins veufenr faire pnlTer cette fource pour !s fleuve Alphec ; mnis il n'y a ricn la dc fo'rt extraordinaire : on en voit tk pareilles dnns les fieu-ves; & il eri ciifte une qui a les memes propHetčs dans ce qu'nn appelle ü mart pknlo , ou la petite mer , a Tarents. Il y en a une pareille dans !es envi. rons de Bales , au pied de la moncagne de Micene . & la plus celebre dans ce genre , eft celie qui fort fu^ la cote de Genes , du goife cle la Spczzia. Voyage en Sidle du baron dc Eicdcfd, rArethufc, il n'oi cit auciiti q^ii ait fait mention de cette ioiirce, il elt Eres - vraiieniblable qu'cUe n'exiltoic pus iilors , ik cjiie c'elt une pai-tie dc cette iontiiiiie quidcpLiis s'cit oüvert Uli pafTage, aviUit d'arriver ä I'isle d'ürtigie. Si eile avoit etc vifibic uu tcuisdcs Grecs, Janü tloLite ils auroient employe cct argument pour pro liver le voyage fbutt-rrein dc I'Aretliule, puifqite, dans Ic fiiit, eile bouillonne dans ki nier a pcu pres diuis la direčlion oil c(l la Grece par rapport h Ortigic. Elle jailHt quclcjuefois a,vec taut de force , qu'cn dit qu'on pcut y pui-fcr de Teau qui n'ciT; point falee, quoiqu'elle ait ti riverlc la mcr. Syracufe a deux liavrcs 5 le plus grand, qui eft au lud-ouelt, palle pour avoir fix milles de tour & pour etrc uu des mcilleurs de la M6-diccrranec. Diodore dit qu'ii s'avan(;oit pref-que dans Ic ccntre de !a villc , & qu'il ctoitap-pellc Marmoreo, paixe qu'il ctoit environne de tous cötes d'edificcs dc marbre. L'cntree de ce port ctoit tres-bicn fortifice, & les flottes roniaiiics ne purent jamais y penctrer. Le petit port cli au nord-cit; &. les anciciis rapportent qu'il etoit tres-orue, ainfi que lo prcnüer. Fazello dit qu'on voit encore aujour-d'hui les ruines d'un aqueduc qui travcrlb ic port fous Ics eaux de la mcr. II etoit deltini- k porter de I'eau de la foiitaine d'Arethuie aux autres parties de la ville. , On jnoiiEre, pres dc ce port, la place oii X O iv ^oit la maifon d'Archimecie , ainfi qxie Ja touf' d'oii Ton dit qu'il mit Ic feu aux galcres romai, lies avcc Jns miroirs ardens. Cette hilloire eft rappoitcc parplijfieurs aiiteiirsi & l'c>ua beaiu coup difj^ute dans ccs dcniiers terns, fur J'a pofl fibiiite de concevoir uii mtroir ardent, oa un miroir concave , dpnt le foyer fut aiici vaiie pour produ'irb un fi grand eilet. (IJuclques perfunnes regardent ce fait comme fabuleux: je fuis ccpendaiit porte ä croirc qu'il n'eft pas abfoiument faux j mais i! cfr probable qu'il ne'caiifa pas cet incendic au nioycn de miroirs i refradlion , ni de miroirs concaves, mais qit'il cmploya Jculement pour cela des miroirs ordinaires, ou des plaques de metal tres-poliös. D'apres la lituation des lieiix , ce feu n'a pii etre allumc que par reflexion ; cap la tour d'Archimede etoit exadtemcut au nord du petit port, ou i'on aiTurc que mouilla flotte des Romains; de fofte que leurs vaiiTeaux ctoietit a midi cn droite Hgne entre lui le Jbleil, & ä fres-peu de diflance des murs de la viile , oil Ton avoit conflruit cctte tmir. Si I'on fuppofe qu'il fe fervit de miroirs arder.s ordi-jiaires, ou de paraboliques , il auroit fallu ele. ver fiir Tislc d'Ortigie inie tour dHinc haiiteur ciiormc , ponr placer CCS miroirs cntrc lefoleil & leš ^lerfs iles Romains : cc qii'on ne pou-voit'faire que fort tard dans I'apres-midi, lorfl ^ue les raygns. font extfemcincnt foibles. Jene doiite pas qlte les niij-oirs. ordinairos n'aiicntj pu fuflfire potir cmbrafbr des vaifleaiix. Sunpolbiis que miÜe graces reHechiflTent fes rayons tin foleil fur iiii mčme point: il ert probable qu'iiltirs Iii chalciir fera beaucoup plus Rraude que diiii.s le foyer des mii'oirs les plus ardeiis, &. qu^elle dcvicndra tres - capable de mcttre en feu toutes les fiiblbnccs combufH-b!es. On pourroit fairc aifement cctte experience , li CODS les foidats d'lin bataillon, armes d'l.iii mii'oir an lieu d'un fiifli, dirij^eoicnt ies rayons (blaircs llir une plancbe placce ä deux ou trois cents verges. II faudroit peut-etre long-tcnis pour les accoutuiner äcet excrcice; inais je f'liis perliiade qn'avcc dcta pratique , ils vicn-droicnt ä bout dc frapper la marque an premier commandemcnt, ainfi qu'on voit dcsciraf-feiirsallezadroiCs oour ebloiiir avec un miroir Taloiicttc, quclqu'elevee qu'elleioic dans Fair, 8c cotidnirc par une cfpecc d'enchantcmcnt ce pauvre petit oifcau dans leurs Hiets. Voiis rircJ: peuc-etrc dc cecte partie dc ma lettre j mais il nc parn'u podib'e qu'un miroir foit regarde un jour coninie un meuble aulli ncceHairc a un foldat qn'ä un pctit-maitre. Je crains que les Fran(;ois ne foicnt les premicVsa inventer c3ttc manicrc dc fb battrc , puifqu'un grand nombre de leurs gucrriers portent tou-jours en campagne ces petits tndrumens, dnjit, heiiretirement pour nous, ils ne connuilicnt pas routes )cs propriotcs. Vous concevez aile-meut que, li cctrc cxpcricucc rcuHlc, eile than- gera notre Tyfteme de ibrtificatioii & de tadi, que , puifque toutes les parties iTuns ville qui feroient expofees ä la vue des aflicgcaiis, pour, roient etre mifes en feu, & qucies aiilegesau^ roient ie meme avantage fur ie camp des alCc, genus (*). Nous fommes dejä tres-ennuyes de SjTa, cufe, qui, de toute.s les miferables placesqu^ nous avons rencontrees , eft la plus deceita-b!e. Outre que les habitans font extrememciic pauvres , la gale y eft fi commune , que nous commengons ä etre bien-aifes de n'avoirpas pu trouver de lits. B eil aflligeant de penf^r au coiitrafte frappant de fon antique magrj, ficencc & de fa mifcrc aciueilc. SyracuPe la plus richc & la pins puiJTiinte dc toutes )es villes de la Grece, doiit les forccs feules ofe, rent plufieurs fois refifter aux arniees de Car^ thage & de Rome, qui repoulfa des flottes de deux mille voiles 8c des armees de vingt mille hommes , & qui coutenoit dans 1'enceinte de fes murailles, cz qu'on n'a jamais vu nulie part ailleurs, des floties & des arme es qui fai, n Depuis que ces jettres ont ete writes , Fauteiir a appris que M. de Buffbn a fait cette experience II a conftruituiie efpece de chalTu, dans lequel font places quaere cents niiroirj, difpofss dc manicre que ics ravons qii'iis relJechifTetu Enutuetlement, tombent evaLTrcinent fur Ic nieme point, Cette machine fond du piomb ä ccnt vingt pieds , & met en feu une meuU de foiü a une beaucoup plus grande diftance. Ibient la tcrrcur du monde : en iin mot, cette cir.,! iinpcricufc & Jbpcrbe irdl plus aujour-tDiüt ail'"", muuvnis bourg. Je n'ai pus pu me procurer unc table ptnir ecrirc, iSi jc fuis oblige d'ccrire ma lettre fi;r ie dos de deux chaifcs. Ntnis fommcs lo nous fommes rctoitrncs ä bord dc notre petit bateau nous avons fiiit environ cent verges en mer, apres quoi nous avons jete I'ancrc. Noti'e pi^ lote nous Hit que cette precaution etott ablb-Inmentnecclfiiirc, parccqiieles habitans de ce pays font prcfque fiiuvages; & fi nous etiong retlcs ä terrc , ils feroient peut-čtre vcnus pen^ dant la nuitnous voler & nous alHi/finer. II ajoiiteque les Turcs ont faicde frcquentes invafionsfurcette pointc de I'isle, qui oft pl^i^ expofce a leurs depredations. Dernierenient trois de Icurs chebccs entrereiiC dans un petit havre a quelques millcs de celui-ci, & enic, vcrcJit fix vailibaux niarchands. On voit tres-fou vent Icurs pctits batimcns rodcrfur !a cötc. Le fcul moyen de fe mettre en fiircte contre ces ennemis de terre & de mer, c'eft de choifir un endroitau large, alTez profond pour que les bandits ne puilJent y arriver ä gue, en meme tcnis trop bas pour que les pirates puilFenc y ab order. Lorfqiienous avons cm etre k I'abri de ton,, tes les attaqucs, nous nous {(>mmes envelot)^ pes dans nos mantcaux, &nous nous Tommcs endormis. Nous avons palfe cependant une mauvaife nuit j car le vent s'eil leve , & ic rotj, lis de notre petite barque etoit extrememcnt defagreable & nous caufoit des naufees. Des que «jiiele joiir a cotnnienci iiparoUTe , noiis Jbm-. mer; rcvenus a rerre , ce qui nous a gaeris lur-Je-chiimp i comme le terns etl toujoiivs defk-voriible , nous livous theixhe diiierens aniule-mcn;; poiir iKHts itL-it-ni'.iiyer. L'cau elt tres-chaLide , nous nous lb;n;nes baigncs troiy Fois; & dans cet Intervalle, vous ecvis llir k tJos (run grand panier, dans ]e([L!el nous por.toiis nos provifions de mer. Nous iivons niflemblc tics coquilla,^es.' ,. des inorceaux de corail & d'eponge ^ & plulicurs Keiles cfpeccs d'ul^iies marines. Lcs rocliers Jbiit tuns ici de iaWe &'de graviGi\miis en-Jcnible Ä aiiifi dnrs-qiie du granite.-Plulicurs coqiiillages d'aocres lubifcinccs marines Ic lont nielus dans leur compolition; ce qui cii fivit des objetü de.ciirioUtt; auxyeux dcs natural i ftcs. , ■ , Nous avons drc/lexe matin , fur la pointe d'tin rocher, une-eJilcce de tentc avec line voile & une ranib': nousy avons tres-l'inn de-jcüne avcc de rexcclleiit.tlie & du midi d^JJybh^ .I'lii Ute interroinpu dans cct endröit par un Oi'licier du Fort du cap Pai'ero. 1! cft'venu dire quenoiKH HC devious [ras pcnferi partir d'iei ä fix ;uurs. Vous n'imagincz pas !a railon. qLi'il nous cn a douiiec. La void : Ic vent qui (buHlcr u ctMnmcncü au monient ou lune entroii; dans Ion feL'ond quaiticr, & i! continutra ccr-taincnien.t jufqu'a cc qii'elle Jbitplcine. S'i! die lu V(jrite,.)c veur ni'adüimcr a l^altrologie. Ii Fan. I, S JI ajoiite qu'oii avoit vu deux giiiiotes fiir k cčte , & il iious a avcrtis de nuiis tenir fiir nos gardes; mais )a lune & d'liutres circonlfances ont dimiiiue Pimpreflion qu'auroit fait fur moi fuu avis. II nous a appris qu'on exile du cap PaiTero Jes of-Eciers qui commettenC quelqiie delit ä I'armee; & je iie doute pas qu'il lie foit du nombre de ces coupabies. II nous a dit aiiifi qu'on y avoit amene dernicrement deux pro-ciies parens du vice-roi; que comme ii aimoit )a retraite, il avoit bien votilu les y accom-pagner, quoique fon regiment fiit dans une garnifon fort agreable. Cependant fa phyfio, iiomie noiis racontoit une autre hiftoire , & nous difoit d'une maniere tres-intelligible qu'H ctoit lui-meme iin maiivais fujet. D'ailleurs ij stoit Ci ftupide , qu'il m'a fort emiuye; & jg li'ai pu rieii apprendre de lui, ' II fa Lit convenir que ce fort eft une tres-boniie prifonpour un jeune fori qu'il eft neceflaire de rettrer du beau monde. II n'y a ni vitle ni vil. läge ä plufleurs miÜes de iä, & on y jouit d'une parfaite folitude. ^ Nous avons ete furpris de voir fur cette cöte une grande quantite de veritable pierre-ponce. Nous crümes d'abord qu'elle y avoit ete apportee par la mer; maisnous avons de-couvert plulieurs gros morceaux de lave ; ca qui nous a fait penfer qu'il devoit y avoir eu yuelque eruption dans cette partie de I'isle, qiioiqiie nous ii'ayons apperqii ni montiigtier conitiiiejni autre veitige de volcan. Si les prcdidiuns de notre olfieier {bnt vraies , ik que iioiis fijvons retemis plus long-tems ict, j'exaininemi I'mterieur du pays. Le vent touioiirs diredemcnt contraire. Lamer eft eres-groiic diiiis ]e canal de Malthe notre valee Sicilicii tremble de peiir. Mais ]e vois Glover &Ful!ureon qui vieiinent diner; )e ferai oblige de lent abandüiiner le panier. La mer dünne beaucoup d'appetiti & nous n'avons pus trop de qaoi manger. Nous vejioiis de tircr un coup de Hilil i pour appeller un batesui de pccheurs» & s'il ne nous lipporte ricn , nous ferons bien-töt reduits au pain & ä Peaii. Notre the & notra fiiGrc fontprefquc conlbmmesi mais nous avons du boil pain en abondance Sc du miel d'Hybla: de forte que nous nelbmmcspus en danger de^ mourir de faim. Nous avuns pris des arniiigemens pour la jiuit prochaine. Le fparonaro e(b fi etroit, qu'il ett iinpoiJible de nous y eoucher tous; d'aiU leurs noLis y fommes ronges de la vermine, & nous n'avons d'autre lit que des planches. Toutes ces coiillderations jointes an roulis du vailleau & ä Tincommodite qu'il nöus cdufo, nous ont determines ä nouš mettre plutöt ä la merci des bandits, qu'a pailer encore une nuit en mer. D'aillciirs nous avons heureufe^ ment decouvert du goenion jec loiis un rocher; qui femble avoir ete dülHne pour notre lit P ii 228 v o v AGE EN Si CILE Nou3 alloiis etendre liire voilc par-defTus, Cc J10ÜK cor.iptons y iU)i-mir tres-faien ; mais aHji deprevcnir toiitc foiprifc, nous avoiis refoiLi de faire-tuur ä tour fentinelJe avec le iufll k deiix coiips de Kulltirtuii. Nous nous levciojis tous u la'premiere dčchurge, poiir ccurir it nos äutres armes ; & con:nie no us fommcs poJl tes avaiitagcLiren"!eiit, noiss poiirrons hiire uiie vigoureufe def'enle, (i nous Ibmmes atti!ui>Ls. - Dc fix que nous ibmmes, il y en aura ttui-jours cilK] (.]ui iloitniront piiitiblemcnt. Notre garde auroitpu etre plus forte j niais IcsJicni-mes cie notre fi curoniiro ii'ont abfoUiment pus vciilii etrc dc la partie, puree qu'ils ainicnc niieiix ie confer i la iner qu'^ux bandits de la cöte. Cependant ils ont promis de venir fur, le-champ a notre fecours en cas d'attaque. Le bateau de pčcheiirs elt arrive; ils opt achate quelques petits poilibio qui font deja for !e feu. ^dicu. Glover ik Fullarron peficut contre moi; ]e ne fauiois retcnir plus lonn-, tems notre panier de provüjons. LETTRE XIV. Lac ßilfurcux. Serpent. Voyage ä Malthe. A Malthe, le + juin 1770. depit des apparences & des predidions de notrc ofiicicr, ie vciit a change hier au foir, & nous avoiis iiiis ä lu voile. Apršs pullj le dkroit & lüngülii cÖlo q•LIcl^l:c terns, nous avons dL'barqiic, pour voi:- ii u.nis puLiniouü tuer qiielqiie ^ibier qui piit nous fervir de pro-vili'jn dans le long i:'<. criltc voyage qui nous rcfte e:icore a iiiire. Nous {(jmmcs alles au bord d'un lac fuUii-reux, dent I'odeur ell: fi forte que noLii la fentioiis a plus d'un miile de diitancc. Nous avons trouvii que I'cau bouilloniioit avec violence cu pitifieurs enuroits, quoiquc fiti" la rivo la dialeiir fat tres-peu com'idcrabie. Vous vous rappellčz qiiö nous avons trouve de b piorre-ponce & cie b lavD prjs du cap PaUero; & cc lac nous coiiGi riie dans I'opinion que cc-tte pa-tie del'islc, ainii que les eavirous dc;.rF,tna, a iti lUjettc ancicniicinent aui ci-Liptions -d'un leu iouterrcin. ■ II nie plrblt trt s-probable que c'eitb oelc-bre Camarina que. vit Eiice -i;r.iu^dia:cinent apres avoir dcpaiiele cap Pachiuus on Paiie:;ü , & qui, par ordre du deltin , luivant Virgile, ne pcut ;«n:ai3 ecre deiiechc. IIi7;c cltas caiite^pniH'!?aqtie fiixa Piich;jm Racfimut ; &'/atii mmqitam conaJTa mcvcri Adparct Camarma pro.^ul..... Ce poete avoit ratfon ; car Ic niveau dn lac on du marais e(t ail nioins aulli bus que ccliii ds !a nier, & par coiiieqiicnt il ue peut pas ttrc mis a Tec. P iij I-e Inc eH; enviromie d'ane grande variete de beaux arbriireaux flciiris & toujoiirs verds i la palmeta & i'iirboifier font les plus agrsables. Nous vimes beaucoup d'oifeaux; mais ce qui me lurprit dans un lieu ft defert, ils etoient tcliemetit Jäuvages qu'il n'y eut pas moyefi d'eji approcher. L'uii d entr'eux en particuHer, qui attira nocrc attention, etoit de !a gfolleur & de la forme d'uii pluvier gris, & il voloic de la nieme maniere; mais il avoit line fort longiie queue, qui ne fembloit compofee que de deux petites plumes flexibles, quifuifoient dans i'air iin etfet extraordinaire. Apres avoir epuifetoute notre adtelfe pour en tiier iin, il fail lit abandonner Tentreprife. Nous tuames dans cet endroit iin petit fer, pent qui>repond , je crois, a la defcriptioit ou'on a donnee de I'afpic. Nous dillequänies Ci laitgue, dont rextremite paroiflbit pointue comme un aiguillon. Je crois que e'en eft un car il le dardoit avec beaucoup de violence contre nos bacons, lorfquc nous les lut pre-fenttons. Comme tous lesanimaux, qikind ik font attaques , fontufuge des armes qtie la nature leur donnees poiir leur defenfe; eii fup, pofant que cetce regie fiit jufle, il nous a paru que ce ferpetit I'entoit que Fd langiie avoit la propriete de faire du mal. En l'cxaminant de plus prps, nous nous Tommcs convainciis qae nous ne nous trompions pas. L'aiguiÜon pa-rgit etre beaucoup plus grand i^ue celui d'une abeille. Nous avons troiive un petit fac ü I'autre excreraitc dc lu langiic; & (1 nous avions eii uii niicrolcope, nous Liiinoiis vu qu'cÜe etoit percec. Cc ftTpeiit n'a point de dents, niuis ies gciicivcG fo:u tres-duies. J'ai eu Ibin dC con-ferver iü ianguc , pour voui nYontreh Commc on a tuujours fiippofe ä ce que jc crois, que ics ferpcns nc blclicnt qu'avec leurs dents, j'ai penfe que cc fait feröit digiic de T'otre attention. 11 eft vrai que los coups de Janguc font unc rufe de tons let; ferpens ; mais ceiui-ci dardoit la fienne avec inie force parti-culiere, & ellcrongeoit nos batons : ce ftitpour cela que nuns la conllderamcs plus IbigJieu-lement. Je nc mc Touviens pas d'avoir vu cette fin-gularite dans aucun iivre d'hilloirc Jiiiturclle; mais pcut-etre que jc mc tronipc. Je nc mc rappellc pas non plus d'avoir cntefuUi parkr d'aucnn animal qui fat arme de cette maniere. N'imagincz pas que j'adopte tc fentinieiu du paiivre M. S.... qui, depuis Ibn mariage , dit que la lannuedcla pkipart des fcnimes eft for-niec de cette faqon; & il ajoute, comnie unc graude fingularite, que I'aii^uillon paroit ra-rcmcnt ou prclque jamais avant la ccrcmoiiie. Cell un favant fur cette niaticre, & ii penfc que ccla peut venir de i'ancieiinc connoiiliince dela I'enime avec Ic fcrpcnt. Quoi qu'ii enjbit, jc fouhaite que ni vous ni moi n'ayons d'auffi bonnes raifons d'adopter ce fyltcme. P iY La'niKE ii.ete^rl^l.vJLeurei nuLis le v?;:-:: tombs vcrsvlc^v.r.iichcr.dd luidli, & nous iivotis ece. .(.le/uirc force de ry.aies pour eutrsr duiis !ö ^iitial dö Malths. JI ^vygnoit un filcuce pnvf():id,,;ri ruii.su e\'Gpatc V bruit des vagties qui loin fii" la,e.Oi:^; es qui Ic rcr,- doit cnqaip {jllis majcftiicux.. Nqus avions cal-r.^c ,tout.p)at„ & la Kme briiloit Tur la furfiics tjes«:,ui>v> ies Sots, tlejjiiis , ('itnicnt er^core^^lfxis ? nwis iinjs, & i!s lb fidvoicr.t Tun-i'aisErb ^(^'iiivjJ'is^Jc^K ^^ egaJ., Cecte iccne nous ploug,ci;r/i;_tijrpUG.n:eiit ,daiis..:ja m.editation : iiüiis rcira^icpjßKJ: d'liiie .iieiire fans proforcr lijl ieui V lorfijii'a minuit les matclots coitv, iiieiiccreiiE lei-.r hyninie ä h Vicrgc. La mufi, (jUC croic Cinple, reltgicuf?, &touchai\tc, avec le l^j.ečtacle doiit.noijs jouiliiqii3^&.4lmes villtes par im officier du Lunjau de fiiLic, iequel nous contrai^uit de declarer par fermqftt d'oii nous veniojvs.,^ quel ctoic l'übjet de notre voyage. Ii fe coniporta ä notrc cgard de fa nianiere la plus poiicj & il nous Ciivoya fur-Ic-champ M. Ruttcr , coniid do Jiocre nation, pour qui nous avions d'js letLrcs tie reconiniandation. ' ■ En debarquanc, nous nous crumes traiVCpor-tcs dans un nouvcau moiide. Les rues etoient rcinplies de gens bicti vetus, qui avoient tous Tapparcncc d'une bonne -(imte & d'uiie hon-jifite aiiaiicc; au lica qu a Sjracuie,on nc voyoit qu'iiii petit nombre d'hommes quiparoiiToient malades & dans la mifere. M. Ruttcr nous a conduits dans line aubergc qui a Pair d'uti palais. Nous avons fdit uu foupe foniptucux j & comme c'cft aujourd'hui i'aniiiverfaire de la nailFance du roi,-nous nous faninies biendi, vereis , en buvant ä fa fante. Penfez ä pr^^ feilt ail doiix fommeil que nous allons go{i_ ter , apres avoir palTe cinq jours fans nous deshabiilcr. Bon foir. Je ne perdrois pas pour I'univers eticier, un moment de ces plaifirs. On dira ce qu'on voudra ; mais il n'y a point de veritable jouilfance, lorfqiie I'on a tout i difcretion ; & pour en avoir de parfaites , ^ fdiit tes acheter par des privations Sc des peü nes. Mais ce u'eO; pas le terns de pliilofopher. Adieu. LETTRE XV. Malthe. Ses prodtiBiom, bled, coton, oran, ^es. Indufirie des Malthois. Depart d'tote Jiotte maltboife. Havre de Matthe. FortU fications. Batimens publics. Eglife defaini Jem. Conspiration des efclaves Turcs, A Malche , le ^ juin 1770, ^o u S revenons de la maifon de campague de notre banquier, M. Poulilach, qui nous a traites mngnificiucmcnt en vaiiTelle plate,& avcc des vins Je toiitc efpccc. Anrt's (liner, nous fommes alles viHter Ics priiicipiiles niairons tic campai^nc de I'islc, & en paiticiilier celles du graiul-niaitre & du general des galcrcB , qui font voifincs Tune de Taiitre. Elles n'ont rien de grand ni de majjni-fiqiic j niais eües ibnt d'une conftrudion admirable poiu" u;i dinrat chaiid, oil I'ombrage e!l ce tju'i! y a de plus ä defirer. Les bofqucts d\>i-imgcrs font dclicicuxj & les fruits qu'iis poi'teiit, mciJleurs que tous ceiix que j'ai vus cn Efpagne Ik en Portugal. L'afjjcd du pays elt bien cloigne d'etre agrcable: toute I'isle n'eft qu'un roclier d'unc pierre tres-blauche ; le fol quile couwe, n'a le plus Ibiivcnt que cinq uu fix pouces d epaif-feur; cependant nous Ibnimes tres-Jurpris de voir que la recolce y ell Ibrt riche. Les infu-laires difbnt que cctte fertilite vient des ro-fčes abondantes qui tombent pendant le printems & i'etei ils prj;e 28. Mal de mer. Voiciuiie petire note pour ceux qui font appelles a voyager ilir mcr, & qui craignent le mal de mer phis que Ci-rybdeii: Scylla.Faites fondre dcuxou troisgrains de J'el icdatit" de Homberg, dans un pen J'caa ciiaudc, n'imporce combien, & buvt'z cecte diil folution le madii en voiis eveillant. Si quclqtic terns apres, les maux de cocur veulent vemr, prentz une feconde dofe de I'el. Vous en pour-rez prendre une troifieme, une quacrieme & davantage , julqu'ii ce que vous ne vous-fancicr plus de difpofition aux vomill'emens. Ce fei ett tres-nifraicliijiant;, & iippaile fingulierement le mouvement irregulier du fluide nerveui, done le mal de mer eft un eifet. On a parle , il n'y a pas long-tems, de I'ufagc de la theriaquc dans ces cas. Nous iic doutons pas qu'elle neprodiiiffi de bons ert'ets , puifqu'elle contient deropium, qu'un grand medecin appelloic le 7m£nus douta-tor J/'irituum nvaisla ihcriaque , de meme que I'opium pur, echaiiffc crup, & lend le ventre paieircLix, tandis que le fel fedatil' de Homberg ii'eft pas lujec auxmemes inconvcnlens. PfS^ T ■> I'^fie ?■ Semahies. Le profefleur Cy-ryllo a mefure pendant dix antiees, la quantite de pluie qui tombe ä Naples. 11 a trouve vingc- Rij id® Notes. neuf pouces pour fomrae moyenne dans le con-rant d'une annee. Smvant ce calcul, il tomberoic anniiellement dix ponces d'eau de plus a Naples qu'a Paris , qui eil ibds mi ciel nlfe?. pluvieux. I'age If, ligne 4. Ifchia, On trouve dans le feptieme volume des tcuvres de Pope, une lettre de Reikiey , dans iaqueüe on lit une charmanie defbription de I'isle d'Uchia. Cette isle ell une eipece de parndis cerreftrc, 11 nous devons en croirc le celebre evecjue de Cloyne. La fertilite des vallees , & les fites pittorefques des cöteaux, ort'reiic des fcenci: dont on nc lauroit jouirlang eiuhouliafmsi. Tout ce qui eft necetlaire a la vie s'y trmtve en abondanee , & les IiaLitans doivenc avoir confcrve I'innocencc & lafimplicitedc cec age d'or tant chante par les poetes , & auqiiel on ne croit plus aujourd'hiii. On ne peut s'empe-cher de s'ecrier, en lifant ladefcriptionpoetiqus de cette isle: Hie viverevcflcm, ObUtufquc mcorum, obUvifcendin S^ Ulis, Neplunum procul c terra JpeBare furentcm ! Malheureufcment Tefprit de vengeance eft trop commun parnii les habitans, & rendle iejour de Tisle dangereux. Pa£e i^Jigne 2. Enteytdiu Le chevalier Hamilton, dont il efi iciquellion, a donneles inte-reffinues obfeivations, dans unc fuite de lettrcs ä la lociete royalc de Londres. On peut Ics voir dans les TraiifaBions philofophiques de cette fo, cicte, ou dans un petit reciieil qu'on en a fait en Atigleterre fous le titre fuivant: Okfervatiofis 0« niQHiitVeßivius ,tnouHt Etna, and other, vokams^ wnferks of tetters addrejfed tO ihe R. S. from, the bonu. fir IV. Hamilton , &c.in-8". Lond. i7?j. Sutvant cet nuteur, tout le cerritoirc de Naples, a viiigt milles ä la roiidc , n'e(t qu'uiie production du feu , & la mer nlloic ancieiiiiement juf-qu'aux moiitagnes lituees dcrrierc Cfi(crte& Ca-poiie, & qui Ibni une continuation tie rApciinin-Si fofois comparer , die M. Hamilron , de petites chafes avec de^randes ije dirois ijue les fenx fou-terreins out travaille dans ce pays au fond de la mer, comme les tanpes dans un champ. Le terrein s'eß d'aUrdfoitleve de dijlance en dißance j il s'ejl farute des volcaus dont les ejelftious mit yentpli les ejpaces intermediaires, ^forme toute cettepartie dti continent, avec plußeurs des isles adjacentes. Mais que tcttecomparaifun ell petite , aupres du jpcdacle terrible de la nature !Ily a presde deux [lectes que des torrens de flamme vomirent eti moiiis de qiiarante-huit heures une haute mon-tagne qui cxilte encore aujourd'hui fous le nom de Monte Hiiovo , & dont la bafe a pres de trois rnillesde circtmterencc. Madame du hocagedit, dans fes lettres fur I'ltalie, que la catnpa^ne fut alors brüleeäplus de iix milles ä la ronJejque k mer le retira du livage i que Triper^o , ville voiiine,&le tago-LucriMo {'urtwt cntieremcnt detiuits;& que plufipurs perlbiuies perdircnt la vie , avec une multitude d'animaux de toute cfpece. du'il nous {bit permis dVtoutef ici, que les vecherches de M. Hamilton !br.t dienes de toute rattention des amateurs de la phyuque & de rhidoire naturelle. Les voyagcurs qui v'ulcnt examiner cn pliyflciens les pnvs qu'ils parcou-:rcnt, düiveiit en faire une ledture tres-feriewfe- R iij aSi N o T B s. Iis ferontconnniflaticc, par ce moyen,avcc les veftiges des feux fouterreinsj ils trouveront des creations de cet element, dans des Heux oü IIS ne le feroient pas doute d'cn renconcrcr j & ieurs decouvertes ne pourront que repaudre de notivelies lumieres fur ia phyfique de la terre, Nous fommes , par exemple, perfuades que ces voyageurs trouveroient uti grand nombre de vicux volcaiis dans la Suifle, ce point !e plus elcve de l'Europe, & peut-etre de tout l'ancicn monde. La prodigieufe quantite de hautas mon-tngnes dont ce pays elt couvert, les tremble-mens de terre qui s'y font fentir queiquefois ,& les decouvertes volcaniennes qu'on a faices de-puis peil en Italie, en Auvergae, en Boheme, &c. tout cela n'oltre-t-i! pas d'alFez fortes raifons pour rcndre notre conjedure bien vratlembla. ble ? Un de nos amis , membre de la fociete eco. nomique de Berne, vient de reveiller l'attentton des natüraliltes fur ce fujet n%lige jufqu'ici. II prouve,par l'analogie & la nature de plufieurs foffiles, que la Suilfe doic vraifemblablement: conccnir des anciens volcans qui ont ceife de fcrulerdepuis noml)re de (lecies , & quele tems doic avoir beaucoup denatures. On dit que M. de Saiiffure va publicr quelque chofe fur cette matiere. Mais tout ceci eft indifferent au terri-toire de Naples & atix voyages de M. Brydone. Pa^e 19, ligue i ?. Strombob. Par-tout ou vous tro u ve re z Strnmboh, H fc z Stromholi. ligne alarme. Unecentaine de families habitent, dit-on, un des cötcs de ce formidable lejour, & craigncnt plus les Turcs que iegouflre ardent qui rravaillelbijsleurspieds. JPage 6. Tereßit.Viina appelle cette isle fheraßa ivo'yci Icsparoles de ce natura!i(i:e: Inter banc ( Lipura ) Sid/itvn altera, nutea Therafia appellata, untie Hiera qiu facra Vilicam eß, colle ill ea )io&urnas evovtente ßanums. Lifcz done Therafia. Page ^6, tigne 25. Mois. On dit plus, & ce!a paroit hicroyablei trente mille habitatis inou-rurcnt en un jour de cctte terrible pefte. La petite verole, autre pefte, fucceda ä ce fleau, & ravages pendant fix annccs coiifccutives. J7, ligne 6. Le port de Melfine eft iin port franc; il eft ie plus beau & le nieilleur du mondc connu; les vailTeaux y arriveiit juf-qu'aux mailbnsdes negocians, & plus de mille bätimens peuvcnt y etrc cn Turcte contre les vents dans tous Ics faifons. Pourroit-on s'inia-^iner qu'avec de pareilles avantages. il ne fe taic prefque point de commerce dans Mcllinc? Cette ville fournit un exemple frappant des fu-iielles effets d'un gouvernement defpotiqiic & opprefreur. II fut,dit-on,un terns oii il y avoit danslc port de Mefline, jufqu'a quatre-vingt gros vailleaux appartenant a la villc. Le commerce yetoit f lig^ie Ces Pormidables champions qui efcorcoicnt nos voyageurs, fe nomment cani-J>icri en langage ficilien. Le roi en tient quaratite a fa folde dans la capitate de la Sicile , & chaquc vnlleeeit:obligee d'en cenir le meme iiombre Tut pied.On die meme qu'il n'y apoint deparcicuiier, niiiitre d'une poll'eliion un peu confiderab'e , qui a'cntrctienne un certain nombre d'hommes Eimes, pour fa fiirete perfonnelte. Mais que penlcr de ce qu'on a dit ä M. Brydone au fujec de CCS :cirt/i/jieri, & de la police de la Sicile ? Veici le ieiuimencde M. de Riedefel, voyageur fenß & cres-veiidique. // eß ßuix que ces foldais ( les campieri ou brigands de M. Brydone ), ainfi qiCon avoit me le perfiiader d'abord, Jbieuteux miines chefs de voleurs, ^ c/iCon Jt'eß en fireti fans leiir ejcorte que parce qtCiis font d'intelli£e}ice avec eiix. Ce font ait contraire de fort hmnmesgens, auxifuelsonpeut fe coyifier fans rifque. Je vettx bien croire qiCils ne font pas tou~ jours tout ce qu'ils pourroient pour arreter Us banditslorfqiis I'occafion s'eii prsfeiue; mats ihCen eß pus uioins vrat qiCil yCy a rien du tout a crahi. dre avec eiix, ^ qtCils conduifent lenr vuyager.r avec toute la für ete' £ &quc s'il arrive quelquefoisä un gros vaifiTeau dc lb psrdre, c'eft ordinairement par Tignorance ties mariniers qui prennent, pour s'«nf;ager dans le decroit, le terns ou le courant !es jette neceC fairemenc contre le rlvage. Apres cela, il faudra cnnvenir que I'hiitoire dece tameux Pefce, qu'on trouve dans plufieurs livres,a bien I'liir d'etre un de ces contes que la credulite a confacres, & que des gens fenfes ne repetent que parccqu'ils lie vculent pas prendre la peine de les examiner. Nous halhrderions ici quelques conječlures lur lescaules du tourbillon de Carybde, s'il n'ctoit pas ridicule de vouloircxptiquerun Kaicdonton. ne connoit pas toutes les circonltances. Voici rcxplicauon qu'en donne le baron de Ricdeibl > qui nousparoit avoir examine la choiedepres. Cf tonrbillon, dit le voyageur prulfieuj neß foint occaßonnipar un^oufye, imiis uniqnetneni par deux courmis oppofes, qui s^efor cent de peni-irer dans le deiroif, I'tin diic&te du nord, ^ I'autre du cote du fud.Qomme ces deux courans nefe portent pas dans le canal avec la menieforce,m dans h meme terns. Us oceaßonnent tine efpeee de flux ^ de reflux, qui Je fuccededeßx en fix hetires. Ce mecaaifme nous parok fimple, contbrmc aux )oix de la phyfique , & ne luppolc pas des choles qu'on ne fautoic demontrer, comme par example les immenfes cavemcs de M. Brydone. Sallufte s'etoit vraifemblablenient fait uiie idee pnreilte de la caufe dc Carybde. Cette phrafc, quod contrariis fliiUmim ctirfibus collifionem facit, qii'oti trouvc dans le paffage rapporce par M. Brydone ,fembte du moins le ptouver. Pour ce qui e(t des poetes, leur temoignage ne fauroit etre employe pour donner une idee de I'ctat an-cien de Carybde. Ce phenomene prfece aife, mentau merveilleux, qui elt la principale machine des fičtions poetiques. Virgile imita Homere t & fit naitre, par le moyen de Carybde , un incident d'interet;( qu'on nous paflc le terme) cn faveur de Conpius jEneas, qui fouvent n'in-terefle guere, malgre toute la beaute de la ver-ßfication. II faut encore fe rappelter que la Si-eile etoit anciennement le pays des fičtions. II n'y avoic peut-etre pas un feul endroic dans toutc risle, qui n'offrit quelque chofe de nner-veillcux aux yeux de ce pcuple brulant d'imagi, nation. La froide & trifte raifon n'y voit main, tenant que des objets tres-ordinaires , & appelle ä fon tribunal les philofophes & les hilloriens, comme les poetes. Vage 6i, ligne i j. Peinture. Meffinc n'ji, dit-on , dc beau que le port. L'intericur de la villa elt furt laid. La catbedrale eft iin edifice gothi-qiie. On y remarque une chaire cn niarbre, decoree de bas-rclicFs d'un bon tl^yle. Le makre-aiitel eft le chef-d'ücuvre d'un ouvrage de tres-mau-vais gouc,conimen Italic (bus ienom dc picrrcs de Florence. De coutes les autres cglil'cs, il n'y a de remarquabte que ceile de faint Gr^oire. En general J ces edificesdoivent etre charges de dorures & d'ouvrages en marbre de toutes ies Couleurs polfibles : ce qui cit diametralement oppoJe aux males & fimples beautes que Ies gens de goCit admirent dans Ies edifices des anciens Grecs & Romains. On ditque le palais du prince Scaletca elt plus remarquabic que toutes Ies cgli-fcs. On Y voit, dans lagalerie, un plafond peint par le cavalier Melfinefc. Ce morceau fait I'admi-ration de tous Ies connoifleurs; quelques - uns ont die dans leur eiithoufiafme , qu'il valoitplus que toute )a Sicile. Page 6i, ligne 4. Sicile. Elle porte Ies noms honorables de nohilis, ßdelißma, Si Capo del Regno. rage 66, Itgne ig. II s'agit d'expliquer Ies conditions de ce celebre pheiiomene, nomme morgana : c'eft-a-dire , i'. pourquoi Ies formes aeriennes ne fe voient qu'au lever du foleil , & non pendant la nuit indifferemment, & par quelle railbn elles ne paroiflent que lorfqu'uii calme parfait a fucccde k la tempetc. Pour cet ciFet, nous croyons avec M. Brydone , que I'air du detroit eft clečtrife par la tempete , de la ma-nicrequ'il le die. Mais I'humidite ctnnt un ubl- tacle a !a pliipart des phenomenes e!cčlriques, nous pc?nfo!is que celie qui fe trouve dans I'air pendant la nuit, enipeche qus ces luinieres eieo, triques ne fe puilTentforitier. Au lever dublei) , cette humidite tombe , & reledtricite de Tair fe inanifelle, s'il ii'y a pas trop long-tems que le froECenieatcaufe par la tempetc a cclTe. Ators on voittOLis ces feux, auxquels riraagination prete fans dome toutcs ces qiialices extraordinaires. Leurs formes font un produit du ruouvemeiu de I'air, combine ä celui de ialumiere & de la chute des vapeurs aqueufes. Si ces lumiercs ne fe voient pas aiiffi loiig-tems que la tempete dure , & qu'il faille pour eela que Ic calme lui ait fucce-de, c'elt fans douce parce que la gratide agitation dc Fair diifipe les feux eiedlriques, & les rend invilibles. l*cigeTi. Le theatre de Taurominum , ou Taor-mina, comnie on nomnie aujourd'hui le mau-vais bourg qui eft ä la place de cette ville , eft fur-tout remirquable ä caule de la feene qui exills dans touce foil incegrite. II eft tres- litigu-licrque te profceniiim , I'endroit fur lequel fe te-'jioienc lesadteurs, n'aic pas feulemenc quatre pieds de large, Seroit-ce uiie faute ile Tarchitečle, ou CS theatre auroit-il ete bäti avant Efchyle, quile premier avifa de mettre plufieurs perfon. n3ges fur lafcene?Ni I'un ni I'autre ne nous prtroit probable. Difons plutöt que le jeu des acl^urs conliltoit, lorfque ee theatre fut bäti, en une gafticttSation fort eloigiiee de la nature; qu3ces mouvemens du defefpoir.dela fu_ reiir, de I'elfroi, &c. fe rcndoienc pitoyablement iBal, & qu'on ne connoiflbit pas encore TappareU notes. arerentation, que cous ces mafqucs doiu on nous a conierwe les figures. Le ceiebre K;iron tavoit faire verier des larmes druiloineiifcs , en dcchtmjiiit cette chiuuon joviale du Milhtitrope : i Si U rai niavuit ilonnc Pari; Ja grand'vUle , gjfc. 11 lie Tauroic certainement pas i'ait, bieii qu'il Te für atJubledu phis beau malqiic d'Atlienes on de Rome. La reflexion que nous avons Faitc furlc rcfte du jeu des ancicns , doit acliever de nous decider fur la fuperioritc du theatre franqois, dont les pieces,bcHuconp plui; reguliere quccelles de la Grece, ne leur ccdent d'aillcuis que par unc timidite qui, i! eft vrni , va «juclquefois julqu'ä I'Exces. Pourcequi eltJe la diHicultc defe faire entendre dans uncircuit auili valte que ceiuidii thi'atre Je Taorm'itia , il cll bon d'oblervcr que farchicecte a en i'habilcce d'7 lupplcer, en dil-pofaiu fon edifice d'apres Ifs principes de fa-coudique. Vitruve dit (ju'on pIut;oiE des vafes d'airain pour renf'orccr ia vüixjmais ces vafcs ne nous paroiCent pas neceßaires, du moius ne le foiu-ils pas dans ce theatre. L'«cleur etant place au bas d'une multitude decercles concencriques pofes les uns fur ies autres en amphitcatre , fait ä peu pres le centre de tous ces cercles; les vibrations fonores vont frapper tous ces points egatenienci aucun angle ne caufeune rcfledlion irreguliere, & nerend par confequent les ions conFus ;hu1 enfoncement confiderable n'abforde la voix i les gradins fuperieurs, quoique plus eloi-gnes de I'adeur, resolvent des vibrations auili fortes que les inferieurs , parce que ces vibrations fe font avec plus de facilite , ä mefure que leur direčlion approdie de la perpendicuiaire ; il nous paroit impoflible qu'on n'entende pas dif-tindlement, a queique point des gradins qu'on fe place; & c'eft ce que prouve en effeC I'pperience. JW vouln ep7-oiiver , dit M. de Riedefei, de quelle liiniiiere Id voix des adeurs fe trayifmettoit, iprouve avec autmt d'etonncntent que de fatisfa^ion , que fbn entend tra ~ dißin&mtent, iiou-feidemetit des gradins ..miiis itu/Ji des parties les phis elevies Jn theatre, Otf hoietit les colonnes, mit ce ijuife prononce fur la fceue. Nous y avians place itn p ayfim qui nous accompagiioit, ^ nous t oblige'tmes de nous adreß'er la parole dans les äif-fevens endroits ok nous nous placanies; par-tout tioiis comprimes parfaitement tmtes les fyllabes qiiil pro7ionpit, meine etiles qtCil proferoit a voix hajfe. Nos Talles de theatre font, äcet egard, tien au-deifous des theatres anciens. On perd , fouvent avec beaucoup d'attention , une bonne partie Je ce que difent les acfleiirsj &. il eft des flaces üü I'oa ne fauroit entendre un mot. II notes. 171 feroic cependant aife de rčmediera cet inconvenient, par line architcdure plus raU'oiince que cellc que Ton a adoptee. Fnjie 73, little Marine. La fiiipularite des ruiiies de cct edifice, jette dc grands doutes fur la deftination. M. de RiedeJči pretend qu'oo lie faiiroit affirmer que ce iieu aic ete plutöt unc naumachie, que tout autre hätiment public , tel que des thermes, 011 quelque chofe d'approchant. Page , Hj-fie 9. Italic. Ces refeivoirs font au nombre de cinq , & non de quatre ,comme le ditM. brydoiie, lis ne font pas non plus de ta nieme giaiideur. Le plus petit efl celui qui s'eft conrerve,& le phis grand eft place au milieu des autres. Pi'^^ejS Jis^ie li- Le chanoinc Recupero doit avoir fait imprimer ä Catane, en lyff, une bonne dilfertation fur cc phcnomene. Nous ne la connoiflbns pas ; niais fi nous devons en croire le pere della Torre , I'eau ne Ibrtit point alors de la grande bouche del'Etna. Nous ailons rapporter ä peu pres les propres paroles de cet au-teur , parce qu'elles ferviruntä appuyer les coii-iedturcs que nous prcfenterons dans ia note fuivantc. " Lc dimanche 9 mars (17fr) vers „ midi, I'Etna commenqa, dit-il, k pouffer par „ le fommet une grande quancite de flamme & „ de fumee qui obfcurciffoit I'air. Vers le foir it J, tomba nne grele de grofles picrres. Cette grele „ etoit accompagnee dc fortes exploftons ^«'0» „ entendüit dans lammtagnes & elle futfuivi& „ d'une pluie dcfable noir,qui tombaabondam-y, ment pendant toute !a nuit. Le Icndcmain 10 J, mars , vers huit heures, il ibrtit du pied dc la J, montagne un hirge torrent d'eau, qui en ur? „ demi-quartd'heure inoiuia tous les chemins « & les Ciimpngnes des environs de l'Etna. Cesce „ eau rouiok une grande quantite de labis , eii „ coiivrii; une eteiidue confiderable de terie, „ & apptanit des cticmins qui etoienc impvati-^ cables iiuparnvailt. Uu payian ayant ete cu-» „ ricux de toucher Teau pendrtnt qu'ellc cou-!oit, febrCita lesdoigtscomme dans I'eaubwutl-„ lante. Le fable que ce torrent Inifra Jans les „ campagnes , ctoit fale ne dijferoit crj rien de „ cebtidg lamer. !len etokdememedespierres Cecte relation a ete envoyec de Mafcoli au pcre delta Torre, & il en garantic h veritc^ Au reiie Jious nc prctcndons pas que i'ean ne pullFe fortir de !a grandc bouclic meme du volcan. Nous favons que cela s'cit vu quelquefois dans les eruptions du Vefuve ; & nous lilbns dans le voyage dc MM. Olnfscn &Povefeln en Jslande^ que des coiounes d'eau le font elevees de la grande bouche du mont Hccla , ä une hauteur tres-confiderable. On a vu le merae phcnomcne furlevolcan Kaleginaen Islande, fur-tout dans i^crupcion de 17ff. MM. Olafsen & Povcfeln diTeiitquela montagne vomilToit par fa bouche, tantöt de I'eau , tantöt du feu , avec cant de violence , & de ü forts tremblemcns de terre , que i'on crut que toute l'islc en feroit bouleverfee. 79 , ligiie 9. L'eau qu'on voit fortirdcs ■volcans, nous paroit etre dc deux efpeces. Qiiel, quefois c'eft dc l'eau de pluie ou de neige: d'au. trcs fois, c'eft de t'eau de la mer nieme. On fait qu apres que les voleans ont ete long-tcms eii lepos, lorfqu'une eruption furvient, il fc fait pouc pour rordiiiaire uii ecoiilement J'eau plus ou moins coulidcrable. Or cette can ne vieiit alors.V tres-prubablement, que dc I'cau dc pluie qui s'ccoic nimitrtee dans des aivernes ,ou de la tonte des neiges qui couvretit Ic ronimec des mon-tngiies. {^Li'il arrive auJli quelquefois que les vol-ctas vomilleiic I'eau de la mer , c'eit un tairdont nous ne croyons pas qu'oii puilFe doucer. Nous avous vu dans la note prccedcnte , que le fable dcpolc pendant I'inondation de iTJT» ctuitfale; qu'il ne dirteroit en rien dc celui dc la mer, & qu'it en etoit de meme des picrres. Bien plus, oil a remarque des coquillages maritimes fltr le VeCuve , apres Tinondation de 16? i , ainfi que I'airiirent Biacini & le P. Ignace, au rapport de M. Hamilton. Nous n'lgnorons pas que le P. del-la Tone pretend que cette eau s'etoit lalee eii fejournanc furquelque anias defci gem me. Mais, comme I'Etna a vraifet-nblablenieiit et6 forme par des eruptions fucccHives, comme le Monte Nmvo pres dc Naples Taete parune feule, il ne nous paroit pas naturel de croire qu'il puilFe contenir du lelgemme. D'ailleurs, en accordant au P. del la Torre , que I'eau ait pu fe falcr de cette maniere , d'oii leroient done venus, fi ce n'efl de la t:ier , ces coquillages , ce fable & ces pierres, dont nous venoiis de parier ? Avant dt montrer par quelle force I'eau de la mer peut etre elevee ä quelques milliers de pieds au-deifus de (on niveau, voyons de quelle maniere elle fe fait jour jufqu'a la matiere fondue de la lave « car c'eft la c]ue nous fuppofons qu'clle vieiit. Pour CCD erfet,nous penfons avecM. Freron , que le terrein etaut fecoue dans un moment de Fart. /. S »74 Kotes. tremblement, i! pent fe foi:mer de grandes cre-vaßes qui communiquent ä !a mer. On Tent que renn doit s'y eiigouffrer avec d'aucant plus de violence, que Tair ie trouve tres-iarefie du cöte du Vülcaii. Cependanc cette commuTiica-tjon avec la mer ne peut etre que pülTagcre , & Von nc doit pas s'imaginer qu'elie puiil'e eteiiuli-e le voiciUi. Que le terreiii fouleve, retombant iur lui niüiwe , ferme la crevaüe de la fnqon que le penle M. Freron , ou que des ehoulcinens de fable , de cerre, de caiÜoux , ou d'aucres cholcs, büucheiu ces' cicvaif'es 3 ce fera fans doute indif-lücent. 11 eft clair qu'ellcs Ic boucherqiu bientöc, & c'el.t tont ce qu'il faut. Voll a done un torrent (l'eau de mer , qui Te precipice avec impetuofite lurialave tbndue que le volcan renferme. Or, deux puilTantes caufes concourcnt alors dans le ineme inftant, pour.elever cecte eau avec une force extraordinaire. La premiere eftcette meme force qui lasice de gros rochers ä plus de 7000 piedsau-deli'iisde la montagne, & qui n'elt fans doute fuiti'c chole que i'cffet des terribles explo-fions cledlriqiics qui I"e fem dans le feu des vot-cans. La feconde,eft la iubice rarefatlion de fairquLeft contenu dans l'eau. On lait, d'apres les experiences de M. l'iibbe Nollet, que l'eau contient environ un tretue- flxieme de Ion volume d'air.Cetair fe rarefiera done tout a-coup , nvec une violence proportionnee a Ja grande clialeur dela lave, & elevera les particules de l'eau , de la nieme mantere quellt poudre d'une mine poufTe la terre. Qii'on mettc une matiere fuüble , par exemple,un metal, daiis un creulec entoure de ch.arbons ardens, & lorfque la ma- tiei'e ['era bien foiiihie , qu'on y jettc dedans un peu d'eau : on verra que ci'tte e,iu . & ineme la maticrc t^bnciuc , l.iiJteronc en I'uir avccune violence bien proprv; a convaincre que Teau de ia mcr, lorlqu'cllc tombe lUr de la hve iondiie , peuc etrc ultvee ä plus dc mille pieds , & qu'elle pent nienic peixer te fltuiG de hi montiJgae conti'c lequel ellc icnipouliee. l^tt^e Sf) > Branche. La fertilite du ter- reiii I'ur les couches de !avc, fait usi liijec d'e-tonnemeiic pour tous les voyageiirs. II paroit que les produdlions volcanienncs contieniient des priiicipes eniinemmenc propres a la vegetation. On VI (itit cecte remnrque , iion . leulement fur I'Etna , mais encore fur le Vefuve, & eu general diuis tous les endroits oil les feux Ibu-lerreinsfe funt fait jour, C'eit ainii,par exemple, que I'isle de France , qui a ece fortnec par des Vülüans , produit itiie ctoimante quaiuite de plantes de toute elpece , & des arbres tres-vigou-reux Ä prelies , menie dans les endroits ijui n'ont pas encore äe detticlies , cnmtne on peut le voif dans I'hiitoire des plantes de laGuyane franqoife, que M. Futee Aublct vient de nous donner. C^iuelies font lescaules de cette vegetation lurpre-nante? Perfonne iie les 'ayanc expiiqujes d'une manierc contonue aux prüicipes de la phyfique & de la chymie , nous allons eüayer d'oifrirquel-quc chole dc mieux aux locieurs cClaires. Nous petiibns d'abord que les laves ou les cendres vol-caniennes ( car c'elt lameme chufecians lefond) doivcnt etre regardce^ comme uiie vitrification incomplete d'une terre vitrelcciite & d'uiie terr« calcaire. Dans cet etat, les paiticules de la terrs SiJ Notes. ä7? ealcaire attirent Fhiimidite de Tair. La furface de la lave fe reduic inreiidblement en une pou-dre , ou efpece de terreau , aimpofe de tei ce vi-trefcence tres-divi-fee, & d'ujiL-bonne portion de terracalcaire; & la luve eft dejä uii pen propre ä la vegetatiun, puifqu'il eU prouve d'apres Ics experiences de M. Baume, que In revre arj^ilieiife (qui n'ellque ia terre vitreicence tres-divilee) rendue meuble par unc autre tetre , eR la tcrre la plus favoriible ä la vegecation. Ccpendaiit la terre calcaire n'attircra pas iVau feiiiemenc j cile recevra cnccrc, avec le Ibips du terns, benucuup de parties griilTes. & hiiilcures donr I'air cii: charge. Or, qit'a! rive-c-ilaiors: Les parties calcaires s'uiiiflenc aiix parties hiiiieulles; dies deviennent folubies dans I'eau, & tburniireiu ä la iiourri. tiu'e des premieres monires qu'on vuit J'ur les laves. Mais ces mouffes meme deviennent une «aufe favorable ä la vegetation. Elles donnent, en fe pourriflant, denouveiles parties huileules que la terre calcaire rend encore loUibles. Bientot d'auttes plantes femelent ä ta mouire& augmen-teiu la vegetation par la meme raiTun que nous venons de dire. Orsce font ces efFets fans ceiTe renouvelles, qui nous paroiifent etre les princi-pales caufes de la grande fertilite de la lave. Car il eft prouve par des experiences inconteibbles , que les meilleurs de tons ics ejigrais font des fubftances grafles ou huileufes "quelconques , rendues folubies ä j'eau. Si nous confiderons encore que les vents doivent neceifairemcnt porter des terres fur les laves, comme il fe fait fur !es anciennes murailles, & que les hommes s'cmpreflent fouvent ä les cultiver des qu'ils notes. ä7? apperc;nivent un pcu dc terrcnu.Toii compren-clia que non-fculemeitt le terns dc la ferciütc doit etrc bieii accelerc , niais eiiccre que ia vegetation en dcvieiidra beaucoup p!us confidäablc. M. Krydone donne dans line hien giandc erreur, Iniiqu'li attribue la fcrtilite des cendrcs dc !'Et-na, a la grande qiiantite dc nitre qu'elies conticn-iicnt.( yoyrz/JirjregjJ. Cc iel ne peut etre produit que par la putrel'adion , & la putrefadtion nc J.iuroic fe faire dans les flammes du volcan.ou dans les cendres volcanicnnes, qui ne contien-nent ni parties animales , ni parties vtgctales. D'ailleurs, ces auteurs qui dilentque lenicrocft la nniirriture des vigkattx, n'ont pas parle d'a-pres I'experience , qui montre la fauflete de cctte dpccc d'adage. Vage 98, lipie 6. I..c calcul analotjiqiie du fignor Recupero nous paroit faux. N'clt-il pas clairqiic pins unc lave icra vitrifiee , phis il lui faudra de tenis pour devenir propre ä la vegetation ? Or, M. Hamilton a vu iles laves dc dtiftf-rens dcgrcs de vitrification , depuis la durcte du vcrre, jufqu'ä la conflfhnce de lapouiriere.il n'en e(l cependant pas moinsjvral que la moii-tiigne doit etre fort ancicnne. Pa^e yg,/ijtne fknjiere^ i\I. Recupero a fait griiver Ic plan de I'F.tna fous tc titrc: Cut hi oryc-tojinijAyica rli MoHj^ihllo , per la fiia flor ia natK-rale jcritta dit Giftfeppe Recupero , cmionico del-la collegiata di Cattmia. L'ouvrage poui lequel die t^ihlettinic , vicndra qtiand i! pourra. Saintc J\gatlie, quia la (iuintendiuice ties atfaircs de U montngne,eft peut-čtrc un plus grand obfiaclc a la publication de cet ouvragc, que Ics livies de S iij InGenefe ,qui, apres tout, ne pnrlentqiic de la creation du moiide. Au refte , cet eveque qui prend fi fort ä coeur les intcrets de Moyfe, fe-roit-U le meme dont M. de Riedelel parle dans CCS termes?"L'evLijue de Catane , de la mai-fon dc Vintimille, merite aulfi d'etre nomme avec eloge, Ce digne preiat, qui eft bien au-def-fus des pcejuges & des petitcs vues de tant de perionnes de ion etat & de Tr croyance, ofe expofer ouvertement dans la bibliotheqiie tons les bons livres qii'it peut raflenibler i & j'y ai trouve, ä moii grand ctonnement, les colledtons completes des (Kiivies de Voltaire >du citoyen de Geneve, & de Helvetius „. Page to; , iigne 21. M. de Riedefcl afTure que cette cgtiTe fera , comrae tout ce que font les moines, d'une grande dopcnfe & fans aiicuii gout. II dit aulii, que le convent n'cft qu'une malie qui effraie par fa grandeur autant que par ie mauvais gout qui y regne. CVft peitt-etre uti peud'humeur quiiui fait renir celangage. Les richeflüs de ces enfans de riiumilite Pont llngu-lierementrevolts, & nous nefaurions Ten bla-nier. II eft fans doute affreux de voir une troupe d'etres inutiles a la focietc , regorger d'or , tan-dis que lo cultivateur & Fartifan gcmiflent dans la plusprofonde mifere. Tage TO?, ligne 24. Cet orgue a , dit-on, plus rc cent rcgiftres. Tage lof, ligne 2R. II y a fans doute ici une faute d'iniprelJion. Ce terrible trcmblenicnt de terreavrivaen 169:}. Touteia Siciie en futcbnni-lee. On dit que plus dc centir.ille parfonncs fu-rent enfevclies fous ks ruincs dc quai-ante-neuf vüles & villages, Sc de ncuf cents vitigt- deux cgUfes, colleges & couvens. Fa^e 106, /i£iie2S- On lit dnnslc voyage de M. de Riedel'el uiic deleriptioii des ruines de Ca-tane, bien difterente de cclle qu'cn doniie M. Brydoue. II faut l'c rappelicr qucM. Hrydoncn'a pas vo^-age en antiquaire , & qu'il a jete un ccU pcu cufieux fur tons cesobjets. Pd^e 118 >17. Le chsnoine Rccupero a mefure la hauteur perpendjculaire d'une dc ces mpntagncs, & I'a trouvec d'mi mille environ. La bafe de cettc meme montagiic a cinq mitles de circonfercncc, fuivant le meme auteur. Cctte feiile portion etaiitä peu pres aufTi haute que le Vefuve , quelle enorme maife ne doit pas former tout TEcna, &quelles immenfes cavitos ne doi-vent pns fe trouverlbus la terre IPeut-etrequ'uii jour cette mafle s'ecrouiera dans Ton propre nby-me,& entrninera toutc la Sicile dans fachCite-Onnepeut fonger fans frcmir,a cct clFct qui, niaiheureufcment, ne devicnt que plus probable dc jour en jour. I'it£e 120, li£ne ii. II faut lire 6000 picds , au lieu de 7000, puif'quc le calcid Fonde fur les experiences de Huygeiis, donne un produic de 6öfi pieds 9 pouces. On pourroit objecter ä M. Hrydoiie, que cous ces calculs n'ofircnt que des iipproximations fort eloignees. Mais il n'en fiui-dra pas moms conveiiir qu'ils font trcs-proprcs a donncr quelque idee de rimmciife forcc de projection qui fe troLive dans le feu des votcans. AT. iiamilton, cetobfervatcur (j exad, alTure qu'nne lierre tres-compade, dc douzc pieds de hau tcur "ur quarante. cinq de circonference, ftit Ian cec S iv 28»' Notes. en 1767 hors la bouche du Vefuvc,ä la dif-tance d'un quart de üeue. II a aufTi trouve des ptcrres dupoidsde huit livres ä Pompejaqui fut detrüitepar une grele de pierres. II cite encore Icfait rapporte par Antonio Bulifons, qui dit fju'en 1651 , une pierre grofle comme une bombe ,fortit de ja bouche du Vefuve , & tomba a douze milles de la, lur la maifon du marquis de Nola, ä laquellc eile mit le feu. Mais cela n'efl; encorc rien , en comparaifon de ia diftance ou In cendre eft quclqiieFois portee. Si nous demons en croirc Dion Caifius, les cendres du VeRive allerent, fon iWis ?• Cette relation a ete impri-mce ä Londres. En void le titre pris fur un exem-plairc que M. Hamilton trouva a Palerme dans 3a bibliotheque du prince deTorremuzzo : A true and exa8 relation of the late prodigious earth-qnare and eruption of mount ^tua, or monte Gi-hello i as it came in a letter ivriten to his ntajeßy from Naples, by the Right Honourable (he Earl of iVinchelfea , his majeßy's late emhaffador at Conßantinople , tcho, in his return from thence, "vißting Catania in the Island of Sicily an eye- ■ivitnefs of (hnf drendftd fpecliuk i foj^ether ivitb a lijore /Htrticnlar narrative of the fame , as it is collechd out of the J'evtral relationsJent from Oi-ttwiii j published by ainbority. Printed by Retv. comb, iu the Sm-oy, 1^69, Pa^e 19^ Jij;jie26. Nos ledcurs verrontpeut-etre :ivec plaifir une lille chrouologique ties eruptions de I'Etna. Annees des eruptions avant i'ere cln-ctierme. spr- ?/38. jm. ?48?. Annees des eruptions c.pfh I'ere chritknne. iiTf. iigr- n^i. Ml?. i-ioS. ITU- If40.ir4f- 'ff4- 'fffi- ifCo. ir79-1614. 16^4. i6?6.1645. 1669. 1Č82. 16^9. 1692. 1702. 1747. i7fj-. 176Ö. _ Cosnmc plufieuis peHbnties font encore dans I'idee qii'il exirtefous la mcr iiiic communication eiitre I'Etna & le Veiuvc , nous ntlons donner unc parcillc iille chronologicjue des eruptions de cetcc deniierc montiif^ne. On vci-ra,piir la diliercncc des dares, cumbien certe prcten-due communication e{t peu vraifcmf^lnbie. Annees des erupt ion s du Vefuve apres I'ere chretienne. 79-20J.471. fra. Ö8J-.99?. lo^ö. 1045. 104g. 11^6. ifo6. 1660. 1694. 1701. 1704. 1711, 1717.J7JO. 1757. I7)'i. 1774.1750. 1766. 1767. 1770. 1771.1776. Tiij Au refte, iL ne faut pas doutcr qu'il ii'y ait ea d'autres eruptions que edles dont les dates fc trouvent ^ansces liitcs. On Tait pcudc chore ties incenilies de l'Etna , avant que ic voile de faince Agathe ait eu une reputation faice, Depuis ce tems, le clerge de Cacanc a tenu le regiUre de tüus !cs prodiges que ce voile a operes fur In nioii-ta.^ne, & c'cft de ce regiike dont ces dates ont ete tirees. Les reüques de laint Janvier ont rendu le niemc fervice au Vcfuve : c'eft pareille-rneiu des regiftres de l'eglifa de Naples , que les iJrites que nousavons donnees font extrsites. Ftr^-e 2of, 17. Le comte Gaetani s'elt encore fHitconiioitre daus iatepubtique des lettres, par une ttaduÖioii de Theocrlte eti vers itnliens. 2o5 , li^ne 6. Ccs latomies iervotent nncicntiervienc de piifan , comme on peut Ic voir dü'is pluijeurs anciens auteiirs. On lic, par exern-pl5,diuis Diodore de Sicilc , que le poete Philo-xeiie ayaiu Hit trop librement Pen avis, au fiiiet d'unmauvais poenie que Dcnysavoit compofc, le tyran donutt ordre furUe-chanip a [es oßciers de melier l'h/luxeiie aux cayrieres. Pa^e 209, liß. IComme cette oreillc de De-jiysC /'orefhio dt Diöuyßo ) eil: une choii; tres-cu-rieure,nous alloiis ti'aiilcrire ici la delcription deti iülce qti'en adonnee M. de Riedtfel. '' C'e(i; „ mic graiiüe grotte, dit-il, d'euviron trente 5j palnies ( ä peu pi es vingt-fix pieds trois pou-„ ces) & longue de cinqunnte(ou quaraiuc-„ trois pieds ncuf pouees i'i peu prčs). Elle 11 ia „ figure d'une S ; le haut ic termine eii nrete, „ la grocce s'clargic inieuiibletncLU vers le b.is. 3j Cetce Itrudure procui'c tout nacurcllement N o T F s. a9J- ,J vers Ic bas iin ccho fi Tcnfible, qin ropete „ fi bieii le muiiidre ion, que le dcchtremeiic „ (i\itie teiiiile de p:ipiers'y liiireiitemire ties--„ diitindemenc li'une cxcreniite de ia giotco ä u i'aucre. La Hmplc iiilpečlion moiicre üvuictn-„ meiu , que ccc appaircment a etc taille d:ms „ !e rocher ä deileiii. II elt die d'aiileiirs tres-for-,) mellement daiis Diodore & d'autres ancieüs „ auteiirs, que les prifons etoient dans ccs h-„ tomtes, & que Oenys {ur-tüiic ics cmpioyoit „ a cec ufage. Ciceioii memc, dans !a harangue „ contre Veirres , l'acciile d'avoir nie d'une pa-„ reiile tyrannic dans Tempiot de cettc prifim. „ Enfin, coinmc oii voit dans cette grofte a „ cchü, ccrcains crous taillcs dans le'mdier, „ qui n'ont pu lervir qu'a y fixer des chaines , „ Ik qu'il (e troitve dans le haut au-dcUat, du „ ioyer de cet eclio im peüc red uit egalcnicut 33 taille dans le roc , äffe z grand pour concenir „ line peri"onne,ii n'eii: gucre polfible dc fe „ relufera croirc que tout est oiivragc avoic tte „ irnitijine pour decouvrir ies plus fecrctcs peti-„ lees de ccux qu'on rcnfermoic ati-deiTous ; „ prucedc qui purfc Ic cnraderc du dernier de--„ gre de la lyran nie. II cü" certain qii'un y a mis „ de I'art qu'il y re<;ne u:ie cxr.dcproportion ; „ m - -. ^ - ... . i«^. J-,,.. , ... 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